TRENTE DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

Nuit et veille
D’habitude, frères et sœurs, je me penche davantage sur l’évangile pour l’homélie. Mais aujourd’hui, l’évangile et la lettre de saint Paul ne suffisent pas.
On a un jeu charmant entre toutes les lectures, avec le psaume et le livre de la sagesse. L’ensemble des lectures est exquis…!
C’est le Ciel sur terre, le Ciel dans notre cœur.
C’est quoi le Ciel dans notre cœur ?
Le psaume 62 mériterait d’être repris en boucle : « Dieu, tu es mon Dieu,
je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.
(…)
Dans la nuit, je me souviens de toi
et je reste des heures à te parler.
Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes. »
Mais si on cherche la joie, le bonheur, le bien-être tout simplement, comment ne pas voir que tout se trouve ici ?
Pourquoi les hommes cherchent-ils ailleurs ?
Il est parlé de la nuit, comme dans l’Evangile
La nuit, dans la Bible, c’est le temps de l’incompréhension.
C’est le mystère qui dépasse l’homme.
C’est l’homme qui ne saisit pas, qui ne saisit pas tout, ou qui ne saisit plus rien.
Frères et sœurs, il y a quelque chose de magique dans la nuit.
Dieu a créé la nuit pour nous faire avancer sur un chemin de lumière.
Et cela c’est magique. C’est le passage secret de la grâce de la foi.
Bienheureux celui qui connaît ce passage secret.
Quand on a la foi, on trouve la vérité de notre cœur, une certaine coïncidence, quand on admet humblement qu’il y a une grande part de nuit dans notre vie.
Que la nuit nous enveloppe :
Notre esprit, nos forces, tout ce qui tient de l’avenir.
Mais aussi que tout événement plonge ses racines dans quelque chose qui nous dépasse.

Bref, nous sommes environnés de nuit à l’extérieur, dans notre histoire, et à l’intérieur, dans ce qui fait le fond de notre être.
La nuit semble la plupart du temps être une épreuve. Nous la craignons.
Mais, pour l’homme ou la femme de foi, la nuit est belle parce qu’elle favorise l’attente elle favorise notre relation avec Dieu.
Seulement, c’est le sujet de l’évangile d’aujourd’hui, mais c’est le sujet aussi du Livre de la Sagesse,
Il y a un fil de passage dans la nuit.
Trois fils.
Le premier, c’est de savoir, qu’après le temps d’obscurité et le temps d’attente, nous serons comblés.
Comblés par la rencontre.
Ce fil premier c’est l’Espérance.
Par des vibrations au plus profond de notre être nous savons que nous attendons une jouissance.
Un festin, des noces, une union.
Déjà cette grâce de l’espérance est inestimable.
Mais il y a deux autres fils.
C’est que, dans la nuit, nous pouvons avoir une lampe.
Dans la nuit il y a une lampe toute petite, qui permet de traverser la nuit.
Ce n’est pas la science ou les lumières de l’esprit, qui sont si fragiles.
Dans la nuit l’esprit désarme.
Mais deux petites embarcations peuvent traverser la nuit, peuvent traverser la mer… Le secret et le mystère de la mer et de la nuit.
Cette nuit, dans la littérature spirituelle, dans le ressenti des mystiques, elle est décrite de diverses façons :
Ils peuvent parler de nuit.
Mais ils peuvent la comparer à un désert.
Ou bien à la traversée de la mer, qui est un environnement mystérieux et grandiose. Les saints l’appellent aussi ‘le silence de Dieu’.
Ce peut être l’épreuve ou la croix.
En tout cas, le chrétien sincère goûte toujours à cette épreuve de l’incompréhension intime. Elle est inconfortable mais elle est normale.
Et il doit embarquer.
Il est obligé d’embarquer s’il ne veut pas être manger dans la confusion du monde.
La première embarcation c’est la foi.
La foi qui est adhésion à un appel.
Une adhésion qui doit être entretenue, vivifiée, par la fréquentation de la prière et des sacrements.
Et la deuxième embarcation, c’est l’amour.
L’amour qui est l’huile de la lampe.

Que nous devons entretenir dans la nuit.
L’amour n’a pas besoin du jour.
Une foi amoureuse, c’est exactement cela un cœur qui veille.
Avec de très petits moyens.
Nous pouvons aller très loin avec une toute petite embarcation, une toute petite lampe. Si nous la fournissons de petits élans de cœur vers Dieu.
De petites adhésions à la grâce de Dieu.
Traversée de la nuit.
Traversée des flots de la mer, même déchaînée.
Traversée du désert.
Pour celui que Dieu aime comme ami, Dieu l’introduit toujours dans la nuit, sur la mer ou dans le désert, dans le silence et pourquoi pas dans la solitude aussi.
Et malheur à celui qui ne fait pas provision de petites prières, d’étapes silencieuses.
Et bonheur à celui qui découvre au terme de sa fatigue et peut-être même de ses angoisses, la porte qui s’ouvre sur la lumière.
La grande merveille de Dieu pour l’homme, c’est qu’il fait goûter dès maintenant, dans la nuit, la joie qui sera sans fin, à la résurrection de tous, dans la gloire exultante de l’Église du Ciel.
L’huile dans nos lampes, c’est la même sagesse souriante qui nous ouvrira les bras au Ciel.
Cet appel de Jésus est si proche de celui du Cantique des cantiques. Jésus appelle l’Eglise, l’Eglise qui est la lumière de notre cœur.
Et le Cantique du cantiques chante la même parabole que Jésus :
« Je dors, mais mon cœur veille… C’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe ! »
Et le Bien-Aimé répond : « Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma toute pure, car ma tête est humide de rosée et mes boucles, des gouttes de la nuit. »
Et je cours au dernier chapitre : [7, 12-13 ]
Viens, mon Bien-aimé… Nous sortirons dans les champs, nous passerons la nuit dans la
campagne. ( vous voyez.. encore la nuit )
Au matin, nous irons dans les vignes (…) . Là, je t’offrirai mes amours…
C’est exactement ce que dit saint Paul quand il écrit aux Thessaloniciens. « À la Résurrection, nous serons emportés sur les nuées du Ciel,
à la rencontre du Seigneur. »
Enfin, la nuit sera finie, le matin arrivé.

TOUSSAINT 2023

Décadence et Grandeur des saints
Petite homélie en fioretti….
«Dieu n’a pas besoin de nous : s’il nous commande de prier c’est qu’il veut notre bonheur, et que notre bonheur ne peut se trouver que là.»
Cela, c’est le saint curé d’Ars…
«Tout ce que j’ai écrit me semble un brin de paille…»
Ça, c’est de Saint Thomas d’Aquin, ce théologien dont le maître, Saint Albert le Grand, dira de lui : « jusqu’à la fin du monde on n’épuisera pas la profondeur de la pensée de Thomas. »
Je picotte, deci delà, les mots des grands saints
«Je suis mauvais devant le Seigneur ; plus laid qu’un chien galeux, à cause de mes péchés.»
Saint Silouane du mont Athos
«O mon Frère ! (ce frère, c’est Théophane Vénard qui deviendra saint martyr)
je vous en prie croyez-moi, le bon Dieu ne vous a pas donné pour sœur une grande âme, mais une toute petite et très imparfaite.»
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
Après l’entrée au carmel elle écrit à sa sœur Marie :
«Vous qui êtes un AIGLE appelé à planer dans les hauteurs et à fixer le soleil, priez pour le petit roseau si faible qui est dans le fond de la vallée, le moindre souffle le fait plier.»
Saint François de Sales :
« Je n’ai pas fait ce que j’avais voulu faire… » répétait-il, tout Evêque qu’il était. Spécialement pour la fondation de la congrégation des sœurs de la Visitation
Et Sainte Elisabeth de la Trinité :
«Une louange de gloire, c’est une âme de silence, qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit saint, afin qu’il en fasse sortir des harmonies divines. Elle sait que la souffrance est une corde qui produit des sons plus beaux encore…»
Je parcours les siècles à la vitesse de la lumière
Curé d’Ars : XIX° siècle, Thomas d’Aquin : XIII° siècle, Silouane, XX° Thérèse, XIX°…
François de Sales XVII°, Elisabeth, début XX°,
Et Saint Antoine, le Grand… IV° siècle

Il dit à Abba Poemen : «voici la grande œuvre de l’homme : brandir sa faute au-dessus de soi devant Dieu et s’attendre à la tentation jusqu’au dernier soupir»
Sainte Bernadette Soubirous : « je suis moulue comme un grain de blé » Sainte Catherine de Sienne
C’est le Seigneur qui lui parle : «Tu es ce qui n’est pas. Je suis ce que je suis.» Autre version : « Je suis le Tout; tu es le rien »
Je vais quand même prendre un des premiers de l’Eglise :
Saint Paul, premier siècle :
«Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais
pas.» [Rom 7, 19]
Les voilà, nos saints … !
Troupe de pauvres, parfois de traînards.
Saint Paul va plus loin :
«On nous insulte, nous bénissons. On nous persécute, nous le supportons.
On nous calomnie, nous réconfortons. Jusqu’à présent, nous sommes pour ainsi dire l’ordure du monde, le rebut de l’humanité.» [I Cor 4, 13]
Considérés comme déchets, mais vainqueurs.
Voilà notre Église, frères et sœurs.
Pas de quoi être fiers…
Mais qu’est-ce qui apparaît dans ces vases d’argile… ? :
Une lumière. Mieux : une splendeur, un rayon de la grâce divine, resplendissant.
Fête de la Toussaint, fête merveilleuse des traînards qui ont non seulement terminé la course, mais qui ont tous gagné la course.
Qui ont obtenu le premier prix. La loge en première classe.
On peut voir les traces de leur marche à petits pas, la marche des vases d’argile, qui est la nôtre.
Mais ce sont quand même eux qui portent le mieux la lumière.
Je vais donc reprendre leurs paroles, d’autres paroles, du côté de la lumière.
Notre fameux curé d’ars :
“Dans l’âme unie à Dieu, c’est toujours le printemps.”
« Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon, mais c’est Dieu qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. »
Je reprend Saint Thomas dAquin, l’une de ses dernières conversations:
« Réginald, mon fils, le terme de mes travaux est venu ; tout ce que j’ai écrit et enseigné me semble un brin de paille auprès de ce que j’ai vu et de ce qui m’a été dévoilé. »

Saint Silouane du mont Athos, le même qui se considère comme un chien galeux de ses péchés :
«J’ai prié Dieu de me les pardonner et voici que non seulement il m’a accordé son pardon mais encore le Saint Esprit, et dans le Saint Esprit j’ai reconnu Dieu lui-même.
Ô Seigneur, Tu aimes ta créature. Qui peut comprendre ton amour ou en goûter la douceur, si Tu ne l’instruis pas Toi-même par ton Esprit-Saint ? »
Devinez l’auteur des paroles suivantes :
O mon Frère ! je suis une toute petite âme et très imparfaite. Mais ne croyez pas que l’humilité m’empêche de reconnaître les dons du bon Dieu, je sais qu’Il a fait en moi de grandes choses et je le chante chaque jour avec bonheur.
« Ô Marie, si j’étais la Reine du Ciel et que vous soyez Thérèse, je voudrais être Thérèse afin que vous soyez la Reine du Ciel ! » (PRI 21)
Et avec son style délicieux, François de Sales.
«Quand nous étions petits enfants, avec quel empressement assemblions nous des morceaux de tuiles, de bois, de la boue, pour faire des maisons et petits bâtiments !; mais maintenant nous connaissons bien que tout cela importait fort peu.
Un jour nous en serons de même au Ciel, quand nous verrons que nos affections au monde n’étaient que de vraies enfances. » [18 mai 1608]
Catherine (de Sienne):
« L’âme est en Dieu et Dieu dans l’âme, tout comme le poisson est dans la mer et la mer dans le poisson. »
Et ces quatre mots d’elle aussi, tellement beaux : « De l’obscurité naît la lumière »
Abba Lot alla trouver Abba Joseph et lui dit :
«Abba, autant que je le peux, je pratique le jeûne, je prie, je médite, et je purifie mes pensées. Que me manque-t-il ?
Alors le vieillard se lève, tend les mains vers le Ciel et ses doigts deviennent comme des lampes de feu; et il lui dit :
«si tu le veux, deviens tout entier comme du feu ».
Je finirai par Thérèse de l’Enfant Jésus, une nouvelle fois. « Murmure simplement son nom, et Jésus comprendra »
Quelle est belle notre Église, ensemencée de tant de d’hommes et de femmes de valeurs qui n’ont pas cherché avant tout à être des saints – ils ne s’en croyaient pas capables et surtout pas dignes –
Mais qui ont cherché, à partir de la source cachée de leur cœur, à vivre dans le torrent d’amitié et même d’intimité avec Dieu.

VINGT-HUITIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

Laïcité et esprit évangélique
Qui est César ?
Qui est Dieu ? Où sont-ils ?
César c’est celui qui a reçu de Dieu, directement, ou indirectement par le consentement d’un peuple, en tout cas d’une majorité, la mission d’exercer un pouvoir pour le bien commun de ce peuple.
Mais il y a une question de confiance qui revient à chaque élection :
Ce bien commun comment peut-il le discerner, cas après cas, événement après événement ?
Car nous le savons bien, toute politique est relative aux événements, à l’Histoire, aux circonstances, aux homme et aux intempéries, aussi…
On comprend la difficulté pour les hommes politiques qui travaillent dans le relatif continuellement, d’être ami avec les dogmes qui, eux, proposent des fondations immuables.
Alors, en fait ces choix que font les politiques ils proviennent de trois sources.
1 – la première c’est de Dieu lui-même.
C’est mieux si celui qui gouverne se met à l’écoute de Dieu et de l’Église qui est le corps du Christ, sa parole actuelle.
Si César gouverne en priant, c’est la plus excellente source pour le respect des consciences et la paix des peuples.
Il y aura bien sûr toujours des ratés même si celui qui gouverne est un saint. Nous avons l’exemple de Saint-Louis.
2 – la deuxième source, c’est la conscience naturelle de celui qui gouverne.
Mais il y aura toujours des ratés aussi, parce qu’on ne peut pas écouter notre conscience naturelle parfaitement si on n’écoute pas la grâce de Dieu qui l’éclaire. C’est l’exemple d’Abraham Lincoln ou à la limite du Mahatma Gandhi.
L’un et l’autre admettaient la dimension divine qui les dépassait.
J’appellerai cette manière de gouverner le mode laïque de la conscience.
Mais il y aura toujours des ratés.
3 – la troisième manière de gouverner, c’est d’écouter le peuple qui a confié sa charge de gouvernants à celui qui gouverne.
C’est notre méthode de la plupart des pays actuels, en théorie.
Mais écouter le peuple c’est supposer que ce peuple agit comme une personne adulte et majeure dans la vie politique.
Le peuple, en cette manière démocratique de gouverner, doit être adulte.

Et cela n’est pas évident.
Une volonté commune peut-être déviée par une majorité d’égoïsmes mis en commun.
Par conséquent il n’y a pas de César parfait.
Où chercher donc la perfection de César ?
La perfection de César ne sera pas dans César.
Mais elle sera au-dessus de César, en Dieu, auquel César appartient.
Elle sera dans le lien que César entretient avec Dieu, c’est-à-dire avec Jésus-Christ, c’est-à-dire dans la capacité de celui qui gouverne à recevoir des Lumières et des avertissements de l’Église.
Il n’y aura pas de perfection, puisque en politique il ne peut pas y avoir de perfection absolue.
Il y aura des ratés, parce que même dans l’Église il y a des pauvretés et des tâtonnements, et des divergences.
Mais ces ratés seront vivifiés et revivifiés par la vie du Christ, Lumière du monde. Il y a eu des périodes dans l’Histoire où nous nous sommes approchés d’une relation saine entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel.
Quand César a cru, dans l’Histoire, grandir en repoussant Dieu, peut-être a-t-il eu l’impression de grandir… mais il s’est desséché..
Par conséquent rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ouvre la perspective de nombreux martyrs, hommes et femmes, qui seuls sont mûrs, comme des fruits mûrs dans un monde de tempête.
Martyrs discrets ou glorieux qui doivent tomber pour mieux fertiliser l’Histoire de nos sociétés par l’inspiration évangélique.
Le laïcisme porte avec lui, pas essentiellement, mais dans la pente déviée de l’esprit de l’homme, que la nature peut se suffire…
C’est un rêve qui tourne toujours au cauchemar idéologique…
Cependant, ce désir de laïcité met en évidence une vraie vérité :
Celle que la Bonne Nouvelle doit être annoncée dans nos sociétés terrestres, par les chemins pauvres et approximatifs de tous les jours.
La Vie Éternelle doit être annoncée dans le terreau banal du quotidien, politique, médiatique, social et culturel.
Ce terreau ce sont les ambitions bonnes, les désirs d’amour, de justice, mais aussi les manigances, et les mensonges en tous genres.
Un grand danger, le plus terrible, je crois, est la naïveté.
Pour les athées, la naïveté mène au sang qui coule.
Pour les chrétiens la naïveté mène au contre-témoignage et aux faux sacrifices,

à une foi qui n’est pas mûre, qui confond la foi avec la confiance et le rêve, souvent qui confond la foi à un élan doucereux d’affection frustrée.
Le chrétien dans le monde est un agneau parmi les loups.
Un agneau conscient d’être ‘agneau’ à l’image de son Maître sur la Croix. Un agneau, ce n’est pas un petit chat qui vient réclamer son verre de lait.
Cette distinction de César et de Dieu pose une autre vérité.
C’est que nous fonctionnons selon une hiérarchie de situations et de domaines.
Une hiérarchie, cela veut dire que notre vie se construit en plusieurs étages qui sont reliés les uns aux autres.
Il ne peut pas y avoir un étage qui soit tout seul sans les autres.
La particularité de cette communication entre étages, c’est que pour monter d’un étage à l’autre, il faut prendre l’ascenseur.
Pour descendre, il y a un escalier.
Les étages supérieurs diffusent leur inspiration évangélique qui clarifie et purifie le travail de l’État, des sciences, des familles, de l’histoire de l’humanité.
… Si notre conscience ne vire pas à la barbarie, elle est appelée à la dignité de la personne humaine qui trouve racine dans la grâce d’en haut.
Notre dignité transcende les lumières des États par sa liberté spirituelle et sa vocation à communier à la vie de Dieu.
Notre conscience rend à César en descendant les étages.
Elle rend à Dieu en acceptant d’être élevée par l’ascenseur de la grâce.
Et cet ascenseur, c’est Jésus qui nous indique où il se trouve.
Il faut lui demander.
Ceux qui n’ont pas pris l’ascenseur de la grâce se lamentent sur les blessures de l’Histoire de l’Église.
Mais ceux qui ont goûté à la lumière évangélique sont éblouis par les bienfaits de l’Église du Christ dans la pâte humaine :
Que de génie l’Église a suscité et porté dans les appartements de César !
L’égalité de nature de tous les hommes, c’est l’Église.
L’égalité de dignité de l’homme et de la femme, c’est l’Église.
(toutes ces martyrs femmes, messagères du féminisme, qui ont défendu l’intégrité de leur âme et de leur corps à l’égal des hommes martyrs, )
La dignité des pauvres, c’est l’Église.
La primauté des valeurs intérieures et de l’absolu des consciences.
L’obligation à ceux qui commandent, de justice pour les grands comme pour les petits. Le respect de la nature et de la Providence divine par dessus les intérêts humains, Les notions justes de fraternité, d’égalité et de liberté, tout cela est soufflé par l’Évangile et par l’Eglise.
La considération de nos ennemis au dessus des divergences politiques, c’est l’Église – je ne dis pas de l’amour des ennemis que demande Jésus, car de cela, nos sociétés en

sont encore loin. Le message de Jésus est largement en avant, très loin devant. – Mais aussi, la conception d’une Histoire qui n’est pas cyclique et fermée sur elle-même, mais qui trouvera son apothéose au-delà des variations de notre histoire rocambolesque.
C’est l’Église qui explique, sans diminuer en rien la toute-puissance de Dieu, la présence du mal et de la souffrance dans le monde.
Elle ne se contente pas d’expliquer, l’Église ouvre le chemin d’une solution : C’est Jésus, qui libère l’homme.
Au cours de l’histoire, il s’est trouvé quelques rencontres harmonieuses entre le gouvernement temporel du monde et les aspirations profondes du cœur de l’homme. C’est arrivé et ça reviendra… peut-être… selon le dessein de Dieu.
En ce moment les forces de division et de destruction se font très visibles.
Mais l’étage du dessus, l’étage de la lumière, dans sa permanence d’un amour transcendant, appelle toujours à la victoire d’un bonheur que désirent aussi bien les saints que les bourreaux.
La Lumière sur le monde, c’est l’Eglise.
Qu’importe les forces obscures qui s’agrippent aux basques de l’Eglise…
Alors même que l’humanité se met en charpie, la voix du Christ jamais ne peut se taire aux oreilles de nos consciences.
Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre l’Église.
À plus forte raison les portes de la politique, les portes de toutes les prisons humaines, les portes de toute les bêtises humaines.
Rien ne peut prévaloir contre la lumière évangélique que chacun de nous devons vivre en notre personne avant de vouloir la communiquer à ceux qui courent dans tous les sens.
Une dernière petite remarque qui prolonge ce que je viens de dire.
C’est que si l’on n’a pas ce contact intime et cette expérience de Dieu qui fertilisent notre cœur de la lumière évangélique, on ne peut pas avoir une conception juste de la laïcité.
On ne peut pas considérer César à sa juste place.
Un monde laïque qui n’est pas irrigué de la sève évangélique, va inévitablement promouvoir des oppositions.
Laïque va devenir synonyme de ‘ opposé ‘ et d’abord de ‘ opposé à religieux.’
Va inévitablement devenir refus de la lumière de l’étage supérieur.
Absence d’ascenseur et blocus de l’escalier qui descend.
Une société laïque athée devient une société sectaire fermée sur elle-même pour se protéger de toute influence supérieure qui devient une menace pour elle.
Elle peut s’élargir mais elle ne s’élèvera pas en vérité.
Tout simplement parce que le surnaturel qui est un paramètre inconnu dans son jeu lui provoque une impression de menace.

C’est pour cela que je parlais dernièrement d’un monde autiste dans lequel nous vivons.
La vraie laïcité, disons la racine de la laïcité qui existait bien avant le siècle des Lumières, puisque Jésus l’a fondée, c’est la transmission dans les œuvres du monde du travail de la grâce par une communauté de citoyens qui n’ont pas comme exclusivité de vivre le culte de Dieu et le don total à l’Eglise.
L’Eglise respecte les différentes vocations.
Elle respecte les magnifiques créations de l’homme, des avancées de la science et de l’intelligence, les efforts de l’homme à se dépasser, à partir du moment où l’homme ne veut pas créer Babel, une nouvelle tour de Babel dans laquelle tout le monde se mord.
Or, seule l’inspiration évangélique, c’est à dire la présence de Jésus, nourrie par la prière et les sacrements, unifie les efforts de l’homme et couronne ses désirs.
Seul le Saint-Esprit et la foi, et la charité, et l’espérance vont donner des fruits lumineux et harmonieux, d’une simple table fabriquée par un artisan, ou d’un parti politique, ou d’une aide sociale, ou d’un combat pour la justice, ou d’une découverte sur la vie de l’embryon,
Seule la vie de la grâce va donner à tout cela son aspect de beauté et de grandeur. L’éternité est le désir le plus fondamental du cœur de chaque homme et de chaque femme.
Fondamental parce que Dieu nous a créés ainsi.
Nous le savons chers frères et sœurs, et quel bénéfice !
Prions pour tous ceux qui ne le savent pas.
C’est ce que nous devons rendre à Dieu, pour que chacun puisse rendre à César.
Car on le sait bien : ceux qui n’ont pas la foi ne rendent ni à César ni à Dieu ce qu’il leur est dû.
César, ils essayent de l’escroquer et simplement d’en tirer profit, et Dieu, ils le fuient par le bruit et les émotions à outrance.
Frères et sœurs, soyons des citoyens exemplaires.
1 – Rendons à Dieu ce qui lui revient : toute notre âme, notre cœur, notre louange, toute grâce, la vie et l’existence de tout.
Rendons lui notre conscience. Dieu premier servi.
2 – Rendons César à Dieu.
Même si César veut ignorer Dieu et l’Eglise.
3 – Nous pourrons alors rendre à César ce qu’il demande, si cela respecte nos consciences éclairées par l’Eglise.

VINGT-HUITIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

Invités à la Noce

En fait, le frères et sœurs, cet évangile nous provoque un malaise.
D’abord parce qu’il commence mal.
Tous ces refus, ces nombrables refus un appel qui est des plus doux…
Il n’y a pas plus tendre, plus séduisante, plus consolatrice, que la voix de notre Seigneur Jésus-Christ lorsqu’il nous appelle.
Je dirais lorsqu’il frôle notre cœur de sa vie éternelle.
Quand Jésus nous appelle, quand notre Père qui est aux cieux nous appelle, il pose en nous un goût d’infini.
Quelque chose qui nous comble alors même qu’on ne le possède pas.
Rien que le fait que nous soyons prédestiné à entrer en relation avec notre Dieu, un Dieu d’amour, cela inévitablement, fait frémir en nous toutes les fibres de notre être, d’un bonheur, d’une joie dont on se laisse envelopper, mais envelopper par l’intérieur.
Elle est là, l’Espérance théologale.
C’est le grand mystère de Dieu que nous sachions, dès la première seconde où il touche notre cœur, qu’on est promis à une joie qui nous dépasse.
Dès la première seconde, ce petit rien que Dieu met en nous, ce premier mot que prononce Dieu tout près de notre cœur, il nous dit notre bonheur d’éternité.
Et cela c’est fascinant.
Je le vois… et même, je dois dire, je le goûte, sans mérite, quand quelqu’un partage sa joie de découvrir Dieu pour une première fois.
Et même quand c’est une première fois qui vient après mille fois.
Quand quelqu’un s’émerveille d’une nouvelle grâce.
Et toutes les grâces sont nouvelles.
À chaque fois que l’on reçoit une nouvelle grâce il y a comme une exultation de la nouveauté.
Et je partage cette exultation à chaque fois que quelqu’un reçoit un sacrement, le pardon de ses péchés, un mariage, une communion ou le sacrement des malades, tous les sacrements…
A chaque fois que quelqu’un revient de la prière.
Parce qu’il a, à ce moment-là, une nouvelle grâce.
Il a un nouveau cœur ouvert à une nouvelle lumière de Dieu, à une nouvelle onction de la vie éternelle.
Et c’est beau.
Vous voyez, frères et sœurs, pourquoi cette évangile peut provoquer tant de tristesse…
Parce qu’il y en a qui refusent.

Si la moindre petite étincelle d’amitié de Dieu monte droit au ciel – Jésus dira qu’un seul pécheur qui revient à Dieu sur une centaine de justes, celui-là provoque la joie des anges du ciel – si la moindre petite étincelle d’amitié enflamme le ciel, alors combien est triste le fleuve d’amour de Dieu auquel on peut faire barrage…
Dieu nous appelle aux noces de son Fils.
Son Fils qui se marie avec l’Église.
Qui se donne tout entier à l’Eglise pour que l’Église resplendisse de sa grâce.
Et Dieu essuie tous ces innombrables refus.
Dieu parle et cette grâce tombe dans le vide..
Dans le vide… c’est-à-dire :
 » excuse-moi Seigneur, je ne veux pas me laisser toucher. j’ai mon travail qui m’appelle, ce n’est pas le moment, j’ai autre chose à faire…
Excuse-moi Seigneur, ce petit plaisir que j’avais prévu, je le fais passer avant ce que tu as à me dire.
Excuse-moi Seigneur, je préfère tirer ma charrette qui ne roule pas rond, avec mes intérêts qui pèsent lourd, que de jouer au jeu de la vie éternelle.  »
C’est triste, et c’est nul.
Et ça se terminera en larmes.
Dieu nous a donné des âmes taillées avec des moteurs de Formule 1, et d’innombrables hommes et femmes préfèrent utiliser leur âme à la vitesse d’une voiture électrique sans permis.
C’est nul.
Ils s’empoisonnent la vie et ils empoisonnent la vie de ceux qui sont sur la même route qu’eux.
Voilà donc pourquoi cette parabole pourrait me rendre triste.
Mais il y a une seconde raison, encore plus triste…
C’est que la parabole de Jésus se termine encore plus mal.
Elle se termine même dans un scénario effrayant.
Il y en a un qui arrive jusqu’à Dieu, qui est entré dans ce royaume de lumière qui nous est promis.
Et Dieu va l’éjecter avec perte et fracas.
Ça peut faire quand même froid dans le dos.
Et si c’était moi ?…
Si un jour Dieu me disait :
 » qu’est-ce que tu fais là ? Je ne te connais pas.. »
Alors, heureusement, il y a une petite phrase qui me sauve et qui nous sauvera tous. La voici cette petite phrase :
 » cet individu garda le silence »
Il ne dit rien, peut-être n’a-t-il même pas entendu la question du Maître du repas. Peut-être ne parle-t-il pas du tout le même langage que le maître du repas.
Et je le pense.
Parce que sinon, il aurait crié, il aurait demandé pitié, il aurait demandé miséricorde.

Vous voyez, frères et sœurs, je pense qu’il vous est arrivé constater une situation qui ne correspond pas avec le moment de la réalité.
Parfois je l’ai expérimenté – mais je dois dire rarement heureusement – avec tel couple qui se prépare au mariage mais qui sont là pour une toute autre raison que le sacrement du mariage.
Ils sont là, mais tout le monde constate ne correspondent pas à leur démarche. Malgré leurs mots, il y a comme un mur de silence, de vide.
Et cette situation peut arriver pour des chrétiens qui se disent chrétiens, mais qui sont là pour un tout autre motif que d’être avec le Christ.
Il y a comme un quiproquo entre la place qu’ils occupent et la place que devrait occuper leur cœur.
Un décalage avec la réalité profonde qui les appelle.
Un autre exemple :
J’étais dans une belle Église. Je devais prier où je devais faire le ménage je ne sais plus..
Un couple, très sympathique du reste, entre, silencieux et respectueux.
L’endroit portait au silence.
Je me réjouissais de voir ces deux amoureux avancer lentement dans l’allée centrale. Ils avaient le visage grave, sérieux.
Ils arrivent en bas des marches de l’autel.
Peut-être allaient-ils s’agenouiller..?
Non.
Ils sont restés comme cela, 30 secondes.
Puis elle a dit une phrase :
 » t’as vu..? c’est cassé, là-haut..! »
Elle avait remarqué en effet, qu’il manquait un petit carré d’un ou deux centimètres en haut du vitrail.
Ils sont repartis d’un pas plus rapide. Ils avaient autre chose à faire.
Vous comprenez le décalage…
Il n’avait pas le vêtement de noces.
Ils étaient vides de la grâce, tombés dans un lieu rempli de grâce.
Devant le Christ, à 3 m du tabernacle, et ils n’ont rien vu ni compris…
Nous devrions, frères et sœurs, frémir d’être dans cette même situation.
Comme on dit vulgairement ‘à côté de la plaque’, ‘ à côté de la grâce’…
Mais si l’on frémit d’être si loin de ce que désire le Seigneur pour nous…
Si on frémit de ne pas tout comprendre, et peut-être même de ne rien comprendre… Alors nous n’avons rien à craindre !
Parce que ça veut dire qu’on attend un regard de Dieu. On attend quelque chose.
Au final on peut attendre, au fond du fond, le pardon.
Ou tout simplement il aurait demandé qu’on lui donne ce vêtement de noces. Et le Seigneur lui aurait donné.

Attendre le pardon c’est déjà gagné.
On comprend que les invités à la Noce, ceux qui ont répondu, qui sont venus, qu’importe qu’ils soient bons ou qu’ils soient mauvais !
Qu’importe qu’ils aient accueilli une petite miette de grâce divine ou qu’ils aient bu au torrent de l’amour de Dieu, qu’ils soient pauvres ou riches, il suffit simplement qu’ils ne tournent pas le dos lorsque Dieu parle.
Je voudrais terminer par une invitée au noces de l’Agneau. Une curieuse invitée, qui s’appelle Rabi’a.
Une mystique musulmane.
 » d’où es-tu venu? Lui demanda-t-on.
Réponse : – de l’autre monde.
– – – – – –
et où vas-tu ?
vers l’autre monde.
et que fais-tu en ce monde ci ?
je m’en moque.
et de quelle façon t’en moques-tu ?
je mange son pain et je fais les œuvres de l’autre monde « .
Et un jour, quelqu’un d’autre lui demande pourquoi elle ne cesse pas de pleurer. Réponse :
– je crains toujours qu’à la dernière minute une Voix ne s’exclame :
‘ non, Rabia n’est pas digne d’être en notre Présence ! ‘
Je ne veux pas juger, mais n’est-ce pas elle qui a le vêtement de noces ?

SAINT DENIS 2023

Place du trône renversé. Actuelle place de la Nation à Paris.
16 religieuses Carmélites descendre d’une charrette au pied de l’échafaud.
Nous sommes le 17 juillet 1794. Le 29 Messidor du calendrier républicain.
Au premier rang de la foule compacte, un prêtre murmure l’absolution, et disparaît rapidement.
Aussitôt, les sœurs entonnent le Salve Regina, un Te Deum puis elles poursuivront par le Veni Creator.
La foule, saisie, reste en grand silence.
Et les sœurs montent à l’échafaud, une à une, chantant toujours, jusqu’à la fin, mais à mesure qu’elles disparaissent le chant se fait plus menu.
Plus que deux voix. Plus qu’une.
Celle la Mère prieure, Mère Thérèse de saint Augustin, qui est invitée la dernière au sacrifice suprême, après avoir vu chacune de ses sœurs exécutée.
Le derniers mots du Veni Creator, c’est elle qui les chante : Deo Patri sit Gloria
Et Filio qui a mortuis
Surrexit a Paraclito
In saeculorum saecula.
Gloire à Dieu le Père
Et à son Fils vainqueur de la mort À l’Esprit Saint Consolateur Dans les siècles des siècles.
8 jours après, Robespierre – Maximilien – disparaîtra par le même chemin, mais pas en chantant le Veni Creator; ce sera la fin de la grande Terreur.
Je vous recommande, frères et sœurs, la pièce de Georges Bernanos qui s’appelle «le dialogue des carmélites», qui met en scène cet épisode glorieux de notre Révolution Française.
Tous les martyres se terminent ainsi. La lumière brille sur le monde…
Le martyre de Saint-Denis, même si on n’en connaît pas l’histoire précise, se termina comme celui de chacune des 16 sœurs Carmélites de Compiègne.

Exactement comme celui de Saint-Paul, de Jean-Baptiste. Pierre, Jacques, Étienne, tous ceux que l’on nommera dans un instant :
Corneille et Cyprien, Félicité et Perpétue, Agnès, Cécile, Anasthasie,
et d’innombrables, connu(e)s et inconnu(e)s au long de l’Histoire de l’Église.
Pourquoi l’Église met-elle tant à l’honneur le témoignage du martyre ?
Parce que le martyr, homme ou femme, nous fait découvrir avec une magnifique évidence :
– la grandeur de l’homme: sa liberté. L’invincible conscience qui fait la grandeur de l’homme.
Et puis, les martyrs mettent en évidence
ce qui fait le cœur de chaque chrétien véritable :
– L’amour de Jésus-Christ.
– Et la grâce divine qui rend Sainte l’Église, qui est le sel de la terre, et qui est la lumière de Dieu sur le monde.
– Les martyrs mettent en magnifique évidence le conflit entre l’esprit du monde et l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint.
Le monde ne peut pas comprendre cette fidélité à une source qui donne la joie et la vie dans les fibres de notre être.
Une joie si grande, si profonde, si intime d’amour, qu’elle passe par-dessus toutes les souffrances, et la mort même.
Il est clair que le christianisme est lumière des consciences et de la dignité humaine.
Et que toute culture qui méconnaît le Christ ou s’en éloigne, s’entrave dans ses jugements.
Sans la foi, l’homme se cherche dans le brouillard, se perd dans le brouillard. Sans la foi – je dis une foi pratique, vécue dans la fidélité aux sacrements et à la prière, la foi qui a du sel et qui est lumière de l’Eglise sur le monde – sans elle, les rivalités, troubles sociaux, médiatiques, les errances en tous domaines se démultiplient. Pourquoi ?
Parce que l’homme doit accueillir, pour grandir, des sources de lumière qui ont une certaine hiérarchie entre elles.

Il y a des sources premières auxquelles les autres doivent se référer.
Il est évident que l’Église est le premier et l’ultime phare sur le monde. Lumière spirituelle qui doit irriguer toutes les autres dimensions de l’homme. Dimensions morales, politiques, sociales et personnelles.
L’Eglise est cette lumière dont parle Jésus Christ dans l’évangile.
Cette lumière, nous l’avons frères et sœurs, mais elle ne nous appartient pas.
Elle est la lumière de l’Eglise.
Notre monde est obsédé par le mal.
Je m’en rends compte dans mes visites aux paroissiens.
Sans la foi, l’obsession du mal ne trouve pas d’issue de sortie.
Chacun se défend en condamnant. C’est normal…
C’est la guerre des étoiles.
Les étoiles du mal se donnent beaucoup de mal et d’efforts pour s’imposer. Beaucoup de bruit.
Les étoiles du bien s’unifient en silence pour vivre en vérité.
Elles ne font pas de bruit.
Jésus Christ devant le mal a laissé le mal épuiser ses forces. Sur lui.
Pour lui permettre de prendre conscience de son néant.
Le mal est vide.
Si on prenait une image de la science physique, on pourrait comparer le mal à un trou noir cosmique qui absorbe tout ce qui passe à sa portée.
Et il n’en sort rien.
Mais le trou noir, le mal, absorbe tout ce qui est matière.
La vie éternelle lui est inaccessible. La grâce lui est inaccessible. ‘
Et c’est le sens du martyre.
Le martyre laisse tout le mal à son adversaire, je dirais presque, avec fair- play…
Pour vivre avec son trésor, qui est sa participation au Royaume de Dieu.
Inévitablement l’Eglise poursuit son chemin de victoire jusqu’au martyr.
Car le martyre est l’ultime victoire.
Sa victoire est assurée. Qu’elle gagne ou perde, qu’elle soit visible ou silencieuse, qu’elle soit blessée ou resplendissante, l’Eglise témoigne de toute façon de la Victoire de son Sauveur et de Dieu.

Ce dont on ne se rend pas assez compte, c’est que les incroyants ont un complexe.
Nous les croyants, nous vivons de la joie de la présence de Dieu et de l’amitié avec Jésus.
Jésus est notre intime.
Mais ce n’est pas la disposition de l’incroyant.
Pour celui qui rencontre le Christ, son âme, sa respiration, les battements de son cœur sont transformés et ses amours sont enrichis de paix.
Celui qui n’a pas rencontré Jésus pressent qu’il lui manque quelque chose au fond de sa vie, de son élan vital.
Mais sans savoir ce qui lui manque.
C’est terrible, cette frustration qui se cache.
Et cette absence mal définie peut se traduire par une violence… contre. Contre ce qui pourrait lui faire découvrir qu’il lui manque quelque chose.
Ou plutôt qu’il lui manque « Quelqu’un » ! qui l’appellerait alors inévitablement à une transformation de son être et de sa vie.
Un enfant autiste ne sait pas comment communiquer.
Sa nature le gène mais s’il pouvait l’exprimer il serait guérit.
Notre monde est autiste.
Il cherche les solutions aux problèmes qu’il se fabrique, mais sur lui-même. Ce sont les efforts des systèmes ésotériques, philosophiques, franc-maçons, de tous les systèmes déviés dans leurs fondements, plus ou moins occultes.
Frères et sœurs, cette pauvreté appelle une immense compassion.
Et la compassion du chrétien, c’est son silence avec son Dieu.
Parce que le chrétien souffre pour ses adversaires. Il souffre aussi pour ses propres pauvretés.
Mais il est fort de la faiblesse de son martyre.
Saint Denis et tous ses compagnons innombrables dans l’Histoire de l’Église sont de grands compatissants, dans le martyre, du mal de leurs adversaires.
Pour la maladie, pour un échec, un accident, un deuil, on peut compatir par un dévouement de cœur et d’âme avec ceux qui sont dans la peine.
On peut pleurer avec eux des larmes de notre corps et de notre cœur.
Pour le mal aveugle et devenu autiste, la compassion, sincère et véritable, elle s’exprime par les larmes de sang, par le martyre, pour la foi de l’Église. C’est la leçon de saint Denis.

Saint Grégoire de Tours déclare que Denis était évêque de Paris et fut martyrisé décapité par une épée.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre, qui fut en fonction de 92 à 101.
Denis commença à tisser un lien avec les « apôtres des Gaules » réputés avoir été envoyés avec six autres évêques missionnaires sous la direction du pape Fabien.
Là, Denis fut nommé premier évêque de Paris.
Les persécutions sous l’empereur Dèce avaient pratiquement dissous la petite communauté chrétienne de Lutèce (Paris).
Denis, avec ses inséparables compagnons Rusticus et Eleutherius, martyrisés avec lui, s’installent sur l’Île de la Cité sur la Seine.
Le Paris romain se trouvait sur les hauteurs de la rive gauche, à l’écart du fleuve.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre.
Arrivé à Paris avec deux disciples, Rustique et Éleuthère, Denis y construit la première cathédrale, prêche aux habitants et les convertit au christianisme. En ces temps de persécution des chrétiens, les autorités romaines ne tardent pas à remarquer son action. Soumis à un interrogatoire, Denis et ses compagnons se déclarent chrétiens et sont mis à mort, décapités par le glaive du bourreau. Pour empêcher que leurs dépouilles ne soient jetées dans la Seine, une aristocrate romaine encore païenne, Catulla, décide de s’en emparer par la ruse et de les ensevelir dans un champ de sa propriété.
Selon la Passion la plus ancienne, écrite vers 500, Denis a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, successeur de l’apôtre Pierre, qui fut en fonction de 92 à 101.
Denis et ses compagnons furent si efficaces pour convertir les gens que les prêtres païens s’alarmèrent de la perte de leurs adeptes.
A leur instigation, le gouverneur romain arrêta les missionnaires.

Après un long emprisonnement, Denis et deux membres de son clergé furent exécutés par décapitation sur la plus haute colline de Paris (aujourd’hui Montmartre), qui était probablement un lieu saint druidique.
On pense généralement que le martyre de Denis et de ses compagnons a donné au site son nom actuel, dérivé du latin Mons Martyrium « La Montagne des Martyrs ».