HOMELIE VENDREDI SAINT

VENDREDI SAINT 2025
Je vais vous raconter frères et sœurs, le fondement de notre monde.
… Je suis désolé mais ce n’est pas une histoire drôle. C’est une histoire que l’on cache depuis l’origine du monde. En temps normal, on recherche la vérité. On recherche les éléments de vérité et de fausseté, dans l’histoire et dans nos histoires. Mais en temps de confusion, on ne recherche plus la vérité, on recherche le sauve qui peut. Le premier souci de l’homme avant même de trouver la vérité c’est de trouver le salut. De sauver sa peau, tout simplement. Dites à quelqu’un : « tu es foutu. pour quelques raisons que ce soit vous lui dites : tu n’as plus aucune chance de poursuivre ton existence. »
.Il se battra comme un animal pris au piège, jusqu’à la mort de son adversaire . Or dans les temps de confusion où l’on ne sait même plus où se trouve l’adversaire, Et ça je le répète c’est depuis le commencement du monde… Dans les temps de confusion il ne reste qu’une chose : On ne recherche qu’un bouc émissaire, une victime. La victime qui nous réconciliera même dans le mensonge et la décadence. Or c’est très simple, quand quelqu’un nous a déstabilisé par la vérité on va le
tuer par le mensonge. Par n’importe quoi d’ailleurs, mais le mensonge est l’arme du pauvre, et du lâche qui sommeille en chacun de nous. Il faut le transformer en victime. Ce quelqu’un ça peut-être un pays, ça peut-être un loup-garou imaginaire que l’on découvre chez le voisin, Le mieux c’est que ce soit une seule personne. Comme le dit Caïphe dans l’évangile. Une seule victime peut réconcilier notre conscience et peut calmer le peuple. Il n’y a plus vérité ou mensonge, il y a victime. Les fusibles de la nature humaine sautent quand la confusion a pris le dessus. Les fusibles c’est-à-dire la vérité et la justice.
Premier élément : la confusion. Deuxième élément, une déstabilisation :
Les pharisiens sont déstabilisés. Ils sont mal à l’aise. Tout le monde est mécontent. Aux pauvres et aux boiteux, les pharisiens ne donnent pas de solution à leur maladie. Les Romains occupent le pays et pressurent le petit peuple juif par des impôts et par une présence païenne . Tout le monde est mécontent. Il y a des révoltes sporadiques qui sont dangereuses pour tout le monde : pour les Romains, pour la hiérarchie officielle juive, pour les innocents qui en font les
frais. Et on va faire porter la dangerosité de ces révoltes sur Jésus. On va même jusqu’à l’identifier à un révolutionnaire dangereux. Les pharisiens vont se mettre du côté de Barabas, le brigand meurtrier. qui l’eut dit ? les honorables pharisiens se font alliés de Barabas… !
Les pharisiens vont se faire l’allié du pouvoir romain. Et pour eux, Jésus est un danger parce qu’il ridiculise leur autorité. Dans ces cas-là, lorsque nous sommes en danger nous cherchons une victime pour détourner le danger. Et la meilleure victime ce n’est pas celle qui est innocente ou pas innocente, c’est celle qui est inoffensive. Qui ne pourra pas répliquer. Ou tout simplement qui ne voudra pas répliquer. Jésus avait toutes les caractéristiques d’être la meilleure victime pour les pharisiens. Il y avait simplement un petit inconvénient mais qui n’était pas prévisible par les pharisiens : c’est qu’il était Dieu et qu’il allait ressusciter. Deuxième élément, la désignation d’une victime. 3e élément, la réconciliation avec l’ennemi dans le mensonge qui a tué la victime. Ce n’est pas une option c’est le fond de notre humanité touchée par le péché originel. La seule façon d’être en dehors de cette dialectique monstrueuse c’est d’être
la victime. Il y a deux sortes de victimes :
Il y a la victime qui subit et qui ne comprend pas même l’injustice qui lui tombe dessus. Il suffit qu’elle ait un petit bout de culpabilité. Et c’est sur cette blessure qui peut-être minime que vont s’acharner ces bourreaux. Et puis il y a la victime qui s’offre. La victime qui domine son bourreau. Qui le regarde dans les yeux. Et qui lui dit:« ce que tu as à faire fais-le vite ». Et qui ajoute : « convertis toi, parce que toi aussi tu es un enfant chéri du Père ». Dans son discours des Béatitudes, Jésus ne fera pas de différence entre victime soumise, inconsciente, et victime dominante. « bienheureux les persécutés. Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice. bienheureux les pauvres. bienheureux les cœurs purs. Bienheureux ceux qui pleurent.»
L’homme retourne l’accusation qu’il a méritée C’est une généralité qui se propage depuis le meurtre de Abel par Caïn. Et même depuis le premier péché de Eve. La première parole de Adam c’est :
« c’est de sa faute. C’est elle qu’il faut châtier. »
La première parole de Eve :
« c’est de sa faute. c’est lui le serpent qu’il faut châtier ». La première parole de Adam et Eve après leur péché c’est pour désigner une victime expiratoire. En fin de compte, qu’importe l’immensité des péchés qui nous plombent la vie. Ce qui importe c’est de s’acharner sur une victime. Le sacrifice est le fond de l’amour. Le sacrifice est le fond de la justice. Le sacrifice et le fond de notre nature. S’il est vécu par amour, il nous grandit et il participe à la fécondité de Dieu. Il est promis à la résurrection et il nous divinise. Voilà aussi pourquoi on a tant de crainte au mot ‘sacrifice’ Parce que l’on sait qu’il nous attend à tous les coins de rue. Qu’il est inévitable. Qu’il est même salvateur. Voilà pourquoi personne n’a rien dit quand le Christ a été accusé et condamné. Parce que chacun préfère que la réconciliation soit sur le sacrifice de son voisin. Et là il n’y a plus à savoir si il est innocent ou pas. C’est lui qui doit être sacrifié un point c’est tout. Alors même que je l’ai suivi en ami pendant 3 ans, comme Pierre et les autres apôtres. Alors même qu’il m’a guéri. Alors même qu’il m’a donné de l’eau vive et la grâce à flot. Le Christ qui s’est présenté comme une victime parfaite, une fois pour toute l’éternité, cela suffit. Seigneur notre Dieu, prends pitié de nous pécheurs misérables. Jésus, Fils du Dieu vivant, victime nécessaire, pardonne-nous, pardonne nos immenses péchés. Nous vivons sur ton sacrifice et nous vivons par ton sacrifice.