DEUXIEME DIMANCHE DE PAQUES A 2023

Frères et sœurs,
trois lectures, ce dimanche. Comme d’habitude. Quatre avec le psaume .
Les Actes des Apôtres, c’est l’Église naissante.
La première lettre de Saint-Pierre : ” Exultez de joie.. ”
Et puis l’Évangile, Thomas, 8 jours après la Résurrection : ” Mon Seigneur et mon Dieu” Normalement, il y a une progression.
Première lecture, deuxième lecture pour arriver au sommet : l’Évangile.
Mais aujourd’hui, je vais prendre les lectures dans le sens inverse.
L’Évangile d’abord… qu’est-ce qu’il se passe ? la Résurrection de Jésus provoque un frémissement dans le petit groupe des apôtres.
Un frémissement qui est plutôt un tremblement de cœur.
Thomas n’a pas cru sur la parole des apôtres.
Qu’est-ce qu’il veut ? un signe .
Hé bien, Jésus lui donne une grâce puissante de présence.
Quand Dieu veut appeler quelqu’un, il peut utiliser toute espèce d’approche.
Des signes, une parole de l’Écriture ou de l’Église, la charité de nos frères.
Il peut frôler un cœur par une grâce sensible.
Mais quand Dieu veut appeler quelqu’un qui a un tempérament musclé, il va le terrasser par une grâce imparable, un flot de douceur, de tendresse.
Thomas comprend qu’il ne peut pas résister à la puissance du Christ, vivant, ressuscité, devant lui.
Mais quelle est cette puissance ?
Ce n’est pas une puissance de force, ni de spectaculaire. D’ailleurs les apparitions du Christ ressuscité sont toutes très humbles : un jardinier, un randonneur, un homme mangeant sur la plage, le crucifié devant Thomas…
La puissance de Jésus vient d’une proposition de vie.
Jésus ressuscité déborde la vie des apôtres.
Bien sûr que Jésus a toujours débordé les apôtres.
Dès le premier regard sur la plage de Capharnaüm ou près de Jean-Baptiste quand il les a regroupés autour de lui, un par un.
Jésus a posé sur eux un regard qui les a empli au plus profond de leur cœur d’un fleuve d’espérance et de paix. « tu es aimé, vraiment »
Mais quand Saint Pierre parle dans sa première lettre, il a mieux compris.
Ce fleuve d’espérance et de paix, il déborde maintenant de lui comme il déborde des premiers disciples.
Pourquoi ?
Parce que la Résurrection de Jésus-Christ après son sacrifice d’amour, extrême, infini, a

confirmé, comme il écrit lui-même, ” la grande miséricorde de Dieu”.
Vous voyez frères et sœurs, il y a un moment où l’on sait que quelqu’un nous aime.
Et puis il y a un moment où l’on pleure parce que ce quelqu’un nous a aimé jusqu’au plus bas de nous-même.
Là où on ne savait pas que ça pouvait exister.
” Pierre m’aimes-tu ? ”
Comment Seigneur ne pourrais-je pas t’aimer ?
Tu as tout donné pour moi et je ne le méritais pas…
C’est que ce qu’on appelle la miséricorde.
La miséricorde, c’est l’amour de Jésus, de Dieu le Père, par Jésus, qui déborde notre imagination, notre attente.
Parce que c’est un amour trop profond, qui va plus loin encore que notre propre amour pour nous.
C’est l’amour qui nous tend la main là où on ne pouvait pas penser qu’il puisse venir nous chercher.
Là où nous sommes nul, irrécupérable. Là où on se rend compte qu’il y a quelque chose de pourri en nous. Trop fragile… Là où tout est foutu.
Mais il y a mieux.
Il y a encore mieux que la Miséricorde.
C’est la Résurrection.
Thomas savait que Jésus l’avait aimé.
Il savait que Dieu le Père l’avait privilégié au-delà de toute mesure en le choisissant parmi 10000 autres.
Mais en reconnaissant Jésus ressuscité, il comprend que la miséricorde s’ouvre sur la vie éternelle.
Que la miséricorde lui permet l’accès à la vision de Dieu.
Qu’il peut suivre Jésus, âme et corps, dans une vie de joie éternelle.
La Miséricorde c’est pour la terre. Quand l’Amour recolle les morceaux.
La Résurrection c’est pour le Ciel.
” cet héritage vous est réservé dans les Cieux” dit saint Pierre.
La Résurrection, c’est l’accomplissement trop grand, trop lumineux, trop harmonieux, dont la miséricorde est la porte.
Et alors…
Qu’est-ce qui se passe quand nous connaissons cela.
Quand Jésus ressuscité nous dit :
” regarde-moi… touche mes plaies… entre dans la joie de ton Seigneur…”

Et bien… on comprend que notre jeu, petit, ne vaut rien.
Tu en as envie de boire à la source abondante de la grâce.
Et qu’est-ce qui se passe ?
On accorde notre vie à la vie éternelle.
Et alors ?
On vit comme les chrétiens de la première Église.
On accorde notre espérance jusque dans le partage de nos biens matériels, et jusqu’à l’obéissance du cœur, dans la charité, entre nous. On a envie d’aller jusques-là…
Vous voyez frères et sœurs, comme ça coule de source.
La miséricorde qui nous fait reconnaître notre nullité.
Parce que nous sommes aimés.
La miséricorde qui nous fait entrer timidement, humblement, dans la vie de la grâce. Et qui nous fait reconnaître la surabondance de Dieu.
Non seulement je suis aimé, mais Dieu m’invite à participer à sa vie.
Et cette invitation, par le Christ ressuscité, vivant aujourd’hui pour moi, me donne un surcroît de vie, un surcroît de joie qui rejaillit sur la façon dont je témoigne et dont je vis.
Plus j’expérimente cette paix, et la puissance de mon espérance, dans la grâce de Dieu, plus alors je distingue la présence, toute proche de mon cœur, de Jésus ressuscité.
Et plus alors je gagne en vie, parce que Jésus est mon seul trésor.
Et que Jésus c’est la vie.
On comprend pourquoi saint Pierre écrit :
” vous exultez de joie !”
Il le répète même : ” vous exultez d’une joie inexprimable…”
Parce que les nouveaux chrétiens louaient Dieu et savaient qu’ils étaient sauvés, par miséricorde et… par Résurrection.
Ils savaient, mais dans leur actes de tous les jours, dans leurs choix, dans leur réveil au matin, et même dans leurs épreuves, qu’ils étaient les élus de Dieu, contre son cœur, pour l’éternité.
Alors là, la vie d’Eglise devient possible. On ne s’ennuie plus.
Et la semence de lumière divine renverse le monde par la joie.
La semence de lumière divine renversera notre monde embrouillé, chers frères et sœurs, par la puissance d’une joie vraie.