HOMELIE NUIT DE PAQUES (Baptême et première communion de Léa)

Comment peut-on définir la résurrection ?
la résurrection, allez ! Je dirais… c’est une danse.
Il y a deux positions pour être à une soirée dansante.
Il y a celui qui regarde, assis, un verre à la main.
Et puis il y a le couple, ( généralement, on danse à deux…), partenaire contre partenaire, qui tourne, et qui se frôlent, et se projettent en avant puis en arrière, et se rejoignent, et se retiennent par une main, parfois par le bout des doigts.
Celui qui est assis, il ressent ce mouvement de va-et-vient, de tours et de détours, au rythme de la musique.
Il reçoit ce mouvement qui tourne dans sa tête.
Et puis il ressent aussi, inévitablement, sa solitude.

Tandis que le couple qui danse, justement, il se rit de la solitude.
Ce moment-là de toute façon, corps et âmes sont en communion, pour eux.
Je parle bien sûr des bons danseurs, pas de ceux qui se marchent sur les pieds !
Une communion qui promet…
Ils jouent le jeu de l’harmonie, légère, pour la promesse d’une harmonie plus profonde.

Hé bien la résurrection, ce n’est pas assis que nous pouvons la mesurer.
La Résurrection c’est quand on danse la danse de la grâce.
Il n’y a pas de discours de la Résurrection.
Il n’y a pas de mode d’emploi.
Il y a la danse, des corps.
Il y a la danse de la résurrection, la danse avec l’Esprit Saint.
La Résurrection c’est la danse avec l’Esprit Saint qui nous donne la présence qu’on ne peut pas attraper, du Sauveur dans sa gloire.
Ni attraper, ni tenir contre nous.
Avant sa Passion, Jésus était le fils de l’homme, dans l’humilité.
Grande humilité.
On peut le toucher et l’entendre.
Les foules l’écrasent même.
Mais à sa résurrection, il est le Sauveur lumineux…
Qui danse, mais avec notre âme.

Léa, tu es entrée dans cette danse avec Jésus.
Ce n’est pas ce soir, que tu as engagée cette danse, mais bien plutôt la première fois que tu es rentrée dans cette église.
Toute seule, tu es rentrée avec un désir.
Un désir qui ne venait pas de toi.
Et tu es ressortie de cette église en dansant avec quelqu’un…
Toi seule doit te rappeler ce pas de danse dans l’intime de ton cœur…
Peut-être pas même… C’était un pas tout timide. Tout discret.
Mais en cette nuit, le Christ, le Christ dans toute sa Gloire, celui que depuis des siècles le monde acclame comme vivant, ressuscité;
celui que depuis des siècles, l’Église embrasse comme son Epoux..
Le même, il vient t’inviter au milieu de la piste –  oui je sais tu n’aimes pas être au milieu de la piste aux étoiles, c’est tout à ton honneur – mais il vient t’inviter à finir cette danse invisible.
Et ce soir, c’est pour toute ta vie.
Pendant toute ta vie, tu vas pouvoir vivre d’une lumière qui donne la joie.
Tout ce que je peux désirer pour toi, c’est que tu ne t’assieds pas sur le bord de la piste, mais que tu veuilles devenir lumière avec celui qui est la lumière du monde.
Ce n’est pas pour une gloire d’étincelles.
Ce n’est pas pour faire la princesse.
Ton prince, c’est d’abord Jésus qui veut être la joie de ton cœur.
Laisse-toi emporter sur son chemin. Il est le Chemin.
Il est la danse.
La danse de la Vérité.
Il n’y a que la danse de la vérité qui comble le cœur d’un enfant, d’une jeune fille, d’une jeune femme, de n’importe quel homme de n’importe quel âge.
Le baptême, ton baptême, va te plonger dans la vérité qui est le Christ.
La vérité du Christ va te permettre de vivre ta vérité. Le plus pur de toi-même.
Et tout ce que je dis et qui s’applique pour ce moment de baptême, tu peux le comprendre pour toute ta vie aussi.
Ta vie devient chemin de vérité.
Pour toi, pour ton cœur, et pour les autres
Et tu lui dis… : ‘oui à la vérité’.
Mais en fait tu dis oui au Christ
et tu dis oui, tout simplement, à la joie de ta vie.
Et quand tu vas dire ‘amen’ au moment de ta première communion, c’est comme si tu disais devant tout le monde que tu veux le plus grand bonheur pour toi dans ta vie.
Tu deviens prophète.
Parce que dire ce qui fait notre bonheur, quand c’est un amour le plus profond, c’est être prophète.
Comme dit le Livre de l’Apocalypse : « le témoignage de Jésus c’est l’Esprit de prophétie. »
Parce qu’il n’y a pas de plus grand bonheur que de communier au Christ ressuscité.
De donner son cœur au Christ ressuscité, à chaque communion.
Rappelle-toi, un jour qui sera peut-être plus gris que les autres, que tu as commencé cette danse en cette nuit de Pâques, et que même si tu ne sais plus comment placer tes pieds pour danser, le Christ silencieux, peut-être invisible et pourtant lumineux, sera tout près de toi, fidèle, il gardera ta main dans la sienne, pour te guider, pour te relever, pour te donner un cœur grand aux dimensions de sa Résurrection.
Ne crois pas, Léa, que la vie chrétienne est un tapis roulant de facilité.
On ne danse pas sur un tapis roulant.
Ce serait plutôt une cage de boxe thaï.
Mais je sais que tu ne te fais pas d’illusions.
Le combat est rude, le Christ est passé par le combat.
Mais la victoire elle est aux dimensions de ta vie, aux dimensions de l’histoire même du monde.
Et surtout elle est aux dimensions de l’Église.
Tu verras beaucoup de petits hommes qui joueront avec l’écume de la vie.
Et qui essaieront de jouer avec l’écume de ta vie.
Et bien… à toi, aujourd’hui, dans cette nuit, il t’est proposé de jouer, de danser, avec les profondeurs de la grâce dans ton cœur.
Peu comprendront ton choix, mais qu’importe.
Notre personnalité, notre liberté, plus elles sont fortes et pures, moins elles sont comprises.
Le bon Dieu ne les a pas faites pour être comprises, mais il les a faites pour être ‘communiées’.

Dans la communion des saints, de toutes les âmes qui cherchent la lumière, dans la communion de toute l’Église, nous communions à la joie de ton cœur, ce soir.