27° DIMANCHE – B – 2024

Mariage

Alors c’est clair…
Soit on prend le problème à la surface des flots avec ses vagues et avec son écume.
À ce moment-là c’est dans le genre :
 » Juliette, tes yeux me fascinent…
Et si on prenait un verre ensemble… »
Effectivement, ça commence à peu près comme ça.
Et ça continue par :
 » tu sais… tes yeux ne me suffisent pas…  »
Mais l’écume on s’en lasse.
Deuxième formule:
 » Roberte, ma solitude, toi seule, tu peux la nourrir de ta présence…! Effectivement, le programme est annoncé.
Ça vient d’un peu plus profond.
Il y a aussi la formule métaphysique…
« Je suis ton essence, et tu es mon existence.
Tu es ma finalité, et je suis ta fidélité. »
Bon c’est pas mal, dans le style intello. Ça a son charme…
 » et si on prenait un verre ensemble… »
De toute façon il faut passer par là, par ce fameux verre…
Il y a aussi le poète…
Si elle est sensible aux métaphores, bien sûr.
 » Tu es celle qui éveille mon oreille aux musiques de la Création…
J’aimerais être ton violon ou plutôt dans les temps qui courent, ton hautbois, ( si on est un peu plus rock, j’aimerais être ta batterie. Ta cithare, si on est un peu plus slow … )
Et si on prenait un verre… ensemble…  »
Ah…! il y a le Cantique des cantiques.
Là, on plonge dans la mystique…!
 » Mon bien-aimé regarde par le treillis, je vais pour lui ouvrir, les CSS ruisselant de myrrhe, mais il s’est enfui.
je tournerai dans la ville, par les rues et les places : je chercherai celui que mon âme désire.

Et là… on oublie de prendre un verre…
 » ta chevelure, ma belle… : un troupeau de chèvres qui dévale du Galaad.
Ta joue à travers ton voile, comme une moitié de grenade.
… unique est ma colombe, ma parfaite, unique pour sa mère.
Tes dents : un troupeau de brebis tondues qui remontent du bain.
Ta poitrine : deux faons, jumeaux d’une gazelle ; qui pâturent parmi les lis » etc… Délicate mystique, un peu essoufflante…
Et puis vient Jésus-Christ…
Jésus-Christ nous dit que l’amour prend chair par la fidélité.
Que l’amour ce n’est pas : » je te prends pour moi », mais :
 » je me donne à toi. »
Et pas : ‘comme ça’, au carrefour de deux routes, mais dans la longueur du temps. Jésus-Christ va nous dire : le couple est aussi beau que l’Église et le Christ dans leur union spirituelle et éternelle.
Et que ce n’est plus  » tu es belle, ma reine » ou  » tu es fort, mon roi »
Mais :  » je veux te rendre lumineuse de la grâce de Dieu, en me sacrifiant pour toi » , parce que s’il n’y a pas sacrifice, mutuel, la relation reste incomplète. Branlante et insatisfaisante.
La première raison de l’amour d’une femme pour un homme ou d’un homme pour une femme, c’est de reproduire dans une relation d’amitié, avec leurs corps et avec leurs âmes, le souffle de vie du Christ ressuscité sur chacun de nous. Lorsque lui dit à elle :
 » je t’aime. » dans sa profondeur, quel que soit le mode d’expression, il lui transmet le souffle de vie qui va l’ouvrir à sa résurrection.
Et lorsqu’elle lui dit :
 » je t’aime  » elle fait passer en son cœur à lui le regard de Dieu qui de toute éternité lui donne vie et comble sa solitude.
Et plus ce « je t’aime », de l’un et de l’autre, est délicat de respect, c’est-à-dire respectueux du mystère de l’autre, de sa liberté, et plus ce  » je t’aime » s’inscrit dans la fidélité – même difficile, toujours difficile -, plus alors ils connaissent la voix du Père qui donne vie et la douceur de l’Esprit Saint.
L’Église est étincelante et tellement riche dans sa conception de l’amour, de la sexualité, de la fidélité du couple, de la complémentarité de l’homme et de la femme inscrite dans la conception éternelle de Dieu…!
Qu’on est loin des plans de misères dans lesquels le monde réduit la chair de l’homme et de la femme…
Quand on découvre que l’Education Nationale donne des livres explicitement porno à lire à nos enfants, on mesure la dégénérescence de notre société et on devine, bien évidemment, la patte du démon contre la beauté de la Création.
2

(je pourrais préciser cela aux parents qui le désirent)
Le porno, c’est l’intelligence du diable qui pousse l’homme plus bas que l’animal. Exigeant de l’autre un acte d’adoration de la chair qui se veut toute puissante. La chair, indigente capacité de plaisir, veut se venger de la supériorité de l’esprit, en l’abrutissant.
Le porno c’est le viol de l’esprit, pour vider l’homme de sa relation d’amour féconde.
On rage de dépendre de Dieu, alors on massacre le plus beau don de Dieu qui est l’esprit, et on massacre par la même le mystère sacré de la chair.
Comment l’homme et la femme en arrivent-ils à une telle décadence ?
C’est très simple.
Nous avons tous au fond de nous la nostalgie de la première harmonie de l’humanité.
L’union pure d’Adam et Ève d’avant le péché originel.
Notre nature a goûté à cette indicible harmonie d’un jour très lointain, et elle s’en rappelle au fond du secret de nos cœurs.
Mais le péché originel, cette tentative de vouloir être Dieu, a rendu inaccessible la beauté de l’œuvre.
Vous avez un tableau.
Un fou le détruit avec un couteau. Il le lacère.
Jamais vous ne retrouverez l’œuvre originale.
Pour nous, c’est foutu.
Mais Dieu propose une restauration encore plus géniale et belle.
Alors, vous voyez…
Si on entend notre nature, le réflexe c’est de vouloir reproduire le désir initial. De recoller comme on peut le vase brisé.
Et on va s’y mettre avec des moyens cassés.
On va vouloir faire jouir la chair sur le mode infini de l’esprit.
Mauvaise porte.
Catastrophe et misère.
Qui ouvrent sur le dégoût ou la maladie mentale, ou corporelle.
Dieu propose une autre issue.
Mais qu’on doit accepter de Dieu…
Jésus Christ nous dit :
‘vise la communion, par la prière et l’Esprit-Saint, quitte à sacrifier la chair, et tu trouveras une autre joie, qui comblera ta personnalité, corps et âme, au centuple, au-delà de tes frustrations.’
On ne vise plus l’harmonie du paradis sur terre.
Même s’il reste un désir inconscient de le revivre.
3

On vise la guérison pour la grâce divine au Ciel.
C’est dur !
Oui c’est dur, ce n’est pas pour les mous !
C’est dur de changer de cap, parce que l’appel de la chair est très proche, trop immédiat, lourd.
Mais cet appel a définitivement perdu le chemin.
Il doit être ‘retourné’ vers l’appel de la grâce. Pour revivre en pureté.
Dans un chemin de foi, d’esprit, d’Eglise, d’obéissance, et d’union à Dieu par Jésus Christ, chemin obligé.
Tous les adorateurs de la chair regardent piteusement et lamentablement en arrière, sans en avoir conscience.
Et se retrouvent vides d’eux-mêmes. Pire que bête.
Les adorateurs en esprit et en vérité, après avoir admis la frustration d’une gloire à jamais perdue et périmée, goûtent au ravissement du Ciel.
Allez dire cela aux jeunes couples…
Bien sûr, ce n’est pas compris immédiatement…
Ni d’ailleurs par les chrétiens lessivés par l’esprit du monde.
 » et si on allait boire un verre ensemble…! «