QUATORZIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

Ce que que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits…
Sainte Thérèse de l’enfant Jésus disait à sa sœur Céline cette petite recommandation : Bonbonne, il faut qu’elle se tienne dans sa position, qu’elle n’essaie pas d’être grande dame, jamais ! ».
C’est étonnant, mais du temps de Jésus il y avait des savants qui n’avaient pas tout compris…
Plus étonnant encore, de notre temps, il y a toujours des sages et des savants qui n’ont pas tout compris…!
Mais dans 2000 mille ans, frères et sœurs, les savants auront tout compris…
Sauf que Adam et Ève ont voulu être les premiers savants par eux mêmes et ils ont introduit la panique dans la raison et la logique humaine.
Ils avaient pourtant la science infuse. Ils connaissaient tout de science infuse dans leur état d’innocence.
Ils ont voulu devenir grands… Par eux mêmes.
Et nous avons mal de cette ambition. Très mal.
Que nous reste-t-il de cette joie primordiale ?
Il nous reste que plus on découvre l’infiniment grand, et plus on découvre l’infiniment petit, et plus on découvre la nature et l’homme et la femme, et plus on découvre n’importe quelle existence, en savant, par les effets qu’on observe ou qu’on fabrique, et plus tout s’embrouille et plus on augmente les déviations et le malaise.
On m’envoyait dernièrement l’adresse d’un site officiel du Ministère de la Santé (‘onsexprime’) qui a pour objectif d’avertir les jeunes de 10 à 20 ans des possibilités de la sexualité..
Et l’on se dit : que c’est affligeant !
Exposer la sexualité de l’homme animal sans prendre en compte la beauté de l’âme humaine. Le propre de l’homme et de la femme.
Et l’on décortique sans aucune précaution l’intimité de la bête humaine que Jean Paul II a mis des années à exposer dans sa beauté merveilleuse..
Et on arrive à un massacre.
Et du côté des enfants à un scandale.
Dostoïevski, dans son roman, ‘ les possédés’, montre très bien cet effort barbares de certains qui ne voient pas de différence entre une page de Shakespeare et une vieille paire de bottes.
D’où vient cette obsession à rabaisser la beauté de nos enfants ? Je vous laisse deviner… Un enfant de 10 ans, un tout petit, peut-il comprendre que les adultes se moquent de lui, par idéologie ?
Certains…

D’autres se suicideront, parmi les tout petits qui auront été scandalisés par une propagande aveugle et malade.
Beaucoup de familles souffrent pour leurs enfants, leurs tout petits, de cette ingérence de manipulations médiatiques ou dans leur enseignement, destinée à mutiler nos enfants dans leur âme.
Pourquoi n’est il pas dit au moins une fois sur le site :
 » si vous n’êtes pas bien avec votre âme, si vous n’êtes pas mûrs en votre personnalité, vous serez mal en votre sexualité, et la sexualité sans maturité est blessure irrémédiable de votre vie. »
On peut le dire aux enfants pour leur bonheur, on peut le répéter aux adultes.
Je suis étonné (ou plutôt je ne suis pas étonné… Je le constate tous les jours) que beaucoup de jeunes ne se sortent pas d’une sorte de désespoir qui couve une révolte intérieure.
Ils pressentent qu’on les emportent dans la tromperie, la réduction de leur beauté.
Il n’est plus rare que des hommes jeunes ou des femmes renoncent à leur fécondité, par crainte d’exposer leurs enfants aux délires du monde.
Pour quelques petits moineaux qui auront été sauvés de la marée noire, combien y en aura-t-il qui seront englués, pauvres victimes qui se débattront jusqu’à la fin de leur vie ? Il est de notre devoir, de notre conscience, frères et soeurs, d’annoncer tranquillement, sans complexe et avec intelligence: « jeunes, petits enfants, venez à l’Eglise… L’Église connaît les profondeurs de Dieu et les profondeurs de l’homme comme nulle autre. Elle peut donner bonheur à vos désirs les plus beaux et les plus élevés qu’aucun sage de ce monde ne vous donnera parce qu’ils présentent des modèles réduits de l’humanité. » Leur approche des réalités, en tous domaines, est affligeante. Et en même temps risible et pitoyable, parce que Dieu se joue de toute cette misère. Il donnera des grâces plus grandes et plus belles que je peux aussi observer à travers le désastre.
En fait, frères et sœurs, nous sommes toujours et nous le serons jusqu’à l’Église du Ciel, dans la même situation qu’au temps de Jésus.
La même situation ou plutôt la même problématique.
Le brouillage c’est qu’on a perdu l’articulation entre l’esprit et la matière, entre la chair et la vie pure de notre âme.
Entre le temporel et le spirituel.
Entre les efforts de l’homme qui se veut être seul et la nature des choses qui peut être dépassée, quand on l’accepte, par la lumière de la grâce divine, pour devenir merveille. Un philosophe (Jacques Maritain) que j’apprécie commençait l’une de ses conférence par ces mots :
« la leçon de la crise à laquelle nous assistons se dégage d’elle-même, c’est un rappel aux exigences de la vie surnaturelle, et une affirmation absolue de la primauté du spirituel. Et il ajoutait :
 » nous devons affirmer comme une vérité supérieure à toutes les vicissitudes du temps, la suprématie de l’Église sur le monde et tous les pouvoirs terrestres. Sous peine d’un désordre radical dans l’univers, il faut que l’Église guide les peuples vers la fin dernière de la vie humaine, qui est aussi celle des États. »
Ces mots ont été écrits en… 1927. [Primauté du spirituel ]
Ils auraient pu l’être du temps de saint Paul.
Les sages et les savants de toutes disciplines poursuivent tous pourtant cet idéal de l’homme unifié et libre qui est en fait le souvenir de l’unité perdue inscrite dans notre nature profonde.
Mais il est impossible que l’homme rejoigne sa joie en donnant la priorité à la matière, à la chair, et à plus forte raison au mensonge et à la manipulation.
Que les hommes l’écoutent ou non, l’Église est belle de vérité, resplendissante du message et de la vie du Christ.
En elle se trouve la grandeur des hommes.
Je me rappelle dans mes années d’adolescence une des premières intuitions qui m’avaient permis de jeter mon ancre et stabiliser ma barque.
C’est que si Dieu n’était pas, il n’y avait aucune règle ni aucun ordre qui tienne.
Tout m’était permis.
Ma destruction m’était permise, la destruction du monde, aussi, pourquoi pas.
Sans Dieu, je suis un parmi d’autres, et j’ai le droit de tout casser, moi et les autres. Le curé d’ars disait que si un village était sans prêtre pendant 10 ans, les hommes adoreraient alors les bêtes …
Avec Dieu, je suis choisi, et aimé. J’ai un Père. Et j’ai une fin glorieuse et lumineuse d’amour. J’ai une vocation. Un dessein unique pour moi, une prédestination, une âme faite pour la grandeur.
Ce fut peut être une intuition de tout petit, quand il me restait encore quelque chose de mon émerveillement d’enfant. Mais je m’en rappelle.
Ceci dit, je m’aperçois que jusques là je vous parle en sage et en savant…
Alors je voudrais terminer au moins en disciple.
Il y a quelques jours, je racontais à une âme attentive l’une de mes expériences auprès d’un saint.
Je l’ai peut être déjà racontée, mais c’est avec joie que je reviens à ce souvenir.
Ce sont mes rencontres avec frère Joachim.
Oh…, n’ayez crainte, personne n’a entendu parler de lui, nulle part.
Sinon peut être, dans un journal local des années 40, au moment où sa femme et sa fille, uniques et chéries, se sont tuées dans un accident de la route.
Immense coup de la Providence pour Joachim alors cheminot aux chemins de fer.
Je l’ai connu en sa dernière année, 50 ans après la tragédie de sa vie.
Le malheur de sa jeunesse l’avait projeté dans les bras de Dieu, de son Père du Ciel.
Il avait jeté son fardeau sur les épaules du Christ et avait choisi son amour, dans un monastère.
C’est dans sa chambre d’infirmerie que je l’ai connu, pliant des petits papiers pour la fabrique du monastère.
C’était son travail solitaire au long des jours.
Il était presque sourd et je devais forcer la voix pour communiquer.
Et lui, parlait très doucement, très doux, très doux par des mots brefs. Sur la prière. C’est tout.
Cette voix était inattendue d’un homme qui manifestement, à son physique, avait été une force de la nature, au visage taillé dans du roc, souligné par des sourcils qui étaient de vrais buissons.
Il ne me disait rien de neuf, rien de compliqué.
Je repartais avec les cordes vocales un peu irritées d’avoir forcer la voix et l’âme totalement apaisée et jubilante de ce moment exceptionnel.
J’ai appris par la suite que frère Joachim avait eu un tempérament irritable à l’excès, avec des colères volcaniques et fréquentes.
Je n’aurais jamais pu l’imaginer ainsi, si on ne me l’avait pas rapporté.
L’Esprit du Seigneur ne l’avait fait que douceur.
Doux et humble de cœur, il avait trouvé le repos de son âme à des profondeurs lumineuses que je ne comprends toujours pas.
La veille de sa mort, auprès de son lit, où il agonisait, sans médicament aucun, d’une gangrène qui lui avait pris tout le côté droit, je lui demandais s’il souffrait…
Silence… et de sa voix encore plus discrète, dans un souffle il me répondit. :
« oh oui, je souffre, petit frère…. »
Silence de tous les deux.
Et puis, quelques secondes plus tard, ou quelques minutes, je ne sais pas, il ajouta :
« si tous les hommes pouvaient s’aimer »
Le Christ ressuscité a pris ce tout petit, contre son cœur, le lendemain.