Deuxième Dimanche de Pâques – B – 2024

Evangélisation
Une fois n’est pas coutume.
Je vais partir d’une homélie de cette semaine. Celle de mardi dernier.
Je disais, frères et sœurs, que la nuit de Pâques, nous avions eu toutes les raisons d’être en joie.
Pour cette lumière sur le monde qu’est la Résurrection du Christ et pour les deux baptêmes de Aurélie et Margaux, et les deux premières communions de Maelya et Gaïanne.
Nous avons dû, chacune, chacun de nous, leur dire à la fin de la messe, notre joie partagée…
Elles ont dû ressentir que notre communauté les portait, en vérité, dans cette nouvelle grâce.
Que notre communauté n’était pas du monde et qu’elle les portait au-delà du monde.
C’est exactement ce que faisait la toute nouvelle communauté des chrétiens à Jérusalem pour ceux qui se tournaient vers le Seigneur.
Il y avait comme une onde de choc de joie qui accueillait, qui ouvrait les bras, et surtout qui communiait à la présence de Jésus ressuscité;
de Jésus ressuscité et de l’Esprit Saint par sa grâce d’appel.
Il y avait une grâce d’appel. Une grâce d’accueil.
Il y a une cinquantaine d’années – une nouvelle forme d’appel prit de l’importance dans l’Église.
On l’a appelé le Renouveau charismatique.
Avec des grâces visibles et souvent même bruyantes.
Mais quand j’entends ce matin les Actes des Apôtres qui évoquent les nouveaux convertis d’il y a 2000 ans, et l’Évangile avec Thomas qui se convertit en approchant les plaies de Jésus, je me dis qu’on est très proche de Pierre, de Thomas, de tous ces nouveaux croyants qui se levaient d’on ne sait d’où.
Ils se levaient pour qui ?
Pour un homme crucifié, condamné à mort un mois auparavant.
Mais en fait, pour ce même homme, ressuscité !
Je ne sais pas si on se rend compte du formidable étonnement des apôtres qui constataient un changement de société suscitée par la foi en Jésus ressuscité.
 » frères, que devons-nous faire ? »
 » Convertissez-vous, démarquez-vous de ce monde tordu » leur disait Pierre.
 » Et faites-vous baptiser !  »
C’est quand même incroyable la simplicité de cette révolution chrétienne. Incroyable, cette attirance du Saint-Esprit qui est à l’œuvre.
Et bien je crois que nous sommes dans les mêmes temps.

Des jeunes, des moins jeunes, ont soif de la lumière de la foi et demande à l’Eglise de garantir leur chemin. De les emmener plus loin.
Oui, c’est de la joie !
Parce que cela veut dire que le Saint-Esprit est toujours là sous une nouvelle forme moins visible, mais tout autant déterminé qu’aux premiers temps du Renouveau charismatique.
Nos communautés doivent être à la hauteur de comprendre et d’accueillir ces fleuves d’eau vive qui soulèvent invisiblement notre monde.
Si elles ne sont pas capables de les accueillir, nos communautés se dessécheront pendant que les fleuves de la grâce divine continueront de laver en profondeur ce monde tortueux.
Car si les Actes des Apôtres sont très actuels aujourd’hui – ce qui me cause un étonnement émerveillé – l’évangile est tout autant très actuel.
Les Actes des Apôtres ce sont les nouveaux venus.
Et ils sont là, ils ne manquent pas au rendez-vous, ces nouveaux venus.
Et l’Évangile avec Thomas, il est là.
Pour tous ceux et celles qui sont déjà baptisés, qui connaissent Jésus, et qui doivent entrer plus loin dans la connaissance du Ressuscité et peut-être de la Croix. Pour nous, ce matin, nous qui venons à la messe, nous devons nous mettre aux pieds de Jésus.
Et lui demander de le redécouvrir.
Avec une foi plus entière.
C’est-à-dire, nous devons, si nous ne voulons pas être largués, ouvrir notre cœur à ce Jésus ressuscité qui nous demande conversion.
Il y a les premières conversions, elles sont là.
Et le Saint-Esprit s’en occupe.
Il y a aussi les conversions à Jésus ressuscité.
Et celles-ci ne dépendent que de nous.
 » Marie-Madeleine courut annoncer aux disciples :
‘ j’ai vu le Christ ressuscité’  »
Est-ce que nous pouvons le dire avec nos lèvres, notre vie, et notre cœur, en vérité ?  » Mon Seigneur et mon Dieu »…
Frères et sœurs, quand nous prononcerons ces mots le cœur ouvert par la blessure de l’amour, nous saurons accueillir les nouveaux appels de l’Esprit Saint.
Nous aurons un seul cœur et une seule âme.
Nous pourrons partager la grâce abondante dont Dieu est toujours généreux.
Et nous nous abandonnerons à la Providence
« la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi », en Jésus Sauveur.
Notre foi, est-elle simplement une palpitation du cœur, secrète, surtout pas trop visible, qui doit passer inaperçue à nos proches ?
En fait, notre foi commence toujours par un signe.

Signe très varié pour chacun de nous.
Ce peut-être un événement, une parole, une souffrance ou une joie, un étonnement… Et, dans ce signe, Dieu nous appelle.
Dieu nous appelle au silence de la prière.
Le signe a été là et son écho se poursuit dans le silence. Mais ça ne suffit pas. Notre foi, c’est une foi enflammée.
Si notre foi n’est pas enflammée, elle va se dessécher.
Notre foi réclame de s’exprimer.
Vivre en vérité avec nous-même est déjà un premier signe.
Ceux qui n’ont pas la foi repère très facilement cette disposition chez nous, les croyants : Être en vérité ou pas.
Mais ça ne suffit pas.
Car la foi enflammée par la charité demande à être criée.
Je dirais presque ‘par survie’.
Parce que, quand on ne crie pas ce qui nous tient le plus à cœur, il y a comme un retour vers la mort.
Notre foi, catholique, se cueille par l’écoute de petits signes.
Elle grandit par la grâce intime de notre Dieu de miséricorde, qui donne tout, alors qu’on ne mérite rien.
Et puis enfin, notre foi attisant la charité et la miséricorde, si elle est vraie, doit déborder en témoignage.
Comme l’écrit Saint-Exupéry dans ‘pilote de guerre’ :
 » quiconque accède à la contemplation se change en semence ».
Vous voyez frères et sœurs,
Il y a d’abord le signe.
Mais tout est signe dans l’ordinaire des choses
( Saint-Thomas, a demandé le signe des souffrances du Christ. Marie-Madeleine trouve la foi avec celui qu’elle prend pour un jardinier. Jean, devant le tombeau vide.)
Après le signe, il y a la présence transformante.
Invisible mais transformante.
D’autant plus transformante qu’elle est invisible.
( Pierre qui pleure d’être pardonné. Pierre est transformé à jamais) Et enfin, Dieu fait de nous des signes pour les autres.
Tous ces premiers chrétiens – et tous ceux qui ont suivi, bien entendu – qui lâchent tout, qui choisissent la pauvreté, le détachement, l’obéissance, dans la joie,…
Bref, qui choisissent le véritable sens de l’Église.
Ceux-là deviennent signes, ils deviennent flammes, ils deviennent communion accueillante.