DEUXIEME DIMANCHE DE L’AVENT

DEUXIEME DIMANCHE DE L’AVENT
Frères et sœurs,
Quel est le message, ce dimanche ?
On a un paysage.
Des montagnes qui ne sont plus des montagnes, des chemins qui deviennent faciles, au milieu d’une histoire qui est celle de Jean-Baptiste, fils de Zacharie. Et puis dans la première lecture, le Prophète Baruch nous donne un goût de paix et de lumière; en tout cas, il promet à Jérusalem un temps de gloire, tranquille. Saint Paul… est lui aussi très apaisant vis-à-vis de ses Philippiens.
Mais si vous prenez quelqu’un dans la rue actuellement, quelqu’un qui est sur la place de Salernes, et que vous lui lisiez les phrases de Baruch ou d’Isaïe…
Je pense qu’il va vous regarder avec étonnement… Et peut-être même inquiétude.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Est-ce que ce langage est adapté pour notre temps?
Nous, nous sommes habitués.
Disons que chaque année nous réentendons ces lectures.
Il y a comme un air de musique, habituel.
Ça ne nous choque pas.
C’est comme la musique d’un petit ruisseau qui coule, au fond du jardin .
On ne va pas souvent près de ce petit ruisseau, mais on le tolère bien. Il est un peu rassurant.
En tout cas, pour notre monde de ce dimanche 8 décembre 2024, si on est vraiment objectif, c’est obsolète. On préfère le Père Noël.
Et pour tout dire, en l’an 590 avant Jésus-Christ, c’était tout aussi inadapté comme langage.
Et du temps de Jésus-Christ, c’était tout aussi inadapté comme langage.
Et un siècle après Jésus-Christ, c’était tout aussi inadapté.
Aujourd’hui c’est pas mieux…
Et pourtant, c’est bizarre, ce message touche avec douceur les fibres de notre âme.
 » la terre sera aplanie… »
 » les forêts et les arbres sentent bons… »
 » les passages tortueux deviendront droits… »
C’est gentil.
Mais ça fait rire les hommes sérieux.

Quant à ceux qui ne sont pas sérieux, ils se moquent et passent leur chemin.
Mais vous savez, le goût de Noël, ce n’est pas mieux.
Pour que Noël prenne de la saveur, nos frères qui n’ont pas la foi, (et parfois ceux qui ont la foi…) tartine cette fête toute en douceur, de haut-parleurs, de décorations toujours plus lumineuses et flashing, d’offres commerciales pour attirer le client…
Comment comprendre le prophète Baruch, comment faire passer ce message qui n’intéresse personne dans la rue ?
En fin de compte, comment ‘enlever la robe de tristesse’ de notre monde et transformer ses agitations en tranquilles arbres odoriférants ?
Je dois dire que depuis le temps que je cherche, je reviens toujours à la même solution finale qui se conjugue en deux temps.
Le temps de la prière et le temps du silence.
La prière donne la solution et la clé des mystères.
Et quand nous relisons les textes d’aujourd’hui, nous pressentons la profondeur qui éclaire la Parole inspirée.
Nous n’aurons jamais le sens des paroles de Baruch ou de Paul ou d’Isaïe ou de Jésus bien sûr, sans plonger dans l’inconnu de la prière. D’une prière persévérante.
Alors, dessous le langage mystérieux et coloré d’images de la Bible se dessine comme un message avec un nouveau relief.
Une autre grille de lecture.
Le images de montagnes qui deviennent des vallées, de désert traversé de torrents, d’arbres qui sentent bons de partout, invitent à une autre vie que l’on devine plus vraie et plus harmonieuse.
Mais c’est la prière qui nous introduit dans cette symphonie très réelle pour laquelle le monde reste sourd.
Et puis il y a le temps du silence.
Le silence qui est témoignage puissant.
Il est vrai que la parole permet de transmettre des messages, comme je le fais en ce moment.
Mais le silence est plus puissant encore pour communiquer Dieu.
Le silence qui monte d’un coeur silencieux.
Comme le disait Sainte Mère Térésa : « Dieu est ami du silence. (…) Dans la nature, les arbres, les fleurs, l’herbe, poussent dans un profond silence. De

même les étoiles la lune, le soleil, se déplacent en silence (…) Le silence nous donne une vision neuve des choses et nous avons besoin de ce silence pour arriver jusqu’aux âmes. »
Elle ajoutait : « Jésus nous attend toujours en silence. Il nous écoute en silence et c’est dans le silence qu’il nous parle au coeur (…) Toute parole qui ne vient pas du plus profond de notre coeur est vaine.»
[ une main de tendresse – ed Paulines 1980 – p 133]
Je dois dire que les âmes qui parlent par leur silence et qui brûlent d’amour sont celles qui m’ont toujours impressionné et irrésistiblement captivé.
Ce sont celles qui me parlent le plus !
Parce qu’elles portent l’intensité de Dieu.
Ces âmes comblent les ravins, elles abaissent les collines, et rendent droits les sentiers tordus. Le plus souvent sans en avoir conscience .
Et elles illuminent la nuit de notre monde.
Bien sûr, ce fut le cas de la Vierge Marie.
Mais on trouve dans les villages de la France profonde, des enfants, des jeunes, mais aussi des pauvres, des inconnus, et même des méprisés, qui sauvent le monde.
Ces âmes m’éblouissent de leur compréhension et de la grâce de pureté qu’elles vivent, la seule qui transforme le monde en profondeur.
Comme le dit saint Paul : « par la tendresse du Christ Jésus », qui vient à Noël.