Croix glorieuse

En fait on a presque un puzzle avec les textes de cette fête de la Croix glorieuse.
Première carte du puzzle :
un peuple au milieu du désert.
Un peuple qui n’est vraiment pas très spirituel.
Il râle, et plus il râle plus il a de malheurs. Classique…
Le désert le rend obsédé de ses frustrations.
Et puis il y a les serpents.
Non seulement il a faim, ce peuple. il a soif. il a chaud.
Mais en plus il se fait mordre par les serpents.
Ce n’est pas l’enfer mai tout proche.
Autre carte du puzzle :
Moïse, le prophète, fait travailler le bronze et fait fabriquer une image du serpent.
Qu’est-ce que vient faire un serpent de bronze dressé sur une pique ?!
Certainement qu’il y a un intérêt puisque Jésus reprend cette image, et se l’approprie.
Il se compare, lui, au serpent, de bronze, dressé au-dessus de l’Histoire des hommes.
Il va être comme le serpent de bronze une sorte de paratonnerre pour les peuples mordus et périssants par leurs péchés.
Autre élément du puzzle :
Ce n’est pas simplement la guérison de leurs morsures que les hommes vont gagner à regarder le Christ.
Jésus dit à Nicodeme que la croix va permettre le passage à la vie éternelle.

Voilà à peu près les éléments que nous avons.
Comment les mettre en ordre pour que tout cela est un sens ?

D’abord il y a une intuition que Dieu a donné à Moïse avec ce serpent de bronze.
Le serpent est un mal.
D’une certaine façon, tout ce qui est mauvais on pourrait le représenter par un serpent.
Tout ce qui nous rend malade et qui va même jusqu’à provoquer notre mort.
Si on considère le serpent physique son venin provoque la mort physique.
Si on considère le serpent comme l’expression du Mal, il provoque la mort de l’âme.
C’est ce qui s’est passé avec Adam et Eve.
Il y a une chose de très vrai que quand on veut vaincre un danger pour notre corps ou pour notre âme, la meilleure solution n’est pas de fuir ou de nier ce danger, c’est de le mettre en évidence.
Le pire pour une personne, une famille, une société entière, c’est le non-dit, c’est de cacher le mal qui le ronge.
C’est de vivre sur du pourri, mais attention… il ne faut pas le dire ! le ver est dans le fruit, mais on ne l’admettra que quand le fruit sera tombé et immangeable. Il sera trop tard.
Le pire mal c’est de ne pas vouloir mettre en évidence les racines du mal.
Et on va lutter contre tous les inconvénients qui se présentent, faire des programmes p, mais on ne va pas nommer la racine du mal.
Pour vaincre le mal il faut commencer par le dire.
Il faut le montrer, le dresser à la lumière.
Et souvent, cela suffit comme contre poison.

Pourquoi un serpent de bronze ?
Et bien tout simplement parce que ce procédé utilisé par Moïse, s’appelle ‘un rite.’
Le rite porte la réalité, toute la réalité, en gardant un aspect inoffensif.
Le rite est une espèce de théâtre de la réalité.
C’est ce qu’adopteront beaucoup les Juifs, notamment par le rite du bouc émissaire.
Tout au long de l’histoire de l’humanité, l’homme empruntera le rite pour vivre plus profondément la réalité sans se détruire.
L’animal ne sait pas faire cela. Jamais.
Le rite utilise des symboles, des paraboles, un langage imaginé, ou encore selon sa plus parfaite expression : des sacrements.
Seul le Christ, et l’Église, porte à sa plus parfaite expression le rite, au niveau du sacrement.
Le rite nous épargne la violence destructrice d’une communauté.
Par exemple, à la messe, la mort du Christ qui est toujours bien réelle est signifiée et portée par le pain rompu. Et pourtant c’est bien la mort du Christ que nous vivons à chaque messe.

Mais je reviens au serpent, de bronze.
Moïse le fait dresser au-dessus du peuple, sur un mât.
Chacun peut le voir.
Tout le monde est concerné.
Chacun peut conserver sa vie menacée.
Et voilà que Jésus, Jésus-Christ, s’identifie au serpent de bronze.
Mais en fait c’est l’inverse.
Le serpent de bronze était une préfiguration du Christ sur la croix.
Parce que le Christ ce n’est plus un rite qu’il traduit.
C’est l’inverse.
Il est la réalité qui donne un sens à ce serpent de bronze.
S’il n’y avait pas eu Jésus-Christ mort sur la croix, ce serpent de bronze aurait été complètement ridicule et sans aucun intérêt. Presque absurde.
Il y a certaines confréries, comme la franc-maçonnerie pour ne pas la nommer, ou certaines cultures primitives, qui se suffisent de l’explication du rite.
Elles fonctionnent par symbolisme; elles s’arrêtent aux symboles et à la signification.
Elles ne gardent que l’écorce du fruit sans atteindre la réalité qui produit le symbole.
On dessine un triangle, on met un œil au centre, on se met un chapeau sur la tête, on se serre la main avec le petit doigt tordu ou l’index relevé et on croit qu’on a touché à la vérité… !
En fait on en reste à cacher les choses, à vivre dans le non-dit, on en reste à la surface de la réalité sans s’engager jusqu’au cœur.
Et si ce n’était pas mauvais et tordu, ce serait au minimum ridicule.
C’est un mode d’esprit superstitieux.
La superstition s’arrête à l’apparence pour manipuler l’imagination et la sensibilité.
Notre religion catholique va tellement plus loin !
Elle va jusqu’à la réalité première, la seule vraie qui est le Christ.

Alors qu’est-ce qui se passe pour le Christ en croix ?
Le Christ ce n’est pas le serpent.
Le Christ n’a rien à voir avec le mal.
Et pourtant, il met en évidence sur la croix le mal des hommes.
La croix au-dessus de Jérusalem le jour où le Christ a été crucifié montre tout le mal que les hommes peuvent faire à un innocent.
Ce n’est plus un rite, c’est le cœur de la réalité que le Christ élève en lumière sur la croix.

Alors que se passe-t-il?
Le même phénomène que voulait signifier Moïse :
Par le mal exposé, mis en lumière non plus par une image mais par un innocent, nous avons le contre-poison… par cet innocent.

C’est absolument magnifique !
Nous avons une clé du mystère du mal et du bien, et surtout sa guérison.
Parce que le Christ nous a donné le sens, en présentiel, en réel, de ce que Moïse a pressenti en vision.
Et non seulement le Christ nous a permis de comprendre le désert purificateur, non seulement le Christ a la puissance de guérir nos corps, mais il a avant tout la puissance de guérir nos âmes en leur redonnant accès à la vie éternelle, c’est-à-dire à la vie divine qui seule peut nous donner le bonheur et la joie.

Donc vous voyez frères et sœurs, comment nous pouvons lire maintenant les textes de ce dimanche.
Il faut partir de la réalité accomplie par le Christ.
Quand Jésus dit qu’il n’y en a qu’un qui est descendu du Ciel pour remonter au Ciel,
Il signifie par là qu’il est le cœur du monde.
Il n’est pas simplement un symbole, ni même un ressenti.
Il est la réalité qui est le cœur du monde.
Et à partir de cette réalité qui est un sommet d’amour, sur la croix, tout s’explique.
Tout ce qui l’a précédé était de l’ordre du rite, prophétique.
Et maintenant le rite a changé de sens.
Maintenant le rite, c’est-à-dire principalement les sacrements, mais en fait tout ce que l’on vit au long de nos journées, tout devient le signe porteur de la réalité du Christ.
Tout prend du sens.
Tout est mis en lumière jusqu’à la fin des temps à partir du moment où le Christ est mort sur la croix à cause de nos péchés.
Chaque chrétien qui prie, qui souffre et peut-être même qui meurt dans la grâce de Dieu, est à la fois celui qui nous relie au Christ sur la croix et il est à la fois ressuscité avec le Christ.
Si l’on comprend cela frères et sœurs – et seul le chemin de l’amour nous permet de le comprendre – si l’on comprend cela, nous avons accès à la vie éternelle et nous sommes déjà ressuscités avec le Christ.
Et nous le serons dans la gloire du cœur à cœur avec Dieu.
Si nous comprenons cela le puzzle est complet.

Jésus nous révèle notre mal.
Sur la Croix.
Jésus nous regarde avec amour.
Sur la Croix.
Et alors, cela me rend capable de reconnaître mon péché.
Oui, je suis coupable !
Et je peux demander pardon.
Parce que je sais que mon péché peut être emporté dans le pardon et la résurrection du Christ.
Si je crois au Fils de l’homme qui m’aime, je peux croire à mon péché, je peux le reconnaître, et je peux croire à ma résurrection.
Je peux croire que je vivrai éternellement dans la vie éternelle ma plus grande joie !
Libéré.
Glorieux, avec toute l’Église, glorieuse.

VINGT TROISIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Être disciple
Le chemin de la pensée de Jésus dans sa tête semble clair.
D’abord, il y a un combat.
Pour fonder une vie spirituelle, il y a un combat.
Car la tour à construire, dont il parle, c’est bien le château de notre âme qui doit s’élever en vie éternelle.
Jésus parle pour les disciples.
Mais il le dit aux foules.

Bon… Alors , frères et sœurs, le sujet d’aujourd’hui, c’est d’être disciples du Christ.
Si l’un ou l’autre d’entre vous ne voulez pas être disciple,
Si vous ne voulez pas de vie spirituelle.
Si en plus vous refusez d’engager un combat…
Vous pouvez allez un moment sur le parvis de l’église, parce que cette homélie ne va pas spécialement vous correspondre. (…)

On a le droit de ne pas vouloir être disciple du Christ.
Rester parmi les disciples sans vouloir être disciple, c’est pas très bon.
Ça ne peut que nous faire monter la tension.

Bon, je reprends le propos de Jésus…
Si on veut être disciple, il faut se préparer au combat.
Celui de l’amour : de se donner par amour et de se laisser aimer.
On sera aidé par la grâce, mais ça reste une lutte acharnée.
L’idée de Jésus est simple :
Le vainqueur, l’homme le plus fort, c’est celui qui se sera détaché de tout..!
Qui n’aura plus rien, sauf…
Sauf… L’amour de Jésus.

Le combat est donc bien dessiné.
C’est un combat de détachement.
De tout ce qui est affection naturelle pour l’amour préférentiel de Jésus.

Bon il est encore temps, chers frères et sœurs, de sortir de cette église, je ne vous retiens pas…!
Je serais même admiratif si vous sortiez…
Toujours pas ?

Alors je poursuis.
Pour bien montrer la difficulté du combat de l’amour préférentiel, Jésus donne quelques exemples de détachement :
 » père, mère, femme,
enfants, frères et sœurs,
et même sa propre vie  »
Avec ça on peut faire déjà quelque chose…!
Si on n’est pas capable de se détacher de son père, de sa mère, frères et sœurs,
et même sa propre vie, on sera perdant. Contre quel ennemi ?
Devinez…
Excusez moi, frères et sœurs, avec ce que nous dit Jésus, on ne peut pas trop tourner autour du pot…
On est là pour être disciple d’amour d’un homme, Sauveur de notre bonheur éternel, et même qui est Dieu, lumière et paix, et qui permet chaque battement de notre cœur, et nous invite à une source éternelle de joie dans notre âme et notre corps.
Je veux gagner ce combat !
Avec lui.
Je lâche tout ?
Hé bien, je lâche !
Tout.
Jusqu’à laisser sa peau et le reste, pour le Christ.
Le reste c’est quoi ?
Sa vie, dit Jésus.

S’il vous plaît frères et sœurs, qu’il y en ait parmi vous qui sortent !
Pour montrer que vous comprenez la difficulté de l’enjeu.
Que vous ne dormez pas…

Bon, je poursuis.
Être chrétien, c’est de pouvoir sacrifier ses biens matériels pour un meilleur bien.
Ça fait drôle, et même pour certains ça crée des angoisses insurmontables.
Vous vous rendez compte, lâcher sa télé, ou son portable pendant une demie journée !
Ou lâcher un billet de 50.
C’est presque la mort !

Un jour, le père Sérapion rencontra à Alexandrie un pauvre transi de froid. *
Il se dit en lui-même : « comment moi qui passe pour être quelqu’un de bien, je suis vêtu d’une tunique alors que ce pauvre, ou plutôt le Christ, se meurt de froid ? je
ne veux pas être condamné pour cet homme au jour du jugement. »

Et se dépouillant il donna au pauvre le vêtement qu’il portait.
Il s’assit avec le petit évangile qu’il portait toujours dans sa main.
Vint à passer un gardien de la paix. Lorsqu’il le vit nu, il lui dit : « dis donc père, qui t’a dépouillé ? »
Et lui montrant le petit évangile lui dit : « c’est celui ci qui m’a dépouillé ». Se levant de là, il vit quelqu’un qu’on embêtait pour une dette pour laquelle il n’avait pas de quoi payer.
Quand il rentre dans sa cellule, son disciple le voit nu et lui dit :
« père où est ta tunique ? »
L’ancien répond : « mon enfant, je l’ai envoyée là où j’en aurai besoin le jour du jugement . »
_ « et ton petit évangile ? »
« ah.. ! il m’a dit : vends ce que tu possèdes et donne-le au pauvre, je l’ai vendu pour réduire une dette. Je suis plus en paix devant le regard de Dieu . »

Mais en fait c’est le petit début, cela.
Un rodage pour un combat bien plus sérieux.
Disciple ou pas disciple ?
En fait, le pire, c’est de se contenter d’un milieu, boiteux.
Croire qu’on aime Jésus et se réserver d’autres amours tellement difficiles à sacrifier.

Bon allez, je fais un pas supplémentaire.
« renoncer à tout ce qui nous appartient », dit Jésus… Il y a deux choses qui nous appartiennent intimement.
Il y a d’abord nos passions.
Qui ne peuvent être purifiées que si la Passion du Christ brûle notre cœur.
Un jour, un ami de Dieu se rendit chez un autre ami de Dieu.
Ce dernier fait cuire quelques lentilles et lui dit « faisons une brève prière. »
Et il récite jusqu’au bout les 150 psaumes.
Et l’autre ouvre la Bible et lit le prophète Jérémie et le prophète Isaïe.
Le matin venu le visiteur s’en alla. et ils oublièrent la nourriture…
Quand un amour nous brûle, ce n’est pas qu’on rejette les autres amours, mais on les oublie. Ils prennent une autre place. Nos affections naturelles en font partie.

Quand vous aurez donné votre chemise et votre pantalon ou votre robe, quand vous aurez oublié de manger pour rester à l’Église devant le Seigneur… Quand vos affections avec vos proches seront illuminées de la Présence du Christ. Il restera un dernier dépouillement..

Celui de votre jugement.
Un homme de Dieu disait :
« croyez-vous que Satan veuillez infiltrer toutes vos pensées ? il n’en est rien, parce que c’est au moyen d’une seule pensée empoisonnée ou perverse qu’il veut tuer votre âme et l’amener à sa condamnation.
Il abandonne cette pensée en vous, vous n’en démordez pas, et c’est suffisant pour
que votre âme court à sa perte.
Une seule mauvaise pensée que nous cultivons avec complaisance nous ligote avec l’esprit mauvais. »

Et ça nous ouvre sur le combat de l’humilité de l’esprit qui est le plus difficile. Qui réclame beaucoup d’amour et de prière, et qui réclame l’obéissance..
Un ancien disait :
« après que tu aies lavé tes chemises, si tu les laisses dans la machine à laver, elles vont s’abîmer et devenir inutilisables.
Pour qu’elles soient nettes et sentent bon, tu dois les étendre au soleil.
Ainsi tes pensées.
Tu peux bien essayer de les purifier, mais si tu ne les présentes pas au
discernement d’un père spirituel, elles ne seront jamais lumineuses de la grâce du Christ.
Le père spirituel est comme le fil sur lequel tu accroches les pensées et les grâces que tu viens de laver, pour qu’elles deviennent saines »
Alors, tu as une chance de recevoir le pardon de Dieu.

En final
« les richesses sont la glue du diable. On met de la glue sur la baguette et on prend les oiseaux. C’est ainsi que les richesses sont la glue du diable ». Quelles richesses ?
Richesses matérielles ( on se plaint d’être pauvre, mais on ne se prive de rien), richesses de la chair, des passions et même de nos dons, et les richesses de l’esprit, des pensées et des grâces que l’on garde au chaud sans vouloir rien lâcher.

Et quand nous sommes libéré de tout cela, c’est la fête intérieure.

Est-ce que quelqu’un peut aller avertir ceux qui sont dehors qu’ils peuvent rentrer…

Voilà le programme de la vie spirituelle d’un disciple…

VINGT DEUXIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

Cela paraît insignifiant, mais il y a dans notre vie de foi comme quelque chose qui donne une couleur particulière au chrétien. Et mine de rien, c’est cette couleur qui va prouver la vérité, la véracité de sa vie.
C’est le petit truc, qui paraît rien du tout, et pourtant c’est à partir de ça que l’on se dit ‘ celui-là, c’est un vrai chrétien’…
Et tout ce qu’il va faire, tout ce qu’il va dire, d’une certaine manière, même sa façon de marcher ou de poser son chapeau sur sa tête, sa façon de dire bonjour ou de conduire sa voiture, va être teintée par ce petit truc.
Mais ce sera aussi sa façon de sourire, de pousser une porte, d’aller communier ou de se mettre à genoux.
Alors, on va se dire : ‘ qu’est-ce qui peut mettre en évidence comme ça, un chrétien ?
Et plus il aura une foi profonde, plus il aura une charité tendre, attentive, et je dirais ajustée, plus ce petit truc va apparaître évident.
Et au contraire, plus on s’éloigne du chrétien et plus c’est l’inverse qui apparaît.
Vous allez me dire :
C’est peut-être un air de bonté ?
Et bien non, certains saints n’ont pas eu un air de bonté.
Alors c’est un air d’illuminé ?
On présente quelquefois les saints comme des extatiques…
Raté… il y a quelques fois des saints qui sont très terre à terre.
Saint Vincent de Paul, Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus…
Alors, s’ils ont une foi à déplacer les montagnes, ce doivent être des fonceurs.
Ce sont des missionnaires exaltés, enthousiasmés, communicatifs. .. !
Mais en fait, des monstres de la foi comme Saint Antoine du désert et bien d’autres se sont cachés toute leur vie.
Donc, ça ne marche pas.
Ce petit truc qui est commun à tous les vrais chrétiens, ça ne tient pas non plus d’un charisme ou d’un caractère.
Bon alors, un chrétien authentique, c’est un persécuté.
Oui c’est pas mal comme réponse. Heureux les persécutés, dit Jésus, mais ce n’est quand même pas un critère général pour définir un chrétien…
Ce n’est pas la bonne réponse.
Alors, c’est celui qui a la paix, c’est celui qui sourit tout le temps, c’est celui qui donne son argenterie au pauvre qui frappe à sa porte, ou au moins tout ce qu’il a dans son frigidaire.
Autrement dit c’est celui qui est généreux ?
Non… Ce n’est pas le petit truc que je pense.
Mais c’est vrai quand même qu’un chrétien, qui vit avec le Seigneur, ne peut pas ne pas être généreux.
Voir avec largeur et abondance.
Il y a des gens qui ne sont pas chrétiens et qui sont très généreux.
Donc, ça ne suffit pas.
Mais alors ce petit truc… On aimerait bien le découvrir…
C’est l’espérance ?!
Cette espérance que l’on met à toutes les sauces, à toutes les sauces douces, et qui se confond parfois avec un tempérament naïf.
‘Je crois que tout se terminera bien !’
Et bien non! l’espérance, c’est pas que tout se terminera bien.
L’espérance c’est : ‘quand tout se terminera mal il restera la vie éternelle.’
Alors si c’est pas l’espérance, le petit truc, c’est une certaine inquiétude.
Celui qui a le cœur tourné vers Dieu il est toujours hyper sensible à toutes les agressions de ce monde, de la chair et du démon.
On dirait que le chrétien porte le monde sur ses épaules quand il est sincère avec sa foi.
C’est vrai, mais il y en a qui ne sont pas chrétiens et qui sont aussi de grands angoissés, de grands hypersensibles…
Ce n’est donc pas ce petit truc.
Car mon petit truc, il est pour tous les vrais chrétiens.
Pas les faux bien sûr…
Alors vous allez chercher, si vous êtes un tout petit peu aiguisé, en tout cas intéressé par la question, ce qui n’est peut-être pas le cas de tout le monde, vous allez chercher du côté de… ?
… De l’Esprit Saint.
Parce que, ça au moins, un vrai chrétien, il a l’Esprit Saint !
Il y a un tout petit peu de quelque chose là.
On se rapproche.
Mais l’Esprit Saint….. !
Ça veut tout dire et ça veut rien dire.
L’autre jour je descendais de l’Église de Tourtour il y avait un magnifique demi arc-en-ciel en face de la colline.
Et je me suis dit : voilà un signe de l’Esprit Saint, il manque juste une colombe !
Bon c’est pas très puissant comme remarque parce que si c’est ça l’Esprit Saint c’est pas sûr que le Christ ait sauvé le monde.
L’Esprit Saint, c’est comme l’espérance on peut le mettre à toutes les sauces.
Les sauces des signes  ‘ en veux-tu, en voilà ! ‘ .
Comme s’il y avait toujours une guérison au coin de la rue.
Et s’il y a une peau de banane, et ben… on est bien embêté.
Il y a aussi les sources de l’Esprit Saint qu’on veut faire tenir dans de grands discours mystiques.
On pense qu’on peut cueillir l’Esprit Saint comme on arracherait une plume à la Trinité…
Bon c’est pas encore mon petit truc.
Qui n’est pas le mien d’ailleurs mais qui est celui de tous les chrétiens véritables.

Ce petit truc, chers frères et sœurs, qui est le label du vrai chrétien, il est évident, mais il est très discret.
Pourquoi ?
Eh bien, parce qu’il ne fanfaronne pas.
Et plus précisément, il n’attend pas d’être aimé.
Parce que la récompense de  l’amour, c’est de l’amour supplémentaire, c’est à dire un oubli de soi-même.
Ça se voit très facilement,  quelqu’un qui se regarde et quelqu’un qui ne se regarde pas, perdu en un autre.
Quelqu’un qui attend, qui provoque subtilement un retour, une attention, qui sait, une affection…
‘ vous voyez, c’est moi qui l’ai fait ‘…
Et quelqu’un qui est libre.
Bref, le chrétien, son petit truc, c’est le fruit de l’amour :
Qui s’appelle  : ‘gratuité’.

C’est très amusant, c’est comme l’humilité… la gratuité on ne peut pas la fabriquer.
Le seul chemin, pour qu’elle nous habite, c’est de regarder vers Jésus et de lui donner notre cœur.
Et pouf… Il introduit l’option indispensable qui est la marque de son Esprit : la gratuité.
Il ne faut pas chercher les hauts états mystiques dans des manifestations bruyantes ou des exploits de vertus ou d’ascèse.
Mais tout simplement dans le don de son âme sans retour sur soi et ses intérêts…
Un vrai chrétien devient délicieux de l’oubli de soi-même.
Parce que l’amour de son bien-aimé, le Christ, prend toute la place, il disparaît derrière la grâce qu’il ne voit pas, mais qui le rend lumineux d’oubli de soi.
Mais bon, là, on est dans le sommet de l’Évangile…

VINGT ET UNIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

 

Dans mon homélie de dimanche dernier je vous ai parlé d’un mystère, je dirais fondateur de nos relations sociales, d’un mystère de violence, qui permet à une société de trouver une unité et à chacun d’entre nous de survivre.
Une communauté, une famille, et même un individu a besoin de trouver sa victime.
Pour en fait nourrir et rendre supportable le loup ou plus précisément le démon qui l’habite.
Quelqu’un m’a fait une remarque sur ce fameux loup qui hante nos journées et encore davantage nos nuits.
Un autre m’a remercié pour la lumière qu’il découvrait dans cette explication.
Et puis c’est tout.
C’est-à-dire que personne ne m’a fait remarquer que mon homélie était inachevée.
Qu’elle ne suffisait pas…
Alors, je reprend là où je me suis arrêté.

Jésus est la victime du genre humain. victime libre et volontaire ‘ offert en sacrifice pour nos péchés ‘.
Et je disais qu’à chaque messe nous rejoignons celui qui s’est donné pour nous.
Par ce mystère de présence, on entre en communion avec notre victime qui n’est pas moins que Dieu..

Seulement le mystère va plus loin encore.
Parce que quand on offre un sacrifice, rien ne nous oblige à adorer ce sacrifice.
Il nous met en face de notre culpabilité.
‘ ils regarderont celui qu’ils ont transpercé ‘
Chacun voit devant lui ce qu’il est capable de faire en lui.
Ce que le démon est capable de faire en lui.
Mais c’est justement là que ça ne suffit pas pour expliquer notre foi.
Si l’on est normalement constitué on n’adore pas  notre victime qui vient de mourir.
Or on adore Jésus.
On l’adore ressuscité et on l’adore sur la croix.
Parce qu’il est Dieu par sa puissance divine dans la résurrection et parce qu’il est Dieu sur la croix dans sa souffrance.
Mais pour une autre raison qui est en relation avec nous, avec notre cœur mauvais.
C’est que Jésus par son sacrifice, dans son sacrifice lui-même, guérit notre cœur, au moment même où on le tue.
Pourquoi ? comment ?
Parce que Jésus seul a produit un acte, de façon parfaite et infinie, qui mérite d’être adoré de tout notre être.

Jésus nous pardonne.

L’une des dernières phrases prononcée par ce Jésus c’est justement ce pardon donné à notre monde misérable qui ne comprend rien et qui se débat dans sa violence, la violence du démon.
« Père… pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Au moment même où nous célébrons le sacrifice de Jésus nous entendons : « tu es pardonné »
C’est inimaginable, c’est inconcevable.
Et cela nous dépasse à l’infini.
Parce que c’est divin.
C’est la clé de toute la mission de Jésus.
« tes péchés sont pardonnés ».
Jésus permet simultanément deux choses :
D’abord, de reconnaître que nous sommes coupables.
Que nous sommes minables et que pour supporter cette misère, ou au moins de la fuir, nous sommes capables de tuer un innocent.
Et en même temps, malgré cette misère, au-delà, celui que l’on tue continue de nous aimer.
En fait, c’est en même temps, mais le pardon, il est premier.
C’est parce que nous nous savons pardonné par Jésus que nous pouvons reconnaître notre culpabilité, l’horreur qui nous habite.
Alors, nous pouvons pleurer.
Ça devient possible de pleurer en vérité.
Autant sur notre misère que sur le trop grand amour de Dieu pour nous.
On peut se reconnaître coupable quand celui à qui nous faisons du mal nous regarde jusqu’au fond de notre cœur, avec douceur, sans limite.

Vraiment, notre religion est divine.
Notre religion catholique, la seule qui contient tout le mystère divin livré aux hommes pour les délivrer.
Et tout ça nous le vivons dans sa réalité, à chaque messe, comme je le disais.
Et tout ça nous permet de vivre la conversion et l’amour jusqu’au martyr s’il est besoin. Comme Barthélémy l’a vécu.
Ce n’est pas l’ultime fin de la vie humaine, mais c’est le passage le plus sublime et le plus beau sur terre :
Comprendre que l’on est pardonné, pour ensuite vivre d’union avec celui qui nous donne les dons les plus précieux, qui nous donne l’existence, la lumière infinie de notre âme.

Depuis la fondation du monde les hommes cherchent ce chemin de rédemption.
Mais il n’y en a eu qu’un qui a accompli le pardon de notre cœur. C’est Jésus-Christ.
Et même si nous ne comprenons pas tout, il suffit de se mettre à genoux et de demander à Jésus par son Esprit Saint d’ouvrir la vérité notre cœur, et par là même de le guérir, de le ressusciter par son pardon.

C’est essentiellement pour cette opération d’amour que notre Père céleste a envoyé son Fils Bien-Aimé.
Pardon et vérité nous ouvrent les portes de la joie, de la paix, comme le monde ne la trouvera jamais, ni jamais la donnera, car notre monde ne veut pas reconnaître sa culpabilité libérée.

VINGTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025

VINGTIEME DIMANCHE ORDINAIRE 2025
Bouc émissaire

Jérémie, le prophète qui gène…
Il faut dire que Jérémie est fort de café. Il prophétise la mort d’un prophète autoproclamé : Hananya. Et Hananya meurt quelques mois après.
Il prophétise la destruction de Jérusalem, la déportation de ses frères, suite à la dégénérescence du pays. Tout se réalisera.
La vérité ne plaît pas à tout le monde. Plusieurs fois, il frôle la mort programmée par ses frères.
L’épître aux Hébreux parle aussi de la même incompréhension.
«… Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité… »
Et puis, la source : l’Evangile… Même propos. Jésus parle, Jésus brûle…
« Je suis venu apporter la division… » Ah…. ?!
« Pas pour semer la pagaille, mais parce que je porte un feu sur la terre.
Le feu de la vérité et de l’amour. »
Et alors ? ….
Alors… voilà la clé de l’affaire : « je vais recevoir un baptême, dit Jésus. Le baptême de mon sacrifice »

Voilà, chers frères et sœurs… nous avons la couleur de ce dimanche.
C’est un profond mystère… d’ombre et de lumière.

Qu’est-ce que c’est que cette manie d’éliminer celui qui nous gène ?
Pourquoi l’homme n’a jamais fait aucun progrès contre la violence et l’exclusion?

Que ça provienne d’un esprit raciste, ou d’un jugement complotiste, ou n’importe quelle autre obsession, fondée ou imaginaire.
Certains, moins pulsionnels, mais tout aussi coupables, définissent leurs ennemis à abattre, avec préméditation, visant un défaut réel qui va leur servir de garde-manger.
Au moins quand ils se réveillent, ils ont quelqu’un à haïr.
Il nous faut un ennemi préféré.
Il nous faut un dinosaure caché dans le placard pour nous faire peur.
Et en même temps, pour évacuer nos peurs sur une victime.
C’est une espèce de superstition très commune et générale.
C’est un mouvement d’esprit qui tient à la superstition.
On attribue tous les malheurs du monde à quelqu’un qui en fait nous renvoie à notre vérité. Ça nous permet de détourner nos peurs et de nous croire libre.
Mais ce n’est pas une solution .

En fait, tout ça n’est pas si facile… Je vous ai dit que c’était un mystère.
Parce que ça va encore plus loin.
Il nous faut un ennemi. N’importe lequel, mais il nous en faut un.
Pour soulager notre inquiétude.
Et pour certains, l’ennemi, c’est eux-même. A défaut d’autres victimes.
C’est très difficile à vivre que de s’accuser soi-même, parce que dans ces cas-là on ne s’en sort pas.. Dépression ou névroses…
C’est quand même plus facile d’accuser son voisin ou un prophète, que de s’accuser constamment soi-même.
Ces personnes sont proches de la réalité. Elles croient voir le loup là où il n’y a que l’ombre du loup.
Ils pensent que le loup c’est eux même, leur corps, leur âme, leur vie, leur destin…
Il s’en veulent et ne s’aiment pas.
C’est vrai qu’il y a un loup, mais il est en eux, distinct d’eux.
Nous avons tous un loup en nous-même, que nous pouvons apprivoiser, si nous découvrons sa cachette.
Mais si on se croit soi-même le loup, on se mord la queue et on désespère de notre salut.

Alors je m’enfonce dans ce mystère…
Quel est mon ennemi principal… ?! ma victime ?
L’ennemi indispensable, dont j’ai besoin ?
Parce que c’est bien là que se situe le problème.
Il nous faut un ennemi, nécessaire, pour justifier nos insuffisances.

Or, pour embrouiller le mystère, le vrai loup, le vrai ennemi, il a appris à se cacher.
À se dissimuler, à nous tromper.
Cette manière de procéder correspond très exactement à celle du Démon.
Il reste tranquille tant qu’on le cherche où il n’est pas, c’est-à-dire tant qu’on marche sur ses chemins, sans le voir. Là il est actif !
Mais lorsqu’on en vient à pointer sur lui un rayon de lumière, alors il se débat pour se cacher et pour retrouver une autre position qui nous trompera.

Comment se sortir de cette lutte épuisante d’avec nos ennemis ?
La solution la plus courante, et admise, c’est de se protéger par le mensonge, aux autres et à soi.
Si vous avez quelque chose à cacher… vous êtes dans le mensonge.
Si vous n’avez rien à cacher, vous êtes vulnérable.Vous serez désigné comme l’ennemi; comme Jérémie; comme Élie; comme tous les prophètes et bien entendu comme le Messie dont nous sommes disciples.
«bienheureux les persécutés à cause de la justice, de la vérité et du nom de Jésus»
Parce que ces persécutés sont ceux qui ne se protègent pas.

Il y a ceux qui gardent un recoin de dissimulation et qui vont et viennent à la lumière mais ils gardent des zones d’ombre, des retranchements et des protections.
C’est le grand nombre d’entre nous.
Un jour, ils se reçoivent les coups.
Un autre jour ils en donnent. Ou ils se cachent.
Et ils avancent toujours dans des demies-mesures pour reculer, puis repartir.
Ils ne goûtent pas à la paix.
De ceux ci, Jésus dira :
« Allez-vous en loin de moi, je ne vous connais pas… »

Alors, il reste une dernière catégorie, si on peut dire…
Il y a ceux qui veulent courir sur le chemin de lumière et lâcher leurs protections…
Tant que le travail n’est pas fini, ils seront désignés comme l’ennemi. Ils auront toujours tort. Ils ne seront pas plus forts que le Maître.
Cependant il y a une dernière grâce qui vient couronner ce chemin de vérité.
C’est quand ils sont devenus limpides. L’Esprit Saint les entoure, les porte, les offre au monde comme des sources de grâces et de lumière.
Le diable n’a plus de prise sur eux.
Et nous avons comme splendide modèle la Reine des saints.
Marie, que le diable n’a même pas pu reconnaître tellement elle était pure.
Elle n’avait aucun recoin en elle dans lequel il eut pu se cacher.
Marie, n’avait aucun ennemi extérieur parce qu’elle n’avait aucun ennemi intérieur.
La grâce de l’Esprit Saint a vaincu le monde et a vaincu son Prince, le Prince de ce
monde mensonger. Et Marie est la plus belle victoire.

C’est le diable que nous devons chasser.
Le voici, le véritable, le seul ennemi.
Mais en quoi consiste cette chasse ?
Très bizarrement, quand on a un ennemi on veut le massacrer.
Or Jésus n’a jamais fait ni prôner de massacre. Même contre le diable.
Il n’a jamais pris le Diable comme victime.
Et pourtant il faut une victime.
Alors ? eh bien alors, Jésus s’est proposé pour être lui-même La victime.
C’est absurde, il est l’Innocent.
Il est celui auquel on n’a rien à reprocher.Et bien justement, Jésus se propose comme victime.
Il se propose pour porter la malédiction du Diable.
Il se propose pour que nous le massacrions.
Pour tuer le Diable, mais en fait pour se libérer de tout ce qui nous plombe la vie, de tous les loups intérieurs et toutes les pestes extérieures, il a fallu tuer Jésus.
Et tant que nous ne serons pas autour de la Croix, nous chercherons des coupables dans nos familles, dans nos villages, dans nos gouvernements, dans toutes les
bêtises qu’on nous serinent dans les médias.
On nous offre au long des jours des motifs de mécontentements pour échapper à notre culpabilité.
Il n’y a pas plus lourd à porter pour l’homme et pour la femme, que sa culpabilité.

Et seul, l’amour de Jésus, mort par nos péchés, et Lumière ressuscitée pour notre paix, peut faire l’union dans notre monde.
Mais de toute façon, son feu d’amour et de vérité qu’il est venu répandre dans le monde sera toujours signe de contradiction.
Pour ceux qui veulent brûler à son feu, leur cœur sera apaisé.
Et pour ceux qui voudront se cacher de ce feu, ils entretiendront la violence dans notre monde.
Dans leur famille, dans leur village, dans leur pays, parce qu’ils ne se libéreront pas de leur cœur de violence.
Celui qui n’a pas la foi en Jésus-Christ Sauveur, sera mangé par la violence et le conflit. Toujours gêné.
Le Chemin de paix, c’est Jésus-Christ, sacrifié par nous, et qui nous aime.
Que l’on rejoint parfaitement dans la messe.