QUATRIEME DIMANCHE DE CAREME

La joie … du pardon

La joie …
La joie c’est comme l’amour elle peut s’élancer jusqu’au ciel de notre âme;
Elle peut se suffire d’un marécage.
Comme il y a un bel amour, il y a une belle joie qui va combler notre cœur.
Et il y a des joies qui rétrécissent le cœur.
La joie, comme l’amour, peut aveugler et être vaine.
Et la joie, comme l’amour, si elle ne vise pas plus haut que notre ventre, ou disons, que nos plaisirs, va obscurcir le jugement, notre clairvoyance, et ne laisser que frustrations.

Alors, comment accéder aux étages supérieurs de la joie  ?
Il y a deux chemins, de beauté.
Le premier chemin, c’est de sacrifier des joies qui ne valent pas le coup pour espérer une joie plus pure.
C’est la démarche du Carême.
Dieu répond à notre renoncement de quelques jouissances immédiates par une mesure bien pleine dans notre tablier.
On pourrait dire que c’est la joie de Josué dans la première lecture.
Josué a vécu toute sa vie dans les privations du désert.
La manne permettait de subsister, mais on ne peut pas dire que c’était un festin d’agneaux gras.
Josué est né dans le désert.
Et enfin, Dieu lui donne la joie de la Terre Promise…
Dieu donne au centuple.
Renoncer sans regret à tout ce qui n’est pas Dieu est le chemin le plus efficace pour trouver sa jouissance dans l’union à Dieu.
« plus grande est la pureté de nos pensées et de notre corps, plus aussi grandit la joie de l’esprit. »

Et il y a un deuxième chemin emprunté par les meilleurs.
Je dirais presque un chemin mystique.
Très différent du premier et pourtant complémentaire, auquel nous sommes tous appelés.
Et ce deuxième chemin c’est celui du fils prodigue.
Pas évidemment quand il se dirige vers les plaisirs troubles.
Mais quand il prend le chemin de retour vers le Père.
Le moment de la joie chez le fils prodigue, c’est lorsque son père l’aperçoit du seuil de sa maison et qu’il court au devant de lui.
Ce fils ingrat comprendre qu’il est attendu et il tressaille de joie.
C’est le moment qui correspond au Magnificat de la Vierge Marie.
Il comprend alors que son père pardonne. Qu’il a déjà pardonné.
Et par là, ce Père lui permet de se pardonner à lui-même son erreur.
La joie la plus intense qui ouvre les flots profonds de la paix, elle se cueille sur la fleur du pardon.
Et le père de cette parabole il est dans l’amour parfait, dans le pardon parfait.
Parce que non seulement il embrasse son fils, il l’accueille, mais, ce que ne comprend pas le frère ainé, l’amour du père va déborder dans une joie supplémentaire.
Il va transformer ce retour en festin.
C’est-à-dire d’un mal va surgir une tendresse infinie.
J’ai parlé samedi dernier, du pardon dans la conférence de Carême.
Je voudrais compléter les fruits du pardon.
J’ai évoqué l’humilité, le silence intérieur, une croissance en grâce et en maturité spirituelle.
Le pardon nourrit la pureté du regard et nous libère.
La rancune rétrécit le souffle, le pardon libère la respiration.
Quand, par une illumination intérieure de notre cœur nous accédons au pardon de notre ennemi, alors, vraiment, un goût profond et permanent de la joie nous enveloppes de la tête aux pieds.
Avec un goût de victoire…
Ce goût de victoire, je dirais, couronne la joie qui monte du pardon.
On pense immédiatement à la victoire sur notre adversaire et c’est vrai.
Mais pas pour écraser notre adversaire.
Le pardon permet de vaincre l’empoisonnement qu’il nous a inoculé.
Une blessure profonde qui daterait de l’enfance, empoisonnée, peut perdre son venin si l’on entre dans une démarche de pardon.
Et par là on est victorieux de celui qui a mutilé notre vie.
Ce n’est pas psychologique, c’est surnaturel, c’est un fruit de la prière et du Saint Esprit .
L’intention mauvaise de notre adversaire est désamorcée.
Le motif de son acte mauvais n’arrive plus à me détruire si j’entre dans le pardon.
C’est le premier versant de la joie du pardon.
Mais la victoire, ce goût savoureux, paisible qui nous envahit lorsque nous rejoignons notre adversaire en son cœur, c’est aussi une grande victoire sur nous-même, sur les racines douloureuses de notre être.
La vraie joie c’est quand il y a victoire sur l’ennemi qui nous a fait mal, et victoire sur notre fragilité qui a eu mal.
Parce que le pardon ensevelit le mal dans une onction puissante.
C’est pour cela que Saint Paul répète :
«Laissez-vous réconcilier avec le Christ. laissez-vous réconcilier.
Laissez votre cœur se réconcilier avec lui-même et avec vous.»
Pour nous, pauvres pécheurs, cette réconciliation est toujours progressive, lente.
Pour le Christ elle s’est faite au moment même de la souffrance sur la croix.
Et même, je dirais, qu’elle s’est faite, avant, lorsqu’il a souffert l’agonie du jardin des Oliviers.
Le Christ a tout pardonné avant de souffrir et pendant sa souffrance.
Le Christ est le pardon de Dieu incarné sur Terre.
Si le fils, tête légère de la parabole, est revenu, avec d’ailleurs, une intention pas vraiment pure, c’est parce qu’il sait que son père est déjà pardon pour toutes ses bêtises.
Il est bien dit que le père le regarde avec compassion.
Alors je peux compléter les fruits du pardon  :  
Humilité mais vérité. Par le pardon, je trouve ma vérité et je rejoins la vérité de celui qui m’a fait mal.
Par le pardon, je comprends le sens profond de la communion charitable et je rejoins la présence du Christ qui me pardonne.

Premier chemin: je veux renoncer à tout pour goûter au regard du Christ qui me pardonne.
Deuxième chemin : mon ennemi me permet de goûter à la douceur de la charité;
Et non seulement me permet de goûter, mais me projette dans le cœur de la tendresse divine.
Je peux bénir mon ennemi.
Car il a la clé d’un trésor que même mon ami ne me donnera pas.
Il me permet d’accéder à la joie, mystique, de la présence de Dieu qui, seule, ouvre les portes du pardon. 

TROISIEME DIMANCHE DE CAREME

Je suis

La rencontre de Moïse avec Dieu…

Il n’y a pas d’événement plus considérable que ce rendez-vous au buisson ardent.

Jusqu’à la naissance de Jésus-Christ.

Pourquoi ?

Est-ce parce que Dieu va libérer un peuple opprimé ?

Non, c’est beaucoup plus simple.

Il y a Abraham, et il y a Moïse. Et ensuite il y a tous les autres.

Pourquoi  ?

Parce que Dieu se présente à Moïse.

Et comment se présente t-il à Moïse  ?

Frères et sœurs, comment Dieu s’est présenté à vous, dans votre vie ?

Quelle a été votre première rencontre avec Dieu ?

C’est quand même important dans votre vie.

Parce qu’il y aura une deuxième rencontre avec Dieu, en face à face, en cœur à cœur, disons, dans quelques jours, dans quelques années ….

À cette deuxième rencontre, nous lui dirons :

 » je ne me suis pas trompé sur toi » ​​ou plutôt :

 » tu ne m’as pas trompé Seigneur… Tu as mis en moi un désir tellement grand que je n’attendais pas moins de toi « 

Peut-être lui dirons-nous :  » je me suis tellement trompé sur toi. tu es tellement plus beau, Seigneur… »

De toute façon, la deuxième rencontre, celle de l’intimité éternelle, elle répondra à la première, celle que nous avons déjà vécue.

Celle que peut-être nous ne pouvons pas dire par pudeur ou par manque de mots.

Alors j’ai envie de scruter la rencontre de Moïse avec Dieu.

C’est quand même important la première rencontre de deux amoureux.

Moïse, l’ami, le premier ami de Dieu. Il crush sur Dieu…

Dieu, l’Amitié toute pure, infinie, océanique, qui se penche vers un homme, petite goutte d’eau.

Or Dieu ne se présente pas comme ‘grand’.

‘Dieu est grand’… Hé bien non !

‘Dieu est grand’ ce n’est pas suffisant pour Dieu.

Ce n’est pas le vrai nom de Dieu.

‘ Dieu est-il Le miséricordieux ?’.

C’est vrai que Dieu se présentera ainsi à Moïse. Mais ce n’est pas son premier nom.

‘ Dieu aux multiplicités innombrables ‘ comme dans la religion hindoue. Ce n’est pas le premier nom dont Dieu se révèle à Moïse.

‘ Dieu le Tout-Puissant ‘ ‘ l’unique ‘, ‘ le Saint’, ‘ l’Inaccessible ‘, ‘ le Créateur’, ‘ le Défenseur’…

Hé bien non, tous ces attributs ne sont pas premiers.

Le premier et le plus beau nom de Dieu, celui que lui-même révèle à Moïse, c’est :

 » Je suis « 

Et là, frères et sœurs, on se prosterne.

Jésus le reprendra.

 » avant Abraham, je suis « 

On cherchera à le lapider pour cela. Normal.

 » Je suis « 

Qu’est-ce que ça veut dire que ce nom … ?

Tout simplement ça veut dire que Dieu n’est pas rien.

Dieu se présente comme présence.

Et donc, ça veut dire que nous ne sommes pas seuls.

‘ Dieu existe, je l’ai rencontré ‘ c’est le titre d’un livre de André Frossard, ce fils de famille communiste bouleversé, converti, renversé par l’existence de Dieu.

C’est fort

Dieu existe… il y a deux conséquences immédiates.

D’abord que Dieu est la plus forte existence et la plus forte réalité.

Ça veut dire que tout le reste, tout ce qui n’est pas Dieu, existe d’une certaine façon moins que Dieu.

Que tout ce qui n’est pas Dieu ça ne vaut pas le coup.

Ça ne pèse pas.

Et ça c’est extrêmement libérateur.

Nous nous faisons des montagnes de notre monde.

Mais notre existence ne réclame qu’une seule autre existence.

Source.

Nous nous intéressons à des tas d’événements, d’informations, parce que nous cherchons d’une certaine façon de l’existence supplémentaire.

On va dire… ‘on a besoin de savoir ce qui se passe’.

‘Il faut qu’on soit responsable de notre monde !’

Mais c’est tout simplement parce que on n’a pas rencontré Celui Qui Est.

Et puis la deuxième conséquence, c’est que Dieu se présente comme quelqu’un qui s’introduit dans notre histoire.

Dans l’histoire de son peuple.

En fait quelqu’un qui est réellement présent et qui va toucher notre cœur.

Qui va être présent à notre cœur.

Et quand quelqu’un est présent à notre cœur, rien nous manque.

Ça va être à la fois l’immense grâce qui est donnée au peuple hébreu et que n’auront pas les autres peuples.

Au peuple hébreu et à l’Eglise, peuple du Dieu Incarné.

Et à la fois ça va être l’immense honte du peuple hébreu.

Parce que le peuple hébreu, à l’exception de Moïse ou d’Aaron, son frère, et de quelques autres, vont oublier que Dieu est la première réalité et leur bonheur.

Et quand Dieu nous manque, quand sa présence est oubliée, on passe son temps à pleurer et à se plaindre.

‘Je suis ‘

Et si Dieu est, s’il existe, alors mon existence est précieuse.

« Je suis le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob… »

Notre Dieu est un Dieu d’une grande famille.

Dont l’existence s’étend jusqu’à un peuple de pauvres.

Et cette famille elle existe parce que notre Dieu est présence réelle.

Et nous existons par cette famille.

Et pour cette famille, il suffit que Dieu existe.

Le premier nom de Dieu, c’est :

 » Je suis. « 

Et le deuxième nom de Dieu, c’est :

 » Je suis là « 

Aucune autre religion ne l’a trouvé.

Elles ont toutes commencé par des noms secondaires.

Et à chaque messe, nous respirons à plein poumons le Nom de Dieu.

 » Je suis  »  » Je suis là « 

Seigneur, je veux manger ce Nom.

Et à chaque fois que nous recevons l’hostie sainte, Dieu nous redit :

 » Je suis  » ,  » Je suis là  »  » Je suis avec toi « ,  » Je suis toi « ,  » Je te fais exister « 

Mais c’est ça le bonheur, chers frères et sœurs !

Comment ne pas le voir..?

Dieu nous invite à son existence..

Aimer, n’est-ce pas donner de l’existence à celui qu’on aime ?

DEUXIEME DIMANCHE DE CAREME

LA FOI

Abraham est un personnage fascinant.
Il n’est pas parfait.
Il fait des erreurs et même des fautes.
Graves.
Abraham est encore de l’âge de l’homme brut.
Son ‘charisme’ n’est pas spécialement la finesse morale.
Mais cela montre que Dieu ne place pas en première importance la perfection.
Depuis toujours Dieu a appelé, ‘non pas les justes mais les pécheurs’
Qu’importe que l’on soit taillé dans un cristal fin ou dans du granit, il y a toujours une grâce qui nous est destinée.
Abraham fut l’homme de la foi.
Immense.
Nous sommes des nains de ce point de vue.
Abraham n’a pas l’Eglise pour lui clarifier le message de la Providence.
Mais Dieu traite avec Abraham par visions, par intuition, par des signes très purs.
La foi a besoin de signes.
De signes qui sont comme des tremplins pour toucher aux lumières qui nous dépassent.
Pour Abraham quel est le signe du message de Dieu ?
Un signe magnifique…
C’est le ciel étoilé.
Ce n’est plus l’Arc-en-ciel de Noé, mais la Voie Lactée.
C’est vrai que cette infinité de lumières qui semblent fragiles peut nous donner le vertige.
Comme l’écrit Victor Hugo (dans Les Misérables),
‘ vous regardez une étoile pour deux motifs, parce qu’elle est lumineuse et parce qu’elle est impénétrable.’
Je dirais que c’est la définition du signe.
Il se présente comme un repère sensible, mais il nous invite au mystère insaisissable.
Le signe pour Abraham c’est  le ciel.
Il n’y a pas plus grand dans la création.
Et le message de Dieu.
Hé bien,  » ta descendance ressemblera au ciel… »
Abraham à 100 ans.
Sa femme semble stérile et trop âgée.
Et Abraham croit en Dieu.
Il n’a aucun doute que sa descendance sera nombreuse.
Il a simplement un doute sur le pays que Dieu lui promet.
De l’Égypte jusqu’au nord de la Syrie…
Et comment Dieu lui répond-il :
« Fais un sacrifice. un sacrifice d’animaux ».
Dieu parle par les étoiles; l’homme, par le sacrifice.
Ça semble primitif mais il n’y a pas d’acte plus profond que cela.
Et alors quelle sera la réponse de Dieu ?
Dans un sommeil mystérieux sur Abraham, ce sera une flamme qui va griller les morceaux d’animaux.
Un regard qui se tourne vers les étoiles..
Une promesse d’avoir des enfants et de les installer dans un grand pays..
Un sacrifice agréé par Dieu.
Comment on le sait, qu’il est accepté?
Parce que Dieu passe par le signe du feu.
Et puis après cela ?
Très simple.
Abraham sait que sa vie a été comblée.
Ça lui suffit.
Il évolue dans un environnement silencieux.
Le silence de l’esprit d’Abraham le grandit et le grandit même dans une dimension infinie.
Plus nous sommes dans les histoires, plus nous sommes petits et rétrécis.
Plus nous sommes dans le silence, un vrai silence d’écoute, plus nous sommes à la dimension de celui qui habite le silence.
Vous voyez, frères et sœurs, nous avons une grande leçon de foi à recevoir d’Abraham.
La foi grandit dans la recherche du silence et de la simplicité et l’humilité.

Les gens qui n’ont pas la foi sont compliqués et compliquent tout.
C’est la grande peine de Saint Paul, qui pleure sur les petites vies faites de plaisirs, de critique et de petites susceptibilités.

La foi c’est de recevoir un message.
De le recevoir avec son cœur d’un autre.
Mais quand on passe tout au tamis de notre jugement, on ne s’en sort pas.

Frères et sœurs, ne croyez pas que je me fais des illusions.
Ce que je dis là ne changera jamais le jugement de quelqu’un.
Je ne cherche pas à convaincre.
Ceux qui n’ont pas de jugement seront les derniers admettre qu’ils doivent soumettre leur jugement à quelqu’un d’autre.
Ils ne se convertiront pas. C’est clair.
Mais alors à quoi ça sert que je dise tout cela ?
C’est simplement pour réconforter, consoler peut-être, ceux qui ont une foi profonde.
Comme le dirait Saint-Paul :  » mes bien aimés, ceux qui ont compris l’humilité du jugement, en fait qui ont compris le chemin de foi, ne vous affligez pas si parfois, l’obéissance bénie, l’humilité bénie, ne vous donnent pas immédiatement des joies sensibles, et même vous apportent des épreuves supplémentaires.
Parce que vous avez semé en vous une paix que n’atteindra jamais celui ou celle qui garde son cœur fermé sur lui-même.
La leçon d’Abraham qui est tellement à l’opposé de ce que préconise autre monde, c’est l’humilité du jugement et la simplicité extrême de vie.

Alors… La transfiguration. ?
Je crois qu’en approchant Abraham, on prend un chemin favorable a la rencontre de la transfiguration de Jésus.
Parce que Abraham, et d’autres grands du peuple Saint ont eu quelque expérience proche de la transfiguration.
Ces grands ( Moïse, Élie, Isaïe… Ezéchiel… ) ont eu une expérience de la Croix, de la profondeur de la souffrance du Christ pour l’humanité.
Dieu accorde la Transfiguration à celui qui ne dit pas ‘non’ à la croix.
Parce que la Transfiguration est lumière indissolublement liée à la croix qui sauve le monde.
Frères et sœurs si vous avez une transfiguration, une grâce toute simple de la vie éternelle, oh… je ne dis pas comme un brasier de 3 m de haut, mais comme une petite grâce de lumière qui va rendre l’une de vos journées paisible,
Si vous avez cette petite grâce, alors sachez qu’elle doit passer par une petite croix.
Si vous avez une grande grâce, sachez que vous passerez par une grande croix.
La croix est toujours lumineuse de la Transfiguration qui l’a précédée.
Et la Transfiguration et tu ne portes ouvertes à rejoindre le Christ souffrant.

Mais il y a une condition a vivre tout cela : c’est de viser le chemin d’Abraham. De marcher sur ses traces.
Or, que disent ses traces ?
Elles disent : simplicité, pureté, dépouillement, humilité, humilité.

Tout le contraire de notre monde.
Le grand effort de Carême que nous devons viser, c’est de simplifier notre vie, nos pensées.
On ne peut pas en dehors de l’Eglise atteindre cette grâce de simplicité.

PREMIER DIMANCHE DE CAREME

Quand Satan demande à Jésus de transformer la pierre en pain, en quoi consiste la tentation ?
Est ce que faire un miracle est mal ?- non, pas spécialement.
D’ailleurs, Jésus réalisera ce miracle. Plus fort même… à partir de rien, il produira des pains.
Donc le diable a quelque chose d’autre derrière la tête.
Une intention plus subtile et tordue derrière ce qu’il suggère.
Et Jésus saisit très bien la question.
L’intention de Satan est de suggérer à Jésus de se nourrir lui même.
De se suffire à lui-même.
Et c’est bien à cela que Jésus réplique.
L’homme ne vit pas seulement de pain… mais alors de quoi vit-il?
Jésus cite Moïse :
 » De toute parole qui sort de la bouche du Seigneur »
Comprenons bien .
L’homme vit de la relation avec le Seigneur.
L’homme vit de l’amour qui est donné et de l’amour qui est reçu, car la Parole de Dieu est amour.
Transformer les pierres en pain c’est se donner à soi-même, à son corps, ce qui lui convient.
Mais le mal ne se situe pas à  vouloir manger. Il est bon de nourrir son corps.
Le mal se situe à se faire du bien, et non pas à recevoir ce bien d’un autre.
Et à le recevoir dans l’amour.
La tentation de Satan est très subtile.
Il invite Jésus à utiliser son pouvoir, son pouvoir de miracle… pour lui-même.
Et cela c’est le péché du diable.
Miracle ou pas miracle ça n’a aucune importance.
Mais miracle pour soi-même, c’est le péché satanique.
Le miracle qui se fait en dehors de l’amour d’un autre.
L’amour de soi pour soi est une perversion. Surtout si l’autre est utilisé comme un moyen pour se faire plaisir.

La seconde tentation du diable est une variante de la première..
Ce n’est pas le besoin du corps, ni le plaisir, c’est le pouvoir.
Encore une fois le diable est très fort.
Car il insiste sur deux tentations pour cacher une autre perversion beaucoup plus néfaste.
Première tentation : tu es fort.
Deuxième tentation : prendre des moyens mensongers pour arriver à dominer.
Quel mensonge ? celui de demander de l’aide au diable.
Parce que le diable n’a pas le pouvoir qu’il proclame.
Il fait croire qu’il a le même pouvoir que Dieu.
Mais ce n’est pas le même pouvoir. Lui, a le pouvoir de détruire, de posséder.
Dieu a le pouvoir de la vie et le pouvoir de la fécondité.
Rien à voir entre le pouvoir de Dieu et le pouvoir du diable.
Mais le diable joue sur le mot pouvoir. Il confond pouvoir et domination.
C’est très subtil.
Bien malin qui ne s’y laisse pas prendre.
Le pouvoir de Dieu n’est pas un pouvoir de domination c’est un pouvoir de création et de liberté.
De création de liberté.
L’homme peut ressentir la présence de Dieu comme dominatrice et Satan joue sur ce ressenti de l’homme devant Dieu.
Regardons la réponse de Jésus.
Il balaye les arguments de Satan en affirmant que Dieu est le but de la vie de l’homme, et que sa grâce est le moyen absolument nécessaire pour que l’homme retrouve le pouvoir sur lui-même, et sur la nature et sur les autres.
Mais ce pouvoir est un pouvoir d’amour. Un pouvoir de fécondité.
Un pouvoir qui participe à la Création.
Si l’homme s’arrête au mot pouvoir pour lui même et non pour servir les autres, il perd son âme et sa vie.
C’est exactement ce que Satan a compris pour Eve au moment du péché originel.
Il lui a fait miroiter un pouvoir pour elle même.
Voilà la perversion première : pour soi même.
Jusqu’à revendiquer alors la place de Dieu… Pourquoi pas? !
Jésus réplique:
Tu recevras de Dieu; tu honoreras dans le respect la majesté de Dieu.
Autrement dit tu rendras un culte à Dieu, et tu recevras tout dans l’amour qu’il te donne.

Dernière tentation: dernière cartouche de Satan :
‘ tu demanderas à Dieu de te protéger. ‘
Combien de fois est-ce que j’entends cette tentation murmurée par Satan.
 » Si Dieu m’aime, il me protégera… »
Satan aime se cacher derrière ces mots.
Nous ne sommes pas là pour être protégé mais pour nous donner.

Remarquez, chers frères et sœurs, qu’à chaque tentation, le diable prend Dieu comme référence, prend Dieu à témoin, pour mieux tromper sa victime.
Le pire ce n’est pas de nier Dieu. Ça c’est simplement bêtise.
Le pire, c’est de se servir de Dieu pour mieux le trahir.
Et pour mieux faire ses affaires à soi.
Détestable croyant que celui qui se sert de Dieu pour ses perversions, pour son amour-propre, pour son orgueil.
La ruse de Satan c’est de récupérer Dieu, ce Dieu qu’il a en haine.
Et la naïveté de l’homme qui est une porte ouverte à son péché et à sa perte, c’est de croire que parce qu’on parle de Dieu ou parce qu’on l’invoque, nécessairement il n’y a que du bien.
En fait, beaucoup de péchés se cachent derrière les mots ‘amour’, ‘piété’, ‘bonnes œuvres’, ‘bien pour soi’, et l’on pourrait ajouter ‘culte divin’, ‘confiance’… tous ces mots qui sont un vernis trompeur s’ils ne sont pas reçus dans la grâce de Dieu.
Arrière Satan !
Rien ne doit être entre Dieu et nous.
Dieu est notre source.
Dieu est notre fin.
Source d’amour.
Béatitude de lumière et d’amour.
Que l’on atteint par un chemin d’amour qui est Jésus-Christ.
Jésus-Christ ressuscité et Jésus-Christ dans son corps qui est l’Eglise.

Simplement… dernière remarque, frères et sœurs, entre nous soit dit…
Le diable n’ayant pas réussi à feinter Jésus, reviendra, est-il écrit.
Parce que le diable ne cède jamais.
Il ne reconnaît jamais sa défaite.
Il reviendra mais par d’autres moyens qui seront non plus de ruse mais de violence.
N’oublions pas, nous tous chrétiens, cette dernière menace, pour les temps qui attendent l’Eglise, épouse du Christ, avant sa victoire, magnifique, qui sera celle de l’éternité.
Satan aura l’avant-dernier mot, pour notre douleur.
Et ça fera mal.
Mais il sait qu’il n’aura pas le dernier mot.
Qui sera notre jouissance éternelle dans le cœur de notre Dieu tout puissant d’amour.

HUITIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

HUITIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Qu’est-ce que nous apprend Jésus dans ce petit passage ? Beaucoup de choses :

Que dans le chemin de foi on doit être guidé.Parce que la foi nous invite a explorer des mystères qui nous dépassent.Or, quand on ne voit pas, il est nécessaire de prendre la main de quelqu’un qui nous rassure et qui nous fait passer les passages plus délicats.Le minimum est que ce quelqu’un ne doit pas être aveugle…Qu’il doit avoir expérimenté certains passages difficiles et avoir ouvert son cœur.Bon… déjà, ça c’est pas facile d’admettre d’être guidé.Beaucoup refusent la grâce de Dieu et refusent de s’aventurer dans le chemin de la foi, simplement parce que ce chemin demande l’humilité de leur jugement.Il n’est pas facile de reconnaître que notre jugement ne nous suffit pas.Et on ne peut pas avoir la foi si on n’a pas cette modestie de se savoir insuffisant.Pour les athées, c’est clair.

Mais certains chrétiens se croient chrétiens sans pour autant avoir la foi.Parce qu’ils ne lâchent rien de leurs opinions et de leurs certitudes.

Ce sont des chrétiens tenailles ! Quand on les approche, ça pince…Tant que l’Église est d’accord avec eux, ils sont d’accord avec l’Église.Mais ça, c’est pas la foi.Parce que si par hasard l’Église les heurte ou les déstabilise sur une vérité, ils boudent ou se détournent.Parfois en sauvant les apparences, parfois avec fracas, en claquant la porte.Mais le fond du problème reste le même : ils ne veulent pas convertir leur jugement.Qu’est-ce que nous apprend Jésus?Que… quand on s’aventure sérieusement dans le chemin de la foi, (je dis sérieusement, ça veut dire avec amour, tout simplement en mettant une certaine priorité sur la vie éternelle)Hé bien, quand on s’aventure avec amour dans la relation avec Dieu on a besoin d’un accompagnateur et même plus précisément d’un père spirituel.On doit,  –  je répète : dans une relation d’intimité avec Dieu, à laquelle chacun est appelé, – on doit entrer dans une relation de disciple à père spirituel.Et Jésus nous apprend que dans cette relation, délicate, fine, mais puissante, l’Esprit Saint va élever le disciple.L’élever dans sa vocation, clarifier le plus intime de son cœur, et en même temps l’introduire dans le plan éternel de Dieu.L’élever aussi dans une communion toute particulière entre le disciple et le maître.À vrai dire, comme dit Jésus : ‘ comprenne qui pourra’…Après avoir dit cela Jésus nous introduit dans une sagesse de bonheur…Et cette sagesse vise toujours notre jugement. » Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère ? « Alors là, c’est très beau…!Parce que Jésus nous dessine par cette petite phrase tellement de nos attitudes !Quelle est la pensée en nous qui ne porte pas directement ou indirectement sur le défaut de notre voisin ?Et Jésus insiste, il va plus loin.Une fois qu’on a cru voir la paille… on veut enlever la paille… !Et ça c’est encore tellement bien vu.Parce que non seulement on ausculte notre voisin, mais encore on s’autoproclame son médecin. » Bouge pas… je vais enlever la paille dans ton œil. « Et cela on le fait 50 fois par jour.Quelqu’un nous dit qu’il a mal au petit doigt, inévitablement on se juge qualifié pour retirer l’épine qu’il y a dans son petit doigt.On veut résoudre tous les problèmes, ceux d’Amérique et ceux de Russie, ceux de Chine et ceux d’Afrique, ceux de Paris, de Rome, de Salernes, ceux de notre quartier, du couple qui nous parle, et ceux de nos voisins…Si Jésus me dit que j’ai une poutre, ne dois-je pas admettre, dans la foi, que j’ai une poutre… dans l’œil ?Mais si Jésus me dit :‘ fiche la paix à ton voisin’‘ laisse-le vivre!’ ‘ laisse-le respirer…!’Et s’il ne te demande pas de lui enlever la paille qui le gêne, et si personne ne t’a missionné pour lui enlever la paille qui le gêne, il y a certainement quelque chose de mieux à faire que de lui proposer de lui enlever la paille qu’il a dans l’ œil…!Enlève la poutre qu’il y a dans ton œil.N’aie crainte, tu en auras pour la vie à enlever cette poutre.Et j’ai remarqué que tous ceux qui m’ont aidé à enlever une paille et peut-être même un bout de la poutre plantée dans mon cœur, ce sont ceux qui m’ont écouté bien plus qu’ils m’ont abreuvé de paroles.Je rends grâce à tous ces hommes silencieux, silencieux au profond de leur cœur, qui m’ont permis de déposer paille après paille pour me libérer de quelques blessures.Les autres, je les comparerai à des chasseurs bruyants qui veulent surprendre le lapin mais qui s’interpellent les uns les autres à des kilomètres.Le lapin, mes braves, il s’est caché depuis bien longtemps, et vous ne le trouverez pas.Qu’est-ce que nous apprend Jésus ?Qu’on ne cueille pas de figues sur des épines…Ça veut dire que de la même façon que j’accueillerai l’Eglise, je parlerai à mon voisin ou je ferai cuire mon omelette.Cela veut dire que si j’admets de recevoir de l’Eglise, (même si ça remet en place certaines de mes idées ) je recevrai mieux mon frère, et mon omelette sera mieux cuite.Et les mots de ma bouche seront plus purs.Mon oreille sera plus pure.Au contraire, si c’est moi qui veut façonner le monde, mon jugement sera toujours petit, mon frère aura toujours tort, les mots de ma bouche porteront toujours de l’amertume.

Mais qu’est-ce que nous apprend Jésus ?…Qu’il faut commencer par le commencement.

Ça veut dire qu’il faut commencer par notre cœur.

Sulfater les fruits de l’arbre ne sert à rien si l’arbre pousse sur un terrain qui ne lui convient pas.

Mais qui peut travailler le terrain de notre cœur ?

C’est très simple, chers frères et sœurs, pas nous !

Pas nous, ni notre frère ou notre sœur…

Il n’y a que Dieu qui peut pénétrer sans dégâts aux sources de notre cœur et guérir.

Il faut commencer par chercher avec ardeur sa lumière.

Et… accepter l’éventualité de nous convertir, de changer notre point de vue, et de changer nos attitudes fraternelles.

Alors notre cœur qui est mauvais sera purifié par le cœur de Dieu qui est bon.

Notre cœur qui est dur deviendra un cœur de chair par la tendresse de notre Dieu.

De petit qu’il est, il pourra s’ouvrir à la beauté du Ciel .

Notre cœur qui a peur, s’ouvrira au pardon et à la compassion.

Une vraie compassion évangélique.

Il peut devenir accueillant, silencieux, sans pour autant être naïf… séduisant de son silence.

Et nos gestes, nos paroles, habiteront le silence de la lumière divine.

Mais attention, ce n’est que le feu dévorant de l’amour de Jésus qui peut brûler la paille et même entamer la poutre qui pourrit notre vie.