Le seul chemin désormais
Frères et sœurs, quand on arrive à cette période de l’année, la liturgie nous promène dans la fin des temps.
Et dans quelques semaines on s’avancera presque tout seul, sur Noël (qui, en fait, est le coup d’envoi du match final de Dieu)
On pourrait se dire :
‘La fin des temps…! Bof, on verra bien… Ça ne me concerne pas.
J’ai tellement d’affaires à régler aujourd’hui que je ne vais pas, en plus, me compliquer la vie avec la fin des temps..’ D’autres diront :
‘ça me fait peur, ça n’a pas l’air très drôle. Je vais essayer de me rassurer en cherchant des signes… Si je prévois l’explosion, au moins je pourrais me boucher les oreilles… ‘
Le gros problème, c’est que nous avons un jugement déformé et cela est grave pour notre monde.
Parce que ça influe sur toute notre vie, sur les sociétés, sur la morale, et jusques dans la vie de la famille et des relations du couple par exemple.
Je vais essayer de vous expliquer à partir des paroles de Jésus.
Jésus dit : ‘le jour et l’heure, nous n’en savons rien. Ok…
On sait simplement que nous sommes dans la dernière ligne droite’ OK…
Et ce sera un accouchement difficile. Ok…
Ça fera mal, mais les élus seront sauvés.
Alors, quels sont les élus ? Ce sont ceux et celles qui seront à ce moment-là, en train de veiller.
Jésus insiste beaucoup sur la veille du coeur, l’attente…
Les vierges avec leurs lampes, pour les noces – les invités au banquet du roi – ou quand il commente la chute de la tour de siloé, il termine par : ‘veillez pour ne pas mourir de la même façon que ces malheureux ‘ – ‘ veillez pour ne pas être surpris par la venue du voleur, pendant la nuit.’
Et un grand nombre de ceux qui bénéficient des guérisons de Jésus, sont des pauvres qui espèrent en lui, qui croient.
En fait, tout cela nous indique une attitude intérieure essentielle.
Nous, chrétiens, nous sommes un peuple de l’espérance, tourné résolument vers la survenue d’une libération.
Jésus ne nous trompe pas, il nous avertit que ce ne sera pas en pente douce, comme une entrée tranquille dans un nouveau paradis terrestre.
Ça, ce sont les politiques qui peuvent nous le promettre.
La réalité c’est que notre monde se dirige vers des tensions et des conflits insurmontables, de la nature et des hommes.
Mais là n’est pas le plus important.
Le plus important est de savoir ce que nous devons désirer. Pour être un veilleur qui ne se trompe pas de cible.
Or notre monde, matérialiste, se conforte, veut se conforter, sur ce qu’il a.
‘Si j’ai de quoi assurer, ça me suffit.’
Là est une grave illusion et un manque de jugement général que Jésus a pulvérisé. ‘J’ai des biens matériels, ça m’assure des garanties pour l’avenir…’ « Inconscient, demain te sera reprise ta vie…! » dit Jésus.
J’ai la vertu, le savoir, j’ai la foi… ‘hypocrites !’, dit Jésus, ‘rien de ce que tu as te garantit le Royaume de Dieu et même avec tout cela tu pourras finir au pays du feu éternel et des grincements de dents.’
Plus subtile encore et néanmoins grave erreur de jugement :
‘ Dieu nous a fait à son image. L’homme, la femme, ou certains disent même que c’est le couple qui est à l’image de Dieu. Pourquoi pas, mais ça n’a aucune importance…
C’est encore mettre en avant des dispositions acquises ou données.
Parce que j’aurais telle vocation, ça serait gagné…!
Parce que j’ai rencontré la femme de ma vie, je serai heureux…!
Mais depuis le péché originel, tout est gâché.
Tout.
Tout bonheur d’ici-bas contient le ver dans le fruit.
Jésus dira : ‘ le bonheur, c’est aux pauvres que je suis venu l’apporter. Aux solitaires, aux affamés d’affection, aux victimes d’injustice, aux associaux… à ceux qui ne le méritent pas.’
C’est grave comme erreur de penser que notre bonheur dépend de ce que l’on a, de nos vocations, de notre passé… Et de penser qu’un bel amour terrestre suffit. On se trompe de visée.
Je rectifie donc à la lumière des avertissements de Jésus. Pourquoi sommes nous faits ?
Pour être sanctifiés. Pour être saints.
Qu’est ce que la sainteté ?
C’est être uni à Dieu.
Ce n’est pas être à l’image de Dieu.
C’est être uni à Dieu.
Et ça ne suffit pas..!
C’est être uni à Dieu par Jésus Christ.
« Celui qui croit en moi aura la vie éternelle’
‘ si vous ne croyez pas que Je Suis, vous mourrez dans vos péchés’ [Jn 8, 24] C’est le seul chemin.
Tous les autres sont relatifs.
Vous voyez, frères et sœurs, ce n’est pas ce que l’on a qui compte pour notre béatitude, alors même que ce serait délicieux, mais c’est plutôt ce qui nous manque, ce que Jésus nous offre pour aller au-delà de la fin des temps.
Nous visons l’union à Jésus Christ.
Et dernière question :
Que nous offre l’union à Jésus Christ très loin avant toute autre chose ? Deux réponses :
La vie éternelle… et…
Le pardon de nos péchés, comme le dit l’épître aux hébreux avec insistance. Par le pardon que Jésus nous signifie sur la croix, il mène à sa perfection pour toujours ceux qu’il sanctifie. Ceux qui attendent sa venue, brûlant d’amour. ‘
Il ne s’agit donc pas d’être à l’image de Dieu, il s’agit d’être pardonné, d’entrer dans la démarche de pardon.
Jésus est venu pour ceux qui sont loin d’être à l’image de Dieu…
Pour ceux qui, de n’importe quelle pauvreté et truc tordu dans leur vie ou leur environnement, tendent leurs mains en prière pour demander pardon, ceux qui espèrent avec un cœur silencieux d’espérance de voir le visage de tendresse de Jésus.
Péguy dans une intuition géniale l’a merveilleusement illustrer dans ‘ le porche du mystère de la deuxième vertu ‘.
Par exemple, cette petite citation :
‘ la petite espérance, elle a raison.
Ce qui importe ce n’est pas d’aller ici ou là,
N’est pas d’aller quelque part
D’arriver quelque part
Terrestre. c’est d’aller, d’aller toujours, et ( au contraire) de ne pas arriver. (…)
La petite espérance est la seule qui ne nous déçoit pas pour la vie » [p135 nrf poésie]
Par conséquent, avec tout ce que l’on vit, si on s’efforce d’être avec Jésus et pour Jésus, plus ce sera harmonieux, tout en restant toujours boiteux, (ce que notre monde n’accepte pas..)
Ce qui compte c’est que, dans tout ce qu’on vit, on essaye d’introduire le désir d’union avec Jésus Christ.
Alors, Jésus devient lumière dans le couple, dans les relations avec les enfants, dans tout ce qu’on fait, dans nos réussites et nos échecs, et jusques dans nos misères et nos péchés.
Et quand surviendra le dernier acte où le rideau du théâtre sera en feu et que s’écroulera la scène, nous traverserons, sur les ailes des anges, les pluies de soufre, en demandant le pardon qui nous sera accordé à la vue de notre Sauveur Jésus Christ.
Notre amour.
Et nous déborderons enfin d’une joie pure.