HOMELIE PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT

Frères et sœurs,
Je vais prendre une fable.
Pas de la Fontaine mais d’un autre poète, plus récent.
La Fontaine, c’est le 17e siècle, le siècle du Roi Soleil.
Cet autre fabuliste il est du XX°, un peu du XXI° siècle; malheureusement il n’est pas du siècle du Roi Soleil… Il se nomme… le Père Thierry…

Je commence donc par lire cette fable.
Son titre c’est, ‘ la belette, le loup et le renard’ :

… Un dimanche, le peuple des animaux se réunit.
Pour entendre des paroles de vie.

Entre dans l’église dame Belette.
Son œil curieux et agile, repère bien vite chacun de cette assemblée pieuse.
Puis elle tend l’oreille à la lecture d’Isaïe, toute simplette :
« La montagne de la Maison du Seigneur
se tiendra plus haut que toute colline.
Les peuples nombreux feront fondre leurs épées pour en faire des charrues et des faucilles. Dans les derniers jours… »
Dame Belette rêve de ce futur merveilleux.
Elle imagine un monde promis de paix et de beauté,
Qui la rassure des ennuis de sa vie.
Grandes vacances éternelles : rêve de belette…

Cependant, quelqu’un pousse la porte, et entre à pas feutrés, en retard.
C’est Messire le loup, qui sort à peine de derrière son ordi,
le cerveau encore pris d’un reportage sur l’élevage des moutons au Brésil.
Le loup arrive à la lecture de l’évangile :
« les gens ne se sont doutés de rien jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a engloutis… L’un sera pris, l’autre laissé. L’une sera prise, l’autre laissée. »
‘ Oh mais ça !, pense-t-il, c’est ma spiritualité…’ .
Quand Robin mouton ne s’y attend pas, je l’engloutis.
Et la bique ne perd rien pour attendre. Elle y passera le lendemain, aussi. ‘

Quand au reste de l’assemblée, autres animaux sauvages ou apprivoisés,
n’étant perturbés ni par l’entrée de belette ni par l’entrée du funeste loup, puisque c’est un jour de trêve, ils avaient capté, vaguement, les mots de saint Paul :
« l’heure est venue. Conduisons nous honnêtement,
sans orgie ni beuverie, sans jalousie ni coucherie »…
oubliant d’ailleurs les quatre mots finals: «revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ».

Ce que personne n’avait remarqué, c’est que camarade renard était très attentif, de sa place discrète.
À vrai dire d’ailleurs, il ne perdait rien non plus des réactions de ses voisins…
En lui-même, il méditait sur les paroles d’Isaïe qu’il ne savait comment interpréter.
Il avait même notre malin renard, quelques doutes sur ces mots trop beaux pour être vrais.
‘ Doit-on prendre au sérieux, se disait-il, un prophète
qui, comme pense ma voisine belette,
n’offre, comme un marchand de sable, que rêves pour la fin des temps, …
Jésus lui-même si réaliste, ne contredit-il pas Isaïe
quand il annonce de grandes guerres et l’effondrement même de Jérusalem… !
Ce mirage d’une paix universelle
Isaïe l’inventerait-il pour tranquilliser les croyants, naïfs et idéalistes ?

Et puis Maître Renard regardait du coin de l’œil Messire loup aux longs crocs.
Il ne comprenait pas que cet escroc
puisse écouter un récit de fin du monde sans trembler de peur,
Sans se convertir ni changer ses habitudes de voleur.
Les mots de Jésus ne le concernaient pas plus que ça.
« veillez, priez, réveillez-vous ! car, sapristi, le retour du Christ est proche ! »
Tout cela glissait sur sa fourrure comme la neige en hiver:

Lui, Renard, voulait être en vérité au profond de son âme.
Alors, voyant ses pensées, Dieu lui envoya un ange,
pour lui expliquer le message des cieux.
Un ange silencieux.
Loup, belette, brebis, lapins, singes et chats, personne ne se rendit compte du passage de l’ange
qui parla doucement à l’oreille dressée de Maître Renard.
« frère Renard, lui dit l’ange,
Isaïe est un grand prophète. Il n’est pas rêveur.
Il plonge au fond de l’histoire et des cœurs.
Qu’annonce donc la prophétie d’Isaïe,
700 ans avant la naissance du Messie ?
‘ la montagne de la Maison du Seigneur’, ce n’est évidemment pas Jérusalem ou le royaume de Juda qui fument du désir de vengeance et de guerre !
Cette phrase d’Isaïe c’est la plus forte et réelle prophétie de l’histoire.
Comprend donc, Malin Renard, c’est l’annonce de l’Église du Christ !
Oui, l’Eglise, comme une montagne plus haute que tous les monts, que tous les mondes, que toutes les modes et que toutes les sectes.
L’Église, qui enseigne les chemins du Seigneur et qui apaise les cœurs de toutes nations et peuples.’
Jusqu’à la fin du monde.

Et l’ange dit à Renard :
‘ Notre Seigneur et Sauveur, Jésus, n’est pas un influenceur pour faire peur sur les temps de la fin.
Jésus-Christ est source d’amour divin,
pour nous permettre de trouver
au fond de nous, notre beauté. La vie de notre âme.

Tout l’inverse du désir de Messire Loup qui à l’instant se léchait les babines.
Et le plus beau conseil de Jésus, c’est
‘ soyez unis dans l’Esprit à Celui qui est lumière.
En tout temps, que votre cœur veille dans l’amour de Dieu.’
Alors Maître Renard osa poser sa question :
« En quoi Isaïe et Jésus se rejoignent ? »
« C’est très simple, souffla l’ange :
Si tu es dans la grâce de Dieu,
si tu appelles l’amitié de Jésus, alors tu es le cœur de l’Église.
S’ils sont en communion avec Jésus, loups, renards, brebis, lapins, grenouilles ou belettes, forment un seul corps, qui est l’Eglise, qui vir déjà du Ciel et de la joie éternelle
Enfin, l’ange, décidemment bavard… dit encore à Renard :
‘ les derniers jours’, dont parle Isaïe… Mais ils sont déjà là !
Ce sont les jours de l’Église du Christ. Et nous y sommes depuis la naissance de Jésus.’
‘L’heure est venue’, dit saint Paul… hé bien ‘oui, cette heure c’est le temps de notre conversion qu’il ne faut pas laisser passer.’
Dieu t’attend aujourd’hui ! Son cœur te désire.
Et ‘l’heure où nous n’y penserons pas’, selon l’expression de Jésus,
c’est à chaque seconde que nous devons entrer dans l’arche de l’Église en offrant notre cœur à sa lumière.

Grand silence… L’ange était parti.

Renard releva le museau.
On en était à la fin de l’homélie.
Il avait tant de joie à l’idée de communier
qu’il en oubliait les poules qu’il avait repérées pour le dîner.
Par contre, il vit que Belette n’était pas sortie de son rêve
Et se trouvait bien dans cette illusion d’une fin du monde toute douce.
Messire Loup, content de lui, désirait s’en retourner devant son écran, et trouver un plan pour se mettre biquette dans le gosier.
Pour lui, Evangile ou pas, rien de changé.
L’ange leur était resté invisible et les avait délaissés…

Leçon de la fable. Parce qu’il faut une leçon…

Malheureux les rêveurs. Malheureux les faussaires.
N’est pas intelligent
Celui qui a son seul point de vue et qui croit qu’il n’en existe pas d’autres…
Il reste sourd aux anges.
Pour lui n’existe pas de mystère puisqu’il ramène tout à lui-même.

Mais celui qui prie, discrètement, dans la foi en l’Église,
Qui aspire à la venue de Jésus, son ami,
dans l’impatience de son cœur, voilà celui qui reçoit l’intelligence de la grâce divine.

Qui écoute avec amour, voilà celui qui est intelligent et qui comprend.
Il pénètre le cœur de Dieu et de ses frères.
Et il sera illuminé d’une lumière neuve et de paix
quand le Fils de l’homme, le Bien-aimé du Père et de nos âmes,
entrera dans sa maison, comme par surprise.

HOMELIE CHRIST ROI

Christ Roi….
Cet appellation a une connotation politique.
Et pourquoi pas ?
Mais cela peut amener une confusion dans l’esprit des chrétiens.
Le Christ n’est pas un leader politique.
Le Christ est au dessus de toute politique.
Je veux dire par là que le Christ est au-delà de tout clivage politique, de tout développement historique d’ordre politique ou culturel.

Ça n’empêche que le Christ agit dans la société, dans la politique, mais indirectement, par le fait que les hommes qui composent la société et qui dirigent la politique peuvent avoir la foi et la vivre.
Le Christ a dit à ses disciples :
‘ vous n’êtes pas du monde, mais vous êtes dans le monde ‘.
Le premier, le Christ est ‘au-dessus’.

Le Christ a donc une influence sur notre société, qu’elle soit chrétienne ou anti-chrétienne.
C’est très important de respecter la priorité des choses.
La perfection supérieure de la grâce divine qui est dans le Christ, première, au-dessus du monde.

Pourquoi je dis tout ça ?
Parce que certains chrétiens ont dans leur tête l’ambition d’une révolution sociale chrétienne. Ou une révolution culturelle chrétienne.
Comme si c’était une nécessité, un but à atteindre.
Leur foi consiste pour eux à construire une société meilleure. A instaurer un ordre chrétien.
Bien sûr ce n’est pas mauvais en soi, mais c’est idéaliste. C’est une utopie !
Une bonne utopie, mais une utopie.
Que la foi construise une société harmonieuse, où tout le monde il serait beau tout le monde il serait gentil et charitable, c’est dans l’ordre du rêve.
C’est un jugement incomplet.
C’est un rêve qui a produit des désastres au cours de l’histoire.
Depuis l’Inquisition, en passant par une Église puissante et comme par hasard décadente, par des mouvements comme l’Action française au début du siècle dernier, condamnée par l’Eglise, ou encore par la théologie de la libération davantage usitée en Amérique latine… ou à l’opposé par un national-catholicisme plus proche de nous, ce rêve renaît continuellement de ses cendres, entretenu par de doux slogans comme :
‘ prions pour la France, pour qu’elle retrouve ses racines chrétiennes’
….. Bien sûr, mais pas si on veut que la France soit le territoire d’une religion officielle.
Ça n’a jamais été le propos du Christ ! nous ne le trouvons nulle part dans l’Évangile.
Le Christ n’est pas venu pour forger une culture chrétienne. Il ne le prône jamais un cadre politique. Et je dirais, cette conception est néfaste !

Quand Pilate demande à Jésus s’il est le roi des Juifs, Jésus répond :  » c’est toi qui le dis  »
Autrement dit, tu le dis avec tes paroles humaines. C’est peut-être vrai, mais c’est réducteur.
Quelques mois avant sa Passion, il est dit que « Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. » [Jean 6,15]

Alors en fait….
Le Christ est venu changer les cœurs.
Le Christ est venu changer chaque cœur au fond de nous-même.
Il n’est pas venu faire une révolution sociale qui fixerait le monde dans une foi obligatoire, ou pire : conquérante.
C’est un rêve qui permet de ne pas avoir les yeux en face des trous.

Le Christ est venu mettre un feu. Et ça il le dit !
Et ce feu, il n’est pas social, il est au cœur de notre cœur.
C’est une rencontre qui peut bouleverser notre vie et ensuite irradier sur la vie de nos ami(e)s.
Ou même de nos ennemis.
Mais d’abord notre cœur doit être bouleversé par l’amour.

Le Christ est Roi parce qu’aucune réalité ne lui échappe.
Pas de l’extérieur, mais depuis l’intérieur il transfigure toute réalité de sa lumière, par sa présence. Il est là, et ça suffit !!
Il appelle toute réalité obscure ou mortelle à une résurrection.
À sa Résurrection.
La révolution que doit attendre un chrétien n’est pas une révolution politique ou une révolution sociale, culturelle, toutes ces révolutions ont été expérimentées et ont échoué.
La révolution que doit espérer un chrétien c’est une révolution spirituelle de son cœur, de chacun de nos cœurs; qui permettra le passage de la grâce divine, et le passage de l’inspiration de l’Esprit Saint, dans la pâte humaine.
La pâte humaine c’est à dire la politique, la science, l’éducation, la santé, la famille, la relation avec notre voisin, l’économie, et toutes les doctrines ou philosophies qui cherchent un bout de vérité.
Le chrétien n’est pas là pour faire une société chrétienne il est là pour rendre chrétienne la société parce que lui-même est chrétien.
C’est une nuance, fine mais très importante pour ne pas faire du massacre.
Quand une société est officiellement chrétienne elle vire inévitablement et très vite, au pharisaïsme, le pharisaïsme qui a tué Jésus.

Par contre, n’importe quelle société peut être transfigurée par d’innombrables petits éclats d’Esprit Saint.
Qui viennent d’où ?
Pas d’une loi, mais de notre cœur uni à Celui du Christ qui devient comme une étoile, qui peut être discrète, et pourtant super efficace dans la nuit du monde.

Ceci dit posé….
Je me tourne vers nous chrétiens, chacun de nous, dans cette église qui sommes de l’Église catholique romaine.
Notre foi nous oblige à avoir certaines attitudes sociales, familiales, à faire des choix en harmonie avec la grâce et la nature.
Ce sont les fondements sur lesquels Jésus-Christ a enfanté son Église. Notre belle Eglise.
Un chrétien ne peut pas faire n’importe quoi. Ni penser n’importe comment.
Dieu a fait les arbres qui poussent de la terre jusqu’au ciel; il a fait la mer qui bouge sous l’influence de la lune et qui retient ses eaux par ces rivages; il a fait le couple humain, homme et femme, capable de procréer un petit bébé, qui devient grand; il a fait les saisons, l’espace et les étoiles, il a fait l’intelligence de l’homme,
distribuant ses perfections selon un ordre et une nature magnifiques…
Eh bien…
Jésus-Christ, de la même façon, a fait son Église avec des perfections encore plus lumineuses à nous faire pleurer de bonheur.
Et parmi ces perfections, le Christ a institué les apôtres, avec Pierre comme pierre d’unité, et comme dépositaire des pouvoirs divins du Christ Roi.
Le Christ a donné une charpente à son Église, que sont les ministres institués, les évêques et les prêtres, et par là il a donné un sens politique à son Église.
Que l’on ne peut pas remettre en question sans trahir la pensée du Christ.
Et c’est ce qu’indique cette fête du Christ Roi, aussi.
Le Christ est tête de toute la communauté qui croit en lui.
C’est dans la nature, dans l’ADN de chaque baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit .
Il y a dans notre ADN de chrétien un appel à la communion à un seul Père, par un seul Fils de même divinité que le Père, dans un seul Esprit Saint.
Et cela a des retombées pour nos relations qui doivent être reçues de Jésus rendu visible sur terre par le Pape, les évêques et les prêtres qui sont dans la communion à notre Pape.
Et quand j’entends certaines critiques de chrétiens contre des décisions théologiques ou morales, ou même pastorales, qui viennent de Rome , de certains chrétiens qui pensent construire l’Église par eux-mêmes, parce que eux savent mieux que les autres ce qui convient à l’Église, je me dis qu’ils n’ont rien compris ni à Jésus-Christ, ni à l’Évangile, ni à la grâce de Dieu, et a fortiori à l’Église.
Ou bien ils ont compris et ils sont devenus des traîtres.
Ils ne peuvent pas aider le monde s’ils n’ont pas compris l’Église.
Ces chrétiens peuvent avoir des valeurs qui sont pourtant valables : ils peuvent se dépenser pour l’amour des pauvres, prôner la tolérance ou le partage, avoir une bonté visible et une apparence d’écoute qui les rendent séduisants …
Mais ils ne sont pas dans la Vérité du Christ.

Dieu donne sa grâce en abondance.
On doit le recevoir au profond de notre cœur.
L’amour fraternel et l’unité des cœurs doit être reçue par Jésus-Christ de la grâce divine.
Tout ce qui part de nous va en sens contraire de l’intention de Jésus-Christ.
Et d’une certaine façon tout jugement qui n’est pas reçu de l’Église, est un jugement incomplet et faux.
Cela, on peut l’appliquer aux chrétiens, et tout autant aux politiques, aux philosophes, psychologues ou éducateurs, aux parents, aux scientifiques, à tous ceux qui cherchent la lumière ou à tous ceux qui veulent répandre une lumière.
Pourquoi cette tendance chez certains chrétiens fervents, à remettre en question la nature de l’Église ?

Pour trois raisons.
D’abord…
Il existe certains tempéraments qui ont peu de facilité à être dociles. Tempéraments davantage rebelles, entreprenants, parfois créatifs, originaux, pleins d’énergie.
Et qui considèrent – c’est là leur erreur – que tout ce qui vient d’au-dessus d’eux les rabaisse et réduit leur liberté chérie.
Malheureusement, s’ils suivent leur tempérament, ils restent centrés sur eux-mêmes, ils ne peuvent pas respirer de la grâce de Dieu et comprendre les valeurs contemplatives ni même la vraie liberté intérieure qui se découvre dans l’obéissance.
Nécessité pour eux d’une conversion, ou mieux, de plusieurs conversions répétées, contre leur tendance naturelle.

La deuxième raison c’est une psychologie blessée qui a engendré des blocages.
Une incapacité à la confiance, une incapacité à admettre l’autorité.
Une vision déformée du père …
Une approche du péché et du pardon abîmée et douloureuse.
Toutes ces souffrances invisibles et intérieures nécessitent d’être guéries pour soigner leur jugement et atteindre l’amplitude d’un mouvement de foi profond.

Enfin troisième raison de ne pas reconnaître le Christ Roi et l’Eglise belle :
C’est le choix du mal, pour protéger son orgueil et son égoïsme.
Alors là, il ne reste que des purifications, des contritions, des pénitences, et peut-être même des exorcismes !
Ce qui rend plus complexe l’affaire c’est que ces trois raisons se conjuguent et se nourrissent bien souvent les unes des autres dans un même homme, et parfois… dans une même femme.

Le Christ est roi.
Il n’est pas roi du monde, parce que le monde touché par le péché originel poursuivra toujours sa route vers son destin.
Mais il est roi des cœurs et des intelligences.
Du cœur qui se tourne vers lui et qui reçoit de lui sa lumière.

Et alors, ainsi envisagé le Règne du Christ, le monde comprend, même si ça reste un peu flou pour lui, que s’il ne reçoit pas de l’Église, il passe à côté de son bonheur.

Complément à l’homélie du Christ Roi

Il n’y a de culture chrétienne que s’il y a des chrétiens qui la vivent.

Une culture, une société ‘chrétienne’ qui ne serait pas vécue par des hommes et des femmes et des familles qui cherchent le Christ et le Royaume de Dieu, serait une culture morte ou une société qui s’appuierait sur un décor sans fondements.

Et donc serait vouée à la dégénérescence et se dissoudrait rapidement.

Résoudre un problème religieux, spirituel, par des moyens politiques est une manœuvre vicieuse et c’est viciée.

Si la religion veut utiliser la politique pour vivifier un  spirituel en perte de ferveur ou en déviations de doctrine, elle ​d​oit le faire avec beaucoup d’infinies précautions, parce que les moyens politiques (ou scientifiques ou sociologiques ou psychologiques) ne sont pas ses moyens propres et ne sont pas adaptés à sa fin qui est d’appeler au Royaume des Cieux; ses moyens propres sont spirituels et marqués de la Croix, du sacrifice et de l’amour.
Une religion décadente ne peut être vivifiée que par des réformes spirituelles qui viennent de l’Église et du cœur de chaque chrétien.

Dans l’autre sens…
Si la politique veut utiliser la religion pour consolider la société, ​la paix, le dévouement , etc… cela mène au désastre de la politique et de la religion.

Surtout quand la religion personnelle est compromise avec le monde et que la politique est dégénérée et corrompue…!

On ne peut pas mélanger les ordres.
Ce qui est spirituel est spirituel
Ce qui est politique et politique.
C’est le principe de Jésus : ‘ il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.’

Il est très louable de viser une société chrétienne ou une culture chrétienne.
Mais pas par n’importe quel​s moyen​s.
Pour fonder une société chrétienne, et pour élaborer et soutenir une culture chrétienne, il est nécessaire (et suffisant) que des chrétiens vivent leur vie chrétienne avec sincérité et engagement.
Que de nombreux chrétiens vivent leur vie chrétienne avec intelligence, tolérance, ferveur.
Emprunter ​d​’autre​s chemin​s pour instaurer une société chrétienne mène au mensonge et au désastre.
Si on veut atteindre une fin sans pratiquer les moyens proportionnels à cette fin, il n’arrive que malheurs.
A fin spirituelle : moyens spirituels, autrement dit sanctification, pénitence, prière.
À fin politique, sociale​ : moyens politiques ;
Et les moyens politiques seront d’autant plus adaptés qu’ils accueilleront la lumière et les principes de l’Église. Car la politique ne se suffit pas à elle-même, elle ne ‘couvre’ pas tout l’homme et elle ne peut tirer d’elle-même sans relativisme, ses principes moraux.
il y a un ordre dans les choses.
Pour un chrétien la priorité consiste à se sanctifier.
Pour un politique, la priorité consiste à bien être éclairé et à bien gérer la prudence politique.

D’une certaine façon on ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs.
Commençons par nous sanctifier et par sanctifier notre quartier, plutôt que de brandir des banderoles pour que les obstacles au Christianisme disparaissent.
Vouloir utiliser les valeurs du Christianisme sans entrer dans un projet de sainteté et de fidélité à l’Église et au Christ, c’est une intention qui tourne inévitablement au pharisaïsme et à l’hypocrisie.
D’autant plus que vouloir utiliser les valeurs du Christianisme sans fidélité personnelle au Christ est une œuvre vouée à l’échec rapide et catastrophique aussi bien pour la politique que pour l’Église.

HOMELIE DU VINGTNEUVIEME DIMANCHE ORDINAIRE

Priorités…

Il y a 15 jours j’ai essayé de sortir la foi de ses buissons.
Je disais que la foi, cette petite graine de moutarde, est la perle la plus précieuse de notre intelligence, un éclair d’intuition qui illumine de sa certitude notre relation au monde invisible.
La foi qui réclame d’être garantie par les vérités de l’Église. Pour investir de clarté les mystères qui nous dépassent.
Bien plus… qui nous met en contact intime avec celui qui nous regarde avec amour.
La foi qui nous permet de reconnaître dans notre vie l’action toute puissante, efficace et amoureuse de Dieu et la beauté divine de Jésus qui peut transfigurer notre monde.

Cela, c’est ce que j’ai essayé de faire passer dans cette précédente homélie.
Mais il y a une phrase dans l’évangile d’aujourd’hui qui me donne le frisson :
‘ le Fils de l’homme ( autrement dit Jésus lui-même quand il se désigne dans son incarnation toute humble)…
« Le Fils de l’homme quand il reviendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Autrement dit, ne restera-t-il que quelques saints sur notre planète, en train de veiller, de prier, le cœur ouvert dans l’attente du Christ Sauveur ?

Alors, plutôt que de s’inquiéter sur la fin du monde, qui nous surprendra, posons-nous la question de savoir comment transmettre l’héritage de notre foi, de la foi de l’Église.
Dieu veut habituellement que la grâce de la foi, se transmette par enseignement et par notre témoignage.

Si on faisait le point…
La foi, je l’ai dit apporte clarté et intelligence dans notre vie, nos relations, dans nos amours.
La foi de l’Église est intelligente.
Et si elle est intelligente, c’est qu’elle a des priorités et elle a des aspects plus secondaires.

Quand vous transmettez un héritage, est-ce que vous allez écrire 15 pages pour décrire le petit olivier au fond du jardin que vous voulez léguer à l’un de vos petits-fils ?
Est-ce que vous allez faire une thèse sur le mouvement des planètes dans votre testament ?
C’est peut-être très intéressant tout cela, mais ce n’est pas l’essentiel pour faire comprendre vos intentions et transmettre vos immeubles, vos comptes en banques de Suisse ou des Bahamas et les tableaux de maîtres bien protégés dans vos coffres anti-effraction, et les bijoux de famille très rares qui datent de Napoléon.

Pour transmettre la foi, il faut placer en priorité ce qui est le cœur de la foi;
il faut vivre dans le cœur de Dieu.

Nombre de chrétiens, je parle de vrais chrétiens, de catholiques sincères, passent une grande partie de leur temps à grappiller ce qui n’est pas essentiel pour nourrir leur foi.
Dans notre monde perturbé et le plus souvent confus dans ses vérités, il est urgent de centrer notre foi sur l’essentiel.

Quant aux vérités, normalement ça devrait être très facile.
L’Église garantit le dépôt de la foi.
Et notre Pape est là pour nous donner les grandes lumières essentielles qui apaisent notre esprit.
Approchons-nous de Jésus par ce que dit l’Église.
Et surtout pas par les filtres empoisonnés du monde et des médias ou par quelques visionnaires surgi d’internet.

Mais ce qui me semble le plus important, c’est de poser en priorité les actes prioritaires de notre foi.
Ce n’est qu’à cette condition que nous serons des témoins solides, hommes et femmes épanouis de joie et de paix dans la volonté de Dieu.
Et c’est là que, je crois, nous avons quelques faiblesses.
Combien je vois de gens qui ont abandonné la pratique de la foi, tout simplement parce qu’on leur a présenté comme obligatoires, sur le même plan d’importance que le credo, des pratiques de piété un peu naïves confortées par quelques miracles douteux…
Quand les bourrasques sont arrivés ils ont tout laissé tomber. On les avait trompés.

Alors je reprends ce qui est prioritaire pour un chrétien catholique.
D’abord, ce qui est prioritaire pour un catholique c’est de pratiquer sa foi.
Parce que notre religion est une religion de relation et d’amour.
Ce n’est pas une religion de livres d’astronomie que l’on ouvre en secret une fois tous les trois mois.
La foi ne devient lumineuse que par la charité vécue.
Alors donc… où se trouve le cœur de la charité ? :
En priorité, dans la fréquentation de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ.
Où se développe la fréquentation de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ ?
Dans la prière.
L’acte le plus excellent de la charité est la prière.
Avec des degrés de prière où la charité sera plus ou moins infusée.
La prière d’adoration est la reine de la relation d’amour avec Dieu.
Si vous ne prenez jamais des temps de silence devant le Saint Sacrement – et cela c’est possible pour chacun de nous – comment prétendez-vous avoir la foi en Jésus-Christ qui est venu se donner par amour.
Il vous attend nuits et jours.
Si vous ne répondez pas à son attente comment prétendez-vous avoir la foi en Jésus-Christ ?
Tous les autres modes de prière sont tournés vers la reine et doivent favoriser la communion silencieuse avec le Bien-aimé divin.
Autre priorité : la communion au Corps et au Sang très saints du Christ.
Qui ne peut être féconde que parce que notre cœur est passé par l’illumination de la prière.
Et vous voyez, chers frères et sœurs, tout se tient merveilleusement.
Car la communion au Corps et au Sang du Christ, sommet de notre vie chrétienne, doit être soutenue, nourrie elle même, enrobée de sa garde d’honneur, que sont tous les autres sacrements.
Sacrement de la réconciliation fréquent et régulier.
Sacrement de la confirmation.
Sacrement du mariage bien sûr si l’on vit en couple.
Je ne parle pas du baptême puisque c’est la porte d’entrée.
Prière. Sacrements.
On ne peut pas se dire catholique si on ne pratique pas la prière et les sacrements.
Ou alors, annoncez la couleur.
Présentez-vous en vérité :
« je suis catholique mais je suis un catholique mort »
Un catholique aime Jésus-Christ.
Il l’aime parce qu’il est le bonheur profond qui fait battre son cœur.
Donc… il veut le connaître.
Et donc… priorité absolue pour le connaître : lire la Parole de Dieu.
La Parole de Dieu qui pétrit notre jugement de lumière.
Qui nous introduit dans la famille des amis de Dieu.
Et qui parle à l’oreille de notre cœur des trésors cachés de la vie éternelle.
Un chrétien qui n’a pas lu le seul livre qui le branche sur son bonheur, le seul parmi les millions de livres qui existent, cela me reste incompréhensible.
Vous pouvez avancer toutes les objections possibles, si l’on est chrétien, ne pas lire la Bible qui est le message direct de Dieu, c’est vouloir faire du pain sans farine.
Relisez Saint Paul : « grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toutes sortes de bien. Elle a le pouvoir de communiquer la sagesse »
Voilà la charité en acte.
Par la prière, les sacrements, la lecture de la Bible.
Ensuite, toutes les formes de piétés particulières, les formes de charismes, les recherches de signes, les pèlerinages, tout cela est loisible, mais loin derrière, non essentiel, convenant à l’un mais ne convenant pas à l’autre.
Et surtout, conseillé avec prudence.
Il reste cependant une autre obligation incontournable pour être appelé chrétien :
C’est l’exercice des vertus chrétiennes.
Je ne dis pas qu’un catholique doit être parfait, mais il doit être sur la route de la perfection pour plaire à Dieu, et donc sur la route de la conversion, des vertus de charité fraternelle, bien sûr, si elle est vraiment de la charité fraternelle, mais pas simplement une bonté naturelle plus ou moins naïve ou intéressée.
Vertus de détachement du monde présent, d’humilité, de fidélité, de justice, de joie et d’espérance, vertu de force dans le témoignage, savoir s’affirmer chrétien… Etc…
Je viens d’avoir le témoignage d’une petite fille de 8 ans, qui lève le doigt en classe pour dire devant la maîtresse et devant les autres :
« moi je ne fête pas Halloween parce que je suis chrétienne »
Le Royaume des Cieux appartient aux enfants !
Voilà du témoignage.

A vous maintenant, de discerner votre point faible, et de décider de replacer vos priorités, afin d’être en correspondance avec votre présence ici et votre nom de catholique, et votre désir d’être en accord avec le Dieu de notre foi.
Prière, sacrements, Bible, vertus …
Le Fils de l’homme, quand il viendra trouvera-t-il sur terre la joie d’un seul cœur qui aura respecté les priorités de la foi pour ouvrir son âme aux dons du Saint Esprit ?

D’ailleurs, les dons du Saint Esprit, c’est un autre sujet qui mérite une homélie.
Chaque chose en son temps…

VINGT ET UNIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

 

Dans mon homélie de dimanche dernier je vous ai parlé d’un mystère, je dirais fondateur de nos relations sociales, d’un mystère de violence, qui permet à une société de trouver une unité et à chacun d’entre nous de survivre.
Une communauté, une famille, et même un individu a besoin de trouver sa victime.
Pour en fait nourrir et rendre supportable le loup ou plus précisément le démon qui l’habite.
Quelqu’un m’a fait une remarque sur ce fameux loup qui hante nos journées et encore davantage nos nuits.
Un autre m’a remercié pour la lumière qu’il découvrait dans cette explication.
Et puis c’est tout.
C’est-à-dire que personne ne m’a fait remarquer que mon homélie était inachevée.
Qu’elle ne suffisait pas…
Alors, je reprend là où je me suis arrêté.

Jésus est la victime du genre humain. victime libre et volontaire ‘ offert en sacrifice pour nos péchés ‘.
Et je disais qu’à chaque messe nous rejoignons celui qui s’est donné pour nous.
Par ce mystère de présence, on entre en communion avec notre victime qui n’est pas moins que Dieu..

Seulement le mystère va plus loin encore.
Parce que quand on offre un sacrifice, rien ne nous oblige à adorer ce sacrifice.
Il nous met en face de notre culpabilité.
‘ ils regarderont celui qu’ils ont transpercé ‘
Chacun voit devant lui ce qu’il est capable de faire en lui.
Ce que le démon est capable de faire en lui.
Mais c’est justement là que ça ne suffit pas pour expliquer notre foi.
Si l’on est normalement constitué on n’adore pas  notre victime qui vient de mourir.
Or on adore Jésus.
On l’adore ressuscité et on l’adore sur la croix.
Parce qu’il est Dieu par sa puissance divine dans la résurrection et parce qu’il est Dieu sur la croix dans sa souffrance.
Mais pour une autre raison qui est en relation avec nous, avec notre cœur mauvais.
C’est que Jésus par son sacrifice, dans son sacrifice lui-même, guérit notre cœur, au moment même où on le tue.
Pourquoi ? comment ?
Parce que Jésus seul a produit un acte, de façon parfaite et infinie, qui mérite d’être adoré de tout notre être.

Jésus nous pardonne.

L’une des dernières phrases prononcée par ce Jésus c’est justement ce pardon donné à notre monde misérable qui ne comprend rien et qui se débat dans sa violence, la violence du démon.
« Père… pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Au moment même où nous célébrons le sacrifice de Jésus nous entendons : « tu es pardonné »
C’est inimaginable, c’est inconcevable.
Et cela nous dépasse à l’infini.
Parce que c’est divin.
C’est la clé de toute la mission de Jésus.
« tes péchés sont pardonnés ».
Jésus permet simultanément deux choses :
D’abord, de reconnaître que nous sommes coupables.
Que nous sommes minables et que pour supporter cette misère, ou au moins de la fuir, nous sommes capables de tuer un innocent.
Et en même temps, malgré cette misère, au-delà, celui que l’on tue continue de nous aimer.
En fait, c’est en même temps, mais le pardon, il est premier.
C’est parce que nous nous savons pardonné par Jésus que nous pouvons reconnaître notre culpabilité, l’horreur qui nous habite.
Alors, nous pouvons pleurer.
Ça devient possible de pleurer en vérité.
Autant sur notre misère que sur le trop grand amour de Dieu pour nous.
On peut se reconnaître coupable quand celui à qui nous faisons du mal nous regarde jusqu’au fond de notre cœur, avec douceur, sans limite.

Vraiment, notre religion est divine.
Notre religion catholique, la seule qui contient tout le mystère divin livré aux hommes pour les délivrer.
Et tout ça nous le vivons dans sa réalité, à chaque messe, comme je le disais.
Et tout ça nous permet de vivre la conversion et l’amour jusqu’au martyr s’il est besoin. Comme Barthélémy l’a vécu.
Ce n’est pas l’ultime fin de la vie humaine, mais c’est le passage le plus sublime et le plus beau sur terre :
Comprendre que l’on est pardonné, pour ensuite vivre d’union avec celui qui nous donne les dons les plus précieux, qui nous donne l’existence, la lumière infinie de notre âme.

Depuis la fondation du monde les hommes cherchent ce chemin de rédemption.
Mais il n’y en a eu qu’un qui a accompli le pardon de notre cœur. C’est Jésus-Christ.
Et même si nous ne comprenons pas tout, il suffit de se mettre à genoux et de demander à Jésus par son Esprit Saint d’ouvrir la vérité notre cœur, et par là même de le guérir, de le ressusciter par son pardon.

C’est essentiellement pour cette opération d’amour que notre Père céleste a envoyé son Fils Bien-Aimé.
Pardon et vérité nous ouvrent les portes de la joie, de la paix, comme le monde ne la trouvera jamais, ni jamais la donnera, car notre monde ne veut pas reconnaître sa culpabilité libérée.