VINGT DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Cela paraît insignifiant, mais il y a dans notre vie de foi comme quelque chose qui donne une couleur particulière au chrétien. Et mine de rien, c’est cette couleur qui va prouver la vérité, la véracité de sa vie.
C’est le petit truc, qui paraît rien du tout, et pourtant c’est à partir de ça que l’on se dit ‘ celui-là, c’est un vrai chrétien’…
Et tout ce qu’il va faire, tout ce qu’il va dire, d’une certaine manière, même sa façon de marcher ou de poser son chapeau sur sa tête, sa façon de dire bonjour ou de conduire sa voiture, va être teintée par ce petit truc.
Mais ce sera aussi sa façon de sourire, de pousser une porte, d’aller communier ou de se mettre à genoux.
Alors, on va se dire : ‘ qu’est-ce qui peut mettre en évidence comme ça, un chrétien ?
Et plus il aura une foi profonde, plus il aura une charité tendre, attentive, et je dirais ajustée, plus ce petit truc va apparaître évident.
Et au contraire, plus on s’éloigne du chrétien et plus c’est l’inverse qui apparaît.
Vous allez me dire :
C’est peut-être un air de bonté ?
Et bien non, certains saints n’ont pas eu un air de bonté.
Alors c’est un air d’illuminé ?
On présente quelquefois les saints comme des extatiques…
Raté… il y a quelques fois des saints qui sont très terre à terre.
Saint Vincent de Paul, Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus…
Alors, s’ils ont une foi à déplacer les montagnes, ce doivent être des fonceurs.
Ce sont des missionnaires exaltés, enthousiasmés, communicatifs. .. !
Mais en fait, des monstres de la foi comme Saint Antoine du désert et bien d’autres se sont cachés toute leur vie.
Donc, ça ne marche pas.
Ce petit truc qui est commun à tous les vrais chrétiens, ça ne tient pas non plus d’un charisme ou d’un caractère.
Bon alors, un chrétien authentique, c’est un persécuté.
Oui c’est pas mal comme réponse. Heureux les persécutés, dit Jésus, mais ce n’est quand même pas un critère général pour définir un chrétien…
Ce n’est pas la bonne réponse.
Alors, c’est celui qui a la paix, c’est celui qui sourit tout le temps, c’est celui qui donne son argenterie au pauvre qui frappe à sa porte, ou au moins tout ce qu’il a dans son frigidaire.
Autrement dit c’est celui qui est généreux ?
Non… Ce n’est pas le petit truc que je pense.
Mais c’est vrai quand même qu’un chrétien, qui vit avec le Seigneur, ne peut pas ne pas être généreux.
Voir avec largeur et abondance.
Il y a des gens qui ne sont pas chrétiens et qui sont très généreux.
Donc, ça ne suffit pas.
Mais alors ce petit truc… On aimerait bien le découvrir…
C’est l’espérance ?!
Cette espérance que l’on met à toutes les sauces, à toutes les sauces douces, et qui se confond parfois avec un tempérament naïf.
‘Je crois que tout se terminera bien !’
Et bien non! l’espérance, c’est pas que tout se terminera bien.
L’espérance c’est : ‘quand tout se terminera mal il restera la vie éternelle.’
Alors si c’est pas l’espérance, le petit truc, c’est une certaine inquiétude.
Celui qui a le cœur tourné vers Dieu il est toujours hyper sensible à toutes les agressions de ce monde, de la chair et du démon.
On dirait que le chrétien porte le monde sur ses épaules quand il est sincère avec sa foi.
C’est vrai, mais il y en a qui ne sont pas chrétiens et qui sont aussi de grands angoissés, de grands hypersensibles…
Ce n’est donc pas ce petit truc.
Car mon petit truc, il est pour tous les vrais chrétiens.
Pas les faux bien sûr…
Alors vous allez chercher, si vous êtes un tout petit peu aiguisé, en tout cas intéressé par la question, ce qui n’est peut-être pas le cas de tout le monde, vous allez chercher du côté de… ?
… De l’Esprit Saint.
Parce que, ça au moins, un vrai chrétien, il a l’Esprit Saint !
Il y a un tout petit peu de quelque chose là.
On se rapproche.
Mais l’Esprit Saint….. !
Ça veut tout dire et ça veut rien dire.
L’autre jour je descendais de l’Église de Tourtour il y avait un magnifique demi arc-en-ciel en face de la colline.
Et je me suis dit : voilà un signe de l’Esprit Saint, il manque juste une colombe !
Bon c’est pas très puissant comme remarque parce que si c’est ça l’Esprit Saint c’est pas sûr que le Christ ait sauvé le monde.
L’Esprit Saint, c’est comme l’espérance on peut le mettre à toutes les sauces.
Les sauces des signes  ‘ en veux-tu, en voilà ! ‘ .
Comme s’il y avait toujours une guérison au coin de la rue.
Et s’il y a une peau de banane, et ben… on est bien embêté.
Il y a aussi les sources de l’Esprit Saint qu’on veut faire tenir dans de grands discours mystiques.
On pense qu’on peut cueillir l’Esprit Saint comme on arracherait une plume à la Trinité…
Bon c’est pas encore mon petit truc.
Qui n’est pas le mien d’ailleurs mais qui est celui de tous les chrétiens véritables.

Ce petit truc, chers frères et sœurs, qui est le label du vrai chrétien, il est évident, mais il est très discret.
Pourquoi ?
Eh bien, parce qu’il ne fanfaronne pas.
Et plus précisément, il n’attend pas d’être aimé.
Parce que la récompense de  l’amour, c’est de l’amour supplémentaire, c’est à dire un oubli de soi-même.
Ça se voit très facilement,  quelqu’un qui se regarde et quelqu’un qui ne se regarde pas, perdu en un autre.
Quelqu’un qui attend, qui provoque subtilement un retour, une attention, qui sait, une affection…
‘ vous voyez, c’est moi qui l’ai fait ‘…
Et quelqu’un qui est libre.
Bref, le chrétien, son petit truc, c’est le fruit de l’amour :
Qui s’appelle  : ‘gratuité’.

C’est très amusant, c’est comme l’humilité… la gratuité on ne peut pas la fabriquer.
Le seul chemin, pour qu’elle nous habite, c’est de regarder vers Jésus et de lui donner notre cœur.
Et pouf… Il introduit l’option indispensable qui est la marque de son Esprit : la gratuité.
Il ne faut pas chercher les hauts états mystiques dans des manifestations bruyantes ou des exploits de vertus ou d’ascèse.
Mais tout simplement dans le don de son âme sans retour sur soi et ses intérêts…
Un vrai chrétien devient délicieux de l’oubli de soi-même.
Parce que l’amour de son bien-aimé, le Christ, prend toute la place, il disparaît derrière la grâce qu’il ne voit pas, mais qui le rend lumineux d’oubli de soi.
Mais bon, là, on est dans le sommet de l’Évangile…