Péché originel Attention, j’approche de la bête…!
Le péché originel, le péché de Ève, le péché de Adam, c’est la bête.
La bête qui n’avait jamais rugit et qui a stupéfait par sa sortie de la grotte tous les animaux, la nature entière, l’homme et la femme.
Personne ne savait.
Aucune créature savait…
D’un horizon à l’autre, on s’étonne de la puissance de cette bête qui ne s’était jamais manifestée.
Tout était beau.
Tout était très beau.
Non seulement beau, mais innocent.
D’ailleurs c’était beau parce que c’était innocent.
Adam et Ève étaient innocents.
Mais il y a deux innocences.
Il y a l’innocence adulte, mâture, choisie.
L’innocence qui n’est pas naïveté.
L’innocence de Dieu.
L’innocence de Jésus-Christ.
L’innocence de Joseph et de Marie.
L’innocence de la mère qui découvre l’innocence de son petit. L’innocence des saints aussi.
Innocence forte, qui se vit dans le filtre de l’amour et de l’épreuve.
Et puis il y a l’innocence du petit.
L’innocence naïve.
Fragile.
Qui n’a pas peur quand il faudrait craindre.
Qui a peur quand il ne faudrait pas avoir peur.
C’est l’innocence de Ève devant le serpent.
La bête, c’est le produit du serpent, c’est le péché.
Et ce premier péché de Ève retentit et retentira de son souffle obsédant, bestial, jusqu’à la fin des temps.
Jusqu’à la fin des temps pour tous les hommes.
Et dans l’éternité pour les anges mauvais.
Parce que les anges mauvais, Satan et ses fils, riront jusque dans l’éternité du mauvais coup qu’ils ont fait au premier homme.
Alors le cri de la bête. Son premier cri.
C’est facile, il a tout cassé. Presque tout.
D’abord, le plus précieux, le plus infiniment précieux pour l’homme et la femme. S’ils ratent, ils risquent de passer en orbite à côté du royaume des cieux Quand le serpent approcha Ève, le grand problème c’est que le serpent discerne parfaitement l’âme.
Et ce qu’il veut détruire en Ève c’est d’abord la présence de Dieu par sa grâce dans le cœur de Ève.
C’est cela le plus précieux.
Et comment Dieu parle-t-il à Ève au fond de son cœur ?
Il parle par la grâce de la foi.
Il parle par la grâce de la charité.
Il parle par l’espérance.
Et sa ruse va tout détruire.
Ève avait la foi. Tellement limpide.
Le péché originel va détruire l’évidence de la foi, la certitude de la foi.
De la vertu théologale de foi.
Et donc par là il va ébranler la foi naturelle de l’homme, il va irriter notre intelligence et fragiliser notre confiance.
Quand nous faisons un péché, m^me minime, l’un de ces innombrables péchés favorisés par cette disposition tordue qui provient du péché originel en nous, nous affaiblissons notre foi, nous salissons sa pureté.
Et nous nourrissons le doute et les hésitations.
Si le péché est grave il tue notre foi.
C’est horrible parce qu’il nous ferme sur-même.
Il nous replie dans notre solitude première.
Le péché nous invite à nous cacher et donc à retourner à la solitude intérieure et extérieure.
La solitude d’avant la création de la femme.
‘La femme que tu m’as donnée, je ne la vois plus comme une aide, mais comme celle qui me repousse à ma solitude.
Elle ne m’est plus une aide, elle devient une tentation au péché et à ma solitude. Vous voyez, le projet initial de Dieu s’inverse.
En ayant cueilli le fruit, Ève n’a plus attendu son épanouissement par l’amour d’Adam, par l’union à l’homme, inscrite dans sa nature.
Elle a espéré sa délivrance et sa liberté d’un fruit cueilli par elle-même et a fait goûter de cette expérience à Adam.
Elle ne se donne plus elle-même à Adam, elle lui donne un fruit, un plaisir qui n’est pas elle-même. Trop bon, trop séduisant parce qu’il invite à pénétrer un mystère.
» tu ne mangeras pas du fruit de cet arbre ». Dieu n’avait pas à se justifier.
Il n’avait pas à expliquer que cet arbre est un mystère qui était là pour grandir l’homme et la femme.
La condition est qu’on devait le croire.
L’arbre de la connaissance du bien et du mal, c’est le mystère qui habite notre conscience et qui nous invite, si nous le respectons, si nous le confions à Dieu, qui nous invite à vivre le bien dans la paix de notre esprit.
Et si nous ne plaçons pas ce mystère dans la foi à la Parole de Dieu, le bien et le mal se transforment en un paquet d’épines.
L’homme est grand quand il respecte les mystères qui le dépassent. C’est-à-dire lorsqu’il vit dans la foi.
Il n’y a que les tourmentés et ceux qui sont complètement renfermés sur eux-mêmes pour dire que la foi réduit l’homme.
L’esprit devient grand quand il s’aventure dans le mystère de la foi.
Quand il accepte la lumière obscure de la grâce de Dieu.
Ève a brisé la grandeur de l’homme en voulant réduire à elle-même le mystère. Elle a voulu saisir par elle-même et non plus se laisser saisir par la lumière. Infini tristesse de l’homme qui veut vaincre les mystères qui libèrent non pas parce qu’ils sont obscurs mais parce qu’ils sont trop lumineux.
La grandeur de l’homme c’est d’accepter la grandeur qui le dépasse.
Dieu dit quelque chose, et l’homme, la femme, courent voir s’il a raison. On veut savoir plus que Dieu !
Ève n’admet pas le mystère comme un appel à grandir.
Un monde sans mystère est un monde fermé sur lui même.
Et c’est un monde stérile, qui se stérilise.
Et un monde qui se stérilise est un monde dans le mal et qui perd son sens.
Car le sens de tout c’est la vie et la création.
Un monde sans mystère est un monde qui ne s’intéresse plus à la vie mais à la mort.
Qui va favoriser la mort pour se rassurer.
Eliminer à tout prix le mystère et ça commence par les informations au robinet. En fait il existe deux mondes :
Un monde qui s’appelle « mystère lumineux de foi et croissance de vie. »
Et
Un autre monde qui s’appelle » soit je comprends soit c’est absurde, soit je comprends soit je pique ma crise. »
On voit tellement clairement cette réaction chez les enfants qui refusent d’obéir.
Le jour où Ève a voulu saisir le fruit de l’arbre elle s’est inscrite pour le deuxième monde.
J’entendais un jour une religieuse qui semait le doute dans les esprits en affirmant que l’obéissance était un acte infantile. Elle voulait tuer la foi qu’elle n’avait pas.
Voilà ce que la bête, le péché originel, a brisé en premier lieu et cherche toujours à briser : la foi.
Deuxième destruction:
La charité.
Pour Ève, Dieu a perdu son visage d’amour..
Dieu n’est plus le Dieu d’amour.
Elle ne voit Dieu que comme le Dieu jaloux, le Dieu qui se protège, le dieu qui est dans son monde et qui voit l’homme comme un rival.
C’est ridicule bien sûr, c’est tellement superficielle comme intelligence.
Mais quand on a perdu la foi, ou quand on ne l’a jamais eu, il ne peut pas y avoir l’accueil de l’amour d’un autre.
L’amour est envisagé alors comme emprisonnement et dépendance.
On prend l’autre pour soi. Et on ne sa laisse pas prendre par lui.
Dans un amour pour soi.
Dans un amour de soi-même.
Le drame de notre monde moderne. Pas uniquement de notre monde moderne mais de l’esprit du monde…
On veut tout faire par amour, mais l’amour de soi.
La beauté de recevoir de l’amour d’un autre est impossible sans la foi.
Sans la foi surnaturelle qui vient de la grâce, sans la foi naturelle qui est favorisée par la grâce de la foi.
Adam et Ève avait la charité parce que Dieu avait mis dans leurs yeux le merveilleux de l’amour par l’autre qui était inscrit dans leur nature.
Après, après le fruit, leurs yeux sont devenus ternes.
Un ami un jour, me disait, – il avait un cerveau un peu métaphysique … – » les Français quand il se parlent ne se regardent pas dans les yeux »
Grande sentence…
On ne peut pas regarder dans les yeux quand les yeux d’en face ne reflètent aucun éclat de nos propres yeux.
C’est ce qu’on appelle la pudeur.
La pudeur c’est quand on ne peut pas regarder l’autre parce qu’il nous renvoie notre propre mensonge.
Quand l’autre n’est pas l’autre mais qu’il est simplement le miroir de ce que je ne suis pas ou de ce que je ne suis plus.
Et c’est bien piteux.
Alors on se cache pour que l’autre se cache. On dévie l’amour sur soi.
3e destruction du cri de la bête…
L’espérance, la belle vertu de l’espérance raplapla au pied de l’arbre profané par la main de Ève.
En cueillant le fruit, Ève a réduit cet arbre de la connaissance du bien et du mal à
son besoin immédiat.
Et cela ce n’est pas l’homme, ce n’est pas la femme.
Ce n’est pas le mystère qui doit se réduire à notre besoin immédiat.
C’est notre besoin immédiat qui doit s’ouvrir en mystère, qui doit être habité par le mystère.
Ce mystère lumineux que l’on appelle l’espérance.
Tout le bien de l’homme et de la femme est tourné vers la vie éternelle.
Si l’on oublie cela l’homme et la femme deviennent animal… pire qu’animal. Animal déformé dans sa nature.
Sans l’espérance, qui habite notre présent, notre cœur présent, on a affaire à un homme et à une femme ratatinés sur eux-mêmes. asphyxiés.
Et tout le reste, tout le reste c’est-à-dire toute la vie de Ève et Adam jusqu’à leur mort qu’ils se sont programmée, mais aussi la vie des hommes jusqu’à nous, ne trouve plus d’unité à partir de cet acte libre mais fautif d’avoir voulu saisir ce qui la dépassait. D’avoir voulu ne pas croire à la Parole de Dieu.
Ève qui partage avec Adam.
Quel mensonge…
Mensonge de part et d’autre d’ailleurs.
Adam qui consent au mensonge, Ève qui camoufle son mensonge par un geste de partage.
La charité n’est pas de partager, elle est d’accueillir un amour plus grand.
Le partage du fruit défendu, c’est l’hypocrisie de tous ces dialogues, de toutes ces tolérances, de toutes ces aides humanitaires, de tous ces soutiens armés ou pacifiques qui ne sont pas pour la charité mais pour favoriser l’intention de la division.
La communion qui n’est pas dans la foi, l’espérance et la charité et une semence d’hypocrisie pour attirer l’autre vers sa destruction.
Et Adam a pris bien volontiers ce fruit qui était déjà un fruit de solitude au moment où il regardait sans rien dire Ève le cueillir.
Hypocrisie et solitude.
« Ce n’est pas moi, c’est elle ».
C’est étonnant comme les enfants reprennent cette phrase quand ils sont pris en faute.
Hypocrisie, solitude, peur, trouble, peines multiples, pudeur, incompréhension, perte d’émerveillement et tristesse, divisions, et tout le train des infidélités, des maladies, des angoisses et des lâchetés, des traumatismes personnels et héréditaires, des dégénérescences.
Voilà l’écho du péché originel.
On ne peut pas s’en sortir.
Il n’y a que les rêveurs, les idéalistes, et quelques idéologues pour penser qu’on
peut recoller le fruit à l’arbre.
Ou peut-être abattre l’arbre ( c’est plutôt la solution de notre société actuelle : « cet arbre n’existe pas »… chacun dessine son arbre et son fruit. et chacun au pied de son arbre pleure de toutes ses larmes…)
On ne peut pas s’en sortir.
Sauf par un seul nom que l’on doit crier, même faiblement, pour qu’il soit entendu:
Jésus-Christ Sauveur et pitié de moi dans cette engeance dont j’ai héritée.