HOMELIE 4° DIMANCHE DE PÂQUES

Chères brebis……..

( … )

Vous êtes là pour souffrir…

(  )

Et vous finirez sous la dent du loup…

Si vous êtes des brebis fidèles…

Si vous êtes des brebis qui ne pensez qu’à une chose :

Purifier votre cœur, et brouter l’herbe de la grâce divine.

 

C’est vrai que ça fait un peu bizarre que je vous dise cela en début d’homélie, chères brebis..!

 

Mais en fait, je résume les trois textes que nous venons de lire.

Je pourrais aller plus loin dans l’audace…

 

Je pourrais préciser que votre Berger, le Vrai Berger des brebis, c’est un Agneau sacrifié.

Je pourrais préciser que nous sommes des brebis destinées à porter tout le mal du monde.

Mais aussi, n’oublions pas cette note, que c’est ainsi qu’il nous est promis un fleuve de joie, et d’être sauvés.

 

Tout cela, je n’invente rien, nous le trouvons dans les trois textes que nous venons de lire.

Jean Cocteau écrivait “qu’il y a des vérités qu’on ne peut dire qu’après avoir obtenu le droit de les dire.”

Cocteau n’était pas une brebis, c’était plutôt une chèvre.

Mais les chèvres sont plus artistes et réfléchies que les brebis. Et parfois la vérité vient des chèvres.

Sauf pour ce qui est du pasteur.

Les chèvres n’y connaissent rien en pasteur et en guide.

Pourquoi ?

Parce que les chèvres ne s’attachent pas au pasteur.

Elles le reconnaissent quand ça les arrange, mais elles ne donnent pas leur cœur au pasteur.

 

Les brebis ont cela de particulier qu’elles dépendent en tout de l’homme.

C’est un animal qui a perdu toute capacité de subsister par lui-même, perdu toute défense naturelle.

Pour être clair, la brebis est un être dégénéré.

Elle exprime parfaitement notre position devant le démon. Nous n’avons aucune chance de nous en sortir, sinon en donnant notre cœur à celui qui nous protège.

Une brebis donne son cœur.

 

Quelle tendresse dans les propos de Jésus, pourtant !

Le berger connaît chacune de ses brebis par son nom, c’est-à-dire en fait par le cœur.

Les brebis connaissent le berger par sa voix, c’est-à-dire qu’elles frémissent de paix par une connaissance de sympathie. Qui est d’ailleurs la plus sûre.

Elles se confient à Lui. Ça leur est vital.

 

Comme notre foi, notre religion chrétienne, – je dirais même plus : notre religion chrétienne catholique -, est douce… !

Tellement douce…

Aucune autre religion, aucune autre relation à Dieu en dehors de l’Église catholique est aussi respectueuse, tendre, profonde pour toucher le cœur de l’homme et le conduire aux pâturages.

Et pour guérir ses blessures.

Parce que notre foi utilise l’échelle de l’amitié pour monter de la terre au Ciel et descendre du Ciel à la terre.

Un vrai chrétien, c’est celui qui connaît l’amitié, c’est celui qui connaît le langage du cœur à cœur.

Et c’est ainsi qu’il acquiert le droit de parler de son Seigneur.

D’ailleurs, le sacrement de confirmation, ce sacrement qui ouvre l’âme au pinceau des dons du Saint-Esprit en nous, c’est le sacrement de l’onction, le sacrement des flots de la tendresse de Dieu, qui va alors déborder de cette onction d’amour sur le monde.

Et qui constitue l’Église.

 

Comme l’image de Jésus est belle…

Rappelons-nous que nous sommes dans un peuple de bergers, de cultivateurs et de pêcheurs. Ils s’y connaissent en termes de moutons. Quand on va vers Hébron ou Jéricho il y a encore des bergers qui suivent leurs troupeaux.

Les brebis se serrent les unes contre les autres dans l’enclos.

Et c’est parce que leurs cœurs s’apaisent à la douce voix du berger, qu’elles trouvent le courage de sortir, pour se nourrir de la vie en abondance.

 

Vous voyez, chères brebis… Chères brebis que nous sommes…

Nous vivons de la vie de l’Église quand notre cœur reconnaît le Berger.

Alors nous vivons en tendresse et en vérité.

Mais où notre cœur reconnaît-il le berger ?

C’est très simple : au fond de lui même. Pas dans notre tête.

Notre foi, notre religion est un chemin d’expérience des profondeurs de notre âme.

Je pourrais le dire avec d’autres mots.

Notre religion est vécue en vérité quand notre cœur est à nu.

Et Pierre dans les Actes des Apôtres ou dans sa première lettre, nous confie deux chemins d’ouverture du cœur.

Convertissez-vous, dit-il…

Comment ?

” En vous détournant de cette génération tortueuse.. ”

Tout simplement en vous purifiant de tout ce qu’apporte le monde et de ce qu’apportent vos impuretés intérieures..

Ça c’est le premier chemin.

Folie du chrétien dont la sagesse prend le contre-pied du monde.

Le monde se remplit, le chrétien se dépouille.

Le monde blinde ses fautes et perfectionne ses mensonges, le chrétien demande pardon et s’offre dans une simplicité qui ne cache rien.

Et puis, le deuxième chemin qui ouvre le cœur et lui permet de dire Dieu en vérité.

C’est le chemin du Pasteur crucifié.

” Vous avez été appelés, dit Saint Pierre, pour souffrir.”

Vous êtes des brebis jetés au milieu des loups.

Vous n’avez aucune chance de vous en sortir…

” par ses blessures, vous êtes guéris”… bien sûr…

Mais cela veut dire que par les mêmes blessures, les blessures des dents des loups, votre cœur va devenir rédempteur de la même mission de rédemption du grand Pasteur de l’Église. ( Rédempteur, ça veut dire révolutionnaire de la vie éternelle)

 

” Aimer, c’est se dépouiller pour Dieu de tout ce qui n’est pas Dieu”.

[Jean de la croix, montée, L II, c 5, 7]

Être en vérité, c’est être uni à l’Agneau de Dieu, mort et ressuscité. Jusques-là…

Être sauvé, c’est reconnaître, par le cœur, la voix gracieuse de Jésus-Christ.