PRESENTATION DE JESUS AU TEMPLE 2025

Aujourd’hui, par cette fête de la Présentation de Jésus au Temple, on pourrait dire que c’est la fin du commencement.
En tout cas c’est ainsi que c’est présenté.
Il y a eu l’événement de Noël, précédé de l’Annonciation, de la visite à Élisabeth,
puis la découverte des bergers, des Rois Mages, de Hérode, la fuite en Égypte, et les conséquences sur les bébés Innocents.
Et voilà… Marie doit accomplir ce temps par le rite de sa purification et de la consécration de
son fils.
Et ensuite, il va y avoir 30 ans de vie discrète et commune, de croissance, en grâce, en sagesse, en vie humaine.
Et cela n’est pas sans signification pour nous.
Dimanche dernier, j’ai insisté sur un fondement de la vie spirituelle.
Le fondement… qui est la rencontre intime avec Jésus, ami réparateur de notre
fragilité et de nos blessures.
Une vie spirituelle vient au monde au moment de cette grâce de la rencontre.
Momentéblouissant ou cheminement de vie souterrain, mais notre naissance à la vie éternelle se trouve dans cette rencontre personnelle.
Nécessaire mais qui ne suffit pas.
 » il retournèrent dans leur ville de Nazareth… » pendant 30 ans.
 » l’enfant grandissait, se fortifiait, rempli de grâce. »
Avant de «souffrir jusqu’au bout l’épreuve…» dit l’épître aux Hébreux.
Et pour le Prophète Malachie :
 » il purifiera les fils de Lévi; il les affinera comme l’or et l’argent « .
Et voilà l’aspect de la vie spirituelle qui va certifier la vérité de notre foi.
On rencontre Dieu…
On peut toujours avoir une expérience un jour ou l’autre, mystique même.
Mais si cette expérience de rencontre ne s’ouvre pas sur la fidélité, la
persévérance, l’humble chemin pas à pas avec notre Dieu, nous ne pouvons parler ni de foi véritable, ni d’amour, ni de lumière divine.
Voici la deuxième composante de la vie spirituelle :
C’est l’effort de tous les jours, l’effort renouvelé dans les choix et dans
l’adversité, qui va garantir la présence de Dieu au profond de notre vie.
La rencontre avec Jésus est une grâce, surnaturelle.
La fidélité d’une vie spirituelle c’est un miracle que je dirais encore plus divin.
Il est facile de commencer dans l’enthousiasme d’une grâce étonnante.
Mais combien tiennent la route… jusqu’au désert ?
Combien sont capables de passer par l’humiliation ?
Il n’existe pas de vie spirituelle sans humiliation. Assumée, bien sûr.
Combien sont capables, avec la grâce de Dieu, de naviguer à travers passions et sentiments, à travers les adversités et les déceptions, à travers les invitations lumineuses et les années obscures, à travers le manque de goût et la lassitude.
À travers, enfin, l’approfondissement d’une foi obscure qui ressemble à l’absence
de Dieu.
Il n’y a pas de vie spirituelle sans cette traversée.
Le commandant d’un navire peut bien mettre les moteurs en chauffe et larguer les amarres… le port est toujours en vue.
Mais quand il s’est éloigné de quelques kilomètres ce n’est pas le moment de se reposer.
Il doit rester attentif de chaque instant.
Le grand problème c’est qu’il est tellement facile dans notre vie avec Dieu de
trouver des justifications pour laisser tomber.
On laisse tomber une fois.
On a un rendez-vous plus important une seconde fois.
On évite une douleur ou une souffrance en faisant la sourde oreille.
On se permet une satisfaction là où Dieu nous demandait de soutenir le désir.
Le malin répond toujours présent quand il s’agit de ne pas comprendre un appel de Dieu; de le détourner dans le jeu, la fumette ou les distractions.
Il existe pourtant des marqueurs de notre fidélité à l’amour de Dieu.
Deux marqueurs :
D’abord, celui qui est fidèle ne se montre pas.
Je dirais presque que celui qui est fidèle est invisible, dans la discrétion et dans les apparences.
Ça c’est le premier marqueur.
L’âme fidèle est silencieuse parce qu’elle sait que la visibilité nuit à son intimité
avec Dieu. L’âme fidèle aime se cacher avec son Dieu caché.
Et puis deuxième marqueur : l’âme fidèle à des habitudes exigeantes.
Habitudes intérieures et habitudes extérieures.
Le cœur du fidèle ne cesse d’entretenir un murmure de prière avec son Dieu.
Invocations fréquentes, innombrables même.
Onnepeut pas tenir dans la vie spirituelle sans entretenir à travers le désert, dans
une solitude intérieure, dans l’exultation ou dans les gémissements, des petites
formules qui orientent nos pensées vers Dieu.
Et qui par la même purifient et chassent toute autre pensée.
Saint Cassien propose cette formule reprise inlassablement avec persévérance :
 » Seigneur, viens à mon aide, hâte-toi de me secourir »
L’ami de Dieu sait délicieusement se forger quelques formules brèves et toute de cœur à cœur avec son Bien-aimé.
Mais ça ne suffit pas.
Il doit y avoir aussi les habitudes extérieures.
Moments privilégiés et préservés, d’intimité avec le Seigneur.
Il n’y a pas de fidélité sans une pratique de longs moments de prière, et de
régularité dans la pratique de l’Église. (Les sacrements, les actes de charité)
Enfin il n’y a pas de fidélité sans humilité.
Parce que la fidélité est toujours éprouvée par les tempêtes et par les humiliations.
Si l’on est trop orgueilleux ou orgueilleuse pour ne pas admettre une humiliation, un
pardon à donner, inutile de parler de vie spirituelle véritable.
Il peut y avoir des mots, il peut y avoir quelques surfaces apparentes, mais une vie spirituelle qui ne passe pas par les gifles acceptées de l’écume des faux frères est une vie spirituelle zéro.
Du kitsch.
Enfin, la fidélité est toujours en croissance.
On ne peut pas se satisfaire d’une vitesse de croisière.
Dieu nous invite toujours à des grâces surabondantes de charité, de lumières
intérieures, et qui paradoxalement, sont des grâces de sécheresse, de désert, de paix dans l’abandon, qui peuvent être ressenties comme absence de Dieu.
C’est bon signe de ressentir l’absence de Dieu; signe qu’au fond, on avance.
La profondeur de la foi découvre dans l’absence de Dieu l’abondance de son amour.
Fruit précieux que seule la fidélité permet d’atteindre jusqu’à sa maturité.
Seule, dans la vie chrétienne, la fidélité rend avide de désir et d’amour.
Seule, la fidélité accueille les grâces divines qui nourrissent notre âme.
Et que demande notre âme ?
Que toujours grandisse son désir d’amour et la réponse de Dieu.
Sans rencontre du Christ, et sans fidélité à l’Eglise, qui purifie la foi, et lui permet
d’atteindre l’intimité avec Celui qui nous sauve, peut-on parler d’amour véritable et
de charité véritable et d’espérance véritable, ou tout simplement, de vie
chrétienne ?