CHRIST ROI 2023

Pauvreté et royauté
« Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées.
Que je marche ou me repose, tu le vois, tous mes chemins te sont familiers.
(…)
Je gravis les cieux : tu es là ;
je descends chez les morts : te voici. Je prends les ailes de l’aurore
et me pose au-delà des mers :
même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit. »
C’est le magnifique psaume 138 …
Ça paraît bizarre de s’accrocher à ce mot ‘ royauté’, alors qu’il est si fragile Un roi c’est fragile.
Un roi a les défauts du commun des mortels.
Et puis un roi, ça peut tomber.
Un roi c’est mortel. Ça sonne très ‘politique’.
Pourquoi est-ce que je viens de lire le psaume 138 ?
Parce que, quand Jésus parle de roi, il ne pense pas à Versailles, il ne pense pas non plus à Louis XV ou à Louis XVI. Mais il pense au psaume 138.
Ce qui fait l’essence d’un roi c’est sa présence, dans le grand et dans l’intime. Présence dans le temps et dans l’espace.
Présence dans la structure de la société, dans les lois.
Présence dans toutes les relations sociales.
Présence aussi dans les cœurs, dans une sorte d’affectif collectif. Comme l’était le Roi David.
Présence aussi sur le chemin de Dieu. pourquoi ?
Parce que le roi est délégué de Dieu, pour les affaires de la terre.
Et c’est parce que le Roi est présent qu’il peut juger au cœur des réalités.
« Tu me scrutes et tu sais.
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève. De très loin tu connais mes pensées. »

Voilà la royauté. Mais une Royauté qui monte de notre cœur plutôt qu’elle ne s’impose de l’extérieur. C’est cette royauté que le Christ revendique, comme Bon Berger.
Alors, pourquoi les bénis du Père sont étonnés de ne pas avoir reconnu le Christ dans les petits, les pauvres, les prisonniers, les derniers…?
Parce que le Christ il est partout.
Ou pluôt, non, pas partout…
Le Christ est très proche de toute réalité qui engage une certaine qualité de cœur.
Cela veut dire qu’à partir du moment où l’on plonge au cœur de la réalité, nous ouvrons la porte au Christ et à sa grâce.
Le Christ est tout près.
La lumière de Dieu qui est dans le Christ est présente au cœur de cette réalité.
Mais alors… Rien de plus simple, on pourrait se dire… Pas besoin de s’en faire.
Si je m’engage, quoi qu’il arrive, je serai béni… ?
Je rencontrerais de toute façon le Christ ?
Je pourrais dire presque, ‘oui’.
Si j’atteins le cœur de la réalité.
Car si je suis à la surface, la présence du Christ Roi n’existe pas.
Toute réalité profonde unit au Christ.
Mais il est difficile de toucher la profondeur des réalités.
Comment savoir si je vis la réalité profonde ?
Il y a un indicateur assez fiable. Et un signe qui le laisse soupçonner.
L’indicateur, c’est la pauvreté.
La pauvreté attire dans les profondeurs.
Elle donne une qualité d’écoute qui manifeste une qualité de l’amour.
Et le signe qui garantit cette qualité, c’est le temps que je passe à la prière, à côtoyer ma pauvreté.
Le temps que je passe à la prière, en Église.
Si je ne prie pas, je ne serais pas de niveau avec les malades, les prisonniers, les affamé. Je ne rencontrerais pas le Christ.
Je n’aurais pas le niveau de compassion avec les détresses.
Mon regard ne sera pas de charité, porteur du regard de Dieu.
Mais si je prie, c’est-à-dire si je mets de l’huile dans ma lampe, je peux atteindre avec la grâce, toute réalité au cœur de cette réalité, et donc au point de rencontre du roi.
On n’a pas alors à se poser la question si le petit que l’on rencontre cache ou ne

cache pas le Christ.
Inévitablement, nous le reconnaîtrons. Le Pauvre et le Roi. Le Christ souffrant et le Ressuscité.
La rencontre du Christ qui me sauve se trouve dans la profondeur de mon regard, et cette qualité de regard c’est le Christ qui me la donne dans la prière et dans la foi.
C’est la qualité du regard du Bon Larron : « souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » « Aujourd’hui même tu seras avec moi, au Paradis »
Mais il est vrai aussi qu’il y a une qualité de relation humaine, une tendresse compatissante, une fidélité sincère, une générosité élégante qui sont chemin immédiat de la rencontre du Christ, juste avant que celui-ci donne sa grâce et sa lumière.
Il y a une pureté naturelle qui favorise la prière. Cette pureté naturelle c’est la bonne terre du chemin.
Un cœur pur, qui communie à une pauvreté, volontairement ou malgré lui, reconnaîtra d’instinct le Bon Pasteur.
La grâce rejoint sa pauvreté.
Et le Bon Pasteur, quand il est Dieu, il est Roi.
Un cœur pur qui se donne au Bon Pasteur découvre le Roi d’infinie Bonté.

TRENTE TROISIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

La femme parfaite
La perfection d’une femme…
En fait, ce n’est pas ma faute… Je lis la Bible. Simplement.
Et la Bible est la Parole inspirée.
Inspirée par l’Esprit-Saint.
Il est vrai que je préfère la lumière de l’Esprit-Saint au dernier article de ‘Femme actuelle’.
La femme parfaite…
Jésus parle de perfection dans l’évangile selon saint Matthieu :
 » soyez parfait comme votre Père céleste est parfait »
Pour un homme, c’est déjà pas évident. Pour une femme, non plus : être parfaite comme le Père…!
Je vais essayer de me couler dans l’Église, puisqu’elle est épouse, épouse du Christ, et en tant qu’épouse elle doit bien comprendre quelque chose au mystère féminin..
Tout d’abord, quand Jésus parle, il ne parle qu’en dehors du péché originel (rappelez-vous… La cueillette du fruit savoureux et le serpent pas très loin…)
Et ce nous ai difficile d’accueillir sa Parole en pureté de cœur, parce que nous sommes plus ou moins éblouis par nos idoles que sont le pouvoir, l’intérêt pour soi, le sexe, et celles plus récentes que sont la liberté, l’épanouissement personnel, le confort, tout ces enfants du premier péché d’Eve… et d’Adam.
La perfection ne se prend pas à partir de soi, elle doit se dessiner à partir d’une source.
Tout être, l’homme aussi, la femme aussi, trouve son bonheur et donc sa perfection dans un projet plus grand qui lui est proposé.
Quand on parle de beauté, on doit toujours se demander : ‘à quel projet m’invite cette beauté ?’
Si cette beauté part du corps pour m’inviter au plaisir des passions il ne faudra pas pleurer que ça n’aille pas plus loin. Courte vue décevante.
Ça ne veut pas dire qu’il faut inévitablement se défier de toute beauté.
Certaines peuvent tracer une chemin de grâce, un chemin sacré d’amitié et d’union.
Je parle du corps, mais, mesdames, vous avez d’autres talents à faire fructifier… Talents multiples des profondeurs de la nature…
Parce que la perfection se définit d’abord par une harmonie avec la nature qui nous est donnée.
C’est bien le piège pour une femme ou un homme de croire qu’il trouver sa perfection en dehors de sa nature, et se suffire à soi-même.
Un peu de bon sens permet d’admettre la nécessité d’être complété.

Je serai bien avec moi-même si je respecte ma nature.
Vous voyez, frères et sœurs, que cette condition – être en coïncidence avec ma nature – évite des wagons d’illusions et de conflits désastreux.
Si je vis pour moi, je ne suis pas en coïncidence avec ma nature.
Et je roule au malheur (mon malheur et celui des autres) parce que ma nature est faite pour donner du bonheur, pour que je me donne.
Et c’est bien ce que dit le livre des Proverbes pour la femme.
Une femme est faite par nature pour se donner, à son mari, à ses enfants, aux indigents et aux malheureux.
Faite pour réjouir d’un amour donné, autrement dit d’un amour sacrifié, ses proches d’abord et ses moins proches.
L’homme aussi, d’ailleurs….
Sauf que la femme par le don inscrit dans sa nature féminine est inspiratrice et révélatrice du don de l’homme.
Vous allez me dire :
« c’est là que le bas blesse…
C’est qu’on ne sait plus trop quels sont les ‘talents féminins’ dans un monde perturbé de la tête et dont les propositions sont teintées de péché, d’égoïsme, d’orgueil, et d’amour propre. »
Où est la nature de la femme et où est la nature de l’homme ? Y a t il une frontière ?
Une femme parfaite peut être une perle…
Est ce qu’un homme parfait peut être une perle ?
Quand on entend les jeunes fiancés on pourrait le croire, mais il ne faut pas écouter les jeunes fiancés.
Ils peuvent avoir tout, toute beauté et séduction, mais pas la sagesse !
La nature de l’homme et la nature de la femme, une seule nature, sont natures complémentaires.
Si on compare, si on tente de trouver à tout prix des égalités mimétiques on va directement dans des divisions cruelles et des déceptions.
Un père qui fait téter un bébé, une mère qui n’est jamais au foyer pour accueillir ses enfants qui rentrent de l’école, une femme qui adopte de manière voulue ou pas, un mode masculin d’affectif ou de sexualité (avec dérèglement de ses hormones et de sa maternité) s’éloignent inévitablement de la perfection de sa nature.
Il y a des myriades de nuances complémentaires dans le rapport femme-homme.
Et l’on voudrait régler cette harmonie, qui est le désir le plus profond et le plus intense à chacun de nos corps…
On voudrait la régler à coup d’idéologies et d’égalités sociales !
Pire… de lois nocives et meurtrières.

Comment distinguer notre droite de notre gauche, notre féminin du masculin…
C’est là que l’Esprit-Saint intervient.
La nature ne suffit plus pour faire d’une femme une femme et d’un homme un homme. Le livre des Proverbes donne avec génie, génie divin, la solution.
Au delà du charme trompeur qui égare jusqu’au jugement, comment retrouver chacun sa place ?
Voici la solution ultime, celle qui vise le cœur.
« seule, la femme qui craint le Seigneur mérite louange… »
Pourquoi ?
Parce que la femme ne retrouvera sa nature que si elle accède à sa nature par la grâce de Dieu.
Aucun autre chemin ne pourra lui indiquer sa perfection tant dans sa vie de couple, sa vie amoureuse, que sa vie intime, que sa vie de famille, et pourquoi pas professionnelle. La nature de la femme rejoindra la nature de l’homme par une unité qui vient de la grâce. Et qui doit trouver sa plénitude une communion réciproque.
Alors, elle se retrouvera belle, vraie, et plus équilibrée (malgré son mystère de complexité…)
Si, pour la femme, (mais ça marche aussi pour l’homme), un aspect de sa vie l’éloigne de la prière, pollue son corps, ne respecte pas la pureté de son âme, inutile alors de se battre pour je ne sais quel slogan de dignité ou liberté ou d’égalité des sexes.
Je ne dis pas qu’il n’y aura aucun sacrifice et aucune épreuve, mais c’est par la crainte du Seigneur, autrement dit par un cœur tendre de la présence de Dieu, de Jésus, que l’on peut envisager la perfection féminine.
La sainteté d’une femme lui donne son éclat qui lui est propre et la fécondité de ses talents féminins. Bref, la beauté qui ne s’évanouit pas.
J’ai vu des religieuses qui n’avaient pas compris cela.
J’ai vu des mères de famille qui avaient compris cette ‘vocation suprême’ [Jean-Paul II – Dignitatem mulieris]
Mes sœurs, à vous de jouer… Avec le Seigneur. Vous êtes là pour ça, à cette messe. Mes frères, ne rigolons pas trop, car c’est le même topo, avec d’autres modalités de sainteté.
Quand le Christ reviendra de voyage, il nous dira :
 » ton talent, tu l’as fait fructifier pour moi ou l’as-tu pris pour toi ? »
Talent féminin ou talent masculin.
Plus on est simpliste, plus on égalise la planète.
Plus on distingue subtilement les différences plus elles nous invitent à se rejoindre en jouissance et richesses de vie dans un amour spirituel.
Seul l’Esprit-Saint présente et forme la clé de l’harmonie…

Si on a passé notre vie à vouloir déformer l’œuvre de Dieu à notre idée, le Christ nous dira :
‘hors sujet, je croyais accueillir une femme, je ne vois qu’un brouillon illisible d’humanité. Je ne retrouve pas en toi la beauté de mon Eglise que j’ai trouvée en ma préférée, Marie de Nazareth, resplendissante de la perfection de mon Fils’
Et pour les hommes, ce ne sera guère différent.
Le Père des cieux nous dira :
‘ où est, en ton cœur, l’image de mon Fils qui te fait homme ?’

TRENTE DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE A 2023

Nuit et veille
D’habitude, frères et sœurs, je me penche davantage sur l’évangile pour l’homélie. Mais aujourd’hui, l’évangile et la lettre de saint Paul ne suffisent pas.
On a un jeu charmant entre toutes les lectures, avec le psaume et le livre de la sagesse. L’ensemble des lectures est exquis…!
C’est le Ciel sur terre, le Ciel dans notre cœur.
C’est quoi le Ciel dans notre cœur ?
Le psaume 62 mériterait d’être repris en boucle : « Dieu, tu es mon Dieu,
je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.
(…)
Dans la nuit, je me souviens de toi
et je reste des heures à te parler.
Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes. »
Mais si on cherche la joie, le bonheur, le bien-être tout simplement, comment ne pas voir que tout se trouve ici ?
Pourquoi les hommes cherchent-ils ailleurs ?
Il est parlé de la nuit, comme dans l’Evangile
La nuit, dans la Bible, c’est le temps de l’incompréhension.
C’est le mystère qui dépasse l’homme.
C’est l’homme qui ne saisit pas, qui ne saisit pas tout, ou qui ne saisit plus rien.
Frères et sœurs, il y a quelque chose de magique dans la nuit.
Dieu a créé la nuit pour nous faire avancer sur un chemin de lumière.
Et cela c’est magique. C’est le passage secret de la grâce de la foi.
Bienheureux celui qui connaît ce passage secret.
Quand on a la foi, on trouve la vérité de notre cœur, une certaine coïncidence, quand on admet humblement qu’il y a une grande part de nuit dans notre vie.
Que la nuit nous enveloppe :
Notre esprit, nos forces, tout ce qui tient de l’avenir.
Mais aussi que tout événement plonge ses racines dans quelque chose qui nous dépasse.

Bref, nous sommes environnés de nuit à l’extérieur, dans notre histoire, et à l’intérieur, dans ce qui fait le fond de notre être.
La nuit semble la plupart du temps être une épreuve. Nous la craignons.
Mais, pour l’homme ou la femme de foi, la nuit est belle parce qu’elle favorise l’attente elle favorise notre relation avec Dieu.
Seulement, c’est le sujet de l’évangile d’aujourd’hui, mais c’est le sujet aussi du Livre de la Sagesse,
Il y a un fil de passage dans la nuit.
Trois fils.
Le premier, c’est de savoir, qu’après le temps d’obscurité et le temps d’attente, nous serons comblés.
Comblés par la rencontre.
Ce fil premier c’est l’Espérance.
Par des vibrations au plus profond de notre être nous savons que nous attendons une jouissance.
Un festin, des noces, une union.
Déjà cette grâce de l’espérance est inestimable.
Mais il y a deux autres fils.
C’est que, dans la nuit, nous pouvons avoir une lampe.
Dans la nuit il y a une lampe toute petite, qui permet de traverser la nuit.
Ce n’est pas la science ou les lumières de l’esprit, qui sont si fragiles.
Dans la nuit l’esprit désarme.
Mais deux petites embarcations peuvent traverser la nuit, peuvent traverser la mer… Le secret et le mystère de la mer et de la nuit.
Cette nuit, dans la littérature spirituelle, dans le ressenti des mystiques, elle est décrite de diverses façons :
Ils peuvent parler de nuit.
Mais ils peuvent la comparer à un désert.
Ou bien à la traversée de la mer, qui est un environnement mystérieux et grandiose. Les saints l’appellent aussi ‘le silence de Dieu’.
Ce peut être l’épreuve ou la croix.
En tout cas, le chrétien sincère goûte toujours à cette épreuve de l’incompréhension intime. Elle est inconfortable mais elle est normale.
Et il doit embarquer.
Il est obligé d’embarquer s’il ne veut pas être manger dans la confusion du monde.
La première embarcation c’est la foi.
La foi qui est adhésion à un appel.
Une adhésion qui doit être entretenue, vivifiée, par la fréquentation de la prière et des sacrements.
Et la deuxième embarcation, c’est l’amour.
L’amour qui est l’huile de la lampe.

Que nous devons entretenir dans la nuit.
L’amour n’a pas besoin du jour.
Une foi amoureuse, c’est exactement cela un cœur qui veille.
Avec de très petits moyens.
Nous pouvons aller très loin avec une toute petite embarcation, une toute petite lampe. Si nous la fournissons de petits élans de cœur vers Dieu.
De petites adhésions à la grâce de Dieu.
Traversée de la nuit.
Traversée des flots de la mer, même déchaînée.
Traversée du désert.
Pour celui que Dieu aime comme ami, Dieu l’introduit toujours dans la nuit, sur la mer ou dans le désert, dans le silence et pourquoi pas dans la solitude aussi.
Et malheur à celui qui ne fait pas provision de petites prières, d’étapes silencieuses.
Et bonheur à celui qui découvre au terme de sa fatigue et peut-être même de ses angoisses, la porte qui s’ouvre sur la lumière.
La grande merveille de Dieu pour l’homme, c’est qu’il fait goûter dès maintenant, dans la nuit, la joie qui sera sans fin, à la résurrection de tous, dans la gloire exultante de l’Église du Ciel.
L’huile dans nos lampes, c’est la même sagesse souriante qui nous ouvrira les bras au Ciel.
Cet appel de Jésus est si proche de celui du Cantique des cantiques. Jésus appelle l’Eglise, l’Eglise qui est la lumière de notre cœur.
Et le Cantique du cantiques chante la même parabole que Jésus :
« Je dors, mais mon cœur veille… C’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe ! »
Et le Bien-Aimé répond : « Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma toute pure, car ma tête est humide de rosée et mes boucles, des gouttes de la nuit. »
Et je cours au dernier chapitre : [7, 12-13 ]
Viens, mon Bien-aimé… Nous sortirons dans les champs, nous passerons la nuit dans la
campagne. ( vous voyez.. encore la nuit )
Au matin, nous irons dans les vignes (…) . Là, je t’offrirai mes amours…
C’est exactement ce que dit saint Paul quand il écrit aux Thessaloniciens. « À la Résurrection, nous serons emportés sur les nuées du Ciel,
à la rencontre du Seigneur. »
Enfin, la nuit sera finie, le matin arrivé.

TOUSSAINT 2023

Décadence et Grandeur des saints
Petite homélie en fioretti….
«Dieu n’a pas besoin de nous : s’il nous commande de prier c’est qu’il veut notre bonheur, et que notre bonheur ne peut se trouver que là.»
Cela, c’est le saint curé d’Ars…
«Tout ce que j’ai écrit me semble un brin de paille…»
Ça, c’est de Saint Thomas d’Aquin, ce théologien dont le maître, Saint Albert le Grand, dira de lui : « jusqu’à la fin du monde on n’épuisera pas la profondeur de la pensée de Thomas. »
Je picotte, deci delà, les mots des grands saints
«Je suis mauvais devant le Seigneur ; plus laid qu’un chien galeux, à cause de mes péchés.»
Saint Silouane du mont Athos
«O mon Frère ! (ce frère, c’est Théophane Vénard qui deviendra saint martyr)
je vous en prie croyez-moi, le bon Dieu ne vous a pas donné pour sœur une grande âme, mais une toute petite et très imparfaite.»
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
Après l’entrée au carmel elle écrit à sa sœur Marie :
«Vous qui êtes un AIGLE appelé à planer dans les hauteurs et à fixer le soleil, priez pour le petit roseau si faible qui est dans le fond de la vallée, le moindre souffle le fait plier.»
Saint François de Sales :
« Je n’ai pas fait ce que j’avais voulu faire… » répétait-il, tout Evêque qu’il était. Spécialement pour la fondation de la congrégation des sœurs de la Visitation
Et Sainte Elisabeth de la Trinité :
«Une louange de gloire, c’est une âme de silence, qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit saint, afin qu’il en fasse sortir des harmonies divines. Elle sait que la souffrance est une corde qui produit des sons plus beaux encore…»
Je parcours les siècles à la vitesse de la lumière
Curé d’Ars : XIX° siècle, Thomas d’Aquin : XIII° siècle, Silouane, XX° Thérèse, XIX°…
François de Sales XVII°, Elisabeth, début XX°,
Et Saint Antoine, le Grand… IV° siècle

Il dit à Abba Poemen : «voici la grande œuvre de l’homme : brandir sa faute au-dessus de soi devant Dieu et s’attendre à la tentation jusqu’au dernier soupir»
Sainte Bernadette Soubirous : « je suis moulue comme un grain de blé » Sainte Catherine de Sienne
C’est le Seigneur qui lui parle : «Tu es ce qui n’est pas. Je suis ce que je suis.» Autre version : « Je suis le Tout; tu es le rien »
Je vais quand même prendre un des premiers de l’Eglise :
Saint Paul, premier siècle :
«Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais
pas.» [Rom 7, 19]
Les voilà, nos saints … !
Troupe de pauvres, parfois de traînards.
Saint Paul va plus loin :
«On nous insulte, nous bénissons. On nous persécute, nous le supportons.
On nous calomnie, nous réconfortons. Jusqu’à présent, nous sommes pour ainsi dire l’ordure du monde, le rebut de l’humanité.» [I Cor 4, 13]
Considérés comme déchets, mais vainqueurs.
Voilà notre Église, frères et sœurs.
Pas de quoi être fiers…
Mais qu’est-ce qui apparaît dans ces vases d’argile… ? :
Une lumière. Mieux : une splendeur, un rayon de la grâce divine, resplendissant.
Fête de la Toussaint, fête merveilleuse des traînards qui ont non seulement terminé la course, mais qui ont tous gagné la course.
Qui ont obtenu le premier prix. La loge en première classe.
On peut voir les traces de leur marche à petits pas, la marche des vases d’argile, qui est la nôtre.
Mais ce sont quand même eux qui portent le mieux la lumière.
Je vais donc reprendre leurs paroles, d’autres paroles, du côté de la lumière.
Notre fameux curé d’ars :
“Dans l’âme unie à Dieu, c’est toujours le printemps.”
« Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon, mais c’est Dieu qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. »
Je reprend Saint Thomas dAquin, l’une de ses dernières conversations:
« Réginald, mon fils, le terme de mes travaux est venu ; tout ce que j’ai écrit et enseigné me semble un brin de paille auprès de ce que j’ai vu et de ce qui m’a été dévoilé. »

Saint Silouane du mont Athos, le même qui se considère comme un chien galeux de ses péchés :
«J’ai prié Dieu de me les pardonner et voici que non seulement il m’a accordé son pardon mais encore le Saint Esprit, et dans le Saint Esprit j’ai reconnu Dieu lui-même.
Ô Seigneur, Tu aimes ta créature. Qui peut comprendre ton amour ou en goûter la douceur, si Tu ne l’instruis pas Toi-même par ton Esprit-Saint ? »
Devinez l’auteur des paroles suivantes :
O mon Frère ! je suis une toute petite âme et très imparfaite. Mais ne croyez pas que l’humilité m’empêche de reconnaître les dons du bon Dieu, je sais qu’Il a fait en moi de grandes choses et je le chante chaque jour avec bonheur.
« Ô Marie, si j’étais la Reine du Ciel et que vous soyez Thérèse, je voudrais être Thérèse afin que vous soyez la Reine du Ciel ! » (PRI 21)
Et avec son style délicieux, François de Sales.
«Quand nous étions petits enfants, avec quel empressement assemblions nous des morceaux de tuiles, de bois, de la boue, pour faire des maisons et petits bâtiments !; mais maintenant nous connaissons bien que tout cela importait fort peu.
Un jour nous en serons de même au Ciel, quand nous verrons que nos affections au monde n’étaient que de vraies enfances. » [18 mai 1608]
Catherine (de Sienne):
« L’âme est en Dieu et Dieu dans l’âme, tout comme le poisson est dans la mer et la mer dans le poisson. »
Et ces quatre mots d’elle aussi, tellement beaux : « De l’obscurité naît la lumière »
Abba Lot alla trouver Abba Joseph et lui dit :
«Abba, autant que je le peux, je pratique le jeûne, je prie, je médite, et je purifie mes pensées. Que me manque-t-il ?
Alors le vieillard se lève, tend les mains vers le Ciel et ses doigts deviennent comme des lampes de feu; et il lui dit :
«si tu le veux, deviens tout entier comme du feu ».
Je finirai par Thérèse de l’Enfant Jésus, une nouvelle fois. « Murmure simplement son nom, et Jésus comprendra »
Quelle est belle notre Église, ensemencée de tant de d’hommes et de femmes de valeurs qui n’ont pas cherché avant tout à être des saints – ils ne s’en croyaient pas capables et surtout pas dignes –
Mais qui ont cherché, à partir de la source cachée de leur cœur, à vivre dans le torrent d’amitié et même d’intimité avec Dieu.

HOMELIE 30° DIMANCHE ORDINAIRE

Amour…. Amour… Amour..

Amour de Dieu
Amour de soi
Amour des autres.

Ce n’est pas comme si on disait qu’il y a le soleil, les océans, et les montagnes.
Il n’y a pas de circulation entre le soleil, les montagnes et les océans.
Si peu.
Mais on pourrait plutôt prendre comme image un arbre, ses fruits, ses feuilles..
C’est la même sève, le même amour qui nourrit les feuilles et s’épanouit en fruits.
Aimer son prochain, en vérité, c’est aimer de la même sève que Dieu nous aime.
Si on donne un amour qui vient de nous, il va revenir à nous. Fermé.
Si une feuille voulait vivre de son amour propre, elle se détacherait de l’arbre et de sa sève. Et fanerait.

Aimer son prochain pour l’envelopper d’un amour plus grand, dans un amour qui nous brûle, c’est ainsi aimer son prochain comme soi même.

Voici une petite histoire que je n’ai jamais racontée à personne jusqu’à maintenant  :
C’est une histoire vraie qui est un conte.

Un jour, je suis allé près d’une rivière.
Je me suis assis et j’ai vu qu’il y avait une petite fleur tout près.
Elle était petite mais de couleurs ravissantes.
Et figurez vous, la petite fleur m’a parlé.
Elle m’a dit :
‘ Je voudrais que tu m’aimes.’
J’ai été un peu étonné..
Et puis elle a insisté, elle m’a dit :
‘ Coupe moi, emporte moi et tu pourras m’admirer.
Tu me mettras dans un vase avec un peu d’eau de cette rivière.
Je me donne à toi.  »
Vous imaginez que j’ai été perplexe..!
Une fleur qui me parle et qui veut embellir mon séjour…
Je lui ai répondu que c’était tentant mais que je lui donnerai ma réponse le lendemain.
J’ai pas très bien dormi et le lendemain je suis revenu près de la rivière.
Avant même que je lui parle, j’ai remarqué une autre fleur, tout près.
Aucun doute, c’était sa sœur.
Toute aussi jolie.
Mais voilà qu’elle aussi se mit à me parler.
Quelle situation ! J’y croyais pas…
Et elle me dit :
« j’ai une autre proposition pour toi que celle de ma sœur :
Tu viens tous les jours ici, auprès de la rivière, et tu me regardes.
Et moi je te refléterais la lumière du soleil..!
À chaque fois que tu viendras près de cette rivière, je te donnerai plus que ma beauté à contempler. Tu verras le soleil dans mes pétales…
Alors là … C’était encore plus fascinant.
Je lui ai répondu que je donnerai ma réponse le lendemain.
Le lendemain, je suis revenu près de la rivière.
La première fleur n’était plus là.
Sa sœur me dit que quelqu’un était passé et était parti avec elle.
Il l’avait cueilli pour lui.
On ne la reverrait plus.
Il me restait quand même le sourire de cette fleur qui reflétait le soleil.
J’abrège…
Sinon ça ferait trop long.
À ce moment là, un peu étourdi par l’affaire, j’ai regardé le ciel, pour reprendre un peu ma respiration.
Et qu’est que j’ai vu ?
j’ai vu le soleil..
Enfin vu…. :
J’ai été aveuglé par le soleil, mais sa lumière a enflammé mon cœur.
Et j’ai compris qu’il y avait encore une autre façon d’aimer les fleurs ou même son prochain.
En se laissant brûler par le soleil.
Je ne suis plus revenu près de la rivière.
C’est vrai que si on regarde les fleurs, on peut voir le reflet du soleil.
Si on ne cherche pas à les couper pour soi.
Mais si on expose son cœur au soleil, notre regard s’illumine de toutes les couleurs des fleurs et des arbres, des étoiles même, au dedans de nous.

 » Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces »
C’est le premier commandement.
Et c’est par là qu’il faut commencer.
C’est la porte d’entrée.
Ensuite, deuxième fondement de notre nature, deuxième porte du vestibule.
 » tu aimeras ton prochain comme toi-même »

Tu ne peux aimer ton prochain comme toi-même que si tu es entré dans le tourbillon de feu de l’amour de Dieu pour toi. Si tu as regardé le soleil.

Si l’amour de Dieu ne t’a pas enflammé le cœur, aveuglé l’esprit, tu ne t’aimeras pas suffisamment pour aimer ton prochain comme toi-même.
Tu aimeras ton prochain comme un objet, pas comme toi-même.
Inévitablement, tu l’aimeras un peu, beaucoup, passionnément, mais pétales après pétales tu le plumeras.

Si Dieu n’a pas transformé ton amour en tourbillon de flammes,
Nous ne pouvons pas comprendre ni le premier ni le second miracle de l’amour.

Il faut se jeter dans les flammes.
Qu’il est redoutable de rencontrer le Dieu vivant et véritable.  [Hé 10, 31]

Maintenant.. si vous voulez regardez les couleurs des fleurs des champs, je vous comprends…
Le chemin est tentant.
Elles peuvent même refléter le soleil.