LA TOUSSAINT 2025

Dans le chemin de la grâce, nous sommes toujours comme le petit Poucet au milieu de la foret.
Nous avons besoin de petits cailloux blancs pour y retrouver et de bottes de sept lieues pour avancer à la bonne vitesse, c’est à dire chaussés de la grâce de l’Esprit Saint.
Les petits cailloux blancs, ce sont les exemples de nos frères les saints qui stimulent notre désir et l’orientent en illustrant la Parole de Jésus.

Heureux les pauvres…
Heureux ceux qui attendent tout.

Saint Benoît-Joseph Labre, ce fils de bonne famille qui parcourut un peu avant la Révolution française, les routes de France et d’Italie, partageait sa vie en trois périodes.
Il marchait.
Il entrait dans les églises et il priait longuement. Période principale. Et il mendiait sa nourriture d’un jour.
Quand une bonne âme sortait une livre-tournois de sa poche, il murmurait à son bienfaiteur : « Pas trop…. pas trop…»
Il voulait juste quelques sous pour le jour même.‘ Pas trop…’ Puis il remerciait.

Le monde organise des stages de bien-être et des techniques d’accumulations. Le Royaume des Cieux est aux pauvres.
Notre vie chrétienne est un abandon à la présence amoureuse et providentielle de Dieu.

Heureux les doux.
Un évêque, lituanien, Vincentas Borisevicius, fusillé le 3 janvier 1947 par les
communistes.
Jugé, déjà à moitié mort à la suite des tortures subies pendant des mois, les seules
paroles qu’il prononça avec douceur devant le tribunal qui le condamnait à mort … pour avoir été trop apostolique… ses seules paroles furent :
« Devant Dieu et devant les hommes, je suis dans la vérité ».

Notre vie de foi n’est pas un parcours pour amateurs. C’est un chemin de sainteté.

Heureux les affligés.
Frère Léon marchait sous la pluie avec frère François et il lui demande :
« je te prie de la part de Dieu de me dire où est la joie parfaite ! »

Et Saint François d’Assise répond :
Quand nous arriverons à Sainte-Marie des Anges, trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés par la boue et tourmentés par la faim. Nous frapperons à la porte du couvent et si le portier arrive en colère pour nous
demander : ‘ qui êtes-vous?’ « nous sommes deux de vos frères ». Alors il dira : ‘ je ne vous crois pas ! vous êtes des brigands qui trompaient le monde et les pauvres.
Allez-vous-en, misérables voleurs !’
Frère Léon, si nous supportons avec patience, sans trouble ni murmure, avec allégresse même dans la neige et dans le froid, si nous supportons ses injures et même qu’il nous frappe, alors frère Léon écris : c’est en cela se trouve la joie parfaite en pensant aux souffrances du Christ béni que nous devons supporter pour son amour ».

Notre vie chrétienne n’est pas une dégustation des produits du terroir.
Elle est exultation du cœur dans les épreuves.

Heureux les affamés et assoiffés de justice .
Le 4 novembre 1990, une voiture s’arrête devant la maison du père Simon Jubani. Le conducteur lui dit : « Père, vous devez aller au cimetière ou 4 à 5000 personnes
vous attendent pour célébrer la messe. »
Il répond : « je suis prêt ».
Ce prêtre risque sa vie. Il a déjà passé 25 ans en prison. Depuis 40 ans en Albanie il n’y a plus eu un seul office religieux public dans le pays. Il célèbre la messe à la fin de laquelle il annonce qu’il en célébrera une autre une semaine plus tard.
Il est aussitôt arrêté, menacé, mais il ne renonce pas. On le relâche pourtant quelques heures plus tard et disparaît dans la clandestinité. Pendant une semaine, caché chaque jour dans une maison différente. Le jour arrive. 50000 personnes sont réunies, encerclées par des escadrons de miliciens, l’arme au poing. le Père Jubani avance entouré par des jeunes intrépides. Une étincelle, et ce pourrait être un massacre. Le Père célèbre la messe, il fait son premier sermon depuis plus de 27 ans. « la liberté je ne vous l’apporte pas, c’est dans vos cœurs qu’elle se trouve ». « la religion je ne vous l’apporte pas, elle brille déjà en vous par votre présence ici.»
Il n’y aura pas un coup de feu.
Le régime le plus répressif d’Europe a perdu la face, vaincu par la foi. Un mois plus tard, décembre 1990, le régime communiste athée jette l’éponge, et la
liberté de croyance est autorisée. En Albanie, il ne restait qu’une trentaine de prêtres en vie en 1990, sur 110, 25 ans
plus tôt.

Le chemin des saints, nos frères, n’est pas un voyage de tourisme découverte… Notre foi nous rassasiera et nous rendra assoiffés de justice.

Heureux les miséricordieux.

Au début de sa vie de solitude avec le Seigneur, Saint Serge vécu dans les forêts de Radonège.
Vie dure et tentations nombreuses. hivers rigoureux. Les loups affamés entouraient quelquefois sa cellule et des ours venaient jusqu’à sa porte.
Un ours avait pris l’habitude de venir tous les jours rôder devant sa cabane.
Il avait faim.
Et l’homme de prière lui déposait une petite miche de pain sur un morceau de bois ou sur un tronc.
La bête trouvait sa nourriture et s’éloignait.
Souvent il manquait de ce pain, seule nourriture accompagnée de l’eau de la source. Et quand l’homme de Dieu n’avait qu’un morceau de pain, il le jetait néanmoins à sa bête, ne voulant pas l’offenser et la laisser sans nourriture.’
Et peu à peu, des disciples se joignirent au bienheureux dans sa forêt…

Dieu comble de bien les hommes de miséricorde.
Notre Église n’est pas un club de loisirs ou de partage culturel.
Elle est attente de la miséricorde du Seigneur.

Heureux les cœurs purs.
Saint Thomas d’Aquin suivez les cours de philosophie dans l’université très cotée de Cologne.
Il parlait très peu. C’était un disciple qui savait écouter. Certains le surnommaient
le bœuf muet» en raison de sa corpulence.
Et les étudiants qui le côtoyaient de considérer comme un peu niais. Un peu débile. Pour se moquer de lui, un petit farceur l’interpelle dans un couloir :
« Frère Thomas, venez vite ! il y a un bœuf qui vole dans le ciel … »
Thomas se rapproche de d’une embrasure dans le cloître et regarde au ciel… Et l’autre rigole comme un malade. Alors frère Thomas le regarde et lui dit : « « Mon frère, il m’est plus facile de croire à l’existence d’un bœuf volant qu’à celle d’un religieux menteur… ». »
Cette réplique pourrait s’appliquer à la fête mensongère d’Halloween ou à nos petites calomnies qui, en plus, ne sont pas drôles. Notre foi réclame d’être disciples d’un Sauveur qui est vérité.

Heureux les artisans de paix.

Louis Lenoir, prêtre aumônier dans les tranchées de 14-18, savait qu’il serait certainement tué avant d’avoir pu ramper jusqu’au premier mourant sur la champ de bataille. Il n’a pas dit : « Réfléchissons… il y a là une impossibilité apostolique ! » . Il croyait à la valeur suprême du sacrifice pour attirer les grâces divines sur l’humanité . Et il fut tué. (Histoire des crises du clergé contemporain – Paul Vigneron p 319)

Heureux les persécutés pour la justice… Heureux si on vous insulte, persécute, calomnie, à cause de moi…

Dans la même cellule d’une même prison roumaine étaient réunis deux hommes. Le premier, un opposant politique à la République populaire socialiste, n’avait pas la foi.

Le second était évêque. Il s’appelle Monseigneur Ghika.
Le premier demande à l’ecclésiastique :
« qu’en pensez-vous ? Quand retrouverons-nous la liberté ? ».
L’évêque au lieu de répondre ou même de réfléchir à la question, le regarde. Et visiblement il ne comprend même pas le sens de la question.
Alors soudain, cet homme inquiet pour son avenir comprend que sa question est absurde face à cet homme de foi.
Il comprend que pour cet homme-là les murs de la prison n’existent pas. Qu’il n’avait pas à se demander quand est-ce qu’il serait libéré. Il était libre…!
Celui qui posa la question deviendra prêtre catholique. Ce fut le Père Mattei Boïla, qui eut un grand rôle dans l’œcuménisme de la fin du 20e siècle. Quant à Monseigneur Vladimir Ghika, il est mort en prison, de tortures et d’épuisement, le 16 mai 1954 et fut déclaré bienheureux par le Pape François.
Si l’ange de l’Apocalypse ‘marque au fer rouge, comme un sceau’, les élus de Dieu, ne rêvons pas d’une foi style planche à voile ou style parfum Lancôme…… L’amour dont nous parle le Christ c’est l’amour qui passe à travers la croix, qui est cloué sur la croix.
Voyant les foules, Jésus leur dit… :
« vous êtes le sel de la terre. »
« vous êtes la lumière du monde ». Pour tous nos frères qui ont vécu leur baptême comme un appel à la sainteté, le sel et leur lumière ne se sont pas trouvés dans une petite promenade printanière dans la prairie.

TRENTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

TRENTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Pauvreté

Jésus parle de s’élever ou de s’abaisser…
Qu’est-ce que s’élever, qu’est-ce que s’abaisser ?
Qu’est-ce que être riche, qu’est-ce qu’être pauvre ?
Jésus lit au cœur des choses.
Pour nous, être riche c’est avoir l’estomac satisfait. Être pauvre, c’est avoir le ventre qui crie famine.
De façon plus moderne, être riche, c’est rouler en Porsche, décapotable de préférence pour montrer qu’on est béni des dieux, et être pauvre c’est même pas pouvoir se payer un grand écran.
Jésus voit profond… la richesse ou simplement le désir de la richesse, l’un et l’autre sont équivalents. (Être riche c’est avoir gagné; désirer être riche c’est ‘ être un riche qui n’a pas de chance comme disait Jean-Paul Sartre)
La richesse ou le désir de richesse vise la sécurité, par soi-même, par des biens possédés.
Et comme les angoisses et les malaises viennent du cœur et ne peuvent pas être soignés par une nouvelle voiture, ni par la richesse de nos dons, ni même par nos vertus morales, il y a erreur de vouloir calmer notre malaise intérieur par ce chemin. Le pharisien de l’Évangile n’est pas tranquille.

On croit pouvoir soigner et apaiser notre cœur par un confort qui détourne en fait de la guérison…
Vous allez me dire :’on peut faire du bien si on est riche…’
On peut faire du bien, mais on ne se fait jamais de bien.
Car la richesse est trop attirante et nous fait croire que nous sommes meilleur et en sécurité.
La richesse, acquise, qu’elle soit matérielle ou vertueuse, nous apporte toujours,

sans exception, la suffisance.
Et la richesse désirée nous apporte toujours, sans exception, jalousie, aigreur,
égoïsme et parfois révolte.
Je me souviens du témoignage d’un skipper…
Le propriétaire du bateau qu’il conduisait, était millionnaire. Peut-être plus. Il ne lui manquait rien. Sauf peut-être, un cœur à qui se confier.
Il avait son équipe de marins, mais il avait peur.
Il s’enfermait le soir dans sa cabine, après avoir pris ses cachets pour dormir.
Rappelez-vous, frères et sœurs, la solitude de Adam et Ève, derrière leurs arbres, après avoir voulu être riche du fruit de l’arbre.
Qui s’élève sera abaissé dans sa solitude .Et la pauvreté… ?
Ah… elle est beaucoup plus intéressante.
La petite pauvreté elle a besoin de quelqu un. Et elle le sait.
La petite pauvreté a besoin d’être élevé par le regard de quelqu’un, le regard ou l’acte d’amour de quelqu’un. Et elle le sait.
Voilà la pauvreté en sa vérité :
Les biens, les dons, ils lui sont encombrants.
Ils ne l’intéressent pas parce que son désir est ailleurs.
La petite pauvreté a compris que le dépouillement lui permet de rejoindre son cœur.
Là où naissent et là où se guérissent les peurs, les angoisses, les nuits sans sommeil,
les tensions, les comparaisons qui irritent.
Pour rejoindre notre cœur, rien ne doit encombrer le chemin intérieur et tant qu’àfaire ni celui extérieur; c’est plus sûr…
Le secret d’une vie c’est de rejoindre son cœur.
Mais comment faire ?
C’est trop simple pour le reconnaître.
Nous devons viser la pauvreté pour que celui qui nous aime rejoigne notre cœur.
Et ensuite pour que nous le suivions jusque-là.
Dieu, notre Sauveur Jésus Christ, nous demande de le suivre dans la nuit, dans la foi,
sans trop comprendre l’itinéraire, de nous dépouiller pour qu’il puisse nous mener
avec une tendresse incomparable là où notre cœur prend sa source.
Il prend sa source dans un appel d’amour.
Aucun riche ne peut pénétrer jusqu’à cette source.
Ça c’est certain.
Le pauvre ne sait même pas qu’il est conduit jusqu’à la source de son cœur. Et, dansun instant de grâce, il s’
y retrouve avec émerveillement.
Cet instant de grâce c’est quand il n’a plus rien.
Il n’a plus rien à perdre.
Il ne cherche rien à gagner.
Et il se retrouve exactement là où est le Pauvre, le pauvre Mendiant qui est Jésus,
Mendiant, Assoiffé, le Pauvre de la Croix…
Le petit pauvre reconnaît le grand Pauvre.
Quand Saint Paul dit:
« J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi.»
Il dit juste qu’il n’a rien… que la foi.
Et la foi c’est rien du tout.
Une flamme de bougie dans la nuit… bref, rien du tout.’
« tous mont abandonné, le Seigneur m’a assisté. il me sauvera et me fera entrer dans son royaume céleste.»
On ne peut être élevé que si on attend… d’être élevé. Le pauvre est celui qui reconnaît que tout seul il n’y arrive pas.
Ni à se rejoindre, ni à rejoindre ses rêves, ni à rejoindre les autres.
Voilà du réalisme ! : se reconnaître dépendant de quelqu’un qui nous libère.
Le vrai amour est pauvre.
« mon Dieu montre-toi favorable au pécheur que je suis ».
La véritable pauvreté c’est celle de l’esprit et de la grâce de Dieu.
La pauvreté matérielle on ne peut jamais aller jusqu’au bout, mais elle nous aide à appeler la pauvreté de l’esprit.
La véritable pauvreté c’est la pauvreté de l’esprit qui est émerveillement.
Bienheureux les pauvres en esprit. parce qu’en fait, on ne peut être pauvre que
d’esprit.

Si bien que Jésus en a fait la première des Béatitudes.
Parce que celui qui est pauvre, il veille, il soutient les retards de Dieu, indéfiniment.
Et son attente, si elle est vraiment attente de pauvreté, remonte toujours à sa
source et cueille le fruit de Celui qui n’a rien pour’ être’ tout.
Le véritable pauvre cueille le fruit de la communion.
Voilà la véritable élévation, c’est l’entrée en communion.

Sur les lèvres du véritable pauvre peut passer la prière du cœur :’
mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! ‘
C’est la note la plus pure de la prière contemplative, celle qui traverse les nuées et fait frémir le cœur de Dieu

HOMELIE DU VINGTNEUVIEME DIMANCHE ORDINAIRE

Priorités…

Il y a 15 jours j’ai essayé de sortir la foi de ses buissons.
Je disais que la foi, cette petite graine de moutarde, est la perle la plus précieuse de notre intelligence, un éclair d’intuition qui illumine de sa certitude notre relation au monde invisible.
La foi qui réclame d’être garantie par les vérités de l’Église. Pour investir de clarté les mystères qui nous dépassent.
Bien plus… qui nous met en contact intime avec celui qui nous regarde avec amour.
La foi qui nous permet de reconnaître dans notre vie l’action toute puissante, efficace et amoureuse de Dieu et la beauté divine de Jésus qui peut transfigurer notre monde.

Cela, c’est ce que j’ai essayé de faire passer dans cette précédente homélie.
Mais il y a une phrase dans l’évangile d’aujourd’hui qui me donne le frisson :
‘ le Fils de l’homme ( autrement dit Jésus lui-même quand il se désigne dans son incarnation toute humble)…
« Le Fils de l’homme quand il reviendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Autrement dit, ne restera-t-il que quelques saints sur notre planète, en train de veiller, de prier, le cœur ouvert dans l’attente du Christ Sauveur ?

Alors, plutôt que de s’inquiéter sur la fin du monde, qui nous surprendra, posons-nous la question de savoir comment transmettre l’héritage de notre foi, de la foi de l’Église.
Dieu veut habituellement que la grâce de la foi, se transmette par enseignement et par notre témoignage.

Si on faisait le point…
La foi, je l’ai dit apporte clarté et intelligence dans notre vie, nos relations, dans nos amours.
La foi de l’Église est intelligente.
Et si elle est intelligente, c’est qu’elle a des priorités et elle a des aspects plus secondaires.

Quand vous transmettez un héritage, est-ce que vous allez écrire 15 pages pour décrire le petit olivier au fond du jardin que vous voulez léguer à l’un de vos petits-fils ?
Est-ce que vous allez faire une thèse sur le mouvement des planètes dans votre testament ?
C’est peut-être très intéressant tout cela, mais ce n’est pas l’essentiel pour faire comprendre vos intentions et transmettre vos immeubles, vos comptes en banques de Suisse ou des Bahamas et les tableaux de maîtres bien protégés dans vos coffres anti-effraction, et les bijoux de famille très rares qui datent de Napoléon.

Pour transmettre la foi, il faut placer en priorité ce qui est le cœur de la foi;
il faut vivre dans le cœur de Dieu.

Nombre de chrétiens, je parle de vrais chrétiens, de catholiques sincères, passent une grande partie de leur temps à grappiller ce qui n’est pas essentiel pour nourrir leur foi.
Dans notre monde perturbé et le plus souvent confus dans ses vérités, il est urgent de centrer notre foi sur l’essentiel.

Quant aux vérités, normalement ça devrait être très facile.
L’Église garantit le dépôt de la foi.
Et notre Pape est là pour nous donner les grandes lumières essentielles qui apaisent notre esprit.
Approchons-nous de Jésus par ce que dit l’Église.
Et surtout pas par les filtres empoisonnés du monde et des médias ou par quelques visionnaires surgi d’internet.

Mais ce qui me semble le plus important, c’est de poser en priorité les actes prioritaires de notre foi.
Ce n’est qu’à cette condition que nous serons des témoins solides, hommes et femmes épanouis de joie et de paix dans la volonté de Dieu.
Et c’est là que, je crois, nous avons quelques faiblesses.
Combien je vois de gens qui ont abandonné la pratique de la foi, tout simplement parce qu’on leur a présenté comme obligatoires, sur le même plan d’importance que le credo, des pratiques de piété un peu naïves confortées par quelques miracles douteux…
Quand les bourrasques sont arrivés ils ont tout laissé tomber. On les avait trompés.

Alors je reprends ce qui est prioritaire pour un chrétien catholique.
D’abord, ce qui est prioritaire pour un catholique c’est de pratiquer sa foi.
Parce que notre religion est une religion de relation et d’amour.
Ce n’est pas une religion de livres d’astronomie que l’on ouvre en secret une fois tous les trois mois.
La foi ne devient lumineuse que par la charité vécue.
Alors donc… où se trouve le cœur de la charité ? :
En priorité, dans la fréquentation de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ.
Où se développe la fréquentation de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ ?
Dans la prière.
L’acte le plus excellent de la charité est la prière.
Avec des degrés de prière où la charité sera plus ou moins infusée.
La prière d’adoration est la reine de la relation d’amour avec Dieu.
Si vous ne prenez jamais des temps de silence devant le Saint Sacrement – et cela c’est possible pour chacun de nous – comment prétendez-vous avoir la foi en Jésus-Christ qui est venu se donner par amour.
Il vous attend nuits et jours.
Si vous ne répondez pas à son attente comment prétendez-vous avoir la foi en Jésus-Christ ?
Tous les autres modes de prière sont tournés vers la reine et doivent favoriser la communion silencieuse avec le Bien-aimé divin.
Autre priorité : la communion au Corps et au Sang très saints du Christ.
Qui ne peut être féconde que parce que notre cœur est passé par l’illumination de la prière.
Et vous voyez, chers frères et sœurs, tout se tient merveilleusement.
Car la communion au Corps et au Sang du Christ, sommet de notre vie chrétienne, doit être soutenue, nourrie elle même, enrobée de sa garde d’honneur, que sont tous les autres sacrements.
Sacrement de la réconciliation fréquent et régulier.
Sacrement de la confirmation.
Sacrement du mariage bien sûr si l’on vit en couple.
Je ne parle pas du baptême puisque c’est la porte d’entrée.
Prière. Sacrements.
On ne peut pas se dire catholique si on ne pratique pas la prière et les sacrements.
Ou alors, annoncez la couleur.
Présentez-vous en vérité :
« je suis catholique mais je suis un catholique mort »
Un catholique aime Jésus-Christ.
Il l’aime parce qu’il est le bonheur profond qui fait battre son cœur.
Donc… il veut le connaître.
Et donc… priorité absolue pour le connaître : lire la Parole de Dieu.
La Parole de Dieu qui pétrit notre jugement de lumière.
Qui nous introduit dans la famille des amis de Dieu.
Et qui parle à l’oreille de notre cœur des trésors cachés de la vie éternelle.
Un chrétien qui n’a pas lu le seul livre qui le branche sur son bonheur, le seul parmi les millions de livres qui existent, cela me reste incompréhensible.
Vous pouvez avancer toutes les objections possibles, si l’on est chrétien, ne pas lire la Bible qui est le message direct de Dieu, c’est vouloir faire du pain sans farine.
Relisez Saint Paul : « grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toutes sortes de bien. Elle a le pouvoir de communiquer la sagesse »
Voilà la charité en acte.
Par la prière, les sacrements, la lecture de la Bible.
Ensuite, toutes les formes de piétés particulières, les formes de charismes, les recherches de signes, les pèlerinages, tout cela est loisible, mais loin derrière, non essentiel, convenant à l’un mais ne convenant pas à l’autre.
Et surtout, conseillé avec prudence.
Il reste cependant une autre obligation incontournable pour être appelé chrétien :
C’est l’exercice des vertus chrétiennes.
Je ne dis pas qu’un catholique doit être parfait, mais il doit être sur la route de la perfection pour plaire à Dieu, et donc sur la route de la conversion, des vertus de charité fraternelle, bien sûr, si elle est vraiment de la charité fraternelle, mais pas simplement une bonté naturelle plus ou moins naïve ou intéressée.
Vertus de détachement du monde présent, d’humilité, de fidélité, de justice, de joie et d’espérance, vertu de force dans le témoignage, savoir s’affirmer chrétien… Etc…
Je viens d’avoir le témoignage d’une petite fille de 8 ans, qui lève le doigt en classe pour dire devant la maîtresse et devant les autres :
« moi je ne fête pas Halloween parce que je suis chrétienne »
Le Royaume des Cieux appartient aux enfants !
Voilà du témoignage.

A vous maintenant, de discerner votre point faible, et de décider de replacer vos priorités, afin d’être en correspondance avec votre présence ici et votre nom de catholique, et votre désir d’être en accord avec le Dieu de notre foi.
Prière, sacrements, Bible, vertus …
Le Fils de l’homme, quand il viendra trouvera-t-il sur terre la joie d’un seul cœur qui aura respecté les priorités de la foi pour ouvrir son âme aux dons du Saint Esprit ?

D’ailleurs, les dons du Saint Esprit, c’est un autre sujet qui mérite une homélie.
Chaque chose en son temps…

SAINT DENIS 2025

 

Martyr et vérité et mensonge
Anniversaires de mariages

Frères et sœurs,
Qu’est-ce qu’on fait là ?
Parce qu’enfin, il faut savoir ce que l’on fait quand on est dans une église, à
Tourtour, le 12 octobre…
On fait un acte d’insurrection…
Insurrection contre l’esprit du monde ambiant.
Et de façon collatérale contre quelques idéologies préfabriquées.
Vous voyez c’est pas rien !
C’est vrai que l’on vient de faire une petite escapade à travers Tourtour au son du tambourin et de chants folkloriques.
Et c’est vrai que, croyant ou pas croyant, nous sommes dans cette église pour
louer le Dieu de l’univers.
Enfin… plus précisément pour louer Jésus-Christ, celui qui nous libère de tous nos enfermements, blocages ou péchés.
Ça c’est grand.
Reconnaître celui qui peut faire de notre vie une vie vraiment humaine et grande
et promise au bonheur.
Ça c’est grand !
Mais c’est déjà une insurrection vis-à-vis de ce que vous avez regardé hier à la
télévision.
Mais je vais vous indiquer ce matin deux motifs plus prononcés d’insurrection.
Qui réjouissent notre cœur mais peuvent gêner certains qui ne sont pas là.
Le premier motif c’est celui de notre fête d'aujourd'hui.
Saint Denis…
Saint Denis, martyr.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte l’intensité de ce que nous vivons ce
matin par le culte de cette messe.
Comme à chaque messe, nous célébrons le martyr de Jésus-Christ.
Mais à cette messe précisément nous honorons le martyre d’un disciple de Jésus-Christ.
C’est-à-dire de l’un de nos frères tout proche.
Nous venons acclamer ici le témoignage d'un homme d’Eglise, d’un homme de foi, jusqu’à la mort.
Et ça c’;est l’horreur pour l’esprit du monde.

Le phénomène du martyr va jusqu’aux entrailles de l’histoire de l’humanité.
Quand on parle d'un martyr chrétien, catholique, ce n’est pas la mort d’un
criminel.
Comme quelqu’un qui aurait volé la femme de son voisin.
Que son voisin se venge et le tue, c’est horrible, c’est trouble, mais il y a quelque chose de compréhensible dans cette passion vengeresse.
Tandis que le martyr, il ne meurt pas pour un mal, il meurt pour un bien.
Le véritable martyr c’est celui qui meurt pour la vérité.
Il meurt justement parce qu'il est innocent.
Bien sûr, seul le Christ est totalement innocent, mais le martyr chrétien est tué
pour la vérité.
Il appelle à la vérité ou tout simplement il l’annonce dans son coin, et c’est ça qui gêne.
C’est quand même fort.
Le martyr provoque par la vérité une insurrection qui va jusqu’au meurtre.
Quelqu’un dit la vérité, et il faut le lyncher. Pourquoi ?
Parce que, par sa disparition, on va pouvoir rester dans notre mensonge.
Quelqu’un qui met au grand jour le mensonge par la vérité perturbe l’ordre établi dans le mensonge.
C’est le mensonge qui se défend et qui tue.
Or les martyrs qui ne cherchent qu’à témoigner de la vérité et de l'amour, mais de l’amour vrai, pur, pas de n’importe quel amour tordu sur soi-même bien sûr, les martyrs montrent que l’homme de mensonge a besoin de victime.
L’homme de mensonge cherche une victime et un bouc émissaire.
Pour pouvoir entretenir son mensonge.
L’unité des menteurs se fait sur le meurtre de celui qui dit la vérité.
C’est une tactique qui vient de Adam et Eve d’après le péché originel.
c’est pas moi c’est elle dit Adam.
C’est pas moi c’est le serpent. dit Eve.
Caïn tue son frère, les fils de Jacob veulent tuer leur jeune frère, tout
simplement parce qu’il est plus pur, et il leur semble plus aimé de leur père. Il est visionnaire et il dit la vérité.
Il faut l’éliminer !
Et Jésus le dit bien : tous les prophètes sont persécutés.
Pourquoi ? Pas parce que ce sont des voleurs ou des traitres, mais parce qu’ils
disent des paroles de vérité.
Simplement.
L’homme mauvais a besoin de trouver sa victime, et sa première victime c’est
celui qui ne se défend que par la vérité.

Je ne citerai pas les innombrables exemples de bourreaux à grands pieds ou à
petits pieds.
Si l’on ne vit pas dans la lumière du Christ, de la vérité de Dieu par la grâce de la
foi, nous cherchons nos victimes.
Les martyrs sont ceux qui mettent en évidence par la lumière, le poids du
mensonge qui habite l'homme.
Comme l'a fait Jésus-Christ, sur la croix.
Le martyr montre par son témoignage que l’homme ne veut pas reconnaître ses démons qui l’habitent et avec lesquels il pactise.
Le pire pour un homme c’est qu’on lui montre ses démons, ses mensonges.
Tout ce qui est amour de soi, amour de ses intérêts, amour de sa gloire, amour de son confort ou de ses plaisirs.
La vérité nue, l’annonce du Christ Vérité, quelque part, fait peur à l’homme.
L’homme est vérité-phobe.
Quand l’homme innocent montre du doigt l’amour propre, le sien et celui des
autres, il s’annonce candidat au martyre !
Le persécuteur va affiner ses mensonges pour que son meurtre devienne
acceptable et justifié en apparence.
Quelle est la première manœuvre du démon ?
Ce n’est pas de faire le mal en tant que tel.
C’est d’abord de camoufler ses mensonges.
Il se félicite de manipuler les esprits.
Et s’il pouvait atteindre l’Église ils s’en réjouirait.
Mais l’Église se met toujours en pleine lumière.
Frères et sœurs, dites-vous que celui qui agit de façon cachée, parfois occulte, a toujours peur de la vérité qui vient mettre à jour et troubler ses mensonges.
Et comment se présentent les martyrs ? comment s’est présenté Saint Denis ?
Dans la vérité, oui… mais ça ne suffit pas.
Il était dans l’amour, en paix, avec lui-même et avec le ciel.
Et puis, tout simplement il s’est présenté en pauvre.
Tout évêque qu’il était il n’était pas surhomme.
Et tant d’autres, évêques, apôtres, paysans du Danube, Ougandais, chinois, se
sont avancés comme lui pour suivre le Christ, doux et humble de cœur.
Quel rapport alors avec 50 ans de mariage ou 10 ans ?
Et bien, je le dis souvent aux jeunes mariés le jour de leur mariage :
Vous faites par le sacrement du mariage une œuvre de vérité.

Vous manifestez par votre engagement pour la vie un témoignage.
Le témoignage de la vérité et de la foi en Jésus-Christ.
Cette vérité c’est la vérité de la grâce de Dieu.
Un couple sans mariage que fait-il ?
Il consomme un don inestimable, le don de l’amour, le don de l’unité, le don de la fécondité.
Et ça peut passer…
Un couple avec mariage, quand je dis avec mariage, c’est toujours avec le
sacrement du mariage…
Un couple avec mariage fait d’abord, le jour de son mariage surgir une vérité,
comme un grand feu dont la flamme s’inscrit dans l’éternité.
Et deuxièmement en même temps, il rend grâce de ce don inestimable qui vient d’un Autre.
Vous vous rendez compte de la différence de grandeur que prend la même réalité
pour un couple qui ;cohabite; et pour un couple qui s ́unit dans la grâce de Dieu.
C’est là toute la différence entre un feu qui peine à prendre, qui fume et grésille,
et un feu en plein essor de flamme, lumineux et sain.
Par le sacrement du mariage s’élève le feu de la vérité.
Et qui permet à l’amour d’être sain et profond.
Avec la fidélité…
Parce que la fidélité prouve la vérité des cœurs.
Il existe cet amour fou qui peut faire perdre la tête à n’importe qui, et qui en
fait est très commun, du moins au départ…
Mais l’amour fidèle n’est pas commun.
… La vérité n’appartient qu’aux couples mariés dans la foi et fidèles.
… c’est cette fidélité qui fait éclore dans la beauté l'union profonde qu’ils
désiraient le premier jour,
… Avec l’amour, la vérité, la fidélité, il est inévitable que le monde les regarde
curieusement.
Le monde secrètement les admire, mais le monde est gêné dans ses
compromissions compliquées.
Un couple marié et fidèle dans la grâce de Dieu, c'est difficile à supporter.
Jacqueline, Franck, Agniezska, Laurent, vous proclamez aujourd’hui la splendeur de la fidélité.
Qui est loin de l’amour à la sauvette présenté dans les films.
Et comme toute bonne chose, vous la proposez par votre témoignage.
Alors bien évidemment, votre fidélité, vous la vivez avec pauvreté.
Un chemin glorieux dans le mariage ça n’existe quasiment pas.
Votre chemin, il est toujours avec des cailloux, avec des branches qui n’ont pas
été taillées ou qui sont mortes, avec des reliefs qui sont pénibles, des montées et des descentes, avec des irrégularités dans votre relation, des recherches qui ne trouvent pas toujours de solutions;
Quand l’un veut courir, l’autre peut avoir mal aux pieds;
Il y a tous les imprévus de la vie.
Et il faut tenir la charrette dont les roues ne sont pas toujours synchronisées.
Et c’est avec ça, avec ce chemin qui demande une bonne dose d'humilité que vous
prétendez, Jacqueline, Franck, Agnieshka, Laurent, faire œuvre de beauté.
Et vous avez raison.
Parce que c’est Dieu qui la fait.
Et il reste fidèle dans tous les imprévus du chemin.
Et là vous rejoignez Saint Denis…
Parce que la lumière de l’Église, la lumière de l’amour conjugal vécu dans la grâce  de Dieu est une lumière qui peut gêner les yeux des oiseaux de nuit de  notre monde.
Vous les provoquez par votre témoignage.
Mais aujourd’hui, Jacqueline, Franck, Agniezska, Laurent, vous nous réjouissez,
vous réjouissez l’Église, vous réjouissez le cœur du Christ Sauveur.
Et je vais maintenant l’exprimer par une prière de bénédiction de vos couples et de vos alliances, de vos enfants, signes de votre insurrection et signe de votre union et de votre union avec Dieu.

VINGT SEPTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Les apôtres sont avec Jésus, et ils demandent que leur foi augmente…
Être avec Jésus physiquement, entendre ses paroles, ne leur suffit pas.
Peut-être même est-ce un inconvénient d’être trop proche de lui ?
Parce que l’aspect ‘ beauté morale ‘ et même ‘ beauté physique ‘ de Jésus devait captiver ceux qui l’approchaient.
Et favoriser un plaisir humain, un bien-être trop humain qui nuisait à l’acte de foi.
Remarquons que Jésus prend pour la foi la même image que pour le Royaume des Cieux.
Une graine de moutarde… la plus petite des graines, qui peut donner un grand arbre.

Qu’est-ce que c’est que cette graine dans notre esprit, qui ne pèse rien, et qui peut transporter des montagnes ?
Et surtout comment peut-on la faire grandir ?
On a la foi ou on ne l’a pas ?
Si on avait simplement cette petite graine, dit Jésus, on arriverait déjà à déraciner des arbres…!
Qui, dans cette église, ce matin, a un gramme de foi…?

Bon alors, je vais essayer de décortiquer ce phénomène mystérieux qui s’appelle la foi.
Qui peut augmenter;
Qui peut donc aussi diminuer;
Et qui peut être agissante d’une force redoutable.

La foi qu’est ce que c’est ?
Ça commence comment ?
Certains diront c’est un sentiment qui se rapproche de la confiance.
Peut-être qu’il y a un peu de ça quand on parle d’une relation naturelle qui peut aller jusqu’à l’amitié.
‘ j’ai foi en toi !’. c’est un beau compliment.
Seulement voilà, dans une dimension religieuse, de vie intérieure, la foi ne s’attache pas aux sentiments, ni même à la sympathie.
La foi théologale est une intuition plus profonde que le ressenti sensible.
La foi est une certitude.
Qui surgit d’une vérité reçue ou d’une présence.
La foi théologale c’est une présence qui se fait vérité, certaine, et saisie par une intuition qui est une grâce, c’est à dire qui nous est donnée, indépendamment de nous. On ne sait pas comment, mais ça demande notre accord.

Vous allez me dire :
Pourquoi alors les apôtres parlent de croissance ?
On a la foi ou on ne l’a pas !
On a cette intuition ou on ne l’a pas.
Oui c’est vrai.
Il y a un premier mouvement de foi, surnaturel, qui jaillit du cœur de nous-même dont on ne peut pas douter sur le moment.
De la même façon qu’on ne peut pas douter de notre vie,
ou de l’existence du soleil quand on ouvre les yeux.
Mais qu’on peut refuser et rester athée.
Et là, il n’y a pas place pour du plus ou du moins.
Cependant, ce pur jaillissement d’une lumière qui envahit les profondeurs de notre âme a besoin d’être nourri pour ne pas être feu d’artifice qui se dissipe dans la nuit.

Dans le biberon de la foi, il y a deux ingrédients absolument indispensables.

Imaginons quelqu’un, un garde forestier, qui revient en courant au village, et qui, essoufflé et tremblant, entre chez lui et dit à sa femme :
‘J’ai rencontré un ours !’
S’il décrit simplement un grognement derrière les buissons, son épouse va se moquer de lui.
‘ mais mon brave Gaston. – en fait il s’appelait Gaston effectivement – entendre un grognement dans un buisson ce n’est pas rencontré l’ours !
Il faut avoir vu l’ours pour parler d’une rencontre.

Et si Gaston lui dit : ‘ Mais oui ! il faisait deux mètres de haut, avec des petits yeux, il se léchait les babines, il remuait ses pattes avant comme si j’étais déjà dans son assiette…’
Alors là, Simone – son épouse s’appelle Simone – elle va commencer à le prendre au sérieux.

Quel rapport avec la foi ?
C’est très simple.
Le grognement c’est la première intuition de la grâce qui vient toucher l’oreille de notre cœur.
Mais qui peut disparaître aussi vite qu’elle s’est produite.
Alors, il y a les petits malins qui veulent que l’ours sorte de son buisson. C’est quand même mieux !
Pas pour la tranquillité de Gaston, mais pour la certitude qu’il ferait bien de courir !
Et bien, la foi doit adhérer à des vérités qui sortent de derrière les buissons.
Le jaillissement de l’intuition trouve sa consistance quand on reçoit des vérités qu’elle va illuminer par l’intérieur.
Combien j’ai rencontré de personnes qui me disent :
‘ j’ai la foi ‘…
Très bien !
Mais leur foi est une sorte de nébuleuse sans vie; elles ont le ressenti d’une bonne étoile, d’une Providence protectrice et très générale.
Elles ne vont pas plus loin. Ça risquerait de les engager trop.
Leur foi ne leur donne pas de vérité.
Simplement du ressenti diffus.
Ça leur permet peut-être de dormir une heure de plus chaque nuit, de savoir qu’il y a quelque chose de favorable au milieu de leurs malheurs ou de leurs épreuves.
Ils ont une foi informe et floue qui est souvent un sentiment, rempli d’illusions qui les arrangent, pour se rassurer.

Quand les apôtres demandent : ‘ augmente en nous la foi !’ il ne parle pas de cette foi sentimentale qui peut s’évanouir dans les difficultés.
En fait, la foi que demande Jésus-Christ, la foi chrétienne, peut augmenter, en précisions, en profondeur de vérité, en compréhension des mystères qu’elle révèle comme à travers un voile.

Mais il faut recevoir cette grâce, lumière après lumière, pour clarifier notre esprit qui reste pourtant dans la nuit, la nuit de la foi.
Lumières après lumières doivent être reçues par tout notre être depuis l’intuition jusqu’à notre raison qui n’est pas très contente de rester dans ses limites.

Le pur mouvement de la foi réclame de recevoir de l’Église la vérité des mystères.
Si l’on ne reçoit pas ces vérités de l’Église, nous restons soit dans un flou fragile et nocif, et c’est le fond commun de notre société, troupeau aveugle et manipulé, soit dans les idées fausses, qui peuvent aller de l’ésotérisme empoisonné, aux fantômes un peu débiles, à la superstition, ou un peu plus évoluée mais non moins dangereuse, à l’hérésie qui va amputer notre esprit et notre vie.

Donc nous pouvons grandir dans la connaissance de notre foi.
Mais ce sera toujours en recevant la grâce de Dieu, première, et illuminatrice.
On peut lire la Bible de long en large ou écouter multiples prédications, si l’on n’a pas la grâce illuminatrice, tout cela restera stérile.

Mais je n’en ai pas fini avec la croissance de la foi.
Parce que, Gaston, il peut bien décrire les dents de l’ours, ses yeux, ses griffes, et sa fourrure un peu plus blanche sur le ventre que sur le dos… Simone le croira beaucoup plus s’il a une balafre qui lui descend du visage jusqu’en bas du dos.
Si Gaston s’est battu avec l’ours, alors là, c’est un vrai témoignage.
On peut même appeler Paris Match.

Vous voyez, frères et sœurs… la foi peut augmenter en certitude et en densité.
À quoi correspond cette bataille avec l’ours?
C’est très simple.
C’est que notre foi, ce jaillissement intuitif vers la lumière, vers des vérités, elle ne trouve son achèvement que si elle atteint son objet, qui est Jésus-Christ, Dieu amour, une Personne, qui nous invite à une relation d’intimité.
Et donc… la bataille avec l’ours, c’est l’amour de Dieu qui passe dans nos œuvres. c’est la bataille de Jacob avec Dieu, dans la nuit.
Je ne peux pas croire en un Dieu amour si cet amour ne me transforme pas de sa tendresse, concrètement, et si je ne lui réponds pas par l’amour de mon cœur.
Je dois me laisser griffer par l’amour de Dieu.
Et là, oui, je peux augmenter en foi et en charité, à l’infini.
Jusqu’au don de moi-même.
Au don permanent de moi-même.
Quand j’aurais gardé les bêtes, je veux continuer à servir Celui qui m’aime.
Et le servir, c’est ouvrir mon cœur à sa louange, c’est ouvrir mon cœur à sa rencontre, c’est répondre à son amour par mon amour permanent et fidèle.

Alors oui, la petite intuition de la foi – qui demeure – peu illuminer mon esprit d’un horizon à l’autre de la présence de Dieu.
Et je peux rejoindre Dieu en lui-même, dans une fidélité persévérante, fidélité aux vérités de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint.
Et si je rejoins Dieu par la foi, je vivrai de la force de Dieu jusqu’à la croix et jusqu’à la résurrection.
En fait, jusqu’à la vision jouissive, immédiate, nue, de Celui qui me sauve.

‘ Seigneur, augmente en nous la foi jusqu’à la vision ‘
Fais-moi rencontrer l’ours jusqu’au contact de sa fourrure dense.