Parler en langues
Frères et sœurs, si vous êtes là pour cette messe de Pentecôte, c’est que, d’une certaine façon, vous cherchez l’excellence.
Noël, c’est la fête de l’admiration, de l’étonnement; notre monde est percé par une lumière pure brillante comme une petite étoile.
C’est l’oeuvre du Père qui envoie le Fils.
Pâques, c’est la fête de la libération, ( pas celle de telle ou telle guerre, mais la libération de la fin des temps) fête de la grandeur.
‘Enfin ! ça y est ! on peut respirer par la Résurrection.
On peut sortir de l’air vicié de notre monde.
C’est l’œuvre du Fils qui entre pour nous dans la Gloire.
Pentecôte, c’est l’excellence… c’est le silence juste après la dernière note de la symphonie et juste avant l’explosion des applaudissements.
L’instant de plénitude et d’harmonie. Tout est accompli.
L’Église sort de sa chrysalide…
C’est l’œuvre du Saint Esprit, de la circulation d’amour entre l’Amour et l’Amour…
L’amour Père et l’amour Fils.
Entre l’Amour qui engendre et le même Amour qui répond et se donne dans une joie infinie d’être aimé.
Et bien c’est lui ! cette plénitude jaillissante de lumière et d’amour qui vient communiquer son éternité… à notre terre.
Dans nos pauvres âmes.
On a le droit, frères et sœurs, de goûter à l’excellence.
Évidemment, ça nous fait un frisson.
Par le Saint Esprit , notre image de Dieu, dans notre âme très intérieure, trouve sa correspondance.
Disons, son éclosion.
Et c’est pour ça alors que tout notre être peut être activé dans ses meilleures possibilités.
Mais cela c’est une œuvre que nous ne pouvons pas fabriquer, que nous ne pouvons pas imaginer.
C’est l’inspiration créatrice uniquement de Dieu qui vient pénétrer et enveloppé notre cœur embué, ’emboué’ ( ’emboué’, c’est-à-dire lourd de la boue de la nature humaine et du péché humain..)
De la Pentecôte vont jaillir toutes les œuvres qui viennent couronner l’oeuvre du Christ.
Mais il ne s’agit pas d’œuvres bonnes et pieuses.
Nous comprenons que nous sommes fils…! C’est une autre affaire.
Être fils, c’est quand même d’une autre mouture que de faire des ‘œuvres bonnes’.
Le serviteur ou l’esclave cherche à faire des œuvres bonnes; le fils il attend la tendresse du Père.
C’est une caresse pour notre cœur abîmé, une caresse qui sauve tout, même si notre cœur reste blessé.
C’est quand même fou…
l’Esprit, le Saint Esprit, attendrit, c’est-à-dire ‘rend tendre’ notre cœur. Et pur …
Ce n’est pas étonnant qu’il fasse couler des larmes, douces.
On pourrait penser qu’une rencontre sentimentale fasse fondre notre cœur, hé bien, non, c’est l’Esprit Saint qui fait fondre.
« Mais il est trop haut le Saint Esprit ! il est trop perché! » diront certains.
En fait, ceux qui n’ont pas le Saint Esprit pensent ainsi?
Parce que l’Esprit Saint il est l’esprit de vérité, et la vérité de notre cœur c’est qu’il est pauvre et qu’il a besoin de pleurer de pardon et de désir de communion.
Sa vérité, c’est qu’il a besoin, non pas de faire de ‘bonnes choses’, mais d’appeler un Père.
De trouver son père.
Ne l’oublions pas, l’Esprit Saint est le lien d’amour entre le Père et le Fils.
Si on touche l’Esprit Saint ou plutôt si on se laisse toucher par lui, pénétrer, on entre dans la reconnaissance de la tendresse du Père, nécessairement; et cette tendresse, elle va couler, c’est le psaume ( 133 ) qui le dit comme un parfum qui descend sur la barbe d’Aaron, elle va couler sur nos frères.
Tant que le chrétien n’est pas fini par le Saint Esprit , c’est un chrétien très fragile.
C’est un chrétien qui toutes les 5 minutes n’est plus chrétien.
Mais le Saint Esprit peut venir finir un cœur qui n’est pas fini.
Un cœur blessé.
Il peut donner la joie à un cœur qui pleure.
Ou plutôt il vient ouvrir la voie à un cœur qui ne refuse pas la tendresse du Père.
La tendresse du Père c’est la grâce qui fait battre notre cœur sur des accords d’éternité.
Ce qu’on attend tous en fin de compte.
Ça c’est le génie du Saint Esprit .
Il peut donner la force à un cœur qui va comme il peut avec ses extrasystoles et ses silences inquiétants et qui ne peut même pas mettre un pied devant l’autre sans trébucher.
Il peut donner la lumière, comme une aurore boréale, à une âme qui navigue dans les ténèbres.
Il peut donner de la douceur à un cœur qui a peur de tout ou qui est violent de tout, même contre lui-même.
À quelqu’un qui croit tout savoir, c’est-à-dire à quelqu’un qui n’a pas de jugement, parce qu’à quelqu’un qui croit tout savoir manque inévitablement de la noblesse d’esprit..
Et bien à quelqu’un qui n’a pas de jugement, le Saint Esprit peut donner l’intelligence, c’est-à-dire l’humilité.
C’est l’humilité qui est la plus belle des sciences.
Alors nous est révélé que tout ce qui n’est pas Dieu, c’est du vent.
Il y a rien de plus difficile pour Dieu que de donner l’intelligence à quelqu’un qui n’a pas l’intelligence, c’est-à-dire qui se croit intelligent.
Le Saint Esprit peut y arriver !
Et puis le Saint Esprit, en même temps, il peut rendre claire notre foi. Il peut effacer nos doutes.
Pas par nos logiques fumeuses, mais en engageant notre être dans la communion à Celui qui est Vérité.
C’est complètement inédit.
Inutile de chercher des similitudes dans le monde.
Le monde il est largué avec le Saint Esprit .
Le Saint Esprit emprunte toujours l’itinéraire du cœur pour pénétrer l’intelligence.
Il n’y a que lui qui peut faire ça.
Et enfin, à celui qui cherche dans tous les sens quelques satisfactions, l’Esprit Saint enveloppe son cœur d’une saveur qui est la présence de Dieu.
Et qui comble toute frustration.
Il n’y a que l’Esprit Saint qui nous donne le goût de l’amour de Dieu.
Ce goût qui nous rend affamé de l’intimité éternelle.
Vous les avez reconnus, frères et sœurs, je viens d’évoquer les sept dons du Saint Esprit qui nous ouvrent le Ciel pour nous permettre de communier à un bonheur qui est plus grand que nous.
Vraiment, la Pentecôte c’est la fête qui réveille notre pauvreté, qu’on pourrait nommer plus justement de la misère, pour nous dire intimement :« tu es choisi(e). le Seigneur te veut dans son intimité d’un amour privilégié. »
C’est un peu comme si une bourrasque qui vient du ciel découvrait à la toute petite fourmi qui ne pèse rien, qu’elle a la puissance de déplacer la montagne au pied de laquelle elle vit.
En fait de déplacer la lourde montagne de son cœur dans la case bonheur.
Et bien ça, il n’y a que le Saint Esprit qui peut le faire.
Ouvrir un cœur qui n’a jamais été ouvert.
Mais pas l’ouvrir pour une demi-heure, et puis s’en va…
L’œuvre du Saint Esprit elle se fait tellement en profondeur que tout ce qu’il fait c’est pour l’éternité, d’une œuvre qui demeure.
Cependant, des trois, le Père le Fils ou le Saint Esprit, c’est ce dernier qui passe le plus ni vu ni connu.
» quand le Saint Esprit nous a donné sa carte d’invitation, le Père et le Fils peuvent établir leur demeure dans notre âme.
Évidemment, comme nous sommes très maladroits, ils cachent leur présence pour qu’on ne salisse pas tout.
Ils la cachent dans l’obscurité de la foi, et ils la cachent dans l’éblouissement de la grâce.
Ça a l’air peut-être incompréhensible ce que je dis, mais ne sommes nous pas le jour où l’on peut parler en langues …?
Alors si vous n’avez pas bien compris, chers frères et sœurs, dites-vous simplement que le curé il a parlé en langues.
Ça paraît très curieux, mais aujourd’hui c’est possible, c’est un effet aussi, surérogatoire, du passage du Saint Esprit …..
Un petit luxe !
Vous pourrez donc dire que, une fois dans votre vie, vous avez véritablement entendu quelqu’un parler en langue……. !
Mais si vous voulez retenir quelque chose, j’arrête de parler en langue..
Dites-vous que le Saint Esprit n’attend qu’une chose :
Que nous soyons décidé à nous convertir, à changer, et que nous lui demandions avec insistance.
Il se charge du reste.
Sinon, les dons du Saint Esprit :
‘ niet ‘!