C’est le mot « siéger » qui passe mal…
Au Ciel, quand nous serons en la vie éternelle, il n’y aura pas de strapontin !
Il y a plusieurs demeures, mais pas de chaises, et le trône de Dieu, ce n’est pas celui des icônes. C’est le Ciel, dit le psaume.
Et le Ciel, c’est la vie éternelle et sa Toute-Puissance de miséricorde.
Alors…. avec le verbe ‘siéger’, il y a un sous-entendu de domination, un partage de pouvoir.
En tout cas, Jésus l’entend comme ça, puisqu’il parle ensuite du ‘pouvoir des grands’.
Dans la question des frères Zébédée, il y a bien l’espoir d’être près de Jésus pour toujours.
Mais cette question est quand même une grosse maladresse.
Mais elle va permettre à Jésus de faire le point sur l’ambition qui court au travers de l’histoire de l’Église, au travers de l’histoire des peuples et des cœurs.
Le désir du pouvoir, du gouvernement, d’être influenceur sur terre et au Ciel même.
C’est un désir à la fois légitime et bon, et à la fois vicieux.
Pourquoi ?
Parce que l’influence qu’on peut diffuser et parfois imposer, tient à la fécondité de notre vie.
Or, la fécondité sous toutes ses formes est le désir le plus profond et général de chaque créature.
La moindre petite violette ne pense qu’à répandre des multitudes d’autres petites violettes semblables à elle.
L’escargot, le hérisson aussi. Ils ne cherchent pas à faire des violettes… mais des petits escargots et des petits hérissons.
Et l’homme et la femme, des fils et des filles.
Et pour se distinguer du hérisson, des fils et des filles qui leur ressemblent, spirituellement, c’est mieux.
Des semblables d’esprit pour les aimer d’amour ou d’amitié féconde.
Et ceux qui sont moins capables spirituellement, choisissent alors une fécondité politique, jusqu’à parfois, utiliser la manipulation ou la contrainte.
Quand on a le pouvoir, on a l’impression d’influencer et d’exercer une fécondité, même dans le mal.
Toujours l’histoire de ‘siéger’…
Croit-on que l’Église depuis la réaction de Jésus est purifiée de cette tentation de domination ?
Pourtant Jésus le dit bien : ‘les derniers seront premiers’ dans l’amour et donc dans la fécondité de lumière.
« Celui qui voudra être grand – mais grand de quoi, au Ciel ? – de perfection et de lumière, grand de participation à la divinité…
Il sera l’esclave de tous, sur terre. Au service. »
Il sera le plus intime du Christ.
Et il sera donc le plus uni au Christ, victime sacrifiée.
On associe dans nos têtes ‘gouvernement’ à ‘supériorité’
Celui qui ne gouverne rien, c’est l’insignifiant, celui qu’on oublie rapidement.
Et de là cette course à avoir son domaine, aussi petit soit-il, où l’on peut régner et soumettre les autres à son influence.
Mais comment résoudre cette déviation qui court depuis Adam et Ève ?
Si on change celui qui a le pouvoir, d’autres le prennent à sa place et reproduisent l’erreur.
Alors ?… Hé bien, donnons le pouvoir à plusieurs et même à tous, au peuple en politique, aux médias en tous les domaines, aux laïcs dans Église !…
Mais le problème n’est pas là, puisque le pouvoir cherche à dominer, qu’il soit d’un seul, du prolétariat, de la manipulation pour les médias, de l’Esprit du monde qui frappe la barque de l’Église de sa médiocrité…
Mais comment faire pour s’en sortir ?
D’où qu’on se tourne, aussitôt qu’il y a pouvoir, et recherche de gouvernement, il y a satisfaction d’être influent ?
Qu’on soit seul ou des multitudes à le partager.
C’est l’une des questions que notre Pape essaie de nous faire comprendre.
Jésus est Fils de Dieu. Il a donc la réponse à notre question.
En fait à la question de Jacques et Jean…
Qu’elle est-elle, cette réponse ?
Elle est très simple.
« Pouvez vous me suivre ? »
Me suivre où ?
Jusqu’à la croix, jusqu’au sacrifice de vous-même.
Jusqu’à devenir esclaves et vous soumettre à tous les pouvoirs.
Ça veut dire quoi, cette réponse de Jésus ?
Ça veut dire que Jésus détourne la question.
Votre fécondité, elle ne se trouvera pas dans un pouvoir, elle se trouvera dans votre sanctification.
Et voilà la réponse !
Avant de vous poser la question du gouvernement, posez vous la question de votre sanctification, de votre intimité à Jésus Christ, Messie, Dieu, mort en esclave crucifié.
Votre fécondité vous la trouverez dans votre sacrifice par amour à Jésus.
Et si par surplus, qui doit être gratuit et non recherché, elle vous est donnée dans une mission de gouvernement, ce gouvernement sera un service pour une fécondité de sainteté. Pour conduire les autres à la sainteté.
Le gouvernement n’a qu’une raison légitime :
Celle d’être un instrument pour conduire à la sainteté.
Mais tout devient lumineux alors …! et harmonieux.
1 – Ça veut dire tout d’abord qu’on ne se décide pas supérieur tout seul, ni même en groupe.
On reçoit d’un autre une mission qui vient d’un discernement.
Non pas parce qu’on est capable d’organiser des défilés ou de rentabiliser une entreprise, mais parce qu’on est capable de discerner les chemins de sanctification pour chacun de nos frères.
Et c’est pour cela que l’Église est si mauvaise dans la conduite de ses entreprises et de ses rentabilités… Parce que son objectif premier est la sanctification qui se moque des chiffres de bilan.
Et il est assez rare en fait que coïncide un esprit avisé de chef d’entreprise et un esprit d’intimité avec Jésus, dans un même homme…
Mais ce qui compte avant tout en valeur de fécondité c’est l’esprit d’intimité avec Jésus.
La réussite du monde n’est pas essentielle, et bien souvent périlleuse, au contraire.
Deuxième conséquence :
Le discernement pour la sanctification ne vient pas du grand nombre.
Ainsi donc, le gouvernement ne peut pas être du grand nombre. Il sera assumé par un seul missionné.
Aidé de conseillers pour affiné son discernement, mais un seul décideur qui doit davantage être à l’écoute des consciences de ceux qu’il gouverne que des besoins matériels de son territoire.
Parce que ses décisions seront avant tout pour faire avancer sur un chemin de conversion et de sanctification les âmes de ceux et celles qu’il gouverne.
Même si ces derniers ne sont pas à la place qu’eux-mêmes désireraient.
Demander à quelqu’un de porter la croix de Jésus n’est jamais enthousiasmant au départ pour l’heureux élu….
Inviter à une conversion de jugement est toujours mal digéré au départ….
Vous voyez, frères et sœurs, comme l’exercice du gouvernement dans l’Église est complètement divergent de celui du monde.
Dans le monde, c’est celui qui est capable et qualifié (en vrai ou en faux d’ailleurs – tous les coups sont permis) qui prend la place.
Dernière conséquence de la conception de Jésus. :
Il existe dans l’Église, institués par Jésus Christ, des apôtres et des successeurs des apôtres auxquels Jésus a confié les clefs du Royaume des Cieux.
Autrement dit du jugement de la grâce et des chemins de sanctification, dans l’Esprit Saint.
C’est donc à eux, au Pape, successeur de saint Pierre, aux évêques, successeurs des apôtres, et aux prêtres, collaborateurs des évêques, qu’il revient le discernement final et donc qu’il revient par la même l’instrument et le service du gouvernement qui aide à la sanctification.
Il n’est pas interdit à d’autres d’avoir une place, un siège…, et parfois d’émettre des jugements très saints dans l’Église, mais ce sera par mode habituel de conseils, qui éclaireront de façon très précieuse les décisions du magistère institué qui lui, sera à l’écoute attentive des voies de l’Esprit-Saint.
La collégialité, c’est l’expression de tous pour le discernement d’un seul.
Mais bien sûr, cela demande l’intention fondamentale de tous pour la sanctification, par la croix souvent, de toute l’Eglise, et cela demande une exigence d’obéissance qui, de fait, est rare dans le peuple de Dieu.
L’obéissance du disciple missionné au gouvernement, c’est son écoute de l’Esprit Saint.
L’obéissance de tous dans l’Eglise, c’est notre désir de sanctification reçue de l’Esprit Saint.
« Le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort »
Pouvez vous boire à la coupe que Jésus a bue ?