PENTECOTE 2025

​​Parler en langues

Frères et sœurs, si vous êtes là pour cette messe de Pentecôte, c’est que, d’une certaine façon, vous cherchez l’excellence.

Noël, c’est la fête de l’admiration, de l’étonnement; notre monde est percé par une lumière pure brillante comme une petite étoile.
C’est l’oeuvre du Père qui envoie le Fils.
Pâques, c’est la fête de la libération, ( pas celle de telle ou telle guerre, mais la libération de la fin des temps) fête de la grandeur.
‘Enfin ! ça y est ! on peut respirer par la Résurrection.
On peut sortir de l’air vicié de notre monde.
C’est l’œuvre du Fils qui entre pour nous dans la Gloire.
Pentecôte, c’est l’excellence… c’est le silence juste après la dernière note de la symphonie et juste avant l’explosion des applaudissements.
L’instant de plénitude et d’harmonie. Tout est accompli.
L’Église sort de sa chrysalide…
C’est l’œuvre du Saint Esprit, de la circulation d’amour entre l’Amour et l’Amour…
L’amour Père et l’amour Fils.
Entre l’Amour qui engendre et le même Amour qui répond et se donne dans une joie infinie d’être aimé.
Et bien c’est lui ! cette plénitude jaillissante de lumière et d’amour qui vient communiquer son éternité… à notre terre.
Dans nos pauvres âmes.

On a le droit, frères et sœurs, de goûter à l’excellence.
Évidemment, ça nous fait un frisson.
Par le Saint Esprit , notre image  de Dieu, dans notre âme très intérieure, trouve sa correspondance.
Disons, son éclosion.
Et c’est pour ça alors que tout notre être peut être activé dans ses meilleures possibilités.
Mais cela c’est une œuvre que nous ne pouvons pas fabriquer, que nous ne pouvons pas imaginer.
C’est l’inspiration créatrice uniquement de Dieu qui vient pénétrer et enveloppé notre cœur embué, ’emboué’ ( ’emboué’,  c’est-à-dire lourd de la boue de la nature humaine et du péché humain..)
De la Pentecôte vont jaillir toutes les œuvres qui viennent couronner l’oeuvre du Christ.
Mais il ne s’agit pas d’œuvres bonnes et pieuses.
Nous comprenons que nous sommes fils…! C’est une autre affaire.

Être fils, c’est quand même d’une autre mouture que de faire des ‘œuvres bonnes’.
Le serviteur ou l’esclave cherche à faire des œuvres bonnes; le fils il attend la tendresse du Père.
C’est une caresse pour notre cœur abîmé, une caresse qui sauve tout, même si notre cœur reste blessé.
C’est quand même fou…
l’Esprit, le Saint Esprit, attendrit, c’est-à-dire ‘rend tendre’ notre cœur. Et pur …
Ce n’est pas étonnant qu’il fasse couler des larmes, douces.
On pourrait penser qu’une rencontre sentimentale fasse fondre notre cœur, hé bien, non, c’est l’Esprit Saint qui fait fondre.

« Mais il est trop haut le Saint Esprit  ! il est trop perché! » diront certains.
En fait, ceux qui n’ont pas le Saint Esprit pensent ainsi?
Parce que l’Esprit Saint il est l’esprit de vérité, et la vérité de notre cœur c’est qu’il est pauvre et qu’il a besoin de pleurer de pardon et de désir de communion.
Sa vérité, c’est qu’il a besoin, non pas de faire de ‘bonnes choses’, mais d’appeler un Père.
De trouver son père.
Ne l’oublions pas, l’Esprit Saint est le lien d’amour entre le Père et le Fils.
Si on touche l’Esprit Saint ou plutôt si on se laisse toucher par lui, pénétrer, on entre dans la reconnaissance de la tendresse du Père, nécessairement; et cette tendresse, elle va couler, c’est le psaume ( 133 ) qui le dit comme un parfum qui descend sur la barbe d’Aaron, elle va couler sur nos frères.

Tant que le chrétien n’est pas fini par le Saint Esprit , c’est un chrétien très fragile.
C’est un chrétien qui toutes les 5 minutes n’est plus chrétien.
Mais le Saint Esprit  peut venir finir un cœur qui n’est pas fini.
Un cœur blessé.
Il peut donner la joie à un cœur qui pleure.
Ou plutôt il vient ouvrir la voie à  un cœur qui ne refuse pas la tendresse du Père.
La tendresse du Père c’est la grâce qui fait battre notre cœur sur des accords d’éternité.
Ce qu’on attend tous en fin de compte.
Ça c’est le génie du Saint Esprit .
Il peut donner la force à un cœur qui va comme il peut avec ses extrasystoles et ses silences inquiétants et qui ne peut même pas mettre un pied devant l’autre sans trébucher.
Il peut donner la lumière, comme une aurore boréale, à une âme qui navigue dans les ténèbres.
Il peut donner de la douceur à un cœur qui a peur de tout ou qui est violent de tout, même contre lui-même.
À quelqu’un qui croit tout savoir, c’est-à-dire à quelqu’un qui n’a pas de jugement, parce qu’à quelqu’un qui croit tout savoir manque inévitablement de la noblesse d’esprit..
Et bien à quelqu’un qui n’a pas de jugement, le Saint Esprit  peut donner l’intelligence,  c’est-à-dire l’humilité.
C’est l’humilité qui est la plus belle des sciences.
Alors nous est révélé que tout ce qui n’est pas Dieu, c’est du vent.
Il y a rien de plus difficile pour Dieu que de donner  l’intelligence à quelqu’un qui n’a pas l’intelligence, c’est-à-dire qui se croit intelligent.
Le Saint Esprit peut y arriver !
Et puis le Saint Esprit, en même temps, il peut rendre claire notre foi. Il peut effacer nos doutes.
Pas par nos logiques fumeuses, mais en engageant notre être dans la communion à Celui qui est Vérité.
C’est complètement inédit.
Inutile de chercher des similitudes dans le monde.
Le monde il est largué avec le Saint Esprit .
Le Saint Esprit emprunte toujours l’itinéraire du cœur pour pénétrer l’intelligence.
Il n’y a que lui qui peut faire ça.
Et enfin, à celui qui cherche dans tous les sens quelques satisfactions, l’Esprit Saint enveloppe son cœur d’une saveur qui est la présence de Dieu.
Et qui comble toute frustration.
Il n’y a que l’Esprit Saint qui nous donne le goût de l’amour de Dieu.
Ce goût qui nous rend affamé de l’intimité éternelle.
Vous les avez reconnus, frères et sœurs, je viens d’évoquer les sept dons du Saint Esprit qui nous ouvrent le Ciel pour nous permettre de communier à un bonheur qui est plus grand que nous.

Vraiment, la Pentecôte c’est la fête qui réveille notre pauvreté, qu’on pourrait nommer plus justement de la misère, pour nous dire intimement :« tu es choisi(e). le Seigneur te veut dans son intimité d’un amour privilégié. »
C’est un peu comme si une bourrasque qui vient du ciel découvrait à la toute petite fourmi qui ne pèse rien, qu’elle a la puissance de déplacer la montagne au pied de laquelle elle vit.
En fait de déplacer la lourde montagne de son cœur dans la case bonheur.
Et bien ça, il n’y a que le Saint Esprit  qui peut le faire.
Ouvrir un cœur qui n’a jamais été ouvert.
Mais pas l’ouvrir pour une demi-heure, et puis s’en va…
L’œuvre du Saint Esprit elle se fait tellement en profondeur que tout ce qu’il fait c’est pour l’éternité, d’une œuvre qui demeure.
Cependant, des trois, le Père le Fils ou le Saint Esprit, c’est ce dernier qui passe le plus ni vu ni connu.
 » quand le Saint Esprit  nous a donné sa carte d’invitation, le Père et le Fils peuvent établir leur demeure dans notre âme.
Évidemment, comme nous sommes très maladroits, ils cachent leur présence pour qu’on ne salisse pas tout.
Ils la cachent dans l’obscurité de la foi, et ils la cachent dans l’éblouissement de la grâce.

Ça a l’air peut-être incompréhensible ce que je dis, mais ne sommes nous pas le jour où l’on peut parler en langues …?
Alors si vous n’avez pas bien compris, chers frères et sœurs, dites-vous simplement que le curé il a parlé en langues.
Ça paraît très curieux, mais aujourd’hui c’est possible, c’est un effet aussi, surérogatoire, du passage du Saint Esprit …..
Un petit luxe !
Vous pourrez donc dire que, une fois dans votre vie, vous avez véritablement entendu quelqu’un parler en langue……. !

Mais si vous voulez retenir quelque chose, j’arrête de parler en langue..
Dites-vous que le Saint Esprit n’attend qu’une chose :
Que nous soyons décidé à nous convertir, à changer, et que nous lui demandions avec insistance.
Il se charge du reste.
Sinon, les dons du Saint Esprit  :
‘ niet ‘! 

SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES 2025

« viens! », « oui, je viens…»
«   viens, Seigneur Jésus ! »
On dirait qu’il y a comme une obsession.
Et Jésus… veut qu’on devienne parfaitement un…» Là-dessus, je crois qu’il souffre toujours.
Étienne, lui, a trouvé le chemin…

« voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu »
Mais qu’est-ce qui nous apparaît dans tous ces textes, en perspective ?
Et bien justement, il apparaît que notre vie ne se suffit pas, et que le dernier cri de l’homme c’est  : « viens » !
Au terme de notre vie, au terme de notre monde, au terme de nos désirs, nous attendons un accomplissement.
Au terme de sa vie, notre chien, le lapin des champs, le rossignol ou le moustique, n’attendent rien.
L’homme, lui, attend, au-delà…
Ces textes qui nous ouvrent a une beauté finale.
Il y a quelque chose en nous qui est avide, comme une nostalgie, d’une beauté parfaite, d’une jouissance sans fin.
Nos petites jouissances d’un moment, même si elles durent 30 ans, sont toujours insatisfaisantes, surtout quand elles sont basées sur des abrutissements.
Ce désir qui brûle dans les profondeurs c’est ce qui fait l’homme.
Si l’homme ne va pas jusqu’à lui, il n’existe pas à sa hauteur d’homme.
Il devient animal, avec une vie de poussière parmi les autres poussières des astres et du vent.
Mais il y a en nous une faim, une faim d’être infini, en permanence.
Comme une vague de fond qui vient du secret de notre âme.
On ne la voit pas, mais c’est elle qui fait les grands remous de surface.
Parfois elle signe, mais le plus souvent elle ébranle les profondeurs de notre personnalité, sans donner son nom.
Et on a de cesse de plonger dans cet océan de joie.
Voilà pourquoi l’homme est si mal quand il regarde le bout de son nez, le bout de ses intérêts ou le bout de ses souffrances.
Parce qu’il refoule la vague de fond.
Et refouler la vague de fond de nos désirs, ça demande des énergies démesurées, et ça provoque maladies et souffrances.
Et voilà pourquoi l’homme est si bien quand il goûte quelqu’avant-goût de la vie éternelle.
Quand une étincelle de grâce le fait frémir jusqu’au fond de lui-même.
Il sait qu’il ne peut pas bénéficier de la vague de fond immédiatement, mais il la rejoint par une étincelle, un avant-goût d’éternité, qui est en fait une expérience d’union avec la divinité.
C’est pour ça que l’homme est fait.
Et quand il fait cette expérience, tous les remous de surface ne lui font plus peur parce qu’il devient obsédé par le désir de la vague de fond.
« viens »
Un chrétien c’est celui qui dit « viens ».
Et rien d’autre ne l’intéresse.
Tout le reste c’est de la paille qui brûlera au feu.

Ce « viens », on peut le décliner de nombreuses façons.
Quand on demande pardon, on dit  « viens Jésus ».
Quand on va communier, par le fait même, on dit « viens ».
Quand on se marie, c’est pour dire à Jésus : « viens en lui, viens en elle ».

Et il y a 3 degrés, 3 façons de dire « viens ».
Il y a la façon : ‘ fais-moi plaisir.’
C’est-à-dire ‘calme mon désir’.
Et toute notre vie nous essayons de calmer nos désirs.
Parce que le désir fait mal.
Le désir peut même nous faire perdre la tête de douleur.
Généralement, on veut le calmer.
J’ai faim… je mange.
J’ai envie… de boucles d’oreilles, de chaleur, de découvertes, alors je m’achète des boucles d’oreilles, je vais à la plage, j’achète un billet pour les Caraïbes.
C’est ce que la Bien-aimée dans le Cantique des Cantiques appellent ‘les petits renards’. (2, 15)

Ils peuvent même être des grâces sensibles. Ils peuvent nous évoquer Dieu.

Ils nous occupent un instant, ils nous soulagent, et puis d’autres désirs se creusent. Et on aura besoin d’autres petits renards.

C’est le premier degré.
« viens », « viens », et 100 fois par jour le désir se creuse et trouve, ou ne trouve pas, sa satisfaction.

Il y a un deuxième degré de désir qu’on peut nommer par son nom ‘d’amour’.
C’est celui qui cherche une permanence.
Et la permanence elle ne se trouve qu’au fond de notre âme.
Une âme éprise d’amour cherche un repos durable.
Je devrais plutôt dire une paix durable.
C’est la paix du Christ tout simplement, que le monde ne connaît pas.
La paix du Christ c’est le vide de la solitude en nous qui est comblé par une Présence.
Comblée par un amour qui est toujours dans un mouvement de croissance.
Or, pour atteindre cet amour qui est autrement plus nourrissant que les petits renards, il faut accepter de ne pas combler les désirs de la chair.
Pas uniquement notre sensibilité, nos sentiments, nos pulsions, mais aussi notre psychologie et nos curiosités de tous les jours.
Quand on accepte de rester insatisfait, inassouvi, alors on peut ouvrir la porte des profondeurs de notre âme qui sera comblée de paix.
C’est très difficile d’ouvrir cette porte, surtout quand on est jeune, et surtout si l’on prête attention à toutes les sirènes si séduisantes de notre société.
C’est un signe que l’on entre dans la paix profonde de l’esprit, que de porter nos désirs sans les assouvir.
C’est un signe de la grâce, de maturité spirituelle.
Avant que la présence de Dieu pénètre notre âme, il y a toujours les grands remous des frustrations.
Si l’on essaye de tenir la barre vaille que vaille dans les grands remous des désirs inassouvis alors Dieu nous fera goûter la paix très douce de sa présence lumineuse.
Il restera toujours cet appel : « viens » mais il sera une douce plainte comme une musique de fond paisible.

Et enfin, il y a le troisième degré.
Parce que notre âme ne se suffit pas de cette plainte.
Elle veut l’union avec son Dieu, avec celui qui est source de son être.
L’union éternelle.,
Et cette union elle ne sera qu’au retour du Christ.
C’est le cœur à cœur avec Dieu que l’on attend en tant que chrétien dans l’espérance.
Ou tout autre désir sera oublié.
C’est le  « viens » du texte de l’Apocalypse d’aujourd’hui.
C’est aussi le  « viens » de Saint Étienne qui contemple les cieux ouverts.

On retrouve ces différents degrés d’attente et de joie chez les artistes.
Par exemple dans la poésie de Jules Supervielle.
« être homme ou minéral, d’air pur ou de tourment c’est attendre quelqu’un qui tarde à s’éveiller. »
C’est le deuxième degré,  « où l’âme vient à la lumière.»
Et puis dans un autre poème, il écrit :
« un instant dont l’homme est maître, au point le plus secret du cœur, noue et dénoue l’éternité ».
J’ajouterai, quand l’homme a trouvé le sentier de la prière..
Alors oui, Dieu se plaît à venir, à le rassasier de sa grâce et de sa paix.  

ASCENSION 2025

Première lecture : les Actes des Apôtres.
L’Évangile : l’Évangile selon saint Luc.
Tiens… qui a écrit les Actes des Apôtres ?
Il ne s’en cache pas. C’est Luc.
C’est le même Luc.
Qui nous donne une leçon.
Une leçon de lecture de l’Ecriture Sainte et d’Esprit Saint.
Luc, le médecin, historien, méticuleux.
Compagnon de Paul, mais ça c’est une autre affaire.
C’est Luc, et lui seul – ça montre l’application qu’il a mise dans sa recherche – lui seul qui relate l’enfance de Jésus.
Donc… Luc conclut son Évangile par le récit de l’Ascension.
Dernier acte de l’Évangile selon saint Luc :
‘ Jésus prend les apôtres. Il les emmène sur la colline en direction de Béthanie, à l’est de Jérusalem. Il leur parle. Les bénit. Et disparaît pour toujours. Ou presque, puisqu’il reviendra. Mais enfin, il y a encore un peu attendre, puisque c’est à la fin des temps.
Il les bénit et ils repartent tout joyeux annoncer la Bonne Nouvelle, l’immense nouvelle, la nouvelle de la fin des temps et de la lumière divine sur le monde.’
Voilà comment se termine l’Évangile écrit par Luc.

Et puis Luc a envie de raconter ce que lui-même a vécu de près, lui et ce que lui a raconté Paul.
Et il fait une introduction aux Actes des Apôtres.
Et il reprend le même épisode.
Le départ de Jésus.
L’introduction des Actes des Apôtres c’est la conclusion de son Évangile.
Mais il l’écrit différemment.
Sa conclusion était toute simple.
Son introduction des Actes des Apôtres est plus douloureuse. Et plus travaillée.
Avec des nuances qui vont rebondir sur ce que sera le vrai départ, c’est à dire la fête de la Pentecôte.
Et là, le tuilage entre les deux textes ne se fait pas complètement.
La petite promenade vers Béthanie, elle n’existe plus.
C’est au cours d’un repas que Jésus va partir.
La joie chez les apôtres, elle n’existe pas non plus.
Il va falloir attendre plusieurs jours, la venue très spéciale de l’Esprit Saint, qui va être le baptême de l’Église.
Au contraire, les apôtres sont inquiets, et même, ils ne comprennent pas.
Et même, dans les Actes des Apôtres, les disciples ne sont pas encore ajustés à la grâce de Dieu.
Qu’est-ce qu’écrit Luc dans l’Evangile … ?
« il les bénit. Ils se prosternent devant lui,
puis ils retournent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. »
Très bien, et dans les Actes ? :
« Seigneur, demandent-ils, est-ce maintenant le temps
où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? »
Jésus leur dit: « ce n’est pas fini.
Vous ne comprenez pas encore, mais ça va pas tarder. »
Et puis deux hommes, deux anges, finissent de les secouer en leur disant :
« bougez-vous ! c’est bon… il n’y a plus rien à voir, retournez chez vous »
Le même événement, traité très différemment par le même témoin, Saint Luc.
En raccourci pour l’Évangile. Tout en finesse psychologique dans les Actes des Apôtres.
Ce qui nous intéresse ce n’est pas l’analyse, c’est le passage de la grâce de Dieu à travers ces textes.
Et le passage de la grâce de Dieu à travers ces textes, c’est le passage de l’Esprit Saint à travers nos yeux et à travers notre cœur qui nous le garantit.
Ça c’est beau, c’est grand.
Ça nous indique comment lire la Bible.
On lit la Bible en étant aux aguets non pas du sens logique, mais du passage de Dieu.
( ça veut pas dire que le sens logique est absurde, mais il permet simplement la respiration de l’Esprit, jusqu’aux poumons de notre intelligence )

Et c’est à ce moment-là que l’Esprit Saint peut envelopper et irriguer notre cœur, notre cerveau.

Alors je voudrais simplement rebondir sur la question des apôtres à Jésus ressuscité.
« Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? »
Les apôtres ont encore dans la tête une conception qui n’est pas finie, une conception erronée de la mission et de la personne de Jésus.
Alors qu’ils ont vécu plusieurs années avec lui !..
Erronée parce qu’ils cherchent quelque chose d’établi.
‘Rétablir le royaume’…
Ils n’ont pas compris que le royaume, il est déjà là.
Que le Royaume des cieux ne ‘s’établit’ pas.
Que le Royaume des cieux, c’est un flot qui inonde invisiblement les cœurs.
Première erreur.
Et deuxième erreur :
‘Pour Israël’…
Ils n’ont pas compris, et ce sera la douloureuse et bienheureuse découverte de Paul, que la grâce de Dieu est devenue universelle.
Elle est pour toutes les nations.
Et que la Bonne Nouvelle du pardon des péchés, de la Résurrection glorieuse du Christ, de l’union à Dieu, elle n’est pas pour Israël, en tout cas elle n’est pas pour Israël d’aujourd’hui, elle est pour tous les pauvres de toutes les nations. Pour les pauvres uniquement, et certainement, pour Israël, quand il sera devenu pauvre… à la récapitulation de l’Histoire.
La Bonne Nouvelle, elle est pour tous ceux qui demandent pardon.
Et bien ça, les apôtres, ne l’ont pas compris.
Et Jésus une nouvelle fois avec douceur, leur dit qu’ils sont trop petits, trop courts dans leur vision.
Et que le baptême de l’Esprit Saint, ( la confirmation, c’est un baptême d’Esprit Saint), que les dons du Saint Esprit vont achever en eux la compréhension du mystère divin, la beauté de la présence de Dieu pour l’Église, et la grandeur du souffle de la grâce.

Et c’est pour ça que le départ de Jésus doit ouvrir à une nouvelle joie, qui n’est pas immédiate dans les Actes des Apôtres.
Parce que, vivre avec Jésus, c’était un premier baptême, mais les apôtres ont encore le nez dans le guidon.
Retrouver Jésus par l’Esprit Saint, c’est la dernière libération.

Et cela nous donne une leçon à nous, aujourd’hui.
On n’est pas chrétien parce qu’on est chrétien.
On peut être un chrétien qui n’a pas encore tout compris.
Un chrétien qui s’accroche.
À quoi ?
À une grâce dont nous ne voulons pas nous déposséder, qui devient une grâce fossile.
À une image de chrétien que nous pensons avoir ‘acquise’, ‘établie’.  (!)
Acquise par nos dévotions.
Acquise par les sacrements.
Ou même par notre fidélité.
Acquise par notre savoir de certaines vérités.
Acquise tout simplement parce que nous faisons partie, – en tout cas nous le croyons – de l’Église.
Et en fait nous n’avons rien compris.
Il nous faut perdre nos sécurités pour que l’Esprit Saint vienne enflammer nos cœurs du don de son amour.
Le moment où les apôtres voient Jésus s’en aller au Ciel, c’est le moment le plus triste, où ils perdent tout.
C’est le moment où ils doivent mourir de tout ce qu’ils ont vécu pour que ressuscite la joie de l’Église naissante.
Notre vie chrétienne, notre vie d’Eglise aujourd’hui, à nous, bons chrétiens qui venons à la messe le jour de l’Ascension, on peut se dire qu’elle n’est achevée dans la joie de l’Église, que si on admet de faire l’expérience de la perte de quelque chose dans notre vie.
Si on a fait l’expérience d’un échec, d’une mort, l’expérience du mystère de l’incompréhension pour un amour qui nous était promis ou cher.
Mais ça ne suffit pas…
Cette expérience doit être illuminée par l’Esprit Saint.
Alors oui, nous sommes l’Église… si nous sommes sortis de cette conception figée de la vie chrétienne, qui est une tentation à la stérilité, pour être vacciné par l’Esprit Créateur, l’Esprit Défenseur, l’Esprit de liberté et de force, l’Esprit de la joie de l’amour.
Ce fut peut-être le plus constant message de notre Pape François.
De libérer l’Église par l’abandon de ses rôles établis.
Quand l’Esprit Saint frôle notre cœur de sa pureté d’amour, alors notre cœur est blessé et brûlé, mais il est devient force et lumière de l’Église du Christ pour toutes les nations.
Nous devenons alors de véritables témoins.

HOMELIE SIXIEME DIMANCHE DE PÂQUES

« L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout. Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. »

Donc, frères et sœurs, l’Esprit Saint doit nous donner le sens de cette paix.

La paix que le monde veut donner et recherche n’est pas la même que la paix du Christ.
C’est la paix du Christ que nous recherchons.
La paix du monde ne nous intéresse pas.
Bien souvent, nous nous complaisons dans une confusion qui s’introduit souvent dans les prières universelles :
On prie pour la paix mais ce n’est pas la paix du Christ.
On glisse de la paix du cœur, de notre conscience et de notre âme, à la paix du monde qui est une paix de tranquillité à toutes les sauces.
« laisse-moi tranquille ! », voilà la paix du monde.
C’est la tranquillité qui n’est pas mauvaise en soi mais qui tolère les compromis et toutes les lâchetés.

J’aimerais à partir de la paix du Christ, et avec l’aide de l’Esprit Saint, pénétrer dans cette tranquillité empoisonnée de confusions pour laquelle vont voter les représentants de la nation : la tranquillité de fin de vie.
Cela est triste, d’assister au crépuscule d’une société.
Mais c’est surtout pénible d’être agressé dans notre conscience.
Nous portons les souffrances que s’infligent nos frères, aveugles ou déviés.
Nous les portons dans notre conscience et dans notre corps.
Le chrétien c’est celui qui a conscience de toutes ces souffrances et qui les porte jusqu’à la croix pour les offrir en pleurant à celui qui ne sait que aimer jusqu’au bout.

Alors ?
L’euthanasie… ce mot que notre monde moderne a renversé.
Il signifiait la grâce d’une mort paisible.
Il signifie maintenant une mort donnée dans un péché mortel partagé. Le suicide est un très grave péché contre Dieu.

Il faut bien se rendre compte que les philosophies ou les politiques qui oublient les fondamentaux de l’Église et de la foi n’empruntent pas les mêmes chemins, ni les mêmes codes, qu’une pensée éclairée par l’Esprit du Christ.
Nous sommes dans des chemins de pensée qui ne se croisent pas.

Le problème, c’est que pour se rendre compte des grandes erreurs idéologiques, et les reconnaître, il faut attendre les retombées de leurs massacres.
Nous le constaterons pour toutes les grandes idéologies éthiques, comme la culture wok, la libération de la paternité, de la maternité, de la sexualité.
Tous ces efforts de déconstruction des stéréotypes naturels.

D’où partent les pensées du siècle ? : D’un désir de tranquillité.
Un désir de plaisir immédiat.
D’un désir de confort social ou personnel.
Un désir de ‘ c’est pour ma pomme. Laisse-moi tranquille !’
Le plaisir, la tranquillité, le confort, butent sur les grands mystères de notre vie : la souffrance, le mystère de la vie et de la mort, le mystère du bien et du mal.
Un esprit qui ne respecte pas ces mystères en est irrité.
Il veut s’en délivrer. À tout prix.
C’est la ‘culture de mort’ que montrait du doigt Jean-Paul II, pour la honte de nos sociétés.
Et pour dévier les consciences, il n’y a pas mieux que de désigner une victime qui de préférence ne dira rien et qui sera même consentante à son rôle de victime.
Les plus faibles, les plus souffrants, ceux qui n’ont pas la parole: les nouveaux nés ou ceux qui n’ont plus la parole: les vieux et les isolés, feront bien l’affaire.
Tellement facile…!

La paix du Christ, c’est la correspondance de notre cœur à la vérité.
Ça ne veut pas dire une paix naïve.
Le chrétien ne se cache pas les yeux sur les difficultés et sur la souffrance.
Or, pour bien vivre et pour trouver la paix, le chrétien reconnaît d’abord sa nature.
Et voilà un mot qui est très dangereux pour tous les faussaires militants de notre siècle.
« La nature…! »
La nature des choses, la nature de l’homme et de la femme.
C’est un mot que les grands faussaires de l’esprit tentent au minimum de contourner, et au maximum de nier.
Ils vont multiplier les mots comme ‘ tolérance’, ‘respect’, ‘bien vivre’, ‘diversité’, ‘communication’, ‘responsabilité’, ‘autonomie’, ‘dignité’, que de verbiage !
Mais les idéologies modernes se bouchent les oreilles sur le mot ‘nature’.
Pour une première et bonne raison ( enfin, une très mauvaise raison…!)
C’est que si l’on admet qu’il faut correspondre à notre nature pour être en paix et heureux, on est obligé d’admettre qu’il y a un Dieu qui a fait notre nature.
Et qui peut faire notre bonheur, notre jouissance éternelle.
On est obligé de se soumettre à une sagesse supérieure.
Et on est obligé de découvrir et d’accueillir l’amour de Dieu.
Jusqu’à reconnaître que, sans la foi, il n’y a pas de salut, c’est-à-dire de bonheur, en dehors de la lumière du Christ que nous donne l’Église.

Et ça, c’est insupportable pour tous les idéologues de notre temps.
Ils préfèrent – ils aimeraient mieux trouver une autre solution, mais il y en a pas d’autres – ils préfèrent imposer une pensée absurde, qui ne tient pas debout.
Ils préfèrent déconstruire – que ce mot est vil et faux ! – déconstruire l’évidence plutôt que de reconnaître que Dieu les aime dans la nature qu’il a créée.

Le grand et premier clivage, il n’est pas dans les considérations de compassion, de diversités de genres et de sexualités, ni dans les inégalités, dans la lutte pour les opprimés, il n’est pas dans un faux respect d’autrui jusqu’à l’accompagner dans son suicide…
Ça, ce sont des sophismes, de la fumée pour cacher un malaise beaucoup plus profond.
Le malaise profond c’est que l’on ne veut pas reconnaître qu’il y a Dieu.
S’il n’y a pas de Dieu on en arrive à tout déconstruire parce qu’on veut faire croire que tout est construit et fictif.
Et quand on aura tout déconstruit, on déconstruira ceux qui ont déconstruit.
C’est le coup classique. C’est le train de Satan, en première classe.

S’il y a Dieu, il faut le rechercher et se donner à Lui.
Ça ne veut pas dire que c’est facile, mais ça donne une toute autre orientation à notre vie.
Et ça donne un tout autre sens à la souffrance, à la mort, à la peine.
Si la souffrance et la mort n’ont pas de sens dans la lumière du Christ sur la Croix, elles n’ont pas de sens du tout et on ne sait pas comment s’en dépêtrer.
Il faut les fuir, jusqu’au suicide.
Assisté ou pas…

Si l’on croit en Dieu, on croit en notre nature, bonne, mais blessée, et on croit en celui qui vient sauver notre âme : Jésus-Christ.
On croit en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.
On croit alors à l’amitié avec le Seigneur qui nous révèle la beauté profonde de notre être, même dans la vieillesse et la maladie.

On en arrive à légitimer ce qui n’a pas de sens.
Simplement pour le fait de refuser de façon catégorique au fond de soi, quoi?… la rencontre avec Dieu.
Oui, il est vrai que l’on peut être déçu de notre monde, déçu de nous-même, déçu de toute cette souffrance qui provient de nos détachements forcés, de nos échecs et de toutes les morts que nous vivons.
Mais le croyant ne donne pas une solution par la logique, il donne sa solution par l’amitié de charité.
Et cette solution il la trouve comment ? où ?
Il la trouve dans le recoin secret où il peut se mettre à genoux et prier.

L’homme ne trouvera une solution à la souffrance et à la mort et à toutes les diminutions de ses possibilités, qu’en tendant les mains vers Dieu.
Dans la foi, avec obstination.
Alors, parce que Dieu aime les profondeurs de notre âme, et de notre corps, nous pouvons trouver la paix.
Et je peux rejoindre mon frère blessé dans les profondeurs de son âme, parce que Dieu veut le rejoindre dans les profondeurs de son âme blessée, comme la mienne.
Alors, oui, on entre dans une culture de vie, une culture de vraie amitié, une culture de la beauté, dans la vérité de l’autre.
Même si cet autre est souffrant ou diminué.

En voulant soulager des souffrances sans Dieu, on rajoute des tortures à l’homme.
Les tortures de conscience crieront beaucoup plus fort et provoqueront des dégâts physiques supplémentaires.

Si on ne veut pas demander le pardon de Dieu, alors on demande l’euthanasie des consciences qui crient trop fort leur malaise.
La conscience religieuse peut seule venir à bout de toutes les souffrances.
Tant qu’elle sera ignorée et combattue, par stéréotype et par principe, la culture de mort sera le seul échappatoire.

Bien sûr, la conscience religieuse compose avec la misère humaine.
Le fanatisme et le pharisaïsme sont ses grandes déviations.
Il faut toujours être aux aguets pour nous-mêmes et pour notre communauté de ces deux écarts pervers de la religion.
Mais ce n’est pas parce que la religion est toujours dans un équilibre fragile, qu’il faut choisir la solution du suicide de toute une société.
Ce n’est pas parce que l’homme est pollué par le fanatisme ou par le pharisaïsme qu’il faut lui arracher son cœur et sa conscience.
Solution pire que le mal à combattre.

Soit l’homme se met à genoux, écoute la parole de vérité qui sort de la bouche de Dieu et qui est portée par l’Église. Alors il embrasse la croix du Christ qui le sauve. Et il trouve la paix du cœur.
Soit l’homme veut rester debout, fier, toujours fier, (!) avec son jugement seul, se croyant Dieu et prenant sa place, et il devient ridicule et il se fait hara-kiri.
Il trouve alors la tranquillité du néant.
Ou plutôt, le vacarme de l’enfer.

CINQUIEME DIMANCHE DE PÂQUES 2025

‘J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle…’ Le premier ciel, la première terre… Y’a plus !
Et ce ciel nouveau, il enfante quoi ?
Une ville nouvelle. La terrestre c’était Jérusalem, la ville du temple de Dieu, la demeure du Très- Haut. Elle a fait son temps. La nouvelle, qui descend, c’est une autre ville qui est bizarrement, non pas une
soucoupe volante, mais une femme ; davantage même… une épouse. Comme la première Jérusalem elle est la demeure de Dieu. Mais pour la première Jérusalem, Dieu y était pour se rapprocher des hommes. La nouvelle, ce sont les hommes qui sont élevés jusqu’à Dieu. Elle est enveloppée d’un ciel nouveau. Tout resplendit de grâce. Ça c’est autre chose. La première Jérusalem, elle n’était pas épouse. Elle était fiancée. Son promis venait la visiter chez ses parents. La seconde Jérusalem, elle est épouse. Son mari l’emporte dans le ciel nouveau. Enfin, c’est une épouse qui n’est pas encore épouse, parce qu’elle est prête pour
ses noces… Ça va pas tarder. Mais son mari, c’est qui?
Hé bien, justement, il n’y en a qu’un. Le Seigneur Dieu. Le Roi. Celui qui trône. Celui qui veut faire toutes choses nouvelles… Saint Jean a vraiment une fécondité d’expression hors du commun. Il faut dire que ce message de l’Apocalypse est l’avant dernier chapitre de la
Bible. On est tout proche de l’ultime acte divin dans sa Création :
La glorification de l’humanité toute entière. Enfin, disons, de tous les élus. C’est quand même pour cela que nous marchons, si lentement il est vrai, sur cette
terre. Pour arriver à ce bout du bout de notre joie, de notre accomplissement. Mais ce dimanche, on n’a que du nouveau. Un ciel nouveau, une terre nouvelle, toutes choses nouvelles. Et Jésus nous livre un commandement nouveau :  » Comme je vous ai aimés, aimez-vous … » Ce n’est pas n’importe quel amour. On peut dire aussi que la glorification de Dieu par Jésus, et de Jésus par le Père, est quelque chose d’unique et de nouveau.

Nous sommes, frères et sœurs, des messagers du ‘nouveau’. On présente l’Eglise comme une lourde machine qui traîne derrière le monde, qui
freine, un peu, beaucoup – ringarde – les projets innovants de notre monde
lumineux… Très bien, quand on la regarde de dehors… Effectivement, sa façade semble plutôt tradi et même un peu décrépie. Mais celui qui ouvre la porte sait, je dirais presque ‘à ses dépens’, que l’Eglise est
époustouflante de nouveauté et de surprises. Pourquoi ‘ à ses dépends ‘ ?
Parce que, pour encaisser la nouveauté de l’Eglise et de la Bonne Nouvelle du
Christ, il faut se convertir… Changer de régime. Il faut adapter notre regard à la nouveauté. Les ringards, les vieux je dirais, ce sont ceux qui ne voient rien de l’intérieur de
l’Eglise. Alors cette nouveauté, qui est déjà là, mais qui va s’inscrire définitivement dans
l’éternité quand le premier Ciel disparaîtra, quelle est-elle ?
Hé bien non… Ce ne sont pas les martiens !
Les martiens c’est vraiment trop éculée comme imagination. Ce sont les hommes, les femmes, illuminés de la grâce, devenus Dieu. Par participation à sa nature, divine. Ça c’est neuf ! « aimez -vous les uns les autres, « , c’est pas mal, mais être glorifié c’est encore
plus grand, plus parfait. C’est être élevé à la Nature divine. C’est différent que de faire des actes bons. Même avec l’aide de Dieu. On vaudrait recoller le monde pour qu’il soit plus beau. Mais ce n’est pas le plan de Jésus, ni celui de l’Eglise. Certains philosophes s’y sont essayés, en théorie. Beaucoup de politiques s’y essayent, en pratique. Et ils sont tous vieux de chez vieux. D’autant plus qu’ils émettent des plans nouveaux et qu’ils discutent pour faire de
la fumée. Le plan de Jésus, de Dieu le Père, avec l’intervention du Saint-Esprit, c’est de
transformer l’essence du monde par la grâce insaisissable. Et tout a fait silencieuse. Transformer le monde, ça veut dire : transformer chaque âme par une union qui
dépasse notre nature. Ça c’est la spécialité que se réserve Dieu. Et c’est ça la nouveauté. Les hommes ne peuvent pas transformer l’âme.

Ils peuvent manipuler les esprits, fabriquer des mirages d’amour, mais élever une
seule âme, jamais !
Le Saint-Esprit par l’Eglise, le peut. Et vraiment, la nouvelle ville, l’épouse prête pour ses noces, pour sa rencontre
avec le cœur de la divinité Trine, ça c’est un spectacle neuf et éternellement
inédit. C’est pas l’Eglise qui est frileuse, ce sont ceux qui ne veulent pas s’engager dans
son projet lumineux. Parce qu’évidemment, s’engager sur le chemin de la grâce, ça demande de laisser
tomber nos vieilles conceptions et nos habitudes mornes. Vous connaissez la fable du renard et des raisins. « Ils sont trop verts, dit il, et bons pour des goujats  » Quand on ne peut pas attraper le Royaume de la nouveauté, ou disons qu’on ne veut
pas entrer dans la nouveauté de nous-même, on murmure avec dépit : « l’Eglise est trop ringarde, disent-ils, et bonne pour des bigots. » Renards lâches et impuissants !
Le chrétien est celui qui aurait tout à craindre du feu infini de Dieu, mais il se
lance dans cette aventure qui va le griller. Il se lance à l’aveugle, dans la foi, (voilà une nouveauté : la foi !)
Sur le chemin de son sacrifice (voilà une nouveauté qui va à l’encontre de l’amour
du monde si poussif : l’amour par le sacrifice ! Jusqu’à la mort… Ça c’est du neuf !
Jésus annonce sa glorification au moment où il est trahi par Judas. Ça c’est neuf, de dire à son traître : ‘dépêche toi de me trahir’ )
Donc… Le chrétien, c’est celui qui vise le bonheur intégral (et ça c’est neuf !), en
laissant tomber tout ce qui le distrait de la seule lumière divine. Parce qu’il sait qu’on ne raccommode pas un tissu neuf sur un vieux. Tous les problèmes dans le monde viennent des vieux – je veux dire de ceux qui ne
veulent pas ou plus changer pour recevoir la grâce de la foi et l’espérance de
l’union de l’Eglise avec son époux, le Christ. On veut des nouveaux dans l’Eglise ! Et pas simplement un Pape tout neuf !
On veut des esprits éclairés par la grâce. On veut des êtres de désirs, mais de désirs profonds. Des âmes qui ne disent pas ‘Oui, mais…’ mais qui disent : ‘Je prends ! Je veux ! Je veux avancer ! ‘
‘ Oui, viens, Seigneur Jésus. Fais du neuf avec moi !’ Mais quand on dit ça, c’est obligatoirement passer par le feu. Il faut le savoir vous, les jeunes !

Mais quand on dit ça, c’est obligatoirement passer par le feu.
Il faut le savoir vous, les jeunes !