LA TOUSSAINT 2025

Dans le chemin de la grâce, nous sommes toujours comme le petit Poucet au milieu de la foret.
Nous avons besoin de petits cailloux blancs pour y retrouver et de bottes de sept lieues pour avancer à la bonne vitesse, c’est à dire chaussés de la grâce de l’Esprit Saint.
Les petits cailloux blancs, ce sont les exemples de nos frères les saints qui stimulent notre désir et l’orientent en illustrant la Parole de Jésus.

Heureux les pauvres…
Heureux ceux qui attendent tout.

Saint Benoît-Joseph Labre, ce fils de bonne famille qui parcourut un peu avant la Révolution française, les routes de France et d’Italie, partageait sa vie en trois périodes.
Il marchait.
Il entrait dans les églises et il priait longuement. Période principale. Et il mendiait sa nourriture d’un jour.
Quand une bonne âme sortait une livre-tournois de sa poche, il murmurait à son bienfaiteur : « Pas trop…. pas trop…»
Il voulait juste quelques sous pour le jour même.‘ Pas trop…’ Puis il remerciait.

Le monde organise des stages de bien-être et des techniques d’accumulations. Le Royaume des Cieux est aux pauvres.
Notre vie chrétienne est un abandon à la présence amoureuse et providentielle de Dieu.

Heureux les doux.
Un évêque, lituanien, Vincentas Borisevicius, fusillé le 3 janvier 1947 par les
communistes.
Jugé, déjà à moitié mort à la suite des tortures subies pendant des mois, les seules
paroles qu’il prononça avec douceur devant le tribunal qui le condamnait à mort … pour avoir été trop apostolique… ses seules paroles furent :
« Devant Dieu et devant les hommes, je suis dans la vérité ».

Notre vie de foi n’est pas un parcours pour amateurs. C’est un chemin de sainteté.

Heureux les affligés.
Frère Léon marchait sous la pluie avec frère François et il lui demande :
« je te prie de la part de Dieu de me dire où est la joie parfaite ! »

Et Saint François d’Assise répond :
Quand nous arriverons à Sainte-Marie des Anges, trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés par la boue et tourmentés par la faim. Nous frapperons à la porte du couvent et si le portier arrive en colère pour nous
demander : ‘ qui êtes-vous?’ « nous sommes deux de vos frères ». Alors il dira : ‘ je ne vous crois pas ! vous êtes des brigands qui trompaient le monde et les pauvres.
Allez-vous-en, misérables voleurs !’
Frère Léon, si nous supportons avec patience, sans trouble ni murmure, avec allégresse même dans la neige et dans le froid, si nous supportons ses injures et même qu’il nous frappe, alors frère Léon écris : c’est en cela se trouve la joie parfaite en pensant aux souffrances du Christ béni que nous devons supporter pour son amour ».

Notre vie chrétienne n’est pas une dégustation des produits du terroir.
Elle est exultation du cœur dans les épreuves.

Heureux les affamés et assoiffés de justice .
Le 4 novembre 1990, une voiture s’arrête devant la maison du père Simon Jubani. Le conducteur lui dit : « Père, vous devez aller au cimetière ou 4 à 5000 personnes
vous attendent pour célébrer la messe. »
Il répond : « je suis prêt ».
Ce prêtre risque sa vie. Il a déjà passé 25 ans en prison. Depuis 40 ans en Albanie il n’y a plus eu un seul office religieux public dans le pays. Il célèbre la messe à la fin de laquelle il annonce qu’il en célébrera une autre une semaine plus tard.
Il est aussitôt arrêté, menacé, mais il ne renonce pas. On le relâche pourtant quelques heures plus tard et disparaît dans la clandestinité. Pendant une semaine, caché chaque jour dans une maison différente. Le jour arrive. 50000 personnes sont réunies, encerclées par des escadrons de miliciens, l’arme au poing. le Père Jubani avance entouré par des jeunes intrépides. Une étincelle, et ce pourrait être un massacre. Le Père célèbre la messe, il fait son premier sermon depuis plus de 27 ans. « la liberté je ne vous l’apporte pas, c’est dans vos cœurs qu’elle se trouve ». « la religion je ne vous l’apporte pas, elle brille déjà en vous par votre présence ici.»
Il n’y aura pas un coup de feu.
Le régime le plus répressif d’Europe a perdu la face, vaincu par la foi. Un mois plus tard, décembre 1990, le régime communiste athée jette l’éponge, et la
liberté de croyance est autorisée. En Albanie, il ne restait qu’une trentaine de prêtres en vie en 1990, sur 110, 25 ans
plus tôt.

Le chemin des saints, nos frères, n’est pas un voyage de tourisme découverte… Notre foi nous rassasiera et nous rendra assoiffés de justice.

Heureux les miséricordieux.

Au début de sa vie de solitude avec le Seigneur, Saint Serge vécu dans les forêts de Radonège.
Vie dure et tentations nombreuses. hivers rigoureux. Les loups affamés entouraient quelquefois sa cellule et des ours venaient jusqu’à sa porte.
Un ours avait pris l’habitude de venir tous les jours rôder devant sa cabane.
Il avait faim.
Et l’homme de prière lui déposait une petite miche de pain sur un morceau de bois ou sur un tronc.
La bête trouvait sa nourriture et s’éloignait.
Souvent il manquait de ce pain, seule nourriture accompagnée de l’eau de la source. Et quand l’homme de Dieu n’avait qu’un morceau de pain, il le jetait néanmoins à sa bête, ne voulant pas l’offenser et la laisser sans nourriture.’
Et peu à peu, des disciples se joignirent au bienheureux dans sa forêt…

Dieu comble de bien les hommes de miséricorde.
Notre Église n’est pas un club de loisirs ou de partage culturel.
Elle est attente de la miséricorde du Seigneur.

Heureux les cœurs purs.
Saint Thomas d’Aquin suivez les cours de philosophie dans l’université très cotée de Cologne.
Il parlait très peu. C’était un disciple qui savait écouter. Certains le surnommaient
le bœuf muet» en raison de sa corpulence.
Et les étudiants qui le côtoyaient de considérer comme un peu niais. Un peu débile. Pour se moquer de lui, un petit farceur l’interpelle dans un couloir :
« Frère Thomas, venez vite ! il y a un bœuf qui vole dans le ciel … »
Thomas se rapproche de d’une embrasure dans le cloître et regarde au ciel… Et l’autre rigole comme un malade. Alors frère Thomas le regarde et lui dit : « « Mon frère, il m’est plus facile de croire à l’existence d’un bœuf volant qu’à celle d’un religieux menteur… ». »
Cette réplique pourrait s’appliquer à la fête mensongère d’Halloween ou à nos petites calomnies qui, en plus, ne sont pas drôles. Notre foi réclame d’être disciples d’un Sauveur qui est vérité.

Heureux les artisans de paix.

Louis Lenoir, prêtre aumônier dans les tranchées de 14-18, savait qu’il serait certainement tué avant d’avoir pu ramper jusqu’au premier mourant sur la champ de bataille. Il n’a pas dit : « Réfléchissons… il y a là une impossibilité apostolique ! » . Il croyait à la valeur suprême du sacrifice pour attirer les grâces divines sur l’humanité . Et il fut tué. (Histoire des crises du clergé contemporain – Paul Vigneron p 319)

Heureux les persécutés pour la justice… Heureux si on vous insulte, persécute, calomnie, à cause de moi…

Dans la même cellule d’une même prison roumaine étaient réunis deux hommes. Le premier, un opposant politique à la République populaire socialiste, n’avait pas la foi.

Le second était évêque. Il s’appelle Monseigneur Ghika.
Le premier demande à l’ecclésiastique :
« qu’en pensez-vous ? Quand retrouverons-nous la liberté ? ».
L’évêque au lieu de répondre ou même de réfléchir à la question, le regarde. Et visiblement il ne comprend même pas le sens de la question.
Alors soudain, cet homme inquiet pour son avenir comprend que sa question est absurde face à cet homme de foi.
Il comprend que pour cet homme-là les murs de la prison n’existent pas. Qu’il n’avait pas à se demander quand est-ce qu’il serait libéré. Il était libre…!
Celui qui posa la question deviendra prêtre catholique. Ce fut le Père Mattei Boïla, qui eut un grand rôle dans l’œcuménisme de la fin du 20e siècle. Quant à Monseigneur Vladimir Ghika, il est mort en prison, de tortures et d’épuisement, le 16 mai 1954 et fut déclaré bienheureux par le Pape François.
Si l’ange de l’Apocalypse ‘marque au fer rouge, comme un sceau’, les élus de Dieu, ne rêvons pas d’une foi style planche à voile ou style parfum Lancôme…… L’amour dont nous parle le Christ c’est l’amour qui passe à travers la croix, qui est cloué sur la croix.
Voyant les foules, Jésus leur dit… :
« vous êtes le sel de la terre. »
« vous êtes la lumière du monde ». Pour tous nos frères qui ont vécu leur baptême comme un appel à la sainteté, le sel et leur lumière ne se sont pas trouvés dans une petite promenade printanière dans la prairie.