HOMELIE 20° DIMANCHE ORDINAIRE

Que se passe-t-il, frères et sœurs, quand on ouvre la porte de l’amour ?
Et c’est inévitable qu’on l’ouvre… Parce que l’amour est une source, dans le mystère de notre cœur, à laquelle on ne peut pas faire barrage.

Hé bien, quand on ouvre la porte de l’amour, il y a la petite sœur qui se faufile, et qui va inévitablement revendiquer sa place… Quelle est cette petite sœur ?
On fait vite connaissance avec elle : c’est la petite sœur qui s’appelle  » souffrance ». Pourquoi la petite sœur, elle est toujours là ?
Ça c’est un mystère de plus, mais vouloir du bien à celui celle que l’on aime c’est accepté de souffrir pour lui, pour elle.

Le fait de vouloir porter celui que l’on aime, dans sa croissance, jusqu’à la plénitude de sa joie, s’accompagne d’une souffrance obligatoire.

Qui contient au minimum de l’incertitude.

Et au maximum de la déception.

Ainsi en est-il pour les parents qui ne désirent rien tant que d’élever leurs enfants. Élever dans le sens de ‘faire monter’ leur personnalité jusqu’à maturité, vers leur bonheur. Alors même que l’enfant se détourne du chemin droit et lumineux. Qu’il pourrait faire tellement mieux…

Souffrance permanente. ( on comprend que de nombreux parents laissent tomber. parce qu’ils ne peuvent plus
souffrir par amour… alors, ils laissent tomber. Trop dépassés. Il vaut mieux, pensent-ils, ‘ s’occuper de soi’ que de ramer chaque jour pour l’amour de ses enfants. Ils laissent faire et désarment, mais ils souffrirons d’une autre façon, par retour de boomerang et d’un manque essentiel à leur cœur.

Il y a la souffrance de l’époux pour son épouse dont il a mission, par le sacrement du mariage, à lui ouvrir le chemin de la grâce de Dieu. Et l’épouse reste dans son mystère, souvent, toujours… d’insuffisance. Souffrance de l’épouse pour son époux, qu’elle a pour mission, de par le sacrement du mariage, de sanctifier par sa propre sanctification. Et son homme freine des quatre fers. Tellement classique. Et la souffrance de Saint Paul… harcelé par l’aiguillon de son amour pour ses frères Juifs.

Il a reçu la lumière du Christ, il a compris jusqu’en ses entrailles l’erreur des pharisiens puisqu’il était lui-même pharisien.

Mais ses frères sont restés sur l’autre rive, la rive du refus de Dieu, Sauveur.

À chaque fois que Saint-Paul convertissait un païen, un étranger, un pauvre pécheur, un pauvre homme, (le convertissait par la grâce de Dieu, bien sûr) il devait pleurer sur
tous ses frères invités à la table du Royaume, qui ne voulaient pas entendre parler du Christ, leur Sauveur.

Souffrance de tous ces pauvres gens, dont nous faisons partie, qui rencontrent le Christ, comme la Cananéenne, et qui se considère si loin, si loin de celui qui est la lumière.

Si indigne, si limitée. Elle n’a qu’un cri, le cri de son cœur blessé pour soulager sa souffrance. Un cri qui a eu le courage de passer par derrière sa honte. Parce que la Cananéenne, elle ressemble à 90 % de nos frères :
Elle est ignare en religion. Superstitieuse quand ça l’arrange. Vivant d’une religion très naturiste : arbres, sources, montagnes sacrés… Inculte certainement. Et qui n’avait pour raison de vivre que sa fille chérie, malade du démon. ça arrive…

Oh oui… depuis ceux qui roulent en Porche, jusqu’au pauvre qui cherche quelques euros pour manger à midi, ou la famille qui se traîne le dimanche pour chercher un loisir pour les enfants, et qui font dérivation en passant par le marché, et rament le
reste du temps, la Cananéenne n’en n’était pas loin comme profil…

Combien de nos frères pédalent en ce moment loin de la lumière du Christ lumière de notre monde ?
Combien aujourd’hui profanent le jour du Seigneur pour de maigres occupations ou des intérêts miteux ?
Et nous sommes trop pauvres pour les interpeller… Souffrance… On voudrait crier :  » Seigneur Jésus, fils de David, aie pitié de ce monde tellement pauvre de ta grâce ou
simplement de quelques étincelles de la vie de l’esprit et qui se rend malade de ses dysfonctionnements qu’il ne discerne plus. Qu’il favorise même, comme s’il voulait se faire encore plus mal en se rajoutant des problèmes tordus.

Souffrance…

On voudrait crier avec Saint Paul :  » Seigneur Jésus , fils de David, aie pitié de notre cœur si lourd… Qui s’ouvrirait à tant de joie si ta grâce réussissait à le déverrouiller « .

La réponse de Dieu, elle peut nous étonner, mais elle est du genre :  » je ne vais pas te libérer de la petite sœur ‘la souffrance’. Elle est passée par la porte… elle est passée, c’est ainsi ! on ne revient pas en arrière. Mais je te propose quelques passages, un peu spéciaux, je l’admets, mais qui peuvent
te couvrir de joie, te faire goûter à une autre vie.

Un de mes passages préférés, c’est le passage du désert. Expérience de la solitude et du dénuement. Quand on se retrouve sans appui, sans horizon, sans projet, incompris et ne
comprenant plus grand chose. Cette expérience, qui invite à la difficile fidélité et qui peut durer des années, est un signe que Dieu a un projet pour nous. Voilà un véritable signe.

Expérience de la Samaritaine par exemple qui va à son puits chaque jour, pour puiser.

Et puis, il y a le passage de l’échec. Où tout s’effondre. Ou une partie de nous-même meurt. Invitation forcée à saisir l’espérance au-dessus du vide. L’expérience de la Vierge, à la Croix.

Il y a même le passage du péché. Où le péché nous a mordu le foi, déboussolé l’esprit, gangrené de sa haine et d’une
violence intérieure. Il ne reste alors pour survie que de se jeter dans la lumière.

Expérience du roi David après son adultère et son meurtre.

Expérience de Simon-Pierre après sa trahison contre son Ami Divin.

De l’enfant prodigue vers son père. Expérience tendre du pardon, après la faute.

Il y a aussi le passage d’être soi-même trahi par un intime, dans les mains duquel on avait déposé notre confiance. Alors, derrière la porte, que l’on est même plus capable d’ouvrir, nous attend le Christ. Il y a aussi le passage du démon. Expérience de mort imminente. Frayeur horrible quand on perçoit l’Aile Noire de celui qui est le mensonge et qui veut la mort de notre âme.

Tout cela, ce sont les souffrances de refus. Les plus incompréhensibles et les plus profondes pour le cœur de l’homme et de la femme.
Et que pourtant Dieu permet. Pourquoi, frères et sœurs ?
En fait pour une si belle nouvelle qu’après Jésus, Saint-Paul nous proclame. Et la voici :
D’abord de Jésus… C’est que aussi chien que l’on puisse se considérer, le rayon de la foi qui passe par notre cœur guérit toute souffrance.  » va ma fille, ta foi t’a sauvée. »

Et puis, le message de Saint-Paul ;  » Dieu a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous
miséricorde »

Phrase absolument miraculeuse… sublime.

Dieu vient nous chercher dans nos refus.

Et Dieu dépose dans nos refus sa miséricorde.

Mais pourquoi le monde dans les autres et en nous ne court-il pas dans cette voie de libération ?
Parce qu’en fait, il y a une condition.

C’est que du profond de notre refus, doit jaillir le cri d’une prière.

Tout refus sera déverrouillé par, uniquement, le cri d’une prière première.

Quel mystère nous ouvre la remarque de Saint-Paul..! .

« Dieu a enfermé dans le refus de croire, tous les hommes, pour faire à tous miséricorde ».

Cherchons frères et sœurs, notre refus, notre refus de croire, découvrons le, exposons le, et d’aussi loin que nous serons dans le gouffre, blessé de souffrance, Dieu nous offrira la fleur ravissante et tellement douce de sa miséricorde.

Par son Église, Mère de Miséricorde.

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