HOMELIE SEIZIEME DIMANCHE ORDINAIRE

Frères et sœurs, nous côtoyons des mystères profonds et presque effrayants de lumière et de ténèbres avec ces paraboles de Jésus…

La semaine dernière le semeur et ses graines qui poussent ou qui ne poussent pas…

Aujourd’hui, un beau champ de blé abîmé par les mauvaises herbes.

Mystère de la prédestination, mystère du mal, mystère de la présence de Dieu et en même temps de la présence d’un Ennemi invisible… Gouffre de vie et de mort…

Et on n’a pas de solutions à notre dimension humaine. Nous sommes si petits..

Il y a le soleil et il y a les trous noirs… Et on sait que le soleil deviendra, un jour qui nous parait lointain, trou noir.

Dans l’Esprit, il n’en est pas ainsi. Les trous noirs du Démon seront engloutis par un jour…. d’éternité lumineuse.

Mais pour l’instant, nous sommes dans la bataille.

Alors pour approcher ces gouffres je vais me raccrocher à un classique qui a nourri d’une belle métaphysique, mon âme d’enfant.

Allez… Je commence…

Il était une fois…

C’est une belle expression qui est comme une douceur pour tous les enfants. Elle annonce l’émerveillement.

Bon je continue…

« Il était une fois… une délicieuse petite fille que tout le monde aimait, surtout sa grand-mère qui la chérissait tendrement.

Un jour, elle lui offrit une petite coiffe de velours rouge.

Elle plut tellement à la fillette quelle ne voulut plus rien porter d’autre et on la surnomma « le petit chaperon rouge ». C’est tellement gentil tout ça..

Seulement voilà, pour qu’un conte soit vrai, il faut qu’il montre la réalité qui n’est pas gentille…

« Alors, la mère du petit chaperon rouge lui demanda une mission : Porter une galette et une bouteille de vin à sa grand mère préférée qui était malade.

Juste deux consignes.

 » Tu suis le chemin direct, tu ne t’attardes pas et tu n’oublies pas de dire bonjour en entrant dans la maison. »

Et le loup arrive.

Nous, on le connaît tous, le loup, mais le petit chaperon rouge, pas encore…

Que fait il le loup ? Ecoutez bien….

Il suggère à la fille de faire une bonne action.

Comme c’est bien vu !

« regarde la nature… Il y a de si jolies fleurs qui feront tant plaisir à ta mère grand ! Prends ton temps…

et plus les fleurs emmenèrent le chaperon rouge au loin, plus sa cueillette était ravissante.

Mais ce que la petite fille n’a pas vu, c’est que ce qu’elle croyait bonne action était en fait de l’ivraie qu’elle semait dans sa mission.

Le loup, très astucieux, pour la croquer et la grand mère du même coup, et peut-être croquer la maman ensuite, (par le chagrin d’abord perdu sa fille et sa mère…), le loup
en donnant un bon conseil a rempli la robe de la petite fille de graines mauvaises. Comme c’est bien vu !

Le Mauvais conseille une bonne action, que personne ne nous a demandée, pour favoriser l’introduction du mal, de la mauvaise herbe dans le champ de la grâce de
Dieu…

Notre mal, on le fait toujours en voulant faire du bien.

Et on se rend compte que le Mauvais nous a utilisé.

Quand on arrive à la maison, on découvre alors les dégâts qui ont été faits.

Et on finit nous aussi à la casserole, du même coup.

Dans le ventre du loup qui a pris toute la place.

J’entends souvent ce jugement : « oh, un tel, une telle.. Il ou elle a fait tellement de bien ! » et on le canonise soi-même dans le Panthéon des saints …

Ou encore la variante : « il y a des gens qui ne mettent jamais les pieds à l’église et qui sont bien meilleurs que certains chrétiens »

Oui, mais combien ont passé leur vie à cueillir des fleurs pour faire des gros bouquets, pendant que le loup mangeait la grand mère. Ils ont cueilli des fleurs, mais leur mission, celle où Dieu les attendait, ils l’ont délaissé.

Leur champ de blé est rempli de jolis coquelicots inutiles et de mauvaises herbes qui trompent la galerie.

Rappelons-nous que l’ivraie ressemble comme deux gouttes d’eau à du bon blé.

Cependant, Jésus introduit dans sa leçon un personnage qui manque dans le conte du petit chaperon rouge.

Jésus est tellement plus réaliste et tellement plus génial et fin que Charles Perrault ou les frères Grimm.

Pour Jésus il y a un autre monsieur qui permet de mettre à jour le jeu malsain du loup. C’est monsieur ‘le temps’.

‘laissez faire monsieur le temps’, dit Jésus. Il dévoilera la nocivité de l’ivraie qui est indiscernable quand la plante est jeune.

Les soi-disant bonnes actions des tordus se révèlent quand elles rencontrent sur leur chemin Monsieur ‘le temps’.

Et surtout quand elles rencontreront Mister God, c’est à dire Monsieur le Bon Dieu, qui leur dira au jour de la moisson : « En fait, as tu obéi ?
Tes bouquets magnifiques de fleurs sauvages ne m’intéressent pas. Ça c’est ton bien à toi, personne ne te l’a demandé, et cela n’appartient pas à l’Eglise. Je ne te connais pas; Combien tu as favorisé le mal sans t’en rendre compte.. Par tes bonne actions.

Mais là où tu as obéi le bon grain a fructifié.

En cela tu as favorisé la beauté de l’Église; tu as ouvert les portes de la grâce divine et tu es entré dans le Royaume de la vie éternelle. »

Comme elle est belle cette finale… du conte :
« Et le petit chaperon rouge se jura de ne plus jamais désobéir à sa mère et de ne plus parler à des inconnus… »

Jésus, lui, a dit de ne pas jurer.

Mais il a dit qu’il avait à sa maison qui est l’Église, une petite porte où l’on tire la chevillette et où la miséricorde nous ouvre ses bras.

Décidemment, Jésus est toujours plus parfait.

Les contes sont ravissants de sagesse, mais je préfère en fin de compte, l’Evangile resplendissant de grâce.

HOMELIE QUINZIEME DIMANCHE ORDINAIRE

« Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas.

Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. »

Et pourtant : « Ma parole reviendra ayant rempli sa mission ».

Alors premier danger, très actuel :
Le Mauvais, le Démon, qui vient semer dans le cœur, dès l’enfance, des traumatismes et des obsessions, des bouleversements de le cœur et de l’esprit. Qui rend rend infirme les enfants, dans leur affectif, dans leur jugement, dans leur volonté. Dans leur vie intime et sociale et spirituelle. On y est.

Deuxième danger, très actuel : – Le sol rocheux… Il y a un appel à la grâce.

Mais l’Église n’est pas suffisamment visible, n’est pas suffisamment porteuse pour
protéger les petits semis.

L’Église ne remplit pas sa mission de sainteté et de mère.

L’Eglise est sainte. L’Eglise est mère. Mais les chrétiens ne vivent pas l’Eglise.

En ce cas, on n’a pas à reprocher à la société un rôle toxique, parce que de toute façon, ce n’est pas son rôle, à la société, d’entourer de douceur les premières grâces de
quelqu’un qui se tourne vers Dieu.

Combien j’ai vu de petites attirances vers Jésus, chargées de belles promesses qui ont été désorientées, abîmées, exclues, par certaines bonnes âmes paroissiales, et parmi
elles, le prêtre aussi, mal éclairées en jugement et en sainteté…

3e danger très actuel : – Les ronces des soucis du monde.

Bien sûr le démon est toujours là, mais très discret derrière le décor. Il détourne par le bruit ambiant.

Par l’extérieur.

Par la sollicitation de la matière, des émotions, des images et des informations.

Il veut à tout prix que la grâce reste à l’épiderme qu’il irrite.

 

Alors je veux sauter le chemin, et creuser la bonne terre.

Pourquoi le Seigneur m’a-t-il fait la grâce de passer à travers certains obstacles qui auraient pu m’engloutir ?
Et pourquoi le Seigneur ne me défend pas contre certains obstacles qui me restent ?
( pourquoi l’autre jour, ai-je perdu du temps, à regarder des mini-films sans intérêt sur Tik Tok ?)

La bonne terre c’est que Dieu a orienté notre cœur, à chacun, mon cœur et le vôtre, vers la joie.

Ce que chacun veut, même le plus tordu des hommes, c’est d’être heureux et c’est d’aimer Dieu par-dessus toute chose.

L’oiseau est fait pour voler, et dans son innocence il ne peut pas désirer autre chose.

Le fond du cœur de l’homme est fait pour s’envoler vers son bonheur.

Et rien ne changera cette orientation créée par Dieu de toute éternité.

Mais Dieu veut que nous participions à ce chemin. Ou, si nous reprenons l’image de Jésus, Dieu nous laisse le soin d’arroser les semis, de les protéger si besoin.

Et nous ne pouvons pas bien arroser si nous ne Lui demandons pas quand et comment arroser.

Et là, il nous est possible d’oublier Dieu.

Nous pouvons prendre une idole, une déviation, une perversité, pour notre bonheur.

C’est très actuel.

Ce n’est qu’en demandant la grâce, en se faisant petit, que nous nous rectifions, que nous devenons juste et grand par notre intelligence, reçue de Dieu.

Dieu peut rattraper nos insuffisances, mais il ne le fait pas toujours. Mystère de son dessein d’amour.

En fait, Dieu peut irriguer de manière souterraine et invisible un terrain défoncé.

Dieu peut envelopper le cœur de celui qui prie pauvrement, pour le faire battre au rythme de son amour. En quelque sorte Dieu peut donner un vent favorable pour que l’oiseau soit porté dans le ciel.

Et il va porter l’oiseau migrateur par un instinct infaillible, et continu, pour accorder sa direction vers son vrai bonheur.

Autrement dit vers Jésus-Christ.

L’oiseau vole, mais il ne sait pas comment ni pourquoi il poursuit son cap.

Le Saint-Esprit affine l’âme, imperceptiblement, et la libère de ses buissons.

C’est la grâce qui nous libère de nos buissons.

Alors la joie grandit, imperceptiblement.

Et la foi, de petite graine, devient un grand arbre qui produit ses fruits, imperceptiblement.

Et le monde se simplifie. Il dévoile sa pureté.

Comme au moment où se dissipent les brumes de la rosée du matin. Le monde ne change pas, j’entends dire… Mais bien sûr qu’il change…!
Dans l’union intime avec Dieu, par la prière continue, le monde montre son vrai visage.

Son visage vrai, sa lumière vraie, sa beauté vraie.

Sa paix derrière la guerre et derrière la souffrance.

Par le monde, par son nouveau visage, qui n’est pas nouveau mais qui est celui des origines, la Parole de Dieu nourrit le cœur, et les yeux, et les oreilles, et les poumons, et l’espérance, et l’amour, dans le vol de nuit de l’oiseau migrateur qui est notre âme.

Bien sûr que Jésus-Christ a tout changé…

Sauf pour ceux qui ne veulent pas changer et rester aveugles.

QUATORZIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

Ce que que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits…
Sainte Thérèse de l’enfant Jésus disait à sa sœur Céline cette petite recommandation : Bonbonne, il faut qu’elle se tienne dans sa position, qu’elle n’essaie pas d’être grande dame, jamais ! ».
C’est étonnant, mais du temps de Jésus il y avait des savants qui n’avaient pas tout compris…
Plus étonnant encore, de notre temps, il y a toujours des sages et des savants qui n’ont pas tout compris…!
Mais dans 2000 mille ans, frères et sœurs, les savants auront tout compris…
Sauf que Adam et Ève ont voulu être les premiers savants par eux mêmes et ils ont introduit la panique dans la raison et la logique humaine.
Ils avaient pourtant la science infuse. Ils connaissaient tout de science infuse dans leur état d’innocence.
Ils ont voulu devenir grands… Par eux mêmes.
Et nous avons mal de cette ambition. Très mal.
Que nous reste-t-il de cette joie primordiale ?
Il nous reste que plus on découvre l’infiniment grand, et plus on découvre l’infiniment petit, et plus on découvre la nature et l’homme et la femme, et plus on découvre n’importe quelle existence, en savant, par les effets qu’on observe ou qu’on fabrique, et plus tout s’embrouille et plus on augmente les déviations et le malaise.
On m’envoyait dernièrement l’adresse d’un site officiel du Ministère de la Santé (‘onsexprime’) qui a pour objectif d’avertir les jeunes de 10 à 20 ans des possibilités de la sexualité..
Et l’on se dit : que c’est affligeant !
Exposer la sexualité de l’homme animal sans prendre en compte la beauté de l’âme humaine. Le propre de l’homme et de la femme.
Et l’on décortique sans aucune précaution l’intimité de la bête humaine que Jean Paul II a mis des années à exposer dans sa beauté merveilleuse..
Et on arrive à un massacre.
Et du côté des enfants à un scandale.
Dostoïevski, dans son roman, ‘ les possédés’, montre très bien cet effort barbares de certains qui ne voient pas de différence entre une page de Shakespeare et une vieille paire de bottes.
D’où vient cette obsession à rabaisser la beauté de nos enfants ? Je vous laisse deviner… Un enfant de 10 ans, un tout petit, peut-il comprendre que les adultes se moquent de lui, par idéologie ?
Certains…

D’autres se suicideront, parmi les tout petits qui auront été scandalisés par une propagande aveugle et malade.
Beaucoup de familles souffrent pour leurs enfants, leurs tout petits, de cette ingérence de manipulations médiatiques ou dans leur enseignement, destinée à mutiler nos enfants dans leur âme.
Pourquoi n’est il pas dit au moins une fois sur le site :
 » si vous n’êtes pas bien avec votre âme, si vous n’êtes pas mûrs en votre personnalité, vous serez mal en votre sexualité, et la sexualité sans maturité est blessure irrémédiable de votre vie. »
On peut le dire aux enfants pour leur bonheur, on peut le répéter aux adultes.
Je suis étonné (ou plutôt je ne suis pas étonné… Je le constate tous les jours) que beaucoup de jeunes ne se sortent pas d’une sorte de désespoir qui couve une révolte intérieure.
Ils pressentent qu’on les emportent dans la tromperie, la réduction de leur beauté.
Il n’est plus rare que des hommes jeunes ou des femmes renoncent à leur fécondité, par crainte d’exposer leurs enfants aux délires du monde.
Pour quelques petits moineaux qui auront été sauvés de la marée noire, combien y en aura-t-il qui seront englués, pauvres victimes qui se débattront jusqu’à la fin de leur vie ? Il est de notre devoir, de notre conscience, frères et soeurs, d’annoncer tranquillement, sans complexe et avec intelligence: « jeunes, petits enfants, venez à l’Eglise… L’Église connaît les profondeurs de Dieu et les profondeurs de l’homme comme nulle autre. Elle peut donner bonheur à vos désirs les plus beaux et les plus élevés qu’aucun sage de ce monde ne vous donnera parce qu’ils présentent des modèles réduits de l’humanité. » Leur approche des réalités, en tous domaines, est affligeante. Et en même temps risible et pitoyable, parce que Dieu se joue de toute cette misère. Il donnera des grâces plus grandes et plus belles que je peux aussi observer à travers le désastre.
En fait, frères et sœurs, nous sommes toujours et nous le serons jusqu’à l’Église du Ciel, dans la même situation qu’au temps de Jésus.
La même situation ou plutôt la même problématique.
Le brouillage c’est qu’on a perdu l’articulation entre l’esprit et la matière, entre la chair et la vie pure de notre âme.
Entre le temporel et le spirituel.
Entre les efforts de l’homme qui se veut être seul et la nature des choses qui peut être dépassée, quand on l’accepte, par la lumière de la grâce divine, pour devenir merveille. Un philosophe (Jacques Maritain) que j’apprécie commençait l’une de ses conférence par ces mots :
« la leçon de la crise à laquelle nous assistons se dégage d’elle-même, c’est un rappel aux exigences de la vie surnaturelle, et une affirmation absolue de la primauté du spirituel. Et il ajoutait :
 » nous devons affirmer comme une vérité supérieure à toutes les vicissitudes du temps, la suprématie de l’Église sur le monde et tous les pouvoirs terrestres. Sous peine d’un désordre radical dans l’univers, il faut que l’Église guide les peuples vers la fin dernière de la vie humaine, qui est aussi celle des États. »
Ces mots ont été écrits en… 1927. [Primauté du spirituel ]
Ils auraient pu l’être du temps de saint Paul.
Les sages et les savants de toutes disciplines poursuivent tous pourtant cet idéal de l’homme unifié et libre qui est en fait le souvenir de l’unité perdue inscrite dans notre nature profonde.
Mais il est impossible que l’homme rejoigne sa joie en donnant la priorité à la matière, à la chair, et à plus forte raison au mensonge et à la manipulation.
Que les hommes l’écoutent ou non, l’Église est belle de vérité, resplendissante du message et de la vie du Christ.
En elle se trouve la grandeur des hommes.
Je me rappelle dans mes années d’adolescence une des premières intuitions qui m’avaient permis de jeter mon ancre et stabiliser ma barque.
C’est que si Dieu n’était pas, il n’y avait aucune règle ni aucun ordre qui tienne.
Tout m’était permis.
Ma destruction m’était permise, la destruction du monde, aussi, pourquoi pas.
Sans Dieu, je suis un parmi d’autres, et j’ai le droit de tout casser, moi et les autres. Le curé d’ars disait que si un village était sans prêtre pendant 10 ans, les hommes adoreraient alors les bêtes …
Avec Dieu, je suis choisi, et aimé. J’ai un Père. Et j’ai une fin glorieuse et lumineuse d’amour. J’ai une vocation. Un dessein unique pour moi, une prédestination, une âme faite pour la grandeur.
Ce fut peut être une intuition de tout petit, quand il me restait encore quelque chose de mon émerveillement d’enfant. Mais je m’en rappelle.
Ceci dit, je m’aperçois que jusques là je vous parle en sage et en savant…
Alors je voudrais terminer au moins en disciple.
Il y a quelques jours, je racontais à une âme attentive l’une de mes expériences auprès d’un saint.
Je l’ai peut être déjà racontée, mais c’est avec joie que je reviens à ce souvenir.
Ce sont mes rencontres avec frère Joachim.
Oh…, n’ayez crainte, personne n’a entendu parler de lui, nulle part.
Sinon peut être, dans un journal local des années 40, au moment où sa femme et sa fille, uniques et chéries, se sont tuées dans un accident de la route.
Immense coup de la Providence pour Joachim alors cheminot aux chemins de fer.
Je l’ai connu en sa dernière année, 50 ans après la tragédie de sa vie.
Le malheur de sa jeunesse l’avait projeté dans les bras de Dieu, de son Père du Ciel.
Il avait jeté son fardeau sur les épaules du Christ et avait choisi son amour, dans un monastère.
C’est dans sa chambre d’infirmerie que je l’ai connu, pliant des petits papiers pour la fabrique du monastère.
C’était son travail solitaire au long des jours.
Il était presque sourd et je devais forcer la voix pour communiquer.
Et lui, parlait très doucement, très doux, très doux par des mots brefs. Sur la prière. C’est tout.
Cette voix était inattendue d’un homme qui manifestement, à son physique, avait été une force de la nature, au visage taillé dans du roc, souligné par des sourcils qui étaient de vrais buissons.
Il ne me disait rien de neuf, rien de compliqué.
Je repartais avec les cordes vocales un peu irritées d’avoir forcer la voix et l’âme totalement apaisée et jubilante de ce moment exceptionnel.
J’ai appris par la suite que frère Joachim avait eu un tempérament irritable à l’excès, avec des colères volcaniques et fréquentes.
Je n’aurais jamais pu l’imaginer ainsi, si on ne me l’avait pas rapporté.
L’Esprit du Seigneur ne l’avait fait que douceur.
Doux et humble de cœur, il avait trouvé le repos de son âme à des profondeurs lumineuses que je ne comprends toujours pas.
La veille de sa mort, auprès de son lit, où il agonisait, sans médicament aucun, d’une gangrène qui lui avait pris tout le côté droit, je lui demandais s’il souffrait…
Silence… et de sa voix encore plus discrète, dans un souffle il me répondit. :
« oh oui, je souffre, petit frère…. »
Silence de tous les deux.
Et puis, quelques secondes plus tard, ou quelques minutes, je ne sais pas, il ajouta :
« si tous les hommes pouvaient s’aimer »
Le Christ ressuscité a pris ce tout petit, contre son cœur, le lendemain.

HOMELIE TREIZIEME SEMAINE ORDINAIRE A

‘ Quidquid recipitur ad modum récipientis recipitur ‘…

En fait, tout est là… Dans cet axiome énoncé par Aristote. Jésus le traduit ainsi, en son langage imagé :

‘ De la façon dont vous recevez vous serez reçu. ‘ Si vous percevez le prophète dans celui que vous accueillez, vous serez accueilli vous aussi en votre dimension de prophète. Autre traduction : ‘ Vous êtes comme vous jugez ‘. Autrement dit : ‘ si vous voyez dans celui à qui vous ouvrez votre porte, ou simplement celui que vous croisez
dans la rue, un descendant des singes, vous êtes vous-mêmes pas loin du singe…’

Mais si à chaque fois que vous ouvrez votre porte vous attendez un ange, les anges vous
accueilleront dans leur louange de gloire, devant Dieu.

Autre exemple : ‘ si quand vous regardez une femme, même si elle a le short ras les fesses et le visage de la
Joconde, si vous la regardez comme un fruit désirable, vous serez jugé comme un fruit tombé
à terre. ‘ Votre jugement est habité d’un ver qui gâtera vos amours.

Autre exemple : ‘ si tu reconnais dans le pauvre son désir d’amour, tu seras reconnu en ce qu’il y a de plus
précieux en toi : la grâce qui attend l’amitié de Jésus.’

En fait, plus on se met à l’écoute de la vie intérieure, des profondeurs de la vie silencieuse de notre cœur, plus nous nous apercevons que nous sommes destinés à grand.

À un amour grand.

À un esprit grand qui peut recevoir et s’unir à l’infini. Notre vie est grande.

Mais notre vie est grande que si elle reçoit du grand. D’abord il faut recevoir. Ce qui n’est pas évident.

Notre monde nous apprend à tout fabriquer par nous-mêmes. L’ambition ultime !

Et surtout, suprême qualité (!… ) à tout critiquer de ce qu’on a reçu. En ce sens, nous sommes dans un monde adolescent qui ne se sort pas de ses crises. Orgueil que de vouloir être source.

Mes maîtres m’ont appris à d’abord recevoir.

Et ensuite à recevoir ce qui nous grandit.

Et pour recevoir il faut aimer et se donner à celui qui nous donne.

Vous voyez, frères et sœurs, tout le jeu, le jeu très riche de notre vie, que Dieu a voulu inscrire dans notre nature.

On peut le nier, on se diminuera.

Mais si on entre dans le jeu, on reçoit, on aime et on choisit son amour. Alors, on donne et on se donne.

Et la foi grandit à l’infini l’amour que l’on a choisi.

Quidquid recipitur ad modum recipientis recipitur… Voici quand même la traduction littérale :

 » Ce qui est reçu et reçu selon le mode de celui qui reçoit.  »

Si en ce que vous recevez vous voyez la main de Dieu, c’est selon le mode de la grâce que vous recevrez et vous grandirez à la dimension de l’amour de Dieu.

Si vous recevez Dieu selon un mode rétréci de votre cœur, on le critiquant ou en le mettant à l’épreuve, vous resterez sur votre frustration parce que vous resterez sur vous-même. Et Dieu s’éloignera.

Tout ce que l’on fait, tout ce que l’on pense, tout ce que l’on aime, nous appelle à nous élever dans la vie plus intense de Dieu.

Tout ce que l’on vit de délicieux ou d’amer, nous invite à accueillir notre vraie dimension qui se trouve dans la dimension de la Providence divine.

Quand Dieu aura changé notre regard, alors le trésor de Dieu sera en nous et pour nous.

Mais recevoir le regard de Dieu c’est d’avoir tout perdu de notre regard…

SOLENNITE DE SAINTS PIERRE ET PAUL

Chacun sa mission.

Pour Marie, être Mère de Dieu, la plus noble mission parmi les bienheureux.

Pour Étienne, ce fut de témoigner devant ceux qui lui jetaient des pierres, que le Fils de
l’homme était ressuscité et à la droite de Dieu. Et puis de mourir devant Saul qui deviendra Paul, le grand Saint-Paul. Chacun sa mission.

Pour Mathieu et Jean, elle fut de transmettre par un évangile éternel la Parole éternelle du Père. Pour Luc, transmettre l’évangile de Paul.

Pour Marc, de transmettre l’évangile de Pierre.

Pour Simon de Cyrène de porter la croix du Christ.

Les prophètes, les voix de Dieu. Jean-Baptiste, La voix.

Pour Marie Madeleine, de porter le cœur du Christ miséricordieux en son cœur brûlant.

Et puis il y aura la mission de tous les saints qui suivront et qui seront enfants de l’Église. Les grands et les petits saints.

Des Jean-Paul II, des Léon Le Grand, ou le Saint frère Mutien Marie, frère des écoles chrétiennes qui se sanctifia en tant que pion, toute sa vie surveillant la cour de
récréation, ou Saint-Benoît Labre, le Saint mendiant qui pria au long des routes et en toute les églises de ses chemins. Qui pria, pria, pria… Chacun sa mission.

Mais la mission de Simon Pierre – « sur cette pierre je bâtirai mon Église… » « paie mes brebis… » « ce que tu lieras sur terre sera lié au Ciel, ce que tu déliras sera délié dans les cieux. » – …

quand on sait que chaque mot de l’Évangile est inspiré, ces paroles pèsent lourd pour la mission de l’apôtre Pierre.

Jean Saint-Jean, ne ménage pas Pierre dans son Évangile, il le montre homme avec des réactions faillibles, avec des jugements qui dérapent, avec la faillite de sa trahison.

Mais Saint-Jean décrit clairement la place particulière et première que Jésus a donné à Simon Pierre.

L’autorité qui fut donné aux apôtres, très étendue de fonder des églises, (on peut joindre Paul au groupe des 12, moins un, puis plus un avec Matthias. Paul lui-même se
nomme ‘apôtre des nations, l’avorton dernier né’) leur autorité, c’est le pouvoir de gouverner, de fonder, de créer et de diriger des communautés et de préserver l’unité de
leur églises.

Mais le pouvoir de Pierre, créé pape, premier, par la parole de Jésus, c’est celui du premier et seul Pasteur qui a autorité de régir tout l’Église. Pierre et le centre visible de l’unité de l’Église universelle. De sa coordination.

Les apôtres exécutent, Pierre décide. Pierre possède seul le pouvoir personnel de régir l’Église universelle. Pouvoir qu’il peut transmettre à ses successeurs.

Cela veut dire que n’importe quel pape légitime est supérieur, par l’autorité de décider, à l’apôtre Jean par exemple. Je ne parle pas d’une supériorité de sainteté.

Pierre est le seul vicaire du Christ, de façon immédiate, c’est-à-dire dépositaire du pouvoir suprême de décider pour l’Église.

Il est vrai que Paul va reprendre Pierre devant tout le monde, mais ce ne sera pas sur un point de foi où Pierre reste infaillible.

Il le reprend sur une application pratique de la foi et de la charité. Tous les autres apôtres, les évêques, les prêtres, et les fidèles engagés dans l’Église n’ont qu’un pouvoir délégué dont Pierre est le premier dépositaire.

À partir de Pierre, nous pouvons dessiner l’Église.

Parce que c’est Pierre, comme un père, qui a le pouvoir d’énoncer les vérités, d’ordonner les règles et la structure de l’Église.

Et c’est Pierre, comme une mère, qui assure la présence du Christ par la protection des sacrements et par la hiérarchie de l’Église.

Saint-Pierre et tous les papes doivent favoriser et unifier le rôle maternel de l’Église qui distribue dans les sacrements la vie surnaturelle et éternelle qui nourrit la famille chrétienne.

Donc vous voyez, frères et sœurs, il y a un merveilleux développement de notre Église.

Tout d’abord, notre Église, et je dirais notre Église catholique, dans sa plénitude naît et s’organise et devient féconde à partir d’une seule personne : Jésus-Christ.

Je ne parle pas simplement des tous premiers temps de l’Église, je parle de l’Église d’aujourd’hui.

Jésus-Christ, seul unique et Bon Pasteur, et homme-Dieu ressuscité. Tout vient de Lui et tout est pour Lui.

Ce Jésus-Christ a donné de toute évidence le pouvoir d’exprimer ses intentions par Saint-Pierre d’abord et tous ses successeurs les papes.

C’est ainsi que la voulu Jésus-Christ de façon très claire. Église répand sa lumière à partir de sa tête, de là sur le reste du corps.

Et le reste du corps ce sont d’abord les apôtres, les évêques, investi du pouvoir que leur donne le souverain pontife.

Et ensuite à tous les fidèles qui vivent dans la charité et la foi garantie par Saint-Pierre. Pourquoi Dieu a-t-il dessiné son Église ainsi ?
D’abord, je constate que c’est la meilleure façon d’éviter le grand n’importe quoi.

Un monde dirigé par tout le monde et un monde qui n’avance pas et c’est un monde qui sacrifie non pas à la vérité mais à la satisfaction de chacun.

La satisfaction de chacun et l’amour de Dieu (la charité) ne sont pas compatibles.

Quand il n’y en a pas ‘ un ‘ qui lie et délie la vérité jusques dans la conduite morale, on tombe très vite sous un pouvoir manipulateur des plus malins et donc… du Malin.

Si un seul, recevant le pouvoir spirituel ne peut pas directement, pour ce qui concerne Dieu pour le bien spirituel des âmes, et par ricochet en ce qui concerne l’Histoire temporelle, la politique, la morale, la société, affirmer des principes inviolables, alors c’est la lutte frontale et la confusion de tous les domaines dans le brouhaha des passions déviées de chacun, surtout de ceux qui crient et font bloc entre eux.

Alors, les plus forts, les plus bruyants, mais non pas les plus vrais, s’imposent.

L’Eglise est assistée du Saint-Esprit dans ses lois comme dans sa doctrine, dans l’ordre moral comme dans l’ordre de la foi.

Son infaillibilité, qui n’empêche pas pour certaines décisions disciplinaires universelles, de comporter des maladresses au niveau de la prudence par exemple, son infaillibilité que garantit Pierre oriente toujours, sans exception, vers le bien le peuple de Dieu.

Le Saint-Esprit, l’Esprit de Jésus agit dans la vérité universelle et dans les lois qui touchent aux choses de la foi et des mœurs.

Quand le Pape dit que l’avortement est un péché grave, ce n’est pas une opinion, c’est une vérité qui touche à l’homme et à Dieu.

Rien ni personne ne peut avoir pouvoir de contradiction sinon en s’obstinant dans le mal et dans la surdité. « Celui qui vous écoute, m’écoute. Ce que tu vas lier sur terre sera lié dans le Ciel. »
Jamais l’Église, c’est-à-dire Pierre, c’est-à-dire notre Pape, ne peut définir qu’un acte honnête soit un péché, ni qu’un acte immoral soit bon.

C’est cela l’infaillibilité de notre Pape dans ce qui intéresse les mœurs chrétiennes.

Frères et sœurs, nous sommes dans la Rolls-Royce de la splendeur de la Vérité qui se trouve dans l’Église, et qui se trouve garantie par Saint Pierre et ses successeurs.

Nous devons tous les jours louer Dieu d’avoir aussi bien dessiner notre chemin, et fonder notre Espérance.

Car notre âme peut être en paix par les quelques mots de Jésus à Pierre.

Et c’est peut-être ce signe que nous devons reprendre chaque jour en rentrant dans cette église. Église Saint-Pierre de Salernes…
‘ Saint-Pierre, affermis notre foi.’

’ Rends nous toujours plus lumineux de l’obéissance à l’Eglise catholique représentée par Saint Pierre.’

Apaise notre cœur dans la vérité qui nous appelle à la véritable charité et à la sainteté.