CINQUIEME DIMANCHE DE PÂQUES 2025

‘J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle…’ Le premier ciel, la première terre… Y’a plus !
Et ce ciel nouveau, il enfante quoi ?
Une ville nouvelle. La terrestre c’était Jérusalem, la ville du temple de Dieu, la demeure du Très- Haut. Elle a fait son temps. La nouvelle, qui descend, c’est une autre ville qui est bizarrement, non pas une
soucoupe volante, mais une femme ; davantage même… une épouse. Comme la première Jérusalem elle est la demeure de Dieu. Mais pour la première Jérusalem, Dieu y était pour se rapprocher des hommes. La nouvelle, ce sont les hommes qui sont élevés jusqu’à Dieu. Elle est enveloppée d’un ciel nouveau. Tout resplendit de grâce. Ça c’est autre chose. La première Jérusalem, elle n’était pas épouse. Elle était fiancée. Son promis venait la visiter chez ses parents. La seconde Jérusalem, elle est épouse. Son mari l’emporte dans le ciel nouveau. Enfin, c’est une épouse qui n’est pas encore épouse, parce qu’elle est prête pour
ses noces… Ça va pas tarder. Mais son mari, c’est qui?
Hé bien, justement, il n’y en a qu’un. Le Seigneur Dieu. Le Roi. Celui qui trône. Celui qui veut faire toutes choses nouvelles… Saint Jean a vraiment une fécondité d’expression hors du commun. Il faut dire que ce message de l’Apocalypse est l’avant dernier chapitre de la
Bible. On est tout proche de l’ultime acte divin dans sa Création :
La glorification de l’humanité toute entière. Enfin, disons, de tous les élus. C’est quand même pour cela que nous marchons, si lentement il est vrai, sur cette
terre. Pour arriver à ce bout du bout de notre joie, de notre accomplissement. Mais ce dimanche, on n’a que du nouveau. Un ciel nouveau, une terre nouvelle, toutes choses nouvelles. Et Jésus nous livre un commandement nouveau :  » Comme je vous ai aimés, aimez-vous … » Ce n’est pas n’importe quel amour. On peut dire aussi que la glorification de Dieu par Jésus, et de Jésus par le Père, est quelque chose d’unique et de nouveau.

Nous sommes, frères et sœurs, des messagers du ‘nouveau’. On présente l’Eglise comme une lourde machine qui traîne derrière le monde, qui
freine, un peu, beaucoup – ringarde – les projets innovants de notre monde
lumineux… Très bien, quand on la regarde de dehors… Effectivement, sa façade semble plutôt tradi et même un peu décrépie. Mais celui qui ouvre la porte sait, je dirais presque ‘à ses dépens’, que l’Eglise est
époustouflante de nouveauté et de surprises. Pourquoi ‘ à ses dépends ‘ ?
Parce que, pour encaisser la nouveauté de l’Eglise et de la Bonne Nouvelle du
Christ, il faut se convertir… Changer de régime. Il faut adapter notre regard à la nouveauté. Les ringards, les vieux je dirais, ce sont ceux qui ne voient rien de l’intérieur de
l’Eglise. Alors cette nouveauté, qui est déjà là, mais qui va s’inscrire définitivement dans
l’éternité quand le premier Ciel disparaîtra, quelle est-elle ?
Hé bien non… Ce ne sont pas les martiens !
Les martiens c’est vraiment trop éculée comme imagination. Ce sont les hommes, les femmes, illuminés de la grâce, devenus Dieu. Par participation à sa nature, divine. Ça c’est neuf ! « aimez -vous les uns les autres, « , c’est pas mal, mais être glorifié c’est encore
plus grand, plus parfait. C’est être élevé à la Nature divine. C’est différent que de faire des actes bons. Même avec l’aide de Dieu. On vaudrait recoller le monde pour qu’il soit plus beau. Mais ce n’est pas le plan de Jésus, ni celui de l’Eglise. Certains philosophes s’y sont essayés, en théorie. Beaucoup de politiques s’y essayent, en pratique. Et ils sont tous vieux de chez vieux. D’autant plus qu’ils émettent des plans nouveaux et qu’ils discutent pour faire de
la fumée. Le plan de Jésus, de Dieu le Père, avec l’intervention du Saint-Esprit, c’est de
transformer l’essence du monde par la grâce insaisissable. Et tout a fait silencieuse. Transformer le monde, ça veut dire : transformer chaque âme par une union qui
dépasse notre nature. Ça c’est la spécialité que se réserve Dieu. Et c’est ça la nouveauté. Les hommes ne peuvent pas transformer l’âme.

Ils peuvent manipuler les esprits, fabriquer des mirages d’amour, mais élever une
seule âme, jamais !
Le Saint-Esprit par l’Eglise, le peut. Et vraiment, la nouvelle ville, l’épouse prête pour ses noces, pour sa rencontre
avec le cœur de la divinité Trine, ça c’est un spectacle neuf et éternellement
inédit. C’est pas l’Eglise qui est frileuse, ce sont ceux qui ne veulent pas s’engager dans
son projet lumineux. Parce qu’évidemment, s’engager sur le chemin de la grâce, ça demande de laisser
tomber nos vieilles conceptions et nos habitudes mornes. Vous connaissez la fable du renard et des raisins. « Ils sont trop verts, dit il, et bons pour des goujats  » Quand on ne peut pas attraper le Royaume de la nouveauté, ou disons qu’on ne veut
pas entrer dans la nouveauté de nous-même, on murmure avec dépit : « l’Eglise est trop ringarde, disent-ils, et bonne pour des bigots. » Renards lâches et impuissants !
Le chrétien est celui qui aurait tout à craindre du feu infini de Dieu, mais il se
lance dans cette aventure qui va le griller. Il se lance à l’aveugle, dans la foi, (voilà une nouveauté : la foi !)
Sur le chemin de son sacrifice (voilà une nouveauté qui va à l’encontre de l’amour
du monde si poussif : l’amour par le sacrifice ! Jusqu’à la mort… Ça c’est du neuf !
Jésus annonce sa glorification au moment où il est trahi par Judas. Ça c’est neuf, de dire à son traître : ‘dépêche toi de me trahir’ )
Donc… Le chrétien, c’est celui qui vise le bonheur intégral (et ça c’est neuf !), en
laissant tomber tout ce qui le distrait de la seule lumière divine. Parce qu’il sait qu’on ne raccommode pas un tissu neuf sur un vieux. Tous les problèmes dans le monde viennent des vieux – je veux dire de ceux qui ne
veulent pas ou plus changer pour recevoir la grâce de la foi et l’espérance de
l’union de l’Eglise avec son époux, le Christ. On veut des nouveaux dans l’Eglise ! Et pas simplement un Pape tout neuf !
On veut des esprits éclairés par la grâce. On veut des êtres de désirs, mais de désirs profonds. Des âmes qui ne disent pas ‘Oui, mais…’ mais qui disent : ‘Je prends ! Je veux ! Je veux avancer ! ‘
‘ Oui, viens, Seigneur Jésus. Fais du neuf avec moi !’ Mais quand on dit ça, c’est obligatoirement passer par le feu. Il faut le savoir vous, les jeunes !

Mais quand on dit ça, c’est obligatoirement passer par le feu.
Il faut le savoir vous, les jeunes !

RAMEAUX 2025

Le Pape Saint Grégoire le Grand écrivait :
« il faut savoir que la volonté de Satan est toujours inique ( inique, ça veut dire injuste, misérable de la dernière espèce), mais… continue Saint Grégoire, son pouvoir, le pouvoir de Satan n’est jamais injuste. »
Cette remarque est très importante.
Ça veut dire que Dieu permet par une intention des plus belles et des plus positives et des plus justes, il permet au diable de commettre des injustices.
Jésus a permis au diable d’aller jusqu’au bout de l’horreur.
Devant un bébé qui souffre, il y a quelque chose d’insupportable dans notre souffrance.
Notre nature se rebelle.
Devant un innocent accusé injustement, il y a quelque chose d’intolérable.
Et pourtant, il n’existe pas de bébé parfait, ni d’innocent totalement innocent.
Jésus est l’être le plus pur, le plus innocent.
Il y a quelque chose d’irrésistible attirance devant un petit enfant.
On a envie de le regarder, de lui faire quelques mimiques pour qu’il nous regarde, qu’il nous sourit. il est toute promesse.
On a envie de le porter, de protéger sa fragilité, de lui éviter toute souffrance…
Hé bien, Jésus devait provoquer 10000 fois plus cette attirance, cet éblouissement qui se produit quand on approche de la pureté.
Il y a quelque chose d’instinctif.
Comme d’ailleurs de regarder une jolie femme. ‘ jolie’ ça veut dire de laquelle émane de la pureté, quelque chose de vierge, ( beauté et pureté se marient bien)
Et bien, sans qu’il y ait aucun désir charnel, le regard de Jésus provoquait l’adoration.
La personnalité de Jésus était d’une exceptionnelle lumière pure.
Une lumière qui émanait de son cœur divin à travers sa nature humaine.
C’était exceptionnel.
Et l’on se rend compte alors que l’injustice qu’a suscitée le diable dans le cœur des pharisiens est absolument monstrueuse.
Pire que quelqu’un qui voudrait faire du mal à un bébé.
Pire que quelqu’un qui voudrait crever l’œil d’un visage de toute beauté.
Et Dieu a voulu, a permis cette injustice du pouvoir de Satan sur l’humanité sacrée de notre Sauveur divin.
Nous ne pouvons pas comprendre.
Que Dieu permette au diable d’être accroché au Royaume de la vérité, nous ne pouvons pas le comprendre ou l’analyser.
Ça nous dépasse.
Et pourtant c’est le seul chemin pour nous sortir des déformations de notre cœur.
C’est le grand mystère.
Que Dieu ait livré la beauté au pouvoir de la laideur.
C’est intolérable et il n’y a qu’une seule issue.
C’est que Dieu par là, va prouver que son pouvoir de bonté déborde de n’importe quel pouvoir du mal.
Et nous, notre issue, c’est de regarder Jésus.
C’est de vivre l’union à Dieu, de façon totalement folle.
C’est de se donner au royaume de la grâce, de la vie divinement inspirée de l’Église, du cœur de la charité qui reste pure.
Le diable nous précède et nous poursuit.
Le diable infiltre nos actes.
Mais il ne peut pas nous interdire de regarder Jésus.
Et là, il ne peut plus rien.

Jésus a été condamné par des mensonges.
Ces mensonges qui emplissent notre monde.
Je rappelle ce que c’est qu’un mensonge :
C’est une vérité que l’on détourne de sa pureté.
Une vérité dans laquelle on introduit une déformation, ou une confusion.
Jésus a été condamné dans une confusion provoquée par les pharisiens.
Et tout ce qui est confusion dans notre monde, glissement dans le mensonge, très souvent subtil, participe au pouvoir du démon.
Simplement je relève une confusion qui est encore blessure du cœur du Christ…
Ces dernières années se lève une nouvelle culture que l’on appelle woke.
Fondée sur la confusion.
Qui rejette tout stéréotype
A priori.
Comme si un stéréotype était en soi quelque chose de mauvais.
C’est là qu’il y a le mensonge.
Est-ce qu’il y a des stéréotypes naturels.
Et il y a des stéréotypes fabriqués.
Les stéréotypes naturels sont bons.
Les stéréotypes fabriqués peuvent être bons ou mauvais.
Un stéréotype naturel c’est par exemple qu’un homme doit être père et qu’une femme doit être mère.
La fécondité de l’amour épanouit une paternité pour l’homme, et la maternité pour la femme.
Voilà des stéréotypes tellement bons.
Et puis il y a des stéréotypes fabriqués, construits.
Ceux qui entre dans le mouvement de la nature.
Qu’une femme est la première protectrice nourricière de son enfant.
Cela on le trouve même chez les animaux.
La lionne va défendre son petit du caractère irascible du lion.
Le premier rôle d’une femme c’est de porter, de mettre monde, de nourrir, de protéger son nourrisson.
Et par conséquent de demander à la société qu’elle favorise ce rôle naturel.
Voilà un stéréotype fabriqué mais dans la ligne du bon.
Et il y a des stéréotypes qui tiennent du péché originel.
Qui tiennent donc de l’égoïsme et de l’amour centré sur soi.
Le stéréotype qui consiste à vouloir s’identifier à celui qui est différent pour prendre sa place, est un stéréotype mauvais.
Fabriqué et mauvais.
De vouloir identifier l’enfant à l’adulte, de lui faire porter des discours qui ne lui conviennent pas, qui ne sont pas de son âge, est un mensonge.
De vouloir identifier l’homme à l’animal, est un stéréotype mensonger.
L’homme est un animal moral.
Il n’a pas le même développement que l’animal.
De vouloir user de son corps à notre guise, en sexualité, en plaisir, est un stéréotype mensonger.
La nature demande à l’homme de se gérer par un principe d’amour spirituel.
Si elle oublie les sources de son amour spirituel la nature est perverse et poursuit des stéréotypes destructeurs.
Et je reviens au procès de Jésus
Les pharisiens suivent un stéréotype fabriqué et mauvais qui les a conduits à la pire injustice et erreur de l’Histoire du monde.
Leur stéréotype c’était que tout le monde devait être comme eux.
Ils n’ont pas envisagé, ils ne voulaient pas envisager que Dieu parle un langage différent du leur.
Ils pensaient que le seul langage de Dieu était celui de la loi de Moïse.
Et que eux seuls comprenaient le langage de Dieu.
Cela est un stéréotype qui court depuis le début de la création de l’homme et de la femme.
Croire que le monde est formaté selon notre jugement.
Et pour cette raison, pour ce stéréotype, qui tient du péché originel, on peut condamner n’importe qui.
On peut condamner Dieu qui essaie d’en placer une.
On va nier qu’il existe des principes qui nous dépassent, des principes de grâce et d’amour, tout simplement des principes de vérité et de lumière.
Le Christ a pulvérisé les stéréotypes des pharisiens.
Et ceux-ci, au nom d’une idéologie qui semblait la meilleure, ont obéi au diable.

CINQIEME DIMANCHE DE CAREME

Une femme adultère… Prise en flagrant délit…

Pas très glorieux…

Sans le vouloir vraiment, les pharisiens demandent à Jésus une réponse sur deux sujets.
Deux sujets essentiels.
L’amour  –  le pardon.
Bien que pour eux, l’essentiel, c’est la Loi.

A l’amour et au pardon, ils n’ont qu’une solution : « est-ce qu’on peut la tuer ? »

Elle est trop gênante.

Tout comme, par ailleurs, ils cherchent à tuer Jésus. Trop gênant…
Le cœur de cette femme ne les intéressent pas.
Pour eux, l’adultère est un péché mortel, parce qu’il est destruction de la famille et de la société.
Par la destruction d’une relation fondamentale de la nature humaine.

Ils n’ont pas tort, mais leur solution est humaine. Ils éliminent.

Dieu illumine.

On ne connaît pas les motivations de cette femme.
Déception, ennui, séduction, secret désir de vengeance, ou désir de domination.
Défaillance, ou bien froid calcul.
Peut-être tout simplement faiblesse irraisonnée.
De toute façon l’adultère signifie quelque chose de raté. Il y a un échec.
Quel que soit cet échec, Jésus va proposer une issue, une lumière.

Mais pourquoi l’amour humain est-il si difficile ?
Mais quel est donc cette réalité très complexe qu’est l’amour humain ?
Si complexe et mystérieux.
Qui peut nous conduire au meilleur, et c’est l’exultation de tout notre être

ou au pire, pour la déchéance de tout notre être.

Alors nous devons poser un minimum de repères qui nous garantiront de la blessure profonde.

Quels sont les dimensions de l’amour ?
Ne doit-on pas discerner amour et amour ?
D’abord selon la valeur de l’objet qui est aimé.
Quand je vous dis, frères et sœurs, aimer son poisson rouge, aimer l’argent, aimer la glace à la vanille, aimer les plaisirs, aimer son métier, aimer les poésies de Baudelaire, aimer un copain ou sa meilleure amie, aimer son épouse ou son mari, aimer les pauvres ou aimer le Christ, je pense, j’espère, que vous ressentez une différence de couleur et de densité pour chacune de ces applications de l’amour.
Il y a des couleurs prioritaires qui emportent le fond d’une vie et des couleurs surajoutées. Tout amour ne mérite pas d’envahir notre cœur.

Et puis, il y a la profondeur de l’amour.
Un amour de surface qui racle très vite le fond, par exemple un amour des faits divers, people, la plupart des questions de politique ou de sport, nous laisserons sur notre faim.
Il y a tellement d’autres amours qui ont de la profondeur et nous invitent à aller toujours plus loin dans la découverte et dans l’aventure.  Qui réclament quelques efforts il est vrai.
Mais qui nourrissent le cœur.

Ensuite il y a l’intensité avec laquelle on aime.
On peut dépenser pour un amour futile une passion rageuse. Ce sera dommages.
Et on peut aimer profond et précieux de façon molle. C’est dommage aussi.
Évidemment, le top serait de donner tout son cœur avec passion et jusqu’au don de soi pour un amour qui est capable de donner de la joie en retour.
Sinon, quelle déception !

Il y a la manière d’aimer.
Pour un même amour, et pour une même intensité d’amour, certains donneront 3 mots et 5 minutes efficaces, d’autres auront besoin d’une bibliothèque entière et de 30 ans d’explications.
Chacun son style.
Certains aimeront avec un style baroque, d’autres avec un style très dépouillé. Chacun son style…

Il y en aura aussi qui seront très fins en amour, très délicats, très subtils, et d’autres n’auront que des gros sabots dans leur placard.
Chacun son calibre…
Amour délicieux comme un bon vin AOC, ou amour bazooka, plus primitif.

Et puis il y a la pureté de l’amour.
Là c’est une histoire de cristal ou de ciel d’orage.
Il y a de grands amours impurs et tordus, torturés. Qui se vautrent.
Et il y a des amours genre pierre précieuse sans impureté, grande flamme paisible qui monte toujours plus haut dans l’air pur. Tellement séduisant.

On pourrait ajouter qu’il y a des amours qui vont loin et des amours qui viennent de loin, d’expériences qui ont sondé les profondeurs de notre âme et qui s’élancent jusqu’au ciel éternel.
Des amours marqués par le destin et la vocation.
J’appellerai cela la résonance de l’amour.

Après…
Il y a des constances dans l’amour qu’il faut connaître…
Par exemple, première constance, l’amour est unitif.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire que quand notre âme reconnait quelque chose qui lui convient, un être parmi cent mille, qui correspond à son désir, instinctivement elle va vouloir devenir cet être.
Elle va vouloir s’unir à cet être.
Deux âmes qui se reconnaissent vont inévitablement suggérer au corps de se rapprocher.
Le corps va vouloir suivre le mouvement de l’âme.
C’est réflexe.
Pour que tout l’être soit en communion. Très beau mystère.

Car le but de l’amour, c’est d’être en communion.

Il est important de connaître ces distinctions.
Parce que comme dit Saint Paul tout est permis mais tout n’est pas profitable.
À tous les niveaux de notre être nous sommes appelés par l’amour.
On ne peut pas aimer d’un même amour son chien et son enfant, son épouse et une glace à la vanille.
On ne peut pas aimer son prochain comme on aime Dieu.
Ce sont deux amours qui sont en harmonie mais qui ne sont pas interchangeables.
Sinon, il y aura péché, il y aura imperfection, parfois jusqu’au désastre.
Il y aura meurtrissures de notre cœur.

L’amour ne va jamais sans son escorte qui est d’ailleurs nombreuse.
Le temps et la fidélité font partie de cette escorte.
La vérité d’un amour pour un homme, une femme, s’inscrit dans le temps et la fidélité.
C’est le temps qui permet de fonder un amour pour l’autre.
Le temps purifie la compréhension et favorise le respect de l’autre.

Encore une particularité de l’amour : il invite à être créatif.
L’amour est créateur.
Il réclame, aspire de toutes ses forces à la fécondité.
C’est la fécondité de l’amour qui lui permet de trouver la paix.

Je pourrais ainsi présenter toute la garde-robe de l’amour,
Un des vêtements de l’amour aussi, c’ets le risque.
L’amour est toujours risqué.
Il suppose toujours l’aventure et des choix.
C’est pour cela que l’amour ne doit pas se séparer du pardon.
Le pardon fait parti de la garde rapprochée de l’amour.
L’erreur est inévitable. 
Nous la commettons ou elle sera commise sur nous. C’est un passage obligé.
Mais qui ne doit pas nous décourager.

C’est important de connaître ces distinctions.
Parce que chaque amour s’articule avec un autre amour. Chacun à sa place.
Et aucun ne peut être exclu.
Sauf l’amour tordu, et travesti.

Il y en a cependant un qui va garantir tous les autres.
L’amour de Dieu illumine et soutient tous les autres amours.
Sans lui, notre charrette est trop lourde et nos chemins trop cabossés, incertains.
Ça l’air très bête, mais l’amour de Dieu va nous aider à mieux aimer notre chat, à sa place de chat.
Il nous aidera aussi a mieux aimer un tableau de Van Gogh ou de Léonard de Vinci.
Et jusqu’à mieux nous aimer nous-même.

Cette femme, sans nom, traînée devant Jésus, n’avait pas la tête à faire des distinctions.
Certainement pas.
Elle aurait peut-être dû les faire avant.
Mais Jésus va droit à son cœur.
D’abord il ouvre le cœur des pharisiens.
En leur montrant que c’est à partir de la poussière que peut-être tirer la vérité.
Une femme dans la poussière qui rejoint la poussière du cœur des pharisiens.
D’une faute, Jésus en tire une leçon de lumière pour les pharisiens.

Et puis ensuite Jésus touche le cœur de cette femme et le répare.
Pas besoin de dissertation.
« Tu es encore là ? »
« alors si tu es encore là c’est que tu es pardonnée … »
Il n’a même pas besoin de le dire.
À cet instant-là, la femme comprend qu’elle est enveloppée d’un amour qui suffit pour la combler.
Elle vient de rencontrer l’amour qu’elle avait cherché dans des chemins défoncés.
Des chemins d’échecs et de troubles intérieurs.
Elle peut maintenant envisager de ne plus pécher.
Elle peut envisager d’aimer d’un amour le plus précieux, le plus intense, le plus profond, le plus pur, dans le temps et la fidélité, jaillissant de grâces innombrables et fécondes, jusqu’à engager sa vie au risque de la joie.
C’est étonnant, mais en 45 secondes, allez… 70 secondes si on compte les silences de Jésus, sa vie a touché son sommet. Elle a touché sa plénitude.
C’est bouleversant.
Car vraiment une heure avant elle n’y pensait pas…

Le summum de l’amour se trouve dans le pardon.
Et le pardon se trouve dans le regard du Christ, Dieu et homme. 

QUATRIEME DIMANCHE DE CAREME

La joie … du pardon

La joie …
La joie c’est comme l’amour elle peut s’élancer jusqu’au ciel de notre âme;
Elle peut se suffire d’un marécage.
Comme il y a un bel amour, il y a une belle joie qui va combler notre cœur.
Et il y a des joies qui rétrécissent le cœur.
La joie, comme l’amour, peut aveugler et être vaine.
Et la joie, comme l’amour, si elle ne vise pas plus haut que notre ventre, ou disons, que nos plaisirs, va obscurcir le jugement, notre clairvoyance, et ne laisser que frustrations.

Alors, comment accéder aux étages supérieurs de la joie  ?
Il y a deux chemins, de beauté.
Le premier chemin, c’est de sacrifier des joies qui ne valent pas le coup pour espérer une joie plus pure.
C’est la démarche du Carême.
Dieu répond à notre renoncement de quelques jouissances immédiates par une mesure bien pleine dans notre tablier.
On pourrait dire que c’est la joie de Josué dans la première lecture.
Josué a vécu toute sa vie dans les privations du désert.
La manne permettait de subsister, mais on ne peut pas dire que c’était un festin d’agneaux gras.
Josué est né dans le désert.
Et enfin, Dieu lui donne la joie de la Terre Promise…
Dieu donne au centuple.
Renoncer sans regret à tout ce qui n’est pas Dieu est le chemin le plus efficace pour trouver sa jouissance dans l’union à Dieu.
« plus grande est la pureté de nos pensées et de notre corps, plus aussi grandit la joie de l’esprit. »

Et il y a un deuxième chemin emprunté par les meilleurs.
Je dirais presque un chemin mystique.
Très différent du premier et pourtant complémentaire, auquel nous sommes tous appelés.
Et ce deuxième chemin c’est celui du fils prodigue.
Pas évidemment quand il se dirige vers les plaisirs troubles.
Mais quand il prend le chemin de retour vers le Père.
Le moment de la joie chez le fils prodigue, c’est lorsque son père l’aperçoit du seuil de sa maison et qu’il court au devant de lui.
Ce fils ingrat comprendre qu’il est attendu et il tressaille de joie.
C’est le moment qui correspond au Magnificat de la Vierge Marie.
Il comprend alors que son père pardonne. Qu’il a déjà pardonné.
Et par là, ce Père lui permet de se pardonner à lui-même son erreur.
La joie la plus intense qui ouvre les flots profonds de la paix, elle se cueille sur la fleur du pardon.
Et le père de cette parabole il est dans l’amour parfait, dans le pardon parfait.
Parce que non seulement il embrasse son fils, il l’accueille, mais, ce que ne comprend pas le frère ainé, l’amour du père va déborder dans une joie supplémentaire.
Il va transformer ce retour en festin.
C’est-à-dire d’un mal va surgir une tendresse infinie.
J’ai parlé samedi dernier, du pardon dans la conférence de Carême.
Je voudrais compléter les fruits du pardon.
J’ai évoqué l’humilité, le silence intérieur, une croissance en grâce et en maturité spirituelle.
Le pardon nourrit la pureté du regard et nous libère.
La rancune rétrécit le souffle, le pardon libère la respiration.
Quand, par une illumination intérieure de notre cœur nous accédons au pardon de notre ennemi, alors, vraiment, un goût profond et permanent de la joie nous enveloppes de la tête aux pieds.
Avec un goût de victoire…
Ce goût de victoire, je dirais, couronne la joie qui monte du pardon.
On pense immédiatement à la victoire sur notre adversaire et c’est vrai.
Mais pas pour écraser notre adversaire.
Le pardon permet de vaincre l’empoisonnement qu’il nous a inoculé.
Une blessure profonde qui daterait de l’enfance, empoisonnée, peut perdre son venin si l’on entre dans une démarche de pardon.
Et par là on est victorieux de celui qui a mutilé notre vie.
Ce n’est pas psychologique, c’est surnaturel, c’est un fruit de la prière et du Saint Esprit .
L’intention mauvaise de notre adversaire est désamorcée.
Le motif de son acte mauvais n’arrive plus à me détruire si j’entre dans le pardon.
C’est le premier versant de la joie du pardon.
Mais la victoire, ce goût savoureux, paisible qui nous envahit lorsque nous rejoignons notre adversaire en son cœur, c’est aussi une grande victoire sur nous-même, sur les racines douloureuses de notre être.
La vraie joie c’est quand il y a victoire sur l’ennemi qui nous a fait mal, et victoire sur notre fragilité qui a eu mal.
Parce que le pardon ensevelit le mal dans une onction puissante.
C’est pour cela que Saint Paul répète :
«Laissez-vous réconcilier avec le Christ. laissez-vous réconcilier.
Laissez votre cœur se réconcilier avec lui-même et avec vous.»
Pour nous, pauvres pécheurs, cette réconciliation est toujours progressive, lente.
Pour le Christ elle s’est faite au moment même de la souffrance sur la croix.
Et même, je dirais, qu’elle s’est faite, avant, lorsqu’il a souffert l’agonie du jardin des Oliviers.
Le Christ a tout pardonné avant de souffrir et pendant sa souffrance.
Le Christ est le pardon de Dieu incarné sur Terre.
Si le fils, tête légère de la parabole, est revenu, avec d’ailleurs, une intention pas vraiment pure, c’est parce qu’il sait que son père est déjà pardon pour toutes ses bêtises.
Il est bien dit que le père le regarde avec compassion.
Alors je peux compléter les fruits du pardon  :  
Humilité mais vérité. Par le pardon, je trouve ma vérité et je rejoins la vérité de celui qui m’a fait mal.
Par le pardon, je comprends le sens profond de la communion charitable et je rejoins la présence du Christ qui me pardonne.

Premier chemin: je veux renoncer à tout pour goûter au regard du Christ qui me pardonne.
Deuxième chemin : mon ennemi me permet de goûter à la douceur de la charité;
Et non seulement me permet de goûter, mais me projette dans le cœur de la tendresse divine.
Je peux bénir mon ennemi.
Car il a la clé d’un trésor que même mon ami ne me donnera pas.
Il me permet d’accéder à la joie, mystique, de la présence de Dieu qui, seule, ouvre les portes du pardon. 

TROISIEME DIMANCHE DE CAREME

Je suis

La rencontre de Moïse avec Dieu…

Il n’y a pas d’événement plus considérable que ce rendez-vous au buisson ardent.

Jusqu’à la naissance de Jésus-Christ.

Pourquoi ?

Est-ce parce que Dieu va libérer un peuple opprimé ?

Non, c’est beaucoup plus simple.

Il y a Abraham, et il y a Moïse. Et ensuite il y a tous les autres.

Pourquoi  ?

Parce que Dieu se présente à Moïse.

Et comment se présente t-il à Moïse  ?

Frères et sœurs, comment Dieu s’est présenté à vous, dans votre vie ?

Quelle a été votre première rencontre avec Dieu ?

C’est quand même important dans votre vie.

Parce qu’il y aura une deuxième rencontre avec Dieu, en face à face, en cœur à cœur, disons, dans quelques jours, dans quelques années ….

À cette deuxième rencontre, nous lui dirons :

 » je ne me suis pas trompé sur toi » ​​ou plutôt :

 » tu ne m’as pas trompé Seigneur… Tu as mis en moi un désir tellement grand que je n’attendais pas moins de toi « 

Peut-être lui dirons-nous :  » je me suis tellement trompé sur toi. tu es tellement plus beau, Seigneur… »

De toute façon, la deuxième rencontre, celle de l’intimité éternelle, elle répondra à la première, celle que nous avons déjà vécue.

Celle que peut-être nous ne pouvons pas dire par pudeur ou par manque de mots.

Alors j’ai envie de scruter la rencontre de Moïse avec Dieu.

C’est quand même important la première rencontre de deux amoureux.

Moïse, l’ami, le premier ami de Dieu. Il crush sur Dieu…

Dieu, l’Amitié toute pure, infinie, océanique, qui se penche vers un homme, petite goutte d’eau.

Or Dieu ne se présente pas comme ‘grand’.

‘Dieu est grand’… Hé bien non !

‘Dieu est grand’ ce n’est pas suffisant pour Dieu.

Ce n’est pas le vrai nom de Dieu.

‘ Dieu est-il Le miséricordieux ?’.

C’est vrai que Dieu se présentera ainsi à Moïse. Mais ce n’est pas son premier nom.

‘ Dieu aux multiplicités innombrables ‘ comme dans la religion hindoue. Ce n’est pas le premier nom dont Dieu se révèle à Moïse.

‘ Dieu le Tout-Puissant ‘ ‘ l’unique ‘, ‘ le Saint’, ‘ l’Inaccessible ‘, ‘ le Créateur’, ‘ le Défenseur’…

Hé bien non, tous ces attributs ne sont pas premiers.

Le premier et le plus beau nom de Dieu, celui que lui-même révèle à Moïse, c’est :

 » Je suis « 

Et là, frères et sœurs, on se prosterne.

Jésus le reprendra.

 » avant Abraham, je suis « 

On cherchera à le lapider pour cela. Normal.

 » Je suis « 

Qu’est-ce que ça veut dire que ce nom … ?

Tout simplement ça veut dire que Dieu n’est pas rien.

Dieu se présente comme présence.

Et donc, ça veut dire que nous ne sommes pas seuls.

‘ Dieu existe, je l’ai rencontré ‘ c’est le titre d’un livre de André Frossard, ce fils de famille communiste bouleversé, converti, renversé par l’existence de Dieu.

C’est fort

Dieu existe… il y a deux conséquences immédiates.

D’abord que Dieu est la plus forte existence et la plus forte réalité.

Ça veut dire que tout le reste, tout ce qui n’est pas Dieu, existe d’une certaine façon moins que Dieu.

Que tout ce qui n’est pas Dieu ça ne vaut pas le coup.

Ça ne pèse pas.

Et ça c’est extrêmement libérateur.

Nous nous faisons des montagnes de notre monde.

Mais notre existence ne réclame qu’une seule autre existence.

Source.

Nous nous intéressons à des tas d’événements, d’informations, parce que nous cherchons d’une certaine façon de l’existence supplémentaire.

On va dire… ‘on a besoin de savoir ce qui se passe’.

‘Il faut qu’on soit responsable de notre monde !’

Mais c’est tout simplement parce que on n’a pas rencontré Celui Qui Est.

Et puis la deuxième conséquence, c’est que Dieu se présente comme quelqu’un qui s’introduit dans notre histoire.

Dans l’histoire de son peuple.

En fait quelqu’un qui est réellement présent et qui va toucher notre cœur.

Qui va être présent à notre cœur.

Et quand quelqu’un est présent à notre cœur, rien nous manque.

Ça va être à la fois l’immense grâce qui est donnée au peuple hébreu et que n’auront pas les autres peuples.

Au peuple hébreu et à l’Eglise, peuple du Dieu Incarné.

Et à la fois ça va être l’immense honte du peuple hébreu.

Parce que le peuple hébreu, à l’exception de Moïse ou d’Aaron, son frère, et de quelques autres, vont oublier que Dieu est la première réalité et leur bonheur.

Et quand Dieu nous manque, quand sa présence est oubliée, on passe son temps à pleurer et à se plaindre.

‘Je suis ‘

Et si Dieu est, s’il existe, alors mon existence est précieuse.

« Je suis le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob… »

Notre Dieu est un Dieu d’une grande famille.

Dont l’existence s’étend jusqu’à un peuple de pauvres.

Et cette famille elle existe parce que notre Dieu est présence réelle.

Et nous existons par cette famille.

Et pour cette famille, il suffit que Dieu existe.

Le premier nom de Dieu, c’est :

 » Je suis. « 

Et le deuxième nom de Dieu, c’est :

 » Je suis là « 

Aucune autre religion ne l’a trouvé.

Elles ont toutes commencé par des noms secondaires.

Et à chaque messe, nous respirons à plein poumons le Nom de Dieu.

 » Je suis  »  » Je suis là « 

Seigneur, je veux manger ce Nom.

Et à chaque fois que nous recevons l’hostie sainte, Dieu nous redit :

 » Je suis  » ,  » Je suis là  »  » Je suis avec toi « ,  » Je suis toi « ,  » Je te fais exister « 

Mais c’est ça le bonheur, chers frères et sœurs !

Comment ne pas le voir..?

Dieu nous invite à son existence..

Aimer, n’est-ce pas donner de l’existence à celui qu’on aime ?