11° DIMANCHE – B – 2024

Vision de Dieu
Quand on lit les textes d’aujourd’hui, chers frères et sœurs, nous pouvons avoir quatre réactions…
J’en élimine tout de suite une, très improbable dans notre assemblée : Celle d’avoir rien compris parce qu’on n’a rien écouté.
Donc il reste trois solutions pour nous.
J’en élimine une autre :
Celle d’un manque de foi.
En dehors de notre église, c’est très fréquent. Pour le monde. Mais sans la foi, pourquoi vit-on ?
Pour le plaisir, pour une ambition ( mais pourquoi celle-là et pourquoi pas une autre ?)
Pour un amour ? mais ne sachant pas pourquoi cet amour et pourquoi pas un autre… Et bien souvent pour un amour qui nous est utile.
Comme le constatait déjà Sénèque en son temps : « Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne connaît pas de port où se rendre ».
[ lettre à Lucilius LXXI]
Bref sans la foi, on est court ou fumeux.
Alors même que l’on poursuit un bien séduisant, captivant.
C’est la grande fragilité de notre monde actuel, en dehors de l’Église, et parfois dans l’Église.
Le jour de demain est incertain pour notre tranquillité.
C’est notre monde, qui tourne avec les vents et qui retourne selon ses humeurs ou parfois les tempêtes, et reprend ses tours avec ou sans nous.
Or nous venons d’écouter le Prophète Ezechiel, Paul ou Jésus-Christ, parler du règne de Dieu…
Donc, nous savons où nous allons.
Cela ne veut pas dire que nous sommes, chacun, dans la même course. Mais nous sommes sur la même piste.
Et Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens est très clair.
Le but de notre vie,
ce qui est inscrit au plus profond de notre nature,
ce dont nous sommes affamés, tout notre être…
notre intelligence, nos amours, nos passions, notre âme et notre corps, ce qui va donner à notre vie un goût de délices,
C’est le désir d’union à Dieu.
Nous sommes faits pour nous unir à quelqu’un, nous unir intimement et d’amitié au Seigneur.
Pour être divinisé.
Comment pourrais-je le dire avec la force nécessaire des mots…?
Notre âme a été créée, œuvre d’art de Dieu, pour être une épouse, en communion permanente avec Dieu.
Jusqu’à ce qu’il nous enveloppe de sa grâce.
Nous envahisse de sa lumière délicieuse.
C’est ce que dit saint Paul.
L’union à Dieu n’est pas une option de la foi.
C’est l’objectif final que Dieu a dessiné dans son œuvre, pour nous, et c’est pour cet objectif qu’il a envoyé son Fils unique pour achever l’union, récapituler toutes choses dans un amour nuptial.
C’est le fondement de l’Église pour notre bonheur.
Le but de l’union au Christ, c’est la manifestation du règne de Dieu.
Cela nous le savons, nous, dans cette église, parce que tout simplement nous venons communier au Corps du Christ, à sa personne et à son immense paix .
Et pourtant nous avons deux réactions différentes. Nous pouvons vouloir courir derrière saint Paul. Pour lui, la foi est un désavantage. Il y a mieux.
Le corps est un désavantage.
Notre corps charnel qui pourtant nous appelle à tant de plaisir…
Parce que pour Paul, l’expérience de Dieu se fait dans l’obscurité.
Et il veut la vision.
Il veut l’expérience unitive, d’union, dans toute son immédiateté et intensité. Pour lui, notre condition d’aujourd’hui, dans la foi, c’est un accouchement. L’enfant est là, mais il est en douleur.
Il manque la dilection, la douceur de le tenir dans ses bras, en silence.
La vie contre la vie, le cœur débordant d’amour.
Bien sûr, on peut demeurer ici dans l’amour de Dieu.
 » demeurer dans mon amour », dit Jésus.  » Que vous soyez un, comme moi et mon Père sommes un ».
C’est possible, mais il reste la distance du mystère de la foi.
Là aujourd’hui pour moi et pour vous.
C’est pas grand-chose, mais notre cœur veut abolir cette distance.
Et pourtant, certains d’entre nous ont une autre réaction que celle de Paul.
La réaction qui consiste à considérer la foi comme un chemin très élevé pour toucher Dieu.

Vous voyez frères et sœurs, il y a ceux qui sont fermés sur eux-mêmes: le monde. À l’extrême opposé, il y a ceux qui n’attendent qu’une chose : qu’il n’y ait plus aucune distance pour vivre l’union à Dieu… les brûlés de l’amour de Dieu.
Ils veulent l’expérience d’être divinisé par le Verbe de lumière infinie .
Et puis, il y a ceux qui vivent cette expérience amoureuse de la connaissance de la foi sans avoir cette confiance absolue de voir Dieu, de le contempler dans la douceur intense de la vie éternelle.
Recevoir Jésus-Christ dans le sacrement de la communion cela peut nous porter déjà à l’extase.
Et l’extase peut suffire à certains.
Et bien non…
L’extase n’est pas encore suffisante.
Elle réclame de contempler la gloire de Dieu.
Pour reprendre l’image de Jésus, il y a le règne de Dieu qui pousse dans l’obscurité de la foi si nous n’y mettons pas obstacle par les désirs du corps et du monde.
Et puis il y a le règne de Dieu qui est au soir de la moisson.
C’est la même vie, la même expérience, avec, ici-bas, tous les oiseaux du ciel, les grâces de Dieu, qui viennent soutenir notre foi.
Au Ciel, nous volerons avec d’autres oiseaux, nous exulterons avec les anges et l’Église entière, pure, ravissante, en son vêtement de grâce, toute harmonieuse en son corps unifié par l’Esprit Saint et le regard de Jésus-Christ.
La foi, la plus petite branche de notre âme, intuition invisible, devenue grand arbre, disparaîtra, pour libérer son fruit éternel de charité.

10° DIMANCHE – B – 2024

Péché originel Attention, j’approche de la bête…!
Le péché originel, le péché de Ève, le péché de Adam, c’est la bête.
La bête qui n’avait jamais rugit et qui a stupéfait par sa sortie de la grotte tous les animaux, la nature entière, l’homme et la femme.
Personne ne savait.
Aucune créature savait…
D’un horizon à l’autre, on s’étonne de la puissance de cette bête qui ne s’était jamais manifestée.
Tout était beau.
Tout était très beau.
Non seulement beau, mais innocent.
D’ailleurs c’était beau parce que c’était innocent.
Adam et Ève étaient innocents.
Mais il y a deux innocences.
Il y a l’innocence adulte, mâture, choisie.
L’innocence qui n’est pas naïveté.
L’innocence de Dieu.
L’innocence de Jésus-Christ.
L’innocence de Joseph et de Marie.
L’innocence de la mère qui découvre l’innocence de son petit. L’innocence des saints aussi.
Innocence forte, qui se vit dans le filtre de l’amour et de l’épreuve.
Et puis il y a l’innocence du petit.
L’innocence naïve.
Fragile.
Qui n’a pas peur quand il faudrait craindre.
Qui a peur quand il ne faudrait pas avoir peur.
C’est l’innocence de Ève devant le serpent.
La bête, c’est le produit du serpent, c’est le péché.
Et ce premier péché de Ève retentit et retentira de son souffle obsédant, bestial, jusqu’à la fin des temps.
Jusqu’à la fin des temps pour tous les hommes.
Et dans l’éternité pour les anges mauvais.
Parce que les anges mauvais, Satan et ses fils, riront jusque dans l’éternité du mauvais coup qu’ils ont fait au premier homme.
Alors le cri de la bête. Son premier cri.

C’est facile, il a tout cassé. Presque tout.
D’abord, le plus précieux, le plus infiniment précieux pour l’homme et la femme. S’ils ratent, ils risquent de passer en orbite à côté du royaume des cieux Quand le serpent approcha Ève, le grand problème c’est que le serpent discerne parfaitement l’âme.
Et ce qu’il veut détruire en Ève c’est d’abord la présence de Dieu par sa grâce dans le cœur de Ève.
C’est cela le plus précieux.
Et comment Dieu parle-t-il à Ève au fond de son cœur ?
Il parle par la grâce de la foi.
Il parle par la grâce de la charité.
Il parle par l’espérance.
Et sa ruse va tout détruire.
Ève avait la foi. Tellement limpide.
Le péché originel va détruire l’évidence de la foi, la certitude de la foi.
De la vertu théologale de foi.
Et donc par là il va ébranler la foi naturelle de l’homme, il va irriter notre intelligence et fragiliser notre confiance.
Quand nous faisons un péché, m^me minime, l’un de ces innombrables péchés favorisés par cette disposition tordue qui provient du péché originel en nous, nous affaiblissons notre foi, nous salissons sa pureté.
Et nous nourrissons le doute et les hésitations.
Si le péché est grave il tue notre foi.
C’est horrible parce qu’il nous ferme sur-même.
Il nous replie dans notre solitude première.
Le péché nous invite à nous cacher et donc à retourner à la solitude intérieure et extérieure.
La solitude d’avant la création de la femme.
‘La femme que tu m’as donnée, je ne la vois plus comme une aide, mais comme celle qui me repousse à ma solitude.
Elle ne m’est plus une aide, elle devient une tentation au péché et à ma solitude. Vous voyez, le projet initial de Dieu s’inverse.
En ayant cueilli le fruit, Ève n’a plus attendu son épanouissement par l’amour d’Adam, par l’union à l’homme, inscrite dans sa nature.
Elle a espéré sa délivrance et sa liberté d’un fruit cueilli par elle-même et a fait goûter de cette expérience à Adam.
Elle ne se donne plus elle-même à Adam, elle lui donne un fruit, un plaisir qui n’est pas elle-même. Trop bon, trop séduisant parce qu’il invite à pénétrer un mystère.
 » tu ne mangeras pas du fruit de cet arbre ». Dieu n’avait pas à se justifier.

Il n’avait pas à expliquer que cet arbre est un mystère qui était là pour grandir l’homme et la femme.
La condition est qu’on devait le croire.
L’arbre de la connaissance du bien et du mal, c’est le mystère qui habite notre conscience et qui nous invite, si nous le respectons, si nous le confions à Dieu, qui nous invite à vivre le bien dans la paix de notre esprit.
Et si nous ne plaçons pas ce mystère dans la foi à la Parole de Dieu, le bien et le mal se transforment en un paquet d’épines.
L’homme est grand quand il respecte les mystères qui le dépassent. C’est-à-dire lorsqu’il vit dans la foi.
Il n’y a que les tourmentés et ceux qui sont complètement renfermés sur eux-mêmes pour dire que la foi réduit l’homme.
L’esprit devient grand quand il s’aventure dans le mystère de la foi.
Quand il accepte la lumière obscure de la grâce de Dieu.
Ève a brisé la grandeur de l’homme en voulant réduire à elle-même le mystère. Elle a voulu saisir par elle-même et non plus se laisser saisir par la lumière. Infini tristesse de l’homme qui veut vaincre les mystères qui libèrent non pas parce qu’ils sont obscurs mais parce qu’ils sont trop lumineux.
La grandeur de l’homme c’est d’accepter la grandeur qui le dépasse.
Dieu dit quelque chose, et l’homme, la femme, courent voir s’il a raison. On veut savoir plus que Dieu !
Ève n’admet pas le mystère comme un appel à grandir.
Un monde sans mystère est un monde fermé sur lui même.
Et c’est un monde stérile, qui se stérilise.
Et un monde qui se stérilise est un monde dans le mal et qui perd son sens.
Car le sens de tout c’est la vie et la création.
Un monde sans mystère est un monde qui ne s’intéresse plus à la vie mais à la mort.
Qui va favoriser la mort pour se rassurer.
Eliminer à tout prix le mystère et ça commence par les informations au robinet. En fait il existe deux mondes :
Un monde qui s’appelle « mystère lumineux de foi et croissance de vie. »
Et
Un autre monde qui s’appelle  » soit je comprends soit c’est absurde, soit je comprends soit je pique ma crise. »
On voit tellement clairement cette réaction chez les enfants qui refusent d’obéir.
Le jour où Ève a voulu saisir le fruit de l’arbre elle s’est inscrite pour le deuxième monde.
J’entendais un jour une religieuse qui semait le doute dans les esprits en affirmant que l’obéissance était un acte infantile. Elle voulait tuer la foi qu’elle n’avait pas.

Voilà ce que la bête, le péché originel, a brisé en premier lieu et cherche toujours à briser : la foi.
Deuxième destruction:
La charité.
Pour Ève, Dieu a perdu son visage d’amour..
Dieu n’est plus le Dieu d’amour.
Elle ne voit Dieu que comme le Dieu jaloux, le Dieu qui se protège, le dieu qui est dans son monde et qui voit l’homme comme un rival.
C’est ridicule bien sûr, c’est tellement superficielle comme intelligence.
Mais quand on a perdu la foi, ou quand on ne l’a jamais eu, il ne peut pas y avoir l’accueil de l’amour d’un autre.
L’amour est envisagé alors comme emprisonnement et dépendance.
On prend l’autre pour soi. Et on ne sa laisse pas prendre par lui.
Dans un amour pour soi.
Dans un amour de soi-même.
Le drame de notre monde moderne. Pas uniquement de notre monde moderne mais de l’esprit du monde…
On veut tout faire par amour, mais l’amour de soi.
La beauté de recevoir de l’amour d’un autre est impossible sans la foi.
Sans la foi surnaturelle qui vient de la grâce, sans la foi naturelle qui est favorisée par la grâce de la foi.
Adam et Ève avait la charité parce que Dieu avait mis dans leurs yeux le merveilleux de l’amour par l’autre qui était inscrit dans leur nature.
Après, après le fruit, leurs yeux sont devenus ternes.
Un ami un jour, me disait, – il avait un cerveau un peu métaphysique … –  » les Français quand il se parlent ne se regardent pas dans les yeux »
Grande sentence…
On ne peut pas regarder dans les yeux quand les yeux d’en face ne reflètent aucun éclat de nos propres yeux.
C’est ce qu’on appelle la pudeur.
La pudeur c’est quand on ne peut pas regarder l’autre parce qu’il nous renvoie notre propre mensonge.
Quand l’autre n’est pas l’autre mais qu’il est simplement le miroir de ce que je ne suis pas ou de ce que je ne suis plus.
Et c’est bien piteux.
Alors on se cache pour que l’autre se cache. On dévie l’amour sur soi.
3e destruction du cri de la bête…
L’espérance, la belle vertu de l’espérance raplapla au pied de l’arbre profané par la main de Ève.
En cueillant le fruit, Ève a réduit cet arbre de la connaissance du bien et du mal à

son besoin immédiat.
Et cela ce n’est pas l’homme, ce n’est pas la femme.
Ce n’est pas le mystère qui doit se réduire à notre besoin immédiat.
C’est notre besoin immédiat qui doit s’ouvrir en mystère, qui doit être habité par le mystère.
Ce mystère lumineux que l’on appelle l’espérance.
Tout le bien de l’homme et de la femme est tourné vers la vie éternelle.
Si l’on oublie cela l’homme et la femme deviennent animal… pire qu’animal. Animal déformé dans sa nature.
Sans l’espérance, qui habite notre présent, notre cœur présent, on a affaire à un homme et à une femme ratatinés sur eux-mêmes. asphyxiés.
Et tout le reste, tout le reste c’est-à-dire toute la vie de Ève et Adam jusqu’à leur mort qu’ils se sont programmée, mais aussi la vie des hommes jusqu’à nous, ne trouve plus d’unité à partir de cet acte libre mais fautif d’avoir voulu saisir ce qui la dépassait. D’avoir voulu ne pas croire à la Parole de Dieu.
Ève qui partage avec Adam.
Quel mensonge…
Mensonge de part et d’autre d’ailleurs.
Adam qui consent au mensonge, Ève qui camoufle son mensonge par un geste de partage.
La charité n’est pas de partager, elle est d’accueillir un amour plus grand.
Le partage du fruit défendu, c’est l’hypocrisie de tous ces dialogues, de toutes ces tolérances, de toutes ces aides humanitaires, de tous ces soutiens armés ou pacifiques qui ne sont pas pour la charité mais pour favoriser l’intention de la division.
La communion qui n’est pas dans la foi, l’espérance et la charité et une semence d’hypocrisie pour attirer l’autre vers sa destruction.
Et Adam a pris bien volontiers ce fruit qui était déjà un fruit de solitude au moment où il regardait sans rien dire Ève le cueillir.
Hypocrisie et solitude.
« Ce n’est pas moi, c’est elle ».
C’est étonnant comme les enfants reprennent cette phrase quand ils sont pris en faute.
Hypocrisie, solitude, peur, trouble, peines multiples, pudeur, incompréhension, perte d’émerveillement et tristesse, divisions, et tout le train des infidélités, des maladies, des angoisses et des lâchetés, des traumatismes personnels et héréditaires, des dégénérescences.
Voilà l’écho du péché originel.
On ne peut pas s’en sortir.
Il n’y a que les rêveurs, les idéalistes, et quelques idéologues pour penser qu’on

peut recoller le fruit à l’arbre.
Ou peut-être abattre l’arbre ( c’est plutôt la solution de notre société actuelle : « cet arbre n’existe pas »… chacun dessine son arbre et son fruit. et chacun au pied de son arbre pleure de toutes ses larmes…)
On ne peut pas s’en sortir.
Sauf par un seul nom que l’on doit crier, même faiblement, pour qu’il soit entendu:
Jésus-Christ Sauveur et pitié de moi dans cette engeance dont j’ai héritée.

FETE DIEU SAINT SACREMENT 2024

“ Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire ! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive ”.
« Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » [Jean 4, 13,14]
La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » …Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. [Jean 2, 8-9]
Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du Ciel et qui donne la vie au monde. » Moi, je suis le pain de la vie.
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » [Jean 6 48,51]
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »[Luc 15, 1]
Il prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant:
« Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. » [Luc 22, 19 ]
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. [Jean 6, 54]
Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. [Luc 7, 36]
Jésus leur dit : « Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que l’Époux est avec eux ? [Luc 5, 34]
Dans les évangiles, nous avons l’impression que Jésus non seulement ne se prive pas de manger, mais qu’il nous invite à manger….
Il ne parait pas en ascète comme Jean-Baptiste qui ne se nourrissait que de sauterelles et de miel sauvage.
Jésus multiplie les pains. Il invite au festin des noces. Il se laisse reconnaître à la fraction du pain ou au partage de poissons grillés.
Et l’une de ses dernières paroles est : ‘prenez et mangez. Prenez et buvez’

Ça donne faim, de lire l’Evangile… !
Pourquoi cette approche de Jésus ?
Jésus n’est-il pas venu ouvrir les portes du Royaume des Cieux ?
N’est-il pas venu allumer en nous le feu de l’Esprit-Saint et nous apprendre à nager dans la vie éternelle ?
Pourquoi n’est-il pas un Bouddha qui se suffit d’un grain de riz pour ses repas ?
La petite porte de Jésus n’est pas dans l’ascèse, en fait.
Elle est dans l’humilité et l’oubli de soi, par un mouvement d’amour du fond de notre cœur.
Mais ce que nous propose Jésus est tout simplement admirable.
Je veux juste entrer dans ses pas, comme les foules, comme la samaritaine ou Zachée ou tous ceux qui ont partagé la table de Jésus.
Or, que se passe-t-il quand je suis à côté de Jésus ?
Il va me parler de nourriture. Et il va insensiblement tourner mon regard non pas au-dessus de cette nourriture, mais vers la faim qui attire mon cœur.
Et de cette faim il va combler le désir.
Désir du corps, désir de l’âme.
Le grand miracle continuel de l’enseignement de Jésus, c’est de parler de la terre, de la chair, et en même temps de nous aspirer vers le Ciel.
Jésus nous met l’eau à la bouche et on se retrouve dans une dynamique d’esprit. Exercice extrêmement fin .
Nous sommes comme ‘le cerf altéré qui cherche l’eau vive, dont l’âme aspire après Dieu.’
La nourriture terrestre, quand elle est évoquée par Jésus enclenche une faim spirituelle.
Et ce phénomène est mystérieux et original. Puissant !
Et le plus grand miracle dont Jésus va doter son Église, va être un miracle à l’apparence de pain et de vin.
Il n’y a pas plus commune comme matière.
D’ailleurs, quand notre âme n’est pas purifiée par la prière et par le sacrement de la réconciliation, la messe nous apparaît comme banale et ennuyeuse.
Elle n’a pas de goût.
Ce repas pascal où on touche au Corps du Christ ressuscité, schématisé par la liturgie peut déboucher sur une insignifiance du symbole et une certaine lassitude. ‘Je dois aller à la messe tous les dimanches… quelle corvée !’
Mais si on s’approche avec la crainte de la foi, alors ce festin, réduit à une hostie d’un demi-gramme, devient apaisant d’une immense paix de la Présence de Jésus.

Il restaure notre âme, et notre corps avec presque plus d’évidence encore, par la force de Dieu.
Et Jésus a réussi… réussi à faire passer l’homme, tout en réactions sensibles, jusqu’à la jouissance de l’esprit qui n’a rien à voir avec la satisfaction du plaisir des sens et d’un estomac repus.
Jésus a déployé un pont invisible pour relier ce qui fait la grande difficulté de l’homme et de la femme : trouver une unité entre son désir charnel et son désir spirituel.
Dans l’Histoire de la spiritualité, il y a cette recherche fréquente de l’homme de se libérer du poids de son corps.
Il va se restreindre, se priver, parfois mépriser son corps pour ressentir une plus grande légèreté de l’âme. C’est ce que préconise Platon et ses héritiers d’esprit. En fin de compte, se couper de sa nature charnelle pour goûter à l’intensité de l’esprit.
Or, Jésus ne préconise pas ce chemin.
Il est exigeant pour le corps, bien sûr, parce qu’il sait bien que celui-ci penche vers l’affaissement du péché originel.
« La chair ne sert de rien »; « si ton œil te porte au péché arrache-le »;
« l’esprit est vif mais la chair est faible »
Et pourtant, Jésus revalorise le corps, ce corps qui, pour chacun de nous, ressuscitera.
Jésus exalte le corps, et le tout premier celui de la Vierge Marie qui l’a porté 9 mois.
Et plutôt que le rabaisser, il va déployer une passerelle, de la nuit à la lumière. Jésus veut qu’on mange.
Et il veut qu’on mange son Corps. Qu’on boive son Sang.
Il n’y a qu’une solution pour être chrétien : c’est d’aimer le Corps de Jésus !
Et de permettre à Jésus, lumineux de la grâce divine, de sanctifier notre corps et notre âme en mangeant son Corps ressuscité.
Il y a bien quelque chose d’extrêmement puissant dans le sacrement de la communion. Ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne peuvent pas communier le ressentent en creux.
Il est vrai qu’il y a un beau respect de l’Hostie consacrée quand on approche de la communion sans communier parce qu’il y a dans notre vie une coupure avec la passerelle de lumière.
Cette coupure peut être fine : un retard à la messe, si on arrive après l’offertoire. D’être en chemin vers sa première communion, ou d’avoir déjà communier quelques heures auparavant. A ce moment là, il n’est pas profitable de communier.
Cette coupure peut être plus large : Pour ceux qui ne se sont pas confessé depuis plusieurs mois, depuis 6 mois ou un an. Celui ou celle qui a commis un péché grave sans avoir reçu le pardon de Dieu.
Il y a aussi les situations qui demandent une conversion de vie :

si l’on vit en couple sans être marié, (on ne peut pas vivre sa sexualité en harmonie avec soi-même et sans utiliser l’autre, en dehors de la grâce du mariage).
Il y a d’autres brisures de la passerelle de lumière : par exemple ne pas pouvoir donner son pardon à quelqu’un. Haïr quelqu’un et vouloir l’exclure ou le tuer même dans son esprit. Avoir honte de Dieu dans notre travail ou à l’école, jusqu’à cacher notre foi.
Cacher un péché grave qui peut dater depuis longtemps.
Un usage de contraception artificielle qui dérègle notre nature.
Une déviation impure qui la pollue.
Ou… blessure profonde : un avortement.
Ce peut être de coopérer avec les esprits mauvais et poisons : ésotérismes divers, franc-maçonnerie – nous en avons parler récemment -, de nier ou de ne pas respecter ce qu’affirme l’Eglise dans ses vérités belles et pures…
Et puis notre conscience sait bien nous dire dans quels cas nous sommes en dessous de la ligne de flottaison pour recevoir l’hostie qui est la vie divine infinie.
Bref, pour revenir à la passerelle de lumière, il n’y a pas plus simple que ce repas si mince et si énorme en puissance de transformation de notre être.
La fréquentation de la communion est un déferlement de joie dans les profondeurs de notre âme.
Hier, j’ai donné une première communion à une jeune mariée. Et quelle joie que cette expérience d’accomplissement de tout son être !
Le mariage et la première communion… joie ! j’avais peur qu’elle ne soit prise d’extase, devant moi, ou s’envole au Ciel !
Les deux amours les plus forts dans une vie, au même moment… Une première fois.
Quand le Christ est là, en notre cœur, par son Corps sacré, c’est toujours comme une première fois, parce que c’est toujours une grâce d’intimité d’une nouveauté absolue.
Et dire qu’au Ciel, cette nouveauté ne sera plus renouvelée mais permanente.
Par la communion, nous goûtons – nous goûtons en intensité de vie, dans notre âme – dans la succession – à chaque messe – ce que nous vivrons en union permanente avec Dieu, au Ciel.

SAINTE TRINITE 2024

« Sache donc aujourd’hui, et médite cela en ton cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu,
là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ;
il n’y en a pas d’autre. »
C’est incroyable… Il y a 3000 ans nous a été proposé cette méditation, petite méditation anodine : La présence de Dieu au ciel et aussi sur la terre… Cette méditation de 3000 ns a bousculé la connaissance de Dieu de religions. Et si nous la reprenions, cette méditation :
Au ciel… C’est quoi ce ciel ? Là-Haut ?
Dieu plane derrière les nuages ?
Est-il dans le bleu du ciel ou dans le noir étoilé ?
Si Dieu est élevé, là-Haut, n’est-ce pas davantage dans l’infini spirituel, qui est dans la fine pointe de notre âme, plutôt que dans l’espace interstellaire ? Et si Dieu est dans notre âme, n’est-ce pas lui qui contient et enveloppe notre âme ?
Dieu peut il être contenu ?
Dieu est dans le ciel…
Mais n’est-il pas plus grand que le Ciel ?
Comment peut-il alors être dans le ciel ? Et même dans le Ciel de notre âme ? Quelque chose, quelque espace, peut-il être plus grand que Dieu ?
Bien évidemment non…
Mais le point de rencontre avec Dieu… Oui c’est vrai, pour nous, il doit bien être quelque part.
Quelle difficulté !!
Dieu est nulle part, et il nous rejoint partout.
Et pourtant, il y a un partout qui est nulle part…
C’est notre âme et plus précisément dans l’acte d’amour de notre âme.
« Notre âme, où est elle ? » me demandait quelqu’un dernièrement…
Voilà toute la difficulté de la foi qui dure depuis 3000 ans et ne se résoudra qu’au ciel…
Au ciel ? Tiens le revoilà celui-là !
Au ciel, pas derrière nos petits nuages…!
Disons après notre mort…
Notre mort qui est simplement un changement de relation avec notre corps et avec Dieu.

Disons qu’un jour – qui ne sera plus un jour mais une éternité, c’est à dire le contraire d’un jour – nous saurons..
Nous verrons…
Quand nous ne verrons plus rien de nos yeux.
Mais plutôt nous expérimenterons dans un acte d’amour, corps et âme, ce que nous avons pas mal de difficulté à croire.
« Il est là ! » Répétait le curé d’Ars en guise de sermon à la fin de sa vie…. Mais ‘ là’, ça veut dire, qu’il est présent pour nous…
On peut dire qu’il est là, pour Jésus, dans le pain consacré . Tout en restant au-delà.
Mystère de présence que l’on traduit inévitablement par un endroit… Où rien n’est droit et où aucun espace ne le contient.
Bon, Dieu est au Ciel… on peut le méditer… Et puis… Dieu est ici bas, sur terre.
Ici bas… En bas…
Dans notre matériel du bas..?
Le plus étonnant, c’est que plus on se détache de la matière, de ce monde multiple et lourd, plus Dieu se fait proche, même dans notre matière, dans notre corps.
Dieu travaille notre cœur en creux.
Plus nous sommes creux, plus Dieu emplit notre vide ! Vide de notre pauvreté.
Vide de notre pureté.
Vide de vie même.
Vide de pensée.
On dirait que Dieu habite notre terre là où on lui fait de la place. Quand c’est trop plein, il ne peut pas se faufiler !
« tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre »… dit Jésus.
Ah bon..? Au ciel peut être…
Dans l’univers invisible des esprits. Par la foi, on peut y croire. Et on s’en trouve bien d’ailleurs.
Mais sur terre… Et bien… là, encore plus.. Il faut avoir la foi !
Et effectivement, la foi donne pouvoir sur la terre.
Sans la foi, c’est la débandade. On ne tient plus rien. Ça part dans tous les sens.

Mais oui, la foi déplace les montagnes.
’Heureux les doux, ils posséderont la terre.’
Pas comme des chefs de peuples qui ne possèdent rien en fin de compte. Regardez Genghis Khan, Charles Quint, Alexandre le Grand, Napoléon ou Mao, ils ont tout perdu, mais ils posséderont la terre comme les amoureux de la nature qui sont proches de la terre et communient avec elle.
Et celui qui a la foi est doux.
Doux par humilité et par compassion de la terre créée. Celui qui a la foi s’introduit avec le mystère transcendant du Dieu inconnu et dans l’harmonie silencieuse de la création.
Certains essayent de trouver cette communion en embrassant les arbres… Geste puéril d’une génération désorientée et déracinée de la vie.
S’ils prenaient une pioche et s’ils plantaient des patates ils se soigneraient de leurs frustrations…
Je n’ai jamais vu un paysan embrasser un arbre, parce que le paysan est en communion saine et naturelle avec la terre et son mystère.
Bien plus qu’un paysan, l’homme de foi, la femme de foi, en Jésus-Christ, sont en communion avec les énergies divines la Sainte Trinité qui habitent le chant têtu de la mésange ou l’éclat jaune du genet tout fier et magnifique. Pour rejoindre la terre et la nature, il faut passer par la Trinité, et non pas baiser les arbres ou lire Giono. ( Encore que Giono soit très beau)
C’est cela qui est magnifique dans notre religion catholique, c’est que par une douceur inexprimable, notre Dieu très-Haut, Père, véritable et unique Père, Fils, Verbe à l’origine de toute création, Esprit-Saint, peut nous élever en extase par excès d’amour.
Ces trois là, inimaginables, incompréhensibles, ineffables, avec un peu d’oreille affinée dans la prière, nous pouvons les goûter délicieusement dans la moindre étincelle de lumière, de relation ou d’événement au cours de nos journées.
Quelqu’un, un jour, me disait : ‘je cherche, le soir, deux ou trois moments de ma journée, pour remercier Dieu’… Exercice de gratitude et examen de conscience.
Mais y a-t-il une seule seconde de chacune de nos journées et de nos nuits, encore plus, pour laquelle nous ne devons pas remercier Dieu ?
Comment les autres religions, toutes les autres religions, n’ont-elles jamais découvert la Gloire du Père et du Fils et du Saint Esprit, dans une petite fourmi qui court, dans une pomme de pin, ou le chant du rossignol la nuit ?

Parce que Dieu a voulu faire passer sa lumière par son Fils pour qu’ainsi nous ne volions pas le cœur de Dieu qui est trine.
Et ceux qui ne veulent pas dire « Père » en passant par Jésus Christ continueront de s’attraper les arbres ou de grignoter les signes en les interprétant selon leurs fantasmes et leur ignorance.
En fait, nous recherchons tout au long de nos journées d’innombrables informations en tous genres pour calmer notre fringale de curiosité.
Mais une seule connaissance suffit pour apaiser notre âme et notre corps : La connaissance du Père, par Jésus-Christ, le Révélateur, en invoquant l’Esprit-Saint.
Puisque ce sera notre jouissance sans fin, dans quelques temps… La plus pure, la plus élevée et la plus dans notre corps même, notre corps ressuscité.

TEMOIGNAGE DE VIE DE DENIS – JOUR DE LA PENTECÔTE

En fin de messe de la solennité de la Pentecôte, Denis  Tummino nous a partagé son parcours de vie et son retour à Dieu et à l’Eglise après de nombreuses années d’éloignement .

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En cette journée de Pentecôte, c’est avec une grande humilité que je me présente devant Dieu et devant vous, avec l’espoir de recevoir l’Esprit Saint ainsi que le pardon pour m’être détourné pendant un temps de l’Amour de Dieu.
J’ai été baptisé quelques mois après ma naissance, il y a environ 70 ans.
Je suis allé au catéchisme, fais mes communions privée, solennelle et confirmation. Je me suis mariée à l’église, notre fille est baptisée, notre petite fille, également.
J’ai suivi le chemin de l’église jusqu’à ce que je me détourne de la religion en ne pratiquant plus durant de nombreuses années. Il m’arrivait au cours de voyages, d’entrer dans des lieux de cultes ou je faisais une prière mais sans plus.
Je n’ai pas connu mon père, il est difficile pour moi de dire papa car ce dernier est décédé alors que je n’avais que deux ans.
En 1995, J’ai été victime d’un accident et suis resté dans le coma durant deux semaines. Au cours de ce coma, j’ai connu ce que les scientifiques nomment une expérience de mort imminente. Durant ce voyage intemporel, j’ai rencontré mon père qui m’a clairement dit que mon heure n’était pas arrivée
et que je devais encore parcourir un chemin sur terre. D’une façon bienveillante, il m’a reconduit à cette frontière séparant le monde réel du monde intemporel.
Après réflexion de plusieurs mois, je ne savais pas de quel chemin mon papa m’avait parlé.
J’ai opté pour entrer dans une association philosophique  servant au bien de l’humanité. C’est tout du moins comme cela que cette association se qualifie et se dénomme.
Cette association est présente dans tous les pays du monde, elle est universelle. Cette association possède ses lois, ses règles de conduite, se dit discrète mais non secrète et pas tout le monde peut y adhérer ou plus exactement y entrer.
On entre dans cette association après avoir subi, ce que j’appelle aujourd’hui des examens de passage. Cette association a pour nom : la Franc-maçonnerie.
Après avoir subi ces fameux examens de passage, la personne qui est jugée digne d’y entrer, cette personne dénommée profane, est initiée afin d’accéder au premier degré. Il y a trente trois degrés.

Au début, dans cette association, des titres sont donnés selon les degrés, en commençant humblement par : Apprenti, Compagnon et Maitre Lors de la cérémonie d’initiation, le maitre des lieux, appelé vénérable maitre, sacralise le lieu appelé temple et donne la lumière au profane en le sacrant
apprenti franc-maçon. Premier degré de cet ordre.
Mais qui est-il ce vénérable maitre, cet humain, pour sacraliser un lieu, pour donner la lumière et pour consacrer une personne ? La lumière ne nous a-t-elle pas été donnée le jour de notre baptême ?
Faisant croire à une certaine bienveillance, la franc-maçonnerie demande aux nouveaux initiés, lors de l’initiation, de prêter serment sur l’ouvrage de leur choix : bible, torah, coran etc. Afin d’éviter tout malentendu, il est demandé de
croire à une divinité dénommée d’un commun accord : Le grand architecte de l’univers.
En tant que franc-maçon, j’étais de plus en plus convaincu que nous devenions les meilleurs, les maitres du monde, les élus.
Cela m’a conduit à une démesure de l’égo. On se flatte mutuellement et notre ego enfle. On a l’impression que rien ne peut nous arriver, que l’on détient la vérité. Mais de quelle vérité parle-t-on ? Je suis entré en franc-maçonnerie le 17 janvier 1997 et en suis sorti en 2022.
J’ai occupé pratiquement tous les postes.
On apprend, sans aucune vérification, sans se poser de question, que l’on détient, soit disant, le secret des bâtisseurs des cathédrales. On nous dit que la Franc-Maçonnerie est à l’origine de la construction du temple de Salomon et que l’Arche d’Alliance est gardée dans un lieu sacré et secret que seuls les grands initiés en connaissent l’emplacement.
Puis, après quelques années passées dans cet ordre, dans cette association et dans les degrés subalternes, (apprenti, compagnon, maitre) seul un petit nombre, l’élite de l’élite, des élus parmi les élus entrent dans ce que la Franc-maçonnerie appelle : les hauts grades.
Là, les nouveaux titres se veulent de plus en plus élogieux, comme par exemple parmi la trentaine de titres, je nommerai :
Maitre secret, Grand élu, Prince de Jérusalem, Grand pontife, Grand inquisiteur commandeur ou encore Grand inspecteur général.
Au fur et à mesure de mon ascension dans cet ordre, au fur et à mesure des franchissements de degrés, au fur et à mesure de mon ascension dans les hauts grades, je me suis rendu compte que j’étais dirigé, que j’étais instrumentalisé mais que cette direction, cette instrumentalisation était de l’auto-
instrumentalisation.
Encore et toujours la flatterie, l’égo démesuré.
Au fur et à mesure des années et des franchissements de grades, on a l’impression de gravir une pyramide où, à chaque marche, il y a de moins en moins d’élus.
Une sorte d’écrémage ou comme écrivait Rabelais, on ne  retient que la substantifique moelle pour finir au sommet, seul et unique.
Peu à peu, alors que j’avais atteint un de ces titres dans les hauts grades, je me suis mis à douter du chemin pris en 1997.
Je me suis rendu compte que je ne vivais plus que pour la FM.
Que ma famille, mes connaissances s’éloignaient de moi. Mais est-ce elles qui s’éloignaient de moi ou moi qui m’éloignait d’elles ? J’étais entré dans un monde factice, un monde de mascarade dont mes parents, mes proches, mes amis étaient exclus.
Je me suis interrogé et j’ai pris conscience que mon égo avait pris une démesure innommable. Cette démesure m’a conduit dans les péchés que quelques personnes ici présentes en cette église et mon confesseur, le père Thierry Galant, connaissent.
Je me suis rendu compte que, plus je montais les marches de cette pyramide, plus je me prenais pour Dieu. La flatterie de l’égo poussait à son paroxysme.
J’avais perdu ma personnalité.
J’ai pris conscience que je ne servais pas Dieu mais Lucifer. Cet ange porteur de lumière. Cet ange déchu pour s’être rebellé contre Dieu. Peu à peu l’ange déchu a glissé vers Satan.
Je servais donc le diable.
Au bout de 25 ans d’errance, je me suis rendu compte que j’avais fait fausse route. Je n’avais pas fait le bon choix. Je ne suivais pas le bon chemin pour servir le bien mais le mauvais chemin pour servir le mal, pour servir l’esprit malin. Pour servir le diable.
Poussé par une force inconnue, je suis alors entré dans une église et je me suis mis à prier, j’ai appelé mon papa à l’aide. J’espérai que ce dernier réapparaisse comme dans mon coma et me donne la solution. Mais rien de cela n’est arrivé.
Seules des larmes se sont mises à couler sur mes joues.

Mes prières ont été entendues et m’ont conduit à la rencontre du père Thierry Galant. J’ai trouvé en ce prêtre une oreille attentive, un homme sans jugement, un homme d’écoute.
Il m’a conseillé de rencontrer Monseigneur l’Evêque, ce que je fis. Là encore, une oreille attentive à ma quête. Là encore, la bienveillance.
Je regrette profondément ces vingt cinq années d’errance, de mensonges, de parjure. J’ai abandonné Dieu durant ces années mais lui ne m’a jamais abandonné.
Alors que j’étais perdu, alors que je me trouvais hors du chemin, il a entendu mes prières, il m’a tendu la main et m’a reconduit au sein du troupeau.
Cette reconduite ne s’est pas faite sans difficulté. Le chemin était semé d’embuches, d’épreuves plus éprouvantes les unes que les autres. Le malin, Satan, ne voulait pas laisser partir le serviteur que j’étais devenu, son serviteur.
J’ai souffert de maux physiques divers et variés, visibles par radio, scanner et autres procédés que la science médicale n’a pu expliquer et encore moins apaiser.
J’ai prié la Vierge Marie, je l’ai appelé à l’aide. Les maux physiques disparaissaient sans laisser de trace mais d’autres faisaient leur apparition. Peu à peu, le combat engagé contre le diable est devenu moins éprouvant. Mais ce dernier ne lâche pas prise facilement. Ce combat est de moins en moins violent
aujourd’hui, mais il n’est pas terminé.
J’ai compris que l’appartenance à la franc-maçonnerie est incompatible avec la foi chrétienne. On ne peut servir Dieu et Satan à la fois. On ne peut faire l’apologie de l’un sans détruire l’autre.
J’ai retrouvé la foi. J’ai retrouvé le chemin de l’église. J’ai retrouvé ma famille.
J’ai retrouvé mes proches mais mon chemin de pardon n’est pas terminé. Sera- t-il terminé un jour ? Seul Dieu me le fera savoir.

Mon épouse, Odile, ici présente, ne m’a jamais lâché la main. Odile est là, à mes côtés depuis une cinquantaine d’années. Elle n’a jamais faibli. C’est un roc qu’aucune tempête n’a pu ébranler. L’amour qu’elle me porte m’a permis de
retrouver le droit chemin, le chemin de la lumière, de la vraie lumière.
Nous parcourons de nouveau, Odile et moi, ce chemin d’amour main dans la main.