SEPTIEME DIMANCHE DE PAQUES A 2023

Pendant 10 jours, nous avons suivi, je ne dirai pas deux saints, mais une dizaine de saints. Bien sûr, le but premier de notre pèlerinage dont nous revenons, était de découvrir l’influence de Saint-Jean de la croix et de sainte Thérèse de d’Avila.
Mais leur époque fut féconde des soubresauts de l’Esprit Saint.
Le XVI° siècle a vécu des grandes luttes, de grands dérapages, par exemple la Réforme de Luther, et de grand rétablissements comme Le concile de Trente, la réforme des franciscains, la réforme des Carmes et des Carmélites.
Tout cela, porté par des hommes et des femmes de Dieu.
J’ai cité Saint-Jean de la Croix et Sainte Thérèse d’Avila, mais les mêmes terres on veut naître Saint Jean d’Avila, Saint-Pierre d’Alcantara, je pourrais ajouter Saint- Ignace de Loyola et d’autres.
Et derrière ces hommes et ces femmes, sommets de l’humanité, c’est le Christ que nous avons rejoint…. Que nous avons essayé de rejoindre.
Le Christ, à travers une spiritualité.
La spiritualité de la prière carmélitaine.
La prière, qui pour Sainte Thérèse, ” est un échange intime d’amitié où l’on s’entretient souvent, seul à seul, avec ce Dieu dont on se sait aimé(e).”
Nous avons rencontré le Christ.
1 – À travers des lieux qui ont été témoins de l’Esprit Saint.
La cathédrale d’Avila où Thérèse s’est réfugié lorsqu’elle avait 12 ans pour pleurer devant la Vierge Marie, la mort de sa maman.
Et c’est alors qu’elle prit la Vierge Marie comme seconde mère ou première maman… Devant une belle statue qui est revêtue, ces jours-ci, d’un grand manteau blanc.
Nous avons visité des lieux emblématiques : des couvents qui gardent intact non seulement des reliques, des pages écrites par Jean de la Croix ou Thérèse, mais aussi le sol, les murs, des chaises qui gardent dans leur mémoire silencieuse, les mots sublimes que s’échangeaient ces deux grands saints.
Des cellules d’une pauvreté extrême, comme en aucune prison nous pourrions en découvrir actuellement.
Cela nous fut une émouvante exploration dans le passé.
Nous avons touché à une époque qui explosait de contrastes.
Contrastes de la richesse, favorisée par la découverte de l’Amérique, et de la pauvreté, parfois extrême, comme le fut celle de la famille de Jean de la Croix.
Contraste de l’art, tellement productif, depuis des immenses cathédrales jusqu’à des tableaux innombrables ou des broderies confectionnées dans l’amour de Dieu par les mains des Carmélites.
Et nous avons compris que l’Esprit de Dieu trouve son terrain le plus favorable dans la pauvreté et le retour aux sources.

Thérèse et Jean ont tout fait à partir de rien.
Et Dieu a fait le reste, au milieu des combats, des doutes, de la nuit de l’esprit, du froid. Jean et Thérèse nous ont offert pour des siècles, et pour toute l’Église, les clés de la présence de Dieu dans notre vie.
Jean de la croix nous encourage à la vie intérieure, chemin de délices :
” dans cet état de contemplation… Dieu se réserve à lui seul l’œuvre à faire dans l’âme. L’âme peut alors se réjouir d’être dans un état de grande pauvreté, car si elle n’entrave pas l’œuvre infuse de Dieu en elle, elle recevra plus d’abondance et de paix, et l’Esprit d’amour allumera et embrasera en elle son désir et sa jouissance. ”
L’essentiel d’une vie.
Et le résultat c’est que les monastères de leur temps, ont poussé comme des champignons.
Les vocations ont afflué.
Quand on présente de l’essentiel à des âmes jeunes et pures, (et ambitieuses), elles savent reconnaître le chemin de l’engagement total pour la joie de leur cœur.
Nous sommes restés ébahis devant ce qui reste des efforts immenses de louange de Dieu dont témoigne l’architecture.
Mais aussi…
Nous avons rencontré le Christ à travers les messes et les offices que nous avons chantés chaque jour.
Nous avons communié au même Corps.
Et je vous dis… avec le groupe que nous formions, s’il n’y avait pas eu l’unité du Christ vécue par les sacrements, qui nous a permis de revenir ensemble…
je crois que nous serions revenus, chacun, dans un avion différent.
Mais nous avons rencontré le Christ aussi à travers l’enseignement d’un certain Père Thierry – qui a essayé de présenter un aspect – une porte – de la doctrine de Jean de la croix et de Thérèse d’Avila.
C’était pas gai, mais ça peut nous amuser pour le restant de notre vie.
Prière contemplative.
” le vrai bonheur de celui qui aime est de rendre à son Bien-aimé tout ce qu’il est, qu’il vaut, tout ce qu’il a, tout ce qu’il reçoit, et plus cela a de prix plus il goûte de joie à lui en faire hommage.
Telle est la joie qui remplit l’âme… Elle rend à son Bien-aimé amour pour amour. ”
Et le père Thierry a développé son propos en trois points
L’ascèse et la mortification, à faire froid dans le dos.
La prière contemplative à nous faire partir en extase…
Enfin l’Église et son trésor de sagesse.
” si l’affection, écrit Jean de la Croix, se porte vers quelque chose d’étranger à Dieu, elle s’embarrasse et se rétrécit, car tout ce qui n’est pas Dieu est étroit”

Nous avons des géants qui nous placent devant les horizons grands de nos cœurs.
Et comme le dit Sainte-Thérèse :
” au milieu d’une telle paix et d’un si profond silence, le Seigneur enrichit et instruit alors notre âme…”
Quand Dieu est là l’âme n’a rien à dire.
C’est un signe… : le silence est signe de la présence de Dieu.
« L’amour silencieux est le langage qui se fait le mieux entendre de notre grand Dieu ».
Et c’est ainsi que notre petite troupe de pauvres, a cheminé, avec des journées de silence, perdus dans une histoire intérieure et nos grands bâtiments où nous étions logés, qui pourraient, je crois, contenir 200 séminaristes,
Vous vous demandez peut-être ce que nous avons rapporté de ce pèlerinage ? Pour ma part, j’ai reçu une nouvelle leçon.
Tout d’abord que c’est Dieu qui fait tout, au-dessus de nous.
L’œuvre de notre prière nous n’y pouvons rien absolument.
C’est son œuvre à lui.
Et nos pauvres œuvres, nos vertus, si Dieu ne passe pas en elle, elle ne vaudront décidément rien.
Premier aspect;
Deuxième aspect : c’est le sentiment d’une vague amertume.
Devant tant d’immenses efforts, d’innombrables hommes et femmes, vivants en présence de Dieu, pour donner à notre monde un peu du vin nouveau de l’Évangile et de Jésus.
Nous sommes des nains, dans nos constructions et nos déconstructions dégénérées. Enfin troisième aspect que je rapporte de ce pèlerinage.
C’est l’espérance.
” entrer au-dedans de vous-même et travaillez à la présence de l’Epoux qui est toujours présent et qui vous aime” ( encore une parole de Jean de la Croix)
Et bien oui… Jean de la Croix ouvre le chemin.
Et son chemin le voici :
” Pour arriver à goûter tout, veillez à n’avoir goût pour rien.
C’est du génie. le génie de Jésus et de l’Esprit Saint.
Pour arriver à savoir tout, veillez à ne rien savoir de rien.
Pour arriver à posséder tout, veillez à ne posséder quoi que ce soit de rien.
Pour arriver à être tout, ( la voilà notre espérance !) veillez à n’être rien, en rien. ”
Notre espérance c’est que dans notre monde de riens, Dieu est passé et passe toujours, ruisselant de mille grâces. Jean de la Croix était aussi poète :
« En hâte, écrit-il, il traverse nos bois, Et dans sa course il les regarde.
Et son visage s’y imprime

Et cela suffit à les laisser revêtu de beauté. ”
Un petit regret cependant.
C’est notre mascotte que nous avions adoptée. Et qui est restée en son pays.
Un petit lapin, espagnol, qui a été plusieurs fois témoin de nos manœuvres et de nos errances avec nos minibus.
Un petit lapin qui écarquillait les yeux en se disant à chacun de nos passages :
” y sont fous ces Français !…
Ils viennent sur mon terrain de jeu et ils ne descendent même pas de leurs véhicules pour jouer avec moi.”
Il reste donc, une fois revenu dans notre pays pluvieux, que le Seigneur, par Jean de la croix et Thérèse d’Avila, a blessé notre cœur d’amour, et que nous devons maintenant Lui demander de le guérir par son amour.

HOMELIE 5° DIMANCHE DE PÂQUES

Quand même…   Ces Juifs…
Ils ont les bonnes questions.
Loin des romans ou des films de science-fiction.
Même s’il manque un petit quelque chose à la réponse, en tout cas, ça part direct dans le mystère essentiel de l’homme…
Montre-nous le Père ?
On pourrait tirer de la Bible, comme cela, des questions qui suffisent à nourrir toute une vie.
La Samaritaine : « donne-la moi de cette eau que je n’ai plus à venir puiser, ici. »
Le roi David : « Absalom, mon fils. Mon fils ! Absalom… que ne suis-je mort à ta place ! »
Marthe et Marie : « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort… »
Et si on remonte un peu plus loin :
Adam : « voici l’os de mes os, et la chair de ma chair ». Avec celle-là, ma solitude peut être guérie.
Moïse : « et quel est ton Nom ? »
Et tous les prophètes : « qui suis-je pour que tu m’envoies ? »
Marie et tout un chapelet de femmes de l’Histoire Sainte :

« comment cela se fera t-il…? » (d’avoir un fils de Toi…)
Pilate, bien qu’il ne soit pas juif : « où est la vérité ? » Elle se trouve devant toi, Pilate…

Et les paroles de Dieu à l’homme aussi :
« M’aimes-tu ? » ça, c’est à Pierre.
« M’aimes-tu? »
« M’aimes-tu ? ».  Trois fois.
Il faut bien trois fois pour que l’homme ouvre son cœur quand on demande cela.
« Où te caches-tu ? » À Adam.
« Personne ne t’a condamnée ? » à la femme, piégée dans sa faute.

Enfin, les dernières paroles de Jésus :
« J’ai soif. »
« Pourquoi m’as-tu abandonné ? »
« Père, en tes mains je remets mon esprit. »
On pourrait comme cela extraire un petit trésor de la Bible, de questions essentielles.

 

En tout cas aujourd’hui nous en avons une belle.
« Montre-nous le Père ? » :
’Philippe, c’est pour cela que je suis venu.
C’est pour déchirer le rideau du Temple.’
Révéler le Père… Père de miséricorde.
Père de notre destin. Père tout-puissant.
Père de l’Histoire et de la Création des choses visibles et invisibles.
De mon cœur. De mon être. De ma vérité.

Et plus on s’éloigne des origines, plus on se dilue.
Le ‘Père’, c’est la source et c’est le but. La béatitude.
Et le chemin le plus court pour aller du Père au Père, c’est le chemin de l’union au Christ.

L’union. C’est le chemin de toute une vie.
Tellement simple qu’il faut toute une vie pour le dire.

Après, autour, il y a les romans fleuves qui déblatèrent.
Les romans de la politique.
Les romans de la psychologie.
Les romans de la science.
Les romans de l’Histoire et du journalisme.
Les romans à problèmes.
Les romans qui s’emmêlent et qui se mêlent de tout et de rien.

Quand je dis ‘Père’…
Et même quand je dis ‘notre Père’, je pense à mon père.
Disons qu’il y a mon père sur le chemin.
Avec ses paroles, avec son autorité, sa protection, avec ses cigarettes et ses insuffisances.
Avec ses blagues qui nous faisaient rire, pendant les vacances.
Mon père, qui construisait la maison, et qui nous a construits.
Parce que c’est le père qui construit.

Il y a mon père, et il y a toutes les images de ‘pères’ sur ma route.
Certains professeurs, certains éducateurs, ou d’autres pères, le père d’un copain ou d’une copine, qui étaient réellement des pères. Quelques prêtres, pères spirituels.
De vrais pères.
Pourquoi ? parce que mon père était insuffisant. Et que tous les pères sont insuffisants, sauf quand on est tout petit. Et que l’on croit que notre père est parfait.

Et puis, un peu plus loin, il y a les déclinaisons essentielles, mais juste après.
« Voici ta mère… »
« Où est ton frère ? » ( à Caïn..)

« Ta mère et tes frères sont là qui te cherchent. »

« Qui sont ma mère et mes frères ? »

« Ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. »

« Et la parole que je dis, c’est :  ” Père…”

« Mon Père et votre Père »…   « Notre Père qui es aux cieux.»

Origine, d’où vient mon père avec ses fatigues, son amour, sa fidélité et sa persévérance, ses humeurs.

Mais mon père, (mon papa) il a été là pour me montrer le Père . « Abba, Père ».
Mon père, biologique, n’a été là que pour me mettre sur le chemin du Fils et du seul ‘Père de qui vient tout don parfait’. [ Jacques 1, 17]
Et qui m’aime de toute éternité.
Du seul Père qui me donne la joie.
Et qui me fait comprendre qui était mon père.
Mon pauvre père, image bien insuffisante, mais petite étincelle de celui qui m’appelle à la plénitude de moi-même.
Mon pauvre père qui m’a appris, presque malgré lui, que l’amour il m’est donné par Jésus-Christ, dans l’Esprit, dans l’Esprit Saint, du Père.
Et que cela nous suffit. Tout le reste n’est que roman.

Un père ça ne sert qu’à ça.
À recevoir la vérité du Père des Cieux, pour la donner, même par des petites miettes, toujours par des petites miettes, et même par son absence parfois, à son fils ou sa fille.

« Philippe.. tu ne me connais pas ?
Parce que je suis le Fils, je te montre le Père. Je suis le chemin du Père.
Le chemin du Père jusqu’à toi. Et le chemin de toi jusqu’au Père.
Et au-dessus, il n’y a rien. Sinon Béatitude divine.
Joie infinie du Fils vers le Père et du Père vers le Fils éternel.
Joie  au Ciel parce que identité du Fils, image précieuse et parfaite du Père. »

 

C’est bien cela que nous cherchons : notre bonheur..

C’ets de correspondre dans le fond de notre cœur et dans l’histoire de nos journées, à l’Origine du dessein de Dieu sur nous.

Et cette correspondance qui s’appelle ‘la grâce divine’ on la trouve dans notre union à Jésus-Christ, dans l’Eglise.

 

Je reprends simplement trois phrases de saint Jean, dans sa première lettre :

Chap 1, 2 :

« nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. »

Chapitre 3, 1 :

« Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. »

et puis chap 5, 11 :

«Et ce témoignage, le voici : Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils ».

HOMELIE 4° DIMANCHE DE PÂQUES

Chères brebis……..

( … )

Vous êtes là pour souffrir…

(  )

Et vous finirez sous la dent du loup…

Si vous êtes des brebis fidèles…

Si vous êtes des brebis qui ne pensez qu’à une chose :

Purifier votre cœur, et brouter l’herbe de la grâce divine.

 

C’est vrai que ça fait un peu bizarre que je vous dise cela en début d’homélie, chères brebis..!

 

Mais en fait, je résume les trois textes que nous venons de lire.

Je pourrais aller plus loin dans l’audace…

 

Je pourrais préciser que votre Berger, le Vrai Berger des brebis, c’est un Agneau sacrifié.

Je pourrais préciser que nous sommes des brebis destinées à porter tout le mal du monde.

Mais aussi, n’oublions pas cette note, que c’est ainsi qu’il nous est promis un fleuve de joie, et d’être sauvés.

 

Tout cela, je n’invente rien, nous le trouvons dans les trois textes que nous venons de lire.

Jean Cocteau écrivait “qu’il y a des vérités qu’on ne peut dire qu’après avoir obtenu le droit de les dire.”

Cocteau n’était pas une brebis, c’était plutôt une chèvre.

Mais les chèvres sont plus artistes et réfléchies que les brebis. Et parfois la vérité vient des chèvres.

Sauf pour ce qui est du pasteur.

Les chèvres n’y connaissent rien en pasteur et en guide.

Pourquoi ?

Parce que les chèvres ne s’attachent pas au pasteur.

Elles le reconnaissent quand ça les arrange, mais elles ne donnent pas leur cœur au pasteur.

 

Les brebis ont cela de particulier qu’elles dépendent en tout de l’homme.

C’est un animal qui a perdu toute capacité de subsister par lui-même, perdu toute défense naturelle.

Pour être clair, la brebis est un être dégénéré.

Elle exprime parfaitement notre position devant le démon. Nous n’avons aucune chance de nous en sortir, sinon en donnant notre cœur à celui qui nous protège.

Une brebis donne son cœur.

 

Quelle tendresse dans les propos de Jésus, pourtant !

Le berger connaît chacune de ses brebis par son nom, c’est-à-dire en fait par le cœur.

Les brebis connaissent le berger par sa voix, c’est-à-dire qu’elles frémissent de paix par une connaissance de sympathie. Qui est d’ailleurs la plus sûre.

Elles se confient à Lui. Ça leur est vital.

 

Comme notre foi, notre religion chrétienne, – je dirais même plus : notre religion chrétienne catholique -, est douce… !

Tellement douce…

Aucune autre religion, aucune autre relation à Dieu en dehors de l’Église catholique est aussi respectueuse, tendre, profonde pour toucher le cœur de l’homme et le conduire aux pâturages.

Et pour guérir ses blessures.

Parce que notre foi utilise l’échelle de l’amitié pour monter de la terre au Ciel et descendre du Ciel à la terre.

Un vrai chrétien, c’est celui qui connaît l’amitié, c’est celui qui connaît le langage du cœur à cœur.

Et c’est ainsi qu’il acquiert le droit de parler de son Seigneur.

D’ailleurs, le sacrement de confirmation, ce sacrement qui ouvre l’âme au pinceau des dons du Saint-Esprit en nous, c’est le sacrement de l’onction, le sacrement des flots de la tendresse de Dieu, qui va alors déborder de cette onction d’amour sur le monde.

Et qui constitue l’Église.

 

Comme l’image de Jésus est belle…

Rappelons-nous que nous sommes dans un peuple de bergers, de cultivateurs et de pêcheurs. Ils s’y connaissent en termes de moutons. Quand on va vers Hébron ou Jéricho il y a encore des bergers qui suivent leurs troupeaux.

Les brebis se serrent les unes contre les autres dans l’enclos.

Et c’est parce que leurs cœurs s’apaisent à la douce voix du berger, qu’elles trouvent le courage de sortir, pour se nourrir de la vie en abondance.

 

Vous voyez, chères brebis… Chères brebis que nous sommes…

Nous vivons de la vie de l’Église quand notre cœur reconnaît le Berger.

Alors nous vivons en tendresse et en vérité.

Mais où notre cœur reconnaît-il le berger ?

C’est très simple : au fond de lui même. Pas dans notre tête.

Notre foi, notre religion est un chemin d’expérience des profondeurs de notre âme.

Je pourrais le dire avec d’autres mots.

Notre religion est vécue en vérité quand notre cœur est à nu.

Et Pierre dans les Actes des Apôtres ou dans sa première lettre, nous confie deux chemins d’ouverture du cœur.

Convertissez-vous, dit-il…

Comment ?

” En vous détournant de cette génération tortueuse.. ”

Tout simplement en vous purifiant de tout ce qu’apporte le monde et de ce qu’apportent vos impuretés intérieures..

Ça c’est le premier chemin.

Folie du chrétien dont la sagesse prend le contre-pied du monde.

Le monde se remplit, le chrétien se dépouille.

Le monde blinde ses fautes et perfectionne ses mensonges, le chrétien demande pardon et s’offre dans une simplicité qui ne cache rien.

Et puis, le deuxième chemin qui ouvre le cœur et lui permet de dire Dieu en vérité.

C’est le chemin du Pasteur crucifié.

” Vous avez été appelés, dit Saint Pierre, pour souffrir.”

Vous êtes des brebis jetés au milieu des loups.

Vous n’avez aucune chance de vous en sortir…

” par ses blessures, vous êtes guéris”… bien sûr…

Mais cela veut dire que par les mêmes blessures, les blessures des dents des loups, votre cœur va devenir rédempteur de la même mission de rédemption du grand Pasteur de l’Église. ( Rédempteur, ça veut dire révolutionnaire de la vie éternelle)

 

” Aimer, c’est se dépouiller pour Dieu de tout ce qui n’est pas Dieu”.

[Jean de la croix, montée, L II, c 5, 7]

Être en vérité, c’est être uni à l’Agneau de Dieu, mort et ressuscité. Jusques-là…

Être sauvé, c’est reconnaître, par le cœur, la voix gracieuse de Jésus-Christ.

TROISIEME DIMANCHE DE PAQUES 2023

Tous ces jours après Pâques bien sûr ils sont consacrés à la résurrection du Seigneur. Mais l’Église brouille un peu les cartes.
Quand Pierre parle à ses frères juifs, ça fait deux mois que Jésus s’est levé d’entre les morts. La rencontre des pèlerins d’Emmaüs, a lieu, elle, quelques heures après l’apparition du Christ à Marie-Madeleine.
En tout cas dès sa première évangélisation, Pierre insiste, comme Paul le fera aussi, sur l’annonce de la Résurrection .
Un chrétien vit du phénomène de la Résurrection. C’est capital.
Mais de plus, notre foi, notre vie tout simplement, prend racine dans un mouvement qu’on ne peut pas contourner sans abîmer notre esprit et notre âme.
Pierre met en évidence une relation sans laquelle notre monde devient un vaste asile d’aliénés, en tout cas de déséquilibrés.
Et Pierre, c’est l’Eglise.
Que dit-il ?
Il dit : ‘je vais vous parler de Jésus de Nazareth, qui a accompli sa mission, soutenu et approuvé par Dieu ‘
Et il répète : Dieu l’a ressuscité.
Il l’a élevé à sa droite, ce qui veut dire quasiment pareil que ressuscité.
Mais regardez la dernière phrase :
‘ il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous’
C’est le mouvement, frères et sœurs, d’une source qui se répand.
Il y a une origine : le Père, qui se donne en son Fils, et par ce Fils, nous donne notre bonheur, notre liberté.
Dans sa première lettre Saint Pierre insiste presque lourdement :
‘ c’est bien par lui que vous croyez en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts’ Par lui….
Nous ne pouvons pas avoir d’évolution, ni d’équilibre, ni de fécondité tout simplement, pas de joie, si nous n’avons pas un père. Je veux dire une source.
Quelqu’un de plus grand qui nous donne. Nous donne de lui-même. Et qui nous permet de nous construire. D’être soi-même.
Depuis des siècles, des philosophes, des artistes, des scientifiques, et peu à peu des éducateurs essaient de nous persuader que nous sommes grands tout seuls… ! Mensonge derrière lequel se cache le démon.
Quand j’étais petit, je pensais trouver le mouvement perpétuel. Drôle d’idée ! un mouvement rattaché à rien qui se prolongerait à l’infini et s’alimenterait sur lui-même. J’ai eu une période comme cela où je rêvais du génie.
C’est raté.
Mais heureusement que c’est raté ! parce que j’ai compris que la nature se rattache toujours à une origine qui donne l’impulsion.

Et la vie de la grâce ne fait pas exception.
La vie spirituelle, la vie de foi est fondée sur un désir de recevoir.
Et je veux recevoir de Dieu !
‘ vous avez été rachetés… c’est-à-dire libérer de la conduite superficielle héritée de vos pères’ c’est encore Saint Pierre qui dit cela….
Parce que vous buvez à la source d’eau vive qui est le Christ.
Mais le Christ n’est pas la source, c’est Dieu le Père qui est la source.
Chers frères et sœurs, à quelle source buvez-vous ?
Sans mère, on ne peut pas naître. Si on refuse le père, on disparaît dans une solitude stérile.
Quelle est notre père ?
A tous les niveaux, on a besoin d’un père.
Notre monde est fou de nier la place du père !
Au niveau de la Foi : notre Père qui est aux Cieux.
Au niveau biologique : notre père naturel.
Au niveau de notre vie spirituelle : avons-nous un père spirituel ?
Au niveau de n’importe quelle œuvre que nous faisons : qui nous l’a appris ?
Au niveau d’une famille : quel est son modèle éducatif ? quels sont ses maîtres à penser ? et quelle est sa foi ? Les enfants ont besoin de le savoir.
Au niveau d’une communauté : quelle autorité reconnaît-elle ? quelle spiritualité fait son unité ?
S’il manque une réponse à ces questions, il y a comme quelque part un malaise. Quelque chose de fragile.
Ça, c’est le premier mouvement.
Quelqu’un qui n’a pas de racine spirituelle n’est pas intéressant.
Il est vide et il bluffe. Même s’il est intarissable….
Toute la Bible, la vie de Jésus, le don de la grâce, l’histoire des hommes, est suspendue à une première lumière qui pénètre l’Histoire et les cœurs.
Le reconnaître emplit notre cœur d’un baume bienfaisant.
Et puis il y a un deuxième mouvement, primordial et très important.
Ce n’est pas une source , c’est plutôt un port d’attache.
En tant que chrétien, nous devons jeter notre ancre dans la Sainte Écriture.
Pierre use et abuse des citations de la Bible.
Parce que Dieu a tout disposé, petit caillou par petit caillou dans les textes de la Bible. Toute la Bible est un livre prophétique qui s’enfonce dans la nuit de la foi pour découvrir le soleil qui est le Christ.
Un chrétien qui ne lit pas la Bible est un bateau qui erre sur les flots.
L’Écriture Sainte c’est le repos du chrétien. C’est son intelligence.

‘…Esprits lents à comprendre et cœurs sans intelligence. lisez donc la Bible…!’ dit Jésus aux pèlerins d’Emmaüs.
1 Notre Père des Cieux.
2 Un père spirituel, qui nous relie à l’Eglise catholique et à Jésus ressuscité qui nous accompagne sur le chemin.
3 Et la Sainte Bible dont tous les mots contiennent l’infinie tendresse de Dieu.
Là, nous avons déjà du solide.
Mais il manque encore une petite chose que Jésus a partagée avec les deux pèlerins d’Emmaüs.
Pas du tout inoffensive.
‘ ils racontaient comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.’
Ce qui achève de former leur âme, leur illumination c’est … le Sacrement.
Le monde se rebelle contre tout cela.
La place du Père, il la refuse.
De Jésus-Christ qui donne lumière à nos cœurs, il s’en détourne.
La Bible, le monde s’en moque, ou cherche à la contredire.
L’accompagnement de l’Église, le monde préfère le souiller, parce ce qu’il ne connaît pas l’Esprit Saint.
Enfin aux sacrements, le monde préfère les systèmes superstitieux ou ses désespoirs. (Surtout depuis Voltaire et ses pauvres critiques)
Frères et sœurs, nous sommes là ce matin parce que nous avons la clé de la vie. Je parle, d’abord, de la vie éternelle.
Jésus-Christ ressuscité nous a ouvert les portes de la vie éternelle.
Et mon Credo, c’est-à-dire ce qui nourrit mon âme, qui lui permet de respirer.
Mon credo, peut-être même depuis mon jeunesse, le voici :
Je crois au Père qui est mon Dieu et qui m’aime.
Je crois au Fils, qui est mon Dieu qui est ma lumière, celui qui marche à mes côtés, et qui oriente les battements de mon cœur. Que j’ai découvert au fil du chemin.
Je crois au Saint-Esprit qui nourrit la vie éternelle en tout mon être.
Je crois en l’Église qui me donne la Parole de Dieu à lire et relire. A écouter…
L’Église qui me donne le sacrement de l’union avec Dieu, et qui me rassure totalement de son pardon.
L’Église qui me donne la parole de Pierre, des apôtres, de tous les saints, et par eux, j’entends Jésus-Christ.
Et je voudrais rajouter à mon credo :
Je crois que j’ai eu des parents. C’est pas inutile de le dire.
J’ai eu des ancêtres et j’ai une histoire qui prend racine très loin.

Qui prend racine dans un amour qu’il me reste à découvrir un peu plus tous les jours. Je crois en la Résurrection de Jésus-Christ qui ouvre mes yeux et m’invite à la joie.
Maintenant, frères et sœurs, on ne peut jamais forcer quelqu’un à la joie. Il y a tant de gens loin de l’essentiel de leur vie… Tristesse sur ce monde. Mais que puis-je faire ? :
Continuer mon chemin en fixant Jésus-Christ ressuscité.
Mon cœur n’est-il pas tout brûlant de Le reconnaître ?

DEUXIEME DIMANCHE DE PAQUES A 2023

Frères et sœurs,
trois lectures, ce dimanche. Comme d’habitude. Quatre avec le psaume .
Les Actes des Apôtres, c’est l’Église naissante.
La première lettre de Saint-Pierre : ” Exultez de joie.. ”
Et puis l’Évangile, Thomas, 8 jours après la Résurrection : ” Mon Seigneur et mon Dieu” Normalement, il y a une progression.
Première lecture, deuxième lecture pour arriver au sommet : l’Évangile.
Mais aujourd’hui, je vais prendre les lectures dans le sens inverse.
L’Évangile d’abord… qu’est-ce qu’il se passe ? la Résurrection de Jésus provoque un frémissement dans le petit groupe des apôtres.
Un frémissement qui est plutôt un tremblement de cœur.
Thomas n’a pas cru sur la parole des apôtres.
Qu’est-ce qu’il veut ? un signe .
Hé bien, Jésus lui donne une grâce puissante de présence.
Quand Dieu veut appeler quelqu’un, il peut utiliser toute espèce d’approche.
Des signes, une parole de l’Écriture ou de l’Église, la charité de nos frères.
Il peut frôler un cœur par une grâce sensible.
Mais quand Dieu veut appeler quelqu’un qui a un tempérament musclé, il va le terrasser par une grâce imparable, un flot de douceur, de tendresse.
Thomas comprend qu’il ne peut pas résister à la puissance du Christ, vivant, ressuscité, devant lui.
Mais quelle est cette puissance ?
Ce n’est pas une puissance de force, ni de spectaculaire. D’ailleurs les apparitions du Christ ressuscité sont toutes très humbles : un jardinier, un randonneur, un homme mangeant sur la plage, le crucifié devant Thomas…
La puissance de Jésus vient d’une proposition de vie.
Jésus ressuscité déborde la vie des apôtres.
Bien sûr que Jésus a toujours débordé les apôtres.
Dès le premier regard sur la plage de Capharnaüm ou près de Jean-Baptiste quand il les a regroupés autour de lui, un par un.
Jésus a posé sur eux un regard qui les a empli au plus profond de leur cœur d’un fleuve d’espérance et de paix. « tu es aimé, vraiment »
Mais quand Saint Pierre parle dans sa première lettre, il a mieux compris.
Ce fleuve d’espérance et de paix, il déborde maintenant de lui comme il déborde des premiers disciples.
Pourquoi ?
Parce que la Résurrection de Jésus-Christ après son sacrifice d’amour, extrême, infini, a

confirmé, comme il écrit lui-même, ” la grande miséricorde de Dieu”.
Vous voyez frères et sœurs, il y a un moment où l’on sait que quelqu’un nous aime.
Et puis il y a un moment où l’on pleure parce que ce quelqu’un nous a aimé jusqu’au plus bas de nous-même.
Là où on ne savait pas que ça pouvait exister.
” Pierre m’aimes-tu ? ”
Comment Seigneur ne pourrais-je pas t’aimer ?
Tu as tout donné pour moi et je ne le méritais pas…
C’est que ce qu’on appelle la miséricorde.
La miséricorde, c’est l’amour de Jésus, de Dieu le Père, par Jésus, qui déborde notre imagination, notre attente.
Parce que c’est un amour trop profond, qui va plus loin encore que notre propre amour pour nous.
C’est l’amour qui nous tend la main là où on ne pouvait pas penser qu’il puisse venir nous chercher.
Là où nous sommes nul, irrécupérable. Là où on se rend compte qu’il y a quelque chose de pourri en nous. Trop fragile… Là où tout est foutu.
Mais il y a mieux.
Il y a encore mieux que la Miséricorde.
C’est la Résurrection.
Thomas savait que Jésus l’avait aimé.
Il savait que Dieu le Père l’avait privilégié au-delà de toute mesure en le choisissant parmi 10000 autres.
Mais en reconnaissant Jésus ressuscité, il comprend que la miséricorde s’ouvre sur la vie éternelle.
Que la miséricorde lui permet l’accès à la vision de Dieu.
Qu’il peut suivre Jésus, âme et corps, dans une vie de joie éternelle.
La Miséricorde c’est pour la terre. Quand l’Amour recolle les morceaux.
La Résurrection c’est pour le Ciel.
” cet héritage vous est réservé dans les Cieux” dit saint Pierre.
La Résurrection, c’est l’accomplissement trop grand, trop lumineux, trop harmonieux, dont la miséricorde est la porte.
Et alors…
Qu’est-ce qui se passe quand nous connaissons cela.
Quand Jésus ressuscité nous dit :
” regarde-moi… touche mes plaies… entre dans la joie de ton Seigneur…”

Et bien… on comprend que notre jeu, petit, ne vaut rien.
Tu en as envie de boire à la source abondante de la grâce.
Et qu’est-ce qui se passe ?
On accorde notre vie à la vie éternelle.
Et alors ?
On vit comme les chrétiens de la première Église.
On accorde notre espérance jusque dans le partage de nos biens matériels, et jusqu’à l’obéissance du cœur, dans la charité, entre nous. On a envie d’aller jusques-là…
Vous voyez frères et sœurs, comme ça coule de source.
La miséricorde qui nous fait reconnaître notre nullité.
Parce que nous sommes aimés.
La miséricorde qui nous fait entrer timidement, humblement, dans la vie de la grâce. Et qui nous fait reconnaître la surabondance de Dieu.
Non seulement je suis aimé, mais Dieu m’invite à participer à sa vie.
Et cette invitation, par le Christ ressuscité, vivant aujourd’hui pour moi, me donne un surcroît de vie, un surcroît de joie qui rejaillit sur la façon dont je témoigne et dont je vis.
Plus j’expérimente cette paix, et la puissance de mon espérance, dans la grâce de Dieu, plus alors je distingue la présence, toute proche de mon cœur, de Jésus ressuscité.
Et plus alors je gagne en vie, parce que Jésus est mon seul trésor.
Et que Jésus c’est la vie.
On comprend pourquoi saint Pierre écrit :
” vous exultez de joie !”
Il le répète même : ” vous exultez d’une joie inexprimable…”
Parce que les nouveaux chrétiens louaient Dieu et savaient qu’ils étaient sauvés, par miséricorde et… par Résurrection.
Ils savaient, mais dans leur actes de tous les jours, dans leurs choix, dans leur réveil au matin, et même dans leurs épreuves, qu’ils étaient les élus de Dieu, contre son cœur, pour l’éternité.
Alors là, la vie d’Eglise devient possible. On ne s’ennuie plus.
Et la semence de lumière divine renverse le monde par la joie.
La semence de lumière divine renversera notre monde embrouillé, chers frères et sœurs, par la puissance d’une joie vraie.