26° DIMANCHE – B – 2024

Paradis et enfer – efforts de créativité

Remplaçons les choses :
Le Royaume des Cieux…
On peut dire : vie éternelle, amour, mais qui n’est pas de cette terre, union à Dieu, Église unifiée et exultante.
On peut dire aussi que le Royaume de Dieu c’est une communion où chacun se reconnaît dans le meilleur de lui-même, ressuscité d’une vie pure.
Jésus nous annonce un voisin du Royaume des Cieux, qu’il appelle la géhenne.
La géhenne, c’était le dépotoir de Jérusalem qui empestait; lieu malsain où se traînaient les lépreux, lieu de solitude amère, refus de communion.
Et là, ce qui est ressuscité est douloureux.
Parce que, sans amour, notre corps est douloureux, notre âme ne s’y retrouve pas.
Je reprends… Le Royaume des Cieux :
C’est l’exultation, la fécondité de l’Esprit.
Mais ce n’est pas une accumulation, c’est une harmonie toujours plus juste avec le cœur de Dieu.
Quand on est dans cette harmonie de l’Esprit, ça veut dire qu’on reçoit notre joie, qui sonne juste.
Le Royaume des Cieux c’est de recevoir des fleuves de joie,
En notre âme et en notre corps.
Or, recevoir une grâce c’est la rendre à Dieu, c’est la vivre, c’est tout redonner pour être comblé.
 » mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.
Il m’élève à plus grand que moi-même. Il me comble de ce que je ne pourrais même pas atteindre par moi-même.
Et la géhenne ? Je me ferme sur moi-même. Dans un mal-être. Alors je crie parce que ma nature manque à sa finalité.
Je ne me reconnais pas et je ne reconnais pas les autres.
Et bien sûr, je ne reconnais pas Dieu. Je ne veux pas le reconnaître. Je n’arrive pas à reconnaître le Christ ressuscité.
C’est à moi que je devrais me faire des reproches. Mais c’est trop douloureux de me faire ces reproches, alors je les retourne sur les autres et je critique. J’accuse Dieu. Ça semble me soulager.

Je reprends mon propos… Le Royaume des Cieux :
C’est l’Esprit qui s’exprime.
Et vous savez, frères et sœurs, quand l’Esprit passe facilement, il coule de source, et il crée. L’amour est diffusif.
Ça veut dire que l’amour se répand, il est créatif.
Le Royaume des Cieux c’est une symphonie qui s’étend dans l’éternité.
Et tous ces accords s’envolent sans jamais se finir.
Rejoins éternellement par d’autres harmonies qui viennent les enrichir.
Qui se répondent et se correspondent dans une joie qui, en fait, n’est qu’une étincelle de la joie de Dieu.
Quant à la géhenne, je n’ai plus envie d’en parler. Il n’y a rien à dire.
Elle n’a aucun poids.
Aucune consistance. C’est un manque.
Son cri est inaudible.
Qu’elle reste où elle est, c’est-à-dire nulle part. Je laisse tomber.
Mais le Royaume des Cieux, il a un commencement.
Et ce commencement n’est pas après notre mort.
Il est aujourd’hui.
Aujourd’hui, mon cœur vibre, mon cœur peut vibrer d’une paix et d’un bonheur dont je pressens qu’il n’y aura pas de fin.
Et cet état de bien-être, rien ne peut y mettre obstacle, parce que Jésus-Christ est venu lever tous les obstacles.
Le Royaume des Cieux commence aujourd’hui, dans la joie de mon cœur d’aujourd’hui.
Et tout ce qui n’est pas touché par cette grâce ne vaut rien.
Ce qui m’est le plus intime sans la grâce ne vaut rien.
Pas même mon œil, ni ma main, ni mon pied.
Parce que, ce qui se détourne de l’Esprit d’amour de Jésus-Christ est stérile.
Alors il y a quelques conséquences immédiates.
Deux chemins.
Un chemin de fécondité, de surabondance dans l’Esprit.
Un chemin tout pauvre, tout léger, qui ne pèse rien, parce qu’il est vibration de lumière et d’harmonie.
Il y a un autre chemin qui n’en est pas un, qui tourne sur lui-même, mais qui atterrit plutôt dans des sables mouvants dans lesquels on ne peut plus lever les pieds.

Royaume des Cieux : créativité de l’amour. Tout devient possible.
Sables mouvants : immobilité et sclérose. On n’avance pas. Tout devient impossibilité.
Applications pratiques :
Par exemple dans une paroisse… Je choisis l’exemple au hasard…
Ce pourrait être dans une société, dans une famille, dans une période de l’histoire. Si on regarde la capacité de créativité on peut soupçonner la présence de l’Esprit.
Quand notre principal objectif est de se caler, de trouver un confort. De ne p^lus bouger…
De ne prendre aucun risque et de se suffire…
– on n’en demande pas plus et on n’offre pas plus –
Quand l’ambition disparaît pour préférer sa sécurité ou, comme Josué devant Eldad et Medad, pour se préserver un certain pouvoir… le Royaume des Cieux rétrécit, comme peau de chagrin.
Il y a un péché plus grand que celui de faire des péchés… C’est de plafonner.
De manquer d’ambition. – le rat dans son fromage –
Et surtout qu’on ne me coupe pas la main…!
On prie une heure, et puis ça nous suffit ! C’est ce mot ‘suffisance’ qui est détestable.
On ne désire surtout pas ajouter un quart d’heure d’intimité avec notre Dieu.
L’installation et la négligence sont les deux péchés les plus dangereux au monde. Cela correspond à être riche… ou à vouloir l’être.
Cette installation, on peut la constater aussi bien sur la croisette à Cannes que dans un monastère de carmélites… que dans notre paroisse….
Bien sûr, il y a des périodes dans notre vie pendant lesquelles se modifie notre désir.
Il y a des épisodes, disons, où notre faim est une faim de loup.
Nous brûlons de la vie éternelle.
Nous brûlons du désir de donner notre cœur à Dieu.
Désir de la rencontre. J’espère que c’est arrivé à certains d’entre vous.
Et puis il y a des épisodes, parfois blessés, parfois douloureux ou fatigués, troublés de tentations, où nous devons rassembler toutes nos faibles capacités pour un petit effort de fidélité aride.
Mais pour mon propos, ce n’est pas important.
Les variations ne sont pas importantes.

C’est l’orientation de notre amour qui est fondamentale.
L’orientation d’un chrétien pour sa vie spirituelle, doit être de sa jeunesse à ses vieux jours un désir de croissance dans l’amour.
Et non pas de repos dans l’amour.
Parce que quand on parle de repos dans l’amour, inévitablement nous glissons vers le repos dans l’amour dévié de soi-même.
Un chrétien qui n’est pas créatif, c’est un chrétien sans sel.
Sans feu, ni flamme.
Un chrétien qui cherche à se sauvegarder ou à garder ses intérêts, n’existe plus. J’appellerai cela ‘un chrétien de chasse gardée’. Il tourne sur son terrain et ses habitudes en montrant les dents à tout ce qui le dérange.
Alors vous allez me dire :
Mais nous sommes dans une période de burns out. la grande maladie du siècle c’est la démangeaison d’activité, la saturation des plaisirs, la boulimie d’informations, l’accumulation de projets – comment en vouloir toujours plus ? C’est très simple.
C’est excessivement simple…
La réponse c’est que l’ambition de la grâce, la croissance de la charité, réclame des efforts, mais de simplification, de dépouillement, des efforts héroïques de temps perdu, pour Dieu.
Et quand on me dit : ‘mon enfant ne peut pas venir au caté parce qu’il a telle ou telle activité… oh très noble !… du sport, de la danse, du judo… C’est un péché, grave.
Si ton piano, ton tennis, ou même tes devoirs d’école t’empêchent de prendre une heure pour Dieu dans la semaine, coupe-les ! Car jouer au tennis, creuser une piscine dans ton jardin, ou installer un nouveau grand écran chez toi ne guérira pas ton malaise dans un monde de perdition.
La grande originalité, la plus grande créativité dans notre monde actuel, quelles que soient les périodes de notre vie, c’est de donner le primat à la contemplation. C’est-à-dire d’orienter notre vie à donner toujours plus de silence amoureux de Dieu à notre cœur.
L’œuvre de l’homme de foi, de la femme de foi, c’est l’œuvre de son silence intérieur habité par les mélodies silencieuses de Dieu.
Effort de créer des espaces de silence.
Mais quand je dis ‘silence’, il n’y a aucun rapport entre silence et repos.
Le silence de notre vie spirituelle est l’activité la plus intense, la plus réelle de notre âme et la plus efficace.
Dans notre effort de silence du cœur, Dieu se fait source de fécondité.
Ah…! si tout le monde pouvait être source de silence de l’Esprit Créateur…!

25° DIMANCHE – B – 2024

Scandale de l’Abbé Pierre
Ces textes, aujourd’hui, tombent pile pour éclairer l’actualité qui fait rage… L’actualité, mettez tout ce que vous voulez dedans, frères et sœurs…
La politique, l’abbé Pierre, l’Église encore souillée par tant de péchés et de paroles inconsidérées.
L’actualité, c’est aussi ses wagons de conflits et de victimes, de haines et d’escroqueries, de violences et de dissimulations.
Perversités au niveau des couples, des familles, de nos villages, des pays, des empires…
Et l’actualité c’est aussi les avis de tempêtes, les volcans qui menacent, les virus dans nos cellules…
Mais n’y-a-t il pas quelque chose qui manque, chers frères et sœurs dans cette liste ?
Certains d’entre vous ne sont ils pas étonnés que j’oublie quelque chose ?
….
Nous sommes tellement habitués à ingurgiter l’actualité médiatique qu’on adore sniffé du mauvais parce que notre cœur mauvais se sent familier au mauvais et se sent rassuré : ‘ je ne suis pas pire’.
Mais il manque dans mon énumération l’actualité… belle…!
L’actualité pure, lumineuse, mélodieuse.
Vous pensez peut-être aux gazouillis du petit Jules qui est né il y a 4 mois, ou au dernier concert de musique de chambre, ou à la dernière réflexion de votre petite fille émerveillée après le passage d’une étoile filante…
C’est tout beau, ça..
Mais je pense à des puretés plus belles encore qu’un matin ensoleillé :
Je pense à notre belle Église, pure du sang du Christ, quel éblouissement, et c’est de l’actualité.
Je pense à ces communions au Corps du Christ qui vont aujourd’hui encore sauver le monde. Elles seules, d’ailleurs, sauvent le monde.
Je pense à la grâce divine dans d’innombrables cœurs silencieux, habités de l’Esprit-Saint. Et à tous ceux qui vont être témoins aujourd’hui pour leurs frères de la présence de notre Dieu d’amour.
Je pense à certaines conversions, si belles et qui ne font pas beaucoup de bruit. Je pense aussi à ceux et celles qui souffrent en prière, qui portent leur croix, cœur à cœur avec Jésus.
Cette actualité là elle est plus gênante pour les médias, parce qu’elle ne se vend pas et parce qu’elle attire nos cœurs à son exigeante pureté.

Alors je reviens aux textes d’aujourd’hui.
Les trois textes révèlent, frères et sœurs, un quiproquo…
Un quiproquo qui existe depuis Adam et Ève.
Entre le ligne du mal et celle du bien.
On pourrait penser que le mal est le contraire du bien.
Que la vie serait un exercice de tir à la corde.
On tire d’un côté, et l’équipe du mal gagne sur le bien; on tire de l’autre et l’équipe du bien l’emporte de quelques mètres.
La grande supercherie, c’est quand l’équipe du mal fait croire qu’elle tire dans le sens du bien !
Et l’on voit des cohortes de pharisiens modernes dénoncer des maux avec haine et jugement, des maux réels en plus, mais qui leur donnent des prétextes pour assassiner le bien.
J’avoue que c’est subtile comme stratégie. C’est la tactique du démon.
Mais ce n’est pas ainsi… la repport entre le bien et le mal n’est pas du style ‘tir à la corde’. Alors je rectifie.
L’Église, depuis 2000 ans, et plus.. illumine comme un phare notre monde mouvementé.
Tout le monde connaît son rôle et son aide.
Même ceux qui s’épuisent à ramer dans l’autre sens et dans leurs ténèbres.
Les rameurs rebelles, le mauvais, ne veulent pas regarder le phare. C’est une chose, libres à eux.
Ils pourraient faire leur route dans les ténèbres, seuls.
Mais en plus, à savoir pourquoi… Ils veulent pourrir la route de ceux qui font confiance à la lumière.
Où se trouve le quiproquo ?
C’est que le mal lutte avec les armes du bien pour détruire le bien.
Les détracteurs de l’Église prennent les valeurs transmises par l’Église pour accuser l’Église.
Mais les vraies valeurs de l’Église, ils ne les comprennent pas.
Ils n’ont pas la rèf… comme disent les jeunes. Ils n’ont pas la référence. C’étaient exactement l’attitude des pharisiens devant Jésus.
Jésus est porteur, transmetteur, d’une lumière inaccessible de bien et de vie éternelle.
Et les pharisiens, comme des puces, le piquent avec les arguments de la Loi, pour lui pomper le sang sans comprendre que ce sang est divin.
En refusant de reconnaître sa plénitude de Lumière.
C’est cela la Croix :
Condamner le Bien pur au nom de biens particuliers mêlés de mensonges.

Le mauvais vampirise la beauté. Il ne peut pas faire autrement.
Prenons l’exemple de l’Abbé Pierre et de ses dérapages scandaleux.
Quel beau morceau pour tous les rapaces qui cherchent de la chair faisandée à décortiquer…!
Je prend une petite histoire.
Un monsieur, costume-cravate, se trouve au restaurant. Son métier c’est de construire des immeubles. Très bien.
Il est avec des collègues qui ne cherchent que l’intérêt : du béton, du béton à vendre..
Plat principal, sauté d’Agneau aux petites carottes.
Et voilà qu’une carotte, une parmi des dizaines, contient visiblement des petits vers. Bien cuits, les asticots, mais enfin, bien réels !
Du rôti d’asticots dans une appétissante carotte…
Scandale…!
Le patron du restaurant est appelé.
Et il est sommé de nommer l’origine de la carotte.
Pour étouffer l’affaire, tout tremblant, il désigne le maraîcher.
Le grave monsieur se rend sur le champ chez le maraîcher :
« c’est inadmissible ! C’est intolérable !
On n’a jamais vu un tel scandale, vendre des carottes asticotées !
Le pauvre maraîcher essaie de se justifier.
Il trie pourtant avec soin ses productions.
Et si certaines carottes ont des petits vers, c’est qu’il fait du bio.
Alors tous les jours depuis un siècle, sa famille trie la production, et jette presque la moitié des carottes pour ne garder que les légumes impeccables.
Une carotte a échappé à la vigilance, avec deux jolis petits vers, à travers la sélection pourtant sévère.
 » C’est inadmissible ! Vous êtes un menteur !
Et certainement même que ce n’est pas la première fois !
Vendez moi votre terrain. J’en ferais meilleur profit !
Sois vous mettez des insecticides dans vos cultures, soit vous allez voir ailleurs. » Le maraîcher lui explique que s’il veut construire des immeubles sur les terrains de culture, il n’y aura plus de plats aux carottes… .
C’est un dialogue de sourds.
Pour une carotte pourrie….
Et ce que je n’ai pas dit, c’est qu’à partir de ce jour là, on n’a plus servi dans ce restaurant que de la purée de carottes made in china….
Vous voyez, le jardin de l’Église est magnifique de grâces surnaturelles.
Mais le monde ne voit pas ce bien surnaturel, béatitude des Saints qui portent le monde.

Le monde se trompe sur la lumière du Christ, il se trompe sur la sainteté des saints, il se trompe sur le cœur de l’Église, sur le pardon, sur la miséricorde, il se trompe en tous ses jugements qui sont teintés du Prince de ce monde.
Il ne connaît pas le cœur d’infinie bonté du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Et dans le cas de l’Abbé Pierre le monde est embarrassé et rage même d’avoir manqué de jugement.
Les foules vénéraient un malade mental qui jouait avec adresse et détermination sur la corde de la compassion et du respect des plus pauvres.
’C’est la faute à l’Église…!’ Qui effectivement a malheureusement privilégié la miséricorde sur la justice. Pour un homme qui se moquait de l’Eglise et la bravait – et les foules l’applaudissaient pour ça – et qui faisait sa vie à côté de l’Eglise.
Mais en même temps, le monde dans ses motivations troubles est un excellent aiguillon pour l’Église resplendissante.
Il alourdit toujours davantage la croix des chrétiens qui participent aux souffrances salvatrices inscrites dans le dessein de Dieu.
Le monde, pataud, et son Prince, mauvais, dans la main duquel il repose, sans s’en rendre compte, favorise la purification non pas de l’Église, qui est pure entièrement, mais de son personnel qui n’est pas toujours qualifié du Saint-Esprit et qui boit trop souvent aux sources polluées du péché originel. L’Eglise est belle et forte de reconnaître ses enfants imparfaits.
L’Eglise est tellement lumineuse qu’elle peut porter tous les branquignols que nous sommes tous.
Le Christ s’est fait péché pour sauver les pécheurs.
Il ne faut pas s’étonner que l’Eglise soit traitée comme le Maître, « d’ordure, de rebut de l’Humanité » [I Cor 4, 13]. Tant mieux !
Alors qu’elle est de l’or pur de la grâce qui sauverait le monde s’il se laissait sauver.
Et puis l’Église souffre d’une autre croix.
En fait, elle souffre de toutes les croix qui peuvent exister.
Mais Elle souffre de sa lucidité.
Lucidité de voir que pendant qu’on l’accuse, tellement de mal passe en courant derrière le rideau pour venir manger ses récoltes de grains.
(avortements – corruption de l’esprit des enfants – confusion, culture woke, hérésies en tous genres)
Mais je dirai :
Dieu est grand.
Il est surabondance.
Il est dans le Ciel de notre espérance.

Stat crux, dum volvitur orbis…
Pendant que le monde tourne et se débat dans ses manipulations, la croix qui sauve demeure.
Comme je l’aime, notre belle Église dont l’âme est lumière éternelle.
Elle me réjouit tellement.
Comme je suis heureux de communier avec ceux qui aiment l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique.
Le monde pourra trouver des vermisseaux partout pour alimenter ses cris d’orfraie, mais jamais dans le bois de la Croix du Christ.
Et ça, ça le fait rager. Le Christ a vaincu le monde. [Jn 16, 33]

24° DIMANCHE – B – 2024

Les croix nécessaires
Aïe… frères et sœurs, le Christ remue profond les apôtres.
S’il réveille le Diable en Saint Pierre c’est que ses mots pèsent lourds……
Dans notre vie, ce qui est profond est redoutable, parce que, inévitablement, cela demande un dépouillement.
D’abord une conversion, un renouvellement de notre cœur, et cela demande le sacrifice des zones les plus sensibles de notre âme.
Alors, je m’explique.
Le Christ semble interpeller ses apôtres, ses amis préférés, sur son identité. Bon, rien de bien méchant, semble-t-il.
Arrivent les réponses style ‘caté’…
Les apôtres lancent un peu au hasard, ce qui leur vient à l’esprit, des référence squ’ils connaissent bien…
Ils sont dans la culture religieuse de leur époque.
Ce sont des hommes pétris de Bible.
Plutôt que de dire ‘ de Gaulle’, ‘Louis XIV’, ou ‘Vercingétorix’, ou dans notre culture un peu plus récente, ‘capitaine Flam’, ou ‘SamSam, le super héros tout rouge’ … Les disciples pensent immédiatement aux héros du peuple saint :
Jean le Baptiste, Élie, Jérémie,… ils ne vont pas jusqu’à Moïse ou Noé, ça ferait un peu vieux.
Bref, ils font appel à leur mémoire immédiate.
Pierre à un autre mérite.
Il vise dans sa réponse à une mission éternelle.
« Tu es le Christ », autrement dit le Messie, celui que tous les juifs attendent depuis des siècles. (D’ailleurs, normalement, ils l’attendent toujours… Les pauvres…)
En fait, Pierre dit à Jésus :
 » Y a pas mieux que toi ! »  » il y a pas mieux que toi dans l’histoire de tous les temps. tu es la finalité ».
Mais il ne sait pas ce qu’il dit.
Sa parole est juste, elle le dépasse, mais elle n’a pas encore labouré sa vie. C’est un peu comme quand on est près d’un volcan. C’est impressionnant, ça peut fumer, mais c’est jouable.
Mais quand les entrailles de la terre grondent, bougent, et entrent en activité, on comprend qu’on est dans une autre dimension.
Et qu’il ne s’agit plus de s’amuser.
Il s’agit d’entrer dans un sauve qui peut.

Et c’est pour cela que Jésus conseille, et même ordonne de ne pas parler de lui. Plusieurs fois, il demandera la même chose : de faire silence sur les miracles jusqu’à ce qu’il soit mort et ressuscité.
‘Ne dites rien… ‘
Il sait que cela lui coûtera des ennuis, mais je crois que la raison de cet interdit est plus profonde.
C’est que Jésus veut que ses apôtres parlent en vérité.
Et ils ne sont pas encore en pure vérité vis-à-vis de lui.
Jésus n’est pas venu sur terre pour faire briller un titre.
Fusse celui de Messie ou celui de Sauveur.
Il est venu pour se donner et pour donner Dieu.
Notre religion n’est pas une religion d’un message. Elle n’est pas la religion d’un idéal ou d’un miracle.
Non plus celle d’une conquête, d’un pouvoir, ni même d’une sagesse.
Notre religion c’est de dire en vérité « Jésus est Christ et Seigneur » .
En vérité…
Vous savez, on peut dire de quelqu’un : ‘ c’est le maire du village’, ‘c’est le directeur de l’école’, ‘ c’est la boulangère’, mais ça ne va pas loin.
On peut dire de la même façon : ‘ Jésus-Christ est Sauveur’…
Sans que cela ait un écho en nous.
Mais Jésus dit – et c’est là que ça coince, pour Pierre, et pour nous… – ‘je vais mourir, je vais souffrir, je vais être anéanti, et je ressusciterai’.
Tout ça, même si on ne le comprend pas bien, on pressent que c’est au-dessus de nos forces.
Et que si on veut connaître Jésus, le Christ, il va falloir mourir, il va falloir souffrir, et croire à notre résurrection.
À sa Résurrection et à notre résurrection.
Et ça, on ne peut pas le dire en vérité, c’est-à-dire le vivre, sans la grâce de Dieu. Et Pierre, Simon-Pierre, ne le comprend pas encore.
C’est normal, il est le premier à l’entendre.
Nous, nous avons le témoignage.
Le témoignage des apôtres qui ont hésité, qui ont tremblé, mais qui ont été ensuite illuminés par le Saint-Esprit.
Nous connaissons, vaguement, en théorie, ou au mieux, en signes avant coureur, l’ébranlement de la grâce de Dieu.
Mais pour connaître quelqu’un, – et c’est bien cela le chemin de la foi de notre religion : connaître quelqu’un… le seul qui est notre bonheur – pour le connaître il faut l’aimer.
Pour connaître quelqu’un il faut être uni à lui.
Voilà le cœur de notre religion.
De la plus intime union.

Et c’est, effectivement, diamétralement opposé à la démarche de Satan. Satan veut rester lui-même, selon ses plans.
Il ne veut rien sacrifier de lui-même par amour pour un autre.
Pierre fait le jeu de Satan, parce qu’il veut ramener Jésus à sa dimension humaine.

Pour lui, c’est une dimension idéale.
Voilà pourquoi Jésus est si sévère avec lui. Surtout devant les autres disciples.
Et voilà pourquoi Jésus va conclure devant tout le monde de manière admirable. Pour les uns certainement, énigmatique…
Pour d’autres, inquiétante…
 » celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile, de la bonne nouvelle du Royaume, celui-là la sauvera ».
Vous voyez frères et sœurs, Jésus résume tout dans ces mots. Perdre sa vie…
Pour lui…
Et être sauvé…
Perdre sa vie pour quelqu’un, on ne peut le faire que dans l’amour, par un acte réel d’amour.
Pour les apôtres ce sera d’aller jusqu’au martyre.
Pour nous, ça doit commencer par de longues heures dépouillantes de prière. Sans cet effort pas facile et persévérant, ne croyons pas être en vérité.
Ça doit commencer par une fidélité austère aux sacrements.
Tant que notre fidélité n’est pas érodée par le temps, je dirais même tant que notre fidélité n’est pas fatiguée, tout en ne lâchant pas pour autant, il reste un masque qui couvre notre visage, une méconnaissance de Jésus-Christ.
Une légèreté.
Jésus le précise bien ; il faut renoncer à soi-même, prendre sa croix pour le suivre.
C’est par la solitude, le désert intérieur, la lassitude des échecs ou des souffrances, que notre amour vrai est mis à nu.
C’est difficile à dire.
C’est difficile à préconiser pour les autres.
Mais c’est Jésus qui le dit.
La béatitude, c’est-à-dire notre joie absolument profonde, n’est pas dans la souffrance, elle n’est pas dans la solitude, elle n’est pas dans la persécution, dans le harcèlement ou dans le rejet des autres…
Mais la découverte de l’amour vrai passe par ces situations de blessures.
Notre pauvre condition nécessite de ressentir la blessure pour naître à la vérité

de l’amour.
Dans l’épreuve s’enracine le vrai amour… Et à ce moment-là le vrai amour correspond à notre salut.
À notre libération.
Ça peut paraître un mot mais c’est le fond de notre vie.
Ça peut paraître une option, mais c’est le désir fondamental de notre nature : être libéré de nous-même, trouver la joie exultante dans le fond le plus obscur de notre âme, c’est exactement cela notre salut dont Jésus, et lui seul, nous ouvre le chemin secret.
Ça ne veut pas dire qu’il faut rechercher les souffrances – surtout pas ! – mais cela veut dire qu’il ne faut pas aller dans le chemin inverse, de la fuite et des divertissements.
Car jamais nous accueillerons la grâce de Dieu dans les faux-semblants du monde. Notre cœur indéfectiblement contre le cœur du Christ nous ouvrira la porte de lumière.
Nous serons perdus, oui, mais Dieu qui nous a créé par amour, nous recréera au plus profond de notre obscurité librement consentie.
Et nous nous retrouverons, par lui, en notre vérité.
Ébloui par notre vérité.
Voilà un petit poème persan qui résume tout cela :
« l’ami frappa à la porte.
De l’intérieur la voix demanda :’ qui es-tu?’
‘ c’est moi’
Mais la porte resta fermée.
Alors, il s’en alla au désert, dans la solitude, il jeûna et pria pendant un an. Puis il revint, frappa de nouveau à la porte.
‘ qui es-tu ?’
Cette fois-ci il répondit:
‘ c’est toi !’
Et la porte s’ouvrit… »
Comprenne qui pourra…

23° DIMANCHE – B – 2024

Sourds (et muets)
Jésus a guéri un sourd.
Qui plus est, muet, ou presque.
Ah bon…
Jésus a guéri quelques aveugles.
Ah bon…
Il a guéri des lépreux,
Il a guéri la belle mère de Pierre, d’une mauvaise grippe, semble-t-il.
Ah bon…
Et il a libéré quelques cas de démons, des cas soc… Comme on dit.
Certains apparentés à des épileptiques ou des autistes.
Ah bon.
Y a-t-il parmi vous des sourds ?
De toute façon, si vous l’êtes, vous ne pouvez pas répondre puisque vous n’entendez même pas la question…
Alors un ou deux muets…?
Approche vous alors du tabernacle… Ça va marcher.
L’inconvénient, c’est que Jésus n’a pas guéri de malades de la Covid et semble-t-il, non plus de la variole du singe.
En fait, c’est très bien que Jésus ait réanimé 3 ou 4 morts, mais après ? Aujourd’hui, on lit ce récit d’un sourd qui va réentendre.
Et après ?
On est content que cela se soit fait. Très bien.
C’est une information de plus parmi les centaines dont nous sommes friands chaque jour.
Jésus auteur d’exploit.
Il y a quand même un problème…
Des millions de gens cherchent avidement des nouvelles sensationnelles tous les jours (résurrection d’un nouveau premier ministre, nouveau Moïse sauvé des eaux de Fréjus.. ,) mais les miracles de Jésus n’intéressent plus guère…
L’homme est bizarre.
Il est vrai que plutôt que d’apprendre une guérison d’il y a 2000 ans, je préférerais connaître le remède.
Savoir que Hippocrate a guéri Marcel, c’est bien.
Mais connaître le remède d’Hippocrate, c’est mieux.
Alors, le remède de Jésus ?…
Sa salive. Et puis sa parole : « effata.. » « ouvre-toi ».
C’est ce que le prêtre utilise au baptême d’ailleurs…

Il verse de l’eau.
Il prononce la parole de Jésus en touchant les oreilles du nouveau baptisé : « effata, ouvre-toi ».
Mais combien de nouveaux baptisés ont reçu l’onction, ont ouvert leurs oreilles à la parole du Salut, parole de vie, quand même, ce n’est pas rien… Et retournent avec les innombrables sourds à Dieu, sourds à l’Évangile, sourds au silence du cœur, pour être pollués des discours du monde, au minimum bruyants, au maximum débilitants ?
Mais je n’ai pas répondu à ma question première :
Et alors ?
Si nous lisons cet évangile de la guérison d’un sourd, ce n’est pas uniquement pour apprendre un miracle supplémentaire, il doit bien y avoir une leçon pratique, pour nous, là, aujourd’hui ?
Alors… Il y a deux solutions…
Soit Jésus guérit encore aujourd’hui ceux qui entendent mal, ceux qui ont des acouphènes, ou qui ont l’oreille abîmée.
(Beethoven aurait dû aller le consulter)
Et on demande le miracle.
Ce n’est pas interdit.
Sauf que la salive et les paroles de Jésus passeront par l’Église.
Le sacrement des malades peut être adapté.
Certains adoptent les prières de guérison.
Pourquoi ça ne marche pas toujours ? C’est vrai qu’il y a peu de sourds qui retrouvent l’oreille dans les témoignages de Lourdes ou sur le net.
Manque de foi, dira-t-on..
Mais il y a une deuxième solution pour éclairer le miracle de Jésus…
Supposons que nous soyons tous des sourds…
La caractéristique d’un sourd c’est qu’il ne sait pas quels messages il manque. Qui peut affirmer qu’il entend tous les messages de ses frères, de ses sœurs, de la réalité, de Dieu.
Surtout de Dieu ?
En ce sens-là le message de l’Évangile se fait audible.
Et la lecture de la prophétie d’Isaïe aussi d’ailleurs :
 » voilà que s’ouvriront les oreilles des sourds »
Mais, frères et sœurs, ne sommes-nous pas tous sourds ?
Sourd de la compréhension des mystères.
Non seulement nous ne comprenons pas quand Dieu nous parle, ça c’est simplement qu’on est un peu limité ;
Mais plus encore, nous ne nous apercevons même pas que Dieu nous parle.
Nous passons à côté de la question.
Par exemple : si je demande à quelqu’un à la sortie de cette messe de me répéter

une phrase de cette homélie.
Peut-être la meilleure réponse sera :  » il me semble que vous avez parlé de Lourdes… »
Pas mal…
Mais on va dire que c’est une affaire de mémoire plutôt que de surdité… Peut-être…
Mais d’autres diront :
 » ah ?… vous avez fait une homélie ? « …
Là, c’est une affaire de surdité..
D’autres encore diront, parce qu’il faut bien s’en tirer honorablement :
 » de toute façon on n’y comprend jamais rien à ce que vous dites. Alors, je réfléchit à la sauce du ragoût de midi ou aux affaires que mon fils doit récupérer pour l’école… Au moins ça sert à quelque chose. »
En fait ce sont ces derniers qui sont les vrais sourds.
Et bien, l’évangile nous apprend que la surdité est une affaire de présence, plus qu’une affaire d’oreille.
Celui qui rencontre le Christ, qui accueille la présence du Christ en lui, découvre les messages cachés qu’il n’aurait jamais perçu sans le Christ, sans l’Esprit du Christ, sans l’Esprit Saint.
C’est un peu comme quand on regarde un paysage…
On voit les oiseaux qui volent d’un arbre à l’autre.
On les entend piaillaient à tout va. Et le vent qui fait bouger les arbres et les bruits d’une tronçonneuse lointaine, les bruits du monde.
Vient la nuit, qui peut-être la nuit de la foi… les arbres disparaissent, les oiseaux se taisent, les hommes s’endorment..
Et se découvre alors l’immensité de la voûte étoilée.
Et l’on perçoit alors le message de l’origine du monde, et le vrai message de Dieu. On comprend qu’on était sourd à ce message en plein jour.
La voie lactée, difficile de l’apercevoir en plein jour.
La présence de Jésus réalise le même effet dans nos cœurs et pour nos intelligences.
C’est d’ailleurs le même rôle exact de l’Église : rôle d’illumination, d’ouverture de notre oreille, de notre compréhension.
Et lorsque l’on a entendu Jésus, alors on se rend compte que nos frères et sœurs aussi portent des messages auxquels nous restions sourd.
La présence de Jésus nous permet de saisir un message nouveau.
Nouveau pour nous, parce que c’est un message éternel.
Jésus nous met à part, et il soigne notre compréhension de la réalité.
Et ensuite, nous avons d’autres oreilles pour entendre nos frères et sœurs.
Et ensuite, nous ne voulons plus entendre les messages du monde qui nous rendent sourd à la saveur profonde des messages de l’Esprit.

Je reviens encore à ma question : Jésus guérit, et alors ?
Et alors… il nous ouvre l’oreille.
Et son premier message, c’est que nous sommes tous des malades, tous des sourds.
Et que c’est à partir de ce moment où nous croyons – car il faut le croire – que nous sommes sourds, que notre jugement est court, que nos raisonnements sont impurs, à partir de ce moment-là Jésus nous ouvre les oreilles et l’esprit.
Et comme par hasard, il nous donne aussi la parole.
Je le vois chers frères et sœurs, de façon fragrante aux obsèques, et parfois aux baptêmes, les fidèles ont perdu la parole parce qu’ils sont devenus sourds à la douce voix de Dieu.
Quand Jésus est absent, la discrète mélodie de la grâce divine ne touche plus l’oreille de notre cœur, le monde devient sourd, et pour reprendre le titre d’un livre célèbre arrive  » le temps des chiens muets « ….
Arrive l’avènement d’un monde bruyant de sourds muets.
Le miracle de Jésus est de vaincre une maladie épidémique qui atrophie notre conscience et de nous rendre bien entendant.
Il a besoin d’un miracle pour cela, ce n’est pas une affaire naturelle et allant de soi..
Mais il ne crie pas. Il nous touche délicatement le cœur et nous invite avec douceur.
« Ouvre-toi »… « écoute le silence de la nuit et tu deviendras témoignage ».

22° DIMANCHE – B – 2024

Présence de Dieu première
Question fréquente, frères et sœurs… question somme toute difficile aussi, qui revient aux partages d’évangile, par exemple…
« Est-ce que quelqu’un qui fait le bien pourrait aller en enfer ? »
« Est-ce que quelqu’un qui respecte les commandements, les préceptes du Seigneur peut aller en enfer ? »
C’est-à-dire en même temps faire le bien et être dans le mal ?
Et c’est bien le doute que Jésus met dans notre cœur.
 » c’est en vain que ce peuple m’honore des lèvres…
Il me rend un culte, mais cela ne suffit pas… »
C’est terrible ce doute que Jésus glisse dans nos actions bonnes…
Ça veut dire que je peux être à la messe et que ça ne suffit pas.
Ça veut dire que je peux soigner mon voisin et que ça ne comptera pas pour mon entrée au ciel…
Mais alors Seigneur, que veux-tu ?
Imaginons: Quelqu’un veut faire du pain. Pour toute sa famille. 15 personnes.
Il a tous les instruments. Il n’est pas manchot et il sait pétrir
Il commence donc à pétrir la pâte.
Mais voilà… au bout de quelques temps, il s’aperçoit qu’il lui manque la levure et le sel.
C’est mal parti pour satisfaire tout le monde !
Eh bien, notre vie, sans Dieu, sans la prière, c’est du même calibre … L’intention peut être bonne… L’œuvre est insipide, au moins très incomplète.
Alors quoi ?… D’un côté la présence de Dieu dans notre cœur ne suffit pas, si elle n’est pas suivie de mise en pratique.
Mais si la présence de Dieu est vraiment réelle en nous, ne va-t-elle pas stimuler des actes ?
Mais, bien sûr ! et des actes charitables en vérité.
Cela veut dire que si on ne met pas en pratique par notre conversion et l’amour du prochain, il y a tromperie quelque part sur la présence de Dieu. On se trompe ou on trompe les autres.
Pour dire plus exact, la présence de Dieu suffit, si elle est vraie, parce qu’elle est active par elle-même.
Saint Paul dit :  » l’amour du Christ nous presse, nous saisit  »
Il n’y a qu’une chose que Moïse n’ai pas dite. C’est que les préceptes ne sont pas premiers.

Par exemple, un prêtre dit la messe… Et après avoir célébrer cette messe, il va au bar et insiste trop sur la bouteille ou va se trouver d’autres compensations pas très édifiantes.
On va dire : ‘il fait le mal.’
Et bien non…! nous devons aller plus à la source de son malaise et dire de ce prêtre, alors même qu’il célèbre la messe, qu’il n’est pas en présence de Dieu. Parce que, s’il était en présence de Dieu, il ne chercherait pas de compensation après la messe. Il n’aurait pas dérapé.
La messe serait sa joie suffisante.
Vous voyez la différence… ce ne sont pas nos actes qui nous font pencher dans le mal.
C’est avant tout le manque de présence de Dieu qui commencera bien évidemment par le manque de prière.
Mais pas seulement, manque de prière mais aussi manque de charité active.
La question c’est de savoir où commence le mal ?
Et le commencement du mal ne commence pas au mal, il commence par une insuffisance dans notre cœur, de la présence de Dieu.
S’il y a absence de la présence de Dieu, même les actes bons, qui semblent bons naturellement, ne suffiront pas.
Il manquera l’amour d’amitié pour le Seigneur.
Je dirais, nos actes naturels, même bons, ne perceront pas l’entrée à la vie éternelle.
Des actes bons qui ne se déploient pas jusqu’en la vie éternelle, qui ne sont pas portés par la Présence du Christ Sauveur, sont trop courts et trompent sur leur bonté.
Ils ne sont pas charité, ni de grâce surnaturelle.
La mise en pratique n’est pas première.
C’est la mise en présence qui est première et qui va inévitablement nous faire basculer en actes.
La présence de Dieu stimule notre charité, nos actes de charité.
Plus important encore,… la présence de Dieu va rendre justes nos actes.
Elle va nous permettre de ‘chanter juste’ par nos actes.
Elle va nous ‘justifier’, sanctifier nos actes les plus banals et dans un second temps faire surgir des actes qui ne seront pas banals.
Avec la présence de Dieu, on commence à faire du pain avec quelques grammes de farine et d’eau. Et la grâce nous fournit le sel et la levure.
Prenons une maman qui élève ses enfants.
Si cette maman ne parle jamais de Dieu, de Jésus, de la Vierge Marie, à ses enfants, elle aura beau les aimer de l’amour d’une mère, et se sacrifier pour eux, il manquera à son amour la dimension du bonheur complet pour elle et sa famille. Il manquera la joie que distille la vie éternelle dans le cœur de la famille.

Et donc, elle ne fera pas le bien pour sa famille.
Et si cette maman parle de Jésus, de l’Église, de l’histoire du peuple de Dieu… mais ne prend pas un temps de prière par jour, seule avec son Dieu..
très bien, mais ses mots ne seront pas suffisants…
Ils manqueront de vie.
Et n’ouvriront pas le ciel à une communion de charité pour la petite troupe familiale.
Mais, si cette maman prie, et ouvre son cœur à Dieu pour une relation d’intimité, très fidèlement, chaque matin (1/4 h ou une demie heure par jour), va à la messe, se confesse, inévitablement, qu’elle parle à ses enfants ou qu’elle ne parle pas, elle sanctifiera sa maison.
Elle ouvrira matin après matin, prière après prière, la porte de joie et d’espérance pour sa famille.
Comment ? elle ne le saura pas. Mais l’huile ne manquera dans la jarre.
Même si tout ne baignera pas dans la facilité.
Nous ne pouvons pas juger sur quelques actes ni même sur des proclamations de bonnes intentions.
Combien de pervers sont bienfaiteurs de l’humanité et grands moralisateurs, qui aident, encouragent, qui se dévouent pour récupérer à leur idéologie ou à leur profit vicieux, le semblant de leur bonté…
Le Diable même fait son fond de commerce de ce double jeu.
Conséquence pratique :
Sans la présence de Dieu, accueillie dans la foi de l’Eglise et dans la prière inévitable, quelques soient mes bonnes intentions, et quelques soient mes actes bons, ma bonté sera trop courte.
Avec la lumière du Christ en mon cœur, fidélisée par des temps de cœur à cœur, malgré mes chutes inévitables, je cueillerais des fruits de vie éternelle qui est la seule bonté complète que je peux vivre.
Je dois commencer par accueillir la grâce divine qui me montrera quel doit être l’acte bon et qui lui donnera les dimensions de la vie de Dieu.
Sans que personne cependant en puisse mesurer les fruits.