Où es-tu ?
C’est la première parole de Dieu à l’homme pécheur… Où es-tu ?
C’est cette espèce de phrase qui provoque des séismes pour une vie
entière… Dans le genre : ‘ qu’est ce que la vérité ?’
‘ to ne or not to be’ Ou encore
‘ Pierre, m’aimes-tu ?’ Ou encore : ‘suis moi’ Si on a laissé l’une de ces questions toucher notre coeur, on ne s’en sort
plus, de toute notre vie. Toute notre vie, comme Jacob pendant son combat de nuit avec l’ange du
seigneur, nous serons blessé et nous resterons fasciné par le mystère. ‘Où es-tu ?’… Vous vous rendez compte, chers frères et sœurs… Adam vient de fauter. Ève à ses côtés. Il a tout perdu. Et par la sensation de vide de son être, il sait que sa faute est
incommensurable. Il est celui et il sera celui qui va tirer le genre humain dans le vide. Celui qui pourra pleurer à chaque souffrance d’un homme ou d’une femme. Parce que ce sera de sa faute, à lui. L’horreur… ce que porte Adam. Ce remord d’avoir abîmé la nature belle pour une bêtise d’un instant. Ce d’avoir abîmé la nature de tous les hommes jusqu’à la fin des temps.
’Où es-tu ?’
’Je suis nu…’ Ce n’est pas le fait qu’il soit nu qui gêne Dieu (Dieu en a vu d’autres. Il a vu toutes nos nudités jusqu’à la fin du monde…) mais c’est que Adam ait peur, qu’il ait honte, qu’il se rende ridicule à se cacher derrière un arbre, c’est
cela qui peine Dieu. Tristesse infinie… Dieu a créé l’homme à son image, et l’homme et la femme se cachent
derrière les arbres…!
Ils ont brisé leur prédestination à la communion et à la beéatitude. C’est à
pleurer jusqu’à la fin du monde.
’Où es-tu ?’ Réponse : ‘dans la peur.’ La peur de tout. Parce qu’il y a quelque chose de déréglé. Quand quelque chose en nous est déréglé, c’est la peur et l’agressivité qui s’installent. Et Adam s’est dit : ‘j’en ai pour un bout de temps avant que quelqu’un revienne récupérer ce gâchis…’
’Où es-tu ?’ L’homme, la femme, ne peut répondre que dans un élan d’amour. Sinon la réponse est impossible, introuvable. Nous pouvons savoir où nous nous trouvons que sous un regard d’amour. Il n’y a aucune autre issue. Je sais où je me trouve que quand je me sais regardé avec amour. Et Adam ne sait plus qu’il est aimé parce qu’il s’est regardé lui-même. Sans amour. Donc il ne se reconnaît plus. Ève l’a regardé, mais pas avec amour.
‘Tiens, prends de ce fruit, ça te fera du bien …’ Et Ève s’est regardée, mais en doutant de l’amour de Dieu sur elle… Et ni l’un ni l’autre ne savent plus où ils sont. Comme on dit avec justesse : ils sont ‘perdus’. Ils se sont perdus. Alors on peut essayre de voir où est-ce qu’ils se sont perdus, à quel moment
ils ont perdu le chemin… Et nous découvrons que ce n’est pas quand ils ont mangé le fruit. Ca c’est la finale, bien amère, soit…. Ce n’est pas quand Eve s’est rendu compte que le fruit était désirable. Ce n’est pas quand elle a mis en doute, sur les paroles du serpent, la bonté
de Dieu et sa toute puissance. En fait, Eve a perdu le chemin quand elle a tendu l’oreille aux premiers mots
du serpent. Elle n’aurait même pas dû répondre pour ne pas entrer en tentation. Elle aurait dû passer son chemin. C’est foutu à partir du moment où elle a prêté l’oreille à la vipère. Conséquences pratiques pour nous :
Simplement écouter un propos manipulé, ou plutôt qui nous manipule, même
si nous nous croyons très malin pour déjouer la manipulation, c’est déjà ne
plus écouter Dieu.
C’est déjà se détourner de Dieu. C’est déjà fausser notre amour et entrer en tentation. Et se faire avoir. Rien que par le fait d’écouter un propos détourné ou inutile. Eve n’aurait même pas dû répliquer au Diable dès sa première question, parce qu’elle a accepté, à ce moment-là, de mettre une distance, si minime
soit-elle, entre Dieu et elle. Elle a regardé vers la terre et détourner son regard du Ciel. Dès cet instant tout était perdu. Cela veut dire que notre écoute a ses limites. On ne doit pas tout écouter. Il faut laisser tomber tout ce qui n’est pas Dieu et tout ce qui ne provient
pas de Dieu. Si cela provient du Diable, expert en mensonge, il ne faut pas l’écouter. En rien. Si cela provient du monde, il faut savoir que le Diable est le prince de ce
monde. Il utilise le monde pour faire passer ses informations et nous
fatiguer de Dieu. Jésus nous dit : » veillez et priez « . » sans moi vous ne pouvez faire que du
rien « . Et depuis ce premier péché de Eve et d’Adam, la chair est devenue
ingérable. La chair, c’est-à-dire nos passions, nos réactions, notre jugement. Nous sommes des vases cassés, ou tout du moins fêlés.. Nous avons oublié la tendresse de notre Dieu, et tout nous porte à cet oubli,
le favorise… Nous oublions que nous ne pouvons nous connaître que par un autre, qui nous aime. C’est par la présence à Dieu que nous devenons présent à nous-même.
’Où es-tu ?’ La seule réponse valable c’est : ‘ je suis en ta présence.’ Or, Adam répond à l’inverse.
’ tu me gênes. Ton regard me gêne. Je veux rester loin de toi, maintenant.’ Et pourquoi la nudité d’Adam lui fait-elle si peur ?
Tout simplement parce que le sexe est conçu pour être le lieu de la vérité, en notre corps, de la plus intime vérité et fécondité. À partir du moment où la chair n’est pas vécue en présence de Dieu, n’est
pas reçue comme un don sacré de Dieu, elle devient un mouvement égoïste
de plaisir ou de domination; et parfois de soumission, ce qui revient au même. Elle devient mensongère. Pour soi. Et elle devient motif de division et d’incompréhension.
Et donc de camouflage. Elle, qui pour Adam et Ève, aurait dû être le couronnement de leur union à
l’image de Dieu, elle devient cause de conflits et de désaccords, de
mensonges et de peur quand elle n’est pas investie de la grâce de Dieu et de
l’amour gratuit de l’autre. (réciproque)
Alors, frères et sœurs, reposons nous. Ouvrons la porte de lumière. Par cette messe d’abord, et par l’Évangile. Par la Parole de Dieu. « Un ange fut envoyé par Dieu à une jeune fille Vierge. »
Vous voyez comme ça commence bien… Comme ça recommence bien… Dieu envoie. Et une jeune fille reçoit. Beaucoup mieux… une jeune fille vierge. Vierge d’esprit et de corps. Immaculée. Il n’y a qu’une disposition qui donne une virginité d’esprit et de corps. C’est d’être dans la grâce de Dieu, autrement dit en disposition de prière
continuelle. La Vierge Marie était en oubli d’elle-même pour être en présence de Dieu. Et cela devait lui donner une présence de beauté impressionnante dans son petit bled perdu d’Israël. Car elle portait la présence de Dieu. Il n’y aura jamais de plus présent au monde et aux autres que la Vierge
Marie. Excepté Jésus, bien sûr.. L’ange fut certainement impressionné lorsqu’il eut à dire : » comblée de grâce »… Parce que ‘comblée de grâce’, ça n’appartient qu’aux anges. Il ne l’avait jamais vu pour une fille. Si Marie a tressailli aux premiers mots de l’ange c’est parce qu’elle a tout de suite pressenti la grandeur de cette rencontre annonciatrice. Elle a compris que le monde changeait. Avec elle. À ce moment-là. À chacune de nos grâces, c’est ainsi que ça se passe. Dieu vient à nous. Mais pour Marie, elle a compris que pour la première fois ce n’était plus l’homme qui devait recevoir des miettes de la lumière divine, mais c’était Dieu qui se donnait à elle, sans retenue.
Beaucoup mieux encore. Dieu se donnait dans sa chair. Le Verbe se fait chair. « L’Esprit-Saint viendra sur toi… »
Mais Marie le connait bien l’Esprit Saint !
Seulement, ce qu’elle ne se doutait pas, c’est que Dieu voulait devenir par
elle, à l’image de l’homme. Par son corps à elle, Marie. Par son esprit et par son corps. Vierges. Vierge du diable bien sûr. Vierge du monde. Toute préservée des pollutions du monde. Et chose unique, vierge du péché originel. Vierge dans sa nature. Et ça, il n’y avait que l’ange pur qui pouvait l’apprendre à Marie. Parce qu’aucun homme, pas même les parents de Marie, pas même Joseph, le
bon Joseph, le chaste Joseph, ne pouvaient savoir ce que ça voulait dire. « Comblée de grâce ! »
Toute pure. Et Marie n’avait jamais pensé à ça. Parce qu’elle ne pensait pas à elle, tout simplement. Marie ne s’est pas regardée dans un miroir. Tout ce qu’elle savait, la jeune Marie, c’est qu’elle était aimée. Mais elle ne savait pas jusqu’à quel point. Elle ne le saura vraiment que lorsque Jésus, encore bébé, posera ses yeux dans les siens. Où es-tu Marie ?
Dieu ne pose même pas cette question, parce qu’il sait que Marie est dans
son Cœur. Et que c’est même la seule qui n’a pas quitté son Cœur depuis sa
prédestination, avant la fondation du monde, à être la Mère du Sauveur et la
gloire toute pure de l’Église.
‘Seigneur, où es-tu ?. Pour que je sache où je suis.
‘Marie, où es-tu ?’ pour que je sache où est mon Sauveur.