HOMELIE DE LA TRANSFIGURATION

Excusez-moi frères et sœurs, je vais pour certains d’entre vous, bousculer votre confort.

Patience… Ça va être pénible….

Premier exemple : _ « Mon père… j’ai vu la Sainte Vierge…! »

_ Très intéressant… Et puis ?

_ Et puis quoi mon père ? J’ai quand même vu la Sainte Vierge ! _ Très intéressant… Et puis ?

Autre exemple :

_ ‘ mon père, regardez cette photo, que j’ai prise il y a huit jours.

_ Oui… très jolie. C’est une photo d’un paysage de montagne.

_ Mais, mon père, vous ne voyez rien ?

_ Oui bien sûr… je vois des petits moutons là dans la vallée, et une maison. ça doit être le chalet du berger.

_ Mais mon père… Là, dans le nuage, derrière ce sommet, il y a le visage de la Vierge !

_ Ah….!… Très bien… oui on peut dire qu’il y a deux yeux et l’esquisse d’un voile.

_ Et alors ?…

_ Et bien, mon père, c’est un miracle !

_ Ah bon, si c’est vous qui le dites…

Autre exemple :
Jésus fut transfiguré devant les apôtres, devant 3 apôtres.

‘ses vêtements, blancs comme la lumière.

Son visage brillant comme le soleil’.

Très bien, et alors ?

_ Mais mon père, il est devenu brillant !

_ Ah… Effets spéciaux… Pas mal. Et alors ?

 

Autre exemple :
Moïse voit un buisson qui flambe. Il s’approche, mais le buisson ne se consume pas. Effet spécial, en plein désert.

Et alors ?

_ Mais mon père vous n’êtes pas croyant !

Explication…

Moïse voit un buisson qui brûle sans brûler.

Mais attention, il s’approche. Et quand il s’approche il entend une voix.

Et cette voix lui dit que c’est un espace sacré.

Cette voix va lui révéler le nom de Dieu.

‘Je suis le Dieu de tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. Et je t’envoie. Je te donne une mission.’

Et le dialogue naît entre Dieu et Moïse.

Jésus est transfiguré devant les trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean. Apparaissent Moïse et Élie.

Quelle est le mode de cette vision, de cette apparition ?
Ce n’est pas précisé, mais il y a un échange entre Jésus, Moïse et Élie.

Et bien plus probant, il y a une voix qui se fait entendre du milieu de la nuée qui enveloppe les apôtres.

 » Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie, écoutez le ! » Mais cela ne suffit pas.

Le message ne se termine pas ici.

Le message se termine aux dernières paroles de Jésus quand la fulgurance est retombée :

 » Ne parlez pas de cette vision avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts  »

C’est un message complet avec une mission prophétique dans l’avenir. Un message qui sera compris au matin de Pâques, et plus encore au moment de la Pentecôte.

Alors là, mes frères et sœurs, j’y crois.

Il y a un signe. Un signe qui met en relation.

Une relation qui donne un message.

Et ce message est une mission.

C’est une mission qui découvre non seulement l’identité divine de Jésus mais je dirais plus encore, la mission d’amour que le Sauveur est venu accomplir.

Voilà pourquoi l’apôtre Pierre dit qu’il ne se réfère pas à un récit imaginaire.

Parce que nous n’avons rien à faire de récit imaginaire.

Nous n’avons rien à faire d’une photo montage.

Nous n’avons rien à faire d’une impression de lumière, si elle n’est pas accompagnée d’une mission, ou au moins, d’un appel à la sainteté à la prière et à l’union à Dieu. D’un appel efficace qui nous met en position d’humilité et d’obéissance à l’Eglise.

Nous voulons souvent que l’évangélisation consiste en des effets d’émotions, d’exploits retentissants, du jamais vu, même à la télé….

Notre évangélisation se situe dans notre sainteté, presque uniquement.

Parce que Dieu peut dans notre sainteté, c’est à dire notre fidélité profonde et discrète, Dieu peut passer, à flots.

Autre exemple :
Mon père, votre sermon était très beau.

( … Au moins on me dira pas ça pour celui-ci… )

Très bien… mais a-t-il fait passer un message ?

A-t-il fait passer un message efficace ?

A-t-il été canal de la grâce pour vous ?

Par un appel qui a provoqué une décision en vous, par la grâce de Dieu.

Car ce qui compte ce n’est pas la beauté de l’homélie, c’est la grâce de Dieu efficace qui a provoqué une décision, pour vous.

Vous pouvez bien voir 10000 fois la Sainte Vierge, d’une apparition esthétique, la Joconde ou la naissance de Vénus de Botticelli sont aussi pas mal.

Mais si la Sainte Vierge vous a demandé de proclamer le Christ ressuscité, si elle vous a demandé de prier une demi-heure devant Jésus Eucharistie, alors là, on peut en parler.

Et je vous dirai : ‘ très intéressant. je vous trouverai un coussin pour vos genoux et je vous dirai : Dans 10 ans quand vous aurez usé ce coussin par une demi-heure ou deux heures de prière par jour, devant le tabernacle, votre vision de la Sainte Vierge sera à prendre en compte.

 » Vous voyez frères et sœurs, le bon Dieu ne rechigne pas sur les effets spéciaux. Les effets spéciaux qui peuvent être extérieurs comme Jésus transfiguré devant Pierre Jacques et Jean.

Ou les effets spéciaux qui peuvent être intérieurs.

On les appelle des grâces sensibles extraordinaires.

Extraordinaires, non pas parce qu’elles tiennent du grand spectacle, mais extraordinaires parce qu’elles ne sont pas le lot commun et nécessaire pour la foi. Ces grâces sont des portes.

Mais une porte, on ne s’y arrête pas.

On passe la porte pour l’horizon qui s’étend après la porte. Quelqu’un qui cherche des grâces extraordinaires, met Dieu à l’épreuve, et surtout il met plutôt son imagination, fragile et vulnérable, à l’épreuve.

Car il est quasi impossible de distinguer entre une image d’imagination fiévreuse, et une image d’imagination qui provient de la grâce.

Le discernement est possible à partir du message que porte l’image.

Et pas seulement, mais aussi des effets de la grâce, d’une croissance de charité, de foi, de la victime, je dirais, de cette imagination.

Un troisième élément de discernement vaut pour les bénéficiaires de grâces extraordinaires.

C’est la capacité à vivre l’Union au Christ dans les épreuves de la croix.

Avis aux amateurs…

Et c’est exactement ce que Jésus dira à Jacques et Jean :  » serez-vous capables de boire la coupe que je boirai ?
Quand au reste je ne vous le promets pas. »

Un chrétien, qui essaie de vivre sa vie intérieure, c’est-à-dire tout simplement d’être en accord avec sa foi, fait infiniment plus de progrès par sa fidélité à la prière, ou par une patience dans l’épreuve, par son silence dans la contradiction, par une discrète charité pour un plus pauvre, que par des grâces de vision mêlée d’imagination naturelle que raffole le démon.

En fait, rien ne plaît à Dieu comme une âme qui cherche en silence, qui s’ignore elle-même et ne veut plaire qu’à Dieu.

Elle attire le cœur de Dieu.

Elle repousse de préférence le désir des signes sensibles et extraordinaires.

Parce qu’elle sait que Dieu parle bien plus immédiatement et intimement dans ses sacrements et dans la nudité de la foi.

Ce n’est pas l’âme qui voit, qui touche le cœur de Dieu.

C’est l’âme qui se laisse voir par Dieu.

Et qui lui est docile sur le chemin du Christ.

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