On pourrait se dire :
« notre religion, notre religion catholique, chrétienne, c’est une religion de malades ». Les apôtres viennent de se faire fouetter, et interdire d’enseigner au nom de Jésus. C’est pas inoffensif, dans quelques semaines certains vont mourir, lapidés pour cette raison. Eh bien, « ils repartent tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus »… Ils sont contents !
Et ça fait partie du pack de notre foi. Ce n’est pas subsidiaire. La venue du Christ est venu donner une solution à la souffrance. Par conséquent, le chrétien est quelqu’un qui doit donner une réponse, par une implication au profond de lui-même, avec la souffrance. En fait, il y a 3 sources de souffrances qui se rejoignent en nous. Première source :
Indispensable pour un disciple du Christ… et de première importance :
La souffrance provoquée par la purification de notre cœur. Qui doit être accueillie, demandée même. Il n’y a pas de chrétien sans purification intime du cœur. Le premier combat de la foi il est dans notre corps, dans notre esprit, dans nos entrailles, dans notre psychologie, jusqu’à la fine pointe de notre âme. C’est le combat invisible, que l’on ne peut pas mesurer mais c’est par l’engagement de ce combat et son issue que l’homme de foi va trouver sa vérité et pouvoir engager d’autres combats à d’autres niveaux. Deuxième niveau ou deuxième source :
Les obstacles sur le chemin. Qui seront d’abord les réactions contraires de ceux qui ne veulent pas de la vérité. Tous ceux qui se bouchent les oreilles d’une façon ou d’une autre. Ceux qui trouvent toujours des raisons pour échapper au message de vérité. Ils ont peur. Et peuvent devenir violents. Certains pour éviter le chemin de vérité préfèrent le défoncer.
La persécution devient active, humiliante. Tous les coups sont permis. Ils font mal. Le Christ qui annonçait la grâce de Dieu, le bonheur d’une vie pure, fut la cible d’un jeu de massacre de ceux qui ont eu peur. Troisième niveau :
C’est la généralisation du mal aux dimensions du monde. Aux dimensions du diable. Et aux dimensions de la rédemption. Pour celui qui suit le Christ c’est la Croix, où le mal se déchaîne. Mais la Croix qui prend son sens de salut du monde. La grande difficulté, c’est que rien n’est absolument défini et ce combat n’est pas propre. Quand les apôtres disent : « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. »
C’est clair comme situation. ils savent qu’ils vont recevoir des coups des hommes. Et parce qu’ils sont en vérité ils vivent une joie pure. Mais le combat dans la réalité de tous les jours n’est pas aussi net. On n’arrive pas à distinguer les souffrances de purification des souffrances de persécution. On n’arrive pas à distinguer ce qui tient à notre propre mal et nous diminue, de ce qui tient au mal injuste qui vient des autres ou encore au mal offensif qui vient du démon. Toutes ces souffrances s’entremêlent, les unes méritées, si elles ont purificatrices, et qui sont bonnes. Il y a celles qui sont pour le nom de Jésus et celles qui sont les fruits de nos fautes personnelles. Pour Jésus et pour la Vierge Marie, leurs souffrances ont été totalement pures, sans mélange d’imperfections. Mais pour nous il n’en est pas ainsi. Chacune de nos souffrances découvre le mal qu’il y a en nous, que nous avons peut-être favorisé, le mal qu’il y a dans les autres, et le mal du démon aussi contre l’Église et son Sauveur. Alors comment s’en sortir ?
On ne peut se sortir de cette situation embrouillée qui nous plombe la vie sinon par celui qui est digne, l’Agneau immolé. Notre religion oui, et une religion de malades.
« je ne suis pas venu pour les justes mais pour les malades et les pécheurs »
Notre secours est dans le seul Nom du Seigneur. Si nous nous confions à Dieu, si nous avons recours en tout temps à l’Agneau immolé, ce n’est pas pour arriver à un état de perfection glorieuse, ce n’est pas pour être un super homme parfait, mais c’est pour accepter, encore et encore, nos défauts, nos défauts que l’on déteste. Et qui nous entravent sans vraiment les comprendre. Ces défauts détestés qui nous valent les combats intimes. Il n’y a qu’une profondeur de vie et d’amour qui nous permet d’accéder à une lumière plus paisible. C’est la communion à l’Agneau immolé et ressuscité, et à sa vie éternelle. Alors, avec Lui toute souffrance devient rédemptrice . Si l’on cherche une solution autre, on ne s’en sortira pas. Tout ça est mystérieux, ça nous dépasse. Mais si Jésus est venu, ce n’est pas pour faire une dissertation à notre mesure. C’est pour nous inviter à vivre un nouveau mystère prévu depuis la Création du monde. La Résurrection de Jésus c’est le dernier mystère mis au jour dans le Plan de Dieu. Pour nous, il est encore tout neuf. Et difficile d’entrer en communion pleinement avec lui. Mais si l’on ne proclame pas que Jésus est ressuscité, si on ne le vit pas dans tout ce qui est pauvreté en nous, il manque alors une issue à la nature de l’homme. L’homme reste dans l’impasse sans la Résurrection vécue, participée, de celui qui nous dit : « m’aimes-tu ? » Remarquons, chers frères et sœurs, les derniers mots de Jésus avant son retour au ciel. « M’aimes-tu ? … suis-moi »
Notre religion de malades vit sur ces deux paroles : « m’aimes-tu ? … suis-moi »
Toute l’histoire du monde, de l’humanité, toute solution à l’impasse de notre monde malade, est contenue dans cet unique programme :
’ Est-ce que j’aime Jésus jusqu’à sa Résurrection ?’
’ Est-ce que je l’aime jusqu’à le suivre ? ’