18° DIMANCHE – B – 2024

« Vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain »…
Je crois que ce reproche de Jésus aux foules qui courent après lui, c’est la phrase la plus triste du Christ venu sauver l’humanité.
L’échec de sa venue. Sa souffrance intime sur la Croix .
Fedor Dostoïevski reprend cet épisode dans son roman grandiose, ‘ Les frères Karamazov’. C’est ce fameux chapitre intitulé La Légende du Grand Inquisiteur.
Ce grand inquisiteur qui fait la leçon au Christ.
« En continuant le miracle des pains, tu aurais calmé l’éternelle inquiétude de l’Humanité ! » Tu n’ignorais pas, tu ne pouvais pas ignorer ce secret fondamental de la nature humaine, et pourtant tu as repoussé l’unique drapeau infaillible qu’on t’offrait et qui aurait courbé sans conteste tous les hommes devant toi, le drapeau du pain terrestre.
Tu l’as repoussé au nom du pain céleste et de la liberté !
(…) le pain te garantissait le succès; ( c’est le Grand inquisiteur qui continue de parler…) car l’homme s’incline devant qui lui donne du pain, c’est une chose incontestée. (…)
Tu as accru la liberté humaine au lieu de la confisquer » [p 276 la Pléiade]
Ça c’est puissant ! c’est du Dostoïevski !
Mais en fait, le pain est premier, mais les hommes adorent … le pain et le spectacle; le pain et les miracles; le pain et la santé; le pain et les divertissements; l’extraordinaire, l’ivresse… ça les fait sortir de leurs angoisses.
Tout ça fascine les hommes et les femmes.
Et avec cela, des grâces sensibles – vraies ou fausses, ça n’a pas d’importance – Des grâces sensibles et du pain font courir les foules, ventre à terre.
Nous sommes horriblement, viscéralement, des malades de la réponse de Dieu. Malades ou immatures… Je pense que ‘immatures’ est plus juste.
Or, le chemin de la foi est tout autre… quand il est en vérité.
 » vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain »…
Vraiment, c’est la plus triste phrase de Jésus devant ses pauvres gens.
Vous me cherchez parce que je vous ai été utile, parce que vous avez eu un retour qui vous a satisfait.
Mais ce n’est pas de l’amour.
C’est un simulacre. De foi… ou d’amour… je ne sais pas … mais pour eux-mêmes. Les foules suivent Jésus par intéret.
Elles courent là où il y a des signes.
Ça les rassure.
Quitte à les fabriquer en illusion ou en rêve

Mais ce n’est pas ce que veut Jésus… Ce n’est pas la lumière de Dieu.
Ce désir de signes, de sentiments en retour, a plein de variantes.
 » je saurais que tu m’aimes si tu me fais des cadeaux. »
C’est tellement enfantin cette réaction… Et on la cultive pour les enfants de notre temps, jusqu’à ne plus savoir où entreposer les cadeaux….
 » Je saurais que tu m’aimes si tu me donnes du plaisir, 4 fois par jour ». Mais c’est faux ! « Je saurais que tu m’aimes si je peux compter sur toi »
Je saurais que tu m’aimes si je…  »
Voilà le faux amour…
Car dans le vrai amour il n’y a pas de « si »
Dans le vrai amour, le ‘je’ n’est pas demandeur, encore moins profiteur ou manipulateur. Quelle que soit la qualité du profit.
« Je t’aime parce que je crois en toi. Voilà la vérité. Tel que tu es. »
Et cela n’est possible au niveau de l’homme et de la femme que si cette déclaration est faite dans la lumière de Dieu. Dans la foi. Sinon, c’est pas possible.
Et entre Dieu et l’homme la relation de l’amour est donnée dans la foi pure. ‘Je t’aime’. Quand je dis cela à Dieu, ça revient à dire : ‘ je crois en toi’ Mais croire c’est ne rien recevoir en retour.
C’est le chemin d’un chrétien.
Je n’attends pas de retour… Je crois, Seigneur Jésus, parce que tu t’es donné. Mais cela aussi… je le crois.
Je crois que tu m’aimes.
Mais je le crois, et je ne veux rien de plus.
Le vrai amour se donne dans un acte de foi.
Et le miracle, il vient… après… !
L’amour de Dieu, du Christ, il se manifeste ‘ après ‘ qu’on l’ait aimé.
‘ Seigneur à qui irions-nous… tu as les paroles de la vie éternelle ‘
‘ Seigneur toi tu le sais, tu sais que je t’aime ‘
‘ Marie, ne me touche pas. Je ne suis pas remonté vers mon Père et votre Père ’ Toutes ses phrases de l’Evangile, sont des phrases qui invitent à la foi pure.
Je t’aime parce que je sais que tu m’aimes.
Mais je le saurais encore plus quand je t’aurai aimé. Mon Seigneur et mon Dieu !
Il y a toutes les variantes psychologiques d’une attente de retour, selon la psychologie de chacun.
Mais la foi n’attend pas le retour.
Il est vrai que Dieu donne parfois, souvent… des grâces de conversion qui commencent par le sentiment d’être aimé, d’être inondé d’amour, d’être enveloppé de la tendresse du Père. Pas toujours….

Mais Jésus dit au début de sa vie de mission : « Bienheureux les pauvres de cœur…
Bienheureux ceux qui ont soif de la justice,
Bienheureux quand on dira toute sorte de mal contre vous, à cause de mon nom.
En fait, bienheureux ceux qui seront mal aimés…
C’est à dire en fait, Bienheureux ceux qui croient à l’amour quand ils n’ont aucun retour de cet amour.
Il n’est qu’à voir les foules de bons chrétiens qui aiment en attendant le profit…
En attendant quoi ? une protection…
Une protection de quoi ? des épreuves ? mais Jésus promet des épreuves spéciales pour ceux qui le suivent …!
En attendant des grâces – de lumière, de force, d’intelligence …- Mais Jésus nous dit : « heureux ceux qui ressemblent aux enfants, aux innocents, aux brebis qui se font manger par les loups, ceux qui portent leur Croix…. »
Et à la moindre égratignure, on les entend les foules chrétiennes s’offusquer.
« Nous sommes méprisées ! »
De l’Eglise on attend qu’elle nous donne. Ca ça marche ! de la charité, des enseignements. Bref, qu’on puisse compter sur l’Eglise…
Mais s’il s’agit de donner pour l’Eglise, de lui donner notre foi, où sont-ils passés les chrétiens ? on ne les retrouve plus, même sous les tables. Trop bien cachés !
Comme les grenouilles qui au moindre appel sur le bord de l’étang, se retrouvent toutes au fond de l’eau. Grand silence.
Quel beau témoignage. Quel bel amour !
Et quand ils se savent seuls et en secret, tout juste s’ils respectent les vases sacrés et la Présence de Dieu en son Temple … !
Quel amour ! quelle foi fondée en vérité !…
Excusez-moi, ce doit être Jérémie ou Isaïe qui m’inspirent… !
Y a-t-il eu progrès depuis les gémissements du peuple hébreux dans le désert…
« Si Dieu ne nous donne pas selon nos désirs, alors nous nous révoltons. On casse tout.
On traite Dieu et l’Eglise comme le patron de l’entreprise du coin.
On n’est pas content. On fait du chantage. On grince des dents comme des syndiqués.
Il est vrai que notre monde est blessé, profondément.
Tous les jours des misères se rajoutent aux misères : affectives, psychologiques, maladies en tous genres, brisures des familles, on abîme les enfants, on manipule, on ment, on triche.
Hé bien, Jésus nous donne la solution pour sortir de cette accumulation néfaste: « Jésus répond aux foules :
« L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
Il ne dit pas, ‘venez poser la tête contre mon épaule, je vous protègerais ’ Ildit:‘ Croyez ! ’

Si vous avez un manque affectif qui provient de vos parents insuffisants, par exemple – ça peut arriver… : ‘ Croyez ! ‘
Si vous ne sortez pas de vos blessures psychologiques, de vos traumatismes, de vos angoisses, de vos nuits agitées… ‘ Croyez ! ‘ Croyez en Jésus !
Mais croire ce n’est pas attendre des signes, c’est justement ne pas vouloir s’appuyer sur les signes.
C’est croire que, au-delà de tout signe, vous êtes aimé(e).
Et si on ne peut s’empêcher de s’accrocher à des signes que Dieu nous a donnés, même lumineux, plein de réconfort, pour nous consoler, on réduit la présence de Dieu à notre dimension humaine.
Il y a vraiment un quiproquo sur le verbe ‘croire’.
Jésus dit : ‘croyez en moi’ C’est quand même très simple. C’est clair ce qu’il dit . Et les foules lui demandent : ‘ quel signe vas-tu accomplir ? ’
Mais justement, croire c’est aller au-delà du signe !!
Et les foules reviennent par une sorte de blocage sur le signe !
Et Jésus se bat avec elles. Il les fuit. Ou il essaye d’insister : ‘mais le signe, c’est moi ! le pain, c’est moi ! vous n’aurez pas d’autre signe que le signe de la croix ! »
Et les foules reprennent (!) : ‘très bien… mais quel signe vas-tu nous donner ?
Elles ne comprennent toujours pas ….. !!!
Jésus nous dit que le seul signe c’est lui-même.
Nous avons l’Eglise, (elle est le Christ visible, actuel, ressuscité; pure et belle, épouse ! ) Nous avons la Parole de Dieu et la Parole des apôtres,
Nous avons les sacrements,
et les foules chrétiennes, ou pas chrétiennes, continuent de courir après les signes qui sont contraires à la démarche de foi.
« Hommes de peu de foi…»
« Et quel signe vas-tu accomplir ? »
… « Et quel signe vas-tu accomplir ? »
… «Et quel signe vas-tu accomplir ? »
Les foules sont obnubilées, obsédées, bloquées. Elles radotent …
« celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif… de signe » « Demeurez en moi et je demeurerai en vous »
et tout deviendra signe de Moi.
Et vous vivrez votre religion en vérité…

17° DIMANCHE – B – 2024

En fait le plus difficile c’est le dosage… Pour Jésus.
Bien évidemment, Jésus est venu pour une Révélation.
C’est le mode de Dieu : tout est évident, mais personne ne le voit !
Alors il faut que Dieu dépense des efforts surhumains pour nous ouvrir les yeux sur l’évidence.
Vous avez certainement fait l’expérience, frères et sœurs, de tomber sur quelqu’un qui a un blocage.
Vous avez beau lui mettre le nez sur l’évidence, pour son plus grand bien, il ne change pas de point de vue. C’est plus fort que lui.
La mission de Jésus est de révéler l’amour du Père pour chaque homme, chaque femme.
Révéler le pardon.
Annoncer aussi que l’appel de Dieu à la vie éternelle est toujours d’actualité. Or Jésus est obligé de freiner cette révélation parce qu’il tombe sur des coincés… (il y avait des pervers aussi autour de lui)
Dieu a choisi un petit sentier, dans la vaste histoire des hommes, pour ne pas écraser les pauvres humains de sa lumière et de sa puissance.
Il prend la nature humaine. C’est cela le petit sentier.
Pour planter des radis on ne va pas travailler le sol au rouleau compresseur.
On prend une bêche et on soulève délicatement le sol.
Jésus est venu soulever délicatement le sol abîmé du cœur de l’homme.
En Jésus, Dieu devient homme, tout en restant Dieu.
Mais le génie divin de Jésus sera de cacher Dieu… pour favoriser la communion avec les hommes.
C’est extrêmement pédagogique comme formule.
Il n’y a qu’à la Transfiguration qu’il donnera un petit coup d’accélérateur. Fulgurance de l’infinité divine à travers son humanité.
Jésus devait à la fois atténuer la lumière trop vive de Dieu et à la fois montrer un petit quelque chose, puisqu’il était venu pour cela.
Jésus s’est retenu 30 ans.
Mais il fallait bien qu’il laisse échapper quelques guérisons, quelques miracles. Or, le paradoxe, c’est que chaque guérison ou chaque miracle peut nuire à la compréhension du mystère divin.
Parce que le miracle ou la guérison orientent la bonté de Dieu pour sur nous. Rappelons-nous, frères et sœurs que Dieu nous appelle à lui.
C’est cela notre bonheur.
Or Quand on veut posséder la bonté, en profiter, on détourne l’intention de Dieu.

C’est la grande question que suscite la foi.
La foi est une lumière transformante qui unit à celui qui nous transforme Mais cette lumière n’est pas pour que nous la gardions à notre bénéfice. C’est très important, cela.
La sainteté nous transforme pour un autre.
Pour Dieu.
Pas pour trouver un confort de vie. Pas pour être ‘protéger’ par exemple…
Jésus nourrit des foules.
Miracle.
Qu’est-ce qui est visible ?
La multiplication des pains, la satisfaction des corps. Et puis aussi l’étonnement.
Mais l’intention de Dieu va plus loin…
Voilà le problème.
L’intention de Dieu c’est de nous faire accéder à la vie éternelle.
Mais c’est complètement différent.
Jésus, Dieu, applique la loi de l’Esprit à la matière .
Il donne à la matière une fécondité qui se trouve habituellement dans l’esprit. Mais voilà qui est intéressant et qui est dans l’intention de Dieu.
En fait, le geste de Jésus par la multiplication des pains est une invitation à comprendre sa puissance d’esprit, pas à manger en premier.
Jésus s’intéresse à l’âme.
Il désire rétablir la puissance de l’Esprit sur ces foules malades et fatigués.
Et si l’on ne retient que la matière, la distribution des pains, on passe à côté de la lumière.
Notre monde cherche la réussite de la matière et même s’il la trouve, et parfois dans les miracles, il marche la tête en bas. Les miracles peuvent nous détourner de l’intimité avec Dieu.
C’est vrai que Jésus est obligé de passer par des signes sensibles pour provoquer l’appel de la foi et amorcer la charité.
Mais ce dont il se méfie, c’est le mouvement de satisfaction qui retourne sur soi. La guérison et le miracle doivent propulser dans une relation spirituelle avec Dieu. Et donc, dans l’Eglise.
Si on dit : « merci Seigneur… tu peux pas me le refaire ?», la mission de Jésus est pervertie et n’atteint pas son but.
On la ferme sur soi-même.
Si les foules veulent faire de Lui, leur roi pour qu’il les nourrissent de pain, alors ils pervertissent la grâce de Dieu.
Alors… encore plus dommageable… si nous mettons la vie spirituelle au service du

corps, nous entrons dans les erreurs les plus honteuses et les plus dégénérées.
Notre corps est sacré… Mais parce qu’il est Temple de l’Esprit Saint.
C’est l’Esprit qui est premier servi.
Mais si nous faisons dépendre la mystique ou n’importe quelle idéologie de notre corps, nous arrivons à des monstruosités et à des inversions contre-nature les plus minables.
Nous arrivons au projet du Diable pour l’homme.
Je ne sais plus qui a écrit :
 » Si on ne vit pas comme on pense, on finit par penser comme on vit ! » Autrement dit, si on ne soulève pas le corps par l’Esprit, l’Esprit de Dieu, (et le corps c’est la nourriture, c’est notre psychologie, notre sexualité, notre famille et la politique aussi…) hé bien on finira animal et même pire, animal pervers, ce qui n’existe pas dans la nature.
C’est le dosage des priorités qui détermine notre joie ou notre décadence. Et seule, l’Eglise possède le discernement de ce dosage dans l’Esprit Saint.

16° DIMANCHE – B – 2024

Il a tué la haine, par sa chair crucifiée… En sa personne…’
Frères et sœurs,
On peut vivre notre foi, chrétienne, catholique, en deux modes.
Il y a le mode, ‘petit ruisseau’… Flop, flop..!
Des fois ça coule, des fois ça coule pas, ça dépend du temps, du terrain, on va à la messe, c’est déjà pas mal, et même que, des fois, on se confesse.
Bon…
Et puis il y a le mode ‘plongée dans l’océan’.
Là, il y a les marées, le bruit des rouleaux qui viennent du fond, qui emportent aussi le sable. Mais au loin au sonar, on capte une immense présence d’amour.
Ce n’est plus le monde des petits goujons ou des anguilles, c’est la rencontre des gros poissons, et parfois des requins ou des murènes,…
Je ne sais pas pourquoi j’ai toujours préféré le second mode de vivre sa foi. Vivre une vie spirituelle qui engage les profondeurs de l’âme.
J’ai l’impression de moins me moquer de Jésus-Christ.
« Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix.. »
Mais pas une paix ‘glouglou-glou’.
Je veux une paix ‘océan’ (ou ‘océane’), acquise au prix du sacrifice de Jésus. Tellement de souffrances pour sauver nos âmes…
Alors, selon ce mode de vivre la vie spirituelle, il y a quelque équipement à prévoir. Il est vrai que chacun de nous a son chemin de découverte vraiment unique, sa relation intimement personnelle, selon la richesse créatrice de Dieu.
Mais il y a aussi quelques règles communes dans la découverte des grâces divines. Des règles permanentes de croissance dans la foi et l’amour de Dieu.
Les textes de ce dimanche nous en évoquent deux ou trois.
Je reprends quelques mots du cardinal Charles Journet qui pose bien le sujet… Voici ce qu’il écrit dans l’une de ses lettres :
 » oui, c’est dans la nuit qu’il faut avancer, chacun.
Avec la certitude de l’infinie tendresse de l’Amour de Dieu pour chacun de nous, si misérables que nous soyons.
C’est lui seul qui peut, à travers des outils aussi infirmes, faire un peu de lumière pour les âmes’.
Voilà quelque chose qui rejoint le propos de ce jour…
La vie de foi est dans la nuit.
Et plus nous nous aventurerons dans la découverte de l’océan de la foi, plus nous goûterons aux ténèbres des profondeurs.
Ça a l’air un peu terrible.
Oui et non…

Oui pour notre orgueil.
Non pour notre cœur, qui communie alors à la tendresse de Dieu.
C’est le tarif pour accueillir la tendresse de Dieu :
Entrer dans la nuit de la foi.
La foi intègre toujours un côté où on n’y comprend rien, un côté mystère. Un côté dépassement de nos logiques et de nos ressentis.
Mais en même temps, une communication certaine de la tendresse de Dieu.
La foi ‘glouglou-glou’ n’a pas le retour tendresse.
La foi de l’océan a le risque de la noyade, mais elle a les flots du cœur immense de l’amour de Dieu.
Donc, première règle d’une vie de foi vraie :
Le courage de la nuit intérieure.
Parfois le brouillard, avec un goût de cendres.
Et une certitude cependant de la présence qui nous sauve.
Mais alors, si nous devons accepter d’être perdus, de vivre une certaine solitude avec Dieu, dans la nuit de la Rédemption du monde avec Jésus, comment s’en sortir, ou plutôt comment avancer vers la lumière qui se cache, en nous éblouissant ?
Et c’est la que nous rejoignons le thème de ce jour…
Le bon pasteur.
Et les pasteurs bons ou mauvais.
Quand on ne peut plus s’appuyer sur nos béquilles, il faut envisager la deuxième constante d’une vie de foi.
Trouver notre berger.
Je parle toujours de la foi ‘océan’. La foi ‘glouglou’, petit ruisseau n’a pas besoin de guide.
Le premier berger, c’est bien entendu Jésus. Sauveur. Il en faut un premier, indéfectible, définitif, jusqu’à la fin du monde.
Et voilà pourquoi Jérémie et l’évangile et saint Paul aussi, attachent tant d’importance aux pasteurs.
Parce qu’ils sont absolument nécessaires pour vivre la relation à Dieu et pour vivre l’Église.
Sans berger, il n’y a pas de peuple de Dieu.
On le voit dans la Bible, pour la période qu’on appelle des ‘Juges’, avant le roi David. Période de n’importe quoi et de décadence de la foi d’Israël.
Chacun fait sa cuisine ratée dans son coin.
La seconde règle d’une vie de foi, c’est l’unité du disciple à l’écoute d’un pasteur. S’il y a quelques exceptions dans l’histoire de la spiritualité, c’est pour montrer que Dieu est toujours libre de franchir les limites qu’il a posées..
Jésus est saisi de compassion devant ces pauvres qui courent pour le suivre et boire

ses paroles de lumière…
Parce que sans berger, l’homme de foi, la femme de foi, ne peut pas apaiser son cœur. C’est impossible.
Il reste toujours l’inquiétude de la nuit.
Il reste l’incertitude du choix et du chemin.
Il reste qu’on ne peut pas se porter seul.
Oui, Jésus est là.
Mais Jésus doit être révèle et garanti par l’Église et ses pasteurs.
Malheur à ceux qui croient se suffire ou pire, éloignent des pasteurs que l’Église propose.
Mais il y a une déviation très moderne aussi…
Elle n’est pas de vouloir se passer de pasteur, mais que tout le monde soit pasteur et berger !
Toutes les brebis revendiquent d’être pasteur à la place du pasteur… Le top du top, c’est d’être pasteur du pasteur ! Et là, plus de limites : on juge de tout, du pape, de l’Église, du curé, et même de la Bible et de Jésus Christ qui sont quand même très moyens et relatifs. ..!
Des pasteurs et des sacrements.
Troisième règle permanente de la vie de foi.
La fréquentation des sacrements (donnés d’ailleurs par les pasteurs)
Et je reprendrai le bon cardinal Journet pour évoquer les sacrements :
« Dans la nuit de l’humilité où Dieu nous demande d’entrer (encore cette fameuse nuit…), nous pouvons rencontrer la brûlure de son Amour.
Et combien profondément la tendresse qui le pousse à se donner à nous dans l’Eucharistie.
C’est comme à chaque fois une étreinte par laquelle il nous serre sur son cœur à la fois crucifié et glorifié.  »
Je résume, pour ceux d’entre vous qui désire un cœur aux dimensions de la grâce du Saint Esprit :
La foi dans la nuit.
C’est la base.
L’amour de Dieu qui s’écoule dans le mystère d’une union de cœurs, le cœur de Dieu enveloppant de sa tendresse notre cœur.
L’humilité d’être accompagné par un pasteur vers l’unique berger qui est le Christ. Oui… Il reste à résoudre le choix de ce pasteur en Église. Je l’admets, c’est une vraie question qui mériterait une autre homélie…
Et enfin, accueillir Jésus par l’union à son Corps sacramentel, l’Eucharistie et le sacrement de réconciliation et les autres sacrements.
Et alors… L’océan devient votre ami.
Il vous promet le ciel plus infini encore que ses profondeurs sous-marines.

15° DIMANCHE – B – 2024

 » le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit :
‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’  »
Le prophète Amos se défend donc en disant :
‘ c’est pas de ma faute si je suis obligé de dire le vérité… c’est Dieu qui m’a fait comme ça; qui m’a donné cette mission…’
Et vraiment, quand on lit ses trois textes de la messe d’aujourd’hui, on respire… on respire grand.
Pourquoi ?
Parce qu’on parle de prédestination.
Et notre prédestination c’est la grandeur de notre vie.
C’est aussi la paix de notre âme.
Si je n’étais pas prédestiné, je devrais porter tout le poids de mon destin.
Je serai écrasé par ma propre vie, par chacune de mes décisions.
Je serai horrifié par chacune de mes erreurs.
Je serai perdu à chacun de mes faux pas.
La prédestination, c’est-à-dire l’intention de Dieu qui m’accompagne à chaque seconde pour me conduire à mon bonheur, quelque soit le météo, c’est le plus beau cadeau et la plus belle libération que le Créateur offre à chaque homme et à chaque femme, et je dirais aussi à chaque ange;
mais pas uniquement…
À chaque être créé – à la petite fleur, au grand chêne, à la marmotte et à la tortue, au moustique et au rhinocéros.
A Socrate, Abraham, fra Angelico, Mozart, Pierre, Jacques ou Paul.
A l’Église tout entière…
A celle de la terre et à celle du Ciel…
Merveille…
Il n’y a que Dieu qui ne soit pas prédestiné.
Parce que c’est lui qui porte tous les destins.
Vous voyez, frères et sœurs, si nous sommes là… cela entre dans notre prédestination.
Et c’est tellement beau !
Bien sûr si nous ne concevons pas la prédestination comme une sorte de film d’horreur dans lequel, de toute façon, je serais coincé par un programme à retardement

Nous vivons sur deux vitesses.
Il y a la vitesse de tout ce qu’on fait, qui se voit ou que ça reste caché.
La plupart de ces actes, on peut les juger, les peser, ils nous donnent de la joie ou au contraire ils ne valent rien.
Ça c’est la première vitesse, c’est celle qui nous préoccupe à longueur de temps.
Et puis il y a la deuxième vitesse, qui enveloppe la première, mais invisiblement. On aimerait l’attraper par les mêmes critères que la première vitesse.
On voudrait la juger, mais elle ne nous appartient pas.
On peut juste goûter à son harmonie.
Parce que cette vitesse est excessivement harmonieuse…
On la saisit vraiment quand on entre dans la jouissance d’un amour qui nous submerge.
Quand le petit lapin grignote sa carotte, il fait l’expérience de sa prédestination. C’est tranquille pour lui.
Mais nous aussi nous avons notre carotte… C’est la grâce de Dieu, qui nous est offerte et que nous devons grignoter.
En première vitesse, on fait nos affaires, on stresse, on cours, on tourne en rond sur soi, où on mange les autres… par des critiques.
On rit et on pleure, on se plaint sans savoir trop où on en est.
Mais si on demande à Dieu de nous aider à grignoter sa grâce…
Tout s’éclaire…!
Toute ma vie s’éclaire..
Parce que je veux être près de Lui, de Dieu, être avec Lui, pour Lui.
Et je découvre que ma prédestination. C’est cela ma prédestination : être saturé de la Présence de Dieu.
Quand je vais me faire chauffer une pizza, ce soir, elle sera prédestinée, ma vocation qui se déploie tout au long de ma vie, aussi, en passant par le temps d’adoration que je vais prendre avant de mettre la pizza au four.
Vous voyez frères et sœurs, nos journées et nos nuits, s’éclairent d’une lumière neuve si on les enveloppe, dans la foi, de l’intention de Dieu qui nous a prédestinés.
Ce n’est pas pour me gaver que je vais croquer la pizza, ni même pour satisfaire les papilles de mon palais.
Et quand j’irai à l’adoration tout à l’heure, ce n’est pas non plus , pour obtenir quelque réussite ou quelque guérison, ou la force ou la lucidité,…
C’est tout simplement pour entrer en accord avec ce que Dieu me demande. Être près de lui.

Dès maintenant et dans l’éternité plus parfaitement encore.
C’est ça ma prédestination, et c’est la prédestination de chacun de nous.
L’ultime raison de nos actes de nos familles de nos sociétés, de l’Église tout entière, c’est d’entrer en accord avec notre prédestination, avec le désir de Dieu. D’une certaine façon, c’est de réjouir Dieu en étant en harmonie avec son intention… éternelle.
Et c’est tout !
Dieu me veut en prière devant lui, il l’a voulu de toute éternité. Alors Il m’enveloppe de ses bras de bonté, d’amour, et j’entre dans ma prédestination. Je me libère du poids de moi-même.
Mon âme exulte alors de la joie de Dieu pour moi.
Et Jésus-Christ est venu beaucoup plus de précision sur la prédestination. D’abord qu’elle est un exercice de simplification…
Plus je serai désencombré de moi-même, plus alors je me trouverais dans l’écoute harmonieuse de ce que Dieu veut pour moi.
Le grand problème c’est que cette harmonie est perturbée par toutes nos complications qui nous rendent sourd.
Quand l’alcoolique est sous l’emprise de son alcool, il ne se rend plus compte qu’il est ivre. Il n’a plus les yeux en face des trous.
Et c’est notre situation vis-à-vis du péché.
Nous devons d’abord admettre que nous sommes ivre de nos aveuglements et de nos fautes.
Qui nous détournent de ce que nous devrions être.
Et à partir du moment où nous admettons qu’on est à côté de la plaque, nous devons entrer dans une purification qui va durer toute la vie.
Et ça aussi, ça fait partie de notre prédestination.
Pour être en accord avec ce que Dieu a prévu de toute éternité.
Et combien alors notre vie trouve sa mélodie et sa lumière….
Si je cherche une épouse ou un époux, ce n’est pas difficile de comprendre que Dieu, dans sa Providence, me prédestine un heureux élu, ou une heureuse élue pour couler toute une vie d’amour… !
Si je vais passer une heure par jour, ou deux ou cinq, en prière devant le Saint-Sacrement, ce n’est pas pour recevoir en prendre tout premier lieu un retour sur mon investissement, pour moi, ou pour la France !
Mais c’est parce que Dieu de toute éternité, m’a demandé de venir, auprès de lui, passer une heure, deux ou cinq, gratuites. Et que c’est alors qu’il m’aime à fond.

Encore ça, c’est facile à capter.
Mais le plus étonnant et incompréhensible, c’est que toute difficulté et mes souffrances et mes péchés mêmes sont intégrés dans la Providence divine et que ma prédestination les prend en compte.
Ça, ça dépasse toute imagination.
Et enfin… quand tous nos projets seront évanouis dans le passé, quand le temps se retirera humblement devant l’éternité, il restera quoi ?
Il restera l’éclatant projet d’amour porté par le Christ ressuscité…
Pour tous ceux qui auront rendu leur âme toute limpide jusqu’à entrer dans leur prédestination.
Marie d’abord, l’Église exultante, avec tous les saints… et nous… Dans le train des prédestinés….

14° DIMANCHE – B – 2024

Richard Wurmbrand, frères et sœurs,
… Vous connaissez ?
C’est un pasteur protestant Roumain qui a vécu 14 ans dans les prisons communistes. Voici un de ses témoignages émouvants :
« Je passai deux années consécutives isolé dans une cellule. Je n’avais rien à lire, rien pour écrire. J’avais mes pensées pour seule compagnie. Or j’étais un homme d’action, plus qu’un contemplatif.
J’avais Dieu. Mais avais-je vraiment vécu pour servir Dieu, ou simplement exercé une profession de prédicateur ?
(…) Croyais-je en Dieu ? L’heure de vérité avait sonné. J’étais seul. Il n’y avait pas de salaire à gagner, pas d’avis précieux à prendre en considération. Dieu ne m’offrait que la souffrance : allais-je continuer à l’aimer ?
… Au début je priais ardemment pour être libéré. (…)
J’appris peu à peu que sur l’arbre du silence pousse le fruit de la paix . Je commençais à prendre conscience de ma vraie personnalité, et à être sûr qu’elle appartenait au Christ (…) Je savais à présent que je ne jouais pas la comédie et que je croyais ce que je croyais. [Mes prisons avec Dieu… p 50-51]
Et je pourrais retrouver des dizaines de témoignages similaires chez de grands croyants ou de grands amoureux de la Vérité, et même ce cri des profondeurs chez certains éloignés de la foi qui ont vécu l’expérience extrême.
Soljenitsyne par exemple, géant de la fidélité à sa conscience.
Après la saisie d’un de ses livres par le KGB, ce qui lui promettait une nouvelle fois d’être déporté au Goulag :
« Il y a des minutes où faiblit et se brouille notre raison. Où l’excessive prévoyance se change en l’aveuglement le plus grossier, le calcul en désarroi, la volonté en aboulie ( sans ce genre d’échecs, ajoute-t-il, nous ne connaîtrions pas nos limites). Et Soljenitsyne quelques proverbes russes qui l’aident à survivre :
« la peur en a tué un, elle a ressuscité l’autre »
et celui ci, aussi : « ce n’est pas le chagrin qui te fera passer la mer »
[Le Chêne et le veau p 104 ; 117]
Ce sont des prédestinés direz-vous, des surhommes …
Hé bien je prends Joe Bonanno… Ça vous dit peut-être rien… Alias Joe Bananas, Parrain de la mafia sicilienne à 26 ans, c’est vous dire comme il était recommandable. Homme d’honneur, se nomme-t-il, mais pas enfant de chœur. Dans les années 30-40.
Il raconte quand il s’est retrouvé les yeux bandés, dans une voiture qui semblait le conduire à la mort dans un terrain vague :

« Mes ravisseurs se taisaient. Seul le crissement des pneus sur la chaussée détrempée rythmait mes pensées.
J ‘essayais de me détendre. La chose la plus difficile, pour un homme qui est pris au piège, est de ne pas céder à la panique. S’il tente de résister, l’étau se resserre. S’il parvient à rester calme, il peut utiliser la seule liberté qui ne puisse lui être enlever : la liberté de penser. ( j’aurais plutôt dit : la liberté de prier, qui va encore au-delà de celle de penser. Mais bon….)
Il continue – et c’est là que ce me semble le plus intéressant – :
« quand nous sommes pris dans la tourmente, nous réalisons que nous n’avons jamais rien dominé, ni les êtres, ni les choses, que nous n’avons jamais eu d’empire que sur nous-même, (j’ajouterais : … et encore …) »
[Un homme d’honneur – p 177]
Chers frères et sœurs, vous êtes vous réveillé une nuit, avec l’angoisse au ventre, à 2h du matin, avec un grand sentiment d’impuissance, d’incompréhension ou d’échec ?
Comme Saint-Antoine d’Égypte, débordé de tentations multiples, dans ses premiers temps de vie d’ermite.
Vous êtes vous réveillé à la frontière de vos limites ?
À la frontière, ça veut dire soit du côté où elle n’est pas franchie, mais vous avez déjà une roue dans le ravin.
Ça peut vouloir dire aussi que vous êtes passé au feu rouge, que vous avez passé la ligne de non-retour, que vous venez déjà de faire plusieurs tonneaux et que vous êtes mal en point.
Or là, je pêche une réflexion d’un Père Dominicain, le Père Molinié :
« Les amis de Dieu, ceux qui prient, écrit-il, expérimentent dans leur propre cœur les ténèbres qui nous séparent de Dieu et leur grande tentation, comme l’avouait le Saint Curé d’Ars, n’est pas la complaisance, mais le désespoir. Ainsi, ils sont de niveau avec les détresses les plus extrêmes, celles où personne ne peut plus rien faire et qui ont franchi le seuil d’une sorte de monastère de la souffrance : camps de concentration, folie, enfants martyrs, agonisants… sans parler des déchirements invisibles auxquels les hommes qui courent ne peuvent prêter attention.
Comment est-ce possible de vivre jusques-là ? Précisément à cause de leur union à Dieu, du silence, de l’amour et de la joie. Le silence, en écoutant Dieu, peut écouter le monde mieux que le monde ne s’écoute lui-même et découvrir les seuls cris qui méritent d’être entendus, c’est à dire ceux qui sont vrais.

La prière peut écouter les détresses sans fond parce qu’elle écoute la joie de Dieu qui est sans fond. [Le courage d’avoir peur p 161-162]
Et là on peut aisément prendre Saint-Jean-de-la-Croix qui a traduit son expérience par des petites paroles définitives comme celle-ci :
« Ne mets jamais ta jouissance en ce que tu comprends de Dieu, mets-la en ce que tu ne peux pas comprendre ; (…) C’est ce qui s’appelle le chercher par la foi. »
[Cantique spirituel II – st 1]
Et on comprend que le Christ se rétracte devant ses amis de Nazareth qui sont à l’affût de miracles…
La foi, c’est de savoir, quand les nerfs sont à leur limite, quand il y a autour de nous ce silence de solitude âpre, quand le monde entier et le ciel de notre âme deviennent de plomb…
… la foi nue, c’est-à-dire pure, essentielle, c’est de dire, à ce moment-là : ‘Merci mon Dieu… Merci mon Dieu, parce que si je suis comme ça, en cet instant, perdu et impuissant, c’est que tu es en train de me travailler, et que je suis dans tes bras. Et que tu es en train de me donner ta grâce.’
Je ne sais pas comment, ça craque aux jointures de mes os, la tentation de compenser par quelque déviation se fait vive…
La foi, à cet instant-là, c’est de rester en murmurant une prière dans le genre :  » tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas »
(C’est la phrase préférée du Starets Silouane)
La foi c’est de croire que Dieu fait sa meilleure œuvre… à ce moment-là ! Pas au moment suivant, au moment de la délivrance.
Dieu fait sa meilleure œuvre juste avant… qu’on touche le fond.
Et la grâce ne paraîtra que un quart d’heure plus tard, ce quart d’heure qui peut durer 5 ans, 10 ans, pendant lequel nous aurons les deux omoplates dans la poussière. ( les mauvais quart d’heure de Dieu peuvent être très longs….)
Pendant lequel nous serons perdu.
Il y a les grâces lumineuses de résurrection.
Et il y a la grâce ténébreuse..
La plus belle et la plus véritable, qui se cache dans la souffrance de l’abandon. C’est le cri confiant vers le Christ Sauveur, mais qui n’apparaît pas, quand tout est raté dans le moment de l’épreuve.
Jean Cocteau écrit :
«Il y a les poèmes clairs. Ils sont cristal.
Et il y a les poèmes obscurs. Comme des diamants noirs. Les gens admirent les premiers et condamnent les autres.

Or, c’est la pureté et le rayon spirituel qui les traversent qu’il aurait fallu regarder pour juger’ [Correspondance p 343]
On peut en dire autant de la grâce divine .
Il y a la grâce de la foi ouverte à l’enseignement et au miracle. C’est le poème lumineux.
Mais attention… cette grâce est véridique si notre cœur a chanté le poème obscur, si notre âme est passé par le ravin de la mort qui a creusé notre amour.
Et Jésus ne trouve pas cette compréhension chez ses amis de Nazareth.
Frères et sœurs, il est douteux de suivre quelqu’un qui vous parle de miracles, de visions extraordinaires ou d’adorations sublimes, s’il n’a pas signé son passage par l’épreuve de l’obscurité et du désespoir.
S’il ne boîte pas de l’épreuve du combat de Jacob dans la nuit, avec Dieu.
Ou du traumatisme d’Isaac offert en sacrifice par son père.
La véritable vertu de foi, théologale, elle est là, dans cette signature du passage des ténèbres.
Ensuite Dieu fera miracle lumineux, s’il le désire.