HOMELIE QUATRIEME DIMANCHE DE L’AVENT A

Il y a un problème frères et sœurs… une question, qui se transforme en problème.
Comment voit-on la réalité ?
Par quel bout voit-on les choses ?
Imaginez-vous….
Vous allez vous marier. Votre fiancée vous annonce – ô très doucement… vous êtes obligé de lui faire répéter – elle vous annonce qu’elle est enceinte..! Et vous n’avez jamais couché avec elle. De ça vous en êtes sûr…
Comment voyez-vous la réalité ? (J’imagine juste un cas d’école, vous savez…)

D’abord votre tête ne suit pas. Trahison. D’amour.
L’émotion prend toute la place.
Brisure. ‘ Mais qu’est-ce qu’elle dit ? C’est une blague ?! ‘
Brisure de tout l’être. Brisure du cœur.
Vous ne pouvez pas y échapper quand vous relevez la tête pour la regarder.
L’événement émotif submerge. Casse les digues.
La réalité percute d’abord votre sensibilité, massacrée.
Certains risquent d’en rester à ce registre.
D’ailleurs, certains ne sortent pas de ce registre de l’émotionnel, de la passion.
Les enfants vivent sur ce registre.
Ça fait partie de notre nature, c’est notre part animale.
Sauf que nous ne sommes pas des animaux et nous devons gérer la forêt de nos pulsions.
Faut y passer, mais ce passage nous devons l’intégrer dans un équilibre plus vaste; c’est une éducation lente que d’apprivoiser nos passions.

N’empêche que notre fiancée est enceinte…
Et notre tête aussi se met à turbiner.
Que de projets qui s’écroulent !
Pour notre personnalité trahie, pour notre épanouissement qui déjà avait un goût de miel; pour la saveur de notre petit déjeuner. Je n’ai plus faim…!
Tout nous fait mal, pendant le jour;
et pendant les nuits, notre tête éclate d’idées folles.

Joseph n’est pas content.
C’est un homme de prière. Et il veut résoudre cette impossibilité avec son Dieu.
Qu’est ce qu’on lui a appris ? : Que Dieu parle par la Loi.
C’est ainsi que Joseph va aborder la réalité : par la Loi. Aux limites de la Loi.

Mais la Loi, on peut la prendre par deux côtés.
Il y a le côté ‘on va mettre la loi au service de ce qui nous intéresse et de nos désirs’
Réflexe court : ramener la Loi au service de notre égoïsme.
Mais la loi n’est pas là pour adapter la réalité à nos sentiments, à nos fantasmes, à nos idéologies, ou à nos intérêts.
Alors, il y a l’autre côté.. ‘ obéissance à la Loi qui nous ouvre un chemin de lumière.
Si la Loi est à notre service, c’est parce qu’elle est plus haute que nous.
En ce sens, la Loi nous indique le respect de la nature, le respect de ce qui doit être… beaucoup plus noble, beaucoup plus juste; Joseph était un homme juste.

Joseph cherche la solution, il cherche comment se conformer à l’événement qui le heurte. La vérité dans la Loi.
C’est tout ce qu’il peut faire par lui-même.
Et cela va lui permettre d’entrer dans l’écoute d’un autre message, qui lui vient par les paroles de l’Ange. Lumière qui dépasse la Loi.
Parce que Joseph est d’abord un homme juste, ajusté et réglo, il va être capable de recevoir un message étourdissant, qui alors, pour le coup, le dépasse de beaucoup :
‘Joseph, tu es l’époux de la Mère de Dieu ‘.
Comment peut-il comprendre ce message ?
Pour entendre cette mission, il fallait que Joseph fut purifié, de ses sentiments, de ses passions, de ses idées et même dans sa fidélité à la Loi.
Et cela ne pouvait arriver que pour un homme déjà juste.
Ensuite alors, vient la grâce. La grâce qui était dès le début, comme pour Marie.
Dans un même village une vierge, sainte de naissance, et un homme qui a grandi dans la droiture et l’obéissance à Dieu, dans l’immense respect de la Loi.
Ca, c’est déjà providentiel.
Parce que Dieu trace son chemin d’amour comme il le veut .
Donc, Joseph a la grâce qui a mis son cœur dans le silence de l’écoute , d’abord de l’écoute la Loi, très humblement.
Et puis, Marie, qui a la grâce , mais elle, enveloppée de grâce. Elle n’a pas eu besoin de se purifier, Marie. Dès le premier instant elle est dans l’écoute de la Loi, à travers les flots de l ‘Esprit-Saint en elle.
Joseph et Marie se croisent au détour d’une rue de Nazareth. De toute façon il n’y en avait pas beaucoup de rues dans ce village derrière la colline…
Et même s’il y avait eu des labyrinthes, Dieu les aurait fait se rencontrer.
Comme deux jeunes aux aguets d’un désir, ils se reconnaissent du premier regard.
Mais attention, rappelez-vous mon propos…
Ils ne se reconnaissent pas dans une pulsion d’attirance, de sentiments, de désirs de la chair, d’apparence physique ou de belles paroles.
L’un et l’autre au détour de ce chemin béni, se reconnaissent à l’humilité de leurs regards. Au rayonnement du silence qui émane l’un de l’autre.
Bien sûr, Joseph ne ressent pas l’amour comme Marie le ressent.
Mais quand même, c’est selon le même point de vue dominant que frémit leurs cœurs.
Et ce point de vue dominant, c’est le couronnement d’une vie de grâce.
Alors… après le bouleversement terrible dans les profondeurs de son âme, Joseph, à l’annonce, complètement absurde, que Marie attend un enfant, (certainement au retour de sa visite chez sa cousine, …) Joseph va passer l’épreuve pour reprendre l’écoute de Dieu.
Voilà par quel bout il va regarder la réalité ! Par la lumière divine.
Mais ce sera la plus rude conversion de Joseph de sa vie.
A laquelle l’invita Marie, presque comme malgré elle.
Car quand l’ange lui parlait, Marie a quand même eu une pensée pour Joseph.
« Je ne connais pas d’homme », ben oui.. mais à qui pensait-elle à ce moment-là ?
A Joseph bien sûr !
Elle savait que ça allait le démolir. Et elle a dit « oui ».
Et cela engagea le jeune prétendant dans une conversion presque forcée :
Parce que si Joseph n’avait pas suivi, pour lui c’était l’asile…
Et en quoi a consisté la conversion de Joseph ?
Elle a consisté au plus profond changement en lui qui touche à sa façon de voir la réalité.
Dieu, par cet événement unique au monde qui arrache le cœur de Joseph, le libère de la Loi pour le propulser dans une confiance, je dirais dans une foi absolument pure pour sa mission d’accueil de l’Enfant-Dieu; de Dieu sous forme d’un enfant.
Joseph ne s’attache plus à la Loi, il livre son âme à la lumière de Dieu dont il apprendra par son fils qu’elle est celle du Saint-Esprit.
Cette nuit là, à Nazareth, Joseph fut submergé par les Dons du Saint-Esprit.
Joseph fut mis à niveau du regard de la Vierge Marie.
Quand Marie a dit : «je ne connais pas d’homme » L’ange aurait pu lui répondre aussi : « N’aies crainte, je vais en mettre un à niveau de ta grâce. Ca va lui faire mal mais ça va passer. T’inquiète… »
Marie, bien féminine, fut l’instigatrice de l’ultime conversion de Joseph qui va l’établir dans le mariage spirituel.
Ensuite, il sera capable de s’occuper de ce bébé que nous, nous allons admirer dans trois jours avec nos regards impurs, parce que nous n’aurons pas le point de vue pur et lumineux pour accueillir sa réalité merveilleuse.

HOMELIE TROISIEME DIMANCHE DE L’AVENT

On est dans la joie ! N’est-ce pas, frères et sœurs ?
Mais en fait, il y a plusieurs joies…
Dans quelle joie sommes-nous ?

Il y a la joie du prophète. Celle qui vit en prémisses l’événement à venir.
Et il y a la joie du cultivateur qui voit pousser les premières pousses ; il voit son champ de blé verdir uniformément.
La joie du prophète est plus complète que celle du cultivateur, parce que le cultivateur peut toujours craindre une détérioration de son champ avant la récolte : par les sangliers, par des orages, ou qui sait… Par le feu ou la maladie, juste avant le passage de la moissonneuse-batteuse.
Le prophète, lui, sait de certitude d’inspiration spirituelle que ce qu’il expérimente en son âme se réalisera.
C’est le magnificat de la Vierge Marie. Mon âme exalte le Seigneur, exulte en Dieu mon Sauveur…
Et pourtant quand elle chante ce ravissement devant Élisabeth, elle n’est enceinte que de quelques jours. Elle sait que le Salut est arrivé, mais c’est encore sur la parole de l’ange, sans autre effet.
Marie, à cet instant est certaine du salut du monde entier; ça passe en elle de tout le frémissement de son être. Elle le sait dans la Présence de Dieu en elle.
Le résultat sera pourtant révélé progressivement, jusqu’à la résurrection de son Fils.
( « et Marie méditait tout cela dans son cœur »… elle méditait : ‘ désormais tous les âges me diront bienheureuse ‘. Elle méditait : ‘ déployant la force de son bras, mon Seigneur disperse les puissants’.
Elle méditait aussi : ‘ il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour’.)
Et elle allait comprendre que tout cela dépasserait son entendement.
Elle a une joie de prophète au moment de la rencontre avec Élisabeth.
Et toute la Bible surfe sur cette joie de prophète.
Abraham, Isaac, Jacob, Moïse – et Dieu sait si ce dernier a du mal à faire comprendre cette joie à son peuple qui a la nuque raide et qui ne veut pas de joie de prophète, mais veut bien davantage quelque chose à se mettre dans le ventre…
Quand Jean Baptiste s’interroge dans sa prison, il doute moins de Jésus que de l’échéance de ses prophéties.
Il est emprisonné et l’une des prophéties de la venue du Sauveur c’est qu’il ‘délivrera les pauvres qui appellent ́,
Jésus pour lui répondre et le conforter cite le chapitre 35 d’Isaïe :
‘les sourds entendent, les boiteux gambadent, les muets parlent…’
Mais par délicatesse, pour que Jean ne parte pas dans un faux espoir, il ne cite pas le chapitre 42 où il est dit en parlant de l’Élu de Dieu, du Messie: ‘ je t’ai désigné comme alliance du peuple et lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de prison les captifs et du cachot ceux qui habitent les ténèbres ‘
Jean n’aurait pas compris, parce qu’à ce moment là Jean essayait de recoller les prophéties, qu’il connaissait bien, avec ce que faisait Jésus.
Sauf qu’il ne savait pas, Jean, que l’accomplissement de la mission de Jésus serait… Après sa mission à lui, et après sa mort.
Pour Jean Baptiste, l’erreur, qui est si compréhensible pour cet homme habité de Dieu et de la Loi, c’était de croire que parce que Jésus était apparu tout était réalisé. La victoire, en fait, serait définitivement réalisée sur la Croix glorieuse et par l’Église, œuvre du Saint Esprit dans les cœurs des croyants.
Jean découvrira cette victoire du dessein de Dieu… au Ciel.

La joie des prophètes est toujours partielle, comme la joie de Newton découvrant la loi de la pesanteur n’est pas celle de toute la science ni même celle de toute la physique mécanique.
Et pourtant quelle joie de saisir une étincelle de mystère…!

Alors parlons de la joie du mystère dévoilé tout entier.
Les apôtres sont fascinés par Jésus. Certains seront éblouis de sa lumière de transfiguré.
Quelle joie, chaque jour, de marcher avec un homme hors du commun.
Chaque jour avec Jésus était un festin d’émerveillement, de sagesse et de connaissance de Dieu, de miracles, de paix et de vie éternelle..
C’était la naissance de l’Eglise, progressivement, selon l’évolution spirituelle des 12 pauvres hommes qui avaient donné leur cœur et leur amitié à cet homme, doux et humble, Agneau de Dieu, qui était Dieu avec eux.
On ne peut pas comprendre cette réjouissance du cœur des apôtres.
Ils étaient les choisis pour l’éternité.
Chaque baptisé devrait se sentir choisi pour le bonheur et pour l’éternité.
C’est quand même incroyable, nous sommes élus pour le paradis.
Marie, les douze, quelques saintes femmes, enfin… Sur le chemin de devenir saintes, comme les apôtres, progressivement.
Et qui le seraient parce que Jésus les avaient tous choisis.
Sauf un, qui se révélerait traître.
Choisi pourtant…
Le royaume était arrivé.
Il était déjà là. Dans les cœurs.

Il y a la joie du cultivateur
Il y a la joie du prophète, tellement plus certaine, mais encore partielle.
Il y a la joie de ceux qui ont touché Jésus et de celle qui a porté le Messie.
Ces derniers n’avaient pas une vision d’un aspect du plan divin, ils avaient l’infini avec eux, mais il leur fallait s’ouvrir à cet infini.
Là se trouvait la limite de leur joie. Et ils iront pour la plupart jusqu’au martyre, parce que leur amour les a portés au delà de cette terre, tellement la grâce les a remplis.

Et puis, il y a notre joie, chers frères et sœurs.
La même que celle des apôtres, tellement plus intense et pleine que celle des prophètes et même que celle de Jean Baptiste.
Et même que celle des apôtres au moment où ils suivaient le Messie sur les chemins d’Israël.
Nous avons l’Église, plénitude de la révélation à laquelle Dieu nous a prédestinés depuis la création du monde.
Sauf que…
Nous avons tout cela derrière le voile de la foi et derrière la présence sacramentelle de Jésus
Tout est accompli.
Tout : la Bonne Nouvelle, toute la révélation des mystères, la gloire de Jésus et l’assomption de la Vierge, la profusion de l’Esprit Saint sur l’Église, la libération des captifs,
Les sourds ont des oreilles (pas tous… Ceux qui veulent, mais c’est déjà pas mal, quelques oreilles en état de marche)
Sauf que nous le vivons à partir dans le bruit du monde. Pas grave !
Notre route de joie est dans le désert et dans la solitude de l’Église. (Isaïe 43, 19)
Ce n’est plus en périphérie, c’est réalisé pour nous; sous l’apparence du rite et dans la grâce de la foi.
On attend Noël, mais il est arrivé à Noël ! depuis 2000 ans.
On attend le Sauveur, mais il est arrivé ! il arrive chaque jour au moment de la communion plus parfaitement encore que sur les chemins de Galilée !
On attend le pardon mais Isaïe l’attendait de façon certaine ( ‘ c’est grâce à ses plaies que nous sommes guéris’ [52, 5] et ‘ton époux sera ton créateur, ton rédempteur, le Saint d’Israël dans son amour éternel’ [54, 5, 8]

Alors ? Mais qu’est ce qu’on attend ?
Notre joie attend la disparition du message.
Elle n’attend plus en fait que l’union immédiate et la plus intime avec notre Rédempteur glorieux.
Elle attend l’invasion des Dons du Saint-Esprit qui est commencée depuis notre baptême.
Notre joie attend qu’on dérouille notre cœur…
Car tout est là.
Si proche.
Le Royaume des Cieux… Nous avons juste à pousser la porte. Nous entendons sa musique, nous voyons la Clarté de la grâce, nous sommes enveloppés de sa douceur mais… il reste à passer la porte, encore.
Voilà pourquoi on est dans le dimanche de la joie.
Parce qu’elle est là, (et d’ailleurs, Noël ou pas Noël, nous vivons déjà de la vie de l’Enfant-Dieu. Noël nous aide simplement à raviver notre joie, mais c’est comme à chacun de nos anniversaires : qu’on fête notre anniversaire ou pas nous avons de toute façon la joie d’ être né un jour et d’avoir une année de plus…… )
Donc la joie, nous ne l’avons pas moins et de la même mouture que celle des apôtres qui suivaient Jésus, mais on exultera de cette joie, quand nous – comme eux – nous dérouillerons notre âme et quand nous serons un jour, entré dans le château de lumière.

HOMELIE DEUXIEME DIMANCHE DE L’AVENT

Ceux qui vont voir Jean-Baptiste, que vont-ils voir ?
Jean-Baptiste ne fait pas de détour. Il est quelqu’un de direct et abrupt dans toute sa personnalité.
Jean-Baptiste sait bien à quoi les foules, et parmi elles les Pharisiens, les scribes, les agents de Hérode aussi, s’intéressent :
Ils sont curieux de l’originalité de Jean.
Et curieux intéressés.
Intérêts de guérison pour les foules, intérêts de pouvoir pour les pharisiens, pouvoir religieux ou pouvoir politique, et pour les scribes : curieux de savoir.
Jean-Baptiste est vêtu de peaux de chameau.
La peau de chameau c’est vraiment très rude, c’est pas du lapin…
Et c’est un harangueur de foules qui ne craint rien. Il est médiatique.

Or quand on s’approche de lui, Jean-Baptiste répond : « convertissez-vous ! »
Jean-Baptiste ramène tous ces visiteurs à eux-mêmes.
En fait, au mouvement le plus difficile pour un homme.
Parce que se convertir c’est rentrer en soi-même c’est écouter son cœur.
Et quand on écoute notre cœur, on ouvre une porte sur le mystère.
Mystère de mémoire, joyeuse et douloureuse, mystère d’expériences enfouies, de croissances et de chutes, de désirs qui ne sont pas toujours maîtrisables, en tout cas pas toujours maîtrisés.
Quand quelqu’un nous dit :
« convertis toi »
Il nous invite à mettre en vérité les profondeurs et les sommets de notre vie, reçue et jouée.
Ces profondeurs sont les sources de la musique en nous et sont aussi un chemin pour aller à la rencontre du loup en nous.
Du loup qui se cache et de la chèvre qui bêle, innocente, en moi.

Que faire avec tout ça ?
Il faut les apprivoiser.
Il faut délicatement dégager les sources sans les troubler ni les polluer.
Avec la paume de la main, sans trembler.
Et ça c’est très difficile ..!

Et Jean Baptiste dit, avec rudesse :
« convertissez-vous »
Il ouvre une fenêtre sur un point d’unité de notre âme qui ne nous est pas aimable immédiatement.
Parce qu’il est trop pur.
Il est sur ‘ la montagne sainte.’ à la fine pointe de notre âme.
Cela veut dire qu’il nous demande de changer d’air pour respirer.

Convertissez-vous, cela veut dire ‘ laissez tomber ‘ ce qui ne vous sert à rien.
Et ce qui nous sert à rien c’est ce dont nous vivons tous les jours.
Rien c’est le confort, psychologique, affectif, matériel.
Ce sont nos constructions qui servent à protéger nos peurs et nos perles.
Nous avons des stratégies continuellement, dont la plupart d’ailleurs sont évidentes pour tous ceux qui nous entourent, qu’on croit nous-même invisibles.
La principale, mais peut-être pas la plus nocive, est le péché.
Le péché nous permet de cultiver la zone inutile que nous chérissons.
Nos dissimulations nous permettent – et pourtant nous n’en sommes pas dupe, pas complètement.. – de vivre d’illusions.

« convertissez-vous »
Que de conduites en apparence honorables ou justifiées même, nous décentrent des sources de nous-même, des sources de vérité qui nous font peur, parce qu’elles sont trop claires, trop limpides.
Notre langue est un instrument formidable pour entretenir nos déviations.
Le silence est terrible, parce qu’il permet d’écouter et d’aimer.
Certains ne peuvent pas rester 5 minutes sans produire de sons.
Nos oreilles sont instruments formidables pour éviter de nous convertir.
Parce que, quand on est à l’affût des informations, on ne se tourne pas vers notre cœur qui demande de se donner.
Notre palais est instrument formidable pour éviter que notre cœur ne se mette en position d’écoute.
Parce que, quand on est en train de manger, les sensations nous détournent momentanément de nos angoisses et de la pure vérité de nous-même.
Le stress aussi.. ! dont nous nous plaignons mais que nous entretenons.
Il nous permet de ne pas nous affronter à la paix du cœur. Cette paix que nous n’aimons pas, tellement elle est limpide et source de vérité.
On pourrait trouver tellement de camouflages qui nous servent à nous soustraire de la lumière du cœur…
Nos affections que nous présentons comme des points d’honneur et qui nous permettent tant de justifications pour échapper à la vérité sur nous-mêmes.
Nos projets, nos études, nos ivresses, nos addictions, et même…
Certaines peurs ou certains doutes, certaines angoisses que l’on entretient pour éviter l’affrontement avec notre solitude plus essentielle et surtout l’affrontement avec l’amour de Dieu qui nous appelle pour nous distiller sa joie silencieuse.
S’il y a si peu de gens qui prient, si peu qui prennent un temps de solitude en cœur à cœur avec le Seigneur, c’est parce qu’il y en a tout aussi peu qui veulent entendre la voix de Jean-Baptiste :
« convertis toi » pour ton bonheur.
Si tu veux trouver la joie, la vraie, pas celle que tu mets en décor par des rires ou des fêtes qui n’ont pas de sens.
Si tu veux trouver la joie de ton cœur après avoir passé quelques obstacles de fausses constructions et de faux décors,
résolument, demande du fond de ta prière :
« Seigneur, convertis-moi à ta présence et à ton amour et je serai converti.
J’entrerai dans cet espace de vérité qui est trop grand, trop lumineux,
Je sais qu’il est trop bon et pourtant c’est là que je serais aimé et moi-même. »

HOMELIE PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT

Frères et sœurs,
Je vais prendre une fable.
Pas de la Fontaine mais d’un autre poète, plus récent.
La Fontaine, c’est le 17e siècle, le siècle du Roi Soleil.
Cet autre fabuliste il est du XX°, un peu du XXI° siècle; malheureusement il n’est pas du siècle du Roi Soleil… Il se nomme… le Père Thierry…

Je commence donc par lire cette fable.
Son titre c’est, ‘ la belette, le loup et le renard’ :

… Un dimanche, le peuple des animaux se réunit.
Pour entendre des paroles de vie.

Entre dans l’église dame Belette.
Son œil curieux et agile, repère bien vite chacun de cette assemblée pieuse.
Puis elle tend l’oreille à la lecture d’Isaïe, toute simplette :
« La montagne de la Maison du Seigneur
se tiendra plus haut que toute colline.
Les peuples nombreux feront fondre leurs épées pour en faire des charrues et des faucilles. Dans les derniers jours… »
Dame Belette rêve de ce futur merveilleux.
Elle imagine un monde promis de paix et de beauté,
Qui la rassure des ennuis de sa vie.
Grandes vacances éternelles : rêve de belette…

Cependant, quelqu’un pousse la porte, et entre à pas feutrés, en retard.
C’est Messire le loup, qui sort à peine de derrière son ordi,
le cerveau encore pris d’un reportage sur l’élevage des moutons au Brésil.
Le loup arrive à la lecture de l’évangile :
« les gens ne se sont doutés de rien jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a engloutis… L’un sera pris, l’autre laissé. L’une sera prise, l’autre laissée. »
‘ Oh mais ça !, pense-t-il, c’est ma spiritualité…’ .
Quand Robin mouton ne s’y attend pas, je l’engloutis.
Et la bique ne perd rien pour attendre. Elle y passera le lendemain, aussi. ‘

Quand au reste de l’assemblée, autres animaux sauvages ou apprivoisés,
n’étant perturbés ni par l’entrée de belette ni par l’entrée du funeste loup, puisque c’est un jour de trêve, ils avaient capté, vaguement, les mots de saint Paul :
« l’heure est venue. Conduisons nous honnêtement,
sans orgie ni beuverie, sans jalousie ni coucherie »…
oubliant d’ailleurs les quatre mots finals: «revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ».

Ce que personne n’avait remarqué, c’est que camarade renard était très attentif, de sa place discrète.
À vrai dire d’ailleurs, il ne perdait rien non plus des réactions de ses voisins…
En lui-même, il méditait sur les paroles d’Isaïe qu’il ne savait comment interpréter.
Il avait même notre malin renard, quelques doutes sur ces mots trop beaux pour être vrais.
‘ Doit-on prendre au sérieux, se disait-il, un prophète
qui, comme pense ma voisine belette,
n’offre, comme un marchand de sable, que rêves pour la fin des temps, …
Jésus lui-même si réaliste, ne contredit-il pas Isaïe
quand il annonce de grandes guerres et l’effondrement même de Jérusalem… !
Ce mirage d’une paix universelle
Isaïe l’inventerait-il pour tranquilliser les croyants, naïfs et idéalistes ?

Et puis Maître Renard regardait du coin de l’œil Messire loup aux longs crocs.
Il ne comprenait pas que cet escroc
puisse écouter un récit de fin du monde sans trembler de peur,
Sans se convertir ni changer ses habitudes de voleur.
Les mots de Jésus ne le concernaient pas plus que ça.
« veillez, priez, réveillez-vous ! car, sapristi, le retour du Christ est proche ! »
Tout cela glissait sur sa fourrure comme la neige en hiver:

Lui, Renard, voulait être en vérité au profond de son âme.
Alors, voyant ses pensées, Dieu lui envoya un ange,
pour lui expliquer le message des cieux.
Un ange silencieux.
Loup, belette, brebis, lapins, singes et chats, personne ne se rendit compte du passage de l’ange
qui parla doucement à l’oreille dressée de Maître Renard.
« frère Renard, lui dit l’ange,
Isaïe est un grand prophète. Il n’est pas rêveur.
Il plonge au fond de l’histoire et des cœurs.
Qu’annonce donc la prophétie d’Isaïe,
700 ans avant la naissance du Messie ?
‘ la montagne de la Maison du Seigneur’, ce n’est évidemment pas Jérusalem ou le royaume de Juda qui fument du désir de vengeance et de guerre !
Cette phrase d’Isaïe c’est la plus forte et réelle prophétie de l’histoire.
Comprend donc, Malin Renard, c’est l’annonce de l’Église du Christ !
Oui, l’Eglise, comme une montagne plus haute que tous les monts, que tous les mondes, que toutes les modes et que toutes les sectes.
L’Église, qui enseigne les chemins du Seigneur et qui apaise les cœurs de toutes nations et peuples.’
Jusqu’à la fin du monde.

Et l’ange dit à Renard :
‘ Notre Seigneur et Sauveur, Jésus, n’est pas un influenceur pour faire peur sur les temps de la fin.
Jésus-Christ est source d’amour divin,
pour nous permettre de trouver
au fond de nous, notre beauté. La vie de notre âme.

Tout l’inverse du désir de Messire Loup qui à l’instant se léchait les babines.
Et le plus beau conseil de Jésus, c’est
‘ soyez unis dans l’Esprit à Celui qui est lumière.
En tout temps, que votre cœur veille dans l’amour de Dieu.’
Alors Maître Renard osa poser sa question :
« En quoi Isaïe et Jésus se rejoignent ? »
« C’est très simple, souffla l’ange :
Si tu es dans la grâce de Dieu,
si tu appelles l’amitié de Jésus, alors tu es le cœur de l’Église.
S’ils sont en communion avec Jésus, loups, renards, brebis, lapins, grenouilles ou belettes, forment un seul corps, qui est l’Eglise, qui vir déjà du Ciel et de la joie éternelle
Enfin, l’ange, décidemment bavard… dit encore à Renard :
‘ les derniers jours’, dont parle Isaïe… Mais ils sont déjà là !
Ce sont les jours de l’Église du Christ. Et nous y sommes depuis la naissance de Jésus.’
‘L’heure est venue’, dit saint Paul… hé bien ‘oui, cette heure c’est le temps de notre conversion qu’il ne faut pas laisser passer.’
Dieu t’attend aujourd’hui ! Son cœur te désire.
Et ‘l’heure où nous n’y penserons pas’, selon l’expression de Jésus,
c’est à chaque seconde que nous devons entrer dans l’arche de l’Église en offrant notre cœur à sa lumière.

Grand silence… L’ange était parti.

Renard releva le museau.
On en était à la fin de l’homélie.
Il avait tant de joie à l’idée de communier
qu’il en oubliait les poules qu’il avait repérées pour le dîner.
Par contre, il vit que Belette n’était pas sortie de son rêve
Et se trouvait bien dans cette illusion d’une fin du monde toute douce.
Messire Loup, content de lui, désirait s’en retourner devant son écran, et trouver un plan pour se mettre biquette dans le gosier.
Pour lui, Evangile ou pas, rien de changé.
L’ange leur était resté invisible et les avait délaissés…

Leçon de la fable. Parce qu’il faut une leçon…

Malheureux les rêveurs. Malheureux les faussaires.
N’est pas intelligent
Celui qui a son seul point de vue et qui croit qu’il n’en existe pas d’autres…
Il reste sourd aux anges.
Pour lui n’existe pas de mystère puisqu’il ramène tout à lui-même.

Mais celui qui prie, discrètement, dans la foi en l’Église,
Qui aspire à la venue de Jésus, son ami,
dans l’impatience de son cœur, voilà celui qui reçoit l’intelligence de la grâce divine.

Qui écoute avec amour, voilà celui qui est intelligent et qui comprend.
Il pénètre le cœur de Dieu et de ses frères.
Et il sera illuminé d’une lumière neuve et de paix
quand le Fils de l’homme, le Bien-aimé du Père et de nos âmes,
entrera dans sa maison, comme par surprise.

HOMELIE CHRIST ROI

Christ Roi….
Cet appellation a une connotation politique.
Et pourquoi pas ?
Mais cela peut amener une confusion dans l’esprit des chrétiens.
Le Christ n’est pas un leader politique.
Le Christ est au dessus de toute politique.
Je veux dire par là que le Christ est au-delà de tout clivage politique, de tout développement historique d’ordre politique ou culturel.

Ça n’empêche que le Christ agit dans la société, dans la politique, mais indirectement, par le fait que les hommes qui composent la société et qui dirigent la politique peuvent avoir la foi et la vivre.
Le Christ a dit à ses disciples :
‘ vous n’êtes pas du monde, mais vous êtes dans le monde ‘.
Le premier, le Christ est ‘au-dessus’.

Le Christ a donc une influence sur notre société, qu’elle soit chrétienne ou anti-chrétienne.
C’est très important de respecter la priorité des choses.
La perfection supérieure de la grâce divine qui est dans le Christ, première, au-dessus du monde.

Pourquoi je dis tout ça ?
Parce que certains chrétiens ont dans leur tête l’ambition d’une révolution sociale chrétienne. Ou une révolution culturelle chrétienne.
Comme si c’était une nécessité, un but à atteindre.
Leur foi consiste pour eux à construire une société meilleure. A instaurer un ordre chrétien.
Bien sûr ce n’est pas mauvais en soi, mais c’est idéaliste. C’est une utopie !
Une bonne utopie, mais une utopie.
Que la foi construise une société harmonieuse, où tout le monde il serait beau tout le monde il serait gentil et charitable, c’est dans l’ordre du rêve.
C’est un jugement incomplet.
C’est un rêve qui a produit des désastres au cours de l’histoire.
Depuis l’Inquisition, en passant par une Église puissante et comme par hasard décadente, par des mouvements comme l’Action française au début du siècle dernier, condamnée par l’Eglise, ou encore par la théologie de la libération davantage usitée en Amérique latine… ou à l’opposé par un national-catholicisme plus proche de nous, ce rêve renaît continuellement de ses cendres, entretenu par de doux slogans comme :
‘ prions pour la France, pour qu’elle retrouve ses racines chrétiennes’
….. Bien sûr, mais pas si on veut que la France soit le territoire d’une religion officielle.
Ça n’a jamais été le propos du Christ ! nous ne le trouvons nulle part dans l’Évangile.
Le Christ n’est pas venu pour forger une culture chrétienne. Il ne le prône jamais un cadre politique. Et je dirais, cette conception est néfaste !

Quand Pilate demande à Jésus s’il est le roi des Juifs, Jésus répond :  » c’est toi qui le dis  »
Autrement dit, tu le dis avec tes paroles humaines. C’est peut-être vrai, mais c’est réducteur.
Quelques mois avant sa Passion, il est dit que « Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. » [Jean 6,15]

Alors en fait….
Le Christ est venu changer les cœurs.
Le Christ est venu changer chaque cœur au fond de nous-même.
Il n’est pas venu faire une révolution sociale qui fixerait le monde dans une foi obligatoire, ou pire : conquérante.
C’est un rêve qui permet de ne pas avoir les yeux en face des trous.

Le Christ est venu mettre un feu. Et ça il le dit !
Et ce feu, il n’est pas social, il est au cœur de notre cœur.
C’est une rencontre qui peut bouleverser notre vie et ensuite irradier sur la vie de nos ami(e)s.
Ou même de nos ennemis.
Mais d’abord notre cœur doit être bouleversé par l’amour.

Le Christ est Roi parce qu’aucune réalité ne lui échappe.
Pas de l’extérieur, mais depuis l’intérieur il transfigure toute réalité de sa lumière, par sa présence. Il est là, et ça suffit !!
Il appelle toute réalité obscure ou mortelle à une résurrection.
À sa Résurrection.
La révolution que doit attendre un chrétien n’est pas une révolution politique ou une révolution sociale, culturelle, toutes ces révolutions ont été expérimentées et ont échoué.
La révolution que doit espérer un chrétien c’est une révolution spirituelle de son cœur, de chacun de nos cœurs; qui permettra le passage de la grâce divine, et le passage de l’inspiration de l’Esprit Saint, dans la pâte humaine.
La pâte humaine c’est à dire la politique, la science, l’éducation, la santé, la famille, la relation avec notre voisin, l’économie, et toutes les doctrines ou philosophies qui cherchent un bout de vérité.
Le chrétien n’est pas là pour faire une société chrétienne il est là pour rendre chrétienne la société parce que lui-même est chrétien.
C’est une nuance, fine mais très importante pour ne pas faire du massacre.
Quand une société est officiellement chrétienne elle vire inévitablement et très vite, au pharisaïsme, le pharisaïsme qui a tué Jésus.

Par contre, n’importe quelle société peut être transfigurée par d’innombrables petits éclats d’Esprit Saint.
Qui viennent d’où ?
Pas d’une loi, mais de notre cœur uni à Celui du Christ qui devient comme une étoile, qui peut être discrète, et pourtant super efficace dans la nuit du monde.

Ceci dit posé….
Je me tourne vers nous chrétiens, chacun de nous, dans cette église qui sommes de l’Église catholique romaine.
Notre foi nous oblige à avoir certaines attitudes sociales, familiales, à faire des choix en harmonie avec la grâce et la nature.
Ce sont les fondements sur lesquels Jésus-Christ a enfanté son Église. Notre belle Eglise.
Un chrétien ne peut pas faire n’importe quoi. Ni penser n’importe comment.
Dieu a fait les arbres qui poussent de la terre jusqu’au ciel; il a fait la mer qui bouge sous l’influence de la lune et qui retient ses eaux par ces rivages; il a fait le couple humain, homme et femme, capable de procréer un petit bébé, qui devient grand; il a fait les saisons, l’espace et les étoiles, il a fait l’intelligence de l’homme,
distribuant ses perfections selon un ordre et une nature magnifiques…
Eh bien…
Jésus-Christ, de la même façon, a fait son Église avec des perfections encore plus lumineuses à nous faire pleurer de bonheur.
Et parmi ces perfections, le Christ a institué les apôtres, avec Pierre comme pierre d’unité, et comme dépositaire des pouvoirs divins du Christ Roi.
Le Christ a donné une charpente à son Église, que sont les ministres institués, les évêques et les prêtres, et par là il a donné un sens politique à son Église.
Que l’on ne peut pas remettre en question sans trahir la pensée du Christ.
Et c’est ce qu’indique cette fête du Christ Roi, aussi.
Le Christ est tête de toute la communauté qui croit en lui.
C’est dans la nature, dans l’ADN de chaque baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit .
Il y a dans notre ADN de chrétien un appel à la communion à un seul Père, par un seul Fils de même divinité que le Père, dans un seul Esprit Saint.
Et cela a des retombées pour nos relations qui doivent être reçues de Jésus rendu visible sur terre par le Pape, les évêques et les prêtres qui sont dans la communion à notre Pape.
Et quand j’entends certaines critiques de chrétiens contre des décisions théologiques ou morales, ou même pastorales, qui viennent de Rome , de certains chrétiens qui pensent construire l’Église par eux-mêmes, parce que eux savent mieux que les autres ce qui convient à l’Église, je me dis qu’ils n’ont rien compris ni à Jésus-Christ, ni à l’Évangile, ni à la grâce de Dieu, et a fortiori à l’Église.
Ou bien ils ont compris et ils sont devenus des traîtres.
Ils ne peuvent pas aider le monde s’ils n’ont pas compris l’Église.
Ces chrétiens peuvent avoir des valeurs qui sont pourtant valables : ils peuvent se dépenser pour l’amour des pauvres, prôner la tolérance ou le partage, avoir une bonté visible et une apparence d’écoute qui les rendent séduisants …
Mais ils ne sont pas dans la Vérité du Christ.

Dieu donne sa grâce en abondance.
On doit le recevoir au profond de notre cœur.
L’amour fraternel et l’unité des cœurs doit être reçue par Jésus-Christ de la grâce divine.
Tout ce qui part de nous va en sens contraire de l’intention de Jésus-Christ.
Et d’une certaine façon tout jugement qui n’est pas reçu de l’Église, est un jugement incomplet et faux.
Cela, on peut l’appliquer aux chrétiens, et tout autant aux politiques, aux philosophes, psychologues ou éducateurs, aux parents, aux scientifiques, à tous ceux qui cherchent la lumière ou à tous ceux qui veulent répandre une lumière.
Pourquoi cette tendance chez certains chrétiens fervents, à remettre en question la nature de l’Église ?

Pour trois raisons.
D’abord…
Il existe certains tempéraments qui ont peu de facilité à être dociles. Tempéraments davantage rebelles, entreprenants, parfois créatifs, originaux, pleins d’énergie.
Et qui considèrent – c’est là leur erreur – que tout ce qui vient d’au-dessus d’eux les rabaisse et réduit leur liberté chérie.
Malheureusement, s’ils suivent leur tempérament, ils restent centrés sur eux-mêmes, ils ne peuvent pas respirer de la grâce de Dieu et comprendre les valeurs contemplatives ni même la vraie liberté intérieure qui se découvre dans l’obéissance.
Nécessité pour eux d’une conversion, ou mieux, de plusieurs conversions répétées, contre leur tendance naturelle.

La deuxième raison c’est une psychologie blessée qui a engendré des blocages.
Une incapacité à la confiance, une incapacité à admettre l’autorité.
Une vision déformée du père …
Une approche du péché et du pardon abîmée et douloureuse.
Toutes ces souffrances invisibles et intérieures nécessitent d’être guéries pour soigner leur jugement et atteindre l’amplitude d’un mouvement de foi profond.

Enfin troisième raison de ne pas reconnaître le Christ Roi et l’Eglise belle :
C’est le choix du mal, pour protéger son orgueil et son égoïsme.
Alors là, il ne reste que des purifications, des contritions, des pénitences, et peut-être même des exorcismes !
Ce qui rend plus complexe l’affaire c’est que ces trois raisons se conjuguent et se nourrissent bien souvent les unes des autres dans un même homme, et parfois… dans une même femme.

Le Christ est roi.
Il n’est pas roi du monde, parce que le monde touché par le péché originel poursuivra toujours sa route vers son destin.
Mais il est roi des cœurs et des intelligences.
Du cœur qui se tourne vers lui et qui reçoit de lui sa lumière.

Et alors, ainsi envisagé le Règne du Christ, le monde comprend, même si ça reste un peu flou pour lui, que s’il ne reçoit pas de l’Église, il passe à côté de son bonheur.