VINGT-HUITIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

Invités à la Noce

En fait, le frères et sœurs, cet évangile nous provoque un malaise.
D’abord parce qu’il commence mal.
Tous ces refus, ces nombrables refus un appel qui est des plus doux…
Il n’y a pas plus tendre, plus séduisante, plus consolatrice, que la voix de notre Seigneur Jésus-Christ lorsqu’il nous appelle.
Je dirais lorsqu’il frôle notre cœur de sa vie éternelle.
Quand Jésus nous appelle, quand notre Père qui est aux cieux nous appelle, il pose en nous un goût d’infini.
Quelque chose qui nous comble alors même qu’on ne le possède pas.
Rien que le fait que nous soyons prédestiné à entrer en relation avec notre Dieu, un Dieu d’amour, cela inévitablement, fait frémir en nous toutes les fibres de notre être, d’un bonheur, d’une joie dont on se laisse envelopper, mais envelopper par l’intérieur.
Elle est là, l’Espérance théologale.
C’est le grand mystère de Dieu que nous sachions, dès la première seconde où il touche notre cœur, qu’on est promis à une joie qui nous dépasse.
Dès la première seconde, ce petit rien que Dieu met en nous, ce premier mot que prononce Dieu tout près de notre cœur, il nous dit notre bonheur d’éternité.
Et cela c’est fascinant.
Je le vois… et même, je dois dire, je le goûte, sans mérite, quand quelqu’un partage sa joie de découvrir Dieu pour une première fois.
Et même quand c’est une première fois qui vient après mille fois.
Quand quelqu’un s’émerveille d’une nouvelle grâce.
Et toutes les grâces sont nouvelles.
À chaque fois que l’on reçoit une nouvelle grâce il y a comme une exultation de la nouveauté.
Et je partage cette exultation à chaque fois que quelqu’un reçoit un sacrement, le pardon de ses péchés, un mariage, une communion ou le sacrement des malades, tous les sacrements…
A chaque fois que quelqu’un revient de la prière.
Parce qu’il a, à ce moment-là, une nouvelle grâce.
Il a un nouveau cœur ouvert à une nouvelle lumière de Dieu, à une nouvelle onction de la vie éternelle.
Et c’est beau.
Vous voyez, frères et sœurs, pourquoi cette évangile peut provoquer tant de tristesse…
Parce qu’il y en a qui refusent.

Si la moindre petite étincelle d’amitié de Dieu monte droit au ciel – Jésus dira qu’un seul pécheur qui revient à Dieu sur une centaine de justes, celui-là provoque la joie des anges du ciel – si la moindre petite étincelle d’amitié enflamme le ciel, alors combien est triste le fleuve d’amour de Dieu auquel on peut faire barrage…
Dieu nous appelle aux noces de son Fils.
Son Fils qui se marie avec l’Église.
Qui se donne tout entier à l’Eglise pour que l’Église resplendisse de sa grâce.
Et Dieu essuie tous ces innombrables refus.
Dieu parle et cette grâce tombe dans le vide..
Dans le vide… c’est-à-dire :
 » excuse-moi Seigneur, je ne veux pas me laisser toucher. j’ai mon travail qui m’appelle, ce n’est pas le moment, j’ai autre chose à faire…
Excuse-moi Seigneur, ce petit plaisir que j’avais prévu, je le fais passer avant ce que tu as à me dire.
Excuse-moi Seigneur, je préfère tirer ma charrette qui ne roule pas rond, avec mes intérêts qui pèsent lourd, que de jouer au jeu de la vie éternelle.  »
C’est triste, et c’est nul.
Et ça se terminera en larmes.
Dieu nous a donné des âmes taillées avec des moteurs de Formule 1, et d’innombrables hommes et femmes préfèrent utiliser leur âme à la vitesse d’une voiture électrique sans permis.
C’est nul.
Ils s’empoisonnent la vie et ils empoisonnent la vie de ceux qui sont sur la même route qu’eux.
Voilà donc pourquoi cette parabole pourrait me rendre triste.
Mais il y a une seconde raison, encore plus triste…
C’est que la parabole de Jésus se termine encore plus mal.
Elle se termine même dans un scénario effrayant.
Il y en a un qui arrive jusqu’à Dieu, qui est entré dans ce royaume de lumière qui nous est promis.
Et Dieu va l’éjecter avec perte et fracas.
Ça peut faire quand même froid dans le dos.
Et si c’était moi ?…
Si un jour Dieu me disait :
 » qu’est-ce que tu fais là ? Je ne te connais pas.. »
Alors, heureusement, il y a une petite phrase qui me sauve et qui nous sauvera tous. La voici cette petite phrase :
 » cet individu garda le silence »
Il ne dit rien, peut-être n’a-t-il même pas entendu la question du Maître du repas. Peut-être ne parle-t-il pas du tout le même langage que le maître du repas.
Et je le pense.
Parce que sinon, il aurait crié, il aurait demandé pitié, il aurait demandé miséricorde.

Vous voyez, frères et sœurs, je pense qu’il vous est arrivé constater une situation qui ne correspond pas avec le moment de la réalité.
Parfois je l’ai expérimenté – mais je dois dire rarement heureusement – avec tel couple qui se prépare au mariage mais qui sont là pour une toute autre raison que le sacrement du mariage.
Ils sont là, mais tout le monde constate ne correspondent pas à leur démarche. Malgré leurs mots, il y a comme un mur de silence, de vide.
Et cette situation peut arriver pour des chrétiens qui se disent chrétiens, mais qui sont là pour un tout autre motif que d’être avec le Christ.
Il y a comme un quiproquo entre la place qu’ils occupent et la place que devrait occuper leur cœur.
Un décalage avec la réalité profonde qui les appelle.
Un autre exemple :
J’étais dans une belle Église. Je devais prier où je devais faire le ménage je ne sais plus..
Un couple, très sympathique du reste, entre, silencieux et respectueux.
L’endroit portait au silence.
Je me réjouissais de voir ces deux amoureux avancer lentement dans l’allée centrale. Ils avaient le visage grave, sérieux.
Ils arrivent en bas des marches de l’autel.
Peut-être allaient-ils s’agenouiller..?
Non.
Ils sont restés comme cela, 30 secondes.
Puis elle a dit une phrase :
 » t’as vu..? c’est cassé, là-haut..! »
Elle avait remarqué en effet, qu’il manquait un petit carré d’un ou deux centimètres en haut du vitrail.
Ils sont repartis d’un pas plus rapide. Ils avaient autre chose à faire.
Vous comprenez le décalage…
Il n’avait pas le vêtement de noces.
Ils étaient vides de la grâce, tombés dans un lieu rempli de grâce.
Devant le Christ, à 3 m du tabernacle, et ils n’ont rien vu ni compris…
Nous devrions, frères et sœurs, frémir d’être dans cette même situation.
Comme on dit vulgairement ‘à côté de la plaque’, ‘ à côté de la grâce’…
Mais si l’on frémit d’être si loin de ce que désire le Seigneur pour nous…
Si on frémit de ne pas tout comprendre, et peut-être même de ne rien comprendre… Alors nous n’avons rien à craindre !
Parce que ça veut dire qu’on attend un regard de Dieu. On attend quelque chose.
Au final on peut attendre, au fond du fond, le pardon.
Ou tout simplement il aurait demandé qu’on lui donne ce vêtement de noces. Et le Seigneur lui aurait donné.

Attendre le pardon c’est déjà gagné.
On comprend que les invités à la Noce, ceux qui ont répondu, qui sont venus, qu’importe qu’ils soient bons ou qu’ils soient mauvais !
Qu’importe qu’ils aient accueilli une petite miette de grâce divine ou qu’ils aient bu au torrent de l’amour de Dieu, qu’ils soient pauvres ou riches, il suffit simplement qu’ils ne tournent pas le dos lorsque Dieu parle.
Je voudrais terminer par une invitée au noces de l’Agneau. Une curieuse invitée, qui s’appelle Rabi’a.
Une mystique musulmane.
 » d’où es-tu venu? Lui demanda-t-on.
Réponse : – de l’autre monde.
– – – – – –
et où vas-tu ?
vers l’autre monde.
et que fais-tu en ce monde ci ?
je m’en moque.
et de quelle façon t’en moques-tu ?
je mange son pain et je fais les œuvres de l’autre monde « .
Et un jour, quelqu’un d’autre lui demande pourquoi elle ne cesse pas de pleurer. Réponse :
– je crains toujours qu’à la dernière minute une Voix ne s’exclame :
‘ non, Rabia n’est pas digne d’être en notre Présence ! ‘
Je ne veux pas juger, mais n’est-ce pas elle qui a le vêtement de noces ?

SAINT DENIS 2023

Place du trône renversé. Actuelle place de la Nation à Paris.
16 religieuses Carmélites descendre d’une charrette au pied de l’échafaud.
Nous sommes le 17 juillet 1794. Le 29 Messidor du calendrier républicain.
Au premier rang de la foule compacte, un prêtre murmure l’absolution, et disparaît rapidement.
Aussitôt, les sœurs entonnent le Salve Regina, un Te Deum puis elles poursuivront par le Veni Creator.
La foule, saisie, reste en grand silence.
Et les sœurs montent à l’échafaud, une à une, chantant toujours, jusqu’à la fin, mais à mesure qu’elles disparaissent le chant se fait plus menu.
Plus que deux voix. Plus qu’une.
Celle la Mère prieure, Mère Thérèse de saint Augustin, qui est invitée la dernière au sacrifice suprême, après avoir vu chacune de ses sœurs exécutée.
Le derniers mots du Veni Creator, c’est elle qui les chante : Deo Patri sit Gloria
Et Filio qui a mortuis
Surrexit a Paraclito
In saeculorum saecula.
Gloire à Dieu le Père
Et à son Fils vainqueur de la mort À l’Esprit Saint Consolateur Dans les siècles des siècles.
8 jours après, Robespierre – Maximilien – disparaîtra par le même chemin, mais pas en chantant le Veni Creator; ce sera la fin de la grande Terreur.
Je vous recommande, frères et sœurs, la pièce de Georges Bernanos qui s’appelle «le dialogue des carmélites», qui met en scène cet épisode glorieux de notre Révolution Française.
Tous les martyres se terminent ainsi. La lumière brille sur le monde…
Le martyre de Saint-Denis, même si on n’en connaît pas l’histoire précise, se termina comme celui de chacune des 16 sœurs Carmélites de Compiègne.

Exactement comme celui de Saint-Paul, de Jean-Baptiste. Pierre, Jacques, Étienne, tous ceux que l’on nommera dans un instant :
Corneille et Cyprien, Félicité et Perpétue, Agnès, Cécile, Anasthasie,
et d’innombrables, connu(e)s et inconnu(e)s au long de l’Histoire de l’Église.
Pourquoi l’Église met-elle tant à l’honneur le témoignage du martyre ?
Parce que le martyr, homme ou femme, nous fait découvrir avec une magnifique évidence :
– la grandeur de l’homme: sa liberté. L’invincible conscience qui fait la grandeur de l’homme.
Et puis, les martyrs mettent en évidence
ce qui fait le cœur de chaque chrétien véritable :
– L’amour de Jésus-Christ.
– Et la grâce divine qui rend Sainte l’Église, qui est le sel de la terre, et qui est la lumière de Dieu sur le monde.
– Les martyrs mettent en magnifique évidence le conflit entre l’esprit du monde et l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint.
Le monde ne peut pas comprendre cette fidélité à une source qui donne la joie et la vie dans les fibres de notre être.
Une joie si grande, si profonde, si intime d’amour, qu’elle passe par-dessus toutes les souffrances, et la mort même.
Il est clair que le christianisme est lumière des consciences et de la dignité humaine.
Et que toute culture qui méconnaît le Christ ou s’en éloigne, s’entrave dans ses jugements.
Sans la foi, l’homme se cherche dans le brouillard, se perd dans le brouillard. Sans la foi – je dis une foi pratique, vécue dans la fidélité aux sacrements et à la prière, la foi qui a du sel et qui est lumière de l’Eglise sur le monde – sans elle, les rivalités, troubles sociaux, médiatiques, les errances en tous domaines se démultiplient. Pourquoi ?
Parce que l’homme doit accueillir, pour grandir, des sources de lumière qui ont une certaine hiérarchie entre elles.

Il y a des sources premières auxquelles les autres doivent se référer.
Il est évident que l’Église est le premier et l’ultime phare sur le monde. Lumière spirituelle qui doit irriguer toutes les autres dimensions de l’homme. Dimensions morales, politiques, sociales et personnelles.
L’Eglise est cette lumière dont parle Jésus Christ dans l’évangile.
Cette lumière, nous l’avons frères et sœurs, mais elle ne nous appartient pas.
Elle est la lumière de l’Eglise.
Notre monde est obsédé par le mal.
Je m’en rends compte dans mes visites aux paroissiens.
Sans la foi, l’obsession du mal ne trouve pas d’issue de sortie.
Chacun se défend en condamnant. C’est normal…
C’est la guerre des étoiles.
Les étoiles du mal se donnent beaucoup de mal et d’efforts pour s’imposer. Beaucoup de bruit.
Les étoiles du bien s’unifient en silence pour vivre en vérité.
Elles ne font pas de bruit.
Jésus Christ devant le mal a laissé le mal épuiser ses forces. Sur lui.
Pour lui permettre de prendre conscience de son néant.
Le mal est vide.
Si on prenait une image de la science physique, on pourrait comparer le mal à un trou noir cosmique qui absorbe tout ce qui passe à sa portée.
Et il n’en sort rien.
Mais le trou noir, le mal, absorbe tout ce qui est matière.
La vie éternelle lui est inaccessible. La grâce lui est inaccessible. ‘
Et c’est le sens du martyre.
Le martyre laisse tout le mal à son adversaire, je dirais presque, avec fair- play…
Pour vivre avec son trésor, qui est sa participation au Royaume de Dieu.
Inévitablement l’Eglise poursuit son chemin de victoire jusqu’au martyr.
Car le martyre est l’ultime victoire.
Sa victoire est assurée. Qu’elle gagne ou perde, qu’elle soit visible ou silencieuse, qu’elle soit blessée ou resplendissante, l’Eglise témoigne de toute façon de la Victoire de son Sauveur et de Dieu.

Ce dont on ne se rend pas assez compte, c’est que les incroyants ont un complexe.
Nous les croyants, nous vivons de la joie de la présence de Dieu et de l’amitié avec Jésus.
Jésus est notre intime.
Mais ce n’est pas la disposition de l’incroyant.
Pour celui qui rencontre le Christ, son âme, sa respiration, les battements de son cœur sont transformés et ses amours sont enrichis de paix.
Celui qui n’a pas rencontré Jésus pressent qu’il lui manque quelque chose au fond de sa vie, de son élan vital.
Mais sans savoir ce qui lui manque.
C’est terrible, cette frustration qui se cache.
Et cette absence mal définie peut se traduire par une violence… contre. Contre ce qui pourrait lui faire découvrir qu’il lui manque quelque chose.
Ou plutôt qu’il lui manque « Quelqu’un » ! qui l’appellerait alors inévitablement à une transformation de son être et de sa vie.
Un enfant autiste ne sait pas comment communiquer.
Sa nature le gène mais s’il pouvait l’exprimer il serait guérit.
Notre monde est autiste.
Il cherche les solutions aux problèmes qu’il se fabrique, mais sur lui-même. Ce sont les efforts des systèmes ésotériques, philosophiques, franc-maçons, de tous les systèmes déviés dans leurs fondements, plus ou moins occultes.
Frères et sœurs, cette pauvreté appelle une immense compassion.
Et la compassion du chrétien, c’est son silence avec son Dieu.
Parce que le chrétien souffre pour ses adversaires. Il souffre aussi pour ses propres pauvretés.
Mais il est fort de la faiblesse de son martyre.
Saint Denis et tous ses compagnons innombrables dans l’Histoire de l’Église sont de grands compatissants, dans le martyre, du mal de leurs adversaires.
Pour la maladie, pour un échec, un accident, un deuil, on peut compatir par un dévouement de cœur et d’âme avec ceux qui sont dans la peine.
On peut pleurer avec eux des larmes de notre corps et de notre cœur.
Pour le mal aveugle et devenu autiste, la compassion, sincère et véritable, elle s’exprime par les larmes de sang, par le martyre, pour la foi de l’Église. C’est la leçon de saint Denis.

Saint Grégoire de Tours déclare que Denis était évêque de Paris et fut martyrisé décapité par une épée.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre, qui fut en fonction de 92 à 101.
Denis commença à tisser un lien avec les « apôtres des Gaules » réputés avoir été envoyés avec six autres évêques missionnaires sous la direction du pape Fabien.
Là, Denis fut nommé premier évêque de Paris.
Les persécutions sous l’empereur Dèce avaient pratiquement dissous la petite communauté chrétienne de Lutèce (Paris).
Denis, avec ses inséparables compagnons Rusticus et Eleutherius, martyrisés avec lui, s’installent sur l’Île de la Cité sur la Seine.
Le Paris romain se trouvait sur les hauteurs de la rive gauche, à l’écart du fleuve.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre.
Arrivé à Paris avec deux disciples, Rustique et Éleuthère, Denis y construit la première cathédrale, prêche aux habitants et les convertit au christianisme. En ces temps de persécution des chrétiens, les autorités romaines ne tardent pas à remarquer son action. Soumis à un interrogatoire, Denis et ses compagnons se déclarent chrétiens et sont mis à mort, décapités par le glaive du bourreau. Pour empêcher que leurs dépouilles ne soient jetées dans la Seine, une aristocrate romaine encore païenne, Catulla, décide de s’en emparer par la ruse et de les ensevelir dans un champ de sa propriété.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre, qui fut en fonction de 92 à 101.
Denis et ses compagnons furent si efficaces pour convertir les gens que les prêtres païens s’alarmèrent de la perte de leurs adeptes.
A leur instigation, le gouverneur romain arrêta les missionnaires.

Après un long emprisonnement, Denis et deux membres de son clergé furent exécutés par décapitation sur la plus haute colline de Paris (aujourd’hui Montmartre), qui était probablement un lieu saint druidique.
On pense généralement que le martyre de Denis et de ses compagnons a donné au site son nom actuel, dérivé du latin Mons Martyrium « La Montagne des Martyrs ».

VINGT-SIXIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

La grâce sanctifiante
La vie de foi, c’est comme une maison. Il y a les fondations.
Il y a les murs.
Il y a une porte.
Et il y a les fenêtres. Puis les étages et le toit.
Tout est nécessaire. Mais il y a des priorités.
Les fondations, première priorité.
Et, dans la vie de foi, les fondations, quelles sont-elles ?
C’est Jésus-Christ.
C’est chercher la place de Jésus-Christ dans votre vie de foi, frères et sœurs, et vous connaissez la solidité de votre vie.
Il porte tout.
Notre Sauveur est avant toutes choses. Premier dans l’absolu.
Sans notre Sauveur, mort et ressuscité, source de vie éternelle, il ne peut y avoir que des tours de Babel, qui durent quelques temps – généralement le temps d’une génération – avant de tomber en ruines.
Les murs de la maison :
C’est l’Eglise.
Sans l’Église, aucune unité concrète. Aucune harmonie.
Aucune source de grâces assurées, aucune vérité qui tienne, aucune charité vraie. Rien n’est assuré.
Sans l’Église on tremble de peur et de froid. D’incertitude.
Et puis la porte…
Je rappelle, frères et sœurs, que l’Église c’est le Christ, son corps prolongé dans l’Histoire.
Remarquez aussi que la porte, c’est le Christ.
Jésus le dit lui-même. Il est la porte par laquelle il conduit ses brebis aux pâturages. Mais avec une nuance.
Une nuance de confiance.
Le Christ connaît ses brebis et ses brebis le connaissent.
C’est cette confiance, qui est une amitié, qui constitue la porte et le fondement de notre vie de foi.

Ensuite viennent les fenêtres, qui peuvent être disposées en multiples endroits. C’est la vue sur les mystères de foi, qui est variée, infiniment variée selon les dons de chacun.
Mais d’une certaine façon, les fenêtres sont secondaires.
Et enfin, il y a la disposition des pièces, des étages, de l’ameublement intérieur, c’est dans un plan secondaire, selon les goûts et les couleurs.
Ce sont nos vertus, nos évolutions, nos histoires, nos talents.
Mais secondaires, plus ou moins bien placés, géniaux ou mal foutus.
Aujourd’hui, saint Paul parle des fondations : du Christ libérateur. Jésus parle de la porte : De notre disposition de cœur.
Ezechiel, des fenêtres et de l’architecture intérieure.
Et ce qui m’intéresse, ce sont les paroles de Jésus.
Car c’est sur ses paroles que se reconnaît une vie spirituelle vécue en vérité, la charité vraie d’une paroisse, la profondeur d’une vie de foi.
C’est le cœur de notre âme.
Notre âme est comme une porte qui s’ouvre et se ferme.
Si elle s’ouvre : elle reçoit la grâce, quelles que soient l’état des fenêtres, de nos bonnes actions ou de nos talents.
S’ouvrir pour notre âme, c’est entrer en véritable relation.
Je dis véritable, car il existe des relations fausses. Des relations captatrices, des relations de façades, de fausses écoutes, et même des ‘bonnes actions’ perverses qui cachent une recherche d’intérêt pour soi.
La véritable relation d’une âme qui s’ouvre, c’est une relation d’amour qui se donne. Et le seul amour qui puisse se donner sans limite c’est un amour qui se donne à la grâce divine.
C’est l’amour qui se donne dans les bras de Dieu.
Et dans la parabole, c’est l’amour du Fils qui dit ‘non’. C’est bizarre…!
Il dit ‘non’, mais sa relation au père est véritable.
La relation du second fils est fermée.
‘Oui Seigneur’!… Ça contient un manque de simplicité filiale.
‘Oui, Seigneur’, c’est une réponse de surface, comme un bouclier sur lequel va glisser la demande du père.
Âme fermée.
Cette apparence ne vaut rien.
Ce fils ouvre les fenêtres de sa maison, mais pour mieux verrouiller sa porte.
Pour le premier fils, c’est l’inverse.
Ses volets sont clos dans un mouvement premier, mais sa porte ouverte.

On voit dans l’Écriture Sainte cette approche complexe que peint si bellement Jésus dans cette parabole.
Regardez Abraham, regardez Moïse ou le Roi David, tous les grands amis de Dieu en fin de compte : Élie, Isaïe, Jérémie, Jonas, le prophète Osée ou Amos.
Je n’en reste qu’à l’ancien Testament..
Tous, ils ont un fond d’amour filial, un accueil profond de la lumière qui transforme leur cœur, qui offre leur cœur à l’intimité de la présence de Dieu.
Et tous ont eu des premiers mouvements ratés, mauvais.
Abraham qui ment ‘en prêtant’ sa femme Sarah à pharaon.
Moïse qui prend pour épouse une jolie éthiopienne.
Le roi David qui tue Hurie le mari de Behtsabée (qui n’en est pas si affectée que cela…..)
Élie, Jérémie, Isaïe, nombre de prophètes, qui rechignent à leur mission qui les dépasse et qui va les sacrifier.
Tous, ils reviennent au Seigneur offrir leur âme et leur personne après des dérapages, parfois très graves…
Parce que leur porte est ouverte.
Leur cœur est à l’Esprit Saint.
Et puis il y a en contre partie la ribambelle des gens biens, que l’on pourrait remonter à Caïn. Un exemple caractéristique est celui du premier roi d’Israël : le roi Saül. Doué, serviable. Courageux même. Respecté.
Tout pour plaire.
Mais il lui manque, au fond, l’esprit de fils.
C’est rien, mais c’est la porte à la vie éternelle.
C’est l’obéissance aimante au désir de Dieu.
Ce serait son cœur donné.
Dieu peut tout pardonner, mais pas si on essaie de le tromper par une apparence de vertu pendant que le cœur est emprisonné dans l’amour de soi-même.
Dieu reste devant les portes fermées.
Parce que s’il voulait vraiment entrer, il pourrait casser la baraque, défoncer le mur.
Jésus cherche les cœurs qui ne se camouflent pas.
Surtout derrière la vertu, la compromission et la diplomatie.
Et où Jésus dit-il les trouver, ces cœurs disposés à la grâce divine ?
Il les trouve chez les escrocs et les prostituées.
Ceux qui sont dans les choux, bien souvent les ratés.
En fin de compte, les pauvres en tout genre.
Mais pour lesquels il reste un mouvement franc des profondeurs de l’âme. Généralement, ce ne sont pas ceux qui sont dans des situations tranquilles.
Ce sont ceux qui ramassent les coups, les critiques, les persécutions, les malédictions des gens habiles, mais faux.
Les savants, les habiles, les blindés polis ne mouillent pas à la grâce.

Ça glisse sur leur plumes.
Les enfants, les pauvres, les affamés, ceux qui se donnent, et pas spécialement en bonnes œuvres… qui se donnent au niveau de leur cœur mis à nu, quelles que soient les apparences parfois minables et la mauvaise réputation qu’ils ont, ceux-là ont leur porte ouverte à l’intimité du Christ.
Et le Christ est venu pour eux.
Parfois ce sont les grands blessés de la vie, échappés des camps de la mort par quelque miracle.
Ils ont dit ‘non’ un jour, ou deux ou trois…
Mais qu’importe, Dieu sauve leur cœur qui est resté sur un oui.
Un cœur qui a gardé quelque part une tendresse cachée ou ensevelie.
Dieu sauve les consciences qui fléchissent.
Ils ne sauve pas telle ou telle de nos qualités dont il n’a aucunement besoin pour être Dieu et arriver à ses fins.
Alors on se retrouve avec les deux fils.
Le fils prodigue qui flambe en débauche tout l’héritage du Père mais qui revient et reconnaît son père.
Son père l’attend.
Il revient à sa relation première qu’il n’a jamais totalement perdue.
Sa porte est restée entrebâillée pendant tout ce temps.
Et puis de l’autre côté…
Oh… on a rien à reprocher au fils aîné, mais il a perdu son âme de fils comme le fils qui dit ‘oui Seigneur’ derrière sa porte fermée…
Et puis un jour, quand on a bien établi ce fleuve de grâce de la relation filiale avec Dieu, on a plus envie de dire ‘non’.
Mais ça c’est plus tard, quand on a pris conscience de notre relation d’amour. Quand l’onction de la présence de Dieu a pris toute sa place, a démonté la porte qui ne se fermera plus.
L’âme devient, dans la fidélité, cette maison où Dieu ne frappe plus.
On a jeté les clés.
Le Seigneur entre, il s’assoit, il prend son repas avec nous.
Cette maison – notre âme – peuplée de lumière et peuplée de fous, de folie, de folie d’amour, sera la dernière à rester debout.

VINGT-CINQUIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

 » l’histoire de toute société jusqu’à nos jours, n’a été que l’histoire de luttes de classes »
Vous reconnaissez certainement, frères et sœurs, une phrase connue du ‘Manifeste du parti communiste’
Comme beaucoup de jeunes, dans le temps, je m’étais penché sur ce livre pour changer le monde vers son bonheur.
Je dois dire que je m’étais tellement ennuyé avec ses principes faux que j’avais été voir ailleurs, vers d’autres cieux qui puissent faire palpiter mon cœur.
Pour notre rêveur, Karl Marx, la grande histoire du monde doit tendre vers une fin,
vers un apaisement final, qui serait la victoire de l’Homme devenu Dieu sur terre.
Une sorte de Royaume de Dieu dans la matière.
«la force matérielle ne peut être abattue que par la force matérielle», écrit Marx.
[contribution à la critique de la philosophie du Droit de Hegel]
C’est comme cela qu’on fait de la mauvaise philosophie. Géniale mais fausse :
En réduisant la réalité à un seul aspect. Pour Marx, le plus bas de l’Histoire des hommes.
Toute différence doit être nivelée à cet aspect.
Plus de premiers.
Plus de derniers.
Le moteur de sa révolution, c’est une lutte pour le nivellement.
Le grand génie de Karl Marx se trouve dans l’incitation à « la dictature du prolétariat ».
« Pouvoir conquis par la violence que le prolétariat exerce, par l’intermédiaire du parti, sur la bourgeoisie et qui n’est lié par aucune loi ». [ Lénine]
Karl Marx a compris que s’il incitait les masses à la haine, il lâchait dans l’Histoire des forces destructrices gigantesques.
Plus de premiers, plus de derniers, parce que les derniers auront éliminé les premiers… par la violence, inévitablement.
Tous ceux qui se considèrent comme des Caïn pourront tuer les Abel.
Après deux siècles de cette idéologie de mort nous savons combien de massacres cette justification de la violence a engendrés.
Lénine, Staline, combien de millions de morts pour le Paradis égalitaire…? 3 ou 20 millions ?
Des enfants de chœur à côté de Mao : 70 millions de morts.
Pour atteindre la fin bienheureuse de l’Histoire.
De leur Histoire.. de cauchemar..

Et cette conception, cette illusion perdure dans beaucoup de têtes mal placées, et dans pas mal de têtes chrétiennes, que l’histoire s’ouvrira sur un temps lumineux et doux, ressemblant davantage à un encéphalogramme plat qu’à une intense communion. La paix du Christ n’est pas un encéphalogramme plat..!
« Prolétaires de tous pays, unissez-vous … dans la haine !
’Plus de derniers, plus de premiers,’ ça nous dit quelque chose.
Ne serait-ce pas les propos de Jésus, 2000 ans auparavant ?
… pas tout à fait.
Jésus dit que des derniers seront premiers, et des premiers seront derniers. Ce n’est pas tout à fait pareil.
Pour Marx c’est le Parti de l’Homme qui juge..
Pour Jésus, c’est un Maître..
Mais un Maître d’une infinie bonté ( infinie…) lui-même créateur de tous les dons, par amour.
Par surabondance d’amour.
Au-dessus de la nature humaine, au-dessus des calculs humains.
Dieu perturbe les calculs humains de la matière et de l’esprit pour donner sa base : La base de l’amour.
Ce n’est pas une idéologie que vient dévoiler Jésus.
C’est la force d’une relation d’amour, émanant du cœur de notre existence.
Ce n’est pas une violence que vient réveiller Jésus.
C’est la primauté de la liberté d’un cœur qui aime. Qui est invincible.
Comment est constitué la grande Histoire des hommes, pour Jésus ?
Elle est constituée par un fleuve invisible qui est une relation d’amour entre Dieu et les hommes, entre les hommes et Dieu, entre les hommes entre eux..
Et que se passe-t-il dans le concret de l’Histoire ?
Le Seigneur passe dans des petites choses.
Et il repère la réponse, notre docilité à un appel insignifiant.
Quelque chose qui ne sert à rien et qu’on pourrait éviter très facilement, dans le secret de notre cœur.
Si on entend sa voix pour ce rien du tout, il peut déplacer les montagnes et les continents en réponse.
Et si on ne répond pas ( « Seigneur, j’ai quelque chose d’autre à faire, j’ai un meilleur plan à te proposer, mon Dieu… J’ai à te proposer mon plan… » )
Ce sera un torrent de grâces dont on ne saura jamais la teneur, qui restera dans le néant.
Inexistantes.

Parce que on ne sera pas entrer dans ce fleuve d’amour que Dieu nous propose.

Et Dieu poursuivra son Histoire, sa Providence, sans nous, vers un Royaume de joie intense.
Mais alors… pourquoi mon voisin est-il payé de même façon que moi qui aie travaillé avec tellement plus d’efforts ou même de qualité ou même de génie ?
La réponse de Dieu est très claire.
Ce n’est pas la mesure de nos œuvres qui permet de juger.
Le jugement porte sur l’amour seul qui soulève mon cœur.
L’amour ne se paie que par l’amour.
La rétribution de l’amour c’est une grâce d’amour plus grande.
Et, par conséquent au moment même où je regarde mon voisin pour me mesurer à lui, j’oublie Celui qui me donne l’amour qui seul peut combler mon cœur, peut combler mes dons, peut combler ma joie.
Que j’ai un denier de salaire, et déjà ça me suffit, que j’ai mal aux jambes d’avoir fait les vendanges, que j’ai mal de partout d’avoir été au chômage devant ma télévision, ce qui compte au final de l’histoire c’est l’appel d’amour de Dieu dans les grandes choses ou dans les choses absolument insignifiantes.
Ce qui me paye c’est la présence de Dieu qui va en fin de compte me réjouir à travers toutes les différences d’avec mon voisin.
Que je sois premier que je sois dernier.
Mais en fait que je sois dernier de préférence.
Puisque le dernier, c’est celui qui n’a plus rien que l’amour de Dieu dans son cœur.
En fin de compte, le chrétien véritable, uni à Jésus pour la vie et pour la mort est parfaitement libre.
Et le but de l’Histoire, de l’Histoire des sociétés jusqu’à l’Histoire très intime de mon âme, c’est l’union amoureuse avec Dieu.
Comme le disait sainte Thérèse de l’enfant-Jésus :
 » Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. »
Elle désire donc être la dernière

Les mains vides…
Mais « en étant l’amour, dans le cœur de l’Église », dit-elle.
Donc première dans l’amour.
Et, en deçà, la caravane des grands génies maléfiques passe. Il n’en restera rien.

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