32° DIMANCHE – B – 2024

Je ne sais pas si vous vous rendez compte, frères et sœurs, que nous sommes des Martiens…
Vous venez d’écouter tranquillement les quatre textes de la messe d’aujourd’hui, et vous n’avez pas trop l’air surpris…
Ce n’est pas qu’aujourd’hui bien sûr… c’est à chaque fois que vous rentrez dans cette église pour une messe.
Mais, aujourd’hui, c’est flagrant.
Il y a un monde dehors.
Il y a un monde ici.
Et le monde d’ici ne correspond que si peu au monde de dehors.
À chaque fois que nous rentrons dans l’église nous favorisons une guerre : La Guerre des mondes…
Si l’un ou l’une de vous n’est pas guerrier, n’est pas martien, il y a quelque chose que vous ne devez pas comprendre dans l’Eucharistie.
Commençons par Jésus :
Il juge les riches et les pauvres.
Les riches dit-il, ne sont pas capables de choix radicaux.
Ils donnent gros, mais ce qu’il leur reste n’est pas maigre.
Ils n’engagent pas tout leur cœur dans leur relation à Dieu.
Et non seulement ils en gardent au niveau de leur bourse, mais ils en gardent au niveau de leur honneur, de leur reconnaissance, de leur réputation, du regard des autres et de leur influence.
Encore cela… notre monde le repère assez facilement.
Mais voilà qu’on se définit clairement en martien quand Jésus s’intéresse à cette pauvre veuve.
Et là, la guerre va commencer.
Jésus fait louange de cette pauvresse qui donne tout ce qu’elle avait pour vivre. Vous vous rendez bien compte, frères et sœurs, que cette logique de Jésus est inadmissible dans notre monde.
Notre monde est le monde des assurances et des garanties, le monde du ‘pas de vague’, pas de risque, pas d’absolu.
Jésus encourage à liquider, non pas notre superflu, mais notre essentiel. Aujourd’hui ce sont deux piécettes.
Il y a 2 jours, il évoquait le détachement radical affectif.
‘ celui qui n’est pas capable de quitter, père, mère, enfant, frère et sœur, épouse, maison et champs, bœuf et chèvre, chien et bière, n’est pas capable d’être martien.. ‘

Le monde, l’esprit du monde ne peut pas accepter le risque.
Principe de précaution…
Comme il ne reconnaît pas Dieu, il place dans une même catégorie l’imprudent qui met sa famille en danger, ou lui-même, et l’homme de foi, l’homme ou la femme qui mettent leur espérance en la divine Providence.
Il ne s’agit pas de tenter Dieu, il s’agit de se donner à lui.
Le monde est mal à l’aise et il n’accepte pas l’inconfort de la foi.
Il n’accepte pas, ça veut dire qu’il entre en guerre contre ceux qui osent jouer le jeu de l’amour et de la Providence.
Mais prenons la première lecture avec Élie qui rencontre cet autre veuve, pendant une période de famine, dans un pays incertain, qui est l’actuel Liban.
Un prophète, et une femme dont le frigo est vide.
Élie lui demande de tout lui donner…
Rencontre tellement simple. Rencontre au milieu des champs.
« Donne-moi de l’eau. » Et elle puise.
« Donne-moi à manger. »
Et elle donne.
Parce qu’elle a la foi.
Et pourtant, elle n’est pas juive, mais de très loin, dans un acte de résignation, elle reconnaît en Elie, un prophète.
Et ça, le monde ne le supporte pas.
Cette rencontre de Élie et de la veuve de Sarepta n’a rien d’idéologique.
Elle ouvre la porte de la foi, de la vie et de la mort, son cœur donné.
Nous sommes tellement pollués par le bruit, par les histoires, que le langage des Martiens nous fait sourire.
On est content de lire :
« Cuis-moi une petite galette avec ta dernière poignée de farine, et apporte la moi ! »
Mais on l’écoute comme on regarde un tableau dans un musée.
Très bien, c’est bien rendu. c’est simple.
Et alors….?
« Ce sont des rencontres des temps anciens. », dit-on.
Parfois, j’entends répliquer que c’est pour d’autres vocations.
Il y aurait des vocations de demie-foi et des vocations au choix absolu. Il y a des vocations d’amour à moitié….
Vous savez frères et sœurs, quand on veut éviter à tout prix l’éventualité d’une conversion, on dit : ‘ ce n’est pas pour moi…

Ça ne me concerne pas. C’est une approche moyenâgeuse.’
Au lieu, tout simplement, de reconnaître que l’on n’est pas capable de vivre une relation simple, sans y mettre de la méfiance.
Que l’on n’est pas capable de vivre une certaine radicalité de choix dans l’amour et dans la foi.
Et puis vient la lettre aux Hébreux…
Que nous suivons depuis quelques dimanches.
Alors là, elle parle du sacrifice du Christ ! et d’un mystérieux pardon des péchés. Mais c’est vraiment d’un autre monde.
Un homme qui souffre jusqu’à donner son sang pour apporter le pardon.
Le monde ne reconnaît pas le péché, il ne veut pas le reconnaître parce qu’il ne sait pas quoi en faire.
Oui, il admet qu’il y a de la souffrance ( tout simplement parce que ça fait mal), mais c’est encore pour se retourner contre Dieu !
Parce qu’il ne sait pas guérir le mal, sinon par la punition.
Ou par un principe de précaution qui filtre le moucheron et laisse passer le chameau.
Dieu guérit le mal par l’amour.
C’est ce que les pharisiens reprochaient à Jésus.
Ils lui reprochaient de pardonner les péchés et d’aimer le pécheur.
Une vie évangélique provoque l’esprit du monde sur deux terrains de combat. Sur la confiance en Dieu et la prise de risque.
Et sur la toute-puissance de l’amour pour vaincre le mal.
La foi et la charité énervent le monde qui ne peut les tolérer.
Jacques Maritain écrit dans son dernier livre :
«le monde ne peut rien comprendre aux vertus théologales.
La foi théologale, le monde la voit comme un défi, une insulte et une menace. C’est à cause de leur foi qu’il tient en aversion les chrétiens, et c’est par leur foi qu’ils vainquent.
L’espérance théologale, le monde ne peut pas la voir du tout.
La charité théologale, le monde la voit comme elle n’est pas; il la comprend de travers. Il la confond avec n’importe quel dévouement généreux. »
[Le paysan de la Garonne p 97 ]
La tactique du monde est très rudimentaire pour contrer l’Église.
L’esprit du monde cherche le défaut, il y a toujours défaut, même chez les saints. Le monde va montrer du doigt les défauts inévitables des hommes de foi, de certains hommes de foi, pour assimiler la foi et la charité à des sources maléfiques.

Et pour en fin de compte affirmer que ce qu’il y a de plus beau dans l’homme, ses pures dimensions spirituelles, d’amour et de foi, c’est ce qu’il y a de plus dangereux et de plus néfaste.
Le grand inconvénient, ce ne sont pas ces accusations du monde contre l’Église, ( qui sont en fait contre Dieu), le grand inconvénient c’est que les chrétiens y prêtent l’oreille et trempent leur foi dans l’esprit pollué du monde.
Les chrétiens ouvrent leurs portes et apportent dans l’Église les arguments détrempés de la culture de mort qui est favorisée dans le monde.
On se dit chrétien et on collabore avec un tout autre esprit, en mettant sa foi dans le monde. On s’agenouille devant le monde et ses déviations en légions.
Le monde du confort, de la tiédeur, de la distraction, de la recherche de richesses, d’assurances matérielles et du crédit, le monde de la lâcheté devant la vérité.
Peur du risque.
Tout simplement, manque de la présence et de la crainte de Dieu.
« Les saints sont des guerriers qui n’ont pas peur d’être martiens parmi la foule des soumis au monde.
Et leurs armes, c’est de tout donner, tout abandonner : le mal, bien sûr, et l’univers des mensonges, mais le bien aussi, la douceur et le confort, et avant tout eux-mêmes, pour être libres avec Dieu.
Complètements dépouillés, ils brûlent et deviennent étrangers .
Ils sont tombés amoureux mais personne ne comprend leur amour qui leur font traverser les déserts de solitude, enivrés de joie.
Ils ont visage de pauvre veuve, de clochard, d’impuissant, de victime, de martien que l’on cherche à ligoter.
On les traitent de dérangés parce qu’ils dérangent nos rêves et nos conforts.

31° DIMANCHE – B – 2024

Il y a une sorte de match entre ce Scribe et Jésus ? Une confrontation dans l’esprit.
Je m’imagine ce scribe encore jeune.
D’abord pour sa question…
 » quel est le premier de tous les commandements ? »
Bonne question, mais c’est question d’étudiant versé dans l’écriture.
Il classifie. il met un premier, un second…
Et puis si on ne répond pas dans l’ordre, hé bien, il a gagné..!
En fait il essaie de surprendre Jésus, avec une question très classique. Ça fait un peu jeune comme démarche.
Mais Jésus, comme souvent, se prend au jeu.
Il se laisse inviter sur le terrain de son adversaire.
Et il va citer Moïse.
Pourquoi Moïse ?
Parce que c’est le premier qui dit des commandements.
’Commandements’ ça veut dire quelques bases de la loi naturelle.
Pour un juif la loi naturelle est inséparable de la loi surnaturelle, et donc, de la relation avec Dieu.
À vrai dire pour un chrétien ça devrait être la même chose.
Donc Jésus reprend les bases de Moïse.
Or Moïse commence par… la crainte du Seigneur.
‘ tu craindras le Seigneur ton Dieu.’
‘ tu écouteras’
‘Tu aimeras de tout ton cœur de toute ton âme de toute ta force. ‘
Le scribe n’est pas mécontent, mais en fait il ignore une chose.
Il ignore que le monde pèse ou reste léger.
À deux, on peut vivre un même événement, et même à deux on peut commenter un même événement, avec les mêmes mots, et cependant les mots ne pèseront pas de la même densité .
Pour illustrer cela, il y a un magnifique dialogue dans la pièce de théâtre de Jean Giraudoux, ‘ la guerre de Troie n’aura pas lieu’…
Entre Hector, qui voudrait à tout prix éviter cette guerre, mais qui ne comprend pas tous les enjeux subtils et psychologiques qui conduiront à la guerre.
Entre Hector et Ulysse, simplement Ulysse est plus fin, plus respectueux de la réalité, bref… il a un meilleur discernement.
Je ne résiste pas à reprendre ce dialogue grandiose – scène treizième :
Hector : voilà le vrai combat Ulysse ?

Ulysse : le combat d’où sortira ou ne sortira pas la guerre, oui.
Hector : elle en sortira ?
Ulysse : nous allons le savoir dans 5 minutes.
Hector : si c’est un combat de paroles, mes chances sont faibles.
Ulysse : je crois que cela sera plutôt une pesée. nous avons vraiment l’air d’être chacun sur un plateau d’une balance. Le poids parlera…
Et s’engage entre les deux hommes un ping-pong de répliques pour savoir lequel des deux pèse le plus lourd.
Hector : mon poids ? ce que je pèse, Ulysse ? je pèse un homme jeune, une femme jeune ( il pense à Andromaque, sa jeune épouse qui attend un enfant).
Je pèse un enfant à naître. je pèse la joie de vivre, la confiance de vivre, l’élan vers ce qui est juste et naturel.
Ulysse : je pèse l’homme adulte, la femme de 30 ans, ( la femme de Ulysse c’est Pénélope et son fils Télémaque),
Je pèse le fils que je mesure chaque mois avec des encoches, contre le chambranle du palais…
Mon beau-père prétend que j’abîme la menuiserie… Je pèse la volupté de vivre et la méfiance de la vie.
Vous voyez dès cette première réplique, Ulysse a gagné. Il est plus fin, plus précis, plus mature que Hector.
Mais continuons…
Hector : je pèse la chasse, le courage, la fidélité, l’amour.
Ulysse : je pèse la circonspection devant les dieux, les hommes, les choses.
Encore une fois Ulysse est plus délicat, plus profond. Mais continuons.
Hector : je pèse le chêne phrygien, tous les chênes phrygiens feuillus et trapus, qui sont plantés sur nos collines, avec nos bœufs frisés.
Ulysse : je pèse l’olivier.
Hector : je pèse le faucon, je regarde le soleil en face.
Ulysse toujours plus profons : je pèse la chouette.
Hector : je pèse tout un peuple de paysan, de laboureurs, d’artisans laborieux, des milliers de charrues de métiers à tisser, de forges et d’enclume… Oh !
… et là Hector se rend compte qu’il a perdu….

Il ajoute : oh ! pourquoi, devant vous, tous ces poids me paraissent-ils tout à coup si légers ?
Et Ulysse enfonce le clou :
’Je pèse ce que pèse cet air incorruptible et impitoyable sur la côte et sur l’archipel.’
Hector comprend que le destin lui échappe : ’Pourquoi continuer ? la balance s’incline…’ dit-il Ulysse : de mon côté ?… oui, je le crois.
Hector : et vous voulez la guerre ?
Ulysse : je ne la veux pas. mais je suis moins sûr de ses intentions à elle.
Voilà, je ne vais pas vous rejouer toute la pièce de Giraudoux qui est génial. Vous vous souvenez bien sûr, que la guerre de Troie aura lieu à cause des beaux yeux d’Hélène enlevée par les Troyens.
Et Hector, belle personnalité pourtant, mourra, laissant Andromaque éplorée.
Moïse dit au peuple :
 » tu craindras le Seigneur ton Dieu »
Jésus dit au scribe :
 » tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur de toute ton âme de tout ton esprit, de toute ta force »
Le scribe est content, mais il garde cela comme un sujet de dissertation.
Jésus, lui, mourra sur la Croix pour l’illustrer.
Application pratique…
Pour nos chrétiens du 21e siècle.
On peut bien dire « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. »
Mais on oublie ce qu’a dit Moïse :  » tu craindras le Seigneur ton Dieu » Autrement dit, tu ne joueras pas au plus fin avec ton Dieu.
Cela veut dire exactement pareil que :
 » ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur »
Notre foi, notre religion, si elle n’est pas vécue du profond du cœur, – avec pauvreté bien évidemment. La pauvreté n’est pas un obstacle – mais si elle n’est pas vécue du profond du cœur, elle sonnera faux.
Et je constate une attitude qui révèle très vite si la foi de quelqu’un est vécue par son cœur ou est vécue par ses lèvres.
C’est par la place qu’il met aux priorités dans sa vie.
Ô… on va tout bien faire !
On va même faire des sacrifices. Faire des prières.
On va aider son prochain.

Et puis quelqu’un nous appelle, et on laisse tout tomber.
On oublie que Dieu est l’unique Seigneur. Notre Créateur. Transcendant. Tout-puissant.
On oublie la priorité de telle fête, de telle messe. De telle vérité évangélique. On ne se rend pas compte qu’on est inconséquent.
On va entrer dans l’église, avec son enfant pour brûler une petite bougie devant la Sainte Vierge, et on va lui acheter un masque idiot pour Halloween.
En telle circonstance, d’un coup, l’intérêt ou le plaisir reprend le dessus.
Et c’est là que l’on voit que l’amour n’était pas enraciné.
On va entrer dans l’église comme on entre à Intermarché, dans le bureau de poste, ou tout simplement dans sa cuisine…
On ne va même pas se rendre compte que certains sont en train de prier, on ne va même pas se rendre compte que Jésus nous attend en silence pour faire le silence en nous.
Notre foi n’est pas enracinée.
C’est la foi du scribe.
Une foi qui peut-être d’étude, ou une foi qui peut-être fatiguée de politesse. Mais ce n’est pas une foi qui a saisi le cœur.
Il ne s’agit pas de ressentir quelque chose, mais on ne voit pas, charnellement, et spirituellement, les priorités.
On ne les voit plus et on ne les respecte plus.
On est devenu un chrétien de surface. Léger d’amour.
 » tu n’es pas loin du Royaume de Dieu … »
C’est sûr, mais entre toi et le Royaume il y a un gouffre !
Par très large, mais c’est un gouffre….
Les chrétiens aux remarques judicieuses, ça se trouve.
… Pas aussi souvent qu’on le voudrait, soit.
Mais les chrétiens amoureux du Christ ressuscité… comme on voudrait qu’ils soient plus nombreux !
L’Eglise resplendirait de bonheur et de fécondité.
Et le second commandement serait vécu en vérité.

La Toussaint 2024

C’est trop…
Quand on lit ses trois textes de la Bible, c’est trop…
En fait, dans notre vie nous pouvons nous trouver devant deux excès.
Il y a l’excès, genre ‘Apocalypse Now’, le film culte dans l’inhumain
Et il y a l’excès de l’Apocalypse de saint Jean que nous venons de lire : où l’on tremble devant tant de beauté :
D’un côté, trop la guerre.
De l’autre côté, trop de beauté et de paix.
Trop d’harmonie, de pureté.
La pureté, peut provoquer une réaction de crainte et de tremblement.
Des anges se prosternent… tout simplement parce que la lumière de Dieu est trop pure, même pour les anges…
Je laisse tomber Apocalypse now.
Et je veux entrer dans cette communion, qui me dépasse pourtant, avec les anges, et avec ces foules aux vêtements blancs qui se tiennent dans la position de la prière et de la confiance, comme quand nous prions le ‘ Notre Père qui est aux Cieux ‘.
L’Apocalypse, une profusion d’images pures.
Et la lettre de saint Jean, qu’on a lue aussi, ‘trop’… de profondeur de communion :
‘ nous verrons Dieu tel qu’Il est’…!
C’est inimaginable.
Et c’est tout aussi inimaginable de se savoir… ‘ enfants de Dieu’.
Enfant de celui qui est infiniment ‘la paix’.
Et comment ?
Pas parce que nous sommes une petite graine de Dieu, mais parce que nous pouvons nous unir à Dieu par amour.
Or l’amour rend semblable celui qui aime à celui qui est aimé.
Les saints ont vécu ce ‘trop’ d’amour.
Ils n’ont pas eu peur de trembler.
Et l’évangile, pour ce premier discours de Jésus, programme de sa mission – les béatitudes -, il est ‘trop’, aussi.
Trop fort de contraste.
Quel est le programme politique qui commence par : ‘heureux les pauvres ? ‘ Quelqu’un qui dit ça en vérité, on pressent tout de suite qu’il est très fort. Avant même de savoir ce que ça peut vouloir dire, on a l’intuition d’un bonheur immense… qu’on peut faire confiance à celui qui dit cela.

Celui qui me dirait :’ heureux les riches’, immédiatement, je me méfierais. Sans trop savoir pourquoi, je soupçonnerais qu’il est malhonnête.
Mais celui qui dit ‘ heureux les pauvres’ j’ai tout de suite l’impression qu’il me dépasse et qu’il connaît un chemin secret de joie.
L’inconvénient et le risque, c’est que… c’est ‘trop’…!
Mais quand on veut toucher à une joie profonde, il faut aller jusques-là, plus loin que nos limites.
Il y a toujours un risque dans la foi. Et c’est tant mieux !
Un monde sans risque, c’est un monde sans foi, sérieux et triste à mourir. Léon Bloy, dans une de ses lettres écrivait à Jacques Maritain, son filleul :
« Il n’y a qu’une douleur, c’est d’avoir perdu le Jardin de volupté (le Paradis). Et il n’y a qu’une espérance ou qu’un désir, qui est de le retrouver.
Le poète le cherche à sa manière et le plus sale débauché le cherche à la sienne. C’est l’unique objet.
Napoléon à Austerlitz et l’ivrogne ramassé dans le ruisseau ont exactement la même soif.
Il leur faut des quatre fleuves du Paradis. » [ lettre du 25 aôut 1905 ]
Mais en fait, en cette soif de l’humanité, seuls certains osent s’aventurer dans l’excès, en permanence… excès de pauvreté mais en même temps de vérité, ils goûtent alors à un flot continu de joie.
Ce sont les saints et les saintes.
Je reviens sur l’Apocalypse…
 » Qui sont-ils, ces gens vêtus de blanc ?  »
Notre monde ne peut pas saisir cette blancheur.
Et pourtant il s’y essaye. Parfois avec rage.
Il y a en nous quelque chose qui postule la recherche d’une blancheur.
La blancheur nous attire, nous captive.
La blancheur vous savez, c’est le plein de couleurs.
C’est le cercle chromatique réuni en un rayon de lumière intense.
Le blanc c’est le trop-plein de couleur.
Et l’on a chacun au fond de notre cœur le désir de cette intensité de vie.
Et pourtant le monde n’arrive pas à l’atteindre.
Parce que le monde veut la construire.
Le monde veut toujours avoir prise sur la réalité pour pouvoir en jouir.
Et il se trompe.
Et il passe à côté de l’excès de bonheur qui lui est pourtant proposé.
Le monde veut construire, posséder, dominer, oh !… pour une bonne intention pourtant : Pour attraper son bonheur.

Mais il n’a rien compris. Ca, il le sait, mais il ne veut pas le reconnaître.
Et jusqu’à la fin du monde, les hommes se débattront dans le bien et dans le mal, pour arracher des lambeaux de vérité, des miettes de joie qu’ils confondent avec le plaisir; le plaisir qui les tarabustent tant, et les détournent du vrai ravissement, de la profonde extase, de l’accomplissement de sa nature.
Et ce sont les saints qui ont compris.
Et qu’est-ce qu’ils ont compris ?
Ils ont compris comment s’habiller… !
Et ce n’est pas une petite affaire !
 » qui sont ces gens vêtus de blanc. D’où viennent-ils ? »
Ce sont ceux qui reviennent de la grande épreuve.
Et bien voilà.
Nous avons la réponse.
Pour bien s’habiller, il faut être passé par l’épreuve de vérité.
C’est l’épreuve de vérité, celle qui met à nu les cœurs, qui ouvre les flots de la joie, de la profonde béatitude.
Et cette vérité, on ne l’attrape pas.
On ne la possède pas.
On ne la domine pas.
On la reçoit.
On l’accueille. On la demande à genoux, même.
On ne la reçoit pas comme une sorte d’illumination soudaine.
La vérité de laquelle s’habillent les saints, c’est un chemin de fidélité et de dépouillement.
C’est un chemin de pureté.
‘ heureux les purs – heureux les pauvres’ parce que ce sont les seuls capables de recevoir.
Ce sont les seuls capables d’être pénétrés par la puissance de Dieu.
Ce sont les seuls capables d’entrer en communion.
En compassion aussi.
Ils pressentent la beauté.
Et cette beauté elle se trouve en Jésus-Christ et dans son Église.
Heureux les pauvres, mais pas les pauvres d’un jour :
Les pauvres devenus pauvres par fidélité
Et qui acceptent la pauvreté par amour.
Car l’amour rend pauvre.
C’est en cela que l’amour purifie.
L’amour nous dépouille de nous-même pour recevoir l’excès de lumière.

Quand on se sait aimé, on n’hésite pas de trembler pour accéder à la pureté trop grande de Dieu.
C’est exactement ça le chemin chrétien.
Ça demande un courage bien plus grand que celui des grands chefs de guerre. Le courage d’avoir peur devant Celui qui est infinie bonté.
Mais qui nous demande un chemin de dépouillement. C’est-à dire tout humble.
 » qui sont-ils ces gens vêtus de robes blanches ?  »
 » ce sont ceux qui ont été lavés par le sang de l’Agneau »
Et oui, notre religion encore est ‘trop’. Toujours trop…
Elle nous invite à la joie au-delà du sacrifice.
Et maintenant, l’unique sang qui coule, c’est le sang de l’amour de Jésus-Christ.
Le sang de celui qui s’est livré, pour vous, frères et sœurs, pour moi.
Dans ses martyrs, l’Église saigne du sang de Jésus-Christ qui nous aime.
Léa, je suis heureux du chemin de vérité que tu entreprends.
C’est une joie pour toute notre communauté.
Parce qu’à chaque fois que quelqu’un se tourne vers Jésus, un rayon de lumière entre dans notre église.
Ta mission, celle que te demande Jésus, c’est de ne jamais arrêter cette marche. Quels que soient les doutes, les obstacles, les épreuves, les lenteurs. Et ton cœur se réjouira de la grâce que Dieu te donne déjà.
Invisible, mais chemin de sainteté.
Je pourrais dire pareil pour vous, Céline…
Mais j’ajouterai : à chaque fois que vous communierez au Corps du Christ, vous porterez le monde et vous comblerez votre cœur.
On ne vous comprendra pas, mais c’est normal.
Jésus vous donnera avec douceur, une force cachée, capable de créer et de détruire des mondes.
En final, que nous disent les saints et les saintes ? :
Que la Vérité puisée au Corps du Christ, insaisissable par le monde, vaincra. Que la pureté qu’ils ont accueillie par la communion au Corps du Christ purifie et rend belle l’Eglise.
Et qu’il n’y a pas plus fort que l’amour – très pauvre pourtant – l’amour reçu, dans l’union à Dieu, par la communion.

30° DIMANCHE – B – 2024

Le cheminement intérieur

Jéricho : la ville la plus ancienne du monde…
Jésus remonte l’Histoire
Il va traverser d’abord les vestiges de la première Jéricho, première conquète du peuple de Dieu avec Josué – conquise d’ailleurs à moindres frais : quelques coups de trompettes pour une ville qui, semble-t-il, était inhabitée…
Et puis, Jésus va arriver une demie-heure plus tard, à 2 km environ plus au sud, à la nouvelle ville, embellie par Hérode pour en faire une ville de plaisance, pour ne pas dire une ville de plaisirs.
Jéricho, c’est aussi, à deux pas de là, l’endroit que Jean Baptiste avait choisi pour appeler à la conversion.
Que Jésus choisira pour son baptême, pour se laisser suivre par ses premiers disciples, pour initier sa mission de salut et la première Église qui est la nôtre. Nous savons aussi que la scène de l’Évangile d’aujourd’hui, elle se passe quand même à quelques jours de la Passion et de la mort de Jésus (une quinzaine de jours)…
Jésus entrera dans Jérusalem avec la poussière de cette longue Histoire sous ses pieds.
Deuxième tableau :
Bartimée…
Vraiment un pauvre que ce fils de Timée…
On trouve difficilement plus indigent.
Dans un autre évangile, celui de Matthieu il est dit qu’ils étaient 2 aveugles ensemble, compagnons d’infortune.
Il n’y avait pas de structure d’aide sociale pour les plus démunis, à l’époque. On mendiait, maigre comme un clou, on faisait appel au sentiment de pitié, assis par terre.
comme en Inde encore de nos jours, ou en Éthiopie !
Jésus passe et il sème un chemin de grâce divine et de guérison.
Bartimée et son compagnon : guéris tous les deux ! Mais sauvés aussi dans leur âme. Ils ont reconnu et cru en Jésus.
Quelques instants plus tard, Jésus convertira Zachée et ira manger chez lui, avec certainement les deux aveugles qui désormais voyaient .
Puis Jésus partira le soir même ou le lendemain, pour Jérusalem…

‘ Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !.’
Je ne peux m’empêcher d’associer dans cette dernière étape de voyage de Jésus le tracé du chemin de la grâce divine en nous et dans l’histoire du monde même… Dieu ne laisse rien au hasard.
Jésus, Dieu, descendu au plus bas de notre humanité.
(je vous le rappelle, Jéricho est la ville la plus basse du monde : moins 300 mètres au dessous du niveau de mer)
C’est de là que notre Sauveur divin commencera sa dernière étape de restauration des âmes humaines.
Comme trente ans auparavant, il est descendu dans une étable pour ouvrir le temps l’accomplissement de salut du monde.
Et ce sera son chemin choisi pour accéder aux jours de sa Passion.
Jésus descend dans le Jéricho de nos âmes…
Et qu’est ce qu’il fait en nos âmes ?
Il rencontre ce qui cloche, ces zones aveugles et qui attendent paralysées dans la poussière.
C’est en ce qu’il y a de plus nul au fond de nous que Jésus va apporter la lumière et la vue.
Et toute cette zone pas très tranquille de nos incapacités, de nos erreurs ou nos fautes délibérées, – nous voudrions les faire taire.
Nous voudrions que personne ne les sache.
Jésus, un jour, passe.
Et il nous suggère que c’est possible que nous nous en libérions. Aufonddenous,l’appeldesagrâcesefaitentendre : »c’estpeutêtretachance. Le jour de ton miracle… Lui, il t’aime, et si tu tentais l’audace de lui demander de te changer. De transformer ton âme.
(Commençons par la zone blessée et mendiante qui te fait mal et dont tu n’arrives pas à te débarrasser.)
Bartimée abandonne son manteau – ça veut dire qu’il laisse tout.
Un manteau pour un mendiant, c’est extrêmement précieux. Et il va suivre Jésus. Il marche, il voit, il a surtout compris que Jésus l’aime.
Mais attention, suivre Jésus, c’est repartir vers Jérusalem.
Ça ne s’arrête pas à ouvrir les yeux. C’est souvent l’erreur des convertis de croire que le premier miracle suffit.
Le chemin de Jéricho à Jérusalem, c’est un long sentier de désert où seules quelques chèvres et les petits ânes au regard doux se réjouissent de l’herbe rare.

Notre âme doit monter péniblement, avec quelques portions de grâces, le long de ce chemin de purifications.
Voilà, chers frères et sœurs, le tracé d’une vie intérieure… :
La vie intérieure doit commencer au plus bas de nous-même. Là où on touche notre pauvreté, un obstacle d’aveuglement.
Là où on ne comprend rien, où on ne voit plus rien.
Et on pressent le passage de Jésus .
Et parfois – c’est alors la bonne fois – on se donne la chance d’appeler Jésus.
Pas de l’appeler du bout de notre intelligence, ou avec la mollesse d’une volonté fatiguée, mais de l’appeler du cri du cœur.
« Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi ! »
Notre indigence reconnue, on crie en vérité vers notre délivrance qui est Jésus. Si notre foi manque de ressources, c’est très simple, il s’agit d’admettre notre aveuglement. Nous ne nourrirons jamais la foi dans le confort, dans nos certitudes, et nos recherches d’informations.
La foi grandit en nous laissant mordre par les ténèbres des profondeurs de notre âme. Et ensuite en les acceptant devant Jésus.
Et ensuite ?
Nous sommes invité à prendre le long sentier qui passe à travers les dunes désertiques de cailloux, arides et purifiantes, vers Jérusalem.
Une journée de marche où ça monte tout le temps. Vide autour de soi. Vide dans le cœur. Jambes douloureuses.
Jésus n’a pas parlé pendant ce trajet – en tout cas aucune parole n’a été retenue par les apôtres. Ça aussi c’est significatif –
Quand on monte vers la Croix et vers la résurrection de notre âme, on n’a pas envie de parler.
Une journée : le temps d’une vie.
Et ensuite ?…
Hé bien, vous demandez à Jésus avec confiance d’être près de vous. En continue. « Seigneur, Jésus, Fils de David: aie pitié de moi … » Que demandes-tu ? Maître, que je vois !
Et la vie se résume à bien poser cette demande. Et pour cela il faut le redire au
moins 20000 fois, pour bien la dire.
Et à accueillir la réponse : ‘va, ta foi t’a sauvé’

29° DIMANCHE – B – 2024

C’est le mot « siéger » qui passe mal…
Au Ciel, quand nous serons en la vie éternelle, il n’y aura pas de strapontin !
Il y a plusieurs demeures, mais pas de chaises, et le trône de Dieu, ce n’est pas celui des icônes. C’est le Ciel, dit le psaume.
Et le Ciel, c’est la vie éternelle et sa Toute-Puissance de miséricorde.
Alors…. avec le verbe ‘siéger’, il y a un sous-entendu de domination, un partage de pouvoir.
En tout cas, Jésus l’entend comme ça, puisqu’il parle ensuite du ‘pouvoir des grands’.
Dans la question des frères Zébédée, il y a bien l’espoir d’être près de Jésus pour toujours.
Mais cette question est quand même une grosse maladresse.
Mais elle va permettre à Jésus de faire le point sur l’ambition qui court au travers de l’histoire de l’Église, au travers de l’histoire des peuples et des cœurs.
Le désir du pouvoir, du gouvernement, d’être influenceur sur terre et au Ciel même.
C’est un désir à la fois légitime et bon, et à la fois vicieux.
Pourquoi ?
Parce que l’influence qu’on peut diffuser et parfois imposer, tient à la fécondité de notre vie.
Or, la fécondité sous toutes ses formes est le désir le plus profond et général de chaque créature.
La moindre petite violette ne pense qu’à répandre des multitudes d’autres petites violettes semblables à elle.
L’escargot, le hérisson aussi. Ils ne cherchent pas à faire des violettes… mais des petits escargots et des petits hérissons.
Et l’homme et la femme, des fils et des filles.
Et pour se distinguer du hérisson, des fils et des filles qui leur ressemblent, spirituellement, c’est mieux.
Des semblables d’esprit pour les aimer d’amour ou d’amitié féconde.
Et ceux qui sont moins capables spirituellement, choisissent alors une fécondité politique, jusqu’à parfois, utiliser la manipulation ou la contrainte.
Quand on a le pouvoir, on a l’impression d’influencer et d’exercer une fécondité, même dans le mal.
Toujours l’histoire de ‘siéger’…
Croit-on que l’Église depuis la réaction de Jésus est purifiée de cette tentation

de domination ?
Pourtant Jésus le dit bien : ‘les derniers seront premiers’ dans l’amour et donc dans la fécondité de lumière.
« Celui qui voudra être grand – mais grand de quoi, au Ciel ? – de perfection et de lumière, grand de participation à la divinité…
Il sera l’esclave de tous, sur terre. Au service. »
Il sera le plus intime du Christ.
Et il sera donc le plus uni au Christ, victime sacrifiée.
On associe dans nos têtes ‘gouvernement’ à ‘supériorité’
Celui qui ne gouverne rien, c’est l’insignifiant, celui qu’on oublie rapidement.
Et de là cette course à avoir son domaine, aussi petit soit-il, où l’on peut régner et soumettre les autres à son influence.
Mais comment résoudre cette déviation qui court depuis Adam et Ève ?
Si on chenge celui qui a le pouvoir, d’autres le prennent à sa place et reprosuisent l’erreur.
Alors ?… Hé bien, donnons le pouvoir à plusieurs et même à tous, au peuple en politique, aux médias en tous les domaines, aux laïcs dans Église !…
Mais le problème n’est pas là, puisque le pouvoir qu’il soit d’un seul, du prolétariat, de la manipulation pour les médias, de l’Esprit du monde qui frappe la barque de l’Église de sa médiocrité, cherche à dominer…
Mais comment faire pour s’en sortir ?
D’où qu’on se tourne, aussitôt qu’il y a pouvoir, et recherche de gouvernement, il y a satisfaction d’être influent ?
Qu’on soit seul ou des multitudes à le partager.
C’est l’une des questions que notre Pape essaie de nous faire comprendre.
Jésus est Fils de Dieu. Il a donc la réponse à notre question. En fait à la question de Jacques et Jean…
Qu’elle est-elle, cette réponse ? Elle est très simple.
« Pouvez vous me suivre ? »
Me suivre où ?
Jusqu’à la croix, jusqu’au sacrifice de vous-même.
Jusqu’à devenir esclaves et vous soumettre à tous les pouvoirs.
Ça veut dire quoi, cette réponse de Jésus ?
Ça veut dire que Jésus détourne la question.
Votre fécondité, elle ne se trouvera pas dans un pouvoir, elle se trouvera dans votre sanctification.

Et voilà la réponse !
Avant de vous poser la question du gouvernement, posez vous la question de votre sanctification, de votre intimité à Jésus Christ, Messie, Dieu, mort en esclave crucifié.
Votre fécondité vous la trouverez dans votre sacrifice par amour à Jésus.
Et si par surplus, qui doit être gratuit et non recherché, elle vous est donnée dans une mission de gouvernement, ce gouvernement sera un service pour une fécondité de sainteté. Pour conduire les autres à la sainteté.
Le gouvernement n’a qu’une raison légitime :
Celle d’être un instrument pour conduire à la sainteté.
Mais tout devient lumineux alors …! et harmonieux.
1 – Ça veut dire tout d’abord qu’on ne se décide pas supérieur tout seul, ni même en groupe.
On reçoit d’un autre une mission qui vient d’un discernement.
Non pas parce qu’on est capable d’organiser des défilés ou de rentabiliser une entreprise, mais parce qu’on est capable de discerner les chemins de sanctification pour chacun de nos frères.
Et c’est pour cela que l’Église est si mauvaise dans la conduite de ses entreprises et de ses rentabilités… Parce que son objectif premier est la sanctification qui se moque des chiffres de bilan.
Et il est assez rare en fait que coïncide un esprit avisé de chef d’entreprise et un esprit d’intimité avec Jésus, dans un même homme…
Mais ce qui compte avant tout en valeur de fécondité c’est l’esprit d’intimité avec Jésus.
La réussite du monde n’est pas essentielle, et bien souvent périlleuse, au contraire.
Deuxième conséquence :
Le discernement pour la sanctification ne vient pas du grand nombre.
Ainsi donc, le gouvernement ne peut pas être du grand nombre. Il sera assumé par un seul missionné.
Aidé de conseillers pour affiné son discernement, mais un seul décideur qui doit davantage être à l’écoute des consciences de ceux qu’il gouverne que des besoins matériels de son territoire.
Parce que ses décisions seront avant tout pour faire avancer sur un chemin de conversion et de sanctification les âmes de ceux et celles qu’il gouverne.
Même si ces derniers ne sont pas à la place qu’eux-mêmes désireraient. Demander à quelqu’un de porter la croix de Jésus n’est jamais enthousiasmant au départ pour l’heureux élu….

Inviter à une conversion de jugement est toujours mal digéré au départ….
Vous voyez, frères et sœurs, comme l’exercice du gouvernement dans l’Église est complètement divergent de celui du monde.
Dans le monde, c’est celui qui est capable et qualifié (en vrai ou en faux d’ailleurs – tous les coups sont permis) qui prend la place.
Dernière conséquence de la conception de Jésus. :
Il existe dans l’Église, institués par Jésus Christ, des apôtres et des successeurs des apôtres auxquels Jésus a confié les clefs du Royaume des Cieux. Autrement dit du jugement de la grâce et des chemins de sanctification, dans l’Esprit Saint.
C’est donc à eux, au Pape, successeur de saint Pierre, aux évêques, successeurs des apôtres, et aux prêtres, collaborateurs des évêques, qu’il revient le discernement final et donc qu’il revient par la même l’instrument et le service du gouvernement qui aide à la sanctification.
Il n’est pas interdit à d’autres d’avoir une place, un siège…, et parfois d’émettre des jugements très saints dans l’Église, mais ce sera par mode habituel de conseils, qui éclaireront de façon très précieuse les décisions du magistère institué qui lui, sera à l’écoute attentive des voies de l’Esprit-Saint.
La collégialité, c’est l’expression de tous pour le discernement d’un seul.
Mais bien sûr, cela demande l’intention fondamentale de tous pour la sanctification, par la croix souvent, de toute l’Eglise, et cela demande une exigence d’obéissance qui, de fait, est rare dans le peuple de Dieu.
L’obéissance du disciple missionné au gouvernement, c’est son écoute de l’Esprit Saint.
L’obéissance de tous dans l’Eglise, c’est notre désir de sanctification reçue de l’Esprit Saint.
« Le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort »
Pouvez vous boire à la coupe que Jésus a bue ?