PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT

L’Histoire …

Cher frères et sœurs,
Nous sommes dans un moment très intéressant de l’Histoire, à un moment clivage de la grande Histoire des hommes.
Un clivage, c’est-à-dire un virage essentiel de la conscience de tous les hommes sur notre terre.
Phénomène général et universel.
Jusqu’à nos jours, il y a eu dans l’histoire des peuples des hauts et des bas.
Des périodes de prospérité et des périodes de conflits et de désastres parfois terribles.
Rappelons l’invasion des hordes barbares, du quatrième au sixième siècle, et pensons aux traumatismes innombrables des morts, des viols, de la perte de culture que ces invasions ont provoqués. Le sac de Rome en 410 qui signa la fin d’une civilisation.
Rappelons les guerres : les croisades contre les mahométans du onzième au treizième siècles. Chez nous, contre les vaudois et les cathares au XII° siècle. La guerre de Cent Ans au quatorzième siècle, les guerres de religions du seizième au dix-huitième siècles, contre les hérésies, de Luther, de Calvin. Pensons aux révolutions, des seigneurs contre les rois, des bourgeois contre les seigneurs, des pauvres contre les nobles.
Pensons à la Révolution culturelle initiée par Mao, à la révolution bolchevique, à toutes ces révolutions qui ont rempli les cimetières et les fosses communes. Et blessé profondément des générations.
Rappelons aussi les grandes épidémies et catastrophes naturelles.
La peste, le choléra, les changements climatiques, notamment la grande période glaciale du Moyen-Âge qui a fait des milliers et des millions de morts par les famines qu’elle a provoquée.
Les génocides : Vendéens, Arméniens, Amérindiens, les massacres des Aztèques, et d’autres plus récents…
Tous ces événements qui sont comme des vagues de marées noires dans la longue Histoire humaine.
Et toutes les souffrances individuelles, inconnues, les martyrs…
Souffrances des enfants, souffrances des femmes, souffrances des hommes, souffrances des jeunes et des vieux, de la nature, des esprits et des corps.
Or, beaucoup pensent de l’Histoire que « de chute en relèvements, grosso modo, il y a des progrès, que les sociétés élèvent leur morale et promettent à échéance, une paix durable. »

C’est la conception de tous les conquérants et de beaucoup d’idéologues, c’est aussi celle qu’a toujours eu le peuple d’Israël entre autres.
Hé bien, en ces jours, s’impose une nouvelle vision universelle de l’Histoire.
Le fait nouveau, ce n’est pas que cette vision n’existait pas, c’est qu’elle n’était pas vraiment évidente pour tout le monde.
Or cette vision n’échappe plus à personne, mais c’est une désillusion, que pourtant le Christ a annoncée très clairement il y a 2000 ans.
Nous perdons actuellement depuis quelques années l’illusion que le monde pourra être définitivement meilleur, un jour.
Quelle que soit la gravité des désastres qui ont sévi sur nos continents, certains hommes pouvaient garder l’illusion que ça irait mieux … après.
Nous avons atteint un niveau de vie, de confort, de science, l’idéologie politique, de programmes économiques, qui devrait nous laisser présager la grandeur de l’homme.
Or nous nous rendons compte que rien n’y fait : l’homme sera toujours mauvais, et que le mal ne sera jamais extirpé par les seuls efforts humains, même les plus géniaux.
Il y aura toujours un génie de mal derrière quelque génie du bien pour le réduire voire le détruire.
Et c’est cela la grande désillusion qu’annonce pourtant l’évangile depuis Jésus- Christ.
L’homme sait maintenant que l’Histoire ne trouvera pas son achèvement dans une unité paisible.
Que le mystère du mal ne se résout pas.
On pourrait penser que l’Histoire peut toujours connaître des résurrections après les désastres.
Mais le problème n’est pas une question de résurrection.
Le problème, c’est qu’on ne se débarrassera pas du mal et des mauvais.
Et que notre monde s’en va vers une fin de souffrances démultipliées.
Et que jusques-là, il y aura toujours derrière du bien, paisible, lumineux et harmonieux, la morsure du vampire pour massacrer.
La surdité dans l’oreille de Beethoven.
La bombe atomique derrière Einstein.
L’occultisme de Newton.
La croix qui porte le Christ innocent et ses disciples.
La paille sur laquelle se couche la Vierge Marie pour enfanter l’Enfant-Dieu.

Hé bien, frères et sœurs, nous sommes dans une belle désillusion. Bénéfique, parce qu’elle nous rapproche de la vraie réalité.
Moïse, le premier, a dessiné une conduite morale, droite et juste, à force de lois. Des lois par ailleurs très pures, très éclairées de lumière divine.
Mais ces lois n’ont pas donné la force d’atteindre le bien en sa perfection.
Et depuis Moïse, tous les politiques du monde accumulent et surenchérissent, à coup de lois, pour améliorer le sort des populations.
Mais ils sont en rien originaux !
Les lois mettent à jour le mal mais ne le soignent pas
Nuit et jour, nous fabriquons de nouvelles lois, des vraies, des fausses, des lois pour les familles, les jeunes et les vieux, pour les villages et les pays, pour les sciences et les arts, pour l’espace et pour les océans, des lois qui tuent et des lois aussi qui partent complètement dans le décor…
Bref, du premier dessin de Moïse qui tient en quelques pages, nous en sommes arrivés à un gribouillis grand comme une montagne, qui maintenant, plutôt que de respecter la nature favorise la folie des hommes et des femmes déréglés dans leur tête et dans leur corps.
Nos rêves de paix universelle, d’égalité, de fraternité, de liberté et de droits de l’Homme, nous savons maintenant qu’ils ne seront jamais établis pour un paradis sur terre.
En fin de compte, celui qui veut garder une ambition de sauver son âme, doit la trouver dans les paroles éternelles de l’Église, épouse et héritière du Christ.
La vision du Christ sur l’Histoire se réalise maintenant.
C’est-à-dire que notre bonheur est dans une autre dimension, non pas de lois, non pas de programmes, non pas d’idéologies, de sciences ou de nourritures terrestres, mais… d’éternité !
Je parle du bonheur final.
Et que ce bonheur final il est déjà là, mais pas dans une domination qui ligoterait le mal et éliminerait tous les opposants.
Il est là, je reprendrai l’expression de Nietzsche, au-delà du bien et du mal.
Le bonheur du Christ, qu’il appelle le Royaume des Cieux, réjouit les cœurs qui traversent le bien et le mal.
Personne ne l’aperçoit, mais ceux qui le vivent le goûtent, jusqu’à ce qu’il devienne universel.
Or, la première flèche de ce bonheur qui est venue transpercer l’Histoire des hommes, c’est la fête que nous annonçons : l’Incarnation du Fils de Dieu, autrement dit Noël.

Les hommes cherchent à polluer l’impact de cette flèche.
Ils pervertissent la visibilité de la fête, actuellement par la dimension commerciale.
Mais l’impact de Noël se poursuit au-delà du bien et du mal jusqu’à la gloire de l’Eglise du Ciel.
Pour ceux qui vivent de la foi en Jésus Christ, sauveur.
Car pour les autres la désillusion est amère.
Leur échappatoire c’est de noyer leur lucidité dans ce que Pascal appelait « les divertissements. »
À l’époque de Blaise Pascal c’était quelques frivolités ou querelles d’intellectuels.
Maintenant, les divertissements sont favorisés par les politiques et les médias. D’un côté, les lois, inévitables pourtant, comme une lourde chape sur l’humanité qui fabriquent des pharisiens.
d’un autre côté, les divertissements, comme échappatoire qui fabriquent des dégénérés.
Alors quoi ?
Hé bien oui, une petite poignée, un petit reste, mise sur l’espérance de Noël. Dieu qui vient faire miséricorde aux les hommes enfermés dans la désobéissance. [Rom, XI, 32].
Nous sommes quelques-uns à croire le monde sauvé.
Non par les lois, non pas par la logique, et encore moins par le progrès et le confort, mais par le désir de sainteté.
Et c’est tellement simple…
La sainteté passe à travers les mailles de tous les filets.
Seule la sainteté reste jeune et n’a peur de rien.
Seul l’amour de Dieu, découvert sur la paille de la crèche, trace un chemin de lumière qui porte le monde, à travers les décombres du Diable, jusqu’à notre bienheureuse éternité, de plus en plus rapidement.

CHRIST ROI 2024

Vérité
Pilate ne nous est pas franchement antipathique.
C’est le gars qui veut bien faire son métier, et qui, en cette occasion, n’y comprend rien.
Il se trouve dans une situation qui le dépasse.
D’un côté, il y a ces pharisiens juifs qui, une fois de plus, s’excitent.
Et Pilate est là, en tant que préfet, pour éviter qu’il y ait des vagues.
C’est le premier objet de sa mission : Pas de vagues.
Et pour le coup, ça va être complètement raté. 2000 ans après on en parle encore !
Et de l’autre côté, il y a un homme.
Il ne dit pas grand-chose, il ne se débat pas.
Et Pilate ne comprend ni ceux-là, les accusateurs, ni celui-ci qui le regarde avec douceur.
Il n’a aucun élément pour s’appuyer dessus : la religion, ça lui passe au-dessus de la tête. Sa culture, son éducation et la formation à son métier ne lui ont pas appris les finesses de la spiritualité. Et son tempérament le porte tout bêtement à la tranquillité. S’engage alors un dialogue de sourd, presque surréaliste.
Il est devant un homme désarmé, qui a mal dormi, et qui est à l’opposé d’inspirer la violence.
Et il lui demande :  » Tu es roi ?  »
 » tu es roi de ces excités de juifs ? »
Et tout de suite, cet homme prend le dessus en le recentrant sur lui-même, Pilate.
 » dis-tu cela de toi-même ? » autrement dit, est-ce que tu es vrai dans ta question ?
 » Ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ?  »
Autrement dit, ne fais-tu pas le perroquet…?
Ça me fait penser au perroquet dans un roman de Raymond Queneau :
‘Zazie dans le métro’
( je lisais ça quand j’étais encore à l’école. On n’avait peur de rien à l’époque… )
Ce perroquet qui s’appelle ‘Laverdure’ dans le bar-restaurant de Turandot, réapparaît au long des chapitres et répète :
‘ tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire’.
Je pense que Pilate aurait mieux aimé être perroquet que préfet de Judée..
Mais en fait, s’il nous est presque sympathique, c’est que nous avons peut-être quelques ressemblances avec lui…
Et que peut-être, nous sommes bien dans un monde de perroquets.
Ça ne veut pas dire que les perroquets ne font pas de dégâts, puisque Pilate décidera de l’exécution de Jésus.
En fin du compte.
Dialogue de sourd.
Et pourtant Jésus énonce très clairement sa position.
Mais Pilate ne pige rien.’ je suis roi, mais pas comme tu crois que je suis roi’

Pilate n’a pas, dans sa tête, d’autre image qu’un roi, style politique, puissant de pouvoir… Ce n’est pas l’idée de Jésus.
Ce n’est pas la réalité de Jésus.
S’il y a une royauté, pour Jésus, elle tient à la vérité.
Et c’est justement le mot que Pilate ne comprend pas.
Le mot ‘ vérité’ .
Jésus dit aussi qu’il est venu ‘rendre témoignage’.
Et cette expression ne veut rien dire pour Pilate.
Parce qu’il n’a aucun témoignage à rendre. Il est vide de témoignage.
Et Jésus dit que son peuple, ceux qui sont avec lui, sont en sympathie de vérité avec lui : « quiconque appartient à la vérité écoute ma voix »
Jésus avait déjà dit dans une expression similaire :
« Mes brebis écoutent ma voix ; je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. »
La voilà, justement, la Royauté du Christ.
Sa puissance qu’il tient du Père.
Jésus est roi de vérité et de vie éternelle. D’une vérité qui ne se révèle que dans l’amour.
Vérité qui devient lumière pour ceux qui cherchent la vérité. Et qui devient ténèbres pour ceux qui ne cherchent rien.
Vous voyez frères et sœurs, il y a Jésus qui est la Vérité et le Chemin.
Il y a l’Eglise, qui est son royaume de vérité, et notre chemin.
Et puis il y a notre vérité à nous, la plus profonde qui est celle de la grâce de Dieu en notre misère personnelle.
D’une certaine façon, le seul grand effort que nous devons faire pour notre vie spirituelle et pour découvrir Dieu c’est d’accepter notre vérité.
Et c’est tout aussi difficile d’accepter la vérité radieuse de beauté que la vérité en son visage de misère blessée. La vérité fait mal, au départ.
 » pourquoi te caches-tu ? « , demande Dieu à Adam.
‘Parce que je suis nu..’ ‘parce que je vois ma vérité abîmée…’
Et cette vérité, pourquoi est-elle abîmée ? parce que, un jour de désobéissance, Adam et Eve ont voulu la regarder avec leurs yeux à eux.
Elle est devenue mensonge quand ils ont voulu saisir le mystère par leur propre jugement.
C’est la même vérité qu’auparavant, mais elle est devenue mensonge.
On ne possède pas la vérité;

Mais on appartient à la vérité, si on appartient à l’Eglise et si on appartient au Christ. Si on appartient, par l’amour, à l’Eglise et au Christ.
Pilate demandera : « qu’est-ce que la vérité ? »
Il est pourtant devant le Christ, mais il ne le regarde pas avec amour, et c’est ce qu’il lui manque pour se connaître lui-même avec amour.
Si on n’a pas ce regard d’amour, c’est-à-dire si on n’a pas la grâce de Dieu en nous, tout devient mensonge, même les choses évidentes.
C’est un critère pour juger de la vérité…
Frères et sœurs, à l’instant où vous jugez sans amour vous êtes nécessairement dans le mensonge.
Et non seulement, vous vous empoisonnez de mensonges mais vous empoisonnez les autres.
La domination éternelle de Jésus-Christ notre Sauveur, pourquoi est-elle d’un horizon à l’autre horizon sur toute la terre ?
Qu’on le veuille ou non, qu’il y ait succès ou qu’il y ait échec dans notre combat avec le monde, ça n’a pas d’importance, parce que c’est la manière dont est mené le combat qui nous donne d’appartenir au Royaume de Jésus-Christ.
Et cette manière de mener le combat c’est avec des armes de lumière.
Armes de vérité, armes de loyauté, d’innocence, de justice.
Nous serons battus, c’est inévitable.
Le monde croira s’en sortir vainqueur comme Pilate qui se lave les mains de sa décision injuste. ‘ ça va passer, pense-t-il ?’
Mais notre domination ( je parle de la domination de l’Église, de notre Église Sainte et apostolique) cette domination ne passera pas parce que les armes pures ne seront jamais détruites.
Gagner ou perdre avec des armes pures c’est toujours gagner.
[ religion et culture. Jacques Maritain p230 tome 4 – œuvres complètes] Or les armes pures de la vérité ne peuvent être maniées qu’avec amour.
Pour quel intérêt ? Pour aucun intérêt, justement.
Parce que la vérité est inutile.
La vérité nous propose un jeu qui réjouit l’esprit et qui nous emplit de bonheur.
Parce que nous devons servir la vérité, la suivre si l’on parle du Christ, par amour et sans aucune utilité.
Frères et sœurs, si nous nous laissons illuminer par le Christ, nous faisons partie de son royaume d’inutilité, de pureté, d’amour et de vérité.
Mais quel bonheur ! quelle liberté en fin de compte !
Royaume de témoignage aussi… parce qu’il n’y a pas de vrai amour sans fécondité, il n’y a pas de vérité sans rayonnement.
Ce qui n’empêchera pas que le dialogue de sourd entre le monde et l’Église se poursuive jusqu’à la fin des temps.

33° DIMANCHE – B – 2024

Le seul chemin désormais
Frères et sœurs, quand on arrive à cette période de l’année, la liturgie nous promène dans la fin des temps.
Et dans quelques semaines on s’avancera presque tout seul, sur Noël (qui, en fait, est le coup d’envoi du match final de Dieu)
On pourrait se dire :
‘La fin des temps…! Bof, on verra bien… Ça ne me concerne pas.
J’ai tellement d’affaires à régler aujourd’hui que je ne vais pas, en plus, me compliquer la vie avec la fin des temps..’ D’autres diront :
‘ça me fait peur, ça n’a pas l’air très drôle. Je vais essayer de me rassurer en cherchant des signes… Si je prévois l’explosion, au moins je pourrais me boucher les oreilles… ‘
Le gros problème, c’est que nous avons un jugement déformé et cela est grave pour notre monde.
Parce que ça influe sur toute notre vie, sur les sociétés, sur la morale, et jusques dans la vie de la famille et des relations du couple par exemple.
Je vais essayer de vous expliquer à partir des paroles de Jésus.
Jésus dit : ‘le jour et l’heure, nous n’en savons rien. Ok…
On sait simplement que nous sommes dans la dernière ligne droite’ OK…
Et ce sera un accouchement difficile. Ok…
Ça fera mal, mais les élus seront sauvés.
Alors, quels sont les élus ? Ce sont ceux et celles qui seront à ce moment-là, en train de veiller.
Jésus insiste beaucoup sur la veille du coeur, l’attente…
Les vierges avec leurs lampes, pour les noces – les invités au banquet du roi – ou quand il commente la chute de la tour de siloé, il termine par : ‘veillez pour ne pas mourir de la même façon que ces malheureux ‘ – ‘ veillez pour ne pas être surpris par la venue du voleur, pendant la nuit.’
Et un grand nombre de ceux qui bénéficient des guérisons de Jésus, sont des pauvres qui espèrent en lui, qui croient.
En fait, tout cela nous indique une attitude intérieure essentielle.
Nous, chrétiens, nous sommes un peuple de l’espérance, tourné résolument vers la survenue d’une libération.

Jésus ne nous trompe pas, il nous avertit que ce ne sera pas en pente douce, comme une entrée tranquille dans un nouveau paradis terrestre.
Ça, ce sont les politiques qui peuvent nous le promettre.
La réalité c’est que notre monde se dirige vers des tensions et des conflits insurmontables, de la nature et des hommes.
Mais là n’est pas le plus important.
Le plus important est de savoir ce que nous devons désirer. Pour être un veilleur qui ne se trompe pas de cible.
Or notre monde, matérialiste, se conforte, veut se conforter, sur ce qu’il a.
‘Si j’ai de quoi assurer, ça me suffit.’
Là est une grave illusion et un manque de jugement général que Jésus a pulvérisé. ‘J’ai des biens matériels, ça m’assure des garanties pour l’avenir…’ « Inconscient, demain te sera reprise ta vie…!  » dit Jésus.
J’ai la vertu, le savoir, j’ai la foi… ‘hypocrites !’, dit Jésus, ‘rien de ce que tu as te garantit le Royaume de Dieu et même avec tout cela tu pourras finir au pays du feu éternel et des grincements de dents.’
Plus subtile encore et néanmoins grave erreur de jugement :
‘ Dieu nous a fait à son image. L’homme, la femme, ou certains disent même que c’est le couple qui est à l’image de Dieu. Pourquoi pas, mais ça n’a aucune importance…
C’est encore mettre en avant des dispositions acquises ou données.
Parce que j’aurais telle vocation, ça serait gagné…!
Parce que j’ai rencontré la femme de ma vie, je serai heureux…!
Mais depuis le péché originel, tout est gâché.
Tout.
Tout bonheur d’ici-bas contient le ver dans le fruit.
Jésus dira : ‘ le bonheur, c’est aux pauvres que je suis venu l’apporter. Aux solitaires, aux affamés d’affection, aux victimes d’injustice, aux associaux… à ceux qui ne le méritent pas.’
C’est grave comme erreur de penser que notre bonheur dépend de ce que l’on a, de nos vocations, de notre passé… Et de penser qu’un bel amour terrestre suffit. On se trompe de visée.
Je rectifie donc à la lumière des avertissements de Jésus. Pourquoi sommes nous faits ?
Pour être sanctifiés. Pour être saints.
Qu’est ce que la sainteté ?
C’est être uni à Dieu.
Ce n’est pas être à l’image de Dieu.

C’est être uni à Dieu.
Et ça ne suffit pas..!
C’est être uni à Dieu par Jésus Christ.
« Celui qui croit en moi aura la vie éternelle’
‘ si vous ne croyez pas que Je Suis, vous mourrez dans vos péchés’ [Jn 8, 24] C’est le seul chemin.
Tous les autres sont relatifs.
Vous voyez, frères et sœurs, ce n’est pas ce que l’on a qui compte pour notre béatitude, alors même que ce serait délicieux, mais c’est plutôt ce qui nous manque, ce que Jésus nous offre pour aller au-delà de la fin des temps.
Nous visons l’union à Jésus Christ.
Et dernière question :
Que nous offre l’union à Jésus Christ très loin avant toute autre chose ? Deux réponses :
La vie éternelle… et…
Le pardon de nos péchés, comme le dit l’épître aux hébreux avec insistance. Par le pardon que Jésus nous signifie sur la croix, il mène à sa perfection pour toujours ceux qu’il sanctifie. Ceux qui attendent sa venue, brûlant d’amour. ‘
Il ne s’agit donc pas d’être à l’image de Dieu, il s’agit d’être pardonné, d’entrer dans la démarche de pardon.
Jésus est venu pour ceux qui sont loin d’être à l’image de Dieu…
Pour ceux qui, de n’importe quelle pauvreté et truc tordu dans leur vie ou leur environnement, tendent leurs mains en prière pour demander pardon, ceux qui espèrent avec un cœur silencieux d’espérance de voir le visage de tendresse de Jésus.
Péguy dans une intuition géniale l’a merveilleusement illustrer dans ‘ le porche du mystère de la deuxième vertu ‘.
Par exemple, cette petite citation :
‘ la petite espérance, elle a raison.
Ce qui importe ce n’est pas d’aller ici ou là,
N’est pas d’aller quelque part
D’arriver quelque part
Terrestre. c’est d’aller, d’aller toujours, et ( au contraire) de ne pas arriver. (…)
La petite espérance est la seule qui ne nous déçoit pas pour la vie » [p135 nrf poésie]

Par conséquent, avec tout ce que l’on vit, si on s’efforce d’être avec Jésus et pour Jésus, plus ce sera harmonieux, tout en restant toujours boiteux, (ce que notre monde n’accepte pas..)
Ce qui compte c’est que, dans tout ce qu’on vit, on essaye d’introduire le désir d’union avec Jésus Christ.
Alors, Jésus devient lumière dans le couple, dans les relations avec les enfants, dans tout ce qu’on fait, dans nos réussites et nos échecs, et jusques dans nos misères et nos péchés.
Et quand surviendra le dernier acte où le rideau du théâtre sera en feu et que s’écroulera la scène, nous traverserons, sur les ailes des anges, les pluies de soufre, en demandant le pardon qui nous sera accordé à la vue de notre Sauveur Jésus Christ.
Notre amour.
Et nous déborderons enfin d’une joie pure.

32° DIMANCHE – B – 2024

Je ne sais pas si vous vous rendez compte, frères et sœurs, que nous sommes des Martiens…
Vous venez d’écouter tranquillement les quatre textes de la messe d’aujourd’hui, et vous n’avez pas trop l’air surpris…
Ce n’est pas qu’aujourd’hui bien sûr… c’est à chaque fois que vous rentrez dans cette église pour une messe.
Mais, aujourd’hui, c’est flagrant.
Il y a un monde dehors.
Il y a un monde ici.
Et le monde d’ici ne correspond que si peu au monde de dehors.
À chaque fois que nous rentrons dans l’église nous favorisons une guerre : La Guerre des mondes…
Si l’un ou l’une de vous n’est pas guerrier, n’est pas martien, il y a quelque chose que vous ne devez pas comprendre dans l’Eucharistie.
Commençons par Jésus :
Il juge les riches et les pauvres.
Les riches dit-il, ne sont pas capables de choix radicaux.
Ils donnent gros, mais ce qu’il leur reste n’est pas maigre.
Ils n’engagent pas tout leur cœur dans leur relation à Dieu.
Et non seulement ils en gardent au niveau de leur bourse, mais ils en gardent au niveau de leur honneur, de leur reconnaissance, de leur réputation, du regard des autres et de leur influence.
Encore cela… notre monde le repère assez facilement.
Mais voilà qu’on se définit clairement en martien quand Jésus s’intéresse à cette pauvre veuve.
Et là, la guerre va commencer.
Jésus fait louange de cette pauvresse qui donne tout ce qu’elle avait pour vivre. Vous vous rendez bien compte, frères et sœurs, que cette logique de Jésus est inadmissible dans notre monde.
Notre monde est le monde des assurances et des garanties, le monde du ‘pas de vague’, pas de risque, pas d’absolu.
Jésus encourage à liquider, non pas notre superflu, mais notre essentiel. Aujourd’hui ce sont deux piécettes.
Il y a 2 jours, il évoquait le détachement radical affectif.
‘ celui qui n’est pas capable de quitter, père, mère, enfant, frère et sœur, épouse, maison et champs, bœuf et chèvre, chien et bière, n’est pas capable d’être martien.. ‘

Le monde, l’esprit du monde ne peut pas accepter le risque.
Principe de précaution…
Comme il ne reconnaît pas Dieu, il place dans une même catégorie l’imprudent qui met sa famille en danger, ou lui-même, et l’homme de foi, l’homme ou la femme qui mettent leur espérance en la divine Providence.
Il ne s’agit pas de tenter Dieu, il s’agit de se donner à lui.
Le monde est mal à l’aise et il n’accepte pas l’inconfort de la foi.
Il n’accepte pas, ça veut dire qu’il entre en guerre contre ceux qui osent jouer le jeu de l’amour et de la Providence.
Mais prenons la première lecture avec Élie qui rencontre cet autre veuve, pendant une période de famine, dans un pays incertain, qui est l’actuel Liban.
Un prophète, et une femme dont le frigo est vide.
Élie lui demande de tout lui donner…
Rencontre tellement simple. Rencontre au milieu des champs.
« Donne-moi de l’eau. » Et elle puise.
« Donne-moi à manger. »
Et elle donne.
Parce qu’elle a la foi.
Et pourtant, elle n’est pas juive, mais de très loin, dans un acte de résignation, elle reconnaît en Elie, un prophète.
Et ça, le monde ne le supporte pas.
Cette rencontre de Élie et de la veuve de Sarepta n’a rien d’idéologique.
Elle ouvre la porte de la foi, de la vie et de la mort, son cœur donné.
Nous sommes tellement pollués par le bruit, par les histoires, que le langage des Martiens nous fait sourire.
On est content de lire :
« Cuis-moi une petite galette avec ta dernière poignée de farine, et apporte la moi ! »
Mais on l’écoute comme on regarde un tableau dans un musée.
Très bien, c’est bien rendu. c’est simple.
Et alors….?
« Ce sont des rencontres des temps anciens. », dit-on.
Parfois, j’entends répliquer que c’est pour d’autres vocations.
Il y aurait des vocations de demie-foi et des vocations au choix absolu. Il y a des vocations d’amour à moitié….
Vous savez frères et sœurs, quand on veut éviter à tout prix l’éventualité d’une conversion, on dit : ‘ ce n’est pas pour moi…

Ça ne me concerne pas. C’est une approche moyenâgeuse.’
Au lieu, tout simplement, de reconnaître que l’on n’est pas capable de vivre une relation simple, sans y mettre de la méfiance.
Que l’on n’est pas capable de vivre une certaine radicalité de choix dans l’amour et dans la foi.
Et puis vient la lettre aux Hébreux…
Que nous suivons depuis quelques dimanches.
Alors là, elle parle du sacrifice du Christ ! et d’un mystérieux pardon des péchés. Mais c’est vraiment d’un autre monde.
Un homme qui souffre jusqu’à donner son sang pour apporter le pardon.
Le monde ne reconnaît pas le péché, il ne veut pas le reconnaître parce qu’il ne sait pas quoi en faire.
Oui, il admet qu’il y a de la souffrance ( tout simplement parce que ça fait mal), mais c’est encore pour se retourner contre Dieu !
Parce qu’il ne sait pas guérir le mal, sinon par la punition.
Ou par un principe de précaution qui filtre le moucheron et laisse passer le chameau.
Dieu guérit le mal par l’amour.
C’est ce que les pharisiens reprochaient à Jésus.
Ils lui reprochaient de pardonner les péchés et d’aimer le pécheur.
Une vie évangélique provoque l’esprit du monde sur deux terrains de combat. Sur la confiance en Dieu et la prise de risque.
Et sur la toute-puissance de l’amour pour vaincre le mal.
La foi et la charité énervent le monde qui ne peut les tolérer.
Jacques Maritain écrit dans son dernier livre :
«le monde ne peut rien comprendre aux vertus théologales.
La foi théologale, le monde la voit comme un défi, une insulte et une menace. C’est à cause de leur foi qu’il tient en aversion les chrétiens, et c’est par leur foi qu’ils vainquent.
L’espérance théologale, le monde ne peut pas la voir du tout.
La charité théologale, le monde la voit comme elle n’est pas; il la comprend de travers. Il la confond avec n’importe quel dévouement généreux. »
[Le paysan de la Garonne p 97 ]
La tactique du monde est très rudimentaire pour contrer l’Église.
L’esprit du monde cherche le défaut, il y a toujours défaut, même chez les saints. Le monde va montrer du doigt les défauts inévitables des hommes de foi, de certains hommes de foi, pour assimiler la foi et la charité à des sources maléfiques.

Et pour en fin de compte affirmer que ce qu’il y a de plus beau dans l’homme, ses pures dimensions spirituelles, d’amour et de foi, c’est ce qu’il y a de plus dangereux et de plus néfaste.
Le grand inconvénient, ce ne sont pas ces accusations du monde contre l’Église, ( qui sont en fait contre Dieu), le grand inconvénient c’est que les chrétiens y prêtent l’oreille et trempent leur foi dans l’esprit pollué du monde.
Les chrétiens ouvrent leurs portes et apportent dans l’Église les arguments détrempés de la culture de mort qui est favorisée dans le monde.
On se dit chrétien et on collabore avec un tout autre esprit, en mettant sa foi dans le monde. On s’agenouille devant le monde et ses déviations en légions.
Le monde du confort, de la tiédeur, de la distraction, de la recherche de richesses, d’assurances matérielles et du crédit, le monde de la lâcheté devant la vérité.
Peur du risque.
Tout simplement, manque de la présence et de la crainte de Dieu.
« Les saints sont des guerriers qui n’ont pas peur d’être martiens parmi la foule des soumis au monde.
Et leurs armes, c’est de tout donner, tout abandonner : le mal, bien sûr, et l’univers des mensonges, mais le bien aussi, la douceur et le confort, et avant tout eux-mêmes, pour être libres avec Dieu.
Complètements dépouillés, ils brûlent et deviennent étrangers .
Ils sont tombés amoureux mais personne ne comprend leur amour qui leur font traverser les déserts de solitude, enivrés de joie.
Ils ont visage de pauvre veuve, de clochard, d’impuissant, de victime, de martien que l’on cherche à ligoter.
On les traitent de dérangés parce qu’ils dérangent nos rêves et nos conforts.

31° DIMANCHE – B – 2024

Il y a une sorte de match entre ce Scribe et Jésus ? Une confrontation dans l’esprit.
Je m’imagine ce scribe encore jeune.
D’abord pour sa question…
 » quel est le premier de tous les commandements ? »
Bonne question, mais c’est question d’étudiant versé dans l’écriture.
Il classifie. il met un premier, un second…
Et puis si on ne répond pas dans l’ordre, hé bien, il a gagné..!
En fait il essaie de surprendre Jésus, avec une question très classique. Ça fait un peu jeune comme démarche.
Mais Jésus, comme souvent, se prend au jeu.
Il se laisse inviter sur le terrain de son adversaire.
Et il va citer Moïse.
Pourquoi Moïse ?
Parce que c’est le premier qui dit des commandements.
’Commandements’ ça veut dire quelques bases de la loi naturelle.
Pour un juif la loi naturelle est inséparable de la loi surnaturelle, et donc, de la relation avec Dieu.
À vrai dire pour un chrétien ça devrait être la même chose.
Donc Jésus reprend les bases de Moïse.
Or Moïse commence par… la crainte du Seigneur.
‘ tu craindras le Seigneur ton Dieu.’
‘ tu écouteras’
‘Tu aimeras de tout ton cœur de toute ton âme de toute ta force. ‘
Le scribe n’est pas mécontent, mais en fait il ignore une chose.
Il ignore que le monde pèse ou reste léger.
À deux, on peut vivre un même événement, et même à deux on peut commenter un même événement, avec les mêmes mots, et cependant les mots ne pèseront pas de la même densité .
Pour illustrer cela, il y a un magnifique dialogue dans la pièce de théâtre de Jean Giraudoux, ‘ la guerre de Troie n’aura pas lieu’…
Entre Hector, qui voudrait à tout prix éviter cette guerre, mais qui ne comprend pas tous les enjeux subtils et psychologiques qui conduiront à la guerre.
Entre Hector et Ulysse, simplement Ulysse est plus fin, plus respectueux de la réalité, bref… il a un meilleur discernement.
Je ne résiste pas à reprendre ce dialogue grandiose – scène treizième :
Hector : voilà le vrai combat Ulysse ?

Ulysse : le combat d’où sortira ou ne sortira pas la guerre, oui.
Hector : elle en sortira ?
Ulysse : nous allons le savoir dans 5 minutes.
Hector : si c’est un combat de paroles, mes chances sont faibles.
Ulysse : je crois que cela sera plutôt une pesée. nous avons vraiment l’air d’être chacun sur un plateau d’une balance. Le poids parlera…
Et s’engage entre les deux hommes un ping-pong de répliques pour savoir lequel des deux pèse le plus lourd.
Hector : mon poids ? ce que je pèse, Ulysse ? je pèse un homme jeune, une femme jeune ( il pense à Andromaque, sa jeune épouse qui attend un enfant).
Je pèse un enfant à naître. je pèse la joie de vivre, la confiance de vivre, l’élan vers ce qui est juste et naturel.
Ulysse : je pèse l’homme adulte, la femme de 30 ans, ( la femme de Ulysse c’est Pénélope et son fils Télémaque),
Je pèse le fils que je mesure chaque mois avec des encoches, contre le chambranle du palais…
Mon beau-père prétend que j’abîme la menuiserie… Je pèse la volupté de vivre et la méfiance de la vie.
Vous voyez dès cette première réplique, Ulysse a gagné. Il est plus fin, plus précis, plus mature que Hector.
Mais continuons…
Hector : je pèse la chasse, le courage, la fidélité, l’amour.
Ulysse : je pèse la circonspection devant les dieux, les hommes, les choses.
Encore une fois Ulysse est plus délicat, plus profond. Mais continuons.
Hector : je pèse le chêne phrygien, tous les chênes phrygiens feuillus et trapus, qui sont plantés sur nos collines, avec nos bœufs frisés.
Ulysse : je pèse l’olivier.
Hector : je pèse le faucon, je regarde le soleil en face.
Ulysse toujours plus profons : je pèse la chouette.
Hector : je pèse tout un peuple de paysan, de laboureurs, d’artisans laborieux, des milliers de charrues de métiers à tisser, de forges et d’enclume… Oh !
… et là Hector se rend compte qu’il a perdu….

Il ajoute : oh ! pourquoi, devant vous, tous ces poids me paraissent-ils tout à coup si légers ?
Et Ulysse enfonce le clou :
’Je pèse ce que pèse cet air incorruptible et impitoyable sur la côte et sur l’archipel.’
Hector comprend que le destin lui échappe : ’Pourquoi continuer ? la balance s’incline…’ dit-il Ulysse : de mon côté ?… oui, je le crois.
Hector : et vous voulez la guerre ?
Ulysse : je ne la veux pas. mais je suis moins sûr de ses intentions à elle.
Voilà, je ne vais pas vous rejouer toute la pièce de Giraudoux qui est génial. Vous vous souvenez bien sûr, que la guerre de Troie aura lieu à cause des beaux yeux d’Hélène enlevée par les Troyens.
Et Hector, belle personnalité pourtant, mourra, laissant Andromaque éplorée.
Moïse dit au peuple :
 » tu craindras le Seigneur ton Dieu »
Jésus dit au scribe :
 » tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur de toute ton âme de tout ton esprit, de toute ta force »
Le scribe est content, mais il garde cela comme un sujet de dissertation.
Jésus, lui, mourra sur la Croix pour l’illustrer.
Application pratique…
Pour nos chrétiens du 21e siècle.
On peut bien dire « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. »
Mais on oublie ce qu’a dit Moïse :  » tu craindras le Seigneur ton Dieu » Autrement dit, tu ne joueras pas au plus fin avec ton Dieu.
Cela veut dire exactement pareil que :
 » ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur »
Notre foi, notre religion, si elle n’est pas vécue du profond du cœur, – avec pauvreté bien évidemment. La pauvreté n’est pas un obstacle – mais si elle n’est pas vécue du profond du cœur, elle sonnera faux.
Et je constate une attitude qui révèle très vite si la foi de quelqu’un est vécue par son cœur ou est vécue par ses lèvres.
C’est par la place qu’il met aux priorités dans sa vie.
Ô… on va tout bien faire !
On va même faire des sacrifices. Faire des prières.
On va aider son prochain.

Et puis quelqu’un nous appelle, et on laisse tout tomber.
On oublie que Dieu est l’unique Seigneur. Notre Créateur. Transcendant. Tout-puissant.
On oublie la priorité de telle fête, de telle messe. De telle vérité évangélique. On ne se rend pas compte qu’on est inconséquent.
On va entrer dans l’église, avec son enfant pour brûler une petite bougie devant la Sainte Vierge, et on va lui acheter un masque idiot pour Halloween.
En telle circonstance, d’un coup, l’intérêt ou le plaisir reprend le dessus.
Et c’est là que l’on voit que l’amour n’était pas enraciné.
On va entrer dans l’église comme on entre à Intermarché, dans le bureau de poste, ou tout simplement dans sa cuisine…
On ne va même pas se rendre compte que certains sont en train de prier, on ne va même pas se rendre compte que Jésus nous attend en silence pour faire le silence en nous.
Notre foi n’est pas enracinée.
C’est la foi du scribe.
Une foi qui peut-être d’étude, ou une foi qui peut-être fatiguée de politesse. Mais ce n’est pas une foi qui a saisi le cœur.
Il ne s’agit pas de ressentir quelque chose, mais on ne voit pas, charnellement, et spirituellement, les priorités.
On ne les voit plus et on ne les respecte plus.
On est devenu un chrétien de surface. Léger d’amour.
 » tu n’es pas loin du Royaume de Dieu … »
C’est sûr, mais entre toi et le Royaume il y a un gouffre !
Par très large, mais c’est un gouffre….
Les chrétiens aux remarques judicieuses, ça se trouve.
… Pas aussi souvent qu’on le voudrait, soit.
Mais les chrétiens amoureux du Christ ressuscité… comme on voudrait qu’ils soient plus nombreux !
L’Eglise resplendirait de bonheur et de fécondité.
Et le second commandement serait vécu en vérité.