TOUSSAINT 2023

Décadence et Grandeur des saints
Petite homélie en fioretti….
«Dieu n’a pas besoin de nous : s’il nous commande de prier c’est qu’il veut notre bonheur, et que notre bonheur ne peut se trouver que là.»
Cela, c’est le saint curé d’Ars…
«Tout ce que j’ai écrit me semble un brin de paille…»
Ça, c’est de Saint Thomas d’Aquin, ce théologien dont le maître, Saint Albert le Grand, dira de lui : « jusqu’à la fin du monde on n’épuisera pas la profondeur de la pensée de Thomas. »
Je picotte, deci delà, les mots des grands saints
«Je suis mauvais devant le Seigneur ; plus laid qu’un chien galeux, à cause de mes péchés.»
Saint Silouane du mont Athos
«O mon Frère ! (ce frère, c’est Théophane Vénard qui deviendra saint martyr)
je vous en prie croyez-moi, le bon Dieu ne vous a pas donné pour sœur une grande âme, mais une toute petite et très imparfaite.»
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
Après l’entrée au carmel elle écrit à sa sœur Marie :
«Vous qui êtes un AIGLE appelé à planer dans les hauteurs et à fixer le soleil, priez pour le petit roseau si faible qui est dans le fond de la vallée, le moindre souffle le fait plier.»
Saint François de Sales :
« Je n’ai pas fait ce que j’avais voulu faire… » répétait-il, tout Evêque qu’il était. Spécialement pour la fondation de la congrégation des sœurs de la Visitation
Et Sainte Elisabeth de la Trinité :
«Une louange de gloire, c’est une âme de silence, qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit saint, afin qu’il en fasse sortir des harmonies divines. Elle sait que la souffrance est une corde qui produit des sons plus beaux encore…»
Je parcours les siècles à la vitesse de la lumière
Curé d’Ars : XIX° siècle, Thomas d’Aquin : XIII° siècle, Silouane, XX° Thérèse, XIX°…
François de Sales XVII°, Elisabeth, début XX°,
Et Saint Antoine, le Grand… IV° siècle

Il dit à Abba Poemen : «voici la grande œuvre de l’homme : brandir sa faute au-dessus de soi devant Dieu et s’attendre à la tentation jusqu’au dernier soupir»
Sainte Bernadette Soubirous : « je suis moulue comme un grain de blé » Sainte Catherine de Sienne
C’est le Seigneur qui lui parle : «Tu es ce qui n’est pas. Je suis ce que je suis.» Autre version : « Je suis le Tout; tu es le rien »
Je vais quand même prendre un des premiers de l’Eglise :
Saint Paul, premier siècle :
«Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais
pas.» [Rom 7, 19]
Les voilà, nos saints … !
Troupe de pauvres, parfois de traînards.
Saint Paul va plus loin :
«On nous insulte, nous bénissons. On nous persécute, nous le supportons.
On nous calomnie, nous réconfortons. Jusqu’à présent, nous sommes pour ainsi dire l’ordure du monde, le rebut de l’humanité.» [I Cor 4, 13]
Considérés comme déchets, mais vainqueurs.
Voilà notre Église, frères et sœurs.
Pas de quoi être fiers…
Mais qu’est-ce qui apparaît dans ces vases d’argile… ? :
Une lumière. Mieux : une splendeur, un rayon de la grâce divine, resplendissant.
Fête de la Toussaint, fête merveilleuse des traînards qui ont non seulement terminé la course, mais qui ont tous gagné la course.
Qui ont obtenu le premier prix. La loge en première classe.
On peut voir les traces de leur marche à petits pas, la marche des vases d’argile, qui est la nôtre.
Mais ce sont quand même eux qui portent le mieux la lumière.
Je vais donc reprendre leurs paroles, d’autres paroles, du côté de la lumière.
Notre fameux curé d’ars :
“Dans l’âme unie à Dieu, c’est toujours le printemps.”
« Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon, mais c’est Dieu qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. »
Je reprend Saint Thomas dAquin, l’une de ses dernières conversations:
« Réginald, mon fils, le terme de mes travaux est venu ; tout ce que j’ai écrit et enseigné me semble un brin de paille auprès de ce que j’ai vu et de ce qui m’a été dévoilé. »

Saint Silouane du mont Athos, le même qui se considère comme un chien galeux de ses péchés :
«J’ai prié Dieu de me les pardonner et voici que non seulement il m’a accordé son pardon mais encore le Saint Esprit, et dans le Saint Esprit j’ai reconnu Dieu lui-même.
Ô Seigneur, Tu aimes ta créature. Qui peut comprendre ton amour ou en goûter la douceur, si Tu ne l’instruis pas Toi-même par ton Esprit-Saint ? »
Devinez l’auteur des paroles suivantes :
O mon Frère ! je suis une toute petite âme et très imparfaite. Mais ne croyez pas que l’humilité m’empêche de reconnaître les dons du bon Dieu, je sais qu’Il a fait en moi de grandes choses et je le chante chaque jour avec bonheur.
« Ô Marie, si j’étais la Reine du Ciel et que vous soyez Thérèse, je voudrais être Thérèse afin que vous soyez la Reine du Ciel ! » (PRI 21)
Et avec son style délicieux, François de Sales.
«Quand nous étions petits enfants, avec quel empressement assemblions nous des morceaux de tuiles, de bois, de la boue, pour faire des maisons et petits bâtiments !; mais maintenant nous connaissons bien que tout cela importait fort peu.
Un jour nous en serons de même au Ciel, quand nous verrons que nos affections au monde n’étaient que de vraies enfances. » [18 mai 1608]
Catherine (de Sienne):
« L’âme est en Dieu et Dieu dans l’âme, tout comme le poisson est dans la mer et la mer dans le poisson. »
Et ces quatre mots d’elle aussi, tellement beaux : « De l’obscurité naît la lumière »
Abba Lot alla trouver Abba Joseph et lui dit :
«Abba, autant que je le peux, je pratique le jeûne, je prie, je médite, et je purifie mes pensées. Que me manque-t-il ?
Alors le vieillard se lève, tend les mains vers le Ciel et ses doigts deviennent comme des lampes de feu; et il lui dit :
«si tu le veux, deviens tout entier comme du feu ».
Je finirai par Thérèse de l’Enfant Jésus, une nouvelle fois. « Murmure simplement son nom, et Jésus comprendra »
Quelle est belle notre Église, ensemencée de tant de d’hommes et de femmes de valeurs qui n’ont pas cherché avant tout à être des saints – ils ne s’en croyaient pas capables et surtout pas dignes –
Mais qui ont cherché, à partir de la source cachée de leur cœur, à vivre dans le torrent d’amitié et même d’intimité avec Dieu.