Ce matin de Noël, où est notre place ?
D’un côté, il y a un enfant représenté dans une crèche.Souvenir de la naissance de Dieu comme homme, un petit homme.Il paraît que c’est le mystère merveilleux de l’amour de Dieu pour nous.Dieu se fait l’un de nous.Et puis d’un autre côté, il y a cet évangile tellement génial.Le Verbe…Auprès de Dieu, avant la création du monde.Verbe qui est Dieu.Source de vie.Et il paraît qu’il brille dans notre monde à travers l’obscurité du monde.Ce n’est pas un souvenir.Ce n’est pas un anniversaire.C’est celui qui aujourd’hui nous permet de nous unir à Dieu, de vivre Dieu.Et c’est le même dont on célèbre le souvenir sous forme d’un bébé.Quelle est notre place ?à nous, croyants, petit nombre qui nous sommes levés ce matin.Quelle est notre place ?Est-ce qu’il y a un rapport direct entre cet anniversaire que le monde reconnaît et le Verbe que le monde n’a pas reconnu ?Et bien Saint-Augustin écrit quelque part : » le désir de la vision, c’est la foi.Le désir de la possession, c’est l’espérance.Le désir de l’amour, c’est la charité.Par l’attente, Dieu accroît le désir en nous.Par le désir, il creuse nos âmes.Les creusant, il les rend plus capables de le recevoir. »Voilà, en fait, notre place, chers frères et sœurs.C’est la place du désir. » Le Verbe était la vraie lumière, « » le monde était venu par lui à l’existence »Nous désirons cette lumière et nous la perdons.Mais elle est là.Nous la voulons tellement cette lumière qui nous a fait naître.Notre place, c’est que nous sommes plus petits que ce bébé de la crèche qui, lui, était la lumière.Mais nous savons que cette lumière nous enveloppe.Nous ne voulons pas l’attraper parce que nous voulons nous laisser envelopper par elle.Et pour bien choisir notre place, nous devons préférer le désir à la saisie.Plus nous désirons Dieu plus il peut nous saisir.Nous avons fait de Noël une fête de satisfaction.Noël est une fête de désir qui doit rester désir.Nos frères Chartreux sont parfaitement justes sur le sens de Noël.Pendant toute la journée de Noël ils prient.Leurs offices se suivent; messes, silence et solitude.C’est le fond de la fête de Noël.Le désir est favorisé par un jour de solitude plus grande encore.Et puis le lendemain de Noël, ils font un bon repas, avec une promenade dans la nature où chacun peut écouter son frère.En fait, ils fêtent le jour du désir qu’ils ont vécu la veille.Je pourrais reprendre une citation d’un grand classique qui s’appelle ‘l’Imitation de Jésus-Christ’L’auteur écrit :Si ma bouche est muetteÉcoute mon silence.Écoute dans mon cœur une voix qui s’élance. [3, 48]
Pour le jour de Noël, ça devrait être vraiment notre place:
être en silence pour prendre conscience de notre désir.Le Verbe de Dieu passe, ou plutôt, il demeure dans notre désir qui l’attend.Les ténèbres ne l’ont pas reconnu, mais notre désir le fait asseoir à notre table.Un bébé c’est un petit être caché.Devant l’enfant de la crèche frémit en nous le désir de retrouver l’enfant tout simple que nous avons certainement était.C’est ainsi que l’enfant de la crèche, l’enfant Jésus, nous invite au cantique nuptial, à l’union entre le Verbe de Dieu et notre âme, en passant par une tendresse.À Noël, Dieu provoque notre désir et nous ‘ attrape ‘ par la tendresse d’un enfant qui nous conduit à une harmonie d’esprit, donnée par grâce.