TRENTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

TRENTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Pauvreté

Jésus parle de s’élever ou de s’abaisser…
Qu’est-ce que s’élever, qu’est-ce que s’abaisser ?
Qu’est-ce que être riche, qu’est-ce qu’être pauvre ?
Jésus lit au cœur des choses.
Pour nous, être riche c’est avoir l’estomac satisfait. Être pauvre, c’est avoir le ventre qui crie famine.
De façon plus moderne, être riche, c’est rouler en Porsche, décapotable de préférence pour montrer qu’on est béni des dieux, et être pauvre c’est même pas pouvoir se payer un grand écran.
Jésus voit profond… la richesse ou simplement le désir de la richesse, l’un et l’autre sont équivalents. (Être riche c’est avoir gagné; désirer être riche c’est ‘ être un riche qui n’a pas de chance comme disait Jean-Paul Sartre)
La richesse ou le désir de richesse vise la sécurité, par soi-même, par des biens possédés.
Et comme les angoisses et les malaises viennent du cœur et ne peuvent pas être soignés par une nouvelle voiture, ni par la richesse de nos dons, ni même par nos vertus morales, il y a erreur de vouloir calmer notre malaise intérieur par ce chemin. Le pharisien de l’Évangile n’est pas tranquille.

On croit pouvoir soigner et apaiser notre cœur par un confort qui détourne en fait de la guérison…
Vous allez me dire :’on peut faire du bien si on est riche…’
On peut faire du bien, mais on ne se fait jamais de bien.
Car la richesse est trop attirante et nous fait croire que nous sommes meilleur et en sécurité.
La richesse, acquise, qu’elle soit matérielle ou vertueuse, nous apporte toujours,

sans exception, la suffisance.
Et la richesse désirée nous apporte toujours, sans exception, jalousie, aigreur,
égoïsme et parfois révolte.
Je me souviens du témoignage d’un skipper…
Le propriétaire du bateau qu’il conduisait, était millionnaire. Peut-être plus. Il ne lui manquait rien. Sauf peut-être, un cœur à qui se confier.
Il avait son équipe de marins, mais il avait peur.
Il s’enfermait le soir dans sa cabine, après avoir pris ses cachets pour dormir.
Rappelez-vous, frères et sœurs, la solitude de Adam et Ève, derrière leurs arbres, après avoir voulu être riche du fruit de l’arbre.
Qui s’élève sera abaissé dans sa solitude .Et la pauvreté… ?
Ah… elle est beaucoup plus intéressante.
La petite pauvreté elle a besoin de quelqu un. Et elle le sait.
La petite pauvreté a besoin d’être élevé par le regard de quelqu’un, le regard ou l’acte d’amour de quelqu’un. Et elle le sait.
Voilà la pauvreté en sa vérité :
Les biens, les dons, ils lui sont encombrants.
Ils ne l’intéressent pas parce que son désir est ailleurs.
La petite pauvreté a compris que le dépouillement lui permet de rejoindre son cœur.
Là où naissent et là où se guérissent les peurs, les angoisses, les nuits sans sommeil,
les tensions, les comparaisons qui irritent.
Pour rejoindre notre cœur, rien ne doit encombrer le chemin intérieur et tant qu’àfaire ni celui extérieur; c’est plus sûr…
Le secret d’une vie c’est de rejoindre son cœur.
Mais comment faire ?
C’est trop simple pour le reconnaître.
Nous devons viser la pauvreté pour que celui qui nous aime rejoigne notre cœur.
Et ensuite pour que nous le suivions jusque-là.
Dieu, notre Sauveur Jésus Christ, nous demande de le suivre dans la nuit, dans la foi,
sans trop comprendre l’itinéraire, de nous dépouiller pour qu’il puisse nous mener
avec une tendresse incomparable là où notre cœur prend sa source.
Il prend sa source dans un appel d’amour.
Aucun riche ne peut pénétrer jusqu’à cette source.
Ça c’est certain.
Le pauvre ne sait même pas qu’il est conduit jusqu’à la source de son cœur. Et, dansun instant de grâce, il s’
y retrouve avec émerveillement.
Cet instant de grâce c’est quand il n’a plus rien.
Il n’a plus rien à perdre.
Il ne cherche rien à gagner.
Et il se retrouve exactement là où est le Pauvre, le pauvre Mendiant qui est Jésus,
Mendiant, Assoiffé, le Pauvre de la Croix…
Le petit pauvre reconnaît le grand Pauvre.
Quand Saint Paul dit:
« J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi.»
Il dit juste qu’il n’a rien… que la foi.
Et la foi c’est rien du tout.
Une flamme de bougie dans la nuit… bref, rien du tout.’
« tous mont abandonné, le Seigneur m’a assisté. il me sauvera et me fera entrer dans son royaume céleste.»
On ne peut être élevé que si on attend… d’être élevé. Le pauvre est celui qui reconnaît que tout seul il n’y arrive pas.
Ni à se rejoindre, ni à rejoindre ses rêves, ni à rejoindre les autres.
Voilà du réalisme ! : se reconnaître dépendant de quelqu’un qui nous libère.
Le vrai amour est pauvre.
« mon Dieu montre-toi favorable au pécheur que je suis ».
La véritable pauvreté c’est celle de l’esprit et de la grâce de Dieu.
La pauvreté matérielle on ne peut jamais aller jusqu’au bout, mais elle nous aide à appeler la pauvreté de l’esprit.
La véritable pauvreté c’est la pauvreté de l’esprit qui est émerveillement.
Bienheureux les pauvres en esprit. parce qu’en fait, on ne peut être pauvre que
d’esprit.

Si bien que Jésus en a fait la première des Béatitudes.
Parce que celui qui est pauvre, il veille, il soutient les retards de Dieu, indéfiniment.
Et son attente, si elle est vraiment attente de pauvreté, remonte toujours à sa
source et cueille le fruit de Celui qui n’a rien pour’ être’ tout.
Le véritable pauvre cueille le fruit de la communion.
Voilà la véritable élévation, c’est l’entrée en communion.

Sur les lèvres du véritable pauvre peut passer la prière du cœur :’
mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! ‘
C’est la note la plus pure de la prière contemplative, celle qui traverse les nuées et fait frémir le cœur de Dieu