“ Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire ! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive ”.
« Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » [Jean 4, 13,14]
La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » …Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. [Jean 2, 8-9]
Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du Ciel et qui donne la vie au monde. » Moi, je suis le pain de la vie.
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » [Jean 6 48,51]
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »[Luc 15, 1]
Il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant:
« Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. » [Luc 22, 19 ]
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. [Jean 6, 54]
Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. [Luc 7, 36]
Jésus leur dit : « Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que l’Époux est avec eux ? [Luc 5, 34]
Dans les évangiles, nous avons l’impression que Jésus non seulement ne se prive pas de manger, mais qu’il nous invite à manger….
Il ne parait pas en ascète comme Jean-Baptiste qui ne se nourrissait que de sauterelles et de miel sauvage.
Jésus multiplie les pains. Il invite au festin des noces. Il se laisse reconnaître à la fraction du pain ou au partage de poissons grillés.
Et l’une de ses dernières paroles est : ‘prenez et mangez. Prenez et buvez’
Ça donne faim, de lire l’Evangile… !
Pourquoi cette approche de Jésus ?
Jésus n’est-il pas venu ouvrir les portes du Royaume des Cieux ?
N’est-il pas venu allumer en nous le feu de l’Esprit-Saint et nous apprendre à nager dans la vie éternelle ?
Pourquoi n’est-il pas un Bouddha qui se suffit d’un grain de riz pour ses repas ?
La petite porte de Jésus n’est pas dans l’ascèse, en fait.
Elle est dans l’humilité et l’oubli de soi, par un mouvement d’amour du fond de notre cœur.
Mais ce que nous propose Jésus est tout simplement admirable.
Je veux juste entrer dans ses pas, comme les foules, comme la samaritaine ou Zachée ou tous ceux qui ont partagé la table de Jésus.
Or, que se passe-t-il quand je suis à côté de Jésus ?
Il va me parler de nourriture. Et il va insensiblement tourner mon regard non pas au-dessus de cette nourriture, mais vers la faim qui attire mon cœur.
Et de cette faim il va combler le désir.
Désir du corps, désir de l’âme.
Le grand miracle continuel de l’enseignement de Jésus, c’est de parler de la terre, de la chair, et en même temps de nous aspirer vers le Ciel.
Jésus nous met l’eau à la bouche et on se retrouve dans une dynamique d’esprit. Exercice extrêmement fin .
Nous sommes comme ‘le cerf altéré qui cherche l’eau vive, dont l’âme aspire après Dieu.’
La nourriture terrestre, quand elle est évoquée par Jésus enclenche une faim spirituelle.
Et ce phénomène est mystérieux et original. Puissant !
Et le plus grand miracle dont Jésus va doter son Église, va être un miracle à l’apparence de pain et de vin.
Il n’y a pas plus commune comme matière.
D’ailleurs, quand notre âme n’est pas purifiée par la prière et par le sacrement de la réconciliation, la messe nous apparaît comme banale et ennuyeuse.
Elle n’a pas de goût.
Ce repas pascal où on touche au Corps du Christ ressuscité, schématisé par la liturgie peut déboucher sur une insignifiance du symbole et une certaine lassitude. ‘Je dois aller à la messe tous les dimanches… quelle corvée !’
Mais si on s’approche avec la crainte de la foi, alors ce festin, réduit à une hostie d’un demi-gramme, devient apaisant d’une immense paix de la Présence de Jésus.
Il restaure notre âme, et notre corps avec presque plus d’évidence encore, par la force de Dieu.
Et Jésus a réussi… réussi à faire passer l’homme, tout en réactions sensibles, jusqu’à la jouissance de l’esprit qui n’a rien à voir avec la satisfaction du plaisir des sens et d’un estomac repus.
Jésus a déployé un pont invisible pour relier ce qui fait la grande difficulté de l’homme et de la femme : trouver une unité entre son désir charnel et son désir spirituel.
Dans l’Histoire de la spiritualité, il y a cette recherche fréquente de l’homme de se libérer du poids de son corps.
Il va se restreindre, se priver, parfois mépriser son corps pour ressentir une plus grande légèreté de l’âme. C’est ce que préconise Platon et ses héritiers d’esprit. En fin de compte, se couper de sa nature charnelle pour goûter à l’intensité de l’esprit.
Or, Jésus ne préconise pas ce chemin.
Il est exigeant pour le corps, bien sûr, parce qu’il sait bien que celui-ci penche vers l’affaissement du péché originel.
« La chair ne sert de rien »; « si ton œil te porte au péché arrache-le »;
« l’esprit est vif mais la chair est faible »
Et pourtant, Jésus revalorise le corps, ce corps qui, pour chacun de nous, ressuscitera.
Jésus exalte le corps, et le tout premier celui de la Vierge Marie qui l’a porté 9 mois.
Et plutôt que le rabaisser, il va déployer une passerelle, de la nuit à la lumière. Jésus veut qu’on mange.
Et il veut qu’on mange son Corps. Qu’on boive son Sang.
Il n’y a qu’une solution pour être chrétien : c’est d’aimer le Corps de Jésus !
Et de permettre à Jésus, lumineux de la grâce divine, de sanctifier notre corps et notre âme en mangeant son Corps ressuscité.
Il y a bien quelque chose d’extrêmement puissant dans le sacrement de la communion. Ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne peuvent pas communier le ressentent en creux.
Il est vrai qu’il y a un beau respect de l’Hostie consacrée quand on approche de la communion sans communier parce qu’il y a dans notre vie une coupure avec la passerelle de lumière.
Cette coupure peut être fine : un retard à la messe, si on arrive après l’offertoire. D’être en chemin vers sa première communion, ou d’avoir déjà communier quelques heures auparavant. A ce moment là, il n’est pas profitable de communier.
Cette coupure peut être plus large : Pour ceux qui ne se sont pas confessé depuis plusieurs mois, depuis 6 mois ou un an. Celui ou celle qui a commis un péché grave sans avoir reçu le pardon de Dieu.
Il y a aussi les situations qui demandent une conversion de vie :
si l’on vit en couple sans être marié, (on ne peut pas vivre sa sexualité en harmonie avec soi-même et sans utiliser l’autre, en dehors de la grâce du mariage).
Il y a d’autres brisures de la passerelle de lumière : par exemple ne pas pouvoir donner son pardon à quelqu’un. Haïr quelqu’un et vouloir l’exclure ou le tuer même dans son esprit. Avoir honte de Dieu dans notre travail ou à l’école, jusqu’à cacher notre foi.
Cacher un péché grave qui peut dater depuis longtemps.
Un usage de contraception artificielle qui dérègle notre nature.
Une déviation impure qui la pollue.
Ou… blessure profonde : un avortement.
Ce peut être de coopérer avec les esprits mauvais et poisons : ésotérismes divers, franc-maçonnerie – nous en avons parler récemment -, de nier ou de ne pas respecter ce qu’affirme l’Eglise dans ses vérités belles et pures…
Et puis notre conscience sait bien nous dire dans quels cas nous sommes en dessous de la ligne de flottaison pour recevoir l’hostie qui est la vie divine infinie.
Bref, pour revenir à la passerelle de lumière, il n’y a pas plus simple que ce repas si mince et si énorme en puissance de transformation de notre être.
La fréquentation de la communion est un déferlement de joie dans les profondeurs de notre âme.
Hier, j’ai donné une première communion à une jeune mariée. Et quelle joie que cette expérience d’accomplissement de tout son être !
Le mariage et la première communion… joie ! j’avais peur qu’elle ne soit prise d’extase, devant moi, ou s’envole au Ciel !
Les deux amours les plus forts dans une vie, au même moment… Une première fois.
Quand le Christ est là, en notre cœur, par son Corps sacré, c’est toujours comme une première fois, parce que c’est toujours une grâce d’intimité d’une nouveauté absolue.
Et dire qu’au Ciel, cette nouveauté ne sera plus renouvelée mais permanente.
Par la communion, nous goûtons – nous goûtons en intensité de vie, dans notre âme – dans la succession – à chaque messe – ce que nous vivrons en union permanente avec Dieu, au Ciel.