DIX-SEPTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Frères et sœurs,
Il est vrai que pour les préparations au baptême, je ne présente pas le baptême comme saint Paul le présente dans l’épître aux Colossiens d’aujourd’hui.
En fait, comme il le présente dans toutes ses épîtres…
Saint Paul donne une explication qui peut faire avaler de travers les âmes de notre temps.
Et pourtant, il dit dans la première épître aux Corinthiens qu’il ne leur donne que du petit lait ! ‘ .
je vais y revenir.

Et pour l’Évangile…
Le Notre Père… ce n’est pas du petit lait.
Mais est-ce qu’on ne le récite pas comme du petit lait.. ?
Ça peut faire, pour certains d’entre nous, 20 ans, 40 ans, 70 ans qu’on reprend cette prière par excellence, parfois plusieurs fois par jour.
« que ton nom soit sanctifié,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. (…)
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.»
Évidemment, si après 70 ans, on en est encore à vouloir tuer celui ou celle qui nous a offensé… cherchons l’erreur…
Tuer, c’est-à-dire l’éliminer.
L’exclure. L’écraser.
En tout cas on ne peut pas supporter sa présence.
Dans notre tête nous disons charitablement : ‘ quand mon ennemi n’existera plus, je pourrais commencer, peut-être, à l’aimer…’
Et on traduit inconsciemment le notre Père :
« pardonne-moi comme je pardonne à mes amis  »
Là où ça coince c’est pour donner, juste après, un baiser de paix sincère à chacun de nos frères ou chacune de nos sœurs qui vont communier au même Corps ?
Le baiser de paix, qui d’ailleurs, est devenu un geste à la chinoise, le plus lointain possible, comme si notre voisin ou voisine était pestiféré(e) pour qu’on lui tende la main …
Nous pouvons pardonner quand nous admettons que nous avons une poutre dans notre œil, sous le regard miséricordieux du Père de Jésus Christ.

Et puis il y a le premier texte.
J’ose à peine l’effleurer…
Sinon je vais aller en prison rien que d’en parler.
Abraham intercède pour tous les dépravés de Sodome…
Il n’y arrivera pas, d’ailleurs.
Peut-être aurait-il dû courir au devant et crier : ‘convertissez-vous, ça va faire mal !’
Mais il se serait fait massacrer et… prendre sa femme…
On peut prier, nous chrétiens, pour les pervers qui abîment l’intention de Dieu, mais il faut savoir que notre prière tombe sur des terrains blessés, des âmes en souffrance, des personnes qui ruinent leur nature, pour essayer de calmer leur souffrance.
Dieu ne peut pas empêcher une conscience trop tordue, qui n’a pas la foi, de s’autodétruire. Avec tous les dégâts collatéraux qu’elle engendre.
Seule, la foi peut reconnaître la croix et la mort du Christ, et sa résurrection, et découvrir la miséricorde et les bénédictions de la grâce divine.
Mais j’arrête là l’approche de cette belle histoire d’Abraham.
On risquerait de me traiter de ‘sodomie…phobe.’

Je reviens au texte de Saint Paul. Le baptême tel que je n’ose pas le présenter en préparation de baptême.
Et bien tant pis, entre nous, je peux me permettre quelque audace…

Le baptême nous apporte la mort.
‘ par le baptême vous avez été mis au tombeau avec le Christ ‘
C’est pas moi, c’est Saint Paul qui le dit. Et pas qu’une fois, mais à chaque fois qu’il parle du baptême
Par exemple, aux Corinthiens,
‘ Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus’
Comment la portons-nous?
En fait, de plusieurs façons :
D’abord, parce que nous tuons le Christ par nos déviations, nos rivalités, nos jalousies.
Si nous n’admettons pas que nous sommes participants, actifs, des souffrances infligées à Jésus, malgré notre baptême, nous ne pouvons être candidats à la miséricorde.
Mais aussi, par la grâce de notre baptême nous sommes invités à tuer le vieil homme en nous.
Et c’est la deuxième mort dans laquelle nous devons entrer.
Cette mort au péché nous semble une mort de tout nous-même.
C’est la plus ressentie, c’est la plus terrible, et c’est celle dont on ne parle pas aux préparations au baptême.
Surtout pas, elle fait trop peur.
Le baptême nous invite à la conversion, au combat contre le péché originel et contre nos péchés, à mort…
Quelle horreur tout ça…
Il y a une autre façon dont nous portons le Christ mort : c’est le Christ Rédempteur, victime d’amour, le Christ qui s’offre au Père.
Nous devons participer à sa mort rédemptrice.
Parce que si nous nous unissons au Christ c’est au Christ mort, avant d’être ressuscité.
Je le dis quelquefois, rarement il est vrai, pendant les préparations au baptême, quand il fait trop chaud et qu’on commence à s’endormir.
Je dis : « ce bébé qui va recevoir l’onction de l’eau, de l’huile et de l’Esprit, il est destiné au martyr. »
Généralement ça réveille et ça fait sourire. Personne ne sait trop si c’est du lard ou du cochon.
Pour calmer le jeu, je souris aussi….
Tous les sacrements, invitent au sacrifice.
Mais au sacrifice vécu dans la lumière de la grâce qui sauve.
‘ par le baptême, vous êtes ensevelis avec le Christ’.
Mais Saint Paul ne s’arrête pas là, heureusement. Il ajoute immédiatement :
‘ pour être ressuscité avec lui, par la foi en la force de Dieu’.
C’est dire que si on n’a pas la foi, le baptême est une horreur.
Ou au minimum, un truc qui nous coûte un bras pour manger avec les amis.
Saint Paul dit ailleurs :
‘afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps’
C’est dire qu’un chrétien n’a rien d’un innocent.
Il provoque la mort en son corps et en son cœur d’abord,
pour rendre plus vive la vie qu’il ne voit pas.
C’est l’homme du contraste.
Et comme le Christ l’a mis en évidence par sa mission, le chrétien, qu’il le veuille ou non, s’il vit en accord avec sa foi, va faire mal par son message de mort et de vie, et va provoquer des conflits.
Le chrétien va soulever les démons qui n’acceptent pas qu’on mette les choses au clair.
Bref, le chrétien est infernal.
Il va provoquer l’enfer dans l’enfer !

Maintenant, pour vous qui m’avez entendu, que ce soit sur Sodome, sur le pardon que vous n’arrivez pas à donner à votre ennemi, ou que ce soit sur votre baptême qui peut-être vous gêne maintenant.. (!) il vous reste trois choses à faire :
Soit à dire que le son de la sono n’était pas bon et que vous n’avez rien compris.
C’est facile, vous pouvez ainsi retourner rapidement devant la télé pour accentuer votre mort cérébrale.
Soit vous pouvez dire que, comme d’habitude, le sermon était trop long et de toute façon incompréhensible.
Que le curé est has-been et qu’il y en a un peu marre.
‘ figurez-vous.. il nous dit même de nous convertir et de mourir ! ‘

Enfin dernière réaction.
Nous pouvons nous demander comment mieux vivre les promesses de notre baptême.
Ça devient intéressant, parce qu’il faut que je vous retrouve mort un jour pour trouver en vous la vie donnée par le Christ.
Notre question alors, elle est de nous demander en quoi nous devons mourir… quelle est notre prochaine conversion ?
Pour pouvoir entrer dans la miséricorde…