HOMELIE CINQUIEME DIMANCHE DE PAQUES

Ces textes sont très clairs, frères et sœurs… Ça coule comme de l’eau de source Et pourtant, est ce que ça coule jusqu’à notre cœur ?

Imaginez…
Nous sommes sur un bateau.
Au loin, mais pas si loin, on pourrait voir les plages au sable d’or.
Mais pauvre capitaine que nous sommes, on monte sur le pont, on prend la lunette de vue.
Et au lieu de distinguer les fruits bien mûrs (de l’Esprit Saint) et les grappes abondantes (de charité) que nous promet ce pays neuf, nous poursuivons notre cap vers d’autres îles … pourquoi ?
Parce que, tout simplement, nous avons utilisé la longue-vue à l’envers !
Et on n’a rien vu !

Est ce que notre foi, notre religion, n’est pas comprise à l’envers.
On n’a pas toute assurance.
On s’étonne d’être si poussif.
Mais bien sûr… nous abordons notre foi par le gros côté de la lunette d’approche.

Voilà un exemple.
Une perle.
Jésus dit :
 » frappez et on vous ouvrira…
Demander tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous… »
Et on prie.
On prie avec feu et flammes.
Chapelet après chapelet, cierge après cierge, invocation après invocation.
Parfois, aucun fruit espéré. Dieu ne bouge pas.
Bon, on n’est pas à ça près. On se dit que ça ne peut pas marcher à tout coup…
Parfois derrière un petit frémissement de feuillage, on croit voir une tempête de Dieu. Un miracle.
Il faut bien se consoler. On se fabrique quelque illusion. On sauve la face.
Mais une autre fois, notre souhait se réalise.
Dieu nous a obéit ! le petit chat a guéri, ou on a retrouvé les clés que grand-mère avait égarées…
On a quand même l’impression que cela n’est pas vraiment à la dimension de Dieu.
Qu’on ne comprend pas tout.
Est ce que Dieu s’est incarné, est mort sur la croix, pour guérir le petit chat ou nous aider à trouver une place libre au parking ?

Frères et sœurs, et si nous essayions de regarder par le petit bout de la lorgnette, c’est-à-dire par le bon sens de la grâce de Dieu ?
Relisons l’Evangile.
 » celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits. »
Autrement dit sa prière à celui là, porte du fruit.
Du fruit de vie éternelle et de gloire de Dieu.

Mais alors si on regarde par le bon côté de la lorgnette est ce que notre foi, ce n’est pas ‘de demeurer en Dieu’ ?
Jésus insiste pourtant.
Comme un sarment attaché au pied de la vigne, vivre de la sève de l’amour de Dieu.
Par quel phénomène ne l’écoutons-nous pas ?
Et nous reprenons nos prières, pour la guérison du petit chat, pour que le voisin fasse taire sa musique, pour que la belle fille enfante sans douleur…
Pour qu’il y ait moins de souffrance dans le monde.
Ou pour retrouver les clés de la porte du hall d’entrée !
Et Jésus nous dit :
 » je suis venu pour vous apprendre à mettre vos lunettes dans le bon sens… »
 » demeurer en moi, comme moi en vous »
Commencez par ça.
Continuez par cela.
 » si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous…. »
Y a-t-il plus clair que ce message ?
Pourquoi nous, braves chrétiens, mais des peuples entiers en fait, s’obstinent-ils à discuter de tout, à faire la morale de tout, à prier dans tous les sens, et même à courir dans tous les sens, sans vouloir commencer par ‘demeurer en Dieu’ ?
En 15 lignes, Jésus le recommande 10 fois.
Notre foi, notre charité, deviendra une grâce miraculeuse, quand nous l’aurons écoutée une seule fois, vraiment, en notre cœur.
Si on ne prend pas la lunette par le bon bout, il y a quiproquo.

 » demeurez en Jésus-Christ « .
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Voilà une bonne question.
Et bien, ça veut dire que, avant même d’ouvrir les yeux le matin, votre cœur vous brûle du regard de Jésus sur vous.
Cela veut dire, qu’avant d’ouvrir les yeux à votre réveil, vous avez dit deux ou trois invocations amoureuses.
Que vous avez appelé l’Esprit Saint pour la journée.
Et puis, jusqu’au soir, que vous vous laissez envahir par la tendresse de Dieu.
Par 10000 petits cris et élans du cœur, même maladroits.
Que vous désirez entre deux courses aller vous réfugier près de la présence silencieuse de Jésus au tabernacle, à l’église.
Que vous faites tout pour ne pas manquer de communier au Corps du Christ.
Que, pour telle imperfection qui vous a échappé, vous demandez la bienveillance du pardon de Dieu. Pureté de cœur.
Qu’une fois par jour vous vous délectez de quelques phrases, ou de plusieurs pages de l’Écriture sainte.
Que vous suppliez Jésus de purifier votre volonté pour ouvrir votre cœur à la volonté de notre Père des Cieux.
Alors oui… vous expérimentez, comme un goût délicieux, la sève qui vient de la vigne divine.
Et vous touchez à l’accomplissement de votre foi.

 » celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire »
Voilà les mots de toute une vie.
Les mots d’une communauté chrétienne.
Qui nous font appartenir à la vérité.
Qui nous font ‘vivre vrai’ .

Je voulais aborder deux autres perles des textes de ce dimanche.
Pour prendre la lorgnette par le bon bout.
Mais je crois, en fait, que cela suffit pour aujourd’hui…
On pourra voir cela au partage d’évangile.

Quatrième Dimanche de Pâques – B -2024

Quelle assurance !
Quelle paix en nos cœurs…
Quelle tranquillité profonde en nos corps et en nos âmes.
Et quelle clarté en nos esprits…
Chers frères et sœurs, nous avons une espérance.
Donc nous avons une étoile qui nous guide, tellement lointaine et pourtant qui rassure chacun de nos pas.
Nous avons la foi en quelqu’un qui nous aime.
Et s’il nous aime et nous donne d’exister c’est qu’il lui a plu que nous exultions d’une joie sans fin, de sa joie à lui… éternelle.
Avec cette espérance et cette foi, on oublie une chose. C’est que le monde ne connaît pas Dieu.
Et s’il ne connaît pas Dieu, il n’a pas d’assurance.
Et tout ce qu’il cherche, c’est de sauver sa peau.
Sa peau d’aujourd’hui, parce que sa peau de demain ne vaudra pas cher.
Et quand on veut sauver sa peau, on se fait la peau du voisin.
Un monde sans espérance est un monde qui s’autodétruit en voulant survivre. C’est un monde à la Kafka, ou à la Ionesco.
Ou un monde sartrien.
Les grands prophètes des ténèbres et de notre malheur.
Pour celui qui a la foi, pour nous, on n’arrive pas à concevoir que celui qui n’a pas d’espérance ne vit que pour essayer de se débarrasser d’une vision d’horreur ; d’une vision de vide; de solitude avec soi-même.
Je viens de nommer entre autres Franz Kafka, Eugène Ionesco, Jean-Paul Sartre. Qu’est-ce que disent ces prophètes du non-sens qui est le sens actuel de notre monde.
Nous ne pouvons pas les comprendre vraiment puisque nous avons la foi :
Alors… Kafka :
“La vie est une perpétuelle distraction qui ne vous laisse même pas prendre conscience de ce dont elle distrait.”
[ Préparatifs de noce à la campagne]
Eugène Ionesco – [Amédée ou comment s’en débarrasser.]
Vous savez, dans cette pièce de Ionesco, c’est un cadavre qui grandit dans l’appartement; qui ne cesse de grandir et de prendre toute la place.
Et voilà ce que dit Madeleine à son époux Amédée : (elle parle du cadavre)
« S’il nous avait pardonné, il ne grandirait plus. Puisqu’il grandit toujours… il n’a pas fini de nous en vouloir. Les morts sont tellement rancuniers » (Pléiade, p. 277).

Sartre – [le Diable et le bon Dieu ] – j’avais 15 ans quand j’ai fait connaissance de Sartre – Il écrit :
« Dieu n’existe pas… Plus de Ciel, plus d’Enfer ; rien que la terre.. Si Dieu n’existe pas, plus moyen d’échapper aux hommes. »
Ce qu’il ne dit pas, parce que Sartre est un menteur, c’est que les hommes dont ils parlent ne sont plus des hommes.
Un monde sans Dieu, qui lutte contre Jésus-Christ et contre l’Église, est un monde qui a perdu son âme et qui se mange lui-même pour survivre dans la nausée.
Marguerite Duras qui a nourri mes 14 ans de quelques mois de lecture…
Elle va encore plus loin.
Par exemple dans son roman,  » le camion » :
 » Plus la peine de nous faire le cinéma de la peur. De la révolution. De la dictature du prolétariat. De la liberté. De vos épouvantails. De l’amour. Plus la peine. (…) On croit plus rien.
Plus la peine de faire votre cinéma. Plus la peine.
(…)
Que le cinéma aille à sa perte, c’est le seul cinéma.
Que le monde aille à sa perte, qu’il aille à sa perte, c’est la seule politique.  »
J’arrête là avec ce monde qui ne nous connaît pas, le monde qui n’a pas la foi. Qu’on ne peut pas comprendre vraiment.
Nous avons la foi.
Et si nous avons la foi, nous avons une espérance.
Ça veut dire une sortie de ce monde.
Nous sommes attendus. Même si c’est au loin. Et ça change tout.
Notre corps et notre âme sont destinés à vivre dans un espace sacré.
Aimés, respectés, complétés et comblés de lumière, d’une présence qui nous fait exister.
Ça c’est déjà pas mal.
Malheur à ceux qui ne peuvent pas recevoir l’existence de quelqu’un qui les aime et les appelle…
Mais ça ne suffit pas…
Parce que si je suis aimé, quelqu’un a un projet pour moi.
Dieu m’a fait avec un projet.
Je suis un projet pour Dieu.
Un projet d’amour.
Mais pas un projet particulier, parmi d’autres, comme dans un immense chantier. Dieu m’a fait moi, avec une vocation, ma vocation, ce que je dois être pour être louange de gloire, pour coïncider à ma sainteté.
Je suis destiné à ma sainteté, je suis destiné à comprendre que je suis aimé.

Une inspirée me disait : ‘le sens de notre amour pour nos enfants, c’est de voir en eux leur vocation à la sainteté, par dessus tous les autres avantages immédiats’. Et oui…
Alors c’est vrai que ça pourrait être plus simple.
Que cette sainteté, j’aurais pu tomber dedans étant petit.
Mais Dieu a voulu que je sois plus grand, et m’a demandé de choisir ce que je dois être.
Être moi… en ramant dans le sens de la grâce.
Ou ne pas être moi…
Je sais, c’est ridicule, c’est même absurde, de ne pas vouloir être ce qu’on doit être, ça tient de la maladie – le péché – de vouloir faire grandir notre cadavre… Mais si je peux le faire, cela prouve que Dieu m’aime et me respecte.
Il veut que ma vocation, qui m’est offerte, je la choisisse.
Dieu veut que je demande parmi les obstacles et parmi les désirs contraires :
 » Seigneur, Toi qui m’aime, qui m’aime comme un Père, quelle est ma vocation – pour que je puisse vivre de la joie du Ciel qui m’est réservée ? »
Mais il manque une chose, frères et sœurs…
Si je suis aimé et prédestiné à vivre de cet amour infini qui me fait vraiment moi. Si Dieu se met à mes pieds pour me permettre de choisir son offrande de bonheur éternel…
Il me donne inévitablement tous les moyens pour que je puisse pressentir, comprendre, avancer, et même reprendre le chemin perdu, pour vivre en fin de compte dans son cœur de lumière.
Dieu sait, bien sûr, que je suis abîmé et que le monde est abîmé.
Alors il nous donne l’Évangile d’aujourd’hui.
 » je suis le Bon Pasteur »
Ma vocation, la vocation de chacun de nous, c’est de suivre le bon Pasteur.
Et alors, la première conséquence merveilleuse de ce chemin de lumière qui nous est proposé, c’est l’amour d’une personne qui nous apprend tout.
En nous prenant par la main.
Pardon… En nous prenant par le cœur.
Si on lui ouvre notre cœur bien sûr.
Et la deuxième conséquence, c’est qu’une vocation ce n’est pas quelque chose qui se construit.
C’est une personne qui est choisie.
Et donc le geste principal de celui qui veut répondre à sa vocation, c’est de mettre de côté tout ce qui brouille cette vocation.
En fait, tout ce qui ne nous correspond pas totalement.
Comme c’est simple !
On laisse le monde, on laisse l’esprit du monde. On se simplifie pour un amour.

On laisse tomber ce qui peut être très distrayant mais qui ne coïncide pas avec notre cœur et avec la relation profonde avec Jésus.
Seule la relation avec Jésus coïncide avec notre cœur.
On laisse tomber…
Pour se rassembler, se recueillir dans une amitié pure.
Le monde fait tout pour nous disperser.
Pour nous provoquer à la dispersion.
Provoquer nos émotions, notre intelligence, nos choix à la dispersion.
Notre cœur est affamé du projet personnel et unique de Dieu pour notre vie. Notre cœur est affamé d’une amitié si simple, si profonde, si quotidienne. Vocation au Ciel.
Vocation à l’union avec Jésus pour qu’il harmonise chacun de nos pas aux dons qu’il nous a prédestinés.
Vocation à vivre le chant de l’Église, Épouse du Christ, déjà, maintenant, sur terre et ensuite dans l’intimité de Dieu, éternelle, au Ciel.

Troisième Dimanche de Pâques – B – 2024

Présence de Jésus pour une communauté chrétienne
Qu’est-ce qu’on constate pour les apôtres juste après la mort de Jésus, mais de façon encore plus évidente après la Pentecôte ?
C’est que Jésus est omniprésent.
Pendant les 3 ans où il marche avec les apôtres, il prend toute la place par sa personnalité immense.
Tout ce qu’il fait et dit a un impact énorme; sans pratiquer aucun média, mais en parcourant simplement les campagnes et les déserts.
Je peux simplement reprendre une ou deux scènes :
Par exemple quand les soldats viennent l’arrêter, Jésus dit simplement :
 » qui cherchez-vous ? »
Les soldats tombent à la renverse. Immense présence…
 » pour qui te prends-tu ? » demandent les pharisiens à Jésus.  » tu n’as pas 30 ans et tu te crois plus grand qu’Abraham… »  » Avant Abraham, je suis » … Immense…
Juste après la mort de Jésus les apôtres se cachent, mais ils ne pensent qu’à lui, ne parlent que de lui.
Et quand Jésus réapparaît, ressuscité, toute la vie des apôtres va s’illuminer de sa présence. Leur vie orientée du matin au soir et du soir au matin, et jusqu’à leur mort, par la présence lumineuse et aimante de Jésus.
Quand on fait connaissance avec Jésus, toute notre vie est transformée.
Je dirais que notre cœur bat d’un autre rythme..
On l’a vu, dimanche dernier, chaque seconde mais aussi chaque choix des apôtres et des premiers chrétiens dépendent de la personne de Jésus ressuscité.
Ils vont jusqu’à tout vendre, ils ne cessent d’annoncer la bonne nouvelle.
Ce n’est pas un message ou une campagne électorale, c’est un amour qui enveloppe toutes leurs journées et qui jaillit du profond de leur cœur, d’un horizon à un autre.
Jésus est là, et ça y est notre cœur trouve sa paix.
On passe les doutes.
Son amour devient source efficace de notre vie.
Et nos limites, nos erreurs, nos fautes ne sont pas un obstacle, mais au contraire un terrain d’amour et de pardon pour celui qui habite notre cœur.
C’est de l’intérieur que Jésus se manifeste.
Seulement, nous devons prendre conscience d’une chose…
C’est que la présence de Jésus pour les apôtres est différente de celle que nous concevons. Les Juifs, du temps de Jésus du moins, n’ont pas la même perception du temps et de l’histoire que nous avons.
Et c’est très important.

Pour nous, l’Histoire se déroule d’événements en événements successifs, dont on peut prendre des tranches,
800 Charlemagne sacré empereur – 732, bataille de Poitiers – 1530 concile de Trente, à peu près – etc… 21 juillet 1969: premiers pas de l’homme sur la Lune.
Or, le peuple hébreu, la Bible, vit dans un éternel présent de Dieu.
Ça change tout pour une manière de vivre.
Les apôtres par exemple, ne rencontre pas Jésus ressuscité au coin d’une rue pour aller ensuite s’intéresser à autre chose.
Se caler devant la télé pour les infos, ou aller jouer au golf…
Ils vivent Jésus, dans chacune de leurs pensées, à chaque respiration…
C’est à dire ‘qu’ils marchent humblement avec Dieu’ (Michée 6, 8)
Seul change pour eux la densité de l’existence divine, mais elle est partout.
Elle surgit du passé prophétique et des Écritures saintes pour intensifier et certifier la présence du Ressuscité.
Depuis Abraham, et même avant, l’ultime et excellent désir de l’homme c’est de s’abandonner à quelqu’un qui nous aime.
Nous sommes loin, vous voyez frères et sœurs, d’une pratique de religion épisodique et d’une foi écrite en trait d’union qui cherche des signes de la présence de Dieu…
Mais tout est signe !
Depuis la première lueur de l’aurore dans le ciel jusqu’à la plus forte présence de Jésus dans le sacrement de la communion.
Cela veut dire que ceux qui cherchent des signes n’ont pas compris que Dieu est toujours là et qu’il nous attend.
Ce n’est pas nous qui devons attendre Dieu, c’est Dieu qui nous attend.
Saint Paul dira : ‘ ce n’est plus moi qui vit c’est le Christ qui vit en moi’
Et on pourrait dire en écho…
‘ ce n’est pas l’Histoire qui se déroule dans le temps, c’est le Christ qui vit dans l’histoire’
Il s’agit simplement pour nous de coller notre oreille à l’Histoire du monde pour découvrir la présence de Jésus-Christ.
Ce n’est pas ce que je dis ou ce que je fais qui compte, mais c’est la vie de Jésus dans ce que je dis et dans ce que je fais.
Dans ce que je comprends et dans ce que je ne comprends pas.
Et on en arrive à ce qui fait pleurer le monde depuis sa création : l’absence de Dieu quand nous sommes dans le péché.
Le problème principal et premier de toute l’histoire du salut c’est celui du péché et du pardon. Or la personne de Jésus apporte la solution, simple et définitive.
Le péché n’est plus le problème.
Il est pardonné.
C’est-à-dire que la présence de Dieu qui nous aime vient nous chercher dans notre péché là où justement il y a un manque de vie. Le péché est diminution d’existence.
C’est cela la merveille.
Reconnaître Dieu à l’endroit même où on refuse Dieu.

Les données du problème alors changent.
Ce n’est plus le péché qui est un problème qui est un problème. C’est d’admettre notre péché. Celui ou celle qui ne se confesse pas n’a pas compris le cœur de notre foi.
Car Jésus est venu pour pardonner.
Il est venu pour les pécheurs.
Il est venu pour ceux qui reconnaissent leurs insuffisances.
C’est la raison première de sa mission.
C’est la raison première de la vie de tout homme.
Jésus est venu pour guérir l’âme malade, du péché.
On peut se détourner de la mission de Jésus en s’intéressant à des tas d’autres choses… collatérales et peut-être très captivantes.
Mais bien souvent ce sera pour éviter de se reconnaître limité et pécheur.
On pourra faire de Jésus tout ce que l’on veut : un faiseur de miracle, un guérisseur, un ami des pauvres, un pur, un prophète, mais ça ne suffit pas; c’est une solution à bon marché pour éviter qu’il touche notre cœur, qu’il vienne habiter notre cœur.
Dieu ne refuse aucun combat en nous.
Au plus fort de nos angoisses, de nos solitudes, au plus fort de nos refus, de son apparente absence, Dieu attend que nous nous ouvrions à sa présence.
Et pour cela, il prend la place du perdant.
‘ Seigneur, que s’illumine ton visage,’
Si Dieu n’a pas peur de prendre la place du perdant dans notre cœur, c’est qu’il sait qu’il a gagné.
Sa victoire c’est sa présence de partout.

Deuxième Dimanche de Pâques – B – 2024

Evangélisation
Une fois n’est pas coutume.
Je vais partir d’une homélie de cette semaine. Celle de mardi dernier.
Je disais, frères et sœurs, que la nuit de Pâques, nous avions eu toutes les raisons d’être en joie.
Pour cette lumière sur le monde qu’est la Résurrection du Christ et pour les deux baptêmes de Aurélie et Margaux, et les deux premières communions de Maelya et Gaïanne.
Nous avons dû, chacune, chacun de nous, leur dire à la fin de la messe, notre joie partagée…
Elles ont dû ressentir que notre communauté les portait, en vérité, dans cette nouvelle grâce.
Que notre communauté n’était pas du monde et qu’elle les portait au-delà du monde.
C’est exactement ce que faisait la toute nouvelle communauté des chrétiens à Jérusalem pour ceux qui se tournaient vers le Seigneur.
Il y avait comme une onde de choc de joie qui accueillait, qui ouvrait les bras, et surtout qui communiait à la présence de Jésus ressuscité;
de Jésus ressuscité et de l’Esprit Saint par sa grâce d’appel.
Il y avait une grâce d’appel. Une grâce d’accueil.
Il y a une cinquantaine d’années – une nouvelle forme d’appel prit de l’importance dans l’Église.
On l’a appelé le Renouveau charismatique.
Avec des grâces visibles et souvent même bruyantes.
Mais quand j’entends ce matin les Actes des Apôtres qui évoquent les nouveaux convertis d’il y a 2000 ans, et l’Évangile avec Thomas qui se convertit en approchant les plaies de Jésus, je me dis qu’on est très proche de Pierre, de Thomas, de tous ces nouveaux croyants qui se levaient d’on ne sait d’où.
Ils se levaient pour qui ?
Pour un homme crucifié, condamné à mort un mois auparavant.
Mais en fait, pour ce même homme, ressuscité !
Je ne sais pas si on se rend compte du formidable étonnement des apôtres qui constataient un changement de société suscitée par la foi en Jésus ressuscité.
 » frères, que devons-nous faire ? »
 » Convertissez-vous, démarquez-vous de ce monde tordu » leur disait Pierre.
 » Et faites-vous baptiser !  »
C’est quand même incroyable la simplicité de cette révolution chrétienne. Incroyable, cette attirance du Saint-Esprit qui est à l’œuvre.
Et bien je crois que nous sommes dans les mêmes temps.

Des jeunes, des moins jeunes, ont soif de la lumière de la foi et demande à l’Eglise de garantir leur chemin. De les emmener plus loin.
Oui, c’est de la joie !
Parce que cela veut dire que le Saint-Esprit est toujours là sous une nouvelle forme moins visible, mais tout autant déterminé qu’aux premiers temps du Renouveau charismatique.
Nos communautés doivent être à la hauteur de comprendre et d’accueillir ces fleuves d’eau vive qui soulèvent invisiblement notre monde.
Si elles ne sont pas capables de les accueillir, nos communautés se dessécheront pendant que les fleuves de la grâce divine continueront de laver en profondeur ce monde tortueux.
Car si les Actes des Apôtres sont très actuels aujourd’hui – ce qui me cause un étonnement émerveillé – l’évangile est tout autant très actuel.
Les Actes des Apôtres ce sont les nouveaux venus.
Et ils sont là, ils ne manquent pas au rendez-vous, ces nouveaux venus.
Et l’Évangile avec Thomas, il est là.
Pour tous ceux et celles qui sont déjà baptisés, qui connaissent Jésus, et qui doivent entrer plus loin dans la connaissance du Ressuscité et peut-être de la Croix. Pour nous, ce matin, nous qui venons à la messe, nous devons nous mettre aux pieds de Jésus.
Et lui demander de le redécouvrir.
Avec une foi plus entière.
C’est-à-dire, nous devons, si nous ne voulons pas être largués, ouvrir notre cœur à ce Jésus ressuscité qui nous demande conversion.
Il y a les premières conversions, elles sont là.
Et le Saint-Esprit s’en occupe.
Il y a aussi les conversions à Jésus ressuscité.
Et celles-ci ne dépendent que de nous.
 » Marie-Madeleine courut annoncer aux disciples :
‘ j’ai vu le Christ ressuscité’  »
Est-ce que nous pouvons le dire avec nos lèvres, notre vie, et notre cœur, en vérité ?  » Mon Seigneur et mon Dieu »…
Frères et sœurs, quand nous prononcerons ces mots le cœur ouvert par la blessure de l’amour, nous saurons accueillir les nouveaux appels de l’Esprit Saint.
Nous aurons un seul cœur et une seule âme.
Nous pourrons partager la grâce abondante dont Dieu est toujours généreux.
Et nous nous abandonnerons à la Providence
« la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi », en Jésus Sauveur.
Notre foi, est-elle simplement une palpitation du cœur, secrète, surtout pas trop visible, qui doit passer inaperçue à nos proches ?
En fait, notre foi commence toujours par un signe.

Signe très varié pour chacun de nous.
Ce peut-être un événement, une parole, une souffrance ou une joie, un étonnement… Et, dans ce signe, Dieu nous appelle.
Dieu nous appelle au silence de la prière.
Le signe a été là et son écho se poursuit dans le silence. Mais ça ne suffit pas. Notre foi, c’est une foi enflammée.
Si notre foi n’est pas enflammée, elle va se dessécher.
Notre foi réclame de s’exprimer.
Vivre en vérité avec nous-même est déjà un premier signe.
Ceux qui n’ont pas la foi repère très facilement cette disposition chez nous, les croyants : Être en vérité ou pas.
Mais ça ne suffit pas.
Car la foi enflammée par la charité demande à être criée.
Je dirais presque ‘par survie’.
Parce que, quand on ne crie pas ce qui nous tient le plus à cœur, il y a comme un retour vers la mort.
Notre foi, catholique, se cueille par l’écoute de petits signes.
Elle grandit par la grâce intime de notre Dieu de miséricorde, qui donne tout, alors qu’on ne mérite rien.
Et puis enfin, notre foi attisant la charité et la miséricorde, si elle est vraie, doit déborder en témoignage.
Comme l’écrit Saint-Exupéry dans ‘pilote de guerre’ :
 » quiconque accède à la contemplation se change en semence ».
Vous voyez frères et sœurs,
Il y a d’abord le signe.
Mais tout est signe dans l’ordinaire des choses
( Saint-Thomas, a demandé le signe des souffrances du Christ. Marie-Madeleine trouve la foi avec celui qu’elle prend pour un jardinier. Jean, devant le tombeau vide.)
Après le signe, il y a la présence transformante.
Invisible mais transformante.
D’autant plus transformante qu’elle est invisible.
( Pierre qui pleure d’être pardonné. Pierre est transformé à jamais) Et enfin, Dieu fait de nous des signes pour les autres.
Tous ces premiers chrétiens – et tous ceux qui ont suivi, bien entendu – qui lâchent tout, qui choisissent la pauvreté, le détachement, l’obéissance, dans la joie,…
Bref, qui choisissent le véritable sens de l’Église.
Ceux-là deviennent signes, ils deviennent flammes, ils deviennent communion accueillante.

PAQUES JOUR 2024

Saint-Paul parle aux Colossiens :
 » si vous êtes ressuscités avec le Christ… »
Et moi je parle au salernois :
Première lettre du Père Thierry, prêtre du diocèse de Fréjus Toulon, aux salernois
 » frères, et sœurs, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez le… »
Bon… c’est pas très original parce que ça a déjà été dit…
Ça a déjà été dit mais ça n’a pas été fait.
Vous vous étonnez peut-être frères et sœurs que vous êtes ressuscités.
Et bien oui…
En fait il y a plusieurs résurrections sa.
Il y a d’abord la résurrection de Jésus.
Qui engage quoi ?
Qui engage sa mort.
Sa mort physique.
La mort dans sa nature humaine.
Mort de son corps.
De son corps humain bien sûr.
Et ce corps humain, disparu, retrouve, la nuit de Pâques, une nouvelle existence.
Une existence libérée des contingences terrestres.
Le corps de chair de Jésus retrouve vie en un corps spirituel.
Son corps.
Mais son corps, dans un autre mode de vie, spirituel, doué d’une capacité d’apparaître à ses disciples.
Pendant 40 jours.
Puis il rejoindra le cœur de Dieu, au Ciel.
Ce phénomène c’est la première résurrection, parfaite et éternelle.
Et c’est la locomotive de toutes les autres résurrections.
À partir de la résurrection de Jésus, il y a pour nous une ouverture au ciel.
Pas après notre mort, dès maintenant.
Ce n’est pas notre corps qui ressuscite maintenant, mais c’est notre possibilité de vivre la vie éternelle.
Avant Jésus, les hommes tendaient les mains vers cette vie éternelle.
Mais depuis Jésus, notre âme peut-être habitée par la vie éternelle de Jésus.
En fait par Jésus ressuscité, lui-même.
D’une certaine façon la vie de Jésus ressuscité, qui vient frôler notre âme dans la communion, à chaque communion pendant la messe, renouvelle la vie de notre âme. Jésus ressuscité vient réalimenter notre capacité de vie.
Pour cela, il faut qu’il y ait une mort.

Mais cette mort n’est pas celle de notre corps, c’est celle de notre âme touchée par le péché.
Si nous mourrons au péché, par la vertu, mais davantage aussi par le pardon, nous nous engageons dans une nouvelle vie qui est déjà la vie éternelle.
La vie de la grâce.
La vie d’intimité avec le Seigneur.
Et puis ensuite, il y aura une troisième résurrection.
La résurrection de l’Église, de l’Église totale.
C’est-à-dire la résurrection de nos corps.
Il y a maintenant des prémices de cette résurrection par la guérison que nous donnent les sacrements de l’Église.
À chaque fois que nous recevons un sacrement, nous cueillons une petite fleur de notre résurrection.
Nous cherchons à rééquilibrer notre vie par des tas de recettes.
Et on fait appel à la médecine, à l’écologie, à des prières de guérison, à des sciences ou des thérapies en tout genre, et encore jusque-là ce sont des petites béquilles légitimes quand elles ne virent pas en des pratiques de l’ombre, superstitieuses ou ésotériques.
Et l’on oublie que le moindre petit sacrement de l’Église catholique nous offre une force de guérison incomparable pour notre âme et pour notre corps.
À chaque fois que nous recevons un sacrement – le baptême, bien sûr, qui nous fait passer notre vie de l’état de cocon à l’état de papillon;
et le sacrement du pardon, de la réconciliation… merveilleux sacrement qui guérit notre âme de ses blessures et qui provoque, bien naturellement, ses effets sur l’équilibre de notre corps; à chaque fois que nous communions à l’Eucharistie, c’est une formidable dose de vie et d’équilibre qui réjouit notre âme, lui donne santé et force, qui rejaillit sur notre corps.
Mais tous les sacrements sont source de vie éternelle, de santé, de bien-être, de croissance…!
‘ si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, dit Jésus, et qu’il boive ! ‘
Mais il faudrait user et même abuser des sacrements pour rendre à notre cœur et à notre corps sa santé !
C’est incroyable comme nous allons chercher ailleurs, ce qui nous est offert avec tellement de simplicité pour guérir et pour correspondre à ce que nous devons être.
Et pourtant, cet équilibre est encore très loin de celui que nous vivrons au Ciel, à la résurrection de notre corps glorieux.
Ici-bas, sur cette terre, les efforts, les lourdeurs de la matière, les peines et les souffrances forment comme un brouillard qui cache l’horizon.
C’est lourd et on arrive difficilement à s’en dépêtrer.

Mais la petite espérance, la petite grâce d’espérance, perce ce brouillard comme un sonar qui envoie ses ondes au-delà des apparences.
Et la petite espérance, grâce précieuse, délicate et pure, nous fait découvrir le formidable désir d’une vie qui existe, éternellement harmonieuse, derrière le brouillard.
Ce n’est pas un rêve, frères et sœurs, c’est la nostalgie d’une symphonie que Dieu a inscrit au plus profond de nos cœurs, promise, et qui se réalisera par la résurrection de nos corps.
Pas de n’importe quel corps : de notre corps, libéré de la maladie et de la mort;
Notre corps qui lui-même jouira de la tendresse infinie que Dieu nous réserve, comme un père, vraiment Père.
L’Église tout entière vivra cette résurrection des corps.
Et là, je ne vois pas d’image meilleure que la splendeur de l’expression artistique pour évoquer le ciel.
La lumière sur le tableau ce sera le Christ qui va illuminer, de son corps ressuscité, chacune des touches de couleurs, parfaitement harmonieuses, de l’Église en gloire. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui : cette lumière promise.
Le Ciel, ce sera une poésie délicieuse, et le Saint-Esprit nous fera plonger dans des profondeurs de sens et de mélodie que notre corps et notre âme ne cesseront de savourer, comme un festin éternel.
Et enfin, la symphonie de l’Église de tous les ressuscités, sans aucune fausse note, ce sera la découverte de la tendresse amoureuse du père qui nous prend dans ses bras. On ne goûtera vraiment à l’amour que lorsque, corps et âme, nous chanterons devant le trône éternel :
Saint, saint, saint !
Merci, Père bien-aimé de ta fécondité débordante et de toute la splendeur de la création, reflet du Père et du Fils, devenu homme et ressuscité, reflet aussi du Saint- Esprit qui ravive délicatement notre espérance en la résurrection finale et éternelle de l’Église.
‘saint, saint, saint, le Seigneur Dieu de l’univers !’