En fait le plus difficile c’est le dosage… Pour Jésus.
Bien évidemment, Jésus est venu pour une Révélation.
C’est le mode de Dieu : tout est évident, mais personne ne le voit !
Alors il faut que Dieu dépense des efforts surhumains pour nous ouvrir les yeux sur l’évidence.
Vous avez certainement fait l’expérience, frères et sœurs, de tomber sur quelqu’un qui a un blocage.
Vous avez beau lui mettre le nez sur l’évidence, pour son plus grand bien, il ne change pas de point de vue. C’est plus fort que lui.
La mission de Jésus est de révéler l’amour du Père pour chaque homme, chaque femme.
Révéler le pardon.
Annoncer aussi que l’appel de Dieu à la vie éternelle est toujours d’actualité. Or Jésus est obligé de freiner cette révélation parce qu’il tombe sur des coincés… (il y avait des pervers aussi autour de lui)
Dieu a choisi un petit sentier, dans la vaste histoire des hommes, pour ne pas écraser les pauvres humains de sa lumière et de sa puissance.
Il prend la nature humaine. C’est cela le petit sentier.
Pour planter des radis on ne va pas travailler le sol au rouleau compresseur.
On prend une bêche et on soulève délicatement le sol.
Jésus est venu soulever délicatement le sol abîmé du cœur de l’homme.
En Jésus, Dieu devient homme, tout en restant Dieu.
Mais le génie divin de Jésus sera de cacher Dieu… pour favoriser la communion avec les hommes.
C’est extrêmement pédagogique comme formule.
Il n’y a qu’à la Transfiguration qu’il donnera un petit coup d’accélérateur. Fulgurance de l’infinité divine à travers son humanité.
Jésus devait à la fois atténuer la lumière trop vive de Dieu et à la fois montrer un petit quelque chose, puisqu’il était venu pour cela.
Jésus s’est retenu 30 ans.
Mais il fallait bien qu’il laisse échapper quelques guérisons, quelques miracles. Or, le paradoxe, c’est que chaque guérison ou chaque miracle peut nuire à la compréhension du mystère divin.
Parce que le miracle ou la guérison orientent la bonté de Dieu pour sur nous. Rappelons-nous, frères et sœurs que Dieu nous appelle à lui.
C’est cela notre bonheur.
Or Quand on veut posséder la bonté, en profiter, on détourne l’intention de Dieu.
C’est la grande question que suscite la foi.
La foi est une lumière transformante qui unit à celui qui nous transforme Mais cette lumière n’est pas pour que nous la gardions à notre bénéfice. C’est très important, cela.
La sainteté nous transforme pour un autre.
Pour Dieu.
Pas pour trouver un confort de vie. Pas pour être ‘protéger’ par exemple…
Jésus nourrit des foules.
Miracle.
Qu’est-ce qui est visible ?
La multiplication des pains, la satisfaction des corps. Et puis aussi l’étonnement.
Mais l’intention de Dieu va plus loin…
Voilà le problème.
L’intention de Dieu c’est de nous faire accéder à la vie éternelle.
Mais c’est complètement différent.
Jésus, Dieu, applique la loi de l’Esprit à la matière .
Il donne à la matière une fécondité qui se trouve habituellement dans l’esprit. Mais voilà qui est intéressant et qui est dans l’intention de Dieu.
En fait, le geste de Jésus par la multiplication des pains est une invitation à comprendre sa puissance d’esprit, pas à manger en premier.
Jésus s’intéresse à l’âme.
Il désire rétablir la puissance de l’Esprit sur ces foules malades et fatigués.
Et si l’on ne retient que la matière, la distribution des pains, on passe à côté de la lumière.
Notre monde cherche la réussite de la matière et même s’il la trouve, et parfois dans les miracles, il marche la tête en bas. Les miracles peuvent nous détourner de l’intimité avec Dieu.
C’est vrai que Jésus est obligé de passer par des signes sensibles pour provoquer l’appel de la foi et amorcer la charité.
Mais ce dont il se méfie, c’est le mouvement de satisfaction qui retourne sur soi. La guérison et le miracle doivent propulser dans une relation spirituelle avec Dieu. Et donc, dans l’Eglise.
Si on dit : « merci Seigneur… tu peux pas me le refaire ?», la mission de Jésus est pervertie et n’atteint pas son but.
On la ferme sur soi-même.
Si les foules veulent faire de Lui, leur roi pour qu’il les nourrissent de pain, alors ils pervertissent la grâce de Dieu.
Alors… encore plus dommageable… si nous mettons la vie spirituelle au service du
corps, nous entrons dans les erreurs les plus honteuses et les plus dégénérées.
Notre corps est sacré… Mais parce qu’il est Temple de l’Esprit Saint.
C’est l’Esprit qui est premier servi.
Mais si nous faisons dépendre la mystique ou n’importe quelle idéologie de notre corps, nous arrivons à des monstruosités et à des inversions contre-nature les plus minables.
Nous arrivons au projet du Diable pour l’homme.
Je ne sais plus qui a écrit :
» Si on ne vit pas comme on pense, on finit par penser comme on vit ! » Autrement dit, si on ne soulève pas le corps par l’Esprit, l’Esprit de Dieu, (et le corps c’est la nourriture, c’est notre psychologie, notre sexualité, notre famille et la politique aussi…) hé bien on finira animal et même pire, animal pervers, ce qui n’existe pas dans la nature.
C’est le dosage des priorités qui détermine notre joie ou notre décadence. Et seule, l’Eglise possède le discernement de ce dosage dans l’Esprit Saint.