L’Histoire …
Cher frères et sœurs,
Nous sommes dans un moment très intéressant de l’Histoire, à un moment clivage de la grande Histoire des hommes.
Un clivage, c’est-à-dire un virage essentiel de la conscience de tous les hommes sur notre terre.
Phénomène général et universel.
Jusqu’à nos jours, il y a eu dans l’histoire des peuples des hauts et des bas.
Des périodes de prospérité et des périodes de conflits et de désastres parfois terribles.
Rappelons l’invasion des hordes barbares, du quatrième au sixième siècle, et pensons aux traumatismes innombrables des morts, des viols, de la perte de culture que ces invasions ont provoqués. Le sac de Rome en 410 qui signa la fin d’une civilisation.
Rappelons les guerres : les croisades contre les mahométans du onzième au treizième siècles. Chez nous, contre les vaudois et les cathares au XII° siècle. La guerre de Cent Ans au quatorzième siècle, les guerres de religions du seizième au dix-huitième siècles, contre les hérésies, de Luther, de Calvin. Pensons aux révolutions, des seigneurs contre les rois, des bourgeois contre les seigneurs, des pauvres contre les nobles.
Pensons à la Révolution culturelle initiée par Mao, à la révolution bolchevique, à toutes ces révolutions qui ont rempli les cimetières et les fosses communes. Et blessé profondément des générations.
Rappelons aussi les grandes épidémies et catastrophes naturelles.
La peste, le choléra, les changements climatiques, notamment la grande période glaciale du Moyen-Âge qui a fait des milliers et des millions de morts par les famines qu’elle a provoquée.
Les génocides : Vendéens, Arméniens, Amérindiens, les massacres des Aztèques, et d’autres plus récents…
Tous ces événements qui sont comme des vagues de marées noires dans la longue Histoire humaine.
Et toutes les souffrances individuelles, inconnues, les martyrs…
Souffrances des enfants, souffrances des femmes, souffrances des hommes, souffrances des jeunes et des vieux, de la nature, des esprits et des corps.
Or, beaucoup pensent de l’Histoire que « de chute en relèvements, grosso modo, il y a des progrès, que les sociétés élèvent leur morale et promettent à échéance, une paix durable. »
C’est la conception de tous les conquérants et de beaucoup d’idéologues, c’est aussi celle qu’a toujours eu le peuple d’Israël entre autres.
Hé bien, en ces jours, s’impose une nouvelle vision universelle de l’Histoire.
Le fait nouveau, ce n’est pas que cette vision n’existait pas, c’est qu’elle n’était pas vraiment évidente pour tout le monde.
Or cette vision n’échappe plus à personne, mais c’est une désillusion, que pourtant le Christ a annoncée très clairement il y a 2000 ans.
Nous perdons actuellement depuis quelques années l’illusion que le monde pourra être définitivement meilleur, un jour.
Quelle que soit la gravité des désastres qui ont sévi sur nos continents, certains hommes pouvaient garder l’illusion que ça irait mieux … après.
Nous avons atteint un niveau de vie, de confort, de science, l’idéologie politique, de programmes économiques, qui devrait nous laisser présager la grandeur de l’homme.
Or nous nous rendons compte que rien n’y fait : l’homme sera toujours mauvais, et que le mal ne sera jamais extirpé par les seuls efforts humains, même les plus géniaux.
Il y aura toujours un génie de mal derrière quelque génie du bien pour le réduire voire le détruire.
Et c’est cela la grande désillusion qu’annonce pourtant l’évangile depuis Jésus- Christ.
L’homme sait maintenant que l’Histoire ne trouvera pas son achèvement dans une unité paisible.
Que le mystère du mal ne se résout pas.
On pourrait penser que l’Histoire peut toujours connaître des résurrections après les désastres.
Mais le problème n’est pas une question de résurrection.
Le problème, c’est qu’on ne se débarrassera pas du mal et des mauvais.
Et que notre monde s’en va vers une fin de souffrances démultipliées.
Et que jusques-là, il y aura toujours derrière du bien, paisible, lumineux et harmonieux, la morsure du vampire pour massacrer.
La surdité dans l’oreille de Beethoven.
La bombe atomique derrière Einstein.
L’occultisme de Newton.
La croix qui porte le Christ innocent et ses disciples.
La paille sur laquelle se couche la Vierge Marie pour enfanter l’Enfant-Dieu.
Hé bien, frères et sœurs, nous sommes dans une belle désillusion. Bénéfique, parce qu’elle nous rapproche de la vraie réalité.
Moïse, le premier, a dessiné une conduite morale, droite et juste, à force de lois. Des lois par ailleurs très pures, très éclairées de lumière divine.
Mais ces lois n’ont pas donné la force d’atteindre le bien en sa perfection.
Et depuis Moïse, tous les politiques du monde accumulent et surenchérissent, à coup de lois, pour améliorer le sort des populations.
Mais ils sont en rien originaux !
Les lois mettent à jour le mal mais ne le soignent pas
Nuit et jour, nous fabriquons de nouvelles lois, des vraies, des fausses, des lois pour les familles, les jeunes et les vieux, pour les villages et les pays, pour les sciences et les arts, pour l’espace et pour les océans, des lois qui tuent et des lois aussi qui partent complètement dans le décor…
Bref, du premier dessin de Moïse qui tient en quelques pages, nous en sommes arrivés à un gribouillis grand comme une montagne, qui maintenant, plutôt que de respecter la nature favorise la folie des hommes et des femmes déréglés dans leur tête et dans leur corps.
Nos rêves de paix universelle, d’égalité, de fraternité, de liberté et de droits de l’Homme, nous savons maintenant qu’ils ne seront jamais établis pour un paradis sur terre.
En fin de compte, celui qui veut garder une ambition de sauver son âme, doit la trouver dans les paroles éternelles de l’Église, épouse et héritière du Christ.
La vision du Christ sur l’Histoire se réalise maintenant.
C’est-à-dire que notre bonheur est dans une autre dimension, non pas de lois, non pas de programmes, non pas d’idéologies, de sciences ou de nourritures terrestres, mais… d’éternité !
Je parle du bonheur final.
Et que ce bonheur final il est déjà là, mais pas dans une domination qui ligoterait le mal et éliminerait tous les opposants.
Il est là, je reprendrai l’expression de Nietzsche, au-delà du bien et du mal.
Le bonheur du Christ, qu’il appelle le Royaume des Cieux, réjouit les cœurs qui traversent le bien et le mal.
Personne ne l’aperçoit, mais ceux qui le vivent le goûtent, jusqu’à ce qu’il devienne universel.
Or, la première flèche de ce bonheur qui est venue transpercer l’Histoire des hommes, c’est la fête que nous annonçons : l’Incarnation du Fils de Dieu, autrement dit Noël.
Les hommes cherchent à polluer l’impact de cette flèche.
Ils pervertissent la visibilité de la fête, actuellement par la dimension commerciale.
Mais l’impact de Noël se poursuit au-delà du bien et du mal jusqu’à la gloire de l’Eglise du Ciel.
Pour ceux qui vivent de la foi en Jésus Christ, sauveur.
Car pour les autres la désillusion est amère.
Leur échappatoire c’est de noyer leur lucidité dans ce que Pascal appelait « les divertissements. »
À l’époque de Blaise Pascal c’était quelques frivolités ou querelles d’intellectuels.
Maintenant, les divertissements sont favorisés par les politiques et les médias. D’un côté, les lois, inévitables pourtant, comme une lourde chape sur l’humanité qui fabriquent des pharisiens.
d’un autre côté, les divertissements, comme échappatoire qui fabriquent des dégénérés.
Alors quoi ?
Hé bien oui, une petite poignée, un petit reste, mise sur l’espérance de Noël. Dieu qui vient faire miséricorde aux les hommes enfermés dans la désobéissance. [Rom, XI, 32].
Nous sommes quelques-uns à croire le monde sauvé.
Non par les lois, non pas par la logique, et encore moins par le progrès et le confort, mais par le désir de sainteté.
Et c’est tellement simple…
La sainteté passe à travers les mailles de tous les filets.
Seule la sainteté reste jeune et n’a peur de rien.
Seul l’amour de Dieu, découvert sur la paille de la crèche, trace un chemin de lumière qui porte le monde, à travers les décombres du Diable, jusqu’à notre bienheureuse éternité, de plus en plus rapidement.