DEUXIEME DIMANCHE DE CAREME

LA FOI

Abraham est un personnage fascinant.
Il n’est pas parfait.
Il fait des erreurs et même des fautes.
Graves.
Abraham est encore de l’âge de l’homme brut.
Son ‘charisme’ n’est pas spécialement la finesse morale.
Mais cela montre que Dieu ne place pas en première importance la perfection.
Depuis toujours Dieu a appelé, ‘non pas les justes mais les pécheurs’
Qu’importe que l’on soit taillé dans un cristal fin ou dans du granit, il y a toujours une grâce qui nous est destinée.
Abraham fut l’homme de la foi.
Immense.
Nous sommes des nains de ce point de vue.
Abraham n’a pas l’Eglise pour lui clarifier le message de la Providence.
Mais Dieu traite avec Abraham par visions, par intuition, par des signes très purs.
La foi a besoin de signes.
De signes qui sont comme des tremplins pour toucher aux lumières qui nous dépassent.
Pour Abraham quel est le signe du message de Dieu ?
Un signe magnifique…
C’est le ciel étoilé.
Ce n’est plus l’Arc-en-ciel de Noé, mais la Voie Lactée.
C’est vrai que cette infinité de lumières qui semblent fragiles peut nous donner le vertige.
Comme l’écrit Victor Hugo (dans Les Misérables),
‘ vous regardez une étoile pour deux motifs, parce qu’elle est lumineuse et parce qu’elle est impénétrable.’
Je dirais que c’est la définition du signe.
Il se présente comme un repère sensible, mais il nous invite au mystère insaisissable.
Le signe pour Abraham c’est  le ciel.
Il n’y a pas plus grand dans la création.
Et le message de Dieu.
Hé bien,  » ta descendance ressemblera au ciel… »
Abraham à 100 ans.
Sa femme semble stérile et trop âgée.
Et Abraham croit en Dieu.
Il n’a aucun doute que sa descendance sera nombreuse.
Il a simplement un doute sur le pays que Dieu lui promet.
De l’Égypte jusqu’au nord de la Syrie…
Et comment Dieu lui répond-il :
« Fais un sacrifice. un sacrifice d’animaux ».
Dieu parle par les étoiles; l’homme, par le sacrifice.
Ça semble primitif mais il n’y a pas d’acte plus profond que cela.
Et alors quelle sera la réponse de Dieu ?
Dans un sommeil mystérieux sur Abraham, ce sera une flamme qui va griller les morceaux d’animaux.
Un regard qui se tourne vers les étoiles..
Une promesse d’avoir des enfants et de les installer dans un grand pays..
Un sacrifice agréé par Dieu.
Comment on le sait, qu’il est accepté?
Parce que Dieu passe par le signe du feu.
Et puis après cela ?
Très simple.
Abraham sait que sa vie a été comblée.
Ça lui suffit.
Il évolue dans un environnement silencieux.
Le silence de l’esprit d’Abraham le grandit et le grandit même dans une dimension infinie.
Plus nous sommes dans les histoires, plus nous sommes petits et rétrécis.
Plus nous sommes dans le silence, un vrai silence d’écoute, plus nous sommes à la dimension de celui qui habite le silence.
Vous voyez, frères et sœurs, nous avons une grande leçon de foi à recevoir d’Abraham.
La foi grandit dans la recherche du silence et de la simplicité et l’humilité.

Les gens qui n’ont pas la foi sont compliqués et compliquent tout.
C’est la grande peine de Saint Paul, qui pleure sur les petites vies faites de plaisirs, de critique et de petites susceptibilités.

La foi c’est de recevoir un message.
De le recevoir avec son cœur d’un autre.
Mais quand on passe tout au tamis de notre jugement, on ne s’en sort pas.

Frères et sœurs, ne croyez pas que je me fais des illusions.
Ce que je dis là ne changera jamais le jugement de quelqu’un.
Je ne cherche pas à convaincre.
Ceux qui n’ont pas de jugement seront les derniers admettre qu’ils doivent soumettre leur jugement à quelqu’un d’autre.
Ils ne se convertiront pas. C’est clair.
Mais alors à quoi ça sert que je dise tout cela ?
C’est simplement pour réconforter, consoler peut-être, ceux qui ont une foi profonde.
Comme le dirait Saint-Paul :  » mes bien aimés, ceux qui ont compris l’humilité du jugement, en fait qui ont compris le chemin de foi, ne vous affligez pas si parfois, l’obéissance bénie, l’humilité bénie, ne vous donnent pas immédiatement des joies sensibles, et même vous apportent des épreuves supplémentaires.
Parce que vous avez semé en vous une paix que n’atteindra jamais celui ou celle qui garde son cœur fermé sur lui-même.
La leçon d’Abraham qui est tellement à l’opposé de ce que préconise autre monde, c’est l’humilité du jugement et la simplicité extrême de vie.

Alors… La transfiguration. ?
Je crois qu’en approchant Abraham, on prend un chemin favorable a la rencontre de la transfiguration de Jésus.
Parce que Abraham, et d’autres grands du peuple Saint ont eu quelque expérience proche de la transfiguration.
Ces grands ( Moïse, Élie, Isaïe… Ezéchiel… ) ont eu une expérience de la Croix, de la profondeur de la souffrance du Christ pour l’humanité.
Dieu accorde la Transfiguration à celui qui ne dit pas ‘non’ à la croix.
Parce que la Transfiguration est lumière indissolublement liée à la croix qui sauve le monde.
Frères et sœurs si vous avez une transfiguration, une grâce toute simple de la vie éternelle, oh… je ne dis pas comme un brasier de 3 m de haut, mais comme une petite grâce de lumière qui va rendre l’une de vos journées paisible,
Si vous avez cette petite grâce, alors sachez qu’elle doit passer par une petite croix.
Si vous avez une grande grâce, sachez que vous passerez par une grande croix.
La croix est toujours lumineuse de la Transfiguration qui l’a précédée.
Et la Transfiguration et tu ne portes ouvertes à rejoindre le Christ souffrant.

Mais il y a une condition a vivre tout cela : c’est de viser le chemin d’Abraham. De marcher sur ses traces.
Or, que disent ses traces ?
Elles disent : simplicité, pureté, dépouillement, humilité, humilité.

Tout le contraire de notre monde.
Le grand effort de Carême que nous devons viser, c’est de simplifier notre vie, nos pensées.
On ne peut pas en dehors de l’Eglise atteindre cette grâce de simplicité.

PREMIER DIMANCHE DE CAREME

Quand Satan demande à Jésus de transformer la pierre en pain, en quoi consiste la tentation ?
Est ce que faire un miracle est mal ?- non, pas spécialement.
D’ailleurs, Jésus réalisera ce miracle. Plus fort même… à partir de rien, il produira des pains.
Donc le diable a quelque chose d’autre derrière la tête.
Une intention plus subtile et tordue derrière ce qu’il suggère.
Et Jésus saisit très bien la question.
L’intention de Satan est de suggérer à Jésus de se nourrir lui même.
De se suffire à lui-même.
Et c’est bien à cela que Jésus réplique.
L’homme ne vit pas seulement de pain… mais alors de quoi vit-il?
Jésus cite Moïse :
 » De toute parole qui sort de la bouche du Seigneur »
Comprenons bien .
L’homme vit de la relation avec le Seigneur.
L’homme vit de l’amour qui est donné et de l’amour qui est reçu, car la Parole de Dieu est amour.
Transformer les pierres en pain c’est se donner à soi-même, à son corps, ce qui lui convient.
Mais le mal ne se situe pas à  vouloir manger. Il est bon de nourrir son corps.
Le mal se situe à se faire du bien, et non pas à recevoir ce bien d’un autre.
Et à le recevoir dans l’amour.
La tentation de Satan est très subtile.
Il invite Jésus à utiliser son pouvoir, son pouvoir de miracle… pour lui-même.
Et cela c’est le péché du diable.
Miracle ou pas miracle ça n’a aucune importance.
Mais miracle pour soi-même, c’est le péché satanique.
Le miracle qui se fait en dehors de l’amour d’un autre.
L’amour de soi pour soi est une perversion. Surtout si l’autre est utilisé comme un moyen pour se faire plaisir.

La seconde tentation du diable est une variante de la première..
Ce n’est pas le besoin du corps, ni le plaisir, c’est le pouvoir.
Encore une fois le diable est très fort.
Car il insiste sur deux tentations pour cacher une autre perversion beaucoup plus néfaste.
Première tentation : tu es fort.
Deuxième tentation : prendre des moyens mensongers pour arriver à dominer.
Quel mensonge ? celui de demander de l’aide au diable.
Parce que le diable n’a pas le pouvoir qu’il proclame.
Il fait croire qu’il a le même pouvoir que Dieu.
Mais ce n’est pas le même pouvoir. Lui, a le pouvoir de détruire, de posséder.
Dieu a le pouvoir de la vie et le pouvoir de la fécondité.
Rien à voir entre le pouvoir de Dieu et le pouvoir du diable.
Mais le diable joue sur le mot pouvoir. Il confond pouvoir et domination.
C’est très subtil.
Bien malin qui ne s’y laisse pas prendre.
Le pouvoir de Dieu n’est pas un pouvoir de domination c’est un pouvoir de création et de liberté.
De création de liberté.
L’homme peut ressentir la présence de Dieu comme dominatrice et Satan joue sur ce ressenti de l’homme devant Dieu.
Regardons la réponse de Jésus.
Il balaye les arguments de Satan en affirmant que Dieu est le but de la vie de l’homme, et que sa grâce est le moyen absolument nécessaire pour que l’homme retrouve le pouvoir sur lui-même, et sur la nature et sur les autres.
Mais ce pouvoir est un pouvoir d’amour. Un pouvoir de fécondité.
Un pouvoir qui participe à la Création.
Si l’homme s’arrête au mot pouvoir pour lui même et non pour servir les autres, il perd son âme et sa vie.
C’est exactement ce que Satan a compris pour Eve au moment du péché originel.
Il lui a fait miroiter un pouvoir pour elle même.
Voilà la perversion première : pour soi même.
Jusqu’à revendiquer alors la place de Dieu… Pourquoi pas? !
Jésus réplique:
Tu recevras de Dieu; tu honoreras dans le respect la majesté de Dieu.
Autrement dit tu rendras un culte à Dieu, et tu recevras tout dans l’amour qu’il te donne.

Dernière tentation: dernière cartouche de Satan :
‘ tu demanderas à Dieu de te protéger. ‘
Combien de fois est-ce que j’entends cette tentation murmurée par Satan.
 » Si Dieu m’aime, il me protégera… »
Satan aime se cacher derrière ces mots.
Nous ne sommes pas là pour être protégé mais pour nous donner.

Remarquez, chers frères et sœurs, qu’à chaque tentation, le diable prend Dieu comme référence, prend Dieu à témoin, pour mieux tromper sa victime.
Le pire ce n’est pas de nier Dieu. Ça c’est simplement bêtise.
Le pire, c’est de se servir de Dieu pour mieux le trahir.
Et pour mieux faire ses affaires à soi.
Détestable croyant que celui qui se sert de Dieu pour ses perversions, pour son amour-propre, pour son orgueil.
La ruse de Satan c’est de récupérer Dieu, ce Dieu qu’il a en haine.
Et la naïveté de l’homme qui est une porte ouverte à son péché et à sa perte, c’est de croire que parce qu’on parle de Dieu ou parce qu’on l’invoque, nécessairement il n’y a que du bien.
En fait, beaucoup de péchés se cachent derrière les mots ‘amour’, ‘piété’, ‘bonnes œuvres’, ‘bien pour soi’, et l’on pourrait ajouter ‘culte divin’, ‘confiance’… tous ces mots qui sont un vernis trompeur s’ils ne sont pas reçus dans la grâce de Dieu.
Arrière Satan !
Rien ne doit être entre Dieu et nous.
Dieu est notre source.
Dieu est notre fin.
Source d’amour.
Béatitude de lumière et d’amour.
Que l’on atteint par un chemin d’amour qui est Jésus-Christ.
Jésus-Christ ressuscité et Jésus-Christ dans son corps qui est l’Eglise.

Simplement… dernière remarque, frères et sœurs, entre nous soit dit…
Le diable n’ayant pas réussi à feinter Jésus, reviendra, est-il écrit.
Parce que le diable ne cède jamais.
Il ne reconnaît jamais sa défaite.
Il reviendra mais par d’autres moyens qui seront non plus de ruse mais de violence.
N’oublions pas, nous tous chrétiens, cette dernière menace, pour les temps qui attendent l’Eglise, épouse du Christ, avant sa victoire, magnifique, qui sera celle de l’éternité.
Satan aura l’avant-dernier mot, pour notre douleur.
Et ça fera mal.
Mais il sait qu’il n’aura pas le dernier mot.
Qui sera notre jouissance éternelle dans le cœur de notre Dieu tout puissant d’amour.

HUITIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

HUITIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Qu’est-ce que nous apprend Jésus dans ce petit passage ? Beaucoup de choses :

Que dans le chemin de foi on doit être guidé.Parce que la foi nous invite a explorer des mystères qui nous dépassent.Or, quand on ne voit pas, il est nécessaire de prendre la main de quelqu’un qui nous rassure et qui nous fait passer les passages plus délicats.Le minimum est que ce quelqu’un ne doit pas être aveugle…Qu’il doit avoir expérimenté certains passages difficiles et avoir ouvert son cœur.Bon… déjà, ça c’est pas facile d’admettre d’être guidé.Beaucoup refusent la grâce de Dieu et refusent de s’aventurer dans le chemin de la foi, simplement parce que ce chemin demande l’humilité de leur jugement.Il n’est pas facile de reconnaître que notre jugement ne nous suffit pas.Et on ne peut pas avoir la foi si on n’a pas cette modestie de se savoir insuffisant.Pour les athées, c’est clair.

Mais certains chrétiens se croient chrétiens sans pour autant avoir la foi.Parce qu’ils ne lâchent rien de leurs opinions et de leurs certitudes.

Ce sont des chrétiens tenailles ! Quand on les approche, ça pince…Tant que l’Église est d’accord avec eux, ils sont d’accord avec l’Église.Mais ça, c’est pas la foi.Parce que si par hasard l’Église les heurte ou les déstabilise sur une vérité, ils boudent ou se détournent.Parfois en sauvant les apparences, parfois avec fracas, en claquant la porte.Mais le fond du problème reste le même : ils ne veulent pas convertir leur jugement.Qu’est-ce que nous apprend Jésus?Que… quand on s’aventure sérieusement dans le chemin de la foi, (je dis sérieusement, ça veut dire avec amour, tout simplement en mettant une certaine priorité sur la vie éternelle)Hé bien, quand on s’aventure avec amour dans la relation avec Dieu on a besoin d’un accompagnateur et même plus précisément d’un père spirituel.On doit,  –  je répète : dans une relation d’intimité avec Dieu, à laquelle chacun est appelé, – on doit entrer dans une relation de disciple à père spirituel.Et Jésus nous apprend que dans cette relation, délicate, fine, mais puissante, l’Esprit Saint va élever le disciple.L’élever dans sa vocation, clarifier le plus intime de son cœur, et en même temps l’introduire dans le plan éternel de Dieu.L’élever aussi dans une communion toute particulière entre le disciple et le maître.À vrai dire, comme dit Jésus : ‘ comprenne qui pourra’…Après avoir dit cela Jésus nous introduit dans une sagesse de bonheur…Et cette sagesse vise toujours notre jugement. » Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère ? « Alors là, c’est très beau…!Parce que Jésus nous dessine par cette petite phrase tellement de nos attitudes !Quelle est la pensée en nous qui ne porte pas directement ou indirectement sur le défaut de notre voisin ?Et Jésus insiste, il va plus loin.Une fois qu’on a cru voir la paille… on veut enlever la paille… !Et ça c’est encore tellement bien vu.Parce que non seulement on ausculte notre voisin, mais encore on s’autoproclame son médecin. » Bouge pas… je vais enlever la paille dans ton œil. « Et cela on le fait 50 fois par jour.Quelqu’un nous dit qu’il a mal au petit doigt, inévitablement on se juge qualifié pour retirer l’épine qu’il y a dans son petit doigt.On veut résoudre tous les problèmes, ceux d’Amérique et ceux de Russie, ceux de Chine et ceux d’Afrique, ceux de Paris, de Rome, de Salernes, ceux de notre quartier, du couple qui nous parle, et ceux de nos voisins…Si Jésus me dit que j’ai une poutre, ne dois-je pas admettre, dans la foi, que j’ai une poutre… dans l’œil ?Mais si Jésus me dit :‘ fiche la paix à ton voisin’‘ laisse-le vivre!’ ‘ laisse-le respirer…!’Et s’il ne te demande pas de lui enlever la paille qui le gêne, et si personne ne t’a missionné pour lui enlever la paille qui le gêne, il y a certainement quelque chose de mieux à faire que de lui proposer de lui enlever la paille qu’il a dans l’ œil…!Enlève la poutre qu’il y a dans ton œil.N’aie crainte, tu en auras pour la vie à enlever cette poutre.Et j’ai remarqué que tous ceux qui m’ont aidé à enlever une paille et peut-être même un bout de la poutre plantée dans mon cœur, ce sont ceux qui m’ont écouté bien plus qu’ils m’ont abreuvé de paroles.Je rends grâce à tous ces hommes silencieux, silencieux au profond de leur cœur, qui m’ont permis de déposer paille après paille pour me libérer de quelques blessures.Les autres, je les comparerai à des chasseurs bruyants qui veulent surprendre le lapin mais qui s’interpellent les uns les autres à des kilomètres.Le lapin, mes braves, il s’est caché depuis bien longtemps, et vous ne le trouverez pas.Qu’est-ce que nous apprend Jésus ?Qu’on ne cueille pas de figues sur des épines…Ça veut dire que de la même façon que j’accueillerai l’Eglise, je parlerai à mon voisin ou je ferai cuire mon omelette.Cela veut dire que si j’admets de recevoir de l’Eglise, (même si ça remet en place certaines de mes idées ) je recevrai mieux mon frère, et mon omelette sera mieux cuite.Et les mots de ma bouche seront plus purs.Mon oreille sera plus pure.Au contraire, si c’est moi qui veut façonner le monde, mon jugement sera toujours petit, mon frère aura toujours tort, les mots de ma bouche porteront toujours de l’amertume.

Mais qu’est-ce que nous apprend Jésus ?…Qu’il faut commencer par le commencement.

Ça veut dire qu’il faut commencer par notre cœur.

Sulfater les fruits de l’arbre ne sert à rien si l’arbre pousse sur un terrain qui ne lui convient pas.

Mais qui peut travailler le terrain de notre cœur ?

C’est très simple, chers frères et sœurs, pas nous !

Pas nous, ni notre frère ou notre sœur…

Il n’y a que Dieu qui peut pénétrer sans dégâts aux sources de notre cœur et guérir.

Il faut commencer par chercher avec ardeur sa lumière.

Et… accepter l’éventualité de nous convertir, de changer notre point de vue, et de changer nos attitudes fraternelles.

Alors notre cœur qui est mauvais sera purifié par le cœur de Dieu qui est bon.

Notre cœur qui est dur deviendra un cœur de chair par la tendresse de notre Dieu.

De petit qu’il est, il pourra s’ouvrir à la beauté du Ciel .

Notre cœur qui a peur, s’ouvrira au pardon et à la compassion.

Une vraie compassion évangélique.

Il peut devenir accueillant, silencieux, sans pour autant être naïf… séduisant de son silence.

Et nos gestes, nos paroles, habiteront le silence de la lumière divine.

Mais attention, ce n’est que le feu dévorant de l’amour de Jésus qui peut brûler la paille et même entamer la poutre qui pourrit notre vie.

SEPTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

 

Entrée dans le parc … Il y a un magnifique jardin… Protégé des sangliers et des renards par une clôture très efficace. On peut voir le jardin mais on ne peut entrer que par l’endroit aménagé pour cela. Dans cette immense clôture il est même difficile de percevoir cette porte. Il y a juste un petit repère : presque au niveau du sol, deux coffrets à code. Pour entrer dans le jardin, il faut connaître ces deux codes. Certains, nombreux d’ailleurs, marchent le long de la clôture et parfois depuis
longtemps, depuis leur jeunesse. Ils observent le jardin, ils connaissent le nom des plantes du moins sur quelques
mètres. A ceux qu’ils croisent, ils peuvent même raconter le jardin, plutôt le parc .
’Ici il y a un cerisier, là, un térébinthe,…’ Ils ont même repéré la cachette d’un écureuil, et le nid d’un couple de mésanges. Un chemin qui s’enfonce vers des clairières qui gardent leurs mystères. Mais en fait, le regard de ces promeneurs ne va pas plus loin que quelques mètres. Ils ne soupçonnent pas la vie riche et féconde de l’immensité de ce parc. Ils ont bien vu à travers les arbres qu’il y avait toute une communauté de grands et
petits, plutôt paisibles, qui semblait se réjouir un peu au loin. Mais tout cela, ils ne le voient que de l’extérieur de la clôture. Soit en faisant leur jogging, soit en méditant sur les plans de leur prochaine maison, soit en promenant leur chien. Ils sont passés devant la porte, ils ont vaguement entraperçu les deux petits
coffrets. Mais ils n’ont pas compris qu’il fallait s’abaisser jusqu’aux coffrets. Parfois de l’autre côté de la clôture, un homme ou une femme les ont interpellé.  » il y a une porte. rejoignez nous.!
Une expérience vous est promise si vous trouvez cette porte… Aucun de nous ici, dans ce parc, n’est déçu. » Mais c’est tout… Ceux de l’intérieur, ( mais en fait on ne sait pas si c’est l’intérieur ou l’extérieur il y
a simplement un parc, il y a ceux qui sont d’un côté et il y a ceux qui sont dans l’autrecôté)…  ceux qui sont de l’autre côté, sont plutôt silencieux. Non pas parce  qu’ils ne vivent rien, mais parce qu’ils ont l’air de garder un trésor.

Donc tout ce qu’ils disent c’est :  » venez donc nous rejoindre »… Pourquoi ne donnent ils pas l’endroit des coffrets et le code que portent ses
coffrets ?
Parce que ça ne sert à rien pour celui qui ne veut pas les voir. Il n’y en a qu’un qui peut éclairer le mystère des coffrets. Il s’appelle Jésus-Christ. C’est le seul qui a le langage et la clarté pour faire connaître l’endroit et le code. Saül et l’un de ceux qui a longé l’immense parc, comme Caïn, comme Esaü, le frère de
Jacob, comme le roi Acab et sa femme Jézabel, Absalon le fils de David, comme Judas (l’Iscariote) … on pourrait citer Dalila qui coupe les cheveux de Samson, aussi ou Hérodiade chez les femmes. Tous ceux là, et bien d’autres depuis le temps d’Abraham, ont marché le long de la
clôture, ont compris qu’il y avait une porte, ont rageaient de ne pas trouver le code. Et ont jeté des pierres contre la clôture et dans le parc. Saül, est un pauvre homme. Pauvre parce qu’il était doué. Il s’est fait prendre au piège de ses dons. Parce que, quand la porte que l’on a pressentie inconsciemment est resté fermée, on sait qu’il y a une bénédiction qui nous a échappé. Et c’est l’angoisse dans les recoins les plus profonds de notre cœur de que notre
destin était peut-être de l’autre côté de la clôture. Surtout quand il y a un jeune David qui a passé la porte, qui a trouvé du premier coup
les codes et qui s’amuse comme un petit fou de l’autre côté, dans le grand parc. Aujourd’hui nous avons l’exemple de Saül, mais Saül il est comme l’archétype de notre monde qui patauge. Saül a une mission, il a eu une bénédiction; il est le premier roi d’Israël, messie choisi par le prophète Samuel, avec tout pouvoir donné par Dieu… Il a tout pour lui. Il est bien fait. Il est doué. Il a un fils aimable et agréable. Il a la mission, belle, de conduire le peuple de Dieu;
il a le pouvoir il a l’intelligence. Il a son armée. Mais il n’a pas passé la porte intérieure de l’amitié avec Dieu. Et il en arrivera à devenir minable de jalousie, de compromis, de vengeance, jusqu’à
la paranoïa et aux idées de meurtre sur un petit gars qui a son cœur dans la main de Dieu. Saül qui court le désert avec 3000 hommes pour attraper un petit berger chef de
bande… Qu’est-ce que c’est nul !
Et le petit berger, qui deviendra roi à sa place, se moque de lui. Ce n’est pas une histoire de rivalité de pouvoirs ou d’incompatibilité de caractères, c’est une histoire d’intimité avec Dieu.

L’un n’a pas franchi la porte de l’intimité. Pour l’autre, malgré ses grands défauts, – parce que ce n’est pas une histoire de
défauts ou de qualités, il faut bien comprendre cela. c’est une histoire de
bénédiction intime – …. malgré ses grands défauts, David boira aux sources de la grâce qui coule du cœur de Dieu. Dans le monde, il y a toutes les raisons de conflits et d’opposition, qui font des ravages et provoquent de grandes souffrances. Nous le constatons. Mais la racine la plus profonde des haines, qui se cache comme des loups enragés, elle est plantée au fond des cœurs de ceux qui grincent des dents devant la clôture. Ils ne le diront jamais comme cela, ils ne donneront jamais cette explication, mais
c’est bien là dans ce regret aveugle de n’être pas entrer dans le parc que la source amère, pleine de fiel, les a bloqués dans un refus orgueilleux d’admettre le choix de Dieu sur les bénis de la grâce divine. Même parmi les apôtres, il en fut un rempli de fiel. Alors méfions nous, même dans cette église, il se pourrait… L’enjeu est si grand. L’enjeu est aux dimensions de l’éternité. De la gloire que nous vivrons dans l’éternité. Et tout au fond de notre cœur nous le savons. Tiens, au fait, dans mon histoire, je ne vous ai pas encore donné le code de chacun
des coffrets. Le sésame. Vous qui êtes dans le parc, vous les connaissez. Pour les avoir savourés… Savourés, parce qu’ils vous ont permis d’entrer. Vous qui n’êtes pas dans le parc, vous les connaissez aussi, mais pas de la même
façon. Vous les connaissez pour les refuser. Attention à la bête qui veille en vous, à ce moment-là, chrétiens… Quant aux loups et faux frères qui courent dans nos villes et campagnes, ils ne changeront pas le dessein d’amour de Dieu. Alors je vous murmure, chers frères et sœurs, le code des deux coffrets. À ras du sol, n’oubliez pas… Le premier, il s’appelle : Humilité…. Le second, il s’appelle : Le pardon…. sans condition. D’un côté, le cœur des hommes. D’un autre côté, le cœur de Dieu.

SIXIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Bienheureux les pauvres

Heureux les pauvres…
La pauvreté, comme la pureté d’ailleurs, c’est un creux au cœur de notre âme et de notre corps, qu’il est bien difficile de définir.

Ce n’est pas parce que l’on manque de certains biens, que l’on est obligatoirement pauvre.
Surtout si ce manque est matériel.
Certains, par choix et par intelligence, se privent de certaines satisfactions, de certaines richesses, pour jouir d’un plaisir qu’ils préfèrent.
Plaisir légitime ou coupable.
Ils n’en sont pas pauvres pour autant.
Tel avare qui va se priver de manger pour garder davantage son trésor…
Tel père ou mère de famille, qui va se réjouir d’un sacrifice pour mieux donner à ses enfants.
Préférer garder une vieille paire de chaussures pour acheter une plus belle trottinette.
Est-ce qu’on peut parler de pauvreté dans ces cas-là ?

Et puis, un petit garçon bien habillé, bien au chaud, tourne, plein de vie, sur son petit tracteur en plastique. Il fait un excès de vitesse, il prend un virage, mal contrôlé. Tombe. S’écorche les genoux.
Grosses larmes, nez qui coule.
Et que fait sa grand-mère ?
Elle a le cœur serré pour cette immense souffrance, et elle ne peut s’empêcher de dire :  » le pauvre…! « 
Et elle a raison.
Ce petit garçon, il a tout. Mais patratac… il perd sa dignité. Son assurance.
( pour un bref moment, il est vrai…)
Mais vraiment, à ce moment-là, il sait qu’il est petit. Qu’il ne maîtrise pas tout.
C’est un pauvre petit garçon.

Et pour nous, chrétiens, nous faisons de la pauvreté une vertu… !

Condition même à notre relation d’amour.

Jésus insiste de nombreuses fois sur le fait que nous devons être pauvres.

Cela veut dire que, inévitablement, les richesses sont un frein ou un obstacle à l’amour de Dieu, à la charité.

N’est-ce pas parce que, dans notre état de péché originel, la moindre richesse, quelle qu’elle soit va nous attirer, nous rassurer faussement et amoindrir discrètement les désirs spirituels de notre cœur et la respiration de notre âme ?

Dieu aime la pauvreté. Parce qu’elle ôte le maquillage.

Elle rend sans défense. Sans défense surtout pour la venue de sa grâce.


Pour nous, chrétiens, la pauvreté est le choix, prophétique, de se priver de richesses, qui peuvent être tout à fait légitimes, … pour vivre de la seule Espérance.

Pas évident, je l’admets…
Pour le monde, qui ne vit pas d’Espérance, c’est incompréhensible, c’est absurde. Ça lui semble une faiblesse. Parfois même une tare.
Or, celui qui cherche ses avantages, ne serait-ce qu’un avantage à posséder, même en rêve, celui-ci n’a pas un cœur de pauvre.
Le seul véritable pauvre vise d’abord le seul trésor qui ne nous enrichit pas.

Et ce trésor, c’est la grâce de Dieu, la belle, l’amitié avec Dieu.

Lui-même est le trésor, Source de tout bien. Dieu de lumière.

Il possède toute richesse et son métier c’est de donner, tout ce qu’il est.

Notre Dieu est tout amour et l’amour rend pauvre.
Il n’y a pas plus pauvre que notre Sauveur Jésus-Christ, source de notre vrai bonheur, de notre joie permanente.
Et là nous touchons à la pauvreté la plus vraie.

En pratique, c’est saint Benoît qui nous donne la plus parfaite expression de la pauvreté.

Est pauvre celui qui reçoit et qui attend d’un autre.

Qui n’a rien, et qui n’aura jamais rien.

S’il reçoit, il reçoit avec gratitude, mais il ne se l’approprie pas. Si on lui reprend, il redonne, avec joie.

«ceux qui partiront en voyage, dit saint Benoît recevront du vestiaire leurs tuniques de voyage… et les rendront au retour.

Il veut qu’on retranche le vice de la propriété jusqu’en sa racine.

Notre corps même nous appartient-il ?

N’avoir absolument rien qui ne nous soit donné ou permis.

Cependant, il sera donné à chacun le nécessaire selon son besoin.» [chap 33 – 55 – …]
Cette conception la plus parfaite de la pauvreté se marie très bien à l’humilité qui reconnaît la fragilité de la nature humaine et son insuffisance,
Elle nous invite aussi à une conception très juste de l’obéissance, parce que celui qui obéit reconnaît avec intelligence la pauvreté de son jugement, de son intelligence.
L’opposé de la pauvreté, ce n’est pas la richesse, c’est l’orgueil et la suffisance.
‘ par moi-même, je juge… et par les biens que je possède, par mes dons, j’y arriverai.’
C’est le raisonnement du monde qui ne vise que la richesse pour se protéger et qui a horreur de toute déficience ou frustration.
Et cette suffisance de l’orgueil est soutenue par les richesses matérielles.
Parce que les richesses matérielles créent l’aveuglement – certains diraient la bêtise – de se croire en sécurité et de se suffire.

Il est scandaleux de gaver les enfants de jouets et surtout de comptes en banque. C’est leur inoculer le vice de la propriété.

On a le droit, mais malgré nos auto-justifications d’intention chrétienne qu’on ne se dise pas pauvre, de la pauvreté que demande Jésus-Christ.
Celui qui reçoit, qui reçoit en action de grâce bien sûr, a le cœur fondamentalement pauvre, s’il sait qu’il ne mérite pas de recevoir, que rien ne lui est dû.

 » qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » dit Saint Paul.
Cela ne veut pas dire que la pauvreté est simple et légère. – oui, au Ciel, elle le sera, parce qu’elle ne sera que jouissance d’amour reçu -, mais le don de Dieu, sur terre, a un goût d’absence, et la couleur de l’obscurité, de la foi.
Il a vraiment un goût de pauvreté.

Comment être chrétien si on n’a pas ce goût de pauvreté au fond du cœur ?
La joie de la foi n’enlève rien à la frustration que provoque la pauvreté. Ce goût aride au fond de nous est le signe le plus certain des flots de grâce et d’amour de Dieu.
L’amour est là, et la joie qui l’accompagne, chers frères et sœurs, nous sommes riches de la présence du Christ et de Dieu, mais ça n’empêche qu’il y a un goût aride, amer, souffrant même, de la foi; et l’obscurité du mystère nous rappelle en permanence notre pauvreté.
C’est la grande difficulté qu’il faut tenir lorsque nous avons la foi:
Nous sommes avec notre bonheur, la joie de notre cœur, la présence de Dieu, tout en étant les plus pauvres et les moins bien logés de tous les hommes.
Parce que tout le reste ne nous intéresse pas.
Notre bonheur ne nous appartient pas comme pourrait nous appartenir un bijou ou une voiture de luxe.
Il nous est donné par grâce, par amour.

Pourquoi, j’ai tel don ? Parce qu’il m’est donné. Gratuitement. Il peut m’être retiré.

Évidemment, on ne peut se suffire d’un esprit de pauvreté.
Parce que nous sommes constitués d’un corps charnel.
Nous devons aider notre désir par des choix de pauvreté concrets et matériels.

J’ai vu certaine espèce de pauvres qui avaient tout perdu à l’occasion d’un événement terrible.
Et qui savaient que chaque jour est un sursis de vie gratuitement donné.
Ayant vécu l’extrême, dans le bien ou dans le mal, ceux-là ont expérimenté la puissance divine dans l’amour et dans le pardon.

Ils savent être pauvre. ‘Rien n’est impossible à Dieu.’

 »  bienheureux les pauvres, ceux qui ont tout perdu, les affamés, les persécutés, ceux qui pleurent, les amoureux de Dieu.
Le Royaume des Cieux est à eux. Dieu peut enfin toucher leur coeur. »

Ça on peut le dire pour les chrétiens …  En gros… qui ont une once de foi. (pour les lépreux de l’Evangile, la femme adultère, la maman syro-phénicienne, la Samaritaine, qui ont croisé le Christ…)

Mais il reste une question terrible…

Qu’en est-il de tous les pauvres qui sont loin de la grâce, qui ne connaissent pas la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ? (

Et tous ces gens qui traînent des pauvretés à moitié finies, mal assumées, mal définies ?

Qu’en est-il des pauvretés enfantées par la misère et tout autant par le luxe ?

Il y a des pauvretés qui sont belles, franches, lumineuses et choisies avec de belles proportions….

La pauvreté du curé d’Ars, de saint Philippe Néri, du Padre Pio ou de saint Antoine de Padoue.  Belles pauvretés…

Et puis il y a des pauvretés qui sont moches, imposées par une éducation tordue, par la maladie, certaines héritées au berceau, d’autres survenues par accident.

Passent-ils à côté du Royaume des Cieux tous ces pauvres ? pour finir en enfer ? C’est là, chers frères et sœurs, que le Christ, par le fait même de leur pauvreté ouvre les portes de miséricorde, s’ils ne lui tournent pas le dos.

Et quand je dis le Christ, c’est l’Eglise.

D’un côté, nous boitons nous-mêmes de toutes nos pauvretés inachevées, un peu minables, mêlées de nos peurs et reculades.

Et nous devons en rendre grâce cependant, et les assumer dans la foi.

D’un autre côté, nous portons par notre prière et notre foi, les casseroles, les injustices et toutes les larmes de nos frères pauvres, depuis l’homme des cavernes jusqu’à celui qui sort de sa Tesla automatique.

Les choisis de Dieu portent toutes ces pauvretés cachées derrière la richesse, jusques sur la Croix.

Et nous savons, pour tous ces demis-pauvres, car eux ne le savent pas, que ce sera à l’endroit où ils auront pleuré, porté par notre prière et nos souffrances, qu’ils riront.

Et que leurs désirs de beauté, du Ciel, restés enfouis, très profonds, seront illuminés dans la lumière du Christ ressuscité, communiquée par la communion des saints.

C’est notre mission pour porter discrètement le monde à son accomplissement.