Les commandements
Quand on regarde un tableau (d’un vrai artiste, bien sûr) on voit des couleurs qui forment des harmonies, des formes qui suggèrent des mouvements, comme de la vie exprimée en lumière, et tout ça peut provoquer en nous une émotion poétique.Quand on regarde la nature, on voit des paysages.On voit des reliefs et aussi des mouvements qui s’équilibrent, normalement, et qui vont provoquer un sentiment de bien-être. Quelque chose d’habité… il y a aussi de la vie, même dans un désert très dépouillé.Quand on regarde la nature de l’homme et de la femme.Que voit-on ?On voit aussi, normalement, des harmonies profondes.Des mouvements qui sont complémentaires.Des attirances fondamentales.Et tout cela va provoquer un sentiment de paix si c’est vécu selon l’ordre de la nature.Et bien, ces permanences naturelles et très intérieures pour notre âme, qui favorisent l’équilibre de notre corps aussi, on les appelle : des ‘commandements’.Vous comprenez, frères et sœurs, que les commandements dont parle Jésus n’ont rien à voir avec un commandement militaire : dans le genre : ‘garde à vous !’, ‘à vos ordres, chef !’Les commandements bibliques et évangéliques, c’est ce qui colore la vie, c’est le mouvement naturel qui est intégré en chaque personne.Ce n’est pas que les commandements nous imposent quelque chose, mais ils nous proposent d’être en harmonie avec ce qui nous convient.Ce qui nous convient ce sont les commandements.Ce mot ‘commandement’, sur les lèvres de Jésus à quelque chose de profond et de beau, d’harmonieux.
Quelque chose de très intérieur qui nous ordonne à une joie.Reprenons la comparaison du tableau…Dans un tableau, il y a des dominantes.Des gammes de couleurs, des rythmes, qui donnent une unité à l’œuvre.Hé bien, dans le tableau de la vraie vie, ces gammes de couleurs on va les appeler les premiers commandements.La première gamme de la nature humaine, c’est l’amour.Première dominante : l’amour de DieuDeuxième dominante : l’amour du prochain.Pour vivre en harmonie avec notre nature, hé bien, nos actes, nos pensées et nos choix doivent être teintés de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain.Ce n’est pas une option qui nous serait imposée de l’extérieur, c’est la sève qui nourrit chaque mouvement de notre vie.Les commandements sont la sève de nos existences.Comme une dominante bleue va donner au tableau une unité.Le bleu sera dans toutes les touches du tableau.Conséquences pratiques…Quand on rencontre un homme blessé sur le chemin… C’est dans notre nature de tout faire pour prendre soin de lui.C’est le commandement de notre nature.C’est inscrit en nous que l’on aide quelqu’un qui est en péril.D’une certaine façon, quel qu’il soit, il est un autre moi-même.Je me retrouve en lui.Il fait partie de ma grande famille.S’occuper de lui n’est pas quelque chose d’extraordinaire. C’est basiquement normal…Au contraire, si on ne s’occupe pas de lui, c’est qu’on est tordu et en dehors de notre vérité.Si on écoute notre cœur, notre âme, notre conscience, on fait tout pour aider un homme en péril.Si on ne veut pas le voir, c’est contre-nature.On est alors en dehors de la gamme de l’amour, on est dans la laideur… On est mal avec nous-même.Alors vous allez me dire :Mais pourquoi alors tant de mal dans le monde ?Si le mouvement naturel d’un homme ou d’une femme c’est d’aimer notre prochain…Hé bien, en fait, c’est très simple.C’est que notre nature a perdu sa boussole du début.Dans ces cas-là, on dit qu’elle est déboussolée.Les commandements qu’elle devrait savourer naturellement, elle ne les entend plus.C’est un peu comme si un peintre voulait peindre en fermant les yeux.Il se mettrait à barbouiller.Et bien du point de vue moral, c’est exactement ce que nous faisons.Nous faisons de la barbouille.En nous, le radar du bien est faussé.
Pourquoi Jésus demande-t-il uniquement au scribe de respecter les commandements ?Et bien c’est tout simplement parce qu’il sait qu’il ne pourra pas les respecter.Et ce n’est pas du tout tordu de la part de Jésus, bien sûr.D’une certaine façon Jésus dit :« Essaie de respecter le premier niveau de ton âme : les commandements qui sont inscrits dans ta nature »Ça devrait être tellement simple de vivre en harmonie avec ce que nous sommes…La subtilité, c’est que personne n’est capable d’être en harmonie avec sa nature.En nous, il y aura toujours des impasses, des failles, des peurs, des complexes, qui nous feront contourner l’homme blessé sur le chemin.Et lorsque nous aurons l’humilité de reconnaître notre incapacité à vivre notre équilibre tout simplement naturel, – mais il faut d’abord le reconnaître – alors il y a deux mouvements de notre cœur qui peuvent nous libérer de cette incapacité et renouveler notre radar naturel :D’abord… Trouver un regard qui nous aime et demander pardon.Le premier regard, c’est celui de Jésus.Et deuxièmement, demander la grâce de Dieu.Et cette demande passe par Jésus.La réponse aussi.Sans Jésus nous ne pouvons pas rejoindre notre nature qui est trop abîmée.Quelles que soient nos bonnes intentions. (Qui d’ailleurs ne sont jamais bonnes tout à fait.)Seule la grâce peut nous élever à trouver notre équilibre naturel qui s’épanouira dans une beauté qui nous dépasse.Sans la grâce de Dieu, on peut trouver toutes les contrefaçons du bien et tous les camouflages du mal.Jusqu’aux degrés les plus sombres.Il y a ceux qui font le bien, mais il ne faut pas trop gratter leur décor de bonté sinon apparaissent vite leurs limites. (Intérêt pour soi, mise en valeur de soi, enfin bref… On donne de la bonté mais pour en tirer avantage d’une façon ou d’une autre)Ça va, aux pires des cas, jusqu’à montrer une façade hypocrite de bien, pour des intentions perverses, pour aboutir au mal.Et puis il y a ceux qui sont perdus, de l’autre côté…Ceux qui obéissent à leur nature déréglée et même la favorise.Ils sont rendus aux désirs du diable.Jusqu’à ne plus se rendre compte qu’ils fonctionnent en parfaite disharmonie.Le dernier degré de dégénérescence étant celui qui revendique de vivre contre-nature.Celui qui inverse les commandements. Il vit pour son bien à lui, c’est à dire un amour inversé.Jusqu’à faire du prosélytisme pour cet amour inversé et répugnant.Tout cela est trop compliqué, direz -vous, pour qu’on s’en sorte indemne… Oui, le diable se réjouit d’avoir semé la confusion qui déborde de partout, surtout de ceux qui se croient les meilleurs.Que faire ?Une seule issue…Quand le tableau est raté, que le peintre a plein de barbouille sur lui et qu’il s’est assez excité sur la toile, il ne lui reste qu’une solution.Se mettre à genoux et tendre son pinceau à celui qui est le maître de la beauté.« Jésus… Je le reconnais (voilà le verbe qui sauve..). Je le reconnais.. je ne me suffis pas.Alors je te confie mon pinceau. »Et comme par magie, mais en fait par miracle, disons mieux, par grâce, les commandements s’illuminent et on échappe à la barbouille.On entre dans la beauté de la grâce.
Mais pour aimer Dieu de toute son âme, de toute sa force, il faut prier tout le temps.
Par des invocations invisibles, dix mille fois par jour…
Ce qui ne va pas sans prendre des temps de prière silencieuse et très personnelle, d’adoration devant le tabernacle.
Et sans demander ‘pardon’.
Alors notre âme bascule dans la lumière.