Quand même… Ces Juifs…
Ils ont les bonnes questions.
Loin des romans ou des films de science-fiction.
Même s’il manque un petit quelque chose à la réponse, en tout cas, ça part direct dans le mystère essentiel de l’homme…
Montre-nous le Père ?
On pourrait tirer de la Bible, comme cela, des questions qui suffisent à nourrir toute une vie.
La Samaritaine : « donne-la moi de cette eau que je n’ai plus à venir puiser, ici. »
Le roi David : « Absalom, mon fils. Mon fils ! Absalom… que ne suis-je mort à ta place ! »
Marthe et Marie : « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort… »
Et si on remonte un peu plus loin :
Adam : « voici l’os de mes os, et la chair de ma chair ». Avec celle-là, ma solitude peut être guérie.
Moïse : « et quel est ton Nom ? »
Et tous les prophètes : « qui suis-je pour que tu m’envoies ? »
Marie et tout un chapelet de femmes de l’Histoire Sainte :
« comment cela se fera t-il…? » (d’avoir un fils de Toi…)
Pilate, bien qu’il ne soit pas juif : « où est la vérité ? » Elle se trouve devant toi, Pilate…
Et les paroles de Dieu à l’homme aussi :
« M’aimes-tu ? » ça, c’est à Pierre.
« M’aimes-tu? »
« M’aimes-tu ? ». Trois fois.
Il faut bien trois fois pour que l’homme ouvre son cœur quand on demande cela.
« Où te caches-tu ? » À Adam.
« Personne ne t’a condamnée ? » à la femme, piégée dans sa faute.
Enfin, les dernières paroles de Jésus :
« J’ai soif. »
« Pourquoi m’as-tu abandonné ? »
« Père, en tes mains je remets mon esprit. »
On pourrait comme cela extraire un petit trésor de la Bible, de questions essentielles.
En tout cas aujourd’hui nous en avons une belle.
« Montre-nous le Père ? » :
’Philippe, c’est pour cela que je suis venu.
C’est pour déchirer le rideau du Temple.’
Révéler le Père… Père de miséricorde.
Père de notre destin. Père tout-puissant.
Père de l’Histoire et de la Création des choses visibles et invisibles.
De mon cœur. De mon être. De ma vérité.
Et plus on s’éloigne des origines, plus on se dilue.
Le ‘Père’, c’est la source et c’est le but. La béatitude.
Et le chemin le plus court pour aller du Père au Père, c’est le chemin de l’union au Christ.
L’union. C’est le chemin de toute une vie.
Tellement simple qu’il faut toute une vie pour le dire.
Après, autour, il y a les romans fleuves qui déblatèrent.
Les romans de la politique.
Les romans de la psychologie.
Les romans de la science.
Les romans de l’Histoire et du journalisme.
Les romans à problèmes.
Les romans qui s’emmêlent et qui se mêlent de tout et de rien.
Quand je dis ‘Père’…
Et même quand je dis ‘notre Père’, je pense à mon père.
Disons qu’il y a mon père sur le chemin.
Avec ses paroles, avec son autorité, sa protection, avec ses cigarettes et ses insuffisances.
Avec ses blagues qui nous faisaient rire, pendant les vacances.
Mon père, qui construisait la maison, et qui nous a construits.
Parce que c’est le père qui construit.
Il y a mon père, et il y a toutes les images de ‘pères’ sur ma route.
Certains professeurs, certains éducateurs, ou d’autres pères, le père d’un copain ou d’une copine, qui étaient réellement des pères. Quelques prêtres, pères spirituels.
De vrais pères.
Pourquoi ? parce que mon père était insuffisant. Et que tous les pères sont insuffisants, sauf quand on est tout petit. Et que l’on croit que notre père est parfait.
Et puis, un peu plus loin, il y a les déclinaisons essentielles, mais juste après.
« Voici ta mère… »
« Où est ton frère ? » ( à Caïn..)
« Ta mère et tes frères sont là qui te cherchent. »
« Qui sont ma mère et mes frères ? »
« Ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. »
« Et la parole que je dis, c’est : ” Père…”
« Mon Père et votre Père »… « Notre Père qui es aux cieux.»
Origine, d’où vient mon père avec ses fatigues, son amour, sa fidélité et sa persévérance, ses humeurs.
Mais mon père, (mon papa) il a été là pour me montrer le Père . « Abba, Père ».
Mon père, biologique, n’a été là que pour me mettre sur le chemin du Fils et du seul ‘Père de qui vient tout don parfait’. [ Jacques 1, 17]
Et qui m’aime de toute éternité.
Du seul Père qui me donne la joie.
Et qui me fait comprendre qui était mon père.
Mon pauvre père, image bien insuffisante, mais petite étincelle de celui qui m’appelle à la plénitude de moi-même.
Mon pauvre père qui m’a appris, presque malgré lui, que l’amour il m’est donné par Jésus-Christ, dans l’Esprit, dans l’Esprit Saint, du Père.
Et que cela nous suffit. Tout le reste n’est que roman.
Un père ça ne sert qu’à ça.
À recevoir la vérité du Père des Cieux, pour la donner, même par des petites miettes, toujours par des petites miettes, et même par son absence parfois, à son fils ou sa fille.
« Philippe.. tu ne me connais pas ?
Parce que je suis le Fils, je te montre le Père. Je suis le chemin du Père.
Le chemin du Père jusqu’à toi. Et le chemin de toi jusqu’au Père.
Et au-dessus, il n’y a rien. Sinon Béatitude divine.
Joie infinie du Fils vers le Père et du Père vers le Fils éternel.
Joie au Ciel parce que identité du Fils, image précieuse et parfaite du Père. »
C’est bien cela que nous cherchons : notre bonheur..
C’ets de correspondre dans le fond de notre cœur et dans l’histoire de nos journées, à l’Origine du dessein de Dieu sur nous.
Et cette correspondance qui s’appelle ‘la grâce divine’ on la trouve dans notre union à Jésus-Christ, dans l’Eglise.
Je reprends simplement trois phrases de saint Jean, dans sa première lettre :
Chap 1, 2 :
« nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. »
Chapitre 3, 1 :
« Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. »
et puis chap 5, 11 :
«Et ce témoignage, le voici : Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils ».