HUITIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025
Qu’est-ce que nous apprend Jésus dans ce petit passage ? Beaucoup de choses :
Que dans le chemin de foi on doit être guidé.Parce que la foi nous invite a explorer des mystères qui nous dépassent.Or, quand on ne voit pas, il est nécessaire de prendre la main de quelqu’un qui nous rassure et qui nous fait passer les passages plus délicats.Le minimum est que ce quelqu’un ne doit pas être aveugle…Qu’il doit avoir expérimenté certains passages difficiles et avoir ouvert son cœur.Bon… déjà, ça c’est pas facile d’admettre d’être guidé.Beaucoup refusent la grâce de Dieu et refusent de s’aventurer dans le chemin de la foi, simplement parce que ce chemin demande l’humilité de leur jugement.Il n’est pas facile de reconnaître que notre jugement ne nous suffit pas.Et on ne peut pas avoir la foi si on n’a pas cette modestie de se savoir insuffisant.Pour les athées, c’est clair.
Mais certains chrétiens se croient chrétiens sans pour autant avoir la foi.Parce qu’ils ne lâchent rien de leurs opinions et de leurs certitudes.
Ce sont des chrétiens tenailles ! Quand on les approche, ça pince…Tant que l’Église est d’accord avec eux, ils sont d’accord avec l’Église.Mais ça, c’est pas la foi.Parce que si par hasard l’Église les heurte ou les déstabilise sur une vérité, ils boudent ou se détournent.Parfois en sauvant les apparences, parfois avec fracas, en claquant la porte.Mais le fond du problème reste le même : ils ne veulent pas convertir leur jugement.Qu’est-ce que nous apprend Jésus?Que… quand on s’aventure sérieusement dans le chemin de la foi, (je dis sérieusement, ça veut dire avec amour, tout simplement en mettant une certaine priorité sur la vie éternelle)Hé bien, quand on s’aventure avec amour dans la relation avec Dieu on a besoin d’un accompagnateur et même plus précisément d’un père spirituel.On doit, – je répète : dans une relation d’intimité avec Dieu, à laquelle chacun est appelé, – on doit entrer dans une relation de disciple à père spirituel.Et Jésus nous apprend que dans cette relation, délicate, fine, mais puissante, l’Esprit Saint va élever le disciple.L’élever dans sa vocation, clarifier le plus intime de son cœur, et en même temps l’introduire dans le plan éternel de Dieu.L’élever aussi dans une communion toute particulière entre le disciple et le maître.À vrai dire, comme dit Jésus : ‘ comprenne qui pourra’…Après avoir dit cela Jésus nous introduit dans une sagesse de bonheur…Et cette sagesse vise toujours notre jugement. » Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère ? « Alors là, c’est très beau…!Parce que Jésus nous dessine par cette petite phrase tellement de nos attitudes !Quelle est la pensée en nous qui ne porte pas directement ou indirectement sur le défaut de notre voisin ?Et Jésus insiste, il va plus loin.Une fois qu’on a cru voir la paille… on veut enlever la paille… !Et ça c’est encore tellement bien vu.Parce que non seulement on ausculte notre voisin, mais encore on s’autoproclame son médecin. » Bouge pas… je vais enlever la paille dans ton œil. « Et cela on le fait 50 fois par jour.Quelqu’un nous dit qu’il a mal au petit doigt, inévitablement on se juge qualifié pour retirer l’épine qu’il y a dans son petit doigt.On veut résoudre tous les problèmes, ceux d’Amérique et ceux de Russie, ceux de Chine et ceux d’Afrique, ceux de Paris, de Rome, de Salernes, ceux de notre quartier, du couple qui nous parle, et ceux de nos voisins…Si Jésus me dit que j’ai une poutre, ne dois-je pas admettre, dans la foi, que j’ai une poutre… dans l’œil ?Mais si Jésus me dit :‘ fiche la paix à ton voisin’‘ laisse-le vivre!’ ‘ laisse-le respirer…!’Et s’il ne te demande pas de lui enlever la paille qui le gêne, et si personne ne t’a missionné pour lui enlever la paille qui le gêne, il y a certainement quelque chose de mieux à faire que de lui proposer de lui enlever la paille qu’il a dans l’ œil…!Enlève la poutre qu’il y a dans ton œil.N’aie crainte, tu en auras pour la vie à enlever cette poutre.Et j’ai remarqué que tous ceux qui m’ont aidé à enlever une paille et peut-être même un bout de la poutre plantée dans mon cœur, ce sont ceux qui m’ont écouté bien plus qu’ils m’ont abreuvé de paroles.Je rends grâce à tous ces hommes silencieux, silencieux au profond de leur cœur, qui m’ont permis de déposer paille après paille pour me libérer de quelques blessures.Les autres, je les comparerai à des chasseurs bruyants qui veulent surprendre le lapin mais qui s’interpellent les uns les autres à des kilomètres.Le lapin, mes braves, il s’est caché depuis bien longtemps, et vous ne le trouverez pas.Qu’est-ce que nous apprend Jésus ?Qu’on ne cueille pas de figues sur des épines…Ça veut dire que de la même façon que j’accueillerai l’Eglise, je parlerai à mon voisin ou je ferai cuire mon omelette.Cela veut dire que si j’admets de recevoir de l’Eglise, (même si ça remet en place certaines de mes idées ) je recevrai mieux mon frère, et mon omelette sera mieux cuite.Et les mots de ma bouche seront plus purs.Mon oreille sera plus pure.Au contraire, si c’est moi qui veut façonner le monde, mon jugement sera toujours petit, mon frère aura toujours tort, les mots de ma bouche porteront toujours de l’amertume.
Mais qu’est-ce que nous apprend Jésus ?…Qu’il faut commencer par le commencement.
Ça veut dire qu’il faut commencer par notre cœur.
Sulfater les fruits de l’arbre ne sert à rien si l’arbre pousse sur un terrain qui ne lui convient pas.
Mais qui peut travailler le terrain de notre cœur ?
C’est très simple, chers frères et sœurs, pas nous !
Pas nous, ni notre frère ou notre sœur…
Il n’y a que Dieu qui peut pénétrer sans dégâts aux sources de notre cœur et guérir.
Il faut commencer par chercher avec ardeur sa lumière.
Et… accepter l’éventualité de nous convertir, de changer notre point de vue, et de changer nos attitudes fraternelles.
Alors notre cœur qui est mauvais sera purifié par le cœur de Dieu qui est bon.
Notre cœur qui est dur deviendra un cœur de chair par la tendresse de notre Dieu.
De petit qu’il est, il pourra s’ouvrir à la beauté du Ciel .
Notre cœur qui a peur, s’ouvrira au pardon et à la compassion.
Une vraie compassion évangélique.
Il peut devenir accueillant, silencieux, sans pour autant être naïf… séduisant de son silence.
Et nos gestes, nos paroles, habiteront le silence de la lumière divine.
Mais attention, ce n’est que le feu dévorant de l’amour de Jésus qui peut brûler la paille et même entamer la poutre qui pourrit notre vie.