DEUXIEME DIMANCHE DE L’AVENT 2023

Qu’est ce que nous demande notre foi, frères et sœurs ?
Quand on est chrétien et qu’on essaye de vivre ce que demande l’évangile…?
On pourrait dire, notre foi nous demande de devenir meilleur. Autrement dit de nous convertir.
D’avancer dans le sens du bien.
Dans le sens de Dieu de préférence.
C’est déjà pas mal ….
Mais il y a un deuxième proposition de notre religion. Plus essentielle.
Qui engage notre cœur non pas dans ce que nous avons à faire, mais dans ce que nous devons être.
Et qu’est-ce que nous devons être ?
Nous devons être amour. Ami de Dieu qui nous fait participer à sa divinité.
Et amour de notre prochain qui nous fait lui donner Dieu.
Est-ce que nous avons tout dit en disant cela ? « je dois me convertir »
« Je dois aimer Dieu de tout mon cœur.
Et mon prochain comme moi-même. »
Et c’est là que notre ami saint Jean-Baptiste nous offre une solution qui va plus loin. Plus essentielle.
« Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi;
(…) moi je vous ai baptisés avec de l’eau ;
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint »
Jean-Baptiste nous ouvre à la vraie et définitive religion.
Il a compris, lui, le dernier des prophètes de l’Ancien Testament, qu’il était dans une voie de garage.
C’est la gloire de Jean Baptiste. Son humilité et sa clairvoyance.
Il nous dit qu’il fait une chose, mais qu’il y a bien mieux.
Et que ce ‘bien mieux’ c’est Jésus qui peut le donner
Et il ne faut pas s’illusionner, le discernement de ce dernier des prophètes, reste à chacun de nous extrêmement difficile.
Mine de rien, nous nous arrêtons presque tous au Jean Baptiste avant qu’il ne rencontre Jésus.

Notre foi, notre religion, dépend maintenant du baptême du Christ, et non plus du baptême de Jean.
Et c’est très dur de ne pas se tromper.
On prend le chemin de Jean en ne voyant pas que Jésus veut nous donner du meilleur.
Notre religion est sur-naturelle. Au dessus de la nature.
Voilà la clé suprême de notre foi.
Cela veut dire que la solution du bonheur ne vient pas de ce monde.
Et c’est justement ce que Jean Baptiste va nous dire :
«je suis une petite souris à côté de la montagne de joie qu’apporte Jésus. » Sur-naturelle…. cela veut dire que notre foi n’est pas de l’homme, ni du monde, ni de la civilisation, ni de la culture.
Elle est de Dieu.
Et donc elle plus haute que tout. Elle vient de plus haut que tout.
Et elle nous demande de nous accrocher à la Lumière éternelle.
Non ! pas de nous accrocher ! mais de nous laisser saisir sous le regard de Dieu.
Se laisser transformer par l’Esprit Saint.
Supplier de perdre notre cœur dans la main de Dieu.
Pour que Dieu nous redonne un cœur qui transforme notre monde.
Et c’est exactement cela, le baptême dans l’Esprit Saint, annoncé par Jean et réalisé par Jésus .
C’est : « nous serons efficaces pour la transformation du monde, et de nous-mêmes, à partir du moment où nous aurons oublié le monde, et nous-même, dans l’abandon à la grâce de Dieu. »
Parce que notre unité et notre lumière viennent d’en-Haut et doivent être accueillies d’en-Haut.
Et pourquoi accueillir les grâces de Dieu ‘d‘en-Haut’ ?
Pas pour se les approprier, qu’en ferions-nous ?
Mais pour entrer nous-même dans le grand fleuve du plan de Dieu.
C’est très difficile d’entrer dans le fleuve de Dieu….
On préfère tirer le monde à bout de bras, ou bien réaliser des efforts surhumains de transformation du monde et de nous-même.
Mais pas de se laisser saisir… !!!
Parce que se laisser saisir annoncerait la transcendance de Dieu.
Et la mort de notre amour-propre.
Cela annonce qu’on reconnaît Dieu vainqueur de tout, du monde et de nous-même, et que l’Esprit d’intelligence nous souffle qu’il s’agit uniquement de reconnaître que nous sommes destinés à une autre vie.

Laquelle ? Mais nous n’en savons rien. Elle sera belle.
Nous savons simplement que cette vie qui se déploie en cet instant, prend racine dans l’éternité.
Et que l’inspiration évangélique, pas nous, mais par nous, emporte le monde vers son assomption à travers toutes ses destructions.
C’est cela notre espérance : que tout est gagné.
Notre vie n’est pas, frères et sœurs, dans un résultat humain à portée d’homme. Elle est dans l’avènement d’une lumière que nous avons reçue à l’heure de notre baptême.
Nous devons passer notre vie, non pas à vouloir faire des tas de choses pour Dieu, mais bien plus à recevoir de Dieu.
A écouter Dieu dans le silence de la prière.
« Plus l’homme se dégage de ce monde et s’attache à la crainte de Dieu, plus le rejoint la Providence divine; Il sent secrètement son secours et des pensées pures lui sont données pour comprendre ». [Isaac le Syrien – discours ascétiques 25]
Et c’est pour cela que la Venue du Messie n’avait pas besoin de tambour ni de trompette.
Jésus le Christ est venu simplement en petit bébé parmi nous, parce que dans un petit bébé peut passer une vie qui est océan. La Gloire du Seigneur.
Et à chacune de nos communions nous laissons passer une autre vie qui est la Gloire de Dieu.

IMMACULEE CONCEPTION 2023

 » où es-tu donc, Adam ? »
L’homme répondit :
 » j’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché « .
Je me suis caché… J’ai pris peur…
On est là au cœur, plutôt dans le nœud le plus profond de l’homme et de la femme qui rejoint sa psychologie, ses passions, son corps et son âme, qui rejoint aussi la racine de la morale, de sa responsabilité et de ce qui lui échappe du mystère de sa nature abîmée.
Pourquoi se cacher ?
Parce qu’il y a une peur.
Une double peur, en fait.
La peur de son corps.
Nu. Dévoilé.
Et la peur de celui qui rejoint le corps et le cœur. La première peur est légitime.
L’homme frémit de se reconnaître fragile.
Mais elle est légitime uniquement après la faute.
La deuxième peur, elle est totalement illégitime.
Elle renverse la vie de l’homme dans la mort de l’homme.
Pourquoi craindre Celui qui donne toute bonté ?
Parce que l’homme est devenu aveugle.
Ou plutôt il est devenu celui qui se regarde.
Il est devenu celui qui juge d’après lui-même, d’après sa fragilité.
Et d’après l’élément déclencheur de sa conscience déchirée : sa faute.
Le jugement de l’homme part de lui-même, d’un terrain défoncé, après le péché originel.
C’est incroyable comme ce texte de la Genèse est riche de la beauté et de la laideur de l’homme.
Incroyable sa finesse.. sa profondeur..
Incroyable sa vérité sur le mensonge.
L’homme… ridicule. Devenu ridicule.
La perle de Dieu, de la création de Dieu, cassée et souillée. L’homme qui se cache de son Créateur derrière un arbre. Et en fin de compte l’homme qui se cache de sa vérité.

L’homme n’est plus capable de porter sa vérité, ni dans son corps ni dans son âme.

Je suis nu…
Et alors ?
Ça veut dire que l’homme ne peut plus se regarder lui-même. Il a peur de la beauté de son corps.
Parce que son âme n’est plus belle.
La vitre de son âme est devenue déformante.
Elle est devenue miroir déformant.
Et dans ce cas-là pour ne pas s’autodétruire, quand on se trouve trop laid dans son miroir déformant, il y a la solution de tourner le miroir sur l’autre.
C’est la faute de l’autre.
Pour l’homme de la femme pour la femme du serpent.
Quant au serpent, lui, il assume…. C’est lui qui a commencé !
On pourrait se dire :
Mais c’est la naissance de la pudeur.
Et la pudeur, c’est une qualité…
C’est une qualité en effet qui permet la survie dans le mensonge.
La pudeur et le dernier rempart de lutte pour la vérité.
Au-delà de la pudeur, dans l’impudicité, dans la pornographie, dans le corps exposé sans limite et considéré comme matière à jouissance, il y a le naufrage dans le mensonge.
La noyade du corps et de l’âme.
Le rêve mensongé des nudistes et des prostituées. Et des dépravés toutes catégories confondues.
Si l’on veut nier la beauté de la Création, et la bonté du Créateur, on en arrive inévitablement à une impudicité.
Car le corps nu ne s’accepte que dans l’amour.
S’il n’y a pas l’amour il y a une sorte de vengeance contre le corps en l’exposant. Non seulement l’exposant mais en retournant l’adoration du Créateur en idolâtrie de la chair. Vengeance contre le Créateur.
Les impudiques sont des idolâtres de la chair.
Des inconscients aussi de la pureté sublime à laquelle notre âme est appelée.
Bref, la solution à la peur peut virer à la lâcheté de la dégénérescence. L’impudique est un lâche qui choisit la déchéance plutôt que la lutte qui lui apparaît sans issue.
Notre monde penche en cette période de l’Histoire vers la déchéance, signe de lâcheté, de découragement devant la lutte fondamentale pour la vie et pour la beauté. C’est tellement clair devant les revendications de la culture de mort.

Quand on ne peut plus lutter contre l’adversaire.
Quand on ne veut plus lutter contre l’adversaire, on se donne à lui, corps et âme, pour la mort.
Suprême lâcheté…
Adam, au moins, se cache derrière l’arbre.
Ridicule, mais c’est un geste de protection.
La femme se cache derrière le serpent.
Ridicule, mais encore elle réagit, et elle dit vrai.
Elle reconnaît s’être trompée. Ou disons avoir été trompée ! Caïn tuera son frère, parce que celui-ci lui fait honte.
Parce que son frère lui montre son insuffisance. Mais encore, il réagit, en donnant la mort.
Notre monde, lui, maintenant, rampe avec le serpent.
Il n’accuse pas le serpent, il collabore avec lui.
Et suprême dégénérescence, il accuse celui qui est Vérité contre celui qui est mensonge.
On marche sur la tête.
Ou plutôt on ne marche plus du tout parce qu’on a plus de tête. Et on rampe.
Adam pose la pudeur au milieu du trouble et du mensonge.
 » Comment cela se fera t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » Marie pose la pudeur au milieu de la chasteté et de la pureté.
 » ne crains pas, Marie « ….
L’ange n’évoque pas à Marie la crainte d’un châtiment. Bien sûr L’ange veut rassurer Marie de la crainte de sa fragilité.
C’est le Don de crainte.
Il ne s’agit plus de péché ou de la honte.
Il s’agit tout simplement de la crainte que Eve aurait dû avoir ‘ avant ‘ de saisir le fruit.
Ève n’a pas eu la crainte de sa fragilité… avant.
Après, c’était trop tard.
Nous sommes tous, ‘ après ‘.
Une seule pas été et reste, ‘ avant ‘.
Marie est toujours restée ‘ avant ‘..
Avant la faute.
Dans toutes ses interventions dans l’évangile, Marie reste ‘ avant ‘.
Elle ne saisit pas, elle accueille le jugement de Dieu.
Elle suggère… comme à Cana.
Elle expose sa crainte… comme quand elle retrouve Jésus au Temple.

Elle accompagne… jusqu’à la Croix.
Toujours fragile.
Mais toujours soutenue dans la force de l’Esprit Saint.
On a peur du mal quand on se retourne sur soi.
Lorsque l’amour nous détache de nous-mêmes, il bannit la crainte.
Il bannit la crainte de l’autre et il bannit la crainte de soi, parce qu’il ne regarde que celui qui donne.
Évidemment, il ne s’agit pas alors de se tromper sur celui qui donne.
Quand Marie accueille l’ange et qu’elle entend :
 » Comblée de grâce  »
Elle ne se retourne pas sur elle.
Sinon elle n’aurait pas été bouleversée, elle aurait été flattée et elle aurait été toute contente.
Or Marie est bouleversée.
Parce que Marie sait que :  » comblée de grâce », c’est la promesse d’un projet. D’un projet divin.
Elle se demande quelle est la signification de ce projet.
C’est clairement dit.
Aucun retournement sur elle-même.
Et lorsqu’elle entend l’exposé de ce projet :
 » comment cela va-t-il se faire ?  »
Ce n’est toujours pas un retournement sur elle-même.
Elle cherche tout simplement à réaliser le mieux possible ce qui lui est demandé. Et tout ce que proposera Dieu la trouvera disposée.
L’Immaculée Conception, c’est ‘avant’ …. de se retourner sur soi. C’est ‘avant’… la pudeur d’après la faute.
Marie a la pudeur de la chasteté d’avant la faute.
Sublime approche de Dieu d’une personne renouvelée dans la virginité.
Pour Marie, la virginité n’est pas à retrouver, comme pour toute jeune fille depuis Eve.
Pour Marie, elle est à déployer…
C’est un ange qui approche la Vierge Marie.
Un ange ne risque pas de provoquer chez elle un mouvement d’amour propre ou de passion.
On n’a pas de passion pour un Ange.
Et on n’a pas à avoir de pudeur devant un ange parce que le désir d’un ange c’est le message de Dieu pour nous. Totalement pur.
Dieu a épargné la Vierge Marie de toute confusion entre l’exercice des passions et sa maternité.
La maternité de Marie est pure de tout mélange, souvent difficile, des passions, des sentiments, de l’amour propre, des réactions du corps.

Immaculée Conception.
Marie ne s’est jamais regardée.
… Ni avant sa maternité, pendant la rencontre avec l’ange.
Maternité virginale.
… Ni pour la venue de Jésus en ce monde.
En fait, jamais !
Marie est Vierge, à chaque seconde du temps de sa vie.
Vierge de corps et d’âme.
Cela veut dire – car il ne peut pas en être autrement – qu’elle était dans un élan d’amour sans faille, toujours plus intense, d’âme et de corps.
Jusqu’à son Assomption.
Pendant toute sa vie elle s’est donnée, à l’Esprit Saint ;
Elle a accueilli l’Esprit Saint qui se trouvait dans son fils. Dans le Fils de Dieu. Et à la fin de sa vie, Dieu a accueilli ce don.
Simplement, pendant sa vie parmi nous, l’Esprit Saint a pris Marie sous son ombre.
Et elle ne quitta jamais son ombre.
À la fin de sa vie, parmi nous, rien ne changea pour Marie.
Simplement de l’ombre de l’Esprit Saint qui la protégeait de sa fragilité, elle est passée à la lumière de l’Esprit Saint,
dans un éternel Fiat émerveillé.

PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT 2023

Quelque part, Léon Bloy, étonnant prophète du siècle dernier, on peut même dire ‘détonnant prophète…’, écrivait :
« Dieu à créé l’homme à sa ressemblance pour que nous fissions ce qu’il a fait lui même.
Il a pris notre nature afin de mourir pour nous.
Nous devons prendre la sienne – la nature divine – afin de donner notre vie pour lui, ce qui est notre devoir strict, absolu. Or, tout le monde aujourd’hui s’y refuse…  »
C’est vrai, mais je changerais sa formule : «Dieu a pris notre nature afin de vivre avec nous. Nous devons prendre la sienne afin de vivre avec lui».
Veillez… Veillez…!
Plusieurs fois dans l’Évangile, Jésus nous demande de veiller.. D’avoir de l’huile dans notre lampe…
D’attendre le retour d’un roi, d’un maître..
« Veillez pour ne pas entrer en tentation ».
Mais, frères et sœurs, si on doit veiller, c’est que quelque part en nous il y a un désir qui s’est réveillé.
On ne veille pas pour quelque chose qu’on ne connaît pas…
Et ça change toute notre conception de la foi, de la religion.
Où est ce désir premier ?
Notre monde cherche à construire de nouvelles inventions, à trouver des plans de croissance nouveaux.
Mais quand on veille, c’est qu’on attend un bonheur auquel on a déjà goûté. Notre foi n’est pas fabriquer quelque chose.
Elle est de révéler ce que notre cœur contient de meilleur. Et qui reste enfoui.
Quand on plante une petite graine de tomate, nous n’avons pas à fabriquer sa croissance.
Le plus réjouissant n’est pas de disséquer la graine.
C’est quand apparaît les deux premières feuilles, qu’on découvre l’âme de la petite tomate et sa force de vie.
On connait le goût de la tomate.
Mais pour le jardinier il y a une joie plus grande encore à suivre la vie cachée de la graine qui se développe.
D’observer la force de vie qui monte du secret de la terre.
Il en est ainsi à chaque grâce nouvelle de Dieu.
A chaque grâce , on goûte sa nouvelle présence qui grandit secrètement.

Notre désir alors reprend son souffle pour veiller plus loin encore.
Le mouvement de la foi, enveloppée de charité, plonge toujours plus profondément dans le secret de la vie de la petite graine d’une grâce divine.
Ce que je veux dire, c’est que Dieu prend toujours le chemin de la petite graine plantée et cachée pour surprendre de sa vie.
Dieu ne joue pas sur l’originalité.
Et Noël sera ainsi.
Dans l’éblouissement d’une vie nouvelle, qui ouvre la nature à son bonheur.
Et cet éblouissement, nous pouvons le vivre chaque matin au réveil.
Si nous écoutons notre cœur.
Qu’est ce que veiller ?
N’est-ce pas simplement offrir notre cœur à être purifié par la lumière de Dieu ?
En demandant à Dieu qu’il nous mène dans un chemin de simplification.
Notre monde adore se compliquer la vie, multiplier les complications pour vivre plus facilement…
Notre âme dans sa nature la plus profonde désire un seul mouvement.
L’union avec un amour.
Et l’amour premier s’appelle Dieu.
Notre âme n’aura de cesse de se reposer dans le fond de sa nature.
Et ne pas veiller, autrement dit se disperser dans nos préoccupations volontaires ou pas, c’est irriter le désir fondateur de notre âme.
Et se rendre malade.
En fait …
Nous avons une structure qui s’appelle notre nature.
Cette structure est orientée vers Dieu.
Le mouvement qui jaillit de notre nature, c’est d’être un avec Dieu. De voir Dieu. Et c’est cela notre joie.
Simplement, découvrir l’appétit de notre âme vers Dieu…
L’unique destination de notre cœur.
L’apaisement final de notre âme, c’est de voir Dieu dans son essence divine. Tout ce qui est au delà ne peut pas procurer de repos et de paix définitive. Dans un autre sens, tout ce qui nous en éloigne sera frustration, démangeaison et semence de maladie.
Quand on pense, chers frères et sœurs, à tout ce que nous allons faire ou écouter ou dire jusqu’à la fin de la journée et qui nous détourne du mouvement de notre âme vers Dieu…
Ces paroles inutiles et qui nous brûlent les lèvres, ces petits plaisirs dont on a trop l’habitude et qui nous ligotent, ces curiosités de tout et de rien, ces attachements qui réduisent notre vie à des problèmes.

Je ne parle pas même des péchés avérés qui réclament pardon…
Tout ça, perte de temps au minimum, tristesse de fond, semence de maladie. Parce que non conforme au désir premier, naturel, de notre âme.
Il y a au fond de nous cet attirance irrésistible pour ce qui est vierge, de la pureté de l’enfance, parce que cela rejoint l’essence de notre âme.
Il n’est pas étonnant que dans notre monde qui pollue le silence et la pureté, la simplicité et la pauvreté, il y ait des conversions de cœur merveilleuses.
Des jeunes et des moins jeunes qui ouvrent leur âme à la tendresse de Dieu. Parce que plus on s’éloigne des fondamentaux de notre nature, plus la faim de Dieu se creuse.
Même si elle n’est pas consciente.
Et quand une petite brèche, toute petite, s’entrouve, la grâce entre comme un torrent de lumière dans le cœur qui reconnaît alors son bonheur.
Et ensuite, il reste, toute sa vie, à entretenir ce désir vers cette lumière bienfaisante à nos âmes.
Veillez dans une prière de plus en plus simple. ‘Priez sans cesse’, dit saint Paul.

CHRIST ROI 2023

Pauvreté et royauté
« Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées.
Que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers.
(…)
Je gravis les cieux : tu es là ;
je descends chez les morts : te voici. Je prends les ailes de l’aurore
et me pose au-delà des mers :
même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit. »
C’est le magnifique psaume 138 …
Ça paraît bizarre de s’accrocher à ce mot ‘ royauté’, alors qu’il est si fragile Un roi c’est fragile.
Un roi a les défauts du commun des mortels.
Et puis un roi, ça peut tomber.
Un roi c’est mortel. Ça sonne très ‘politique’.
Pourquoi est-ce que je viens de lire le psaume 138 ?
Parce que, quand Jésus parle de roi, il ne pense pas à Versailles, il ne pense pas non plus à Louis XV ou à Louis XVI. Mais il pense au psaume 138.
Ce qui fait l’essence d’un roi c’est sa présence, dans le grand et dans l’intime. Présence dans le temps et dans l’espace.
Présence dans la structure de la société, dans les lois.
Présence dans toutes les relations sociales.
Présence aussi dans les cœurs, dans une sorte d’affectif collectif. Comme l’était le Roi David.
Présence aussi sur le chemin de Dieu. pourquoi ?
Parce que le roi est délégué de Dieu, pour les affaires de la terre.
Et c’est parce que le Roi est présent qu’il peut juger au cœur des réalités.
« Tu me scrutes et tu sais.
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève. De très loin tu connais mes pensées. »

Voilà la royauté. Mais une Royauté qui monte de notre cœur plutôt qu’elle ne s’impose de l’extérieur. C’est cette royauté que le Christ revendique, comme Bon Berger.
Alors, pourquoi les bénis du Père sont étonnés de ne pas avoir reconnu le Christ dans les petits, les pauvres, les prisonniers, les derniers…?
Parce que le Christ il est partout.
Ou pluôt, non, pas partout…
Le Christ est très proche de toute réalité qui engage une certaine qualité de cœur.
Cela veut dire qu’à partir du moment où l’on plonge au cœur de la réalité, nous ouvrons la porte au Christ et à sa grâce.
Le Christ est tout près.
La lumière de Dieu qui est dans le Christ est présente au cœur de cette réalité.
Mais alors… Rien de plus simple, on pourrait se dire… Pas besoin de s’en faire.
Si je m’engage, quoi qu’il arrive, je serai béni… ?
Je rencontrerais de toute façon le Christ ?
Je pourrais dire presque, ‘oui’.
Si j’atteins le cœur de la réalité.
Car si je suis à la surface, la présence du Christ Roi n’existe pas.
Toute réalité profonde unit au Christ.
Mais il est difficile de toucher la profondeur des réalités.
Comment savoir si je vis la réalité profonde ?
Il y a un indicateur assez fiable. Et un signe qui le laisse soupçonner.
L’indicateur, c’est la pauvreté.
La pauvreté attire dans les profondeurs.
Elle donne une qualité d’écoute qui manifeste une qualité de l’amour.
Et le signe qui garantit cette qualité, c’est le temps que je passe à la prière, à côtoyer ma pauvreté.
Le temps que je passe à la prière, en Église.
Si je ne prie pas, je ne serais pas de niveau avec les malades, les prisonniers, les affamé. Je ne rencontrerais pas le Christ.
Je n’aurais pas le niveau de compassion avec les détresses.
Mon regard ne sera pas de charité, porteur du regard de Dieu.
Mais si je prie, c’est-à-dire si je mets de l’huile dans ma lampe, je peux atteindre avec la grâce, toute réalité au cœur de cette réalité, et donc au point de rencontre du roi.
On n’a pas alors à se poser la question si le petit que l’on rencontre cache ou ne

cache pas le Christ.
Inévitablement, nous le reconnaîtrons. Le Pauvre et le Roi. Le Christ souffrant et le Ressuscité.
La rencontre du Christ qui me sauve se trouve dans la profondeur de mon regard, et cette qualité de regard c’est le Christ qui me la donne dans la prière et dans la foi.
C’est la qualité du regard du Bon Larron : « souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » « Aujourd’hui même tu seras avec moi, au Paradis »
Mais il est vrai aussi qu’il y a une qualité de relation humaine, une tendresse compatissante, une fidélité sincère, une générosité élégante qui sont chemin immédiat de la rencontre du Christ, juste avant que celui-ci donne sa grâce et sa lumière.
Il y a une pureté naturelle qui favorise la prière. Cette pureté naturelle c’est la bonne terre du chemin.
Un cœur pur, qui communie à une pauvreté, volontairement ou malgré lui, reconnaîtra d’instinct le Bon Pasteur.
La grâce rejoint sa pauvreté.
Et le Bon Pasteur, quand il est Dieu, il est Roi.
Un cœur pur qui se donne au Bon Pasteur découvre le Roi d’infinie Bonté.

TRENTE TROISIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

La femme parfaite
La perfection d’une femme…
En fait, ce n’est pas ma faute… Je lis la Bible. Simplement.
Et la Bible est la Parole inspirée.
Inspirée par l’Esprit-Saint.
Il est vrai que je préfère la lumière de l’Esprit-Saint au dernier article de ‘Femme actuelle’.
La femme parfaite…
Jésus parle de perfection dans l’évangile selon saint Matthieu :
 » soyez parfait comme votre Père céleste est parfait »
Pour un homme, c’est déjà pas évident. Pour une femme, non plus : être parfaite comme le Père…!
Je vais essayer de me couler dans l’Église, puisqu’elle est épouse, épouse du Christ, et en tant qu’épouse elle doit bien comprendre quelque chose au mystère féminin..
Tout d’abord, quand Jésus parle, il ne parle qu’en dehors du péché originel (rappelez-vous… La cueillette du fruit savoureux et le serpent pas très loin…)
Et ce nous ai difficile d’accueillir sa Parole en pureté de cœur, parce que nous sommes plus ou moins éblouis par nos idoles que sont le pouvoir, l’intérêt pour soi, le sexe, et celles plus récentes que sont la liberté, l’épanouissement personnel, le confort, tout ces enfants du premier péché d’Eve… et d’Adam.
La perfection ne se prend pas à partir de soi, elle doit se dessiner à partir d’une source.
Tout être, l’homme aussi, la femme aussi, trouve son bonheur et donc sa perfection dans un projet plus grand qui lui est proposé.
Quand on parle de beauté, on doit toujours se demander : ‘à quel projet m’invite cette beauté ?’
Si cette beauté part du corps pour m’inviter au plaisir des passions il ne faudra pas pleurer que ça n’aille pas plus loin. Courte vue décevante.
Ça ne veut pas dire qu’il faut inévitablement se défier de toute beauté.
Certaines peuvent tracer une chemin de grâce, un chemin sacré d’amitié et d’union.
Je parle du corps, mais, mesdames, vous avez d’autres talents à faire fructifier… Talents multiples des profondeurs de la nature…
Parce que la perfection se définit d’abord par une harmonie avec la nature qui nous est donnée.
C’est bien le piège pour une femme ou un homme de croire qu’il trouver sa perfection en dehors de sa nature, et se suffire à soi-même.
Un peu de bon sens permet d’admettre la nécessité d’être complété.

Je serai bien avec moi-même si je respecte ma nature.
Vous voyez, frères et sœurs, que cette condition – être en coïncidence avec ma nature – évite des wagons d’illusions et de conflits désastreux.
Si je vis pour moi, je ne suis pas en coïncidence avec ma nature.
Et je roule au malheur (mon malheur et celui des autres) parce que ma nature est faite pour donner du bonheur, pour que je me donne.
Et c’est bien ce que dit le livre des Proverbes pour la femme.
Une femme est faite par nature pour se donner, à son mari, à ses enfants, aux indigents et aux malheureux.
Faite pour réjouir d’un amour donné, autrement dit d’un amour sacrifié, ses proches d’abord et ses moins proches.
L’homme aussi, d’ailleurs….
Sauf que la femme par le don inscrit dans sa nature féminine est inspiratrice et révélatrice du don de l’homme.
Vous allez me dire :
« c’est là que le bas blesse…
C’est qu’on ne sait plus trop quels sont les ‘talents féminins’ dans un monde perturbé de la tête et dont les propositions sont teintées de péché, d’égoïsme, d’orgueil, et d’amour propre. »
Où est la nature de la femme et où est la nature de l’homme ? Y a t il une frontière ?
Une femme parfaite peut être une perle…
Est ce qu’un homme parfait peut être une perle ?
Quand on entend les jeunes fiancés on pourrait le croire, mais il ne faut pas écouter les jeunes fiancés.
Ils peuvent avoir tout, toute beauté et séduction, mais pas la sagesse !
La nature de l’homme et la nature de la femme, une seule nature, sont natures complémentaires.
Si on compare, si on tente de trouver à tout prix des égalités mimétiques on va directement dans des divisions cruelles et des déceptions.
Un père qui fait téter un bébé, une mère qui n’est jamais au foyer pour accueillir ses enfants qui rentrent de l’école, une femme qui adopte de manière voulue ou pas, un mode masculin d’affectif ou de sexualité (avec dérèglement de ses hormones et de sa maternité) s’éloignent inévitablement de la perfection de sa nature.
Il y a des myriades de nuances complémentaires dans le rapport femme-homme.
Et l’on voudrait régler cette harmonie, qui est le désir le plus profond et le plus intense à chacun de nos corps…
On voudrait la régler à coup d’idéologies et d’égalités sociales !
Pire… de lois nocives et meurtrières.

Comment distinguer notre droite de notre gauche, notre féminin du masculin…
C’est là que l’Esprit-Saint intervient.
La nature ne suffit plus pour faire d’une femme une femme et d’un homme un homme. Le livre des Proverbes donne avec génie, génie divin, la solution.
Au delà du charme trompeur qui égare jusqu’au jugement, comment retrouver chacun sa place ?
Voici la solution ultime, celle qui vise le cœur.
« seule, la femme qui craint le Seigneur mérite louange… »
Pourquoi ?
Parce que la femme ne retrouvera sa nature que si elle accède à sa nature par la grâce de Dieu.
Aucun autre chemin ne pourra lui indiquer sa perfection tant dans sa vie de couple, sa vie amoureuse, que sa vie intime, que sa vie de famille, et pourquoi pas professionnelle. La nature de la femme rejoindra la nature de l’homme par une unité qui vient de la grâce. Et qui doit trouver sa plénitude une communion réciproque.
Alors, elle se retrouvera belle, vraie, et plus équilibrée (malgré son mystère de complexité…)
Si, pour la femme, (mais ça marche aussi pour l’homme), un aspect de sa vie l’éloigne de la prière, pollue son corps, ne respecte pas la pureté de son âme, inutile alors de se battre pour je ne sais quel slogan de dignité ou liberté ou d’égalité des sexes.
Je ne dis pas qu’il n’y aura aucun sacrifice et aucune épreuve, mais c’est par la crainte du Seigneur, autrement dit par un cœur tendre de la présence de Dieu, de Jésus, que l’on peut envisager la perfection féminine.
La sainteté d’une femme lui donne son éclat qui lui est propre et la fécondité de ses talents féminins. Bref, la beauté qui ne s’évanouit pas.
J’ai vu des religieuses qui n’avaient pas compris cela.
J’ai vu des mères de famille qui avaient compris cette ‘vocation suprême’ [Jean-Paul II – Dignitatem mulieris]
Mes sœurs, à vous de jouer… Avec le Seigneur. Vous êtes là pour ça, à cette messe. Mes frères, ne rigolons pas trop, car c’est le même topo, avec d’autres modalités de sainteté.
Quand le Christ reviendra de voyage, il nous dira :
 » ton talent, tu l’as fait fructifier pour moi ou l’as-tu pris pour toi ? »
Talent féminin ou talent masculin.
Plus on est simpliste, plus on égalise la planète.
Plus on distingue subtilement les différences plus elles nous invitent à se rejoindre en jouissance et richesses de vie dans un amour spirituel.
Seul l’Esprit-Saint présente et forme la clé de l’harmonie…

Si on a passé notre vie à vouloir déformer l’œuvre de Dieu à notre idée, le Christ nous dira :
‘hors sujet, je croyais accueillir une femme, je ne vois qu’un brouillon illisible d’humanité. Je ne retrouve pas en toi la beauté de mon Eglise que j’ai trouvée en ma préférée, Marie de Nazareth, resplendissante de la perfection de mon Fils’
Et pour les hommes, ce ne sera guère différent.
Le Père des cieux nous dira :
‘ où est, en ton cœur, l’image de mon Fils qui te fait homme ?’