HOMELIE SIXIEME DIMANCHE DE PÂQUES

« L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout. Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. »

Donc, frères et sœurs, l’Esprit Saint doit nous donner le sens de cette paix.

La paix que le monde veut donner et recherche n’est pas la même que la paix du Christ.
C’est la paix du Christ que nous recherchons.
La paix du monde ne nous intéresse pas.
Bien souvent, nous nous complaisons dans une confusion qui s’introduit souvent dans les prières universelles :
On prie pour la paix mais ce n’est pas la paix du Christ.
On glisse de la paix du cœur, de notre conscience et de notre âme, à la paix du monde qui est une paix de tranquillité à toutes les sauces.
« laisse-moi tranquille ! », voilà la paix du monde.
C’est la tranquillité qui n’est pas mauvaise en soi mais qui tolère les compromis et toutes les lâchetés.

J’aimerais à partir de la paix du Christ, et avec l’aide de l’Esprit Saint, pénétrer dans cette tranquillité empoisonnée de confusions pour laquelle vont voter les représentants de la nation : la tranquillité de fin de vie.
Cela est triste, d’assister au crépuscule d’une société.
Mais c’est surtout pénible d’être agressé dans notre conscience.
Nous portons les souffrances que s’infligent nos frères, aveugles ou déviés.
Nous les portons dans notre conscience et dans notre corps.
Le chrétien c’est celui qui a conscience de toutes ces souffrances et qui les porte jusqu’à la croix pour les offrir en pleurant à celui qui ne sait que aimer jusqu’au bout.

Alors ?
L’euthanasie… ce mot que notre monde moderne a renversé.
Il signifiait la grâce d’une mort paisible.
Il signifie maintenant une mort donnée dans un péché mortel partagé. Le suicide est un très grave péché contre Dieu.

Il faut bien se rendre compte que les philosophies ou les politiques qui oublient les fondamentaux de l’Église et de la foi n’empruntent pas les mêmes chemins, ni les mêmes codes, qu’une pensée éclairée par l’Esprit du Christ.
Nous sommes dans des chemins de pensée qui ne se croisent pas.

Le problème, c’est que pour se rendre compte des grandes erreurs idéologiques, et les reconnaître, il faut attendre les retombées de leurs massacres.
Nous le constaterons pour toutes les grandes idéologies éthiques, comme la culture wok, la libération de la paternité, de la maternité, de la sexualité.
Tous ces efforts de déconstruction des stéréotypes naturels.

D’où partent les pensées du siècle ? : D’un désir de tranquillité.
Un désir de plaisir immédiat.
D’un désir de confort social ou personnel.
Un désir de ‘ c’est pour ma pomme. Laisse-moi tranquille !’
Le plaisir, la tranquillité, le confort, butent sur les grands mystères de notre vie : la souffrance, le mystère de la vie et de la mort, le mystère du bien et du mal.
Un esprit qui ne respecte pas ces mystères en est irrité.
Il veut s’en délivrer. À tout prix.
C’est la ‘culture de mort’ que montrait du doigt Jean-Paul II, pour la honte de nos sociétés.
Et pour dévier les consciences, il n’y a pas mieux que de désigner une victime qui de préférence ne dira rien et qui sera même consentante à son rôle de victime.
Les plus faibles, les plus souffrants, ceux qui n’ont pas la parole: les nouveaux nés ou ceux qui n’ont plus la parole: les vieux et les isolés, feront bien l’affaire.
Tellement facile…!

La paix du Christ, c’est la correspondance de notre cœur à la vérité.
Ça ne veut pas dire une paix naïve.
Le chrétien ne se cache pas les yeux sur les difficultés et sur la souffrance.
Or, pour bien vivre et pour trouver la paix, le chrétien reconnaît d’abord sa nature.
Et voilà un mot qui est très dangereux pour tous les faussaires militants de notre siècle.
« La nature…! »
La nature des choses, la nature de l’homme et de la femme.
C’est un mot que les grands faussaires de l’esprit tentent au minimum de contourner, et au maximum de nier.
Ils vont multiplier les mots comme ‘ tolérance’, ‘respect’, ‘bien vivre’, ‘diversité’, ‘communication’, ‘responsabilité’, ‘autonomie’, ‘dignité’, que de verbiage !
Mais les idéologies modernes se bouchent les oreilles sur le mot ‘nature’.
Pour une première et bonne raison ( enfin, une très mauvaise raison…!)
C’est que si l’on admet qu’il faut correspondre à notre nature pour être en paix et heureux, on est obligé d’admettre qu’il y a un Dieu qui a fait notre nature.
Et qui peut faire notre bonheur, notre jouissance éternelle.
On est obligé de se soumettre à une sagesse supérieure.
Et on est obligé de découvrir et d’accueillir l’amour de Dieu.
Jusqu’à reconnaître que, sans la foi, il n’y a pas de salut, c’est-à-dire de bonheur, en dehors de la lumière du Christ que nous donne l’Église.

Et ça, c’est insupportable pour tous les idéologues de notre temps.
Ils préfèrent – ils aimeraient mieux trouver une autre solution, mais il y en a pas d’autres – ils préfèrent imposer une pensée absurde, qui ne tient pas debout.
Ils préfèrent déconstruire – que ce mot est vil et faux ! – déconstruire l’évidence plutôt que de reconnaître que Dieu les aime dans la nature qu’il a créée.

Le grand et premier clivage, il n’est pas dans les considérations de compassion, de diversités de genres et de sexualités, ni dans les inégalités, dans la lutte pour les opprimés, il n’est pas dans un faux respect d’autrui jusqu’à l’accompagner dans son suicide…
Ça, ce sont des sophismes, de la fumée pour cacher un malaise beaucoup plus profond.
Le malaise profond c’est que l’on ne veut pas reconnaître qu’il y a Dieu.
S’il n’y a pas de Dieu on en arrive à tout déconstruire parce qu’on veut faire croire que tout est construit et fictif.
Et quand on aura tout déconstruit, on déconstruira ceux qui ont déconstruit.
C’est le coup classique. C’est le train de Satan, en première classe.

S’il y a Dieu, il faut le rechercher et se donner à Lui.
Ça ne veut pas dire que c’est facile, mais ça donne une toute autre orientation à notre vie.
Et ça donne un tout autre sens à la souffrance, à la mort, à la peine.
Si la souffrance et la mort n’ont pas de sens dans la lumière du Christ sur la Croix, elles n’ont pas de sens du tout et on ne sait pas comment s’en dépêtrer.
Il faut les fuir, jusqu’au suicide.
Assisté ou pas…

Si l’on croit en Dieu, on croit en notre nature, bonne, mais blessée, et on croit en celui qui vient sauver notre âme : Jésus-Christ.
On croit en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.
On croit alors à l’amitié avec le Seigneur qui nous révèle la beauté profonde de notre être, même dans la vieillesse et la maladie.

On en arrive à légitimer ce qui n’a pas de sens.
Simplement pour le fait de refuser de façon catégorique au fond de soi, quoi?… la rencontre avec Dieu.
Oui, il est vrai que l’on peut être déçu de notre monde, déçu de nous-même, déçu de toute cette souffrance qui provient de nos détachements forcés, de nos échecs et de toutes les morts que nous vivons.
Mais le croyant ne donne pas une solution par la logique, il donne sa solution par l’amitié de charité.
Et cette solution il la trouve comment ? où ?
Il la trouve dans le recoin secret où il peut se mettre à genoux et prier.

L’homme ne trouvera une solution à la souffrance et à la mort et à toutes les diminutions de ses possibilités, qu’en tendant les mains vers Dieu.
Dans la foi, avec obstination.
Alors, parce que Dieu aime les profondeurs de notre âme, et de notre corps, nous pouvons trouver la paix.
Et je peux rejoindre mon frère blessé dans les profondeurs de son âme, parce que Dieu veut le rejoindre dans les profondeurs de son âme blessée, comme la mienne.
Alors, oui, on entre dans une culture de vie, une culture de vraie amitié, une culture de la beauté, dans la vérité de l’autre.
Même si cet autre est souffrant ou diminué.

En voulant soulager des souffrances sans Dieu, on rajoute des tortures à l’homme.
Les tortures de conscience crieront beaucoup plus fort et provoqueront des dégâts physiques supplémentaires.

Si on ne veut pas demander le pardon de Dieu, alors on demande l’euthanasie des consciences qui crient trop fort leur malaise.
La conscience religieuse peut seule venir à bout de toutes les souffrances.
Tant qu’elle sera ignorée et combattue, par stéréotype et par principe, la culture de mort sera le seul échappatoire.

Bien sûr, la conscience religieuse compose avec la misère humaine.
Le fanatisme et le pharisaïsme sont ses grandes déviations.
Il faut toujours être aux aguets pour nous-mêmes et pour notre communauté de ces deux écarts pervers de la religion.
Mais ce n’est pas parce que la religion est toujours dans un équilibre fragile, qu’il faut choisir la solution du suicide de toute une société.
Ce n’est pas parce que l’homme est pollué par le fanatisme ou par le pharisaïsme qu’il faut lui arracher son cœur et sa conscience.
Solution pire que le mal à combattre.

Soit l’homme se met à genoux, écoute la parole de vérité qui sort de la bouche de Dieu et qui est portée par l’Église. Alors il embrasse la croix du Christ qui le sauve. Et il trouve la paix du cœur.
Soit l’homme veut rester debout, fier, toujours fier, (!) avec son jugement seul, se croyant Dieu et prenant sa place, et il devient ridicule et il se fait hara-kiri.
Il trouve alors la tranquillité du néant.
Ou plutôt, le vacarme de l’enfer.

CINQUIEME DIMANCHE DE PÂQUES 2025

‘J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle…’ Le premier ciel, la première terre… Y’a plus !
Et ce ciel nouveau, il enfante quoi ?
Une ville nouvelle. La terrestre c’était Jérusalem, la ville du temple de Dieu, la demeure du Très- Haut. Elle a fait son temps. La nouvelle, qui descend, c’est une autre ville qui est bizarrement, non pas une
soucoupe volante, mais une femme ; davantage même… une épouse. Comme la première Jérusalem elle est la demeure de Dieu. Mais pour la première Jérusalem, Dieu y était pour se rapprocher des hommes. La nouvelle, ce sont les hommes qui sont élevés jusqu’à Dieu. Elle est enveloppée d’un ciel nouveau. Tout resplendit de grâce. Ça c’est autre chose. La première Jérusalem, elle n’était pas épouse. Elle était fiancée. Son promis venait la visiter chez ses parents. La seconde Jérusalem, elle est épouse. Son mari l’emporte dans le ciel nouveau. Enfin, c’est une épouse qui n’est pas encore épouse, parce qu’elle est prête pour
ses noces… Ça va pas tarder. Mais son mari, c’est qui?
Hé bien, justement, il n’y en a qu’un. Le Seigneur Dieu. Le Roi. Celui qui trône. Celui qui veut faire toutes choses nouvelles… Saint Jean a vraiment une fécondité d’expression hors du commun. Il faut dire que ce message de l’Apocalypse est l’avant dernier chapitre de la
Bible. On est tout proche de l’ultime acte divin dans sa Création :
La glorification de l’humanité toute entière. Enfin, disons, de tous les élus. C’est quand même pour cela que nous marchons, si lentement il est vrai, sur cette
terre. Pour arriver à ce bout du bout de notre joie, de notre accomplissement. Mais ce dimanche, on n’a que du nouveau. Un ciel nouveau, une terre nouvelle, toutes choses nouvelles. Et Jésus nous livre un commandement nouveau :  » Comme je vous ai aimés, aimez-vous … » Ce n’est pas n’importe quel amour. On peut dire aussi que la glorification de Dieu par Jésus, et de Jésus par le Père, est quelque chose d’unique et de nouveau.

Nous sommes, frères et sœurs, des messagers du ‘nouveau’. On présente l’Eglise comme une lourde machine qui traîne derrière le monde, qui
freine, un peu, beaucoup – ringarde – les projets innovants de notre monde
lumineux… Très bien, quand on la regarde de dehors… Effectivement, sa façade semble plutôt tradi et même un peu décrépie. Mais celui qui ouvre la porte sait, je dirais presque ‘à ses dépens’, que l’Eglise est
époustouflante de nouveauté et de surprises. Pourquoi ‘ à ses dépends ‘ ?
Parce que, pour encaisser la nouveauté de l’Eglise et de la Bonne Nouvelle du
Christ, il faut se convertir… Changer de régime. Il faut adapter notre regard à la nouveauté. Les ringards, les vieux je dirais, ce sont ceux qui ne voient rien de l’intérieur de
l’Eglise. Alors cette nouveauté, qui est déjà là, mais qui va s’inscrire définitivement dans
l’éternité quand le premier Ciel disparaîtra, quelle est-elle ?
Hé bien non… Ce ne sont pas les martiens !
Les martiens c’est vraiment trop éculée comme imagination. Ce sont les hommes, les femmes, illuminés de la grâce, devenus Dieu. Par participation à sa nature, divine. Ça c’est neuf ! « aimez -vous les uns les autres, « , c’est pas mal, mais être glorifié c’est encore
plus grand, plus parfait. C’est être élevé à la Nature divine. C’est différent que de faire des actes bons. Même avec l’aide de Dieu. On vaudrait recoller le monde pour qu’il soit plus beau. Mais ce n’est pas le plan de Jésus, ni celui de l’Eglise. Certains philosophes s’y sont essayés, en théorie. Beaucoup de politiques s’y essayent, en pratique. Et ils sont tous vieux de chez vieux. D’autant plus qu’ils émettent des plans nouveaux et qu’ils discutent pour faire de
la fumée. Le plan de Jésus, de Dieu le Père, avec l’intervention du Saint-Esprit, c’est de
transformer l’essence du monde par la grâce insaisissable. Et tout a fait silencieuse. Transformer le monde, ça veut dire : transformer chaque âme par une union qui
dépasse notre nature. Ça c’est la spécialité que se réserve Dieu. Et c’est ça la nouveauté. Les hommes ne peuvent pas transformer l’âme.

Ils peuvent manipuler les esprits, fabriquer des mirages d’amour, mais élever une
seule âme, jamais !
Le Saint-Esprit par l’Eglise, le peut. Et vraiment, la nouvelle ville, l’épouse prête pour ses noces, pour sa rencontre
avec le cœur de la divinité Trine, ça c’est un spectacle neuf et éternellement
inédit. C’est pas l’Eglise qui est frileuse, ce sont ceux qui ne veulent pas s’engager dans
son projet lumineux. Parce qu’évidemment, s’engager sur le chemin de la grâce, ça demande de laisser
tomber nos vieilles conceptions et nos habitudes mornes. Vous connaissez la fable du renard et des raisins. « Ils sont trop verts, dit il, et bons pour des goujats  » Quand on ne peut pas attraper le Royaume de la nouveauté, ou disons qu’on ne veut
pas entrer dans la nouveauté de nous-même, on murmure avec dépit : « l’Eglise est trop ringarde, disent-ils, et bonne pour des bigots. » Renards lâches et impuissants !
Le chrétien est celui qui aurait tout à craindre du feu infini de Dieu, mais il se
lance dans cette aventure qui va le griller. Il se lance à l’aveugle, dans la foi, (voilà une nouveauté : la foi !)
Sur le chemin de son sacrifice (voilà une nouveauté qui va à l’encontre de l’amour
du monde si poussif : l’amour par le sacrifice ! Jusqu’à la mort… Ça c’est du neuf !
Jésus annonce sa glorification au moment où il est trahi par Judas. Ça c’est neuf, de dire à son traître : ‘dépêche toi de me trahir’ )
Donc… Le chrétien, c’est celui qui vise le bonheur intégral (et ça c’est neuf !), en
laissant tomber tout ce qui le distrait de la seule lumière divine. Parce qu’il sait qu’on ne raccommode pas un tissu neuf sur un vieux. Tous les problèmes dans le monde viennent des vieux – je veux dire de ceux qui ne
veulent pas ou plus changer pour recevoir la grâce de la foi et l’espérance de
l’union de l’Eglise avec son époux, le Christ. On veut des nouveaux dans l’Eglise ! Et pas simplement un Pape tout neuf !
On veut des esprits éclairés par la grâce. On veut des êtres de désirs, mais de désirs profonds. Des âmes qui ne disent pas ‘Oui, mais…’ mais qui disent : ‘Je prends ! Je veux ! Je veux avancer ! ‘
‘ Oui, viens, Seigneur Jésus. Fais du neuf avec moi !’ Mais quand on dit ça, c’est obligatoirement passer par le feu. Il faut le savoir vous, les jeunes !

Mais quand on dit ça, c’est obligatoirement passer par le feu.
Il faut le savoir vous, les jeunes !

HOMELIE DU QUATRIEME DIMANCHE DE PÂQUES – Le Bon Pasteur

L’Église est belle.
Elle est belle parce qu’elle ne cherche pas à être belle.
La première Église des apôtres, de Pierre, de Paul, de Barnabé est pure,  –  je ne dis pas parfaite – mais elle ne cherche pas à se regarder.
Elle découvre avec ses yeux neufs les merveilles de la grâce .
J’aime cette Église libre.

Paul et Barnabé annoncent l’Évangile.. de Jésus-Christ.
Ils annoncent un nouveau souffle sur le monde.
Et que se passe-t-il ?
Un signe. Un signe de la vérité du message.
Et voici ce signe :
Il y a ceux qui ouvrent leur cœur.
Et il y a ceux qui ne supportent pas la parole des apôtres.
Et qui vont mettre en route un scénario que nous connaissons bien. En tout cas classique.
Ils ameutent les alentours, par quelques  phrases assassines,  pour les dénigrer.
Auprès des ‘femmes de qualité’… il y a presque de l’humour dans cette description.
En fait, c’est cela le signe du message de vérité.
C’est le signe de Jésus-Christ. Signe de contradiction.
Jésus est venu apporter ce qui dérange.
Et devant ce qui dérange, c’est-à-dire la vie éternelle, tout simplement le bonheur… il y a trois attitudes.
Toujours les mêmes, je dirais…
Au début Eve n’a pas supporté l’arbre qui portait un mystère.
Un mystère, ça dérange. Dieu appelle au mystère.
Qui dérange parce qu’il invite les hommes à regarder plus loin que le bout de leur nez.
Dieu nous demande de nous convertir. et ça ça dérange.

Donc trois attitudes.
Il y a d’abord l’attitude favorable.
L’attitude de la brebis qui écoute la voix divine, la douce voix divine.
Il n’y a pas de brebis plus forte que celle qui écoute la voix de son pasteur.
Cette brebis là elle est tranquille.
Elle est en position de communion.
Parce qu’elle sait qu’elle se trouve dans un mystère qui est le mystère de la main de Dieu.
Elle se laisse porter dans le mystère.
Quand une brebis a goûté à cette cachette, son cœur palpite dans la main de Dieu, rien ne peut l’arracher à l’amour du Père.
Elle peut courir dans les chemins de lumière, elle peut être essoufflée, elle peut faire le cabri, elle peut rire et même pleurer, être dans de verts pâturages ou dans le désert, son cœur sera toujours en paix.
Ce sont les brebis qui ont trouvé la porte étroite de la bergerie et qui connaissent la voix de celui qui leur apporte le salut.

Au début de l’Église, beaucoup ont emprunté ce chemin d’intelligence.
D’intelligence et de la liberté.
L’Église est belle de ces brebis là.
Et ces brebis sont belles de l’Église.

La deuxième attitude devant la proclamation de la lumière dans le monde, c’est de vouloir s’approprier cette lumière.
C’est le geste de Eve qui cueille le fruit, le geste d’Adam qui partage le fruit.
Il y a un mystère qui nous dépasse, l’Église est un mystère qui nous dépasse, mais certains n’arrivent pas à lâcher leur jugement.
Or un jugement qui ne lâche rien, qui n’accueille rien, il reste très court.
Il garde ce qui lui plaît, il critique ce qui ne lui plaît pas. Il tourne sur lui-même.
Il peut cependant accepter, avec le temps, une purification qui vient de Dieu.

Enfin il y a la troisième attitude.
j’ai croisé, sur le long chemin qui passe à travers les pâturages, des brebis  qui disaient, en bêlant bien sûr :  » on ne veut pas écouter la voix du pasteur. On sait quand même mieux que notre pasteur quel est notre pâturage le meilleur».
Et les voilà toutes guillerettes s’en allant prier, s’en allant trouver des pâturages de piété ou même des pâturages qu’elles appelaient de ‘charité’.
Si vous en croisez une un jour, vous la reconnaîtrez à ce qu’elle est devenue sourde.
Les brebis qui se croient leur propre pasteur deviennent toujours sourdes .
Une brebis qui n’est pas en vérité ne reconnaît pas son berger, ni sa voix ni son allure.
Et comble de drôlerie elle va dire à tout le monde : « ne dites rien au pasteur..  la vraie Église, c’est moi qui l’a connaît…  »
On est dans le ridicule, mais ça fait de la peine.
Parce que cette histoire se termine toujours comme la fable du berger et de ses brebis.
Vous connaissez cette fable de La Fontaine ?
Il y a un loup et un troupeau.
Guillot, le berger, s’aperçoit que le loup a gobé Robin mouton, son mouton chéri.
Et il se lamente… je cite en raccourci :
« Robin mouton, qui par la ville me suivait pour un peu de pain,
Et qui m’aurait suivi jusqu’au bout du monde.
(…)
Il me sentait venir de cent pas à la ronde.
Ah! le pauvre Robin mouton !
(…) [Après s’être plaint de son cœur brisé…], le berger harangue tout le troupeau
Les chefs, la multitude, et jusqu’au moindre agneau, les conjurant de tenir ferme ;
Cela seul suffirait pour écarter les loups.
Foi de peuple d’honneur, ils lui promirent tous de ne bouger non plus qu’à terme.
(…)
Chacun en répond sur sa tête.
Guillot les croit et leur fait fête.
Cependant, avant même qu’il fut nuit il arriva nouvel encombre:
Un loup parut… tout le troupeau s’enfuit.»
Mais attendez ! La superbe conclusion de la fable…
« Ce n’était pas un loup, ce n’en était que l’ombre. » !

Je n’ai quasiment jamais vu d’exception à cette règle.
Une brebis qui a perdu la communion avec son berger elle se retrouve perdue sur sa montagne, aveugle la plupart du temps, stérile de toute façon.
Et j’ajouterai, elle se retrouve assoiffée de vengeance et broutant la rancœur et désirant mettre la division dans la bergerie toute entière.
Pourquoi, je n’en sais rien, mais c’est toujours ainsi.
Ça m’est si habituel que je ne peux éviter un sourire à retrouver cette situation pourtant bien triste.

Pour en arriver là, il lui a suffit de ne pas accepter une seule parole d’humilité.
C’est toujours l’orgueil qui casse la communion.
Toujours.
Dans tous ces genres de situations on retrouve les racines de l’orgueil.
Soit larvé et secret, soit violent et impatient.

En fait, pour ce petit conte de la brebis égarée, il a beaucoup de variantes.

Il y a ainsi des brebis qui se déguisent en loup, (dans les fables de La Fontaine c’est l’âne qui prend la peau du lion. Il finit très mal.)
Une variante c’est qu’une brebis qui se déguise en loup risque de tuer d’autres brebis.
On reconnaît facilement une brebis qui a été tué par une autre brebis.
Le loup, c’est-à-dire le démon, il égorge.
Une brebis qui se déguise, elle va pousser ses amies dans le ravin pour les faire périr.
Ce n’est pas le même mode opératoire.
Là où ça fait de la peine, c’est quand une brebis qui se croit berger est suivie par une dizaine de moutons.
Car elle les poussera tous dans le ravin avant de se déchirer elle-même dans les buissons épineux.

Vous connaissez la parabole du Bon Pasteur qui va chercher sa brebis.
La brebis très haut dans la montagne…
Elle bêle, il la prend sur ses épaules…
Mais si cette brebis a été tondue par l’orgueil, le berger ne pourra pas la ramener au troupeau tant qu’elle ne reconnaîtra pas qu’elle est une brebis perdue.

En fait, il y a un clivage entre ceux qui ont la foi et ceux qui n’ont pas la foi, mais aussi entre chrétiens entre eux.
Il y a ceux qui se reconnaissent comme brebis perdue.
Oh… évidemment, leur laine n’est pas toujours très propre.
Mais elles gardent l’oreille attentive à la voix de leur berger.
Même si elles se sont égarées. Elles bêlent en vérité.
Et puis il y a la brebis tondue par l’orgueil.
Qui paraît même parfois plus propre que les précédentes.
Mais elle ne reconnaît ni le berger ni sa condition de brebis.
Elle peut prendre tous les déguisements possibles pour échapper au berger.
Elle peut manger à tous les râteliers. Celui du boeuf et celui de l’âne.
Elle ne fera jamais l’Église.
Parce que la sève de l’Église c’est la communion puisée puisée au cœur de Jésus.
Communion puisée dans l’intelligence de l’obéissance à son Église.
À son premier pasteur qui s’appelle désormais Léon XIV, et à ses pasteurs qui s’appellent Paul, Barnabé, Augustin, Martin, Edouard ou Jacques…
Obéissance aussi à la Providence comme le vit magnifiquement l’Eglise des premiers siècles.

Deux options mes chers frères et sœurs :
L’humilité de la communion du cœur. Le risque de la foi, profonde et amoureuse.
Ou bien
La tonte de l’orgueil et de son maître ‘le Diviseur’ qu’on ne veut pas lâcher. Et l’égarement stérile dans la nature .

HOMELIE DU TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES

On pourrait se dire :
« notre religion, notre religion catholique, chrétienne, c’est une religion de malades ». Les apôtres viennent de se faire fouetter, et interdire d’enseigner au nom de Jésus. C’est pas inoffensif, dans quelques semaines certains vont mourir, lapidés pour cette raison. Eh bien, « ils repartent tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus »… Ils sont contents !
Et ça fait partie du pack de notre foi. Ce n’est pas subsidiaire. La venue du Christ est venu donner une solution à la souffrance. Par conséquent, le chrétien est quelqu’un qui doit donner une réponse, par une implication au profond de lui-même, avec la souffrance. En fait, il y a 3 sources de souffrances qui se rejoignent en nous. Première source :
Indispensable pour un disciple du Christ… et de première importance :
La souffrance provoquée par la purification de notre cœur. Qui doit être accueillie, demandée même. Il n’y a pas de chrétien sans purification intime du cœur. Le premier combat de la foi il est dans notre corps, dans notre esprit, dans nos entrailles, dans notre psychologie, jusqu’à la fine pointe de notre âme. C’est le combat invisible, que l’on ne peut pas mesurer mais c’est par l’engagement de ce combat et son issue que l’homme de foi va trouver sa vérité et pouvoir engager d’autres combats à d’autres niveaux. Deuxième niveau ou deuxième source :
Les obstacles sur le chemin. Qui seront d’abord les réactions contraires de ceux qui ne veulent pas de la vérité. Tous ceux qui se bouchent les oreilles d’une façon ou d’une autre. Ceux qui trouvent toujours des raisons pour échapper au message de vérité. Ils ont peur. Et peuvent devenir violents. Certains pour éviter le chemin de vérité préfèrent le défoncer.
La persécution devient active, humiliante. Tous les coups sont permis. Ils font mal. Le Christ qui annonçait la grâce de Dieu, le bonheur d’une vie pure, fut la cible d’un jeu de massacre de ceux qui ont eu peur. Troisième niveau :
C’est la généralisation du mal aux dimensions du monde. Aux dimensions du diable. Et aux dimensions de la rédemption. Pour celui qui suit le Christ c’est la Croix, où le mal se déchaîne. Mais la Croix qui prend son sens de salut du monde. La grande difficulté, c’est que rien n’est absolument défini et ce combat n’est pas propre. Quand les apôtres disent : « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. »
C’est clair comme situation. ils savent qu’ils vont recevoir des coups des hommes. Et parce qu’ils sont en vérité ils vivent une joie pure. Mais le combat dans la réalité de tous les jours n’est pas aussi net. On n’arrive pas à distinguer les souffrances de purification des souffrances de persécution. On n’arrive pas à distinguer ce qui tient à notre propre mal et nous diminue, de ce qui tient au mal injuste qui vient des autres ou encore au mal offensif qui vient du démon. Toutes ces souffrances s’entremêlent, les unes méritées, si elles ont purificatrices, et qui sont bonnes. Il y a celles qui sont pour le nom de Jésus et celles qui sont les fruits de nos fautes personnelles. Pour Jésus et pour la Vierge Marie, leurs souffrances ont été totalement pures, sans mélange d’imperfections. Mais pour nous il n’en est pas ainsi. Chacune de nos souffrances découvre le mal qu’il y a en nous, que nous avons peut-être favorisé, le mal qu’il y a dans les autres, et le mal du démon aussi contre l’Église et son Sauveur. Alors comment s’en sortir ?
On ne peut se sortir de cette situation embrouillée qui nous plombe la vie sinon par celui qui est digne, l’Agneau immolé. Notre religion oui, et une religion de malades.
« je ne suis pas venu pour les justes mais pour les malades et les pécheurs »
Notre secours est dans le seul Nom du Seigneur. Si nous nous confions à Dieu, si nous avons recours en tout temps à l’Agneau immolé, ce n’est pas pour arriver à un état de perfection glorieuse, ce n’est pas pour être un super homme parfait, mais c’est pour accepter, encore et encore, nos défauts, nos défauts que l’on déteste. Et qui nous entravent sans vraiment les comprendre. Ces défauts détestés qui nous valent les combats intimes. Il n’y a qu’une profondeur de vie et d’amour qui nous permet d’accéder à une lumière plus paisible. C’est la communion à l’Agneau immolé et ressuscité, et à sa vie éternelle. Alors, avec Lui toute souffrance devient rédemptrice . Si l’on cherche une solution autre, on ne s’en sortira pas. Tout ça est mystérieux, ça nous dépasse. Mais si Jésus est venu, ce n’est pas pour faire une dissertation à notre mesure. C’est pour nous inviter à vivre un nouveau mystère prévu depuis la Création du  monde. La Résurrection de Jésus c’est le dernier mystère mis  au jour dans le Plan de Dieu. Pour nous, il est encore tout neuf. Et difficile d’entrer  en communion pleinement avec lui. Mais si l’on ne proclame pas que Jésus est ressuscité, si on ne le vit pas dans tout  ce qui est pauvreté en nous, il manque alors une issue à la nature de l’homme. L’homme reste dans l’impasse sans la Résurrection vécue, participée, de celui qui nous dit : « m’aimes-tu ?  » Remarquons, chers frères et sœurs, les derniers mots de Jésus avant son retour au ciel. « M’aimes-tu ? … suis-moi »
Notre religion de malades vit sur ces deux paroles : « m’aimes-tu ? … suis-moi »
Toute l’histoire du monde, de l’humanité, toute solution à l’impasse de notre monde malade, est contenue dans cet unique programme :
’ Est-ce que j’aime Jésus jusqu’à sa Résurrection ?’
’ Est-ce que je l’aime jusqu’à le suivre ? ’

DEUXIEME DIMANCHE DE PÂQUES – DIMANCHE DE LA MISERICORDE

À quoi se reconnaît Jésus ressuscité, quand il se présente ? que dit-il…?
 » la paix soit avec vous  »
Jésus est venu apporter la paix.
La paix du cœur.
La paix des cœurs blessés.
Par le pardon.
Quand je dis la paix du cœur, c’est la paix de tout notre être.
De notre affectif.
De notre tête.
De nos journées et de nos nuits.
La paix de nos angoisses.
De nos peurs.
De nos complexes et de nos blocages.
La paix de notre corps et de notre âme.

Aujourd’hui, c’est le dimanche de la miséricorde.
Qu’est-ce que ça veut dire ‘miséricorde’?
Ça veut dire que Dieu a choisi la miséricorde comme le remède pour nous donner la paix. On aurait pu l’appeler le dimanche de la paix.
Dieu veut que nous soyons en paix. En harmonie, tout simplement; en bonne santé.
Dès ici-bas.
Et dans une paix qui nous deviendra permanente et en plénitude quand nous serons près de lui, au Ciel.
Les mots que prononce le Christ après sa Résurrection, son message, consiste en ceci :
‘ reconnaissez-moi. c’est bien moi’
Et alors ? hé bien : ‘ soyez dans la paix ‘
Et alors ? Hé bien : ‘ dites-le ! annoncez cette nouvelle à toutes les nations ‘

Thérèse d’Avila encourageait ses filles en leur disant :
« La paix ! la paix !… c’est la parole sortie de la bouche du Divin Maître, et qu’il a tant de fois adressée à ses apôtres.
Mais croyez-m’en, si vous ne l’avez point, si vous ne tâchez pas de l’avoir en vous, vous travaillerez en vain à la chercher hors de vous. »
[chateau intérieur p355]
En fait, le signe le plus probant d’une relation d’amour avec notre grand Dieu, c’est une paix intime, la quiétude de l’esprit et de la volonté.

Et pourtant, c’est quand même étonnant, combien de chrétiens se complaisent dans le trouble et cultivent le trouble !
Il y a une sorte d’addiction au bruit, aux inquiétudes, au stress et aux affaires trépidantes; aux médisances.
On va dire : ‘c’est notre société’…
« Il faut bien se battre pour vivre. »
« se battre pour la justice, pour la vie, pour nos enfants. »
Mais en fait on se crée du stress et même on le recherche par une sorte de malin plaisir.
Et quand on n’en trouve pas on se fabrique des inquiétudes, on se fabrique des combats contre le vent.

Pourquoi y a-t-il si peu d’adorateurs ?
Pourquoi si peu de témoins de la foi en Jésus-Christ ressuscité ?
C’est très simple : Parce que la paix fait peur .
On va être de grands combattants de la morale ou de valeurs très belles, de valeurs chrétiennes..
On va défendre de belles causes : les pauvres, la veuve et l’orphelin, le Syrien, l’Ukrainien ou le Palestinien… Les femmes brimées et les enfants exploités.
Tant d’innombrables belles causes.
On va viser un meilleur équilibre du monde, de son écologie,
Ou même un meilleur équilibre de l’Eglise, de sa liturgie, de ses pasteurs, que sais-je ?
Mais si on n’a pas la paix de l’esprit et du cœur, la paix que Jésus ressuscité suscite au profond de nous, nous annonçons des idées et de beaux projets qui sont humains, nous développons des idéologies qui sont mêmes teintées catholiques.
En quoi sommes nous différents des païens ?
Si nous apportons nos combats dans les combats de notre monde, en quoi nous appelons la grâce sur nos frères ?
« le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. »
Ce sont les Paroles d’Isaïe qui annoncent la paix du Christ et l’amour miséricordieux de notre Sauveur. [Is 66 12-15]

Parce que le salut que nous devons apporter aux nations, c’est notre paix.
En fait, non ! : c’est la paix du Christ…

Et si on se précipite dans toutes les nouvelles infos, les nouveaux combats, les questions qui durent 15 jours, les doutes entretenus par les médias, les émotions et l’annonce des malheurs qui se succèdent, nous ne pourrons jamais dire au Seigneur:
« parle ton serviteur veut écouter la paix de ton cœur divin»
On se fera des illusions d’être sauveur du monde …!
Et on sera de faux justiciers sous apparence de chrétien.

Le chemin préparé par le Christ et qui s’épanouit avec la Résurrection est une onde de choc de son silence d’amour.
Si on veut que le Saint-Esprit souffle en notre âme pour annoncer une grâce de guérison, nous devons nous détacher des affolements du monde, et des démangeaisons par le jeûne des infos et du virtuel et des inquiétudes.

Cette paix, l’homme ne la perdrait jamais, s’il savait mettre en oubli tout ce qui alimente ses émotions et son imagination.
Notre esprit est si fragile à se stabiliser..
Et combien de manques de charité éviterions-nous si nous savions rester en dehors des affaires qui ne nous regardent pas.

Je terminerai par les paroles d’un homme de paix qui écrivait :
« Quand le monde entier viendrait à s’effondrer, quand les événements les plus contraires nous accableraient de toutes parts, le trouble resterait aussi vain;
Il ne ferait même qu’ajouter au mal, au lieu d’y remédier.
Tout endurer dans la paix, avec égalité d’esprit, non seulement apporte à l’âme des biens sans nombre, mais aide, au milieu des adversités, à en juger sainement, à y donner même le remède le plus convenable. » fin de citation

Et qu’est-ce qui apparaît quand une âme goûte à cette paix ? :
La vérité de la Résurrection.
Nous comprenons la Résurrection et que nous sommes ressuscités avec le Christ quand nous goûtons à la paix du Sauveur de miséricorde.