CINQUIEME DIMANCHE DE PÂQUES 2025

‘J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle…’ Le premier ciel, la première terre… Y’a plus !
Et ce ciel nouveau, il enfante quoi ?
Une ville nouvelle. La terrestre c’était Jérusalem, la ville du temple de Dieu, la demeure du Très- Haut. Elle a fait son temps. La nouvelle, qui descend, c’est une autre ville qui est bizarrement, non pas une
soucoupe volante, mais une femme ; davantage même… une épouse. Comme la première Jérusalem elle est la demeure de Dieu. Mais pour la première Jérusalem, Dieu y était pour se rapprocher des hommes. La nouvelle, ce sont les hommes qui sont élevés jusqu’à Dieu. Elle est enveloppée d’un ciel nouveau. Tout resplendit de grâce. Ça c’est autre chose. La première Jérusalem, elle n’était pas épouse. Elle était fiancée. Son promis venait la visiter chez ses parents. La seconde Jérusalem, elle est épouse. Son mari l’emporte dans le ciel nouveau. Enfin, c’est une épouse qui n’est pas encore épouse, parce qu’elle est prête pour
ses noces… Ça va pas tarder. Mais son mari, c’est qui?
Hé bien, justement, il n’y en a qu’un. Le Seigneur Dieu. Le Roi. Celui qui trône. Celui qui veut faire toutes choses nouvelles… Saint Jean a vraiment une fécondité d’expression hors du commun. Il faut dire que ce message de l’Apocalypse est l’avant dernier chapitre de la
Bible. On est tout proche de l’ultime acte divin dans sa Création :
La glorification de l’humanité toute entière. Enfin, disons, de tous les élus. C’est quand même pour cela que nous marchons, si lentement il est vrai, sur cette
terre. Pour arriver à ce bout du bout de notre joie, de notre accomplissement. Mais ce dimanche, on n’a que du nouveau. Un ciel nouveau, une terre nouvelle, toutes choses nouvelles. Et Jésus nous livre un commandement nouveau :  » Comme je vous ai aimés, aimez-vous … » Ce n’est pas n’importe quel amour. On peut dire aussi que la glorification de Dieu par Jésus, et de Jésus par le Père, est quelque chose d’unique et de nouveau.

Nous sommes, frères et sœurs, des messagers du ‘nouveau’. On présente l’Eglise comme une lourde machine qui traîne derrière le monde, qui
freine, un peu, beaucoup – ringarde – les projets innovants de notre monde
lumineux… Très bien, quand on la regarde de dehors… Effectivement, sa façade semble plutôt tradi et même un peu décrépie. Mais celui qui ouvre la porte sait, je dirais presque ‘à ses dépens’, que l’Eglise est
époustouflante de nouveauté et de surprises. Pourquoi ‘ à ses dépends ‘ ?
Parce que, pour encaisser la nouveauté de l’Eglise et de la Bonne Nouvelle du
Christ, il faut se convertir… Changer de régime. Il faut adapter notre regard à la nouveauté. Les ringards, les vieux je dirais, ce sont ceux qui ne voient rien de l’intérieur de
l’Eglise. Alors cette nouveauté, qui est déjà là, mais qui va s’inscrire définitivement dans
l’éternité quand le premier Ciel disparaîtra, quelle est-elle ?
Hé bien non… Ce ne sont pas les martiens !
Les martiens c’est vraiment trop éculée comme imagination. Ce sont les hommes, les femmes, illuminés de la grâce, devenus Dieu. Par participation à sa nature, divine. Ça c’est neuf ! « aimez -vous les uns les autres, « , c’est pas mal, mais être glorifié c’est encore
plus grand, plus parfait. C’est être élevé à la Nature divine. C’est différent que de faire des actes bons. Même avec l’aide de Dieu. On vaudrait recoller le monde pour qu’il soit plus beau. Mais ce n’est pas le plan de Jésus, ni celui de l’Eglise. Certains philosophes s’y sont essayés, en théorie. Beaucoup de politiques s’y essayent, en pratique. Et ils sont tous vieux de chez vieux. D’autant plus qu’ils émettent des plans nouveaux et qu’ils discutent pour faire de
la fumée. Le plan de Jésus, de Dieu le Père, avec l’intervention du Saint-Esprit, c’est de
transformer l’essence du monde par la grâce insaisissable. Et tout a fait silencieuse. Transformer le monde, ça veut dire : transformer chaque âme par une union qui
dépasse notre nature. Ça c’est la spécialité que se réserve Dieu. Et c’est ça la nouveauté. Les hommes ne peuvent pas transformer l’âme.

Ils peuvent manipuler les esprits, fabriquer des mirages d’amour, mais élever une
seule âme, jamais !
Le Saint-Esprit par l’Eglise, le peut. Et vraiment, la nouvelle ville, l’épouse prête pour ses noces, pour sa rencontre
avec le cœur de la divinité Trine, ça c’est un spectacle neuf et éternellement
inédit. C’est pas l’Eglise qui est frileuse, ce sont ceux qui ne veulent pas s’engager dans
son projet lumineux. Parce qu’évidemment, s’engager sur le chemin de la grâce, ça demande de laisser
tomber nos vieilles conceptions et nos habitudes mornes. Vous connaissez la fable du renard et des raisins. « Ils sont trop verts, dit il, et bons pour des goujats  » Quand on ne peut pas attraper le Royaume de la nouveauté, ou disons qu’on ne veut
pas entrer dans la nouveauté de nous-même, on murmure avec dépit : « l’Eglise est trop ringarde, disent-ils, et bonne pour des bigots. » Renards lâches et impuissants !
Le chrétien est celui qui aurait tout à craindre du feu infini de Dieu, mais il se
lance dans cette aventure qui va le griller. Il se lance à l’aveugle, dans la foi, (voilà une nouveauté : la foi !)
Sur le chemin de son sacrifice (voilà une nouveauté qui va à l’encontre de l’amour
du monde si poussif : l’amour par le sacrifice ! Jusqu’à la mort… Ça c’est du neuf !
Jésus annonce sa glorification au moment où il est trahi par Judas. Ça c’est neuf, de dire à son traître : ‘dépêche toi de me trahir’ )
Donc… Le chrétien, c’est celui qui vise le bonheur intégral (et ça c’est neuf !), en
laissant tomber tout ce qui le distrait de la seule lumière divine. Parce qu’il sait qu’on ne raccommode pas un tissu neuf sur un vieux. Tous les problèmes dans le monde viennent des vieux – je veux dire de ceux qui ne
veulent pas ou plus changer pour recevoir la grâce de la foi et l’espérance de
l’union de l’Eglise avec son époux, le Christ. On veut des nouveaux dans l’Eglise ! Et pas simplement un Pape tout neuf !
On veut des esprits éclairés par la grâce. On veut des êtres de désirs, mais de désirs profonds. Des âmes qui ne disent pas ‘Oui, mais…’ mais qui disent : ‘Je prends ! Je veux ! Je veux avancer ! ‘
‘ Oui, viens, Seigneur Jésus. Fais du neuf avec moi !’ Mais quand on dit ça, c’est obligatoirement passer par le feu. Il faut le savoir vous, les jeunes !

Mais quand on dit ça, c’est obligatoirement passer par le feu.
Il faut le savoir vous, les jeunes !