PREMIER DIMANCHE DE CAREME

Quand Satan demande à Jésus de transformer la pierre en pain, en quoi consiste la tentation ?
Est ce que faire un miracle est mal ?- non, pas spécialement.
D’ailleurs, Jésus réalisera ce miracle. Plus fort même… à partir de rien, il produira des pains.
Donc le diable a quelque chose d’autre derrière la tête.
Une intention plus subtile et tordue derrière ce qu’il suggère.
Et Jésus saisit très bien la question.
L’intention de Satan est de suggérer à Jésus de se nourrir lui même.
De se suffire à lui-même.
Et c’est bien à cela que Jésus réplique.
L’homme ne vit pas seulement de pain… mais alors de quoi vit-il?
Jésus cite Moïse :
 » De toute parole qui sort de la bouche du Seigneur »
Comprenons bien .
L’homme vit de la relation avec le Seigneur.
L’homme vit de l’amour qui est donné et de l’amour qui est reçu, car la Parole de Dieu est amour.
Transformer les pierres en pain c’est se donner à soi-même, à son corps, ce qui lui convient.
Mais le mal ne se situe pas à  vouloir manger. Il est bon de nourrir son corps.
Le mal se situe à se faire du bien, et non pas à recevoir ce bien d’un autre.
Et à le recevoir dans l’amour.
La tentation de Satan est très subtile.
Il invite Jésus à utiliser son pouvoir, son pouvoir de miracle… pour lui-même.
Et cela c’est le péché du diable.
Miracle ou pas miracle ça n’a aucune importance.
Mais miracle pour soi-même, c’est le péché satanique.
Le miracle qui se fait en dehors de l’amour d’un autre.
L’amour de soi pour soi est une perversion. Surtout si l’autre est utilisé comme un moyen pour se faire plaisir.

La seconde tentation du diable est une variante de la première..
Ce n’est pas le besoin du corps, ni le plaisir, c’est le pouvoir.
Encore une fois le diable est très fort.
Car il insiste sur deux tentations pour cacher une autre perversion beaucoup plus néfaste.
Première tentation : tu es fort.
Deuxième tentation : prendre des moyens mensongers pour arriver à dominer.
Quel mensonge ? celui de demander de l’aide au diable.
Parce que le diable n’a pas le pouvoir qu’il proclame.
Il fait croire qu’il a le même pouvoir que Dieu.
Mais ce n’est pas le même pouvoir. Lui, a le pouvoir de détruire, de posséder.
Dieu a le pouvoir de la vie et le pouvoir de la fécondité.
Rien à voir entre le pouvoir de Dieu et le pouvoir du diable.
Mais le diable joue sur le mot pouvoir. Il confond pouvoir et domination.
C’est très subtil.
Bien malin qui ne s’y laisse pas prendre.
Le pouvoir de Dieu n’est pas un pouvoir de domination c’est un pouvoir de création et de liberté.
De création de liberté.
L’homme peut ressentir la présence de Dieu comme dominatrice et Satan joue sur ce ressenti de l’homme devant Dieu.
Regardons la réponse de Jésus.
Il balaye les arguments de Satan en affirmant que Dieu est le but de la vie de l’homme, et que sa grâce est le moyen absolument nécessaire pour que l’homme retrouve le pouvoir sur lui-même, et sur la nature et sur les autres.
Mais ce pouvoir est un pouvoir d’amour. Un pouvoir de fécondité.
Un pouvoir qui participe à la Création.
Si l’homme s’arrête au mot pouvoir pour lui même et non pour servir les autres, il perd son âme et sa vie.
C’est exactement ce que Satan a compris pour Eve au moment du péché originel.
Il lui a fait miroiter un pouvoir pour elle même.
Voilà la perversion première : pour soi même.
Jusqu’à revendiquer alors la place de Dieu… Pourquoi pas? !
Jésus réplique:
Tu recevras de Dieu; tu honoreras dans le respect la majesté de Dieu.
Autrement dit tu rendras un culte à Dieu, et tu recevras tout dans l’amour qu’il te donne.

Dernière tentation: dernière cartouche de Satan :
‘ tu demanderas à Dieu de te protéger. ‘
Combien de fois est-ce que j’entends cette tentation murmurée par Satan.
 » Si Dieu m’aime, il me protégera… »
Satan aime se cacher derrière ces mots.
Nous ne sommes pas là pour être protégé mais pour nous donner.

Remarquez, chers frères et sœurs, qu’à chaque tentation, le diable prend Dieu comme référence, prend Dieu à témoin, pour mieux tromper sa victime.
Le pire ce n’est pas de nier Dieu. Ça c’est simplement bêtise.
Le pire, c’est de se servir de Dieu pour mieux le trahir.
Et pour mieux faire ses affaires à soi.
Détestable croyant que celui qui se sert de Dieu pour ses perversions, pour son amour-propre, pour son orgueil.
La ruse de Satan c’est de récupérer Dieu, ce Dieu qu’il a en haine.
Et la naïveté de l’homme qui est une porte ouverte à son péché et à sa perte, c’est de croire que parce qu’on parle de Dieu ou parce qu’on l’invoque, nécessairement il n’y a que du bien.
En fait, beaucoup de péchés se cachent derrière les mots ‘amour’, ‘piété’, ‘bonnes œuvres’, ‘bien pour soi’, et l’on pourrait ajouter ‘culte divin’, ‘confiance’… tous ces mots qui sont un vernis trompeur s’ils ne sont pas reçus dans la grâce de Dieu.
Arrière Satan !
Rien ne doit être entre Dieu et nous.
Dieu est notre source.
Dieu est notre fin.
Source d’amour.
Béatitude de lumière et d’amour.
Que l’on atteint par un chemin d’amour qui est Jésus-Christ.
Jésus-Christ ressuscité et Jésus-Christ dans son corps qui est l’Eglise.

Simplement… dernière remarque, frères et sœurs, entre nous soit dit…
Le diable n’ayant pas réussi à feinter Jésus, reviendra, est-il écrit.
Parce que le diable ne cède jamais.
Il ne reconnaît jamais sa défaite.
Il reviendra mais par d’autres moyens qui seront non plus de ruse mais de violence.
N’oublions pas, nous tous chrétiens, cette dernière menace, pour les temps qui attendent l’Eglise, épouse du Christ, avant sa victoire, magnifique, qui sera celle de l’éternité.
Satan aura l’avant-dernier mot, pour notre douleur.
Et ça fera mal.
Mais il sait qu’il n’aura pas le dernier mot.
Qui sera notre jouissance éternelle dans le cœur de notre Dieu tout puissant d’amour.