Troisième Dimanche de Pâques – B – 2024

Présence de Jésus pour une communauté chrétienne
Qu’est-ce qu’on constate pour les apôtres juste après la mort de Jésus, mais de façon encore plus évidente après la Pentecôte ?
C’est que Jésus est omniprésent.
Pendant les 3 ans où il marche avec les apôtres, il prend toute la place par sa personnalité immense.
Tout ce qu’il fait et dit a un impact énorme; sans pratiquer aucun média, mais en parcourant simplement les campagnes et les déserts.
Je peux simplement reprendre une ou deux scènes :
Par exemple quand les soldats viennent l’arrêter, Jésus dit simplement :
 » qui cherchez-vous ? »
Les soldats tombent à la renverse. Immense présence…
 » pour qui te prends-tu ? » demandent les pharisiens à Jésus.  » tu n’as pas 30 ans et tu te crois plus grand qu’Abraham… »  » Avant Abraham, je suis » … Immense…
Juste après la mort de Jésus les apôtres se cachent, mais ils ne pensent qu’à lui, ne parlent que de lui.
Et quand Jésus réapparaît, ressuscité, toute la vie des apôtres va s’illuminer de sa présence. Leur vie orientée du matin au soir et du soir au matin, et jusqu’à leur mort, par la présence lumineuse et aimante de Jésus.
Quand on fait connaissance avec Jésus, toute notre vie est transformée.
Je dirais que notre cœur bat d’un autre rythme..
On l’a vu, dimanche dernier, chaque seconde mais aussi chaque choix des apôtres et des premiers chrétiens dépendent de la personne de Jésus ressuscité.
Ils vont jusqu’à tout vendre, ils ne cessent d’annoncer la bonne nouvelle.
Ce n’est pas un message ou une campagne électorale, c’est un amour qui enveloppe toutes leurs journées et qui jaillit du profond de leur cœur, d’un horizon à un autre.
Jésus est là, et ça y est notre cœur trouve sa paix.
On passe les doutes.
Son amour devient source efficace de notre vie.
Et nos limites, nos erreurs, nos fautes ne sont pas un obstacle, mais au contraire un terrain d’amour et de pardon pour celui qui habite notre cœur.
C’est de l’intérieur que Jésus se manifeste.
Seulement, nous devons prendre conscience d’une chose…
C’est que la présence de Jésus pour les apôtres est différente de celle que nous concevons. Les Juifs, du temps de Jésus du moins, n’ont pas la même perception du temps et de l’histoire que nous avons.
Et c’est très important.

Pour nous, l’Histoire se déroule d’événements en événements successifs, dont on peut prendre des tranches,
800 Charlemagne sacré empereur – 732, bataille de Poitiers – 1530 concile de Trente, à peu près – etc… 21 juillet 1969: premiers pas de l’homme sur la Lune.
Or, le peuple hébreu, la Bible, vit dans un éternel présent de Dieu.
Ça change tout pour une manière de vivre.
Les apôtres par exemple, ne rencontre pas Jésus ressuscité au coin d’une rue pour aller ensuite s’intéresser à autre chose.
Se caler devant la télé pour les infos, ou aller jouer au golf…
Ils vivent Jésus, dans chacune de leurs pensées, à chaque respiration…
C’est à dire ‘qu’ils marchent humblement avec Dieu’ (Michée 6, 8)
Seul change pour eux la densité de l’existence divine, mais elle est partout.
Elle surgit du passé prophétique et des Écritures saintes pour intensifier et certifier la présence du Ressuscité.
Depuis Abraham, et même avant, l’ultime et excellent désir de l’homme c’est de s’abandonner à quelqu’un qui nous aime.
Nous sommes loin, vous voyez frères et sœurs, d’une pratique de religion épisodique et d’une foi écrite en trait d’union qui cherche des signes de la présence de Dieu…
Mais tout est signe !
Depuis la première lueur de l’aurore dans le ciel jusqu’à la plus forte présence de Jésus dans le sacrement de la communion.
Cela veut dire que ceux qui cherchent des signes n’ont pas compris que Dieu est toujours là et qu’il nous attend.
Ce n’est pas nous qui devons attendre Dieu, c’est Dieu qui nous attend.
Saint Paul dira : ‘ ce n’est plus moi qui vit c’est le Christ qui vit en moi’
Et on pourrait dire en écho…
‘ ce n’est pas l’Histoire qui se déroule dans le temps, c’est le Christ qui vit dans l’histoire’
Il s’agit simplement pour nous de coller notre oreille à l’Histoire du monde pour découvrir la présence de Jésus-Christ.
Ce n’est pas ce que je dis ou ce que je fais qui compte, mais c’est la vie de Jésus dans ce que je dis et dans ce que je fais.
Dans ce que je comprends et dans ce que je ne comprends pas.
Et on en arrive à ce qui fait pleurer le monde depuis sa création : l’absence de Dieu quand nous sommes dans le péché.
Le problème principal et premier de toute l’histoire du salut c’est celui du péché et du pardon. Or la personne de Jésus apporte la solution, simple et définitive.
Le péché n’est plus le problème.
Il est pardonné.
C’est-à-dire que la présence de Dieu qui nous aime vient nous chercher dans notre péché là où justement il y a un manque de vie. Le péché est diminution d’existence.
C’est cela la merveille.
Reconnaître Dieu à l’endroit même où on refuse Dieu.

Les données du problème alors changent.
Ce n’est plus le péché qui est un problème qui est un problème. C’est d’admettre notre péché. Celui ou celle qui ne se confesse pas n’a pas compris le cœur de notre foi.
Car Jésus est venu pour pardonner.
Il est venu pour les pécheurs.
Il est venu pour ceux qui reconnaissent leurs insuffisances.
C’est la raison première de sa mission.
C’est la raison première de la vie de tout homme.
Jésus est venu pour guérir l’âme malade, du péché.
On peut se détourner de la mission de Jésus en s’intéressant à des tas d’autres choses… collatérales et peut-être très captivantes.
Mais bien souvent ce sera pour éviter de se reconnaître limité et pécheur.
On pourra faire de Jésus tout ce que l’on veut : un faiseur de miracle, un guérisseur, un ami des pauvres, un pur, un prophète, mais ça ne suffit pas; c’est une solution à bon marché pour éviter qu’il touche notre cœur, qu’il vienne habiter notre cœur.
Dieu ne refuse aucun combat en nous.
Au plus fort de nos angoisses, de nos solitudes, au plus fort de nos refus, de son apparente absence, Dieu attend que nous nous ouvrions à sa présence.
Et pour cela, il prend la place du perdant.
‘ Seigneur, que s’illumine ton visage,’
Si Dieu n’a pas peur de prendre la place du perdant dans notre cœur, c’est qu’il sait qu’il a gagné.
Sa victoire c’est sa présence de partout.