CHRIST ROI 2023

Pauvreté et royauté
« Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées.
Que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers.
(…)
Je gravis les cieux : tu es là ;
je descends chez les morts : te voici. Je prends les ailes de l’aurore
et me pose au-delà des mers :
même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit. »
C’est le magnifique psaume 138 …
Ça paraît bizarre de s’accrocher à ce mot ‘ royauté’, alors qu’il est si fragile Un roi c’est fragile.
Un roi a les défauts du commun des mortels.
Et puis un roi, ça peut tomber.
Un roi c’est mortel. Ça sonne très ‘politique’.
Pourquoi est-ce que je viens de lire le psaume 138 ?
Parce que, quand Jésus parle de roi, il ne pense pas à Versailles, il ne pense pas non plus à Louis XV ou à Louis XVI. Mais il pense au psaume 138.
Ce qui fait l’essence d’un roi c’est sa présence, dans le grand et dans l’intime. Présence dans le temps et dans l’espace.
Présence dans la structure de la société, dans les lois.
Présence dans toutes les relations sociales.
Présence aussi dans les cœurs, dans une sorte d’affectif collectif. Comme l’était le Roi David.
Présence aussi sur le chemin de Dieu. pourquoi ?
Parce que le roi est délégué de Dieu, pour les affaires de la terre.
Et c’est parce que le Roi est présent qu’il peut juger au cœur des réalités.
« Tu me scrutes et tu sais.
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève. De très loin tu connais mes pensées. »

Voilà la royauté. Mais une Royauté qui monte de notre cœur plutôt qu’elle ne s’impose de l’extérieur. C’est cette royauté que le Christ revendique, comme Bon Berger.
Alors, pourquoi les bénis du Père sont étonnés de ne pas avoir reconnu le Christ dans les petits, les pauvres, les prisonniers, les derniers…?
Parce que le Christ il est partout.
Ou pluôt, non, pas partout…
Le Christ est très proche de toute réalité qui engage une certaine qualité de cœur.
Cela veut dire qu’à partir du moment où l’on plonge au cœur de la réalité, nous ouvrons la porte au Christ et à sa grâce.
Le Christ est tout près.
La lumière de Dieu qui est dans le Christ est présente au cœur de cette réalité.
Mais alors… Rien de plus simple, on pourrait se dire… Pas besoin de s’en faire.
Si je m’engage, quoi qu’il arrive, je serai béni… ?
Je rencontrerais de toute façon le Christ ?
Je pourrais dire presque, ‘oui’.
Si j’atteins le cœur de la réalité.
Car si je suis à la surface, la présence du Christ Roi n’existe pas.
Toute réalité profonde unit au Christ.
Mais il est difficile de toucher la profondeur des réalités.
Comment savoir si je vis la réalité profonde ?
Il y a un indicateur assez fiable. Et un signe qui le laisse soupçonner.
L’indicateur, c’est la pauvreté.
La pauvreté attire dans les profondeurs.
Elle donne une qualité d’écoute qui manifeste une qualité de l’amour.
Et le signe qui garantit cette qualité, c’est le temps que je passe à la prière, à côtoyer ma pauvreté.
Le temps que je passe à la prière, en Église.
Si je ne prie pas, je ne serais pas de niveau avec les malades, les prisonniers, les affamé. Je ne rencontrerais pas le Christ.
Je n’aurais pas le niveau de compassion avec les détresses.
Mon regard ne sera pas de charité, porteur du regard de Dieu.
Mais si je prie, c’est-à-dire si je mets de l’huile dans ma lampe, je peux atteindre avec la grâce, toute réalité au cœur de cette réalité, et donc au point de rencontre du roi.
On n’a pas alors à se poser la question si le petit que l’on rencontre cache ou ne

cache pas le Christ.
Inévitablement, nous le reconnaîtrons. Le Pauvre et le Roi. Le Christ souffrant et le Ressuscité.
La rencontre du Christ qui me sauve se trouve dans la profondeur de mon regard, et cette qualité de regard c’est le Christ qui me la donne dans la prière et dans la foi.
C’est la qualité du regard du Bon Larron : « souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » « Aujourd’hui même tu seras avec moi, au Paradis »
Mais il est vrai aussi qu’il y a une qualité de relation humaine, une tendresse compatissante, une fidélité sincère, une générosité élégante qui sont chemin immédiat de la rencontre du Christ, juste avant que celui-ci donne sa grâce et sa lumière.
Il y a une pureté naturelle qui favorise la prière. Cette pureté naturelle c’est la bonne terre du chemin.
Un cœur pur, qui communie à une pauvreté, volontairement ou malgré lui, reconnaîtra d’instinct le Bon Pasteur.
La grâce rejoint sa pauvreté.
Et le Bon Pasteur, quand il est Dieu, il est Roi.
Un cœur pur qui se donne au Bon Pasteur découvre le Roi d’infinie Bonté.