VINGT-DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

« Passe derrière moi Satan ! »
C’est quand même fort…
Pierre veut éviter à Jésus l’épreuve.
Il a une bonne intention Simon-Pierre.
Et Jésus dit que c’est Satan qui parle par Pierre.
Là, frères et sœurs, nous sommes vraiment au nœud de notre religion.
Ou plutôt, au point de divergence de notre religion catholique et de l’esprit du monde. Or, derrière l’esprit du monde, il y en a un qui se cache…
Nous sommes à la croisée des chemins même pour des chrétiens, ou les uns prennent à droite, les autres prennent à gauche.
L’épreuve, avec les souffrances qu’elle implique, n’est pas acceptable pour le monde. À la limite on peut imaginer un petit effort, allez, on peut accepter un effort plus conséquent pour un bénéfice juteux.
Mais envisager de souffrir et même de mourir sans tenter d’échapper au massacre… Le monde ne comprend pas.
Il met cela sur le compte de la maladie mentale.
Et même, le monde va obliger à se soigner devant de tels symptômes.. ‘Prend tes cachets’.
Combien j’entends de braves gens, et même des chrétiens qui disent s’être éloignés de Dieu parce que dans leur vie ils ont eu une épreuve qu’ils n’ont pas digérée…
Dieu n’avait qu’à pas me donner cette épreuve…!
Donc, je me venge. Je ne crois plus en lui !
Si Dieu était pour moi, il n’aurait pas permis que je souffre tant.
Alors que quand on y regarde de plus près, nous nous fabriquons si souvent nos souffrances, avec méthode, nous les entretenons… la plupart du temps souffrances tissées d’affectif mal placé.
Ce n’est pas simplement vis a vis de Dieu que l’on se venge.
On se venge de notre incapacité à franchir un passage obligé qu’on n’accepte pas.
Pourquoi, cette erreur d’esprit ?
Frères et sœurs, il n’y a que le chrétien qui puisse comprendre.
Le chrétien, je dis, le disciple du Christ qui veut vivre de l’Évangile.
Le chrétien de nom et de cœur.
En fait, l’homme, la femme qui a compris que Dieu n’est pas le Dieu du confort. Pas plus que le Dieu de la réussite.
Dieu et la souffrance

Notre Dieu n’est pas le Dieu mafieux qui nous fait gagner à tous coups dans nos affaires et dans nos jeux.
Il n’est pas le Dieu qui va nous ‘protéger.
Nous protéger de quoi ?
De la perte de notre emploi ? De la maladie ?
De l’incompréhension de notre conjoint ou de sa mauvaise humeur ou d’une divergence d’appréciation ou de caractère ?
Il n’est pas le Dieu qui va rendre sages les enfants.
Même pendant la messe…
Il n’est pas le Dieu qui garantit le pouvoir.
 » Passe derrière moi Satan !  »
Oui, le démon n’est pas loin de toutes ces conceptions qui n’ont rien à voir avec notre Sauveur Jésus Christ et son chemin de Rédemption.
Alors quel est notre Dieu, à nous chrétiens catholiques dans cette église ? Je proposerais deux approches :
Notre Dieu est le Dieu qui est là et nous aime.
C’est la seule certitude, qui ne garantit aucun succès, pourtant.
Deuxième approche, encore plus existentielle :
Les paroles de Jérémie dans la première lecture :
« tu m’as séduit, et je me suis laissé séduire ;
tu m’as saisi, et tu as réussi. »
Voilà notre Dieu, chers frères et sœurs !
C’est celui qui nous emporte le cœur.
Et après ?
Et bien après, on patauge…
On avance comme on peut, à travers nos pauvretés et celles des autres.
On avance à travers nos échecs et nos réussites, à travers nos souffrances et nos impossibilités, nos déserts et nos erreurs.
Et, inévitablement, à travers les obstacles et les persécutions.
Parce que si Dieu nous a saisi, c’est que la joie de la vie éternelle brûle notre coeur par monts et vallées et au delà des mers.
… Et au delà des gouffres.
 » Je me suis laissé séduire… »
C’est tout ce qu’on peut faire.
Après se présentent les difficultés… : les purifications indispensables, les épreuves communes à tout le monde, et celles spécifiques aux amis de Dieu, en plus…
Parce que si Dieu nous a séduit, quand il frappe à la porte du cœur, il y a une clause dans l’invitation à la séduction :
Il va nous donner envie de participer au Salut du monde – ce Salut que le monde ne veut pas, bien qu’il le désire du fond de sa nature –
Cette participation, elle se fait sur les pas du Christ.

Voilà, chers frères et sœurs, le programme de notre vie chrétienne.
Tout commence en séduction intime, – une petite grâce de rien du tout qui nous frôle d’une plénitude de joie.
Mais attention ! Si on lui dit bonjour, elle nous emmènera à la vie éternelle…! Même si au départ on n’en voulait pas tant.
Quant au reste de notre vie, rien n’est garanti..!
Enfin… si : joie du cœur et épreuves imprévisibles.
Certains diront :
‘mais Dieu ne m’a pas séduit… Snif !  »
Deux solutions :
Vous êtes-vous arrêté cinq minutes dans votre vie ? Arrêtez-vous une demie journée pour l’écouter, lui qui patiente depuis 20, 40 ans.
Et découvrez l’obstacle au profond de vous. Bien souvent l’obstacle qui demande le pardon.
Autre solution : c’est qu’en fait vous êtes déjà séduit, séduite, et vous croyez que ça doit se faire autrement, dans des signes plus évidents que semble avoir votre voisin. Mais non… Allez donc le rencontrer dans la prière silencieuse et vous verrez que votre cœur ne demande qu’à brûler de grâces divines.
Mais, dans un autre sens, si vous ne vous laissez pas séduire, sachez que vous ne pourrez jamais dire franchement :
 » arrière Satan !  »
 » Je vous exhorte, frères, par la tendresse de Dieu,
à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu  »
Voilà ce que dit saint Paul au cœur doux et humble…
Alors, frères et sœurs… Votre choix ?
La tendresse intime de Dieu, ou les acouphènes de Satan ?

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