Il est quand même étonnant, quand on voit l’insistance avec laquelle, dans les évangiles, Saint Pierre est mis en rapport privilégié avec Jésus, que nos frères chrétiens d’autres obédiences ne prennent pas en compte, dans leurs Églises, cette particularité.
C’est vraiment une énigme de constater comment nous pouvons éluder des évidences.
Chaque mot de Jésus, chaque phrase des évangiles sont d’une précision insondable.
Une source de sens à laquelle on ne peut comparer aucun autre écrit.
Parce que chaque mot, chaque phrase, est branché directement à l’infini de l’intention éternelle de Dieu.
Or, que constatons-nous ?
Le nom de Pierre est cité 180 fois dans le Nouveau Testament.
4 fois plus, même, que celui de Paul.
Il ne cesse d’être le premier des apôtres.
Il est considéré ainsi par ses frères apôtres, sans conteste.
Il est l’interlocuteur privilégié de Jésus.
Et non seulement cela… Jésus l’investit directement et personnellement d’une mission de fondateur de son Église.
Alors de deux choses l’une.
Soit on considère que Jésus est un guérisseur itinérant et puis un jour… terminé ! on ne le voit plus. Il nous a bluffé.
À ce moment-là, aucune raison de se faire disciple du Christ.
Il serait ridicule de s’accrocher à un guérisseur éphémère dans l’histoire.
Même prophète… les Nostradamus, ça vient et ça disparaît.
Soit Jésus est Fils de Dieu, venu apporter, avec une minutie chirurgicale, le salut de chaque homme jusqu’à la fin du monde.
Alors, chaque miette de sa vie et de ses paroles, chaque position que Jésus prend, chacune de ces intentions pour fonder son Église et poursuivre l’œuvre du Salut, a un sens que nous devons vivre jusqu’au millimètre près.
Or, je prends conscience qu’il n’y a qu’une Église dans l’Histoire et dans le monde qui respecte la plénitude du message du Christ : c’est notre Église.
L’Église catholique est dans cette plénitude du message avec, entre autres, l’institution de Pierre et la primauté de son pouvoir.
« tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ».
’Pierre’… ‘Kephas’ en araméen.
Parce que Simon, le fils de Jonas, Bar-Yonas, on l’appelait aussi Kephas, ‘le roc’.
Cela veut dire que, comme il y a une pérennité de la grâce des sacrements, une pérennité des dogmes de l’Eglise, une pérennité, c’est à dire une permanence, tout simplement des phrases de la Bible, il y a aussi une pérennité des décisions de Jésus dans l’histoire, et cela jusqu’à la fin du monde.
Jésus exprime clairement qu’il a décidé ( et il insiste ! ) de placer Pierre en primauté de son projet.
Premier médiateur de l’Esprit Saint sur terre, premier des bergers de l’Eglise.
Jésus n’aurait pas ajouté : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre mon Église » s’il n’avait eu dans son idée de rendre permanent le pouvoir de Pierre par des successeurs qui seront les Papes.
Après… qu’il y ait des précisions à donner sur les limites et les modalités de cette primauté, on peut l’admettre, mais qu’on soit disciple du Christ et qu’on refuse ce pouvoir premier à Pierre et à ses successeurs.
Là… Je ne comprends pas…
Ou plutôt si ! je comprends un peu…
C’est que cette position de berger universel et de représentant de la tête de l’Eglise, (‘Tête’ comme le Christ lui même : tête en étant serviteur des serviteurs)
hé bien, cette position est très gênante parce qu’elle implique une conception de la foi qui concerne notre vie la plus intime.
Notre vie spirituelle, mais tout autant notre vie sociale et notre rapport à la réalité de tous les jours.
Il n’y a rien de moins inoffensif que de reconnaître la place du Pape dans l’Eglise.
De vouloir nier la primauté de Pierre dans l’aujourd’hui de notre monde, c’est tout simplement mettre Dieu à notre sauce, mettre les évangiles à notre sauce (je suis désolé, mais c’est ainsi que Luther ou Calvin et bien sûr, leurs nombreux disciples, ont fabriqué des sauces qui ont divisé l’Eglise)
Et à partir de là, ils ont introduit une disposition d’esprit qui n’a rien à voir avec celle de Jésus.
Ils ont introduit un poison qui fausse tous les jugements, même les plus simples et immédiats.
Et toutes les sauces, il faut bien le constater, tournent au vinaigre quand elles ne sont pas reçues d’un principe supérieur qui vient du Christ.
Le seule personne au monde qui garantit l’unité, c’est notre Pape.
Actuellement Léon XIV.
Je reconnais que certains Papes peuvent nous faire hérisser la crinière.
Jean Paul II faisaient grincer des dents certains catholiques essoufflés de sa grandeur.
Benoît XVI impatientait d’autres catholiques qui n’avaient pas sa finesse et sa clarté, François ne cherchait pas non plus à plaire à tout le monde…
Et Léon XIV aura ses critiques. Attendons encore un peu…
Mais quand on regarde les interventions de Pierre devant Jésus, son ami et son Dieu, on ne s’étonne pas que ses successeurs puissent être imparfaits.
Pierre a pleuré sur sa lâcheté… Il a tremblé de peur, et il a même pu dire n’importe quoi en certaines occasions. Contraire aux intentions du Christ.
C’est un mystère divin, mais Jésus n’a pas voulu de quelqu’un de parfait pour en faire un premier.
Et Jésus l’a choisi et l’a confirmé de nombreuses fois, comme première pierre d’autorité de son Église.
« Je te donne les clefs… Fais paître mes brebis… Lie et délie… »
Et cela nous engage, en tant que catholique, à l’obéissance à notre Pape et à l’Eglise instituée sous son autorité.
Alors oui, on comprend que notre Église est sainte, qu’elle est universelle et une, parce qu’elle est apostolique, c’est à dire qu’elle est transmise et garantie de son Esprit Saint par les successeurs des apôtres qui vivent de l’Esprit de Jésus.
Que notre Église est belle du Saint Esprit.
Et que les clés du Royaume, ce n’est pas nous qui les fabriquons par nos interprétations, mais elles sont dans les mains de Pierre.
C’est énorme ! un homme, un pauvre homme qui ouvre et peut fermer le Ciel de l’éternité par l’une de ses paroles et décisions.
Mais Jésus l’a garanti ainsi. Et continue de le garantir.
Soit on a la foi, et on reçoit notre ticket, garant de l’Esprit Saint, soit on essaye d’entrer en fraude dans le train et on pourrit le monde de notre esprit étriqué et inutile.
Hier aux ordinations sacerdotales, on a entendu 10 fois, 20 fois, cet appel à l’obéissance qui libère. Notre Évêque nous l’a rappelée dans son homélie.
Hors de l’obéissance, nous sommes des sarments détachés du cep. Nous sommes secs et n’agissons ou même prions que pour notre pomme. Sans intérêt et stérile.
’Je suis désolé, Saint Paul… !
Je t’aime bien pourtant – j’aime bien toute ma famille biblique d’ailleurs – mais j’ai rendu sa place d’honneur à ton frère Pierre, parce que Jésus l’a voulu ainsi.’
… Saint Paul, le géant, l’avorton se nomme-t-il pourtant…
une autre fois je parlerai de votre amitié de géants à tous deux.
Les Paul ont moins de visibilité officielle dans l’Histoire.
Autres missions pour eux.
Jésus n’a pas institué pour les Paul de place hiérarchique définie et permanente.
Ils transforment le monde par la puissance de leurs grâces toujours nouvelles.
Et puis, je me devais de donner la part belle à Pierre, puisqu’il est la présence continuelle de notre église de Salernes.
Dédiée à sa primauté.
Mais ce n’est pas simplement pour faire ronfler la dédicace de notre église paroissiale que je dis cela.
C’est pour donner une raison d’importance à nous engager dans un esprit vraiment évangélique, chacun d’entre nous.
Un esprit de vérité humble, je dirai même, un esprit d’intelligence véritable.
Parce que, savoir recevoir la lumière de quelqu’un, savoir exposer son jugement aux discernements de l’Eglise,
bref… être dans l’obéissance du cœur,
c’est bien cela la belle intelligence de la foi.
L’intelligence tout court, à laquelle Jésus nous a permis d’accéder en instituant Pierre comme premier des apôtres et premier de ses successeurs, les papes.