Ceux qui vont voir Jean-Baptiste, que vont-ils voir ?
Jean-Baptiste ne fait pas de détour. Il est quelqu’un de direct et abrupt dans toute sa personnalité.
Jean-Baptiste sait bien à quoi les foules, et parmi elles les Pharisiens, les scribes, les agents de Hérode aussi, s’intéressent :
Ils sont curieux de l’originalité de Jean.
Et curieux intéressés.
Intérêts de guérison pour les foules, intérêts de pouvoir pour les pharisiens, pouvoir religieux ou pouvoir politique, et pour les scribes : curieux de savoir.
Jean-Baptiste est vêtu de peaux de chameau.
La peau de chameau c’est vraiment très rude, c’est pas du lapin…
Et c’est un harangueur de foules qui ne craint rien. Il est médiatique.
Or quand on s’approche de lui, Jean-Baptiste répond : « convertissez-vous ! »
Jean-Baptiste ramène tous ces visiteurs à eux-mêmes.
En fait, au mouvement le plus difficile pour un homme.
Parce que se convertir c’est rentrer en soi-même c’est écouter son cœur.
Et quand on écoute notre cœur, on ouvre une porte sur le mystère.
Mystère de mémoire, joyeuse et douloureuse, mystère d’expériences enfouies, de croissances et de chutes, de désirs qui ne sont pas toujours maîtrisables, en tout cas pas toujours maîtrisés.
Quand quelqu’un nous dit :
« convertis toi »
Il nous invite à mettre en vérité les profondeurs et les sommets de notre vie, reçue et jouée.
Ces profondeurs sont les sources de la musique en nous et sont aussi un chemin pour aller à la rencontre du loup en nous.
Du loup qui se cache et de la chèvre qui bêle, innocente, en moi.
Que faire avec tout ça ?
Il faut les apprivoiser.
Il faut délicatement dégager les sources sans les troubler ni les polluer.
Avec la paume de la main, sans trembler.
Et ça c’est très difficile ..!
Et Jean Baptiste dit, avec rudesse :
« convertissez-vous »
Il ouvre une fenêtre sur un point d’unité de notre âme qui ne nous est pas aimable immédiatement.
Parce qu’il est trop pur.
Il est sur ‘ la montagne sainte.’ à la fine pointe de notre âme.
Cela veut dire qu’il nous demande de changer d’air pour respirer.
Convertissez-vous, cela veut dire ‘ laissez tomber ‘ ce qui ne vous sert à rien.
Et ce qui nous sert à rien c’est ce dont nous vivons tous les jours.
Rien c’est le confort, psychologique, affectif, matériel.
Ce sont nos constructions qui servent à protéger nos peurs et nos perles.
Nous avons des stratégies continuellement, dont la plupart d’ailleurs sont évidentes pour tous ceux qui nous entourent, qu’on croit nous-même invisibles.
La principale, mais peut-être pas la plus nocive, est le péché.
Le péché nous permet de cultiver la zone inutile que nous chérissons.
Nos dissimulations nous permettent – et pourtant nous n’en sommes pas dupe, pas complètement.. – de vivre d’illusions.
« convertissez-vous »
Que de conduites en apparence honorables ou justifiées même, nous décentrent des sources de nous-même, des sources de vérité qui nous font peur, parce qu’elles sont trop claires, trop limpides.
Notre langue est un instrument formidable pour entretenir nos déviations.
Le silence est terrible, parce qu’il permet d’écouter et d’aimer.
Certains ne peuvent pas rester 5 minutes sans produire de sons.
Nos oreilles sont instruments formidables pour éviter de nous convertir.
Parce que, quand on est à l’affût des informations, on ne se tourne pas vers notre cœur qui demande de se donner.
Notre palais est instrument formidable pour éviter que notre cœur ne se mette en position d’écoute.
Parce que, quand on est en train de manger, les sensations nous détournent momentanément de nos angoisses et de la pure vérité de nous-même.
Le stress aussi.. ! dont nous nous plaignons mais que nous entretenons.
Il nous permet de ne pas nous affronter à la paix du cœur. Cette paix que nous n’aimons pas, tellement elle est limpide et source de vérité.
On pourrait trouver tellement de camouflages qui nous servent à nous soustraire de la lumière du cœur…
Nos affections que nous présentons comme des points d’honneur et qui nous permettent tant de justifications pour échapper à la vérité sur nous-mêmes.
Nos projets, nos études, nos ivresses, nos addictions, et même…
Certaines peurs ou certains doutes, certaines angoisses que l’on entretient pour éviter l’affrontement avec notre solitude plus essentielle et surtout l’affrontement avec l’amour de Dieu qui nous appelle pour nous distiller sa joie silencieuse.
S’il y a si peu de gens qui prient, si peu qui prennent un temps de solitude en cœur à cœur avec le Seigneur, c’est parce qu’il y en a tout aussi peu qui veulent entendre la voix de Jean-Baptiste :
« convertis toi » pour ton bonheur.
Si tu veux trouver la joie, la vraie, pas celle que tu mets en décor par des rires ou des fêtes qui n’ont pas de sens.
Si tu veux trouver la joie de ton cœur après avoir passé quelques obstacles de fausses constructions et de faux décors,
résolument, demande du fond de ta prière :
« Seigneur, convertis-moi à ta présence et à ton amour et je serai converti.
J’entrerai dans cet espace de vérité qui est trop grand, trop lumineux,
Je sais qu’il est trop bon et pourtant c’est là que je serais aimé et moi-même. »
